On était finalement tombé d'accord sur le fait que cette chanson serait BEAUCOUP mieux sans synthé. Et Billy finit par se lever du fauteuil... Il était d'accord pour sortir, mais il voulait appeler Liam... Je laissai couler pour l'instant, hochant simplement la tête. J'avais pas envie d'avoir Liam au cul tout le temps. C'était un super mec, vraiment sympa... Mais j'étais assez grand maintenant pour aller manger un bout en ville sans devoir donner la main à papa...

-Je vais lui téléphoner pendant que tu te laves...

Il disparut dans la salle de bain et je me levai pour attrapper le combiné. C'était un téléphone dernier cri avec des touches qui s'illuminaient en bleu et pas une roue. je décrochai le combiné et tapai le numéro de Liam qui était collé à même le téléphone, comme si c'était un numéro d'urgence. Quel parano ce Billy... J'aurais parié qu'il connaissait mieux le numéro personnel de son garde du corps que le 911.

A partir du moment où Bill était entré dans la salle de bain, je sus que j'avais bien le temps... Il était pire qu'une gonzesse niveau hygiène... La voix au taquet de Liam résonna dans le combiné après seulement une sonnerie... Pas de doute, Billy l'avait drillé à mort. Moi, je lui répondit d'une voix encore toute somnolente parce que j'étais encore à moitié en mode "inspiration".

-Hey Liam... C'est Cash... Ca roule, mon pote?

Liam parut surpris d'abord puis amusé... Evidemment, maintenant, il savait que j'étais chez Billy... Et comme c'était rare ces dernier temps et que ça commençait à inquiéter jusqu'à MTI, le fait que je sois chez lui devait passer pour un bon signe.

-Ouais non, je te sonne parce que je veux PAS que tu viennes, ok... On va se faire un McDo au centre-ville...

Liam protesta, dit aussi que Billy n'allait pas aimer... J'en avais rien à foutre, je voulais bouffer un burger en paix avec celui que je considérais toujours comme mon meilleur pote. Et tant pis si les fans qu'on croiserait fabulaient à mort... Justement... Entretenons la légende!

-Je me charge du Bill... Avec moi, il risque rien...

Hum... J'étais probablement aussi dangereux pour la santé mentale de Billy que je n'étais bénéfique. Liam finit par lâcher l'affaire et je raccrochai avant de me recoucher dans le fauteuil, les cheveux encore plein de crème fraîche. J'étais endormi quand Bill sortit de la salle de bain.

Il me réveilla et je me dirigeai comme un zombie vers la salle de bain, allumant une clope. 10 minutes plus tard, j'en ressortais, les cheveux propres mais trempés.

-Liam viendra pas... MTI l'a mis sur le concert de The Burning Fire... Il a pas pu refuser, il a besoin de thunes. C'est moi ton garde du corps aujourd'hui!

Je souris et allumai une nouvelle cigarette. J'avais réussi à fumer l'autre tout en lavant mes cheveux.

Quand je revins tout beau tout propre je du tapé sur l’épaule de Cash qui s’était vraisemblablement endormit. C’était un des seuls gars, avec moi, capable de s’endormir en 10 minutes. Car j’étais, moi, persuadé de n’avoir pris que 10 minutes pour prendre cette fichu douche.

Cash se leva pour aller, lui aussi, se laver. Je m’installai dans le fauteuil et allumai une cigarette. Si Cash avait bien appelé Liam, ce dernier n’allait sûrement pas tarder à arrivé. Il avait acheté un appartement dans la rue d’à côté afin de ne pas être trop loin de chez moi et de pouvoir venir ici à tout moment.

Cash finit par sortir de la salle de bain les cheveux toujours trempé. Je commençai à sérieusement me demandé pourquoi Liam n’était pas encore arrivé. Il ne lui fallait pas tant de temps pourtant. Je fixai Cash qui m’avoua que mon garde du corps ne viendrait pas car il était sur un autre concert. Celui de The Burning Fire. Je ne dis rien pendant quelques secondes, regardant intensivement le sourire de Cash… Nan, MTI ne pouvait pas m’avoir fait ça ! C’était MON garde du corps ! J’écrasai calmement, mais toujours dans un silence de mort, ma cigarette dans le cendrier qui était sur la table basse avant de me lever et de regarder Cash.

-Il ne viendra pas… C’est ça ?

Ma voix était loin dans les basses et mon regard n’exprimait pas grand-chose sur le coup. Je me retournai ensuite vers la table basse et shoota violement dedans. Elle se retourna et le cendrier en verre éclata en morceaux. Quand aux pilules qui étaient si bien rangées, elles finirent à terre elles aussi. Je fixai Cash.

-Bon j’ai compris…

J’avais vraiment envie de ce McDo… Donc je n’avais pas vraiment le choix. Je pris mes lunette de soleil, mis une casquette, enfilait une veste en cuir noir et attachai mes cheveux. Puis… Puis je regardai Cash de haut en bas. Merde… Ce type était trop reconnaissable…

- On ne peut pas dire que tu vas passer inaperçu, toi…

Je souris. On allait probablement devoir signer quelques autographes… Ma fois, c’était bon pour une fois… Le pire ce n’était pas les autographes… Les pires c’était les paparazzis et les fans un peux trop bizarre… Je pris mon portefeuille et nous sortîmes.

Ma rue était plutôt calme… C’était une rue de riches. Donc ça allait.

-Faudra que je dise au MTI de ne pas envoyer Liam ailleurs sans me prévenir.

Le hic, c’était que j’avais complètement oublié que j’avais tout bien débranché pour ne pas qu’on me prévienne de quoi que se soit.

A la question de Billy, j’avais juste hoché négativement la tête. Je savais que ça allait péter. Je ne connaissais que trop bien cette voix qui descendait trop profondément dans les basses. Une voix qu’il n’utilisait que très très rarement pour chanter… Voire jamais sauf pour déconner. Je sentis des frissons remonter le long de mon dos nu parce que je n’avais pas encore retrouvé mon t-shirt.

La table basse vola et apparemment, cela suffit à calmer Billy, ce qui me rassura. En plus, c’était de toute façon MTI qui allait en prendre plein la gueule sans comprendre pourquoi. Ni moi, ni Liam, on ne serait inquiétés. Ouf…

Du coup, Billy s’habilla en conséquence : pas de maquillage, cheveux attachés, casquette… Il ne voulait pas qu’on le reconnaisse. Puis il me regarda… Ben ouais… Moi, je ne pouvais pas me transformer comme ça. Je pouvais attacher mes cheveux, mettre une casquette, faire tout ce que je voulais, j’avais une tronche trop facilement repérable. Mais cela fit sourire Billy.

-Ben ouais je sais…

Je me mis à chercher après mon t-shirt Thin Lizzy que je trouvai roulé en boule près de la porte de la salle de bain… Je l’enfilai… J’étais prêt… Il faisait froid dehors, mais j’avais l’habitude de sortir seulement à moitié habillé, même quand il pleuvait.

C’est d’ailleurs la pluie qui nous accueilli quand on sortit de l’immeuble. Ce qui faisait que la rue était encore plus calme que d’habitude. Le fast-food n’était pas à un million de kilomètres alors on allait pas prendre la bagnole de Billy… Je souris en regardant Billy. Moi j’aimais bien la pluie, ça arrivait tellement rarement ici… Mais lui avait pas l’air d’aimer se faire mouiller.

-On a qu’à y aller en courant !

Je me mis à courir… Deux rues plus loin, on arrivait à destination, complètement trempés par la drache. Mes cheveux bouclés étaient plaqués contre mon crâne et mon t-shirt était complètement mouillé et ça me fit marrer. Et quand je vis la tronche de Billy, mon fou rire empira. J’avais du mal à rire parce que j’étais essoufflé, mais je sentais que je reprenais tout doucement un peu de condition depuis que j’étais clean.

On s’approcha du comptoir et le visage de la fille s’illumina… Oh oh… Ben c’était déjà foutu. Je lui souris.

-Salut ! Je veux bien trois Happy Meal, s’il te plait… Si y a moyen d’avoir un jouet différent dans chaque, c’est cool…

La fille resta immobile deux secondes avant de se mettre en mouvement… Oh comme j’adorais faire cet effet-là ! Je comprenais pas comment Billy pouvait le vivre aussi mal… Je m’adressai à lui.

-Toi tu veux quoi ?

Donc, il était clair qu’on ne pouvait pas changer la tronche de Cash. Et il se rendait bien compte de cela et s’en excusait presque. Il finit par achever de s’habiller et on ne tarda pas à se retrouver dans la rue.

Dehors, il pleuvait et la température n’était pas très élevée. J’avais les mains dans mes poches et je frissonnais à chaque coup de vent. En fait, enfermé dans mon appartement, j’avais pas fait attention au temps qu’il faisait dehors et je n’étais pas vraiment habillé en conséquence… Cash n’était pas habillé plus chaudement mais il ne semblait pas souffrir du froid ambiant. Il souriait même. La pluie me donnais pas mal d’idée déprimante pour des lyrics… Mais je détestais quand elle me tombait dessus.

Cash proposa alors de courir jusque là.

-Ok, plus vite on y est mieux je me porterais.

Je souris. Je le laissai partir devant puis je me mis à courir. J’arrivai un peu avant lui devant le McDo’. J’avais l’habitude de courir et j’avais plus d’endurance que Cash. Je le regardais avec un sourire légèrement moqueur.

-J’ai gagné !

Les cheveux de Cash en avait pris un sacré coup à cause de la pluie. Je n’osais donc pas imaginer les dégâts que ça avait faits dans les miens. D’ailleurs tout cela semblait bien faire rire Cash. Moi je ne souriais pas. Je n’aimais pas que mon style soit détruit par cette fichu drache. Heureusement, ils étaient attachés…

Nous finîmes par entrer. Ils y avaient quelques personnes, mais elles étaient bien trop concentrer à manger qu’elles ne nous regardèrent même pas. Ce qui n’était, bien sûr, pas le cas de la fille au comptoir. Ben ouais, elle, elle était obligée de nous regarder. Je me raidi un peu devant son visage illuminé. Mais tout cela ne déconcentra pas Cash qui commanda ses trois Happy Meal en précisant bien qu’il voulait trois jouets différents… Je laissai transparaitre un léger sourire ironique… Et c’était moi la diva, hein…

La fille, après avoir calé deux minutes, fini par s’y mettre et Cash me demanda ce que je voulais.

-Cinq hamburgers…

J’adorais les hamburgers du McDo’, même s’ils étaient trop petits.

La fille revint vers nous, toujours aussi bouche bée et je lui commandai mes hamburgers. Et ce qui devait arriver arriva… Elle nous demanda si on était bien qui elle pensait. Je fis « oui » de la tête en lui demandant de parler moins fort d’un geste de la main.

-Oui… Et si tu te tais tu auras un autographe et une photo…

J’avais dit cela assez rudement… Mais la fille ne le pris pas mal et accepta d’un signe de tête. Elle revint avec nos commandes et je m’en allai m’assoir dans le seul coin du restaurant où il n’y avait personne après avoir dit à la fille que je passerai la voir après avoir manger.

Je m’installai me collant le plus possible contre le mur. Cash s’installa en face de moi.

-Je viens de me rappeler pourquoi je n’étais pas sorti de chez moi pendant quatre jours.

Je le fixai droit dans les yeux.

-Cash…

Je marquai une pause comme si j’avais un lourd secret à lui dire. Puis je finis par enchainer.

-Comment tu fais pour rester si cool… Comment tu fais pour sortir dehors sans avoir peur que quelqu’un te tombe dessus ?

Mes questions étaient sincères et je le fixai espérant avoir une réponse qui pourrait me « soigner ».

Comme il faisait dégueulasse dehors, il n'y avait pas grand monde dans le McDo. C'était pas plus mal: autant réhabiliter Billy en douceur. Je me serait mal vu l'emmener directement dans la foule hystérique du Crazy Ginger dès ce soir, même si l'idée m'avait quand même effleuré.

La fille prépara mes Happy Meal que j'accueillis avec le sourire et Billy commanda des hamburgers, promettant à la fille un autographe et une photo si elle la bouclait. Je ne fis pas de commentaire jusqu'à ce que Billy soit servit et qu'on se dirige vers une table...

-Heu... Billy? Tu te ballades avec des photos de toi sur toi?

Il avait quand même promit à cette fille... Enfin soit... On pris place dans un coin du restaurant qui était désert et on aurait dit que Billy essayait de se fondre dans le mur. Moi, j'ouvris mon premier Happy Meal et en sortit le premier jouet... C'était un petit dinosaure qu'il fallait monter, un tricératops! Trop cool!

Mais Billy prononça mon nom d'une façon que je ne connaissais que trop bien, attirant mon attention et mes yeux noirs plongèrent dans ses yeux bleus-verts.

-Ben... Pourquoi quelqu'un me tomberait dessus? Quand les fans viennent me voir, ils sont contents avec un sourire, tu sais...

Je marquai une pause...

-Puis ils font peut-être moins une fixation sur moi ou sur les autres que sur toi. T'es le frontman, ça veut bien dire ce que ça veut dire. T'es en première ligne et comme tu es le chanteur, t'es un peu le porte-parole du groupe.

Tout en parlant, je montait mon tricératops, mon regard passant du jouet à Billy.

-Mais faut pas en avoir peur, des fans. Sans eux, on n'en serait pas où on en est... Et personnellement, je m'éclate dans cette vie, même si je sais très bien que je brûle la chandelle par les deux boûts... enfin... Je m'en rends compte par moment quoi...

Comme maintenant, parce que j'étais clean. Mais quand j'étais dans une phase où j'étais complètement obsédé pas l'héro, j'avais l'impression d'être immortel. Un elfe de Tolkien en quête d'une poudre magique apportant le bonheur.

La question de Cash sur la photo me fit hausser les épaules. Bien sûr que non… Mais j’avais dit cela sans réfléchir, sans penser aux conséquences, sans même penser à vraiment tenir la promesse que je venais de faire à la jeune fille. Ce n’était pas contre elle… C’était juste la seule issue que j’avais trouvé.

On était enfin assis, au calme avec comme seule protection le mur du restaurant. Je déballais précautionneusement l’un de mes hamburgers et commençai à le manger calmement alors que Cash, lui, sorti le jouet que contenait l’un de ses Happy Meal. Cash était resté un gamin et c’était cette âme d’enfant qu’il n’avait jamais perdu qui faisait de lui quelqu’un en qui j’avais confiance.

J’écoutai attentivement Cash qui répondais à ma question. Lui, il vivait extrêmement bien cette célébrité. Il aimait voir les fans heureux. Il expliqua cela par sa position, me déclarant, par la même occasion, que j’étais en première ligne. Je soupirai. J’aurais bien voulu voir les choses comme Cash mais je n’y arrivais pas. Il adorait cette vie, moi non. Mais je crois que j’aurais été incapable de supporter une vie normale aussi…

-Je n’ai pas peur des fans… J’ai peur de leur réaction. Chaque pas que je fais est analysé. Chaque mot que je dis est interprété… J’ai l’impression d’être au tribunal tous les jours…

Cash semblait bien comprendre que la drogue et l’alcool le tuait à petit feu. Chose qui avait toujours été source de conflit entre nous deux. Il y avait d’ailleurs quelque chose de tellement paradoxal dans cette situation. Cash adore la vie et se drogue constamment. Moi, je déteste la vie et je fais attention à toute chose extérieure qui pourrait me tuer. Je fixai le métisse droit dans les yeux.

-Ouais, mais maintenant c’est terminé ! Tu ne te drogueras plus !

Cela sonnait comme un ordre pour la simple et unique raison que s’en était un. Qui mourra le premier entre nous deux ? Je n’en avais aucune idée. Même si j’espérais secrètement être le premier sur la liste.

-On va tous crever de toute façon ! Mais fais-moi le plaisir de pas mourir trop vite ! On doit au moins tenir jusqu’à 27 ans !

Je souris légèrement. J’allais avoir 27 ans l’an prochain… J’achevai mon hamburger et pris le tricératops des mains de Cash. Il avait, semble-t-il, beaucoup de mal à le monter. Chose que je fis en quelques secondes. Je lui rendis alors le jouet un sourire aux lèvres.

-L’héro ça tue les connections mentales !

Je rigolai assez sarcastiquement.

Evidemment, Billy avait fait une promesse en l'air à cette fille. Pas grave, je trouverais quand même le moyen de lui faire plaisir. On lui ferait un gros kiss sur la joue et ce serait bon... D'autant qu'elle était pas mal en plus, donc ce serait pas désagréable...

Une fois installés, une conversation comme on en avait rarement démarra entre Billy et moi. On se disait rarement comment on voyait et comment on vivait les choses. C'était presque un sujet tabou... Mais on ne semblait pas d'humeur à s'engueuler et peut-être que pour une fois, ça allait se dérouler sereinement.

Billy avait pas tort quand il disait qu'il était tout le temps surveillé... D'ailleurs une de nos chanson, dont il avait écrit les lyrics, avait été mal interprété et ça lui avait attiré les foudres des médias! Sur LUI, et aucun autre membre du groupe, ce qui était dégueulasse en soi étant donné qu'on avait tous été d'accord de l'enregistrer cette chanson... Evidemment, nous, on l'avait pas comprise de travers...

-Ouais, c'est la merde des fois... Mais je vois pas pourquoi on changerait notre façon de faire juste parce que les gens pigent que dalle... Ou veulent pas piger. Et si y a des trucs à assumer, on les assumera tous ensemble, mec. T'es pas tout seul dans cette merde...

Moi, j'adorais cette vie-là. Mais ma guitare parlait pour moi. Par contre, j'arrivais pas à gérer le fait d'avoir tout à portée de main trop facilement. De même pas devoir chercher après ma prochaine dose comme au tout début. La drogue, je l'avais découverte bien avant la célébrité... Mais une fois la célébrité là, je n'avais plus qu'à tendre la main pour recevoir du Brown Sugar.

Et Billy m'ordonna de ne plus me droguer. Je baissai les yeux... J'étais clean, mais les tentations, dans ce monde dans lequel on vivait, étaient nombreuse et je ne savais pas si j'étais assez fort pour y résister. Et Billy voulait qu'on tienne au moins jusqu'à 27 ans... Ouais, pour entrer dans la légende qui commençait à se dessiner. Et ça, c'était glauque...

-J'aurai besoin de ton aide pour ça... Mais t'es jamais là. Tu te caches, tu as ta propre loge où personne ne peut entrer avant les concerts, pas même nous. Et c'est à ce moment là que des types comme Todd et autres viennent avec des grammes à en faire une overdose rien qu'à regarder la quantité...

Et personnellement, l'idée de mourir ne m'intéressait pas. Je ne pensais pas me droguer parce que je voulais crever. Je me droguais parce que j'adorais l'effet que ça faisait... Et que j'étais encore assez jeune pour me croire immortel...

Quand Billy eu fini son premier Hamburger, il attrapa mon tricératops et le monta en deux temps trois mouvements. Pendant ce court laps de temps, je sortis les frites déja froides de mon premier Happy Meal et les englouti. Je repris le jouet que Billy me tendis et jouai un peu avec en le faisant marcher sur la table après avoir remonté le mécansime. Rien que le bruit que le petit moteur faisait, j'adorais ça.

-On peut pas continuer en restant chacun dans notre coin. On y arrivera pas... On va se piquer ou picoler à mort pendant que toi, tes propres démons finiront par te bouffer...

Jamais je ne haussais la voix, mais par contre, je pouvais soutenir un regard, ce que Billy ne pouvait parfois pas faire.

Cash et moi… On parlait rarement de ce genre de trucs. En fait, Cash et moi on parlait rarement tout court. Ca avait toujours été comme ça… Il faisait de la guitare, moi je chantais, point à la ligne. Et si on parlait, ce n’était jamais de nos émotions et de notre façon de voir les choses. A vrai dire, on évitait tout les sujets susceptibles de nous faire nous embrouiller.

Cash avait sa vision des choses mais il avait ce pouvoir de savoir relativiser. Ce qui était loin d’être mon cas. Ce qu’il relativisait sans peine je le prenais comme un drame. Il prétendait même que je n’étais pas seul et que s’il arrivait quelque chose, tout le groupe assumera ensemble. Je relevais la tête vers lui, approuvant de la tête. Je n’avais pas l’habitude de faire confiance aux autres sauf pour ce qui était de mon groupe.

Je compris bien vite que cette conversation allait tourner là où Cash et moi on ne voulait pas qu’elle tourne. Je le blâmai pour la drogue, il baissa les yeux et c’était partit… Il me renvoya une partie de la faute sur moi prétendant que j’étais le seul qui pouvait le soutenir et l’empêcher de replonger. Je soupirai…

-Je peux pas toujours être là Cash… Faut que t’apprenne à dire non.

C’était facile pour moi. Je n’avais jamais été accro aux drogues dures. Je n’avais jamais compris pourquoi… Probablement un truc psychologique qui m’empêchait de devenir addict’.

Après avoir monté le tricératops de Cash je continuai de manger mes hamburgers. C’est là que Cash résuma en une phrase le problème du groupe. Je le regardai droit dans les yeux, il me regardait comme il en avait l’habitude et je finis par détourner mon regard.

-Je sais…

Cash avait tellement raison que je ne pouvais le contredire… Je n’en avais même pas envie.

-Mais…

Je n’arrivai pas à mettre des mots sur mon problème et ça m’énervait.

-Je sais pas comment faire… Voir trop de gens me tue…

J’avais dit cela sur un ton résigné. J’achevai mes hamburgers assez rapidement alors que Cash était toujours entrain de jouer avec ses petits jouets.

Billy avait raison et cette fois-ci, c'était moi qui jouait avec mes jouets pour éviter son regard. il fallait que j'apprenne à dire non. Ouais, mais c'était pas évident quand ta tête disait non mais que ton corps te suppliait de dire oui, de t'envoyer la dose, juste pour une heure de détente totale où plus rien ne comptait, où la pression de MTI semblait tellement irréelle que ça en devenait ridicule.

Billy mangeait ses hamburgers pendant que ce que contenaient mes Happy Meal refroidissait. J'allais probablement pas encore manger grand-chose avec tout ça. Je pris quand même un hamburger que je déballai alors que Billy réfléchissait à ce que lui devait changer chez lui.

Et alors qu'il hésitait, je soulevai le pain supérieur de mon hamburger, attrapai la rondelle de cornichon noyée dans le ketchup et la mangeai avant de refermer mon hamburger et de mordre dedans un bon coup, en mangeant la moitié en une seule fois tout en regardant le chanteur de notre groupe.

Et tout comme moi, Billy semblait coincé par son propre ressentit. J'enchaînai alors, la bouche encore à moitié pleine... Comme si j'avais trouvé LA solution à tous nos problèmes.

-On a qu'à y aller doucement, en restant ensemble! Toi t'as peur des gens, mais pas de moi, alors je peux rester avec toi pour t'aider et te "protéger" contre les autres! Moi, mon problème, c'est de pas oublier que je peux pas prendre d'héro. Alors tu m'en empêchera! J'ai qu'à m'installer quelques temps chez toi! Ca fera des vacances à ma mère et à MTI...

Ouais parce que j'avais pas d'appart à moi. A quoi ça servirait? J'étais jamais chez moi... Du coup, je squattais chez ma mère quand je m'endormais pas, complètement mort, dans les locaux de MTI. En attendant la réponse de Billy, à laquelle je me préparais déjà à riposter à la façon, c'est à dire en en tenant pas compte, j'achevai le reste de mon hamburger aussi vite et aussi subtilement que je l'avais commencé.

Voilà ! Ca finissait toujours comme ça quand on commençait à parler de sujets personnels et sérieux. J’évitais son regard quand il me faisait des reproches et il faisait de même quand je lui en faisais. Aussi loin que je me rappelle ça avait toujours été comme ça…

C’était d’ailleurs pour cela qu’on avait arrêté de parler de telles choses. Surtout qu’en fin de compte, on faisait quand même ce qu’on voulait sans jamais prendre en compte ce qu’avait dit l’autre. Ce qui était paradoxale dans le sens où je détestais décevoir Cash et il détestait me décevoir. C’était l’histoire de notre foutu vie ce truc-là.

Et lorsque je fus incapable de mettre des mots sur mes émotions, Cash enchaina directement comme s’il avait trouvé la solution à des questions humanitaires existentielles. Pour lui, il fallait qu’on se soutienne. Lui m’aiderais à surmonter ma peur des gens et moi, je l’aiderai à ne plus qu’il sombre dans diverses addictions. Et pour cela, il voulait s’installer un peu chez moi.

-Hmm…

Je réfléchissais. Certain aurait toujours l’idée de Cash super et indispensable. Mais moi je réfléchissais. J’aimais ma solitude dans le sens où j’étais persuadé que rester trop longtemps avec un ami dans le même bâtiment ça attirait les disputes. Ou autre chose… Dans les deux cas ça n’allait pas. Mais je ne pouvais pas refuser cela alors que Cash semblait très motivé par sa propre idée.

-D’accord… On peut essayer ça.

Je laissais apparaitre un sourire… J’achevai mes hamburger alors qu’il restait encore pas mal de trucs dans les Happy Meal de Cash. En fait, il avait quasi rien bouffé et, maintenant, tout avait complètement refroidi. Il avait sortit tout les jouets et les avaient tous montés.

-Faut tout mettre à la poubelle. Tu vas pas bouffer des trucs froids.

Ce n’était pas une question. Je ne VOULAIS pas qu’il les bouffe. Je voulais juste qu’il mette tout à la poubelle et qu’on rentre chez moi. C’est là que la fille du comptoir arriva près de nous. Je levais les yeux au ciel… Je l’avais déjà oubliée celle-là. Elle se planta devant nous un grand sourire aux lèvres. Elle avait un bic en main. Ok… Elle voulait son autographe.

-Ok…

Je pris son bic des mains et signai une serviette qui y avait sur notre table.

-Voilà.

Je lui tendis un sourire aux lèvres. Mais cela ne la fis pas partir. Ah ouais… La photo… Mais j’en avais pas moi. Je regardai Cash avec un regard rempli de détresse. Comme si j’allais être coincé là si je ne lui donnais pas ce qu’elle veut. Preuve incontestée que je crevais de trouille de mes fans.

Billy réfléchit à ma proposition. Pourquoi fallait-il toujours qu'il réfléchisse? Il ne pouvait rien faire à l'instinct, à par créer des lyrics. Evidemment, c'était le plus important, mais il fallait qu'il apprenne à ne pas toujours planifier sa vie, c'était ce qui le rendait complètement angoissé. Parce que quand il arrivait une couille dans le planning, là, il pétait un câble... Et paradoxalement, il pouvait arriver 3heures en retard à un concert.

Mais finalement, je me détendis quand il accepta. Je ne m'étais même pas rendu compte que ça me tenait autant à coeur. C'est seulement quand je sentis mes muscles se relâcher que j'en pris conscience. Je lui souris, j'étais super content! J'étais au moins certain que chez Billy, toute forme de drogue dure était proscrite... Même nos potes les plus junkies devaient laisser leur dope chez eux pour pouvoir entrer... Billy avait même plaqué bon nombre de filles parce qu'il avait découvert qu'elles se droguaient chez lui.

-Génial!!! On va faire le plein de bières, de films et de chips et on va s'éclater à mort!

En fait, sans vraiment le savoir, ce que je proposais, c'était une réclusion à deux. Mais au moins, on avait une guitare! Et ce genre d'environnement allait probablement nous permettre de créer à mort, comme au tout début... Et rien que nous deux, sachant très bien que les deux autres suiveraient sans faire d'histoire tellement on était deux caractères forts qu'il valait mieux ne pas contrarier.

J'allais prendre le deuxième hamburger dans mon deuxième Happy Meal, quand Billy affirma qu'il fallait tout jeter parce que c'était froid. Je haussai d'abord les épaules, prêt à lui dire que c'était bon, que j'avais l'habitude puisque je jouais toujours avec les gadgets avant et que c'était toujours froid. Mais vu son regard, il n'avait VRAIMENT pas envie que je les mange... Mais j'avais faim, moi...

-Ok ok...

Je me levai et mis les Happy Meal à la poubelle puis je revins près de la table pour mettre mes jouets dans mes poches. Puis je vis les yeux de Billy s'écarquiller.

-Ben quoi? Je les ai mis à la poubelle, c'est bon maintenant, les jouets snt un peu gras, mais pas sales...

Puis je me retournai, suivant son regard. Oh, je l'avais oubliée, la pauvre jeune fille... Fallait dire que j'avais été plus concentré sur Billy que sur autre chose. Mais personne n'était venu nous "déranger" pendant qu'on mangeait, donc elle avait fait son job à la perfection et méritait un peu de reconnaissance de notre part... Elle avait un bic en main que Billy pris et il signa une serviette... Je m'excusai pour lui...

-Heu... On a pas de photo sur nous en fait...

Comme j'étais toujours debout, je m'approchai d'elle alors que Billy lui tendait la serviette avec un air suppliant qui me demandait d'agir... Elle fit un pas en arrière, je faisais si peur que ça? Je passai mon bras autour de ses épaules et l'embrassai sur la joue.

-C'est cool de nous avoir permis de manger au calme, merci!

Puis je fouillai dans ma poche et lui donnai un de mes jouets... Pas le tricératops, celui-là, je le gardais pour ma collection de dinos... Le fille pris le jouet, un peu perturbée... Je regardai Billy.

-Alors, on y va?

Il ne fallut pas le lui demander deux fois... On repartit sous la pluie battante.

-Faut qu'on aille chercher des bières, des films et des chips pour survivre. Parce que par ce temps-là, on ira pas loin...

Cash était content que j’aie accepté sa proposition. On aurait dit qu’il venait d’avoir son cadeau de Noël. Quelque part, ça me faisait du bien de le voir dans cet état. Il parlait déjà de chips et compagnie. Une réclusion à deux en gros… Je souris à cette ironie-là. Toutefois, cette future réclusion allait peut-être nous permettre de faire l’album suivant plus vite que prévu.

Je souris à Cash alors qu’il s’en alla jeter ses Happy Meal froid dans la poubelle. Puis, alors que j’allais me préparer à partir, tout s’enchaina rapidement. Cash qui se mis sur la défensive à cause de mon regard, la fille, mon autographe, mon regard angoissé par la situation.

Heureusement, Cash était là et lui annonça qu’on n’avait pas de photo. Et, devant le regard légèrement déçu de la jeune fille, il lui donna un bisou sur la joue et lui donna deux de ses jouets. Une « pro-Cash » en plus sur la planète. Il la remercia et je souris à la jeune fille. Fallait quand même que je fasse un effet.

-Ouais, merci.

Fallait y aller maintenant et à la demande de Cash, j’approuvai.

-Ouais on s’en va.

On sortit dehors. Je crois que je préférai encore cette pluie que l’ambiance du McDo et tous ces gens. Je laissai d’ailleurs échapper un soupir de soulagement alors que nous marchions à nouveau dans la rue.

Devant la liste du course qu’il m’énuméra, l’angoisse réapparu dans mes yeux. Et je poussai Cash dans un accès de violence provoqué par cette petite sortie.

-Tout ça à acheter ?! Non mais ça va pas ?! On va faire quoi ? Se pointer dans la grande surface et acheter tout ça ?! Tu te sens bien Cash ?!

Je me calmai directement.

-On enverrait bien quelqu’un aller les chercher non ?!

J’avais dit cette dernière phrase bien plus calmement que les précédentes. Je regardais Cash l’air un peu paumé par mes propres réactions.

En me voyant réagir avec la fille, ça incita Billy à y mettre un peu du sien... Ah ben c'était pas plus mal. Et je faisais pas ça parce que je voulais être le gentil Cash face au méchant Billy... Non, c'était juste que Billy était comme il était et que moi, j'étais Cash, quoi...

Finalement, on sortit indemne du McDo, mais mes cheveux en reprirent un coup vu que la pluie, elle, n'avait pas cessé. Mais cette fois, cela sembla perturber moins Billy... Par contre, ma liste de course faillit lui faire faire une crise cardiaque... Je sursautai quand il se mit brutalement à protester et me poussa.

-Hey! C'est bon mec, c'est qu'une petite liste de courses...

Mais lui, il voulait qu'on se fasse tout livrer. Bref, qu'on envoie Liam qui était sensé être au concert de The Burning Fire, comme l'avait dit mon super mensonge de tout à l'heure.

-Ben Liam est pas là, faut qu'on se démerde, Bill...

Je lui fis mon air le plus innocent et en même temps compatissant possible... Je voulais ces foutus chips... Et comme j'avais menti à propos de Liam, j'avais pas intéret à revenir en arrière sous peine de me faire décapiter. Et quelque part, je commençais à regretter d'avoir menti à mon pote... Sa confiance se gagnait déjà pas facilement alors si en plus j'en rajoutais une couche... Je me promis intérieurement que c'était la dernière fois, même si j'avais pensé que c'était pour le bien de Bill.

En attendant, la pluie continuait à nous tomber dessus et je commençais à avoir sérieusement froid dans mon t-shirt trempé.

-On va vite au supermarché puis on rentre à l'appart, ça va nous prendre 10 minutes à tout casser si on se grouille de choisir les cassettes. Puis personne sort par ce temps de merde, y aura pas plus de gens que dans le McDo...

Je le regardai dans les yeux, marquant une pause.

-On est là pour s'entr'aider ou pas?

Mes cheveux plaquèrent à nouveau malgré le fait qu’ils soient toujours attachés. La pluie était encore plus froide que quand nous étions sortit de mon appartement. Qu’est-ce que je détestais le mois de novembre ! Toutefois, j’étais tellement content d’être dehors que je ne me plaignis même pas une seule seconde.

Quand je m’énervai d’un coup sur lui, Cash fit comme à son habitude. Il minimisa la situation… Pour lui ce n’était qu’une petite liste de courses et tout cela ne nous prendrait que quelques minutes avant de rentrer chez moi. D’ailleurs, il me rappela, par la même occasion, qu’il nous serait impossible d’appeler Liam pour faire ces courses étant donné que MTI l’avait envoyé sur un concert. Je croisais les bras tout en continuant à marcher, frissonnant de temps à autre à cause du froid.

-J’emmerde MTI !

Cash compatissait à cela. Mouais… N’empêche que c’était lui qui voulait faire ces courses ! Moi je pouvais survivre sans manger pendant une semaine ! En gros, pour lui, on n’avait pas le choix. Il fallait aller au supermarché… Je soupirais bruyamment.

-Ok, t’as gagné ! Mais je te jure que c’est la dernière fois de ma vie que je fais ce genre de truc !

Et j’étais plus que sérieux ! Plus jamais je suivrais Cash dehors pour bouffer ou acheter de la bouffe ! Il remit d’ailleurs, en avant, le fait qu’on devait s’entre-aider.

-Mouais.

Nous marchâmes jusqu’au supermarché en silence. Le genre de silence un peu lourd. Je regardai le sol et écoutai la pluie jusqu'à ce que je repère l’enseigne du magasin. La je m’arrêtai net.

-Vas-y… Je t’attends.

Je tremblai de froid, mais je préférais encore plus le froid aux humains ! Et, quelque part, j’étais sûr que Cash allait insister, donc j’anticipai cela.

-Je veux des films d’horreur… Ou alors des films fantastiques… N'insiste pas s'il te plait!

Ca c’était pour les cassettes…

Pas de doute que dès que Billy verrait Lenny, il allait l'incendier pour avoir réquisitionné son garde du corps. Et j'espérais que Lenny allait comprendre que c'était un mensonge de ma part. Il m'avait déjà sauvé la mise plus d'une fois auprès de Billy, et j'espérais que ce serait la dernière... Mais après tous, ça ne tenait qu'à moi...

Billy me suivit jusqu'au magasin en râlant... En plus, il grelottait de froid. Moi j'avais pas vraiment froid mais au moins je marchait vite pour ne pas cailler vraiment! Une fois arrivés à destinatin, on était de nouveau trempés, mais Billy ne voulait plus bouger et surtout pas entrer. J'allumai une cigarette, ce qui n'était pas évident sous cette pluie de merde. Juste pour que Billy croie que j'allais prendre le temps de parlementer avec lui...

En attendant, il me fit sa liste pour les cassettes vidéo: horreur et fantastique... Ouais ben il était encore bien capable de venir me dire après que ce que j'avais choisis était pas bon. Je réussis finalement à allumer ma foutue clope et regardai Billy dans les yeux... Enfin autant que faire se pouvait parce que avec mes cheveux dans les yeux c'était pas la chose la plus évidente du monde...

Et Billy qui me regardait avec sa troinche de "N'insiste pas, Cash...". J'allais pas insister. Non.

Je m'approchai de lui et le soulevai en le soutenant sur mon épaule comme quand mon père me prenait pour un sac de patates quand j'étais gosse. Et j'entrai comme ça avec Billy dans le magasin où il faisait déjà un peu plus chaud et sec que dehors. Il me foutait des coups de poing dans le dos et cet enfoiré hésitait pas une seconde à faire mal. Mais tant pis, je prenait sur moi.

-SHHHHHUT Bill, tu ne fais que te faire remarquer...

Evidemment, en pleine semaine et à cette heure-ci, y avait personne dans ce petit magasin de quartier, à part des vieilles qui en avait rien à balancer de qui était Billy Lighter et sa musique de sauvage. Je le lâchai quand on fut au niveau des chips... j'allais avoir bien besoin de mes deux mains. Je rigolais aussi en voyant Bill regarder partout autour de lui...

-Tain, mec, les groupies ici ont 80 ans de moyenne, même si elles essayent de te bouffer, elles y arriveront pas parce qu'elles ont plus de dents...

Je laissais une petite distance entre moi et le magasin. Il n’était vraiment pas question que je rentre. Cash alluma une cigarette. Je savais que ce gars avait une patience hors du commun. En tout cas, il en avait avec moi. Je me demandais tout de même s’il allait rester planté là jusqu’à ce que je daigne rentrer à l’intérieur. Il pouvait toujours attendre, je préférais mourir de froid ici.

La clope s’alluma. La pluie avait rendu la tâche difficile. Cash me regardait dans les yeux, sans rien dire. Tout ce jouait dans le regard. Le mien suppliait Cash d’aller rapidement faire ces fichues courses et le sien… Ben je ne le voyais pas à cause de ses cheveux…

Il s’approcha alors de moi. Qu’est-ce qu’il me voulait. Ca aurait été quelqu’un d’autre, j’aurais probablement instinctivement reculé de quelques pas. Mais, comme c’était Cash, je ne bougeai pas d’un poil. Pourtant j’aurais du… Car il me souleva en me soutenant sur son épaule. Quoi ?! Non mais il déconnait là ?! Pas questions que je rentre !!! Et pourtant c’est ce qu’on fit.

Je commençai à marteler sans ménagement le dos de Cash qui devait probablement souffrir.

-Lâche-moi, Cash !!! Tout de suite !!! Allez !!!! Bordel !!!

Ma voix faisait des sauts dans toutes les octaves possibles. Ma position me coupait légèrement le souffle. Cash me disait de me taire… Ouais, pour un type qui voulait être discret je m’y prenais mal… Mais Cash m’avait fait pêter un câble.

-Shut toi-même ! Fuck you !

Je n’osais même pas regarder autour de nous de peur qu’une masse de gens nous tombe dessus. Mais rien ne se passa…

Cash me déposai à terre et je le poussai légèrement de rage. Je finis par regarder partout autour de moi afin de vérifier que personne n’allait nous attaquer… Mais, à part quelques vieilles visiblement choquées, il n’y avait personne. Cash en profita pour faire une remarque humoristique dont il avait le secret…

-Mouais… Mais dépêche-toi !

Cash cherchait le goût qu’il voulait… Mais moi je n’avais pas le temps et je pris un gros chips au paprika et un au sel.

-Voilà, c’est bon. Plus que les films. On enverra Liam en rechercher demain.

Je tirai Cash jusqu’au rayon des casettes. Mais là, j’hésitais vraiment… Je ne savais pas quoi prendre. Je regardais attentivement chaque cassette en lisant de temps en temps le résumé de certaines. En gros, je prenais mon temps pour ce que je voulais. Les vieilles nous regardaient toujours comme si on était des aliens. Certaines avaient même quitté le magasin de peur.

-Si toutes les fans pouvaient s’enfuir comme ça…

J’avais dit cela sans détourner mes yeux des cassettes. Je voulais le film parfait pour ce soir.

J'avais déposé Billy et j'avais très mal au dos. aucun doute que j'allais avoir des bleus demain. Parce que le rouquin avait vraiment flippé à mort. Bordel, je l'adorais, mais j'arrivais pas à comprendre ce qui pouvait autant lui foutre la trouille. Le trac d'avant un concert, je connaissait, la drogue que je prenais en était la preuve puisque au début, c'était ce qui m'avait permis d'être plus à l'aise. Mais avoir tout le temps peur.... C'était plutôt Billy qui devrait se shooter de temps en temps...

Je me frottai le dos alors que Billy regardait partout autour de nous. Il me poussa de colère et je perdis l'équilibre, me rattrapant de justesse au rayon qui trembla.

-Y a personne Billy, putain... Relaaax...

Je me mis à examiner attenivement le rayon des chips. J'avais déjà oublié que Billy m'avait poussé. La vengeance n'était pas encore un concept que j'avais assimilé, fallait croire. Y avait un tas de goûts que j'aimais bien. Mais Bill attrappa deux paquets puis me tira vers les cassettes vidéo. J'arrivai quand même à chopper un pack de Grills au vol. Bordel on avait jamais le temps de rien faire.

Sauf pour les cassettes... Là, on avait tout le temps du monde. Billy regardait toujours autour de lui, surveillant les vieilles qui faisaient un écart monumental ou changeaient carrément de rayon pour nous éviter. Billy regardait les synopsis des films d'horreur, que j'adorais aussi. Je le laissais choisir à son aise pendant que moi j'essayais de faire tenir "Orange Mécanique", "Apocalypse Now" et "Le Parrain" sur mon paquet de Grills.

Je savais déjà d'avance que j'allais trimer pour qu'on puisse regarder ces films, surtout "Apocalypse Now" parce que c'était un film de guerre. Mais je l'aurais à l'usure. Mes troics films en main, je me rapprochai de Billy qui lisait toujours.

-Pourquoi tu choisis pas juste les cassettes qui ont les plus belles pochettes?

Parce que là, maintenant, avec mon t-shirt trempé, je commençais à avoir froid et à trembler.

-Dépêche, je caille... Et j'ai besoin de pisser! J'ai déjà pris plein de films!

Cash ne cessait de me dire de rester relax… Et je savais qu’il avait raison et que je ne devais pas m’en faire. Mais c’était plus fort que moi.

C’est en prenant conscience de cela que je remarquai à quel point je lui avais fait mal au dos en le frappant… Je m’en voulais sérieusement mais je gardais ça pour moi. Tout du moins pour l’instant.

Je réfléchissais à tout cela tout en regardant les cassettes. Décidément, je ne savais que choisir. Il y avait quelques films d’horreur bien fun mais qui ne semblait pas faire plus peur que cela… Quant au film fantastiques, soit je les avais déjà vu, soit ils ne me disaient rien… Et, alors que je n’avais encore rien trouvé, je remarquai que Cash avait déjà trois cassettes en main… Comment il pouvait choisir aussi vite ?!

Puis il me donna un truc… Prendre les plus jolies… Je souris à cette réflexion.

-C’est pas parce qu’un film a une belle pochette que le contenu est bien.

Je continuai donc à lire les synopsis jusqu’à ce que Cash m’avoua avoir froid. Je le fixai d’un regard compatissant devant ses tremblements.

-Ok…

Je finis par prendre « Star Wars IV ». Je l’avais déjà vu mais j’aimai beaucoup se film.
On finit par se diriger vers la caisse et la caissière (qui avait la quarantaine et qui ne semblait pas nous connaitre, pour mon plus grand bonheur) encoda nos articles. Après, nous repartîmes dans la pluie froide. Sur le chemin je sortis les films que Cash avait choisis. Je le regardai d’un air légèrement amuser quand je m’aperçu qu’il avait pris « Apocalyspe Now ».

-Un film de guerre ?! Cash… Je croyais qu’on se connaissait.

Il adorait ce genre de film. Moi pas. Mais, chaque fois, il essayait de me les faire regarder.
Nous ne prîmes pas longtemps avant d’arriver à mon appartement. Et, enfin rentré, je m’écroulai dans le fauteuil. Mes cheveux étaient dans un sale état alors que je les avais lavés juste avant de venir…

-Pfff… Va quand même pas falloir que je reprenne une douche ?

Je me posais la question à moi-même sachant très bien que la réponse serait oui…

Billy avait beau croire que dès qu'il sortait de chez lui, le monde allait lui tomber dessus, moi, je constatais que dans ce magasin, on était juste deux branleurs aux yeux des clientes dont probablement aucune avait moins de quarante piges. Et c'était peut-être un peu vrai, qu'on était des branleurs, on étaitdes petits vandales aussi quand on voulait... Et en ce qui me concernait j'étais un ex-camé récidiviste.

Et malgré tous nos défauts, on paya quand même nos achats... Enfin Billy paya parce qu'il avait très envie de rentrer chez lui... Et je ne bronchai pas parce que je caillais vraiment et que j'avais aussi envie de rentrer, finalement...

Dehors, Billy en profita pour regarder les cassettes que j'avais prises vu que la pluie s'était calmée. Je ne fis pas de commentaire, j'attendais la remarque de Billy qui ne tarda pas à arriver.

-Ouais je sais, mais ce film est génial! Tu l'as jamais vu?! Je te promets c'est pas que la guerre! C'était toute une réflexion sur ce qui est juste ou pas...

J'essayais d'argumenter comme je pouvais, mais j'étais pas un poète comme Billy... Ma guitare parlait pour moi et en vrai, je parlais très peu. Enfin soit, on arriva assez vite à l'appart et on s'écroula dans le fauteuil...

C'était partit pour rester planquer pendant un bon moment. J'allumai une cigarette, admirant la pochette de la cassette de Star Wars pendant que Billy se posait la question existentielle à savoir s'il allait reprendre une douche ou pas. Je souffali la fumée qui partit vers le plafond blanc.

Combien de temps on allait rester là? Aucune idée. Qu'est-ce qu'on allait foutre? Aucune idée. Est-ce que les autres allaient s'inquiéter pour nous et venir nous rejoindre dans notre isolement? Aucune idée. Est-ce qu'on allait produire quelque chose? Quelques chansons? Aucune idée...

Tout ce que je savais, c'était que j'avais rien à foutre d'autre.