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 Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)

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MessageSujet: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeDim 22 Avr - 0:21

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  ft. Olivia Cortez/ Miss Hunt & Iola Malkovitch


 


- Ouvre cette porte immédiatement Iola !

Aucune réponse ! Et  je tambourine depuis cinq bonnes minutes contre cette fichue porte, au point que le plâtre du plafond de notre luxueux deux pièces commençe à me tomber sur les cheveux.

- Iola, je te préviens si tu n'ouvres pas, je vais enfoncer la porte !
- Fais donc ça ! Et je saute par la fenêtre !
- Iola je t'interdis de sauter par la fenêtre ! Tu vas te blesser !
- Euh Ross ...
- Une minute Pandora ... je sens qu'elle fléchit ... Elle va bientôt déverrouiller cette p... ain de porte! Hurlai-je en donnant un grand coup de pied dans le mur à côté de la porte, pour me calmer.
- Oucchh ! La vache ! Ça fait un mal de chien ... Criai-je en sautant à cloche pied.
- Normal vous venez de taper dans le radiateur Ross ...
- Et ...
- Et il est en fonte, Ross !
- Mais qu'est ce que je vais faire Dora ? Si j'enfonce la porte, elle va sauter et on devrait arriver à Fairfax à ... Je consulte ma montre ... Maintenant ...
- Ross ...
- Attendez, taisez-vous, j'entends quelque chose ... Comme un bruit de papiers qu'on froisse ... Elle doit pleurer ...  Elle se mouche ... elle va ouvrir ...
- Ross ... C'est pas des mouchoirs ...

Nous avons l'air malin, tous les deux l'oreille collée à la porte, Pandora et moi ...

- D'abord, je n'irai pas dans cette saleté de high school ...

- Ohh si tu vas y aller !
- Non ! Emmène moi avec toi en tournée !
- C'est impossible. Je n'aurai pas le temps de m'occuper de toi, je vais travailler tard et puis comment tu feras pour les cours ?
- Tu me feras les cours ...
- Tu plaisantes ? Et quand ? On ne va pas arrêter de bouger. Iola, tu sais ce que c'est. Rouler, jouer , dormir, manger ... Et on recommence. Je n'aurai vraiment pas le temps ...
- Pas à l'internat ...
- Pas le choix Iola! Tu ne peux pas rester toute seule ...
- Je suis pas seule, Dora sera avec moi ... De toute façon, toi, tu n'es plus jamais là ! Tu sers à rien! ...
- Raison de plus pour aller en internat. Tu vas te faire des amis ...
- Ils vont pas me comprendre, avec notre accent de Poméraniens ...
- J'AI un accent ! Toi non ou alors un tout petit, tout mignon... Mon cœur, ouvre moi. On va y aller ensemble ... le week end tu pourras venir voir Pandora... promis ...
- Je suis pas ton cœur ! Tu es le père le plus horrible et nul de la galaxie !
- Ross ...

Je m'appuie dos contre la porte et me laisse glisser par terre et j'allume une cigarette. J'ai une boule dans la gorge. Je suis pratiquement embauché par Daniele Ricci, ce qui veut dire qu'à moins que je pète un câble et que je fasse de la daube, j'ai un salaire assuré pour au moins plusieurs mois. Je peux assumer ces frais de scolarité hors de prix pour que ma fille ait le meilleur environnement et toutes les chances de son côté pour apprendre. Et, elle,  elle me dit qu'elle ne veut pas y aller ? Pandora s’assoit à côté de moi et pose sa main potelée sur mon avant bras tatoué. Je vais pas encore chialer ? Déjà l'autre jour avec Duncan, je me suis donné en spectacle devant des inconnus et pas de la façon dont j'aime le faire ... Je réprime un soupir. J'en ai gros sur le cœur mais c'est moi l'adulte...

- Ross ... elle veut pas être séparée de vous, je crois ...

J'ignore l'avis de Pandora et continue sur ma lancée.

- Tu as un excellent dossier en plus dis-je à travers la porte. Je suis certain qu'il est accepté ... La preuve, la Directrice a voulu me voir rapidement  ...
- Ça, ça m'étonnerait. me répond une voix en reniflant.
- Pourquoi ça ? Tu es la meilleure, ma puce ...
- Oui peut-être, mais ils peuvent pas le savoir, ça... répond la petite voix.
- Pourquoi ? C'est un établissement très sérieux, le meilleur de la ville, tu sais ils lisent les dossiers, ils doivent les éplucher même, à la loupe. Avant de recevoir les candidats. Et dans le tien, ils ne trouveront que du positif ! Tu as fait tous les tests haut la main en plus.
- Oui, ça m'a amusé ... Mais ils le sauront pas ...
- Mais pourquoi ?

Pandora fait une drôle de grimace ... Étrange ... Le doute m'envahit ... Affreux ... angoissant ...

- Je leur ai pas donné ... à la place, j'ai mis le press book de Sally ...
- Quooiiiiii ? Sally la fille du premier, celle qui a été mannequin de lingerie fine pour les super market ?
- Oui, je lui ai "emprunté" ...
- Mais pourquoi tu as fait ça ? Bon sang Iola, pourquoi ?

Je me tourne vers Pandora et lui jette un regard désespéré et quelque peu rancunier.

- Pourquoi vous ne m'avez rien dit, vous ?
- Je savais pas jusqu'à ce matin. L'enveloppe qu'on a porté au secrétariat de Fairfax était cachetée ...Mais ce matin en ramassant son linge sale, j'ai vu le dossier sur son lit et elle m'a avoué que ...
- Et là je l'ai déchiqueté ! Ajoute une petite voix hoquetant.

J'ai mal aux tripes de la sentir tellement, tellement mal et en colère. Si malheureuse à cause de moi... Elle a raison, je ne sers à rien... Je me prends la tête dans les mains et je la cogne contre la porte. Je me relève.

- Ça va Ross ? Vous êtes tout pâle ! Dit ma voisine en se mettant debout à son tour.

Pandora, quand elle m'appelle Ross, c'est qu'elle sait que l'heure est grave.  Et ça fait plus d'un quart d'heure qu'elle me sert du "Ross"...

- Ça va ... Je vais aller tout seul au rendez-vous ... Je vais tenter de rattraper le coup avec Mademoiselle Hunt ...

Pandora hoche la tête en silence avant d'ajouter :

- Quand elle sera calmée, on vous rejoint, ok ? Mais Ross ... Vous savez ... On est au rez de chaussée et les fenêtres ont des barreaux en plus ...

J'ouvre et je ferme la bouche comme un poisson hors de l'eau . Je suis complètement K.O. Cet affrontement avec ma fille à travers une porte, c'était la goutte d'eau de trop. J'écrase nerveusement ma cigarette dans le cendrier posé à côté du téléphone.

- Ha ? ... Oui ... Au rez-de chaussée ... Les barreaux ... Oui, évidemment ... c'est vrai. Mais finalement j'ai changé d'avis moi aussi. Je n'ai pas envie d'enfoncer la porte, ni de me battre avec quelqu'un qui ne veut pas apprendre. Je vais néanmoins aller m'excuser auprès de la Directrice.


