Alors comme ça The Lightening allait se produire ce soir. C’était les rumeurs qui couraient et qui m’avait été confirmées par Lenny lui-même. Il s’était vanté hier soir, alors que je mangeais tranquillement au restaurant de l’hôtel, qu’il avait réussi à convaincre Billy Lighter de sortir de sa chambre – où il était enfermé depuis son retour de l’hôpital – pour aller au concert. N’empêche qu’il avait beau s’être vanté, j’avais pas vu Lighter de la soirée. Alors il l’avait peut-être convaincu mais il n’avait pas pour autant réussi à faire sortir de rocker de sa chambre.

Moi, contrairement à Lenny, je pouvais compter sur mon groupe. Roadtramp était fiable, toujours à l’heure et pas imprévisible pour un sou. Je pouvais leur dire n’importe quoi, ils adhéraient. Puis, ils étaient pas non plus en manque d’idées ce qui était un avantage.

En bref, j’étais le meilleur parce que j’avais engagé Roadtramp et Lenny, lui, n’avait pas de bol parce que ça faisait maintenant 3 ans environs qu’il essayait de contrôler son groupe d’instables.

Je m’étais donc réveillé à 9 heure du matin, le jour de concert de The Lightening dans ma superbe chambre de luxe de l’Omni Majestic Hotel. J’avais allumé la radio avec l’horrible impression que j’avais oublié de faire quelque chose d’important. Bah, c’était sûrement pas si important que ça…

Oublions… J’avais laissé la radio allumée sur la station locale et étais allé prendre une douche. Je sortis de la salle de bain torse nu et en pantalon et m’étais assis sur le fauteuil de la chambre pas loin de la radio qui diffusait une chanson de Roadtramp. Putain, mon groupe commençait à prendre de l’ampleur à mesure que les jours et les concerts s’enchainaient. C’était une sensation géniale de se dire que c’est en grande partie grâce à moi s’ils en sont là.

Je m’étais allumé une cigarette alors que je souriais d’entendre une des meilleurs titres de mon groupe à cette radio. Je fumais tranquillement quand la musique s’acheva pour laisser place à la voix de l’animateur.

-C’était Roadtramp ! On s’excuse encore une fois pour cette interview de Daniele Ricci annulée à la dernière minute. En espérant que la musique qu’on vous propose pourra vous consoler de ne pas avoir entendu le manager ce matin, dit l’animateur radio sur un air désolé avant d’envoyer une autre chanson de mon groupe.

Oh merde… Putain ouais… Maria m’avait dit hier soir que je devais me rendre à 8 heure du matin à la station radio locale pour aller parler de Roadtramp… Bon ok, j’en avais pas forcément envie parce que ça signifiait que je devais me lever tôt mais j’avais complètement oublié pour le coup…

-Et merde !, dis-je en levant les yeux au ciel.

C’est Maria qui allait pas être contente… Je me demandais quelle excuse elle avait trouvé à la radio pour justifier mon absence… En tout cas, j’espérais qu’elle n’allait pas…

Toc, toc !

Venir me voir pour m’engueuler… Et ben si peut-être bien qu’elle allait le faire. Je soupirais un grand coup sans me lever de mon fauteuil. Vu la manière dont la personne derrière la porte avait toqué c’était sûrement quelqu’un de pas content… Donc c’était sûrement Maria.

-Entrez…, dis-je en haussant suffisamment la voix pour que la personne derrière la porte – que je soupçonnais être Maria – m’entende par-dessus la radio et par-dessus la porte qui nous séparait.

Ça allait chauffer, je le sens.

Parfois, je me demande pourquoi je suis toujours employée de Daniele. Parfois, je me demande vraiment pourquoi je ne lui claque pas la porte au nez avec un contrat de démission...

Je m'étais encore une fois couchée tard cette nuit - ou plutôt ce matin- pour régler les derniers rendez-vous du manager qui s'accumulaient de jour en jour. Un jour, moi aussi j'aurais un(e) secrétaire qui fera ce boulot mais au moins, moi, je le ménagerai de temps en temps! Non pas que Daniele ne me laisse pas de temps à moi - je travaille beaucoup certes mais c'est mon choix- mais disons qu'il ne voit pas tout le travail que je fais derrière pour que tout soit parfait quand il arrive. -Ou du moins, s'il en a conscience il ne le montre pas-.

Alors que je traînais dans mon lit, mon téléphone se mit à sonner. Je regardai l'heure sur le réveil...8h...Pourquoi on me réveille à cette heure? Je m'étirai un peu et pris mon téléphone pour prendre l'appel.

-Mademoiselle Watson? Anthony Phenix a l'apareil, de la radio de St Louis, j'aimerais savoir pourquoi Monsieur Ricci n'est toujours pas chez nous..

Oh non...Voilà, ça recommence... Ricci était un gentil garçon, il était amusant et parfois pouvait être amical, mais il ne se souciait de pas grand chose et cet appel me confortais dans l'idée que j'avais de l'homme le plus fénéant du monde. Voilà 9 années que nous nous connaissions et en 9 ans, je n'avais jamais réussis à le faire levé "tôt" pour une interview. Après un soupir, je pretextai alors qu'il était souffrant d'une grippe attrapé pendant la nuit.

Après avoir racroché, je m'étais levée et m'étais préparée, il allait m'entendre celui-la! Après avoir mis une de mes nombreuses robes, attaché les cheveux et maquillée histoire d'être impeccable face à mon patron, j'étais partie comme une furie vers sa chambre.


J'entendis un "entrez" et  à peine j'avais ouvert la porte que je le voyais, assis dans un fauteuil, torse nu, je me pinçais les lèvres -non pas de le voir torse nu, j'ai l'habitude après 9 ans de travail à ses côtés-  mais plutôt pour essayer de contenir ma colère. Je posais mon agenda sur la table en face de lui et le regardai.

-Tu n'as pas oublier quelque chose par hasard ce matin?

D'habitude, je ne tuoyais pas mon patron mais là, la rage était beaucoup trop forte. J'entendi alors le poste de radio programmée sur la station en question...Alors là, je ne vais pas le louper.

