MTI et moi-même avions déjà engagé beaucoup de roadies en prévision d’une future tournée pour The Burning Fire et pour BleedingHeart. Nous en formions déjà certains à de nouvelles techniques comme me l’avait conseillé Abel Hudson. Avec la sortie de l’album de mon groupe, je n’avais point eu le temps d’aller voir le dénommé Delfino Alvarez qui, d’après Hudson, ferait un excellent roadie.

Je devais en avoir le cœur net et rencontrer cet homme. Pour ceci, j’avais décidé de me rendre sur son lieu de travail. Hudson m’avait informé qu’Alvarez était barman au Dizzy Warhol. C’est donc pour ceci que j’étais en train de me préparer pour cette sortie en m’habillant très simplement. Je ne pris que quelques billets que j’avais mis dans la poche de mon jeans dernière mode avant de souhaiter une bonne soirée à Eileen. Je n’aimais point passer des soirées sans elle mais quand c’était pour le travail, je n’avais point le choix.

J’étais arrivé au club plusieurs minutes plus tard. J’avais pénétré à l’intérieur. L’atmosphère dans cet endroit était particulière ainsi que les clients plus habitués. Les clubs de Los Angeles avaient cette particularité d’être tous différents. Ceci faisait partie du charme de la scène musicale de cette ville. Les néons et la fumée de cigarette emplissaient le bâtiment. La visibilité était donc toute relative. Il y avait du monde car nous étions un week-end.

Je m’étais frayé un chemin vers le comptoir afin d’y percevoir Alvarez. Je devais compter sur ma chance et espérer qu’il travaille bien ce soir. Je perçu quelqu’un derrière le comptoir. Je n’avais point d’informations physiques sur Alvarez hormis qu’il s’agissait d’un latino comme son nom me l’indiquait.

J’étais arrivé à hauteur du comptoir. Le barman avait bien le style latino, ce qui m’indiqua qu’il s’agissait de mon jour de chance. Il était en train de discuter avec un homme que je reconnu comme étant Hudson. Ceci tombait on ne pouvait mieux.

Je m’étais approché des deux hommes.

-Monsieur Hudson, ravi de vous voir ici.

J’avais tendu poliment la main vers le roadie pour le la lui serrer. Je m’étais tourné vers celui que je soupçonnais être Alvarez.

-Vous êtes bien Delfino Alvarez ? Timmy Evans.

Je tendis la main.

@ Billy Lighter

Heureusement que je n'avais pas parlé de ma conversation avec le manager anglais Timmy Evans à mon ami Delfino... Ça aurait été lui donner de faux espoirs. Car il s'était passé déjà quelques temps depuis et jamais Evans n'était venu trouver le petit latino. S'il avait espéré, je m'en serais voulu.

Je m'en voulais d'ailleurs quand même, au fond. Même si Delfino ne pouvait pas en souffrir, mais moi, je le savais... Et puis, je croyais que Timmy Evans était un type correct comme le laissaient penser ses manières. Et il n'était même pas venu juste voir à quoi ressemblait mon ami dont, pourtant, j'avais vanté les mérites...

Ouais, enfin, je devais oublier cette histoire. Tant pis... C'était tout de même dommage parce que cela m'aurait bien plu de travailler avec Delfino, de l'avoir à mes côtés en tournée...

Me restait plus qu'à jouer les pilier de comptoir, ce que je faisais maintenant régulièrement. Pour être franc ? Chaque fois que le latino était de service. J'enfilais quelques bières, parfois des trucs un peu plus forts, mais sans jamais exagérer. Je m'en voudrais de griffer la voiture de mon défunt père.

C'était alors l'occasion de parler de tout et de rien, mais surtout de musique. Et ce mois-ci avait été riche en sorties ! Entre Atticus Fetch et The Burning Fire, même Daniele Ricci n'avait pas pu résister à sortir son propre album, sous un label tout à fait inattendu, en plus, celui, indépendant, de son ancienne secrétaire, alors qu'il faisait lui-même partie de BSC. Mais qu'est-ce que c'était que ces magouilles ?