J'attrape ma vieille veste en jean usée, les clefs de ma vieille Mustang déglinguée et je claque la porte. Je sors en boitant légèrement et démarre en faisant hurler les pneus. Je prends la route côtière qui mène à Fairefax. L'air de la mer me calme un peu. J'appuie sur la pédale de l'accélérateur et une douleur au gros orteil vient se rappeler à moi. Je renifle et je me regarde dans le rétroviseur. Putain la gueule ! Je réalise que les larmes coulent encore toutes seules. J'ai les yeux explosé comme si j'avais fumé  des petites herbes. Il faudrait que ça s'arrête un peu ... Et en plus j'ai même pas eu le temps de me changer, ni de me coiffer. J'ai toujours ce vieux T-shirt rouge tout moche. Et j'ai la morve au nez. Je trouve quand même un mouchoir de Iola qui traine dans le vide poche. Il sent son parfum. Je chiale encore plus.
Les Malkovitch vont être grillés sur dix générations pour entrer à Fairfax.

Me voilà en vue de Fairfax. Je ralentis sensiblement, histoire de faire une entrée plus discrète que celle d'il y a quelques jours sur le parking de BSC et je gare ma poubelle sur le parking "visiteurs". Je respire un grand coup et m'avance jusqu'au  bâtiment, non sans remarquer un phénomène similaire à celui du parking de BSC. Je sais, j'ai une sale gueule, mais quand même... Qu'elles arrêtent de me regarder si je leur fais peur.

Dans le hall d'entrée, je m'adresse à l'accueil. Une charmante secrétaire un peu plus menue des poumons que celle de BSC me dit  que je suis très en retard et m'invite à aller m'assoir sur une chaise pendant qu'elle va m'annoncer à Mademoiselle Hunt et voir si elle peut me recevoir. Pendant ce temps, je feuillète nerveusement une revue. Elle parle d'un certain Jimmy Reed qui a "réussi et marqué de son sceau la Cité des Anges" En milieu de revue il y a même un poster de lui en grand format qui se déplie, dites donc ! Je le déplie mais il est à l'envers et je me tords le cou pour essayer de voir à quoi ressemble ce "symbole de la réussite californienne". Je manque de m'étrangler en lisant "Jimmy Reed Propriétaire de BSC" . Il est sapé comme un prince, le brushing impeccable... Tout le contraire de moi, en somme. La secrétaire m'annonce:

- Mademoiselle Hunt va vous recevoir brièvement car elle a un autre rendez-vous après ...


Je me hâte de replier le poster du mieux que je peux. Enfin, le tasser en milieu de revue, plus exactement. Je pose la revue discrètement sur la table basse. Je me lève et tends la main à la directrice qui vient de sortir de son bureau ... Un sourire  des plus crispés achève de me donner l'air totalement con.

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- Ross Malkovitch, enchanté. Merci d'avoir accepté de me recevoir ... malgré ... tout ...







 
@ Billy Lighter 


Dernière édition par Ross Venor Malko le Dim 6 Mai - 17:31, édité 3 fois
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Olivia Cortez
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeLun 23 Avr - 18:43

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ft. Ross Venor Malko






Il y a des matins comme ça, où tu le sais que la journée sera maqué par le mauvais sort.

À commencer par mon jus d’orange que je renverse à la fois sur mes cahiers et mon chemisier.  J’ai dû prendre une douche en quatrième vitesse mais une troisième douche ce matin, parce que Jack y ait passé en se levant,  en plus de la machine à lavée qui tourne, ça coûté cher sur le ballon ce qui fait que, j’ai pris une douche froide.

En toute hâte, je me suis habillée sans trop regarder ce que je prenais parce qu’il ne me restait qu’une dizaine de minute pour courir jusqu’au coin de la rue pour attraper le dernier bus de ville qui passe près de Fairfax.

Bien entendue ! Je l’ai raté.

J’ai donc marché un bon moment avant de voir se pointer un taxi que j’ai réussi à attraper et payé ma course avec l’argent que m’a laissé Jack pour mon goûté ce qui fait que, non seulement je n’ai plus d’argent pour mon repas, mais je devrai emprunter à Jess ou Julian. Mes amis savent que je repaies toujours et, de toute façon, j’emprunte rarement.

Je suis donc arrivée en retard en classe et comble du malheur, mon premier cours de la journée est Math, avec Monsieur Maguire et… mon devoir à rendre est demeuré sur la table de la cuisine, avec mon dégât de jus d’orange que je n’ai pas eu le temps d’éponger. Quand je vous disais que tout allait bien!

Tenter une explication avec mon professeur est peine perdue. À peine ai-je ouvert la porte de la classe, espérant rejoindre ma place sans me faire remarquer qu’il m’apostrophe et y va de sa longue tirade à mon endroit.

Un pro de l’humiliation mais je l’écoute sans broncher car je sais très bien que ce tyran relèvera chacune de mes réactions pour me ridiculiser encore plus et lui donner cette joie n’est pas souhaitable.

- Avant de vous rendre chez la principale,  remettez moi votre devoir, je vous pris, Mademoiselle Cortez !

- Je l’ai oublié à la maison…


Donc, en plus de devoir me présenter dans le bureau de Mademoiselle Hunt, je suis l’heureuse récipiendaire  d’une heure de colle à la fin de la journée. Le billet explicatif de Monsieur Magoire en main, je me rendis donc au bureau de ma principale.

La porte du bureau de Mademoiselle Hunt est fermée, signe qu’elle a quelqu’un avec elle à l’intérieur alors je me garde bien de frapper à sa porte, puisque je sais qu’elle n’aime pas être importuné en  pleine rencontre.  Quand elle est disponible, elle garde sa porte ouverte.  Alors je m’installe sur une chaise de la petite salle d’attente aménagée en face de son bureau.

Au loin, le son de talons me fait me retourner, m’allongeant le cou pour voir qui s’amène.  Bien entendue, il s’agit de Brooke et je pris le ciel qu’elle ne vienne pas ici. Je ne voudrais pas que Jack apprenne  avant même que je ne puisse le lui dire moi-même, mon exploit du jour.

Heureusement, elle passe son chemin et je souffle un peu. Pas pour longtemps, cela dit puisque Mademoiselle Hunt sort de son bureau en compagnie d’un homme dont la tête, je l’avoue, me fait un peu peur. Disons qu’il n’a pas l’air le plus sympathique qui soit au premier regard.  

- Mademoiselle Cortez !, dit-elle en m’apercevant, justement la fille que je voulait voir !

Je me penche pour prendre mon sac et le ramener sur mon épaule puis je me lève et franchis la distance qui nous sépare.

- Heu…  Ah ?  En fait c’est Monsieur Maguire qui m’envoie parce que je suis arrivée en classe en retard…, lui dis-je en lui tendant le papier signé de la main de professeur titulaire.

Mademoiselle Hunt y jeta un oeil mais ne s'y attarda pas plus que ça.

- Nous en reparlerons plus tard, si tu le veux bien. Pour le moment, j'ai pensé te demander de bien vouloir faire visiter l'école à Monsieur Malkovitch et sa fille Iola. Un service en entraîne un autre, Olivia.

Je hochais de la tête, captant clairement le sous entendu alors que ma principale arrangeait la visite à l'homme  et sa fille qui se tenait légèrement en retrait.