-Et tu oses écouter la radio a laquelle tu as fais faux bonds?! Bon sang Daniele j'ai passé jusqu'à 2 heures du matin avec le programateur de la radio juste pour caler ton interview et tu n'y vas pas! Je commences àcroire que tu t'en fiches pas mal de mon travail!

Maria avait fait son entrée dans la chambre. Ses lèvres pincées n’annonçaient absolument rien de bon. Elle devait pas être contente du tout et le pire c’est que je savais très bien pourquoi. Elle s’avança et déposa son vil agenda sur la table, je le regardais puis reposai mon regard sur ma secrétaire qui me questionnait sur ce que j’aurais pu oublier. Une chose était effrayante dans la manière dont elle venait de me poser cette question : elle me tutoyait et ça c’était jamais bon pour moi…

-Euh…, dis-je en me mordant la lèvre inférieure en essayant tant bien que mal de prendre un air innocent.

Une petite interview peut-être ? A la radio locale ? Celle que j’écoutais à l’instant même ce qui n’améliorait certainement pas mon cas. La preuve elle me le fit remarquer d’une manière très peu amicale. Je me mordais toujours la lèvres alors que Maria me sermonnait et me déclarait qu’elle avait passé une partie de la nuit à me caler cette interview. Je me passais une main sur la visage. Bon comment j’allais rattrapé ce coup-là moi ?

-Non, mais non. Je l’ai pas fait exprès, tu sais… Je l’ai vraiment oubliée… Je viens d’entendre à la radio que je devais y être…, dis-je en essayant de me rattraper le mieux que je pouvais.

J’avais écrasé ma cigarette dans le cendrier que j’avais à portée de main. Maria était à bout. Voilà des jours qu’elle avait beaucoup de mal à s’organiser – enfin plutôt à organiser mes rendez-vous – avec les différents médias qui voulaient entendre le grand Daniele Ricci. Mon faux bond du matin à la radio locale était la goûte de trop.

Je m’étais levé pour me rapprocher de ma secrétaire. Je posais mes mains sur ses bras.

-Je ne me fiche pas de ton boulot. Qui ferait mon agenda si tu n’étais pas là ? Tu as un rôle très important, dis-je essayant encore de rattraper désespérément le coup.

C’est vrai que sans Maria, j’étais mal barré même si je le disais rarement. Mais vu comme elle est en colère, je crois pas que ça allait être si facile que ça de la faire sourire.

-Puis, elle était si importante cette interview ? Qui écoute la radio à 8h du mat’ ? Tu l’écoutais toi ?, dis-je comme pour changer tout doucement de sujet.

Ça sert à rien que je me déplace si personne n’est réveillé pour m’entendre…

Et voilà que Daniele me sortait son air innocent. Oh oui, il savait s'y faire pour se faire pardonner, cette petite bouille arrivait le plus souvent à ses fins -pas de vision perverses je vous pris, je parle juste du pardon-. Mais là, je n'avais pas envie de rire. L'accumulation des heures à travailler, des heures de sommeil en moins, les problèmes de la tournée, les inombrables rendez-vous de Daniele, les appels et les bourdes de mon patron, tout ça me donnait la rage et aujourd'hui, cette petite bouille d'innoncent ne faisait qu'agraver les choses.

-Tu as oublié? Tu as oublié une interview, c'est à dire que tu as oublié de te présenter dans une radio où tu aurais très bien pu dire, encore une fois, que tu étais le meilleur! Non mais j'y crois pas!  Tu me fais toujours ce coup là! Tu oublies! Il faut que tu changes de disque au bout d'un moment!


Le contact de ses mains sur mes bras me rappellai alors à l'ordre. Je tutoyais mon patron...Je devais essayer de me calmer le plus possible pour reprendre mes esprits et tenter tant bien que mal de me faire à l'idée que mon travail de cette nuit n'avait servit à rien. Je poussai un soupire.

-Vous savez que jai dû mal en ce moment à tout organiser, je ne compte même plus les appels que j'ai passé pour que tout soit en ordre durant cette tournée...Et faut croire que vous ne vous en rendez pas compte de tout le travail qu'il y a derrière...

La colère s'estompait peu à peu, je me reprenais doucement quand Daniele me fit de nouveau m'énervée. Comment pouvait-il dire que cette interview était sans importance? Et sa tournée? Elle est sans importance aussi?!

-Qui écoute à 8 heures du matin? Les gens normaux Daniele! Les gens qui vont au travail, dans leurs voitures, coincés dans les bouchons du matin! Vous auriez eu une grande écoute si vous vous étiez pointer là bas!

Rouge de colère, j'étais remontée sur mes grands chevaux encore une fois, la colère avait du mal à descendre, me dégageant de son emprise, je pris l'agenda posé sur le table et le tendai à mon patron.

-J'ai un rôle important vous dîtes mais vous ne vous en rendez pas compte...Et si je démissione? Peut-être que vous verrez à quel point ce rôle est important...

Ouais, j’avais oublié et vu la colère de Maria, ça n’allait pas être simple de la calmer. Elle me prenait un peu par les sentiments en me disant que j’avais raté une occasion de dire à tout le monde que j’étais le meilleur. Je fis la moue. Puis, mon excuse n’était pas suffisante pour elle, pour la bonne raison que j’utilisais toute le temps la même. Bah, j’oublie souvent, ça arrive…

-J’en peut rien si c’est vrai, dis-je en essayant une fois de plus de me défendre comme je pouvais.

Je m’étais rapproché d’elle tentant un contact physique pour la calmer un peu. J’accompagnai mon geste de quelques mots pour lui dire que je faisais attention à tout son travail même si elle pensait – et voyais, apparemment – le contraire. Ça avait marché parce qu’elle avait recommencé à me vouvoyer. Elle disait être crevée par tous les appels, toutes les organisations qu’elle avait à faire et souffrait du manque de reconnaissance de ma part.

-Mais si je m’en rends compte, Maria, ne t’en fait pas, dis-je pour continuer à la calmer.

Puis j’avais enchainé en disant que de toute façon avoir raté cette interview n’était pas bien grave parce que personne n’écoutait la radio à cette heure si matinale. Et vous savez quoi ? Ben, j’aurais dû la fermer. Parce que cette simple question fit remonter Maria dans les tours. Pour elle, plein de gens écoutait la radio à 8h du matin. Des gens qui allaient au travail. Je serrai les dents et plissait les yeux comme un gosse qui se fait engueuler.