J'étais en train d'évoquer à mon ami l'éventualité que, peut-être, Ricci avait choisi Watson pour manager pour lancer la carrière de cette dernière. En reconnaissance pour service rendu ou un truc comme ça. Mais restait que Maria Watson aurait pu très simplement lancer sa carrière sans ça, non ? Elle aurait très bien pu devenir la manager de Daniele Ricci quand même... Mais tout ça sous le label BSC, non ?

Tout ça pour dire que notre conversation en était là, sur fond sonore du tout nouvel album de The Burning Fire qui faisait fureur en particulier au Dizzy de par ses accents avant-gardistes, lorsque j'entendis une voix que je connaissais derrière moi. Et une telle politesse dans un endroit comme celui-ci ne pouvait venir que d'une seule personne...

Ou plutôt, je ne connaissais qu'une seule personne qui parlait comme ça.

J'étais limite bouche bée et je la refermai pour serrer la main à l'Anglais, reposant mon verre de bière que j'avais été sur le point de porter à mes lèvres.

-Monsieur Evans ! Tout le plaisir est pour moi!

Pour ne pas dire que je commençais à désespérer...

Mon visage était lumineux quand, en même temps que le manager distingué, je me tournai vers Alvarez...

@ Billy Lighter

J’étais en service au Dizzy Warhol, ce soir. Avec moi, il y avait Abel. Il était venu me rendre visite et ça me faisait très plaisir. Pour être franc, Abel venait chaque fois que j’étais en service. C’était peut-être pour ça que je n’avais pas encore été frapper à la porte de chez MTI pour présenter ma candidature comme roadie comme je l’avais promis à Jimmy Reed. Aussi parce que j’hésitais… Après une longue réflexion, je me suis dit que mon boulot de barman m’avait beaucoup apporté et que je ne pouvais pas le quitter comme ça. J’étais un peu sentimental… Le patron du Dizzy m’avait donné ce job à moi, un petit latino à la mauvaise réputation. Il aurait pu le donner à bien d’autres gens sans casier judiciaire mais c’est à moi qu’il l’avait donné. Il a confiance en moi. J’avais du mal à imaginer le jour où je lui présenterais ma démission.

C’était bien qu’Abel soit là. Il m’aidait à me changer les idées. Car, garder mon travail ici c’était continuer à dealer comme je le faisais avant. C’était aussi contrarier un peu Jimmy Reed… Je suis sûr qu’il comprendra les raisons qui me poussent à trainer un peu.

Le roadie et moi parlions des dernières sorties. Il y en avait eu beaucoup. J’adorais le nouveau style de The Burning Fire. Je ne sais pas combien de fois je l’avais dit à Abel. Il devait en avoir marre de m’entendre chanter les louanges de ce groupe.

La plus grosses surprise c’était quand même le disque de Daniele Ricci. Je ne savais pas que le manager savait chanter comme beaucoup de gens à Los Angeles. C’était Maria Watson qui avait produit l’album et pas BSC, de quoi susciter certaines questions. Le pourquoi Daniele avait choisi Maria, ce n’était pas étonnant. Ce qui l’était plus c’était pourquoi Maria n’était pas chez BSC… Je pensais à Jimmy Reed. Peut-être que c’était lui qui n’avait pas voulu… C’était lui le patron de tout. C'était même le mien, sans qu’Abel ne le sache.

On parlait de ça quand Timmy Evans entra en scène. Je l’avais déjà vu venir au Dizzy Warhol pour voir des groupes. Les managers venaient souvent ici. Ce que je ne comprenais pas c’était pourquoi il venait vers nous. Je mettais ma main à couper que c’était pour venir commander un cocktail mais non. C’était pour saluer Abel. Qu’ils se connaissent ne m’étonnait pas. Abel travaillait pour MTI. Ce qui écarquilla mes yeux c’est qu’il me connaissait moi. Je lui serrai la main timidement. Je bafouillais un peu.

-Oui, c’est bien moi. C’est un honneur de vous rencontrer Monsieur Evans.

J’étais intimidé. Je ne savais pas quoi dire devant lui.

- Abel vous a parlé de moi ?

Abel était le seul qui aurait pu parler de moi au manager anglais.

@ Billy Lighter

J’étais venu dans l’espoir de trouver le barman, Delfino Alvarez, ici. J’avais été plus que très content d’y trouver aussi Abel Hudson. Les deux hommes semblaient proches ceci ne m’étonnant point étant donné qu’Hudson, ne voulant pas faire de favoritisme parmi ses amis roadies, m’avait tout de même donné le nom d’Alvarez.

Nous nous serrâmes la main, Abel et moi. Le barman était plus que surpris de me voir dans ce bar alors même que j’y étais venu beaucoup de fois depuis que j’étais à Los Angeles. Ceci dit, je ne m’étais jamais adressé personnellement à lui. Nous nous serrâmes, aussi, la main. Il m’avait confirmé être le Delfino en question. Je le trouvais très timide alors même que je n’étais rien de plus qu’un manager.

-Oui, Monsieur Hudson m’a bien parlé de vous. Il m’a fait part du très bon travail que vous aviez fait pour Roadtramp lors de leur tournée.

Je m’étais installé à côté d’Abel pour faire face au latino.

-Je n’avais pas pu vous rencontrez avant parce que nous avons sorti l’album de The Burning Fire et que j’étais, de ce fait, fort occupé.

J’avais tenu à faire part de ceci car cela faisait un petit temps que j’avais eu cette conversation avec Hudson. Il devait me croire non professionnel de ne point avoir contacté son ami plus tôt. Je me devais de mettre les choses au clair.

-Monsieur Alvarez, le fait est que je m’occupe actuellement de deux groupes et que je suis en recherche de roadies. Etant donné les recommandations d’Hudson, je me demandais si vous seriez prêt à devenir roadie pour The Burning Fire ?

Je me devais d’avoir une réponse claire et rapide. Nous devions former les roadies à la pyrotechnie. De ce fait, il me les fallait maintenant.

@ Billy Lighter

Si je n'étais pas tellement surpris de voir Timmy Evans au Dizzy Warhol étant donné que c'était certainement l'un de ses terrains de chasse, je l'étais de le voir s'intégrer dans le petit groupe que Delfino et moi formions au comptoir. Un latino de l'Eastside, un roadie-baroudeur et un riche et talentueux manager anglais, cela avait quelque chose d'inédit, non ?

Et pourtant, c'est avec le respect et la politesse qui caractérisait Evans que ce dernier nous avait abordé. J'étais heureux de le voir et, surtout, aux anges de le voir saluer Delfino avec, dans son regard très bleu, une lueur d'intérêt particulière. Alors mes recommandations n'étaient donc pas tombées dans l'oreille d'un sourd ! Mon visage était lumineux à en faire pâlir les néons du Dizzy.

Tandis que celui de mon ami latino, lui était celui du mec qui tombe des nues. Timmy n'était que compliments pour Delfino, répétant ce que je lui avais dit lors de notre entrevue. L'Anglais alla même jusqu'à justifier pourquoi il avait mis tellement de temps à venir le trouver alors même qu'il n'avait aucune raison de le faire ! Ce type était incroyable.

Je faisais tourner ma bière entre mes mains d'euphorie. C'était l'occasion pour Delfino de changer de vie définitivement, même si je savais celui-ci attaché à certaines parties de sa vie dont le Dizzy Warhol.

Mais peut-on vraiment refuser quelque chose à Timmy Evans, telle est la question !

Je me demandais si on avait déjà appelé Delfino « Monsieur Alvarez »... Sûrement, pour des trucs administratifs, mais bon... Probablement pas avec l'importance que lui témoignait Evans.

Timmy fit donc sa demande et avant que le latino ait pu dire quoi que ce soit, j'enchaînai avec un sourire jusqu'aux oreilles.

-On bossera ensemble!

Cela me semblait un argument clé. Surtout pour moi. Parce que j'avais envie de travailler avec Delf.

Alors, d'une façon très comique, je mimais la réponse qu'il devait maintenant donner. Je faisais « oui. », « oui », silencieusement. C'est « oui » que tu dois dire, Delf ! Le « oui » peut-être le plus important de sa vie, hormis peut-être celui qu'il dirait un jour à la femme de sa vie.

Qui, qui sait, serait peut-être une roadie de chez MTI...

@ Billy Lighter

Timmy Evans était bien devant moi. Ce n’était pas mon imagination qui me jouait des tours. Je commençais, à peine, à faire le deuil d’une carrière de roadie qu’Evans était là, devant moi.

Abel avait parlé de mon au manager anglais. Je ne savais pas quoi dire, Abel méritait que je le remercie. Il avait parlé du travail qu’on avait fait au concert de Roadtramp. C’était mon meilleur souvenir. Je ne pensais pas qu’Abel irait jusqu’à parler de moi à un manager.

-Merci. C’est grâce à Abel et aux autres roadies. Ils m’ont appris beaucoup de choses…

Quand j’étais plus jeune, je n’avais pas la langue dans ma poche et il m’arrivait de faire le malin. Avec l’âge et après le décès de ma mère, j’avais beaucoup changé. Je savais que les petites choses avaient plus de valeurs qu’on ne le croie. Je sais aussi que je n’aurais pas réussi à faire de l’aussi bon travail si Abel ne m’avait pas appris quelques ficelles du métier.

Evans était un homme poli, il me présenta ses excuses de ne pas être venu plus tôt. Je devrais présenter les miennes aussi. J’aurais pu aller chez MTI et me présenter pour obtenir un poste. J’avais l’aval de Jimmy Reed. Je ne l’avais pas fait à cause de l’attache que j’avais avec le Dizzy et tous les gens qui y travaillent. Maintenant, c’était le manager anglais qui venait pour me proposer un job de roadie. Pas pour n’importe qui, en plus, pour The Burning Fire. Mon visage était illuminé à la demande de Timmy Evans. Ce n’était pas la même chose d’aller à MTI dans l’espoir d’être roadie ou qu’un manager vienne carrément vous chercher sur votre lieu de travail pour vous proposer un job.

Je ne savais pas quoi dire. J’étais heureux de la nouvelle. On allait bosser ensemble Abel et moi si j’acceptais. Je le regardais, tout sourire. Il me faisait signe d’accepter. J’avais reposé mon regard sur Evans.

-Ce serait un honneur de travailler pour vous et The Burning Fire ! Je ne sais pas où je pourrais vous être utiles. On a fait un peu de pyrotechnique avec Abel pendant le concert de Roadtramp et du montage de la scène aussi…

Je ne savais pas ce que Timmy Evans voulait que je fasse et où il avait besoin de main d’œuvre. J’étais prêt à tout apprendre. Je souriais parce que j’étais vraiment content d’avoir autant de reconnaissance de la part de quelqu’un comme Evans.

-J’aurais le meilleur collègue possible.

Abel était mon meilleur ami. Travailler avec lui me changera considérablement la vie.

@ Billy Lighter

Le barman faisait preuve d’une grande modestie. Il donnait le mérite de son travail à son ami, Abel, et aux autres roadies qui étaient présent lors de la tournée à laquelle il a participé. Ceci dit, il avait le mérite d’avoir appris très vite et d’avoir écouté les autres, ce que bien des personnes n’auraient pas fait. Le latino avait une grande part de mérite.

-Je n’en doute point. Ceci dit, vous avez tout de même fait un travail qui n’est pas donné à tout le monde.

Il n’y avait pas un métier qui pouvait être fait par tous. Chacun d’entre nous avions nos domaines de prédilection. Nous excellons dans certaines choses et sommes moins compétents d’en d’autres. Delfino me donnait l’impression d’être capable, d’après les échos que j’avais reçus, de faire du bon travail autour de The Burning Fire.

C’est ainsi que j’avais poliment proposé de l’engager comme roadie. Ceci sembla faire son effet sur le barman dont le visage rayonnait, désormais. Hudson l’encourageait à prendre la voie que je lui montrais. Alvarez n’avait que très peu hésité avant d’accepter. Nous pouvions, dès à présent, le considérer comme faisant partie de la famille de MTI. Il m’avait décrit ce qu’il avait fait pendant le concert de Roadtramp. J’avais fort envie de développer l’aspect pyrotechnique des concerts afin d’être au top. Nous ne pouvions pas nous faire dépasser par les groupes de Ricci.

Je l’avais laissé faire des compliments à Hudson avant de reprendre la parole.

-Nous pourrons vous mettre à la pyrotechnie. J’ai besoin de pyrotechniciens pour embellir les concerts. Pour ceci, vous devrez suivre une formation. Vous serez, bien entendu, payé pour cette dernière.

Ceci me permettra que Delfino ne soit pas décourager par cette formation. Je ne voulais point me priver d’un pyrotechnicien pour une question de salaire. MTI a l’argent pour cela.

-Vous pourrez commencer la semaine prochaine, si c’est concevable pour vous. Vous travaillerez surtout en période de tournée. En dehors de ces dernières, vous serez amené à préparer des spectacles pour la suivante mais aurez moins de masse de travail.

Je m’étais tourné vers Hudson.

-Abel, vous pouvez peut-être lui en dire plus. Il se peut que j’oublie des détails.

Je n’étais point roadie, il se pourrait que j’oublie certaine chose importante propre à ce métier.

@ Billy Lighter

Je buvais ma bière, souriant tout en écoutant mon ami et le manager parler entre eux. Delfino avait l'air de ne pas en revenir mais cependant, il semblait ne pas vouloir lui opposer un refus. Nous avions maintes fois parler de son poste de barman au Dizzy qu'il adorait, de son boss et de la reconnaissance pour ce gars qui l'avait engagé malgré son casier judiciaire. Mais je pensais bien que le petit latino se rendait compte que s'il ne sautait pas sur l'occasion maintenant, celle-ci n'était pas prête de se représenter.

Des compliments furent échangés, mais même si c'était bien agréable de se jeter des fleurs, le discours le plus intéressant venait de Timmy Evans. Il voulait des pyrotechniciens et comptait former Delfino à ces techniques, le tout en étant rémunéré. J'intervins à la suite du manager.

-C'est un job intéressant dans le sens où la pyrotechnie sur scène est quelque chose de relativement nouveau et que Roadtramp n'a fait que brièvement explorer pendant le concert auquel on a participé.

Je haussai les épaules et souris.

-Une fois formé, rien ne t'empêchera de faire tes propres expériences, de proposer des projets, de faire preuve de créativité. Le métier de roadie peut-être très complet, si tu choisis de prendre des initiatives.

Je repoussai mon verre vers lui.

-J'en veux bien une autre ! Je suis peut-être en train de boire les dernières chopes servies par Delfino Alvarez.

S'il acceptait, bien sûr... J'avais des arguments, pour ça.

-Aucun autre métier ne peut te permettre de vivre les expériences d'une tournée, de l'enregistrement d'un album. Tu vas côtoyer tes idoles ! Ça vaut pas le coup, ça?

Mes yeux se fixèrent dans les siens. Je ne le laissais pas parler parce que je ne voulais pas lui donner l'occasion de faire une erreur.

-Je sais combien le Dizzy t'a aidé, combien tu aimes le job de barman. Mais réfléchis.

Je désignai Timmy.

-Imagine ! Timmy Evans lui-même est venu te chercher jusqu'ici ! Si ça, c'est pas un signe, je sais pas ce qu'il te faut, mon vieux!

Mon sourire grandit encore, si c'était possible.

-Puis tu ne te lanceras pas dans cette aventure tout seul ! Je serai à tes côtés !

@ Billy Lighter

Le manager de The Burning Fire ne me donnait que des compliments. Chaque fois que j’essayais de rendre le mérite à Abel ou aux autres roadies, il m’en renvoyait. Je devais sûrement en rougir à l’heure qu’il est.

-Merci.

Il me voulait comme roadie pour un des meilleurs groupes de Los Angeles. Fréquenter Abel ne m’avait donné que des bonnes choses, je ne regrettais pas de connaitre le roadie. Je ne crois pas avoir assez d’une seule vie pour le remercier de son amitié et de tout ce qu’elle m’apporte.

Evans voulait de la pyrotechnie pour les concerts. Avant le concert de Roadtramp auquel j’ai eu l’occasion de participer, je n’avais jamais vu autant de feu d’artifice en un concert. C’était impressionnant. C’est ce qu’Evans voulait pour son groupe. Je devais participer à une formation payée pour ça. Je n’avais aucune objection.

-Je suis prêt à tout faire pour être le plus compétent possible… Une formation ne me dérange pas.

Elle ne serait pas payée, elle ne m’aurait pas dérangée non plus. J’aurais pu concilier mon boulot au bar et la formation. Je n’avais pas de famille à voir.

Je pouvais commencer mon nouveau travail la semaine prochaine. Je me raidis en entendant ça. Je devrais quitter le Dizzy cette semaine.

-Je…

Je ne dis rien. Je voulais faire ce travail mais quitter le Dizzy allait être dur. Je devais faire mon deuil en quelque sorte. Abel pris le relais du manager. Il m’expliquait toutes les possibilités qu’offrait la pyrotechnie. Je l’écoutais. J’étais convaincu à tous les niveaux. C’était juste mon sentiment d’attachement au Dizzy qui me ralentissait à signer à deux mains. Je lui servis un autre verre quand il me l’avait demandé. Mes gestes étaient machinaux.

-Oui, les dernières…

Mon ton était nostalgique. Les arguments d’Abel étaient en béton mais c’était surtout la ferveur avec laquelle il le disait qui me touchait. Ça voulait dire qu’il voulait vraiment de moi à ses côté. Il savait que j’aimais le Dizzy. Il n’hésita pas à le dire mais l’occasion qui se présentait à moi en la personne d’Evans, c’était trop pour ne pas être accepté. Abel s’arrêta de parler sur un dernier argument de taille...

-C’est vrai. L’occasion est trop bonne. J’aime le Dizzy parce que ce bar m’a beaucoup apporté.

Evans ne savait pas de quoi je parlais précisément mais Abel oui et c’est surtout à lui que je m’adressais.

-Je suis très attaché aux gens qui travaillent ici et ça sera dur de tout quitter en une semaine.

Je tournais mon regard vers Evans.

-Mais Abel à raison, c’est le boulot de mes rêves celui de roadies. Côtoyer un groupe comme The Burning Fire, pour un mec comme moi qui adore la musique, c’est un rêve. Puis, vous êtes venus me voir personnellement et ça signifie beaucoup pour moi.

Je regardais les deux maintenant.

-Alors, je vais accepter votre proposition, Monsieur Evans. Je serais là la semaine prochaine pour la formation.

Tous m’avaient convaincu et même si ça allait être dur c’est pour un mieux. Je tendis la main vers Evans.

@ Billy Lighter

J’avais eu le plaisir d’entendre que la formation n’effrayait point Alvarez. Il respirait la motivation comme devait le faire un professionnel. Je ne regrettais point d’être venu jusqu’ici pour rencontrer personnellement le barman.

Cependant, j’avais entendu une hésitation quand j’avais demandé s’il pouvait entrer en fonction la semaine prochaine. Ceci semblait le troubler. Je n’avais point connaissance de qui était Alvarez, ni ce qu’était sa vie. Il m’était difficile de déchiffrer pourquoi il hésitait.

Je m’étais vu faire compléter mes informations par Hudson. Il n’y avait point à dire, cet homme connaissait son métier. Il était voyant qu’il cherchait à convaincre son ami de faire partie de sa famille de roadies. Je ne pouvais point trouver meilleur publicitaire qu’Hudson pour convaincre Alvarez. Je m’étais tu pour écouter Abel. Je pu, en écoutant attentivement, repérer que ce qui faisait hésiter Delfino était son attachement au bar pour lequel il travaillait. Ceci était compréhensible et cela me dévoilait une autre qualité d’Alvarez. Il était fidèle. J’avais peut-être la chance qu’il ne parte pas pour BSC au premier signe de Daniele Ricci. Abel m’avait mâché le travail. Je n’avais, donc, point été surpris quand Delfino accepta son nouveau travail malgré son attachement plus que perceptible au Dizzy Warhol.

Il renonçait à son travail pour un mieux. Je m’étais laisser aller à sourire en serrant la main d’Alvarez.

-Nous vous accueillerons à bras ouvert. Vous découvrirez bien vite que The Burning Fire et tous les roadies qui les entourent forment une grande famille.

Je n’avais point de doute quant à la capacité d’Alvarez à s’intégrer au sein de cette famille. Abel sera là pour le guider.

-Nous devrions fêtez cela. Vous pouvez me servir un verre de bière.

Ceci pour me récompenser un peu du travail réalisé ses dernières semaines. Je méritais un petit extra aujourd’hui entouré d’Abel et de Delfino.

@ Billy Lighter

Je voyais bien que c'était très dur pour Delfino. En même temps, pour lui, ça revenait un peu à tourner le dos aux gens qui avaient assez cru en lui pour l'aider à s'en sortir. Ce fut avec des gestes lents et une certaine nostalgie dans sa voix qu'il me resservit une bière. N'empêche que, s'il réagissait comme ça, cela voulait dire que la proposition de Evans le tentait vraiment. Sinon, il n'aurait eu qu'à dire « non » et ne serait pas pris dans un dilemme.

Mais, très envieux de l'avoir à mes côtés pour bosser, je n'hésitais pas à faire fi des états d'âme de mon ami pour souligner tous les avantages qu'il aurait à s'engager comme roadie pour MTI. La décision était trop importante à prendre et je ne pouvais pas le laisser passer à côté, quitte à pousser un peu.

Puis, je m'étais tu, attendant le verdict de mon ami latino et on pouvait dire qu'il savait maintenir le suspens, l'enfoiré !

Ses premiers mots ne me disaient rien qui vaille. Je connaissais assez Delfino désormais pour savoir que si quelque chose le caractérisait, c'était la loyauté. Il aurait 20 fois pu faire tomber son gang afin d'en être définitivement quitte et il n'avait jamais balancé. Il travaillait d'arrache-pied au Dizzy et y restait par reconnaissance pour les gens qui l'avaient engagé.

Alors je savais que s'il disait « oui » à la proposition du manager anglais, ce dernier allait gagner un roadie non seulement très motivé, avide d'apprendre et de toujours s'améliorer mais qui, surtout, ne céderait pas facilement à la concurrence tout comme il ne cédait pas facilement maintenant et ce alors qu'un des plus grands managers de L.A. lui apportait son rêve sur un plateau d'argent.

Mais finalement, Delf réagit raisonnablement et accepta l'offre d'Evans, à mon grand soulagement !

-YEAH!

Je laissai Delfino serrer la main de son nouveau patron qui en profita pour réclamer lui aussi une bière afin de fêter ça ! Quand Delfino et lui se séparèrent, je me jetai par au dessus du comptoir, le ventre étalé sur le bois poli et plaquant pour passer mes bras autour des épaules de mon ami.

-Bienvenue chez MTI, Delf!

Puis, je le lâchai et glissai à nouveau jusqu'à mon tabouret avant de lancer.

-Ouais ! Ça se fête ! Allez y, Monsieur Evans, les cinq prochaines tournées sont pour moi.

@ Billy Lighter

J’avais accepté l’offre d’Evans. Je me voyais très mal refuser ça. C’était comme refuser un très beau cadeau d’anniversaire. Je devrais faire part de ma démission au Dizzy Warhol, c’est ce qui allait être le plus dur. C’était une étape à passer. Il fallait que je ferme un chapitre pour en ouvrir un autre peut-être meilleur. C’était comme ça.

Abel était si content que j’accepte qu’il s’exclama de joie. Il avait l’air soulagé que j’ai décidé de le suivre et de bosser avec lui. Je partageais sa joie parce que j’étais en train de réaliser un grand rêve. Ce que j’avais vécu avec Abel sur le concert de Roadtramp, j’allais le vivre au quotidien. Ma mère serait fière de moi.

On se serra la main avec le manager anglais. D’après lui, j’allais bien me sentir avec The Burning Fire et tous les autres roadies autour de moi. Il ne se doutait pas que tout ça allait beaucoup changer ma vie. Je n’aurais plus à vendre ou à trouver des clients… Ce qui me rendait un peu mal, c’est que je serais un peu comme une taupe pour Jimmy Reed. C’était trahir un peu Timmy qui m’offrait si aimablement un job. Je n’avais pas envie de penser à ça pour l’instant. Je voulais savourer le moment.

Abel m’entoura de ses bras après avoir un peu escalader le comptoir. Il me souhaita la bienvenue.

-Merci Abel !

J’étais tout souriant. Le manager, autant qu’Abel, voulaient fêter ça. Abel était tellement content qui allait même payer les prochaines tournée. J’avais ris.

-Allons-y alors ! Une bière pour tout le monde !

Je nous servis une bière à chacun. Je n’allais rien penser à d’autre que ça aujourd’hui. Ce nouveau job et un avenir plus agréable en compagnie d’ami sincère. C’est tout ce que je voulais.

@ Billy Lighter