@ Billy Lighter

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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeDim 29 Avr - 23:43

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  ft. Olivia Cortez/Ross & Iola Malkovitch


 


Miss Hunt était en train de compulser les plannings du dernier semestre lorsque l'intercom de sa secrétaire interrompit. Elle referma le dossier en pestant contre les parents en retard. Celui qu'elle avait renoncé à attendre devrait défendre un cas particulièrement difficile. Une petite insolente avec un air d'ingénue putative qui avait poussé l'outrage envers Fairfax jusqu'à transmettre son press book de call-girl, non  plus précisément, de mannequin pour tenues légères, à la place d'un dossier d'évaluation, lequel servait à connaître le niveau de l'élève et s'il était apte à prendre les cours en route. Fairfax avait bâti sa réputation sur l'excellence et ne laissait rien au hasard. Le père de cette insolente venait de daigner se présenter au rendez-vous avec plus de 45 minutes de retard. En temps normal Miss Hunt aurait reporté le rendez-vous, mais par simple curiosité de voir quel dégénéré avait produit cette insolente progéniture, elle décida de faire l'effort exceptionnel de le recevoir.

Elle se leva et lissa les plis de sa jupe, rajusta les épaulettes de sa veste de tailleur et ouvrit la porte de son bureau sur sa secrétaire qui était en train d'annoncer l'état de grâce pour le prévenu. En vérité Miss Hunt n'était pas si intraitable qu'il y paraissait, mais elle devait s'en donner l'apparence afin de maintenir l'excellence de cet établissement dont elle avait la charge. Dire qu'elle fût décontenancée face au parent qui se levait, s'extirpait du coin accueil et s'approchait d'elle, était le pléonasme du millénaire. Ce père ... était vêtu comme un va nu pied ... Il avait une mine affreuse, les cheveux hirsutes et très ... chevelus ... Un peu comme ces rockers, ce nouveau groupe "Radcramp" que son petit fils écoutait en boucle sur son walkman. Ce n'était plus un enfant, cela dit. Jane le sentit en acceptant sa main tendue.

- Monsieur Malko ... Il était important que je vous parle sans délai. Aussi malgré votre retard ... j'ai pris le temps de vous recevoir ...
dit -elle en essayant de récupérer sa main.

Elle nota que l'homme n'avait pas cet habituel regard vitreux et sans expression qu'ont les drogués contestataires qui écoutent de la musique violente. Elle identifia même l'angoisse dans ce regard. Mais il coupa court à son inspection détaillée qui relevait dans l'ordre: la taille imposante, le torse musclé et le regard incisif, les lèvres non dénuées de charme.

- L'attitude de ma fille envers votre institution mérite des sanctions sévères. Elle va aussi en recevoir à la maison. annonça-t-il dans un anglais rocailleux.

La quinquagénaire considéra les paluches de Monsieur Malko + vitch . Il y avait un vitch en plus. Malko était le nom de scène du Monsieur, selon la fiche de renseignements. Les types en vitch avaient parfois, pas toujours, des fois c'était des poètes mélancoliques, le sang chaud et n'étaient pas tendres avec leur progéniture. Elle invita le père chevelu à s'asseoir devant son bureau et tendit les mains en avant en signe d'apaisement.

- Nous préférons appliquer nous même les sanctions destinées aux élèves irrespectueux. Tout ce que nous attendons, c'est un soutien tacite des parents.


Le regard de Miss Hunt allait du  père au dossier d'un air perplexe.

- Nous avons un cursus "arts du spectacles". Je peux l'inscrire dans ce parcours. Elle a été mannequin ... mannequin pour  ... tenues estivales ...  si je ne me trompe. Il y a une filière à Los Angeles, qui forme de très bons mannequins pour les défilés estivaux et les collections de printemps. Comme votre fille ... a plutôt des courbes généreuses, elle peut correspondre au profil d'élèves à laquelle cette filière s'adresse.


L'homme toussota et s'agita sur sa chaise avant de prendre la parole dans un anglais accentué décidément assez pénible.

- Ce n'est pas le dossier de ma fille. C'est le pressbook de notre voisine.


Elizabeth Hunt haussa les sourcils et fronça le nez.

- Vraiment ? Elle n'est pas rousse et ...


- Non, elle n'est pas rousse, ni dotée d'un bonnet D et d'un tour de poitrine 110 à quinze ans, Dieu merci !


Miss Hunt déglutit en faisant face au regard inquisiteur du père de l'élève inconnue. Sans désarmer, elle enchaina:

- Vous conviendrez que son attitude insolente et méprisante nous oblige à être encore plus exigeants que de coutume ... Il faut qu'elle refasse tous les tests, qu'elle nous présente des excuses écrites et qu'elle accepte une quarantaine d'un mois avant d'intégrer une classe.

L'homme sembla accuser le choc et secoua la tête d'un air abattu.

- J’approuve sans réserve les tests et les excuses écrites... Mais pourquoi la quarantaine ?


- Monsieur Malkovitch, aucun élément séditieux, corrupteur, contestataire, ne peut venir perturber les études de nos élèves. Notre réussite est basée sur une confiance mutuelle entre les parents et l'équipe enseignante. Vous comprendrez bien qu'une élève qui transmet le pressbook d'une call-girl, oui bon, d'une mannequin pour lingerie fine, à la place de son dossier scolaire et de ses tests, ne peut être, à nos yeux, que séditieuse, provocatrice...


L'homme se leva et prit appui de ses poings sur le bureau de la Directrice.

- Elle a fait ça parce qu'elle ne veut pas venir ici. Elle veut me suivre en tournée. Elle refuse d'être séparée de moi parce qu'elle a perdu récemment sa mère...

- Je vous présente mes sincères condoléances, Monsieur Malko ... Sans doute la maladie ou l'accident de sa maman ont pu la ...
Compatit la Directrice avec autant de sincérité que possible.

- Ce n'était pas un accident ou une maladie. C'était un assassinat ... Elle en a été témoin !
Trancha l'homme.

Miss Hunt hochait la tête comme un robot tout en réfléchissant à la tragédie vécue par cette jeune fille. Mafia, cartel, FBI, vendetta familiale ... quand on utilisait le mot assassinat, tout était possible. La Directrice déglutit péniblement tout en songeant à ce que traversait cette enfant. C'était triste et tellement injuste. Mais elle pensait aussi à la réputation de son établissement. C'était son rôle. Garantir le meilleur à ses élèves dont les parents payaient grassement pour des études de qualité.

- Vous devriez la faire aider ... Il y a de très bons psy à Los Angeles ...


- Je n'en ai pas encore les moyens et elle a déjà perdu plus d'un an de cours à cause de notre exil. Ma fille a un QI de 160. Elle a été testée en 1979. Ma priorité est qu'elle utilise son potentiel pour s'en sortir. Elle refera tous vos tests, elle présentera des excuses à genoux, mais ne la stigmatisez pas ! Je vous en supplie ! Pas de quarantaine et je la fais suivre par un psy dès que je reçois mon premier salaire.


Miss Hunt était cartésienne mais pas totalement dénuée de cœur et de bienveillance. Il en fallait pour supporter les excès de ces enfants de star qu'on lui confiait. Elle s'efforçait, en bonne pédagogue, de ne pas perdre de vue que les enfants n'étaient pas responsables des errances de leurs parents et que son rôle était de leur donner une chance de s'en écarter.

- Je m’entretiendrais, seule, avec Mademoiselle Malkovitch, si je décide d'accepter son inscription. Mais c'est au père que je m'adresse à présent.

Elle se cala sur son fauteuil et darda son regard bleu dans les yeux du trentenaire qui lui faisait face. Encore un gosse qui s'était retrouvé parent à 20 ans en oubliant de se protéger ... Ah ces jeunes !