-Ah bon… Ben merde. J’aurais jamais imaginé qu’il y en aurait autant. J’ai vraiment raté une bonne occasion de me mettre en avant, dis-je spontanément sans me rendre compte que cette phrase n’allait pas vraiment arranger mon cas.

J’étais manager et une gosse de riche. Les embouteillages à 8h du matin, je connaissais pas… J’arrangeais mes horaires comme je le voulais. Bref, Maria était à nouveau en colère et se dégagea même de mon emprise pour… Me tendre l’agenda. Je fis une grimace.

-J’aime pas qu’on me tende des trucs, marmonnais-je.

La colère lui avait peut-être fait oublier ce détail – ou bien elle l’avait fait exprès, ce qui ne m’étonnerait pas. C’est quand elle causa de démission que ma moue se transforma en un air surpris.

-Quoi ? Maria, tu sais bien que…

Je m’étais arrêté en plein milieu. Vas-y Ricci, dit lui, t’a pas le choix.

-Tu sais très bien que je m’en sortirais pas sans toi… Organiser les interviews, passer des coups de fils, organiser l’agenda… C’est pas mon truc…, dis-je en baissant la tête pour ne relever que très légèrement les yeux vers Maria.

Si Maria démissionnais, j’étais mal.

-Personne d’autre voudrait faire ce boulot… Puis, de toute façon, personne ne serait aussi compétent que toi, dis-je pour essayer de me faire pardonner.

J’avais enfui mes mains dans mes poches prenant un air désolé.

Daniele n'était pas un homme ordinaire, je le savais. Il avait grandit en Italie et n'avait pas connus la même vie que moi. Je me souvenais des matins où mon père me réveillait tôt , lorscque je n'avais pas école, pour que nous prenions la voiture afin d'aller au travail de celui-ci. Nous allumions la radio et nous chantions les derniers titres qui passaient entre les infos et l'horoscope...C'était une atmosphère paisible, cela nous réveillait et nous mettait de bonne humeur. Un soupire passa mes lèvres. En fait, j'avais vraiment envie de lui en vouloir, énormément même,  mais au fond de moi, je n'y arrivais pas. Une petite veilleuse au fond de moi restait allumée comme pour me dire "Il a besoin de toi Maria' tu ne peux pas partir'...

-Bon...Vous vous rattraperez à la prochaine interview...

Dis-je alors avec un petit sourire, l'agenda toujours tendu. Evidement, il avait encore gagné, il avait encore réussit à se sortir de ma colère, il était très doué. Après sa réfléxion, je fronçais les sourcils. Oui, bien sûre, la règle numéros cinq il me semble, ne jamais tendre des trucs à Daniele mais là, c'était un geste voulu. D'habitude, je ne lui tendais jamais.

-Si vous ne le prenez pas maintenant, je le laisse tomber au sol et ce n'ai pas moi qui le ramassera.

Les mots qui suivit me touchèrent. C'est vrais qu'il n'avait pas pour habitude de me dire que je suis irremplaçable, je ne suis pas non plus le genre de personne qui doit l'entendre H24 mais ça fait toujours du bien de l'entendre, surtout de la bouche de Daniele. Je laissai un silence planer dans la chambre, lui toujours torse nu et moi, devant lui, avec l'agenda dans les mains, tendues. Un autre soupire passa mes lèvres

-Je ne démissionnerais pas...Je voulais juste tirer la sonette d'alarme. Je veux juste que vous voyez les rendez-vous d'aujourd'hui...

J'ouvrir alors la page de l'agenda qui indiquait la date d'aujourd'hui. Il y avait bien marqué 8h : Interview Radio St Louis et puis, à 13h, une autre interview.

-Tachez d'être à celle-ci...sinon je m'énerverais encore plus que ce matin...

Putain j’aurais jamais cru qu’autant de personnes écoutaient la radio à 8h du mat’… C’était pas pareil dans la jet-set… Un sourire réapparut sur le visage de ma secrétaire et elle abdiqua me disant que je me rattraperai à la prochaine interview. J’approuvais de la tête les mains toujours bien enfuie dans mes poches à regarder l’agenda qu’elle avait tendu devant moi. Non, pas question que je le prenne… Elle me menaça de le laisser tomber. Je fis la moue. Non, ne je ne le prendrais pas. Elle essaye de me responsabilisé ? Ou bien de se venger en me tendant des trucs ? Je préférais, de toute façon, le ramasser que de le prendre.

Puis, j’avais envoyé quelques phrases bien placées et un petit regard désolé et la colère de Maria avait commencé à se dissiper. Tout ce que j’avais dit était vrai, je ne saurais pas me débrouiller sans elle. Ce travail que j’aimais tant deviendrait pénible sans Maria à mes côtés pour tout organiser. Après ma tirade – qui fut moins dure à sortir que je ne l’aurais imaginé – ma secrétaire laissa placer un silence. Je me mordais la lèvre inférieure ayant peur qu’elle ne prenne une décision qu’on allait tous les deux regretter. Moi parce que je ne saurais pas tout organiser sans ma secrétaire et elle parce que j’étais le meilleur patron au monde. Quand elle prit la décision de ne pas démissionner, je poussais un soupir de soulagement.

-Vous m’avez fait peur…, dis-je en revenant au vouvoiement qui caractérisait notre relation professionnelle. Vous ne regretterez pas cette décision…

Elle voulait juste que je regarde les prochains rendez-vous de la journée – ouais, j’étais le gars le plus demandé de la planète… Pendant plusieurs jour elle avait essayé de m’expliquer l’agenda et de me parler des rendez-vous mais j’avais toujours réussi à esquiver d’une manière ou d’un autre trouvant ça trop ennuyant. Sauf que là, je n’avais pas le choix après ce que venait de me dire Maria. Je m’approchais d’elle pour poser mon regard sur la page de l’agenda qu’elle avait ouvert. Dedans était marqué, de la très belle écriture de ma secrétaire, le rendez-vous de 8h – que j’avais raté – et une autre à 13h. Elle me menaça pour que j’y aille.

-J’y serais, dis-je en souriant.

Je penchais la tête sur le côté pour mieux regarder ma secrétaire.

-Je n’aime pas que vous vous mettez en colère, ni quand vous êtes contrariée, dis-je avec un ton conciliant.

Je la regardais droit dans les yeux en souriant laissant planer un silence avant de reprendre et de parler de choses plus légère après cette petite crise.

-Dites. Vous pensez que The Lightening sera prêt pour le concert de ce soir ? Après l’accident qu’ils ont subi je pense que ça va être un désastre, dis-je en souriant à moitié pour ne pas paraitre sans cœur.

Le fait d'avoir fait peur à Daniele flatta mon égo légèrement. Je n'étais pas une sadique, simplement, remettre un peu les choses en ordre, parfois, était necessaire et cela ne faisait jamais grand mal. Le fait que Daniele m'avait dit que je lui avait fait peur, c'était une de ses choses qui recradrait la situation. Bien sûre que je ne regretterais pas cette décision, après tout, que ferais-je sans travail? J'étais beaucoup trop occupée pour penser à une vie faite qu'avec du temps libre. Je pense qu'il était impossible pour moi de passer une week end tranquille, à rien faire. C'était inconcevable.

J'avais eu la chance, cette fois-ci, que mon patron jete un oeil sur l'agenda. Il avait tout de même fallu que je le menace. Maintenant cette discussion était passée, il fallait que je trouve un nouvelle "ruse" pour le prochain manque d'intêret envers ce cahier. Il m'annonça qu'il serait à cette interview. De toute façon, après ce qu'il venait de faire, j'allais carrément venir avec lui!

-Je vous y accompagnerait même! Histoire que vous n'oubliez cette fois-ci...

Cela me fera un occasion de visiter la ville. Je n'avais pas encore prit le temps de le faire et il fallait quand même en profiter de cette tournée. J'adorais visiter des endroits autre que Los Angeles et pourquoi pas ramené un petit souvenir de cette tournée? Cela me calmera peut-être de mon état de stress permanent. Je croisai les bras, soupirant un peu.

-Parfois j'ai besoin de l'être -énervée- pour que vous m'écoutiez...C'est malheureux à dire mais cela recadre un peu les choses...

La pression était retombée d'un coup. Daniele était parti sur un nouveau sujet de conversation, je repris mon agenda et, après un soupire un peu amusée, je me laissai tomber sur le fauteuil en face de lui. Un rire amusé s'échappa de mes lèvres. Toujours aussi amusée, je répliquai.

-Vous êtes vraiment méchant avec The Lightening...Ils ont droit aussi à leur  heure de gloire non? Je pense qu'ils ont repris du poil de la bête...On verra bien ce soir. Et puis s'ils n'arrivent pas à monter sur scène...Vous organiserez une réunion des Roadtramp et en cinq minutes ils seront sur scène pour les remplacer. Je pense que tout le monde sera suffisement aux aguets pour voir si quelque chose ne vas pas.

Ok, là Maria m’avait foutu les jetons. Alors j’avais regardé l’agenda en espérant que la tempête passe pour de bon. Je lui avais même fait la promesse d’aller à l’interview de 13h. Maintenant que j’étais bien réveillé il n’y avait aucune raison pour que je n’y aille pas. Mais ma promesse n’était pas suffisante pour ma secrétaire qui désirait m’accompagner à l’interview pour être bien sûr que j’y sois à l’heure – enfin, désirer est un bien grand mot, parce qu’en réalité elle ne me laissait guère le choix.

-D’accord. Au moins, je serais bien accompagné pour y aller. Ça me fera une motivation en plus, dis-je avec un grand sourire.

Oui, je sais, je suis incorrigible. Ma secrétaire n’était pas beaucoup sortie de cet hôtel depuis notre arrivée à part le jour du concert de Roadtramp que j’avais organisé avec brio. Elle prendra un peu l’air comme ça et moi aussi d’ailleurs. Même si c’était pour rencontrer des journalistes tous aussi débiles les uns que les autres. J’espère que cette interview en valait la peine…

J’avais dit à Maria à quel point je n’aimais pas la voir en colère. A vrai dire, je n’aimais voir aucune fille en colère contre moi et, pour cause, ça arrivait souvent. J’étais sur la liste noir d’une centaine de fille parce qu’elles n’acceptaient pas n’être qu’un coup d’un soir. Sauf qu’avec Maria c’était bien différent, sans elle, j’avais peu de chance de m’en sortir alors la voir en colère c’était pas bon du tout… Elle disait avoir besoin de cet énervement pour que je l’écoute. Ma petite moue de gamin réapparut sur mon visage.

-Ouais... Je sais…, dis-je en soupirant.

Je n’en dis pas plus de peur de la contrarier à nouveau et, pour être bien sûr que la colère de Maria était bien derrière nous, j’avais changé de sujet pour aborder The Lightening. Ma secrétaire avait repris son agenda – yeeeees ! – et s’était assise dans le fauteuil après un petit soupire amusé que j’adorais tant chez elle. J’allais m’appuyé sur le bureau pas loin de moi – par style et par paresse – et j’avais croisé les bras tout en regardant ma secrétaire qui parlait de ma méchanceté par rapport à The Lightening. Elle avait bon espoir pour le groupe de Lighter et disait que, de toute façon, si ça n’allait pas je serais sur le pont pour envoyer Roadtramp les remplacer. Putain, elle me connaissait trop bien.

-Je ne peux vraiment rien vous cacher, Maria, dis-je un petit sourire aux lèvres. The Lightening a eu son heure de gloire pendant leur première tournée. Maintenant c’est le tour de mon groupe. Roadtramp mérite d’être mis en avant pendant cette tournée. Je veux qu’ils soient connus dans le monde entier à notre retour de tournée. Il faut que je joue sur les faiblesses de The Lightening et Lenny et profiter de toutes leurs failles pour ça, dis-je déterminé.

Je n’avais jamais caché mon côté calculateur à Maria. Elle savait que je ferais tout pour que mon groupe soit mis en avant même si c’est au détriment des autres. Je ne suis pas sûr qu’elle aimait cette manière de faire mais c’était la mienne.

-Au fait, vous avez eu des échos du dernier concert de Roadtramp ? Qu’est-ce que les gens pensent d’eux ?, dis-je en souriant persuadé que les échos étaient bons.

L’entendre de ma secrétaire était une manière supplémentaire de combler mon égo.

Daniele était très réveillé à présent et ma colère était retombé. Maintenant, nous parlions calmement de la tournée. Je n'avais jamais cacher à Daniele mon adoration pour le groupe, autant artistiquement qu'humainement. C'était de bon gamins parfois un peu trop surexités mais on savait les calmer vite. Je regardais Daniele en souriant, les jambes croisés, assise en face de mon patron.

Le concert qu'avait fait les Roadtramp avait été très bon, de mon point de vue, j'avias réussis à voir plus de la moitié via les coulisses. Je m'étais faite toute petite -non sans chanter et danser sur les rifts de guitarre- avant de repartir travailler -Enfin jusqu'à ce qu'Eddy m'attrape et me "force'' à fêter le concert avec eux.

-J'ai eu quelques coupures de la presse locale qui sont très positive, racontant que c'était une belle soirée avec un groupe qui deviendra populaire et qui parcourera le monde dans le futur. J'ai aussi eu des retours téléphone de Los Angeles où on a des critiques positives notament une sur vous. Elle dit, je cite, "On connaissait Daniele Ricci comme un dénicheur de perles, il le prouve une fois encore avec les Roadtramps."

C'était ce que j'avais écris sur un morceau de papier issue de mon agenda. Je savais que Daniele voulait absolument avoir des retours sur son travail à lui, il était un peu égoïste et mégalo. On apprenait à le connaitre et au fond, je savais que c'était une homme sympathique. En 9 ans, sinon, je n'aurais pas pu le supporter.

-Et pour ma part, je peux clairement dire que je me suis amusée. J'ai pris une pause entre deux appels téléphonique et ils étaient vraiment très bien!

Maria était à nouveau souriante et c’était plutôt rassurant. Il avait suffi de changer de sujet et de parler de The Lightening et, surtout, de Roadtramp. Je savais que ma secrétaire adorait les gamins de Roadtramp. Je crois, même, que depuis qu’elle travaille pour moi c’est le groupe dont elle est le plus proche. Faut dire que leur insouciance les rend particulièrement attachant.

Mais bon, fallait bien le dire, ce qui m’intéressait, c’était de savoir ce que la presse et les gens pensaient de Roadtramp – enfin, pour être tout à fait honnête, c’était surtout pour savoir ce qu’on pensait de moi. Je savais que Maria était à l’affut de chaque nouvelle car elle savait que j’aimais avoir des retours sur ce que les gens pensaient de mon groupe – enfin, ce que les gens pensaient de moi. J’avais demandé à Maria les échos qu’elle aurait pu entendre. Elle était confortablement assise dans le fauteuil et je l’enviais un peu. Il était confortable ce fauteuil… Je m’étais contenté de resté appuyé contre le bureau.

Ma secrétaire me fit son petit rapport qui était toutes positives autant sur Roadtramp que sur moi, Ricci The Best. Elle cita même un critique plus que bonne sur ma personne.

-Je sais, je suis le meilleur, dis-je avec un petit sourire en coin.

Maria donna aussi son propre avis. Elle avait apprécié le concert et avait même. Quoi ??? Fait une pause ??? Wow, là, elle m’impressionnait.

-Sérieux ? Vous ? Une pause ?, dis-je d’un air étonné. Je ne vous aurais jamais cru capable de ça… Vous devriez en prendre plus souvent. Et quand je suis là de préférence, que je vois ça de mes propres yeux., rajoutais-je en souriant.

Je pris, en tendant le bras, un t-shirt à moi qui trainait sur le bureau.

-Vous avez bus à ma santé au moins ?, dis-je juste avant d’enfiler mon t-shirt.

Maria avait une chance que je n’avais pas : elle pouvait boire tout l’alcool qu’elle voulait. Ce n’était plus mon cas depuis le début de cette tournée… Je dois d’ailleurs avouer que l’alcool me manquait bien plus que Los Angeles…

Nous avions la chance d'être dans des hotels particulièrement confortable. Nous n'avions pas à nous plaindre durant cette tournée. Assise sur l'un des fauteuil de la pièce, je regardai Daniele à demi-assis sur son bureau, je voyais son regard louchant un peu sur le bien où j'étais assise. Me levant, je lui montrai alors le fauteuil.

-Vous voulez peut-être le fauteuil?

Après lui avoir raconté les dernières critiques lus sur le concert du groupe, j'avais rpévu sa réaction et je fus heureuse de constater que je le connaissais très bien. Il avait exactement dit ce que je pensai. Son ego avait été flatté. Je vis ensuite ses grands yeux noisettes s'agrandir, j'eu un ricannement face à son comportement.

-Et bien oui, je l'avoue, de 30 minutes environs, du coup j'ai observé. Vous pouvez être fier d'eux, ce sont des perles. Autant musicalement qu'humainement.

Je le vis mettre son t-shirt, un rictus passa mes lèvres et j'imaginai avoir aucune gêne comme lui. Me ballader en sous vetement dans ma chambre alors qu'il serait là, c'était une idée inconcevable. Cela n'était d'ailleurs jamais arrivé en 9 ans que mon patron voit une seule bretelle de mon soutien-gorge. J'étais toujours tirée à quatre épingle, propre sur moi, jamais un couac.

-Peut-être que la prochaine fois que je m'autorise cela, vous serez là, en l'occurence, quand nous avons fêter cela, vous étiez ailleurs...Sans doute dans le lit d'une charmante demoiselle qui vous aurait fait de l'oeil durant le concert.

Un forme de petit pic? Sans doute oui...Daniele était peut-être un peu trop volage à mon gout mais après, il faisait ce qu'il voulait, je n'avais rien à dire la dessus.

Maria avait l’art de lire dans mes pensées. Elle savait que je voulais le fauteuil. Elle le savait ! Elle était géniale – un peu comme moi. Elle s’était levée du fauteuil et me l’avait proposé. J’avais fait « oui » de la tête en souriant, mais je ne m’étais pas installé directement. Pourquoi ? Va savoir… On ne questionne pas les décisions de Daniele Ricci…

Puis, j’avais appris - à ma grande surprise - que ma secrétaire avait pris une pause après le concert de Roadtramp. Wow, là, je ne pouvais pas vraiment cacher ma surprise totale. Maria et pause était deux mots qu’on ne voyait presque jamais dans la même phrase. Surtout que la pause en question avait durée 30 minutes et que Maria avait pris le temps, pendant qu’elle se relaxait, pour observer Roadtramp qu’elle couvrit d’éloges.

-30 minutes ? C’est énorme pour vous !, dis-je en exagérant un peu. Je suis fier d’eux. Ils sont géniaux. Les gens géniaux trouvent d’autres gens géniaux. C’est comme ça. Roadtramp est génial, vous êtres géniale et je suis un génie, dis-je en souriant et avec toute la modestie que me caractérisait.

Après avoir remis mon t-shirt j’avais pris place – avec style, bien sûr – dans le fauteuil que m’avait cédé Maria. Putain, qu’est-ce qu’il était confortable ! Ma secrétaire continua de me parler de sa pause inédite et se disait que la prochaine fois, je serais peut-être là. Waw ! Cela signifiait me Maria allait faire d’autres pauses ! Ça c’était dingue ! Je souriais en entendant ça. Ma secrétaire savait bien manier les mots parce que de sa pause, elle passa à mon absence lors de cet évènement inédit et devina précisément ce que j’étais en train de faire ce soir-là. Putain elle me connaissait vraiment trop bien.

-Oui c’était bien là que j’étais. Un groupie de Roadtramp… Très jolie d’ailleurs, dis-je les yeux un peu dans le gaz rien qu’à me rappeler de cette jolie fille. Je fais ça pour le bien du groupe, Maria. J’entretiens les fans… Ça s’appelle faire des heures supplémentaires, dis-je avec un sourire en coin mais non sans paraitre le plus sérieux possible.

Faire passer mes conquêtes d’un soir pour du travail de manager, il n’y avait que moi pour le faire… J’en riais un peu intérieurement.

-Comme quoi on n’est pas très synchro… Vous faites des pauses pendant que je travaille. Faudra qu’on s’en fasse une, de pause, tous les deux en même temps. Genre se boire un verre ou quelque chose comme ça…, rajoutais-je directement.

Oui, histoire de pouvoir discuter d’autre chose que de l’agenda et de Roadtramp. Enfin si c’est vraiment possible de le faire… Parce que concrètement autant la vie de Maria que la mienne se résume à notre job… Et uniquement à ça…

J'avias donc laissé la place à mon patron et m'étais mise à sa place, contre le bureau. Je regardais mon patron se prélasser dans ce fauteuil, un rien pouvait le rendre heureux celui-là ça en était amusant. Voilà qu'il brossait son égo en parlant du groupe, de moi et de lui, il revenait tout à lui et cela ne me dérangeait pas tellement. Au bout  d'un moment, il aura cette prise de conscience, cette petite lumière qui lui montreras qu'il est beaucoup trop égoïste. Je ne doutais pas la dessus.

-J'avoue que le mot "Pause'' entre très rarement dans mon dictionnaire mais vous savez que j'aime beaucoup ce groupe. J'avais envie de me poser un peu, mais bien sûre, je suis repartie pour ne plus en faire avant un bon moment! Je suis une bosseuse, je ne peux pas me reposer sur mes lauriers.

J'eu un sourire, il avait tout de même dit que j'étais géniale, c'était déjà pas mal. Puis je lâchai un rire. Travailler? Lui? Avec les filles? Bah  bien sûre!

-Oh vous devez bosser dur dans ce cas! Je n'oses imaginer le nombre d'heures supplémentaires que vous faites à chaque concert.

Il était déséspérant, soupirant avec amusement, les bras croiser sur ma poitrine je fus surprise d'entendre mon patron me demander une pause pour prendre un verre, un jour, un soir, n'importe mais il voulait prendre un verre avec moi hors du travail. A vrai dire, je ne savais pas trop quoi dire. En 9 ans, jamais nous n'avions pris un café ensemble, il n'avait jamais rien tenter avec moi alors pourquoi maintenant...?

-Pourquoi pas, cela pourrait être sympas. Mais n'allez pas imaginez que je suis une groupie avec qui vous devez faire des heures supplémentaires. Dis-je amusée avec un clin d'oeil. Ce n'était pas que je n'avais pas envie, il était bel homme mon patron, simplement faire ça avec son supérieur...Cela pourrait brouillé pas mal de chose tout comme me forger une mauvaise réputation pour mon futur. Ce n'était pas ce que je voulais.

Le fait que Maria aimait beaucoup Roadtramp semblait être la cause de sa pause. Le petit Cort avait dû y mettre du sien pour arriver à inviter ma secrétaire à son petit moment relax. Je savais que Maria adorait ses gosses et elle avait dû y succomber. Bref, cette pause était – comme je l’avais bien imaginé – inédite parce que Maria m’affirmais déjà qu’elle n’était pas prête d’en faire une à nouveau.

-Cela ne m’étonne pas de vous, dis-je en souriant un peu.

Parce que si Maria me connaissait par cœur, je la connaissais aussi. Je savais reconnaitre quand elle était en colère ou quand elle était heureuse. Je connaissais certaines de ses habitudes. Je savais aussi où étaient ses limites. Bref, j’en connaissais un rayon – même si elle me connaissait probablement plus que je ne la connaissais elle. Les filles ont cette part de mystère qu’il est parfois impossible à connaitre…

Preuve qu’elle me connaissait comme sa poche, elle avait deviné ce que je faisais quand elle se reposait aux côtés d’Eddy Cort et cie. J’avais eu l’audace de faire passer mes petits moments avec les groupies pour des heures supplémentaires. De quoi faire rire ma secrétaire – preuve que l’orage entre nous était bien passé – et la faire répliquer de manière un rien ironique.

-Vous n’imaginez même pas ! Je suis probablement le manager qui en fait le plus, dis-je avec sérieux avant de laisser échapper un petit sourire.

Je regardais Maria qui avait pris place là où j’étais avant. Pour ma part, j’étais bien mieux mis dans ce fauteuil. Je lui avais, par la suite, fait une demande tout à faire spéciale : l’inviter à boire un verre. Bon, ok, on buvait de temps en temps des verres ensemble mais c’était toujours dans le cadre de notre travail et on y causait toujours des mêmes trucs. Je ne me rappelle pas de la dernière fois qu’on s’était détendu autour d’un verre tous les deux – je ne me rappelle même pas que ça soit arrivé un jour… Pourtant ça faisait 9 putains d’années qu’on était ensemble – professionnellement parlant. Je voyais la surprise sur le visage de Maria, ça m’arracha d’ailleurs un sourire en coin. Elle accepta l’invitation non sans me mettre en garde de ne pas la confondre avec une groupie de passage.

-Non, je pensais plutôt ce verre comme une pause et non comme des heures supplémentaires. Un truc totalement non professionnel, dis-je en souriant sachant très bien que ce que je venais de dire laissait quand même du flou sur mes intentions.

Après une courte pause je souris plus franchement.

-Vous en faites pas, Maria. Je ne vous ai jamais considéré comme une groupie et ça n’arrivera jamais, dis-je en lui faisant, à mon tour, un clin d’œil.

Elle était bien plus que ça – sans mauvais jeu de mots.

-On se boira un verre et on causera…. Je ne sais pas moi… De vos petites habitudes en dehors du boulot. Et moi je vous parlerais des miennes… Que vous connaissez déjà…, dis-je pensif. A-t’on encore des choses qu’on ne sait pas l’un de l’autre ?, dis-je sincèrement.

Bonne question… Oui, sûrement.

Neuf années que j'étais aux côtés de Daniele et en neuf années, on aurait pu croire qu'il y aurait eu des flirts en tout genre entre nous. Et pourtant c'était tout le contraire. Dès le premier jour une relation de Patron à employé s'était installé. Bien sûre que je trouvais mon patron plus que craquant, peut-être même que si je ne le connaissais pas, je craquerais comme toutes ses filles. Mais je le connaissais, je savais ses habitudes, ses moments de doutes, de peine, ses états d'âme... J'avais appris plus de chose sur lui que sur n'importe qui d'autre. Je le connaissais comme personne et c'était un grand avantage pour le travail.

''Vous êtes un incorrigible du travail!" un rire passa, bien sûre, c'était à prendre au second degrès et je savais que Daniele n'allait pas prendre cela mal, après tout, je savais aussi plaisanter à certain moment même si j'étais plus bon public que la fille qui disait les blagues. En y réfléchissant bien, je crois que nous n'avions jamais prit un verre "pour prendre un verre" Daniele et moi. Quand nous nous asseyions à un café et que nous commandions un verre, c'était pour mettre à jour l'agenda ou parler d'un quelconque groupe mais jamais nous n'avions prit le temps de nous asseoir et parler de la vie, de nous. Même si j'avais la prétention de dire que j'étais l'une des personnes qui le connaissait le plus, je n'étais arrivé dans sa vie qu'à ses 30 ans, j'avais 30 années à connaitre de lui et fallait me l'avouer, j'avais envie de savoir les choses sur lui, ses secrets...Ce qui a fait de lui ce qu'il était maintenant...

"Cela pourrait être une bonne idée en effet, je suis tout à fait d'accord!" Un sourire passa mes lèvres, ce n'était pas le sourire protecteur d'une maman comme j'avais l'habitude de faire, non, c'était un tout autre sourire mais je ne savais pas le qualifier...Puis je me mis à rire " Je n'ai pas tellement envie de faire la groupie, c'est plutôt...pathétique quand je le faisais plus jeune, à l'adolescence..." Je me redressais et tentai de lui montrer un exemple. La Maria ado' qui allait aux concert était surexité. "Je pense que je vous aurais connu à mes 16 ans, j'aurais fais quelque chose comme ça..." Je pris une profonde inspiration et, sans crier, je m'approchai de lui de façon très énergique, lui serrant la main, poignée de main qui ne s'arrêtait pas ainsi qu'une voix plus aigue "Oooohhhh Daniele Ricci je suis fan fan fan!!! Wouaw je vous rencontre en vrais pincez moi je rêve ahhhhhh". Un silence ce fit. Je lâchais la main de mon patron, me reculai pour me remettre sur le bureau et après quelque secondes à remettre de ce que je venais de faire, je me mis à rire. "Pardon mais...C'était beaucoup trop tentant, je devrais être beaucoup plus sérieuse! Je vous le promet Daniele, c'est la première et la dernière fois que vous m'avez vu ainsi"  .

J'étais devenue rouge de honte j'étais peut-être aller un peu trop fort à montrer mon caractère d'adolescente. Je ne savais vraiment plus où me mettre et quand Daniele avait parler des suejts de conversations durant notre verre, j'avais vite saiso l'occasion de changer de sujet. "Oh oui bien sûre, nous parlerons de tout cela, mais vous savez Daniele, je pense que notre conversation viendra toute seule...Je pense..."

Une incorrigible du travail, moi ? Oui, fallait l’avouer… Un incorrigible tout court même, je dirais. Maria riait et, à sa réflexion, je laissais apparaitre un large sourire.

-J’ai le droit de me venter d’être même plus qu’incorrigible, dis-je en affichant un petit rictus.

L’idée de prendre un verre de manière tout à fait hors travail m’était venue d’un seul coup – et sans raisons cachées. C’était histoire de connaitre Maria en dehors du boulot. Puis, c’était dommage de ne jamais avoir bus un verre pour le fun alors que ça faisait 9 ans qu’on se connaissait et qu’on travaillait ensemble. Putain, était-on des mordus du boulot à ce point-là ? Personnellement il m’arrivait de me détendre mais jamais je ne l’avais fait en compagnie de ma secrétaire… Elle se détendait sûrement de son côté et moi du mieux. Bizarre quand même…

Elle accepta ma proposition et son sourire – un sourire que je n’avais que rarement vu sur son visage – amena le mien. La seule condition était que je ne la confonde pas avec les groupies que j’avais l’habitude de voir – même si « voir » n’est pas vraiment le bon mot – après – et avant – les concerts. Maria m’expliqua qu’étant plus jeune elle faisait une groupie bien pathétique. Putain, imaginer Maria en groupie était presque impossible pour moi… Elle se redressa, alors, j’avais penché la tête sur le côté alors qu’elle était prête à me montrer un exemple. Elle s’était alors mise à foncer vers moi et à imiter – d’une manière presque parfaite – une groupie en délire. Elle me serra énergiquement la main alors que je pris un regard à la fois étonné et sceptique. Mais qu’est-ce qu’il lui prenait ? Après, un long silence s’installa alors que Maria repris sa place initiale. Je la regardais toujours avec le même regard… Elle s’était alors mise à rire et me promis de ne plus jamais recommencer. Je fronçais les sourcils avant d’éclater de rire.

-Non… Décidément, vous n’êtes pas faite pour être groupie, dis-je en essayant de calmer mon fou rire.

Elle était toute rouge, ma secrétaire. Ce qui rendait la situation encore plus drôle. J’en étais revenu au verre et aux sujets de conversations qu’on pourrait avoir… A vrai dire, je me demandais réellement de quoi on allait pouvoir parler… Maria, elle, s’en faisait beaucoup moins. Elle était sûre que les sujets viendront tout seul.

-Si vous le dites, dis-je avec un léger sourire. Je vous crois.

Je m’étais alors levé.

-Bon, va falloir que j’aille manger un truc ou l’autre avant le rendez-vous de 14h, dis-je en m’étirant.

Non, je vous le jure que je ne le fais vraiment pas exprès…

J'étais toujours rouge de honte. Bon sang qu'est ce qui m'étais passer par la tête, avec ce comportement, Daniele ne pouvait que me prendre pour une folle... Son fou rire m'indiqua que c'était pas si grave si je m'emportais de temps en temps. Bien sûre qu'il riait, je crois quil ne m'avait jamais vraiment vu ainsi.

-Désolé pour...Ce petit pétage de plomb...Je dois avoir plus d'heure de sommeil à rattraper que je ne le pensais...

Je dormais tellement peu pendant les tournées, encore moins que les jours où nous étions à L.A mais les tournées étaient tellement bien... Je profitais toujours un peu plus des groupes quand nous étions en tournée.

Puis il revint au sujet du verre, souriant un peu, je le regardais en hochant la tête, si lui avait des doutes sur les sujets que nous pourrions abordés, moi, j'étais très confiante. Même si notre vie se résumait à notre travail, il y avait bien des choses que nous aimions tous les deux, des points communs. Il ne fallait pas s'en faire. Je redressai alors une fois qu'il se leva. Il était temps pour moi d'aller travailler. Il voulait déjeuner et c'est vrai que mon estomac aussi criait un peu famine, je me ferai commander quelque chose et le faire monter dans ma chambre avant de partir avec Daniele pour l'interview de...14H?

-Daniele...C'est à 13h !

Je regardai alors l'heure sur l'horloge en face de moi avant de regarder mon patron.

-Je viens vous chercher ici à 12h45. Nous sommes proches du lieu de l'interview. Bonne apétit...

Ma secrétaire s’était excusée de sa petite démonstration. Elle était toute rouge, j’avais jamais vu ça. Evidemment, ça me faisait rire plus qu’autre chose. Preuve qu’elle n’était vraiment pas faite – ou plus faite – pour être une groupie. Elle était jolie, mais elle faisait une bien meilleure secrétaire. Elle avait d’autres compétences que les groupies que je fréquentais.

-Oui, vous devriez vous reposer plus souvent, dis-je en souriant.

Je crois que même moi, je dormais plus qu’elle alors que je n’étais pas vraiment un couche-tôt. Maria réglait l’agenda même la nuit… C’était dingue. J’étais bien content de ne pas devoir m’en occuper sinon il m’aurait fallu deux vies… Ou des journées de 48h…

Après avoir encore parlé brièvement de ce qu’on parlerait autour de ce fameux verre, je m’étais levé pour aller manger. Je crevais la dalle, moi… Puis, fallait que je reprenne des forces avant l’interview de 14h. Je m’étais étiré alors que Maria me rappela à l’ordre me disant que c’était à 13h pas à 14h et qu’elle viendrait me chercher à 12h45 ici même…

-13h ? Vous êtes sûre ?, je soupirais. Bon d’accord, je serais ici à 12h45…

Je ne voulais pas encore une fois attiser la colère de ma secrétaire, j’avais eu ma dose aujourd’hui. Je me dirigeai vers la porte de ma chambre et lançai un regard à Maria.

-Bon appétit. N’oubliez pas de manger, dis-je en lui faisant un clin d’œil avant de partir.

Faire rire Daniele n'était pas dans mes compétences de bases, j'avais appris au fil du temps à blaguer un peu mieux qu'avant, j'avais appris les choses qui le faisait rire et la plus part du temps, j'étais amusée aussi par le fait de le voir rire. Cependant, cette fois-ci, j'étais plus mal qu'autre chose mais il fallait passer à autre chose. Je le regardai en souriant un peu.

-Oui j'avoue, je tenterais de bosser un peu moins la nuit...Mais ne m'en voulez pas si je prend du retard sur votre agenda!

Daniele était vraiment une homme sans tête, cela m'amusait maintenant. Au début, j'étais déséspérée et il m'énervait mais j'avias appris à tourner cela à l'amusement -mais trop quand même- il fallait tout de même qu'il prenne cela au sérieux.

-Oui je suis sûre, c'est à 13h.

Il alla ensuite ouvrir la porte, signe qu'il allait partir. Il fallait que je fasse de même. Souriante, je passa la porte avant lui pour partir de sa chambre, j'hochai la tête, l'agenda contre ma poitrine.

-Manger? Qu'est ce que c'est? Dis-je en riant un peu. J'essaierais de placer cela dans mon emploi du temps...Mais je ne vous promet rien! Bon et bien bon apétit à vous aussi et à tout à l'heure! Dis-je avant de tourner les talons et de partir travailler...A nouveau.