- Comment expliquez-vous que votre fille de 15 ans ait eu accès au pressbook très déshabillé d'un mannequin pour lingerie fine ?
Asséna-t-elle en faisant glisser le dossier relié en direction de Malkovitch et remonta ses lunettes sur son petit nez de fouine.

- C'est notre voisine ... Je sais que Iola va promener ses trois chiens en échange d'argent de poche. Je ne peux pas lui donner d'argent de poche ... Enfin je ne pouvais pas ... jusqu'à présent... Alors elle a fait ce que sa mère et moi lui avons toujours appris ...


- C'est à dire  ?


- Humm ... Hé bien, les français disent " l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt" ou "aide toi, le ciel t'aidera" ou encore " on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même". Je ne sais pas comment vous dites ici. Mais on lui a toujours appris à gagner ce qu'elle voulait avec dignité. Promener des chiens n'a rien d'indigne, non ?


- Certes ... Mais pas poser à demi nue ...


- De mon vivant, jamais elle ne s'y risquerait ... Je la tuerais ...

- Votre argumentaire est très limité Monsieur Malkovitch... BZZZ

Miss Hunt fixait de façon tout à fait obsessionnelle la bouche de Monsieur Malkovitch. Malkovitch était un patronyme qui invitait à la rêverie idéologique. Elle le visualisa les cheveux courts puis avec une moustache. Non, cela ne s'accordait pas avec ces yeux d'un gris sombre et pénétrant. La Directrice revint doucement à la réalité.


- Quels sont vos principes éducatifs ?


- Ma femme et moi avons élevé Iola dans le respect de chacun. Récemment elle a constaté que ce n'était pas le cas de tous les êtres humains. Que certains étaient monstrueux au point de tirer dans le dos d'êtres sans défense. Venir à Los Angeles m'a semblé le mieux pour ma fille et l'inscrire à Fairfax aussi. J'ai confiance en vous, Miss Hunt et en toute votre équipe pédagogique pour redonner l'espoir à cette nouvelle citoyenne américaine ! Vous faites partie de cette nation qui forge les légendes !

La Directrice, qui tapotait nerveusement le cuir de son sous-main de ses faux ongles, lâcha un soupir à la fin de la tirade du père défendant sa progéniture... Parfois il cadrait parfaitement avec le discours de la Mafia environnante, parfois il tenait des discours totalement vertueux. Ahhh Los Angeles ! Quel casse tête ! La vertu y devenait le pire des vices et le vice prenait des couleurs de rédemption ! Rêveuse elle compulsa les effectifs des différentes classes de première année.

- Mais au fait ! Vous parliez de salaire il y a quelques minutes... Quelle est votre profession ?


Les yeux bleu glacier verrouillaient ceux du père, acier mouvant. Il énonça sans ciller.

- Je travaille pour Daniele Ricci. Je suis le nouvel ingénieur du son de Roadtramp.

Miss Hunt se détendit et décroisa les jambes.

- Aaaah! Daniele ... Vous auriez pu commencer par ça ... Dites à votre fille de venir présenter ses excuses et l'affaire va s'arranger. Mais j'attends une conduite exemplaire de sa part. Il est évident qu'elle n'aura plus droit à l'erreur ! Ajouta-t-elle en poussant le téléphone vers le père.


HRP:




 
@ Billy Lighter 


Dernière édition par PNJ le Jeu 3 Mai - 22:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeMar 1 Mai - 3:27

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On peut faire tellement de mal aux personne qu'on aime. Je haïssais ma mère parce qu'elle m'avait en quelque sorte abandonnée. Elle était morte pour un combat que j'avais du mal à comprendre. Je haïssais mon père parce qu'il n'avait pas su l'empêcher de faire ça. Sacrifier sa vie pour des idées. Lui il était là, elle était partie. Je reprochais à l'un d'être parti et à l'autre d'être encore là. Deux êtres dont je portais l'essence et l'héritage génétique. Deux êtres que j'aimais tellement que ça faisait mal à en crever de ne plus pouvoir me blottir contre eux. Depuis ce terrible matin, chaque nuit je me roulais en boule dans mon lit et je pleurais en silence. Je me souvenais quand elle me prenait dans ses bras et m'appelait "sa douce". Je me souvenais quand je me blottissais pour les chagrins dans les bras de Papa. Maman était là quand elle pouvait, c'est à dire de moins en moins souvent, mais quand elle était là sa présence irradiait et elle me nourrissait de sa force des jours durant, même quand elle partait à nouveau avec ses banderoles sous le bras. Papa lui, il était là chaque fois que j'avais besoin de me blottir dans ses grands bras. Indéfectible, immuable et pourtant ...

Parfois on regardait ensemble des photos de lui petit garçon puis plus grand, sur son cheval. Il avait toujours cet air très grave que n'ont pas les autres enfants. Une fois j'avais trouvé quelques photos à part dans une enveloppe. Il devait avoir dix ans. Il avait le crâne rasé. Ses beaux cheveux bouclés avaient disparu et je m'étais longtemps demandé pourquoi sans oser poser la question. A l'adolescence ses cheveux avaient bien repoussé et il les avaient même très longs. Un jour, plus courageuse que de coutume, je m'étais lancée et j'avais posé cette question qui me brûlait les lèvres. "Pourquoi tu avais coupé tes cheveux à un moment et même tu n'en avais plus du tout." Il avait souri, un peu gêné, puis avait répondu doucement. "A ton âge, je n'étais pas tout à fait un enfant comme les autres... On a dû me faire un traitement. Pour ce traitement avoir les cheveux rasés était plus simple."

Il m'avait ensuite expliqué les électrodes pour l'aider à comprendre et accepter ce qui l'entourait. Et il avait ajouté que ses parents l'aimaient beaucoup et avaient été très courageux de décider de lui faire suivre ce traitement. Il leur était reconnaissant car, disait-il, sans ce traitement, il n'aurait pas été capable d'entrer en communication avec d'autres personnes et n'aurait pas rencontré Maman et conçu avec elle "la fille la plus merveilleuse du monde". Moi. Mon père était cet être étrange et mystérieux qui m'aimait d'un amour inconditionnel et absolu. Il l'est encore, je le sais. Mais je sais qu'il a perdu sa boussole quand Maman est tombée. Et quelque part je lui en veux autant d'avoir permis qu'elle meure que d'être ce gamin paumé et désarmé dans un corps d'adulte. Parfois j'ai l'impression d'être la plus adulte des deux.

Pourtant, aujourd'hui il a tenu bon sous le vent et a pris le rôle de l'adulte. Il est parti présenter des excuses à la Directrice de Fairfax. J'imagine ce que cela peut lui couter à bien des titres. Lui Jarosław Venor Malkovitch, présenter des excuses alors que personne, dans sa famille n'avait accepté de faire cette démarche, ni plié sous aucun joug même face aux bourreaux du Reich. Et enfin, lui qui ne filtrait rien des interactions sociales et affectives, accepter de montrer de la contrition devant quelqu'un et donc de lui donner du pouvoir sur lui. Maman m'avait expliqué. Mon père était atteint d'une particularité psychiatrique et intellectuelle qui lui faisait tout ressentir au centuple. Les personnes qui avaient peur appelaient cela maladie mentale. Ceux qui voulaient essayer de comprendre ne s'arrêtaient pas à cela, mais ils étaient très rares. Le fait était que mon père ne savait pas être dans la demi mesure. Soit fou de joie et ivre de bonheur, soit quelques mois plus tard au bord du gouffre et sur la pente de l'auto destruction. Maman avait compris et aimé cet homme au point de neutraliser le cataclysme qui œuvrait en lui. Mais il l'avait laissée se faire tuer et j'avais peur qu'il sombre à nouveau dans ce chaos dont ma mère avait su le tenir éloigné.

Je lui en voulais d'être ce qu'il était et de n'avoir pas su protéger maman, mais je m'en voulais d'être aussi cruelle envers cet homme qui était pourtant un modèle d'honnêteté et de droiture, de fidélité aussi et enfin de dévouement. C'est pourquoi quand le téléphone sonna et que j'entendis Pandora décrocher, j'ouvris la porte de ma chambre après avoir ramassé ce qui restait de mon dossier froissé et déchiré sur le sol. J'avais espéré cet appel au plus profond de moi.

Pandora était extraordinaire. Elle sentait exactement quand il fallait me réconforter par un flot de paroles ou se taire pour laisser reposer les tumultes de ma pensée. Le trajet dans sa petite coccinelle décapotable rouge pétant se fit dans le plus grand silence tandis que je pleurais le nez au vent. Quelques vingt bonnes minutes plus tard, nous étions assises elle et moi entre les plantes vertes de la salle d'attente des services administratifs de Fairfax à attendre qu'une foutue porte s'ouvre. Lorsqu'elle s'entrebâilla enfin, Pandora se leva et me dit d'en faire autant puis, voyant mon père sortir accompagné d'une femme élégante affichant la cinquantaine épanouie, elle me poussa d'un coup de son inénarrable popotin. C'est alors qu'une fille superbe s'approcha sous l'injonction de la femme. Mon père avait l'air très fatigué, les yeux aussi rouges que devaient l'être les miens. Mon cœur se serra. En retrait, j'attendais qu'on daigne me remarquer. Je compris que cette femme était Miss Hunt. Elle avait l'air moins revêche que je le craignais, mais dégageait une grande autorité. Je remarquai la nervosité de la fille et l'expression de gratitude de mon père. Je détestais cette expression sur son visage. Elle ne convenait pas au lion que je connaissais.

Je m'approchai timidement et tendis un dossier que j'avais remis dans l'ordre tant bien que mal et anticipai la demande de mon père qui me fixait avec un regard douloureux.

- Madame je vous présente mes plus sincères excuses pour ma conduite inqualifiable. Voici mon dossier. Certaines pièces étant incomplètes je suis prête à repasser tous les tests, si vous m'y autorisez.

J'osai à peine regarder la jeune fille. Elle était tout ce qu'un père pouvait souhaiter. Charmante et bien élevée, gracieuse et sûre d'elle. L'incarnation de la perfection faite fille. J'articulai péniblement tant ma bouche était sèche.

- Bonjour, je suis Iola Malkovitch ... j'aurais dû commencé par cela.

Pandora s'était rassise sur le banc et je savais qu'elle attendrait la fin de la visite au cas où mon père explose. C'était à la fois rassurant et terrifiant de voir à quel point les proches arrivaient rapidement à cerner ce qui clochait chez lui.
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeMar 1 Mai - 18:58

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J'appelle Pandora sitôt la proposition de Miss Hunt exprimée. Elle donne une seconde chance à ma fille et je vais tout faire pour que Iola la saisisse. Je compte beaucoup sur la force de persuasion de Pandora pour arriver à déloger ma fille de sa chambre et la ramener jusqu'ici et dans de meilleurs dispositions. J'ai raccroché, convaincu que mon adorable voisine a bien perçu la tension dans ma voix. Tension qui témoigne de ma préoccupation quant à l'avenir de l'être qui est le plus précieux à mes yeux. Miss Hunt déclare que puisque je suis venu présenter des excuses et au vu de la situation particulière de ma fille, elle veut bien se montrer compréhensive pour cette fois et commencer à me faire remplir le dossier d'admission qu'elle ne signera que lorsqu'elle aura évalué le niveau de ma fille. Durant près de 15 minutes nous nous attelons donc à la paperasse en attendant l'hypothétique venue de Iola. Me voyant très crispé pour remplir toutes les fiches de renseignements, elle me propose même un café. Proposition que j'accueille avec un regard reconnaissant. Elle appelle sa secrétaire qui revient bientôt avec deux tasses odorantes et de petits gâteaux. S'accordant une pause, elle déguste sa tasse et la conversation glisse sur Daniele Ricci.

- C'est un homme charmant. Un généreux donateur aussi. Nous avons d'ailleurs des enfants de ses amis comme pensionnaires. Je pense d'ailleurs demander à ces derniers de coacher un peu votre fille au début.

J'approuve sincèrement toutes les paroles de la Directrice. Je dois reconnaitre que je dois beaucoup au manager par le simple fait de m'avoir embauché. Nous nous replongeons dans les formulaires et elle me demande ma carte d'identité et mon passeport ainsi que ceux de Iola. Elle m'informe que les cartes d'identité devront être refaites si nous séjournons plus d'un an sur le sol américain. Vient le moment fatidique du permis de séjour et de travail. Je lui explique que je vais régulariser le tout, que j'attends la réponse de l'administration américaine et que Daniele Ricci a dû leur envoyer le duplicata de mon contrat. Elle accepte malgré tout d'acter une demande d'inscription avec un dossier plein de pièces manquantes.


- Je compte sur Iola pour ne pas décevoir les espoirs que vous mettez en elle. Je vous le souhaite aussi pour vous Monsieur Malkovitch. Les frais de scolarité à Fairfax sont justifiés par la qualité de l'enseignement dispensés par nos professeurs et le cadre proposé aux élèves. Je vous demanderai un versement de 4000 dollars pour le trimestre en cours. Pouvez-vous l'assumer ?  


Je comprends aisément son questionnement étant donné mon look débraillé. Comment pourrait-elle savoir que je n'ai pas toujours vécu dans cette précarité ? Iola et moi avons laissé bien plus que tous nos biens matériels derrière nous. Au deuil, s'ajoute la perte de tous ces objets familiers auxquels étaient attachés des souvenirs précieux. Je dois vraiment reconstruire une nouvelle vie pour ma fille.

- Je paierai ce qu'il faut, ne vous inquiétez pas.

Elle me demande des photos d'identité de Iola. Je les sors de mon portefeuille et les lui tend. Elle les regarde longuement l'air rassuré et les glisse dans le dossier qu'elle referme. Puis elle se lève, me signifiant que l'entretien est terminé.

- Je vais trouver quelqu'un pour vous faire visiter l'établissement. Souhaitons que votre fille nous ait rejoints entre temps.

Elle ouvre la porte et je pousse un soupire discret en voyant Iola assise dans la salle d'attente à côté de Pandora. Miss Hunt interpelle une jeune fille qui s'avançait précisément vers elle. Elles discutent au sujet d'un retard et je comprends que la Directrice lui demande, échange de service, de nous faire visiter l'établissement contre l'effacement de ce retard en cours. La jeune fille me considère avec circonspection. Elle n'a pas du voir beaucoup de parents d'élèves avec une telle dégaine. J’esquisse un sourire rassurant et me présente.

- Bonjour, je suis Ross Malkovitch . Vous vous appelez Olivia ? C'est bien cela ? Enchanté...Voici ma fille qui va suivre en 10th Grade.
Pourquoi ce prénom me rappelle-t-il quelque chose ?

Iola s'avance vers nous, poussée par Pandora. Ses yeux rougis me serrent le cœur et j'ai terriblement envie de la prendre dans mes bras pour lui dire que je l'aime et que je ne veux que son bonheur, comme tous les papas. Elle présente d'emblée des excuses que je trouve convaincantes et tend  un dossier, enfin le vrai, en précisant qu'il est incomplet mais qu'elle est prête à repasser tous les examens. Puis elle se tourne vers la jeune fille et se présente timidement.

La Directrice s'apprête à regagner son bureau, nous laissant entre les mains de notre guide lorsque la secrétaire sort du bureau et s'exclame :

- Mademoiselle Cortez ! Justement j'allais vous envoyer chercher dans votre classe ! Un appel de votre impresario ! Il s'est excusé et a dit que vous deviez vous rendre d'urgence à son bureau. Une histoire de contrat avec une date buttoir qui tombe aujourd'hui.  Il nécessite mal de pages à relire et votre signature. Il n'est pas entré dans les détails. Il a précisé que votre professeur d'Histoire se chargerait de réunir les cours que vous allez manquer pour vous les faire suivre. C'est arrangé. Si Miss Hunt est d'accord bien entendu ...

Miss Hunt pince les lèvres, visiblement contrariée du contretemps qui met en l'air son stratagème pour échapper à la cent millième visite guidée de sa carrière, mais elle obtempère et dit laconiquement:

- Allez-y Olivia, c'est convenu de longue date avec votre maison de disque. Je vais donc me charger de faire découvrir l’établissement à Iola et son papa. Et du coup, j'irais voir Monsieur Maguire pour aplanir votre litige.


Au moment même où je percute que j'ai sous les yeux la fameuse Olivia Cortez dont me parle sans cesse Daniele Ricci, la même qui va faire la première partie de Roadtramp, j'observe Iola qui dévore des yeux la jeune fille, fascinée par sa façon de parler, de se mouvoir. Elle a du mal à cacher son regret de voir déjà partir cette potentielle camarade, tout autant que l'admiration qu'elle lui inspire. Olivia s’éclipse en remerciant Miss Hunt et en nous souhaitant bonne visite. Iola et moi répondons "merci" en nous efforçant de ne pas montrer une déception trop grande pour ne pas désobliger Miss Hunt qui va devoir la remplacer au pied levé.
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C'était regrettable et fâcheux. Voilà qu'elle se retrouvait à faire -encore- la visite de l'établissement. Elle aurait bien entendu préféré, dans l'absolu, déléguer la corvée à une ou un élève. Mais Olivia Cortez avait été happée par d'autres exigences, le besoin impérieux de la scène, du paraître... les paillettes. Et dire que ce... cet ... ce parent d'élève appartenait au même monde ! Comment pouvait-il en être ainsi ? Tout séparait ces deux êtres et les opposait.

D'abord... d'abord Ross, qui était un prénom tout à fait anglo-saxon, mais faux, Miss Hunter le savait, s'accordait terriblement mal avec Venor ... Quoi que Venor se trouvât aussi sur le sol gallois. Mais dans les siècles derniers. D'où sortait cet homme ? Ahh ! La question trouvait réponse dans son patronyme, bien évidemment. Un Russe ou un Polonais. Oui bon, un Polonais. Elle avait passé un coup de fil à l'université de Cracovie. Comment était-il possible qu'un homme doté d'un tel parcours universitaire soit habillé comme un clochard ? L'Europe ne nourrissait-elle donc pas ses intellectuels ?

Cette famille, si tant est qu'elle en fût une, la déconcertait par sa conformation. Et qui était cette femme qui avait accompagnée la jeune fille et à qui le père allait adresser de vifs remerciements ? Certainement une junkie qui s'était entichée du père. Non, il était trop jeune! Encore que certains hommes aimaient les femmes expérimentées. Miss Hunt laissait ainsi vagabonder ses pensées mais la voix grave et accentuée du "Venor" la ramena à la réalité. Hunter se lâcha à penser tout haut, décidément perturbée par l'imprévu, et marmonna :

- Venor ... Venor... J't'en foutrais, moi, du Venor ! Et de l'Officier des Chasses Royales de sa Majesté, aussi !

- Pardon ? Demanda l'intéressé.

Hunter se ressaisit.

- Allons visiter l'établissement. Je commencerai par l'internat, puis qu'il est désert à cette heure-ci !

 
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeSam 5 Mai - 23:03

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J'étais finalement soulagée, même si infiniment triste de songer que j'allais bientôt, dans le meilleur des cas, ne voir mon père que les fins de semaine, de sentir qu'il ne me tenait pas rigueur de mes incartades. Je remarquai qu'il avait les yeux rouges et mon cœur se serra aussi lorsque je constatai qu'il avait les traits tirés. Je n'y avais pas vraiment fait attention ces derniers jours. Papa n'était aussi pas souvent à l'appartement, mais j'aurais du voir qu'il passait des journées interminables à courir partout pour trouver du travail et régler tous les problèmes administratifs liés à notre installation. Il passait en coup de vent en fin de journée puis repartait presque aussitôt, après avoir mangé un simple sandwich, pour jouer dans les bars afin d'avoir de l'argent pour le frigo et les factures.

Ses nuits étaient courtes et agitées. Parfois il criait, parfois je l'entendais pleurer. Moi aussi j'avais envie de crier mais je n'y arrivais pas et lui le faisait dans ses cauchemars. Alors j'allumais la lampe et je dessinais, je dessinais, en pleurant, jusqu'à ce que les larmes finissent par se tarir, jusqu'à ce que le silence revenu, l'aube pointe le bout de son nez irisé de brume sur les collines au loin. Mon lit donnait sur une fenêtre sans volets, ni rideaux. Chaque matin j'avais à la fois le même tableau sous les yeux et un différent. Une petite nuance imperceptible pour tout autre regard, faisait chaque matin unique à mes yeux. Inlassablement, mon rituel s'achevait par un dessin aux pastels gras, une capture du paysage. Los Angeles et sa magie s'invitant dans ma chambre.

Puis il se levait. Je l'entendais préparer le café. Il avait dû dormir quatre heures, et moi guère plus. Lorsqu'il passait la tête par l'entrebâillement de la porte, j'avais la joue sur l'oreiller et les yeux clos. Je régulais mon souffle pour lui donner l'image qu'il voulait voir avant de partir pour une journée à l'extérieur.
Récemment, il avait enfin trouvé ce travail.

Quelque chose qu'il aimait. Pas ce qui le rendait le plus libre. Mais c'était déjà cool. Un peu comme si moi j'aidais des gens à faire de beaux dessins en leur expliquant comment bonifier leur geste et utiliser au mieux leur talent. Ingénieur du son, c'était un peu comme professeur pour des surdoués ayant un talent fou qu'il faut capturer et restituer à d'autres personnes pour leur apporter du bonheur. C'est un partage ! M'avait dit Papa. Un partage avec les musiciens et aussi avec ceux qui vont écouter. C'est comme être un pont entre l'artiste et le fan. Moi j'aurais préféré qu'il montre ce qu'il était vraiment, c'est à dire un artiste.

Mais je savais que ce n'était pas moi qui parviendrais à le convaincre de le faire. Je n'étais pas la bonne personne. Peut-être que si je prenais moins de temps et de place dans sa vie, il y arriverait. Il s'accorderait un peu de temps pour penser à lui et à ses propres rêves. Je voulais croire que mon père avait encore des rêves à 35 ans. Finalement j'avais pris conscience, roulée en boule sur mon lit, avec à mes pieds ce dossier d'inscription tout froissé, que j'étais une petite égoïste, une ingrate, et que mon comportement n'était dicté que par la douleur d'avoir perdu Maman. J'avais mal alors je voulais lui faire mal, parce que je le tenais pour responsable.

J'avais été trop loin. La douleur, il la portait déjà et y rajouter notre querelle l'avait fait fuir. Quand j'avais entendu sa voiture sortir du parking de l'immeuble puis s'éloigner, la peur de le perdre lui aussi m'avait vrillé les entrailles. J'avais ressenti le vide, comme un gouffre s"ouvrant sous mes pieds et j'avais poussé un hurlement de petite louve aux abois. Pandora, une boule d'amour, avait vraiment voulu défoncer la porte de ma chambre et quand j'avais entendu son cri de douleur étouffé, j'avais ressenti de la culpabilité. Je lui avais dit à travers le bois de la porte "J'ouvre mais n'entre pas. Je sortirais quand je serais prête" Elle avait promis et avait tenu sa promesse. Et j'avais fini par sortir quand IL avait appelé.

Et maintenant j'étais devant cette femme qui me demanderait de faire des courbettes et des ronds de jambes chaque jour de la sainte semaine. J'étais aussi devant cette fille magnifique que tous les garçons devaient rêver d'embrasser. J'étais devant mon Père que j'avais blessé, déçu, terriblement peiné. Je me sentais moche, minable et dérisoire. La fille s'appelait Olivia Cortez. A première vue elle devait avoir deux ou trois ans de plus que moi. Papa la regardait étrangement. Peut-être pensait-il comme moi qu'elle serait une meilleure fille que moi et que son père devait en être très fier.

Je la trouvais très belle et absolument à l'aise dans ses interactions avec les adultes. Papa impressionnait souvent mes amis quand nous étions au pays. Mais ici, tout était différent, tout allait plus vite et moins longtemps. Dans les journaux, les romances des stars se faisaient et se défaisaient en une semaine. Olivia Cortez ne semblait pas du tout impressionnée, juste peut-être un peu pressée. Elle avait sans doute l'habitude de côtoyer des adultes. L'intervention d'une autre personne, une secrétaire ou une surveillante peut-être, m'éclaira sur ce fait. Olivia était une artiste. Elle avait un impresario et des contrats à lire et signer... Je me sentis disparaître aux yeux de mon père durant quelques minutes.

Puis je la regardai s'éloigner. Je prenais mentalement note de tout ce qu'elle avait et que je n'avais pas. Tout ce qu'il me faudrait apprendre. Pour qu'un jour, il me regarde avec fierté.

La directrice se présenta sèchement à moi, ce qui était normal après le coup du pressbook. Je ne savais d'ailleurs pas comment mon père avait pu effacer cet affront auprès de Miss Hunt. Elle proposa de visiter l'internat. Tout m'allait pour commencer, tant que mon père arrivait à se détendre et à se défaire de cette expression de chien battu.

J'emboitai docilement le pas aux adultes.



 
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Je vais remercier Pandora en lui donnant l'accolade, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Elle est tellement surprise qu'elle reste un peu figée comme un piquet avant de se rassoir sur le banc. Elle a l'air décidé à attendre la fin de la visite. Je n'ai pas le cœur de lui dire de rentrer, que je peux très bien ramener Iola après. Et puis elle a l'air toute contente d'être ici. Comme si cela lui changeait un peu d'être enfermée dans son appartement.

Même si, en bonne professionnelle, Miss Hunt, essaie de ne rien en laisser paraître, j'ai l'impression qu'elle est assez contrariée de devoir prendre sur son temps pour nous faire visiter son établissement. Je l'entends marmonner quelque chose qui m'est adressé mais que je n'ai pas compris. Elle me regarde étrangement. A sa décharge, je suis certainement loin d'être le genre de parent qu'elle a l'habitude de côtoyer.

Des excentriques et des farfelus oui, elle doit en voir beaucoup, mais probablement pas avec un compte en banque aussi modeste. Je réfléchis à la façon de lui être sincèrement agréable. Peut-être en donnant de mon temps bénévolement pour certaines manifestations de Fairfax. Si je n'ai pas les moyens de faire des dons généreux, j'ai en revanche des savoirs faire techniques qui peuvent être utiles.

Elle a donné une seconde chance à ma fille, et ce malgré que je ne sois qu'un petit ingénieur du son sans réputation. Je lui en suis reconnaissant. Je le dois certainement au fait que je travaille pour Daniele Ricci et il faudra aussi que je l'en remercie, même s'il n'a pas eu à intervenir en personne. Rien que le fait de mentionner son nom, accorde un certain crédit et c'est assez bluffant de constater que le pays du rêve américain a un fonctionnement à plusieurs vitesses selon le nom qu'on porte ou qu'on connait.

C'est un peu écœurant quelque part. Irina trouverait ça révoltant. Je soupire et regarde discrètement Iola qui a l'air encore très bouleversée et ne semble pas tout à fait réaliser sa chance. Elle va avoir enfin une vie normale d'adolescente. Après ce qu'elle a traversé, ce n'est que justice que la vie lui accorde cette opportunité et je ferai tout pour qu'elle ne la gâche pas.

Je suis Miss Hunt de mes grandes enjambées et regarde avec intérêt les locaux qu'elle nous présente. Je tente de lire sur le visage de Iola ce qu'elle en pense. Exercice qui n'a rien de simple. Ma fille est assez introvertie et secrète. Je me demande de qui elle tient ça... Pour le moment elle est très attentive aux paroles de Miss Hunt. Elle pose tout de même quelques questions pertinentes. Miss Hunt y répond avec bonne volonté et son regard sur Iola semble s'adoucir au fil de la visite.

Les chambres sont confortables et chaleureuses mais sans le luxe excessif que je redoutais. J'appréhendais un peu que le contraste soit très rude entre l'internat et notre habitation très vétuste. Mais il n'y a rien   dans ces locaux propres, rangés et agréables que je ne puisse égaler un jour prochain, en ameublement et décoration avec un peu de travail et d'investissement. Je ferai en sorte que Iola ait une chambre, une salle de bain et un lieu de vie agréables pour venir me voir les week end. Changer d'appartement devient incontournable.

Nous longeons des couloirs fléchés et montons des escaliers. Iola me jette parfois un regard effrayé et je comprends qu'elle a peur de se perdre les premiers jours. Je viens à son secours.

- Votre établissement est très vaste. Comment font les nouveaux élèves pour s'y orienter ?





 
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Mademoiselle Malkovitch semblait faire amende honorable et c'était bien le moins qu'elle puisse faire après avoir été si effrontée. Cela dit, lorsqu'on avait fait connaissance de l'individu qui lui servait de père, on ne pouvait que lui accorder des circonstances atténuantes. Vraiment, Elizabeth Hunt était des plus surprises que Daniele Ricci ait pu consentir à engager cet homme qui avait tout d'un va nu pied. Certes, on sentait dans sa façon de s'exprimer un certain vestige d'éducation. Mais il était d'un négligé, vêtu d'une manière que même son jardinier n'aurait pas osée pour tondre la pelouse. Ses cheveux, portés très longs tenaient plus de la rock star droguée que du père de famille. Il aurait pu au moins les nouer.

La petite avait de l'allure, on ne pouvait le nier. Une grâce naturelle qui provenait peut-être de la mère. Pour le niveau scolaire, Miss Hunt se fierait uniquement aux résultats des tests et aux observations des professeurs. Il restait un trimestre. Si cette élève ne se révélait pas au niveau, elle ne ferait pas partie de l'effectif à la rentrée prochaine. C'était en partie à cause de cette exigence que la réputation de Fairfax était maintenue au plus haut niveau depuis des années. Pour l'heure, elle devait néanmoins répondre aux questions de cette nouvelle élève qui se montrait intéressée.

- Pas de travail dans les chambres! C'est inadéquat. Une chambre sert à se reposer et à dormir. Nous encourageons l'étude et le travail en salle de documentation. Ainsi les élèves peuvent s'entraider et demander des renseignements à notre équipe de documentalistes. Nous avons une excellente bibliothèque.


Le père posa une question des plus idiotes. Que pouvait-on espérer d'un homme qui gâche deux doctorats pour devenir technicien de sonorisation et musicien ? Miss Hunt le gratifia d'un regard méprisant. Ce parent allait finir par apeurer sa progéniture avec ses soucis de mère poule et on aurait une crise d'angoisse sur les bras à gérer le jour de sa rentrée. Elle l'ignora sciemment et s'adressa à la fille directement.


- Ne vous inquiétez pas Mademoiselle Malkovitch. Le premier jour vous aurez un tuteur parmi les professeurs et un parrain parmi les élèves. En ce moment les élèves sont très occupés car c'est la période des révisions avant les derniers examens. C'est pourquoi je ne pouvais déranger personne pour faire face à l'indisponibilité de Miss Cortez. Il faudra vous contenter de ce que vos camarades pourront vous accorder. Mais nous vous fournirons un plan guide de l'établissement et en cas de problème, vous pourrez toujours venir demander de l'aide à ma secrétaire. Nous n'avons jamais eu à déplorer aucune perte d'élève égaré dans notre établissement.


Arrivée au premier étage, Miss Hunt présenta les deux longs couloirs qui desservaient les deux ailes de Fairfax.

- Voici les cours de langues, d'Histoire, Géographie et Philosophie. Je vous prie de ne pas faire de bruit afin de ne pas perturber leur déroulement.





 
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Une fois, je me souviens, je devais avoir sept ans, Papa nous avez menées, Maman et moi, devant un bel hôtel particulier d'une grande avenue de Cracovie. J'étais malade et le médecin de notre quartier avait refusé de se déplacer et même de nous ouvrir la porte de son cabinet. Papa et Maman s'était violemment querellés et je ne comprenais pas pourquoi. Puis il nous avait emmené là. Maman était restée dans la voiture. Papa m'avait portée dans ses bras et avait sonné. Un type avec un uniforme bizarre avait ouvert. Il avait fixé Papa, puis le visage de ce monsieur, d'une cinquantaine d'années, s'était défait. Il avait murmuré "Monsieur Jaroslav ..." Nous avions attendu dans un salon plein de murs peints et de doré au plafond. Une femme aux cheveux argentés, qui était encore très belle, était venue nous rejoindre. J'avais entendu mon père la supplier d'abord en Polonais, puis après dans une langue que je ne connaissais pas, mais que visiblement les deux parlaient parfaitement.

On m'avait installée dans une chambre, couchée dans un lit, couvert d'un ciel de tissu soyeux et qui me paraissait immense. Un médecin était venu m'ausculter. J'avais une très mauvaise rougeole avec des complications pulmonaires. J'étais restée un mois en convalescence dans ce palais. J'avais été choyée par cette vieille dame, qui s'était présentée à moi comme étant mon arrière grand mère et aussi par le monsieur qui nous avait accueilli et était le majordome qui avait bien connu mon père enfant. J'avais vécu ce mois comme dans un rêve, mais pourtant j'avais l'impression d'être dans une prison. Malgré la bienveillance de ces personnes qui aimaient mon père et m'aimaient aussi comme étant son enfant. Chaque jour passé loin de Maman, de Papa, avait été un déchirement malgré la gentillesse et les soins dont j'étais l'objet.

Comment allais-je survivre loin de lui, entourée d'étrangers ou de personne le détestant, le méprisant aussi évidemment que cette Miss Hunt ?

Papa n'avait fait que poser la question qui n'arrivait pas à franchir mes lèvres. Il l'avait fait pour me rassurer, parce que, j'en prenais conscience peu à peu, il était cet être qui me connaissait mieux que personne et savait lire mes silences et mes doutes. Un père aimant et soucieux, parfois trop autoritaire et étouffant, mais mon père. Le seul être qui m'aimait et m'aimerait quoi qu'il arrive. Et elle, cette femme, n'avait même pas daigné le regarder et lui répondre. Elle faisait comme s'il était invisible, insignifiant. Je me mordis les lèvres et me promis que je ferai tout pour le rendre fier de moi, pour que ce qu'il était en train d'endurer, de mépris, d'apriori non mérités ne soit pas vain. Je montrerai aussi à Miss Hunt le vrai sens des mots entraide, tolérance et intelligence.

- Merci Miss Hunt. Je suis tout à fait rassurée. Je n'hésiterai pas à venir demander mon chemin au secrétariat si besoin, mais un plan devrait me suffire pour me diriger.


Je ne laissai rien paraître de mon enthousiasme pourtant bien réel au sujet de l'internat, confortable et accueillant, bien qu'un peu impersonnel. Je m'étonnais simplement de l'absence de bureau pour travailler dans les chambres. Mais Miss Hunt eut une réponse avisée pour satisfaire ma curiosité. Une chambre servait avant tout à dormir et un lieu baigné de questionnements et de réflexion au sujet des cours n'était pas une pièce propice au sommeil.

Au sujet des salles de classes, des disciplines qui étaient enseignées, je masquai également mon intérêt. Les salles étaient baignées de lumière, grâce aux grandes baies vitrées qui composaient tout un pan de mur. Je voyais des élèves se déplaçant aisément dans une pièce vaste, certains travaillant en groupes, d'autres s'étant isolés pour écrire. Le professeur  allait d'un groupe à l'autre, discutant avec ses élèves. Je n'entendais pas les conversations mais tous avaient un visage détendu. Papa m'avait appris comment on pouvait décrypter dans l'attitude physique autant que les mots, les intentions et le mode relationnel des personnes qui nous entouraient.

Pour les mots, je devrais attendre de participer aux cours mais dans les attitudes de ces professeurs, on ne lisait que de la bienveillance et de l’exigence. Papa citait souvent ces deux qualités. Il disait ainsi "On discerne un bon pédagogue et un orateur compétent par sa bienveillance et son exigence envers les étudiants et l'auditoire." Les deux devaient, selon lui, s'équilibrer. J'avais compris que ces deux conditions fondaient le respect réciproque entre deux interlocuteurs, quel que fut leur statut respectif. Si l'un ou l'autre manquait, le dialogue était défaillant. J'en avais parlé à mon père et il avait posé sur moi un regard pensif et s'était tourné vers ma mère. Elle avait alors haussé les épaule et dit " C'est aussi ta fille, Malko. Tu pensais que peut-être, elle n'hériterait pas de tes gènes ? "

Papa évitait de parler de tout un pan de sa vie, mais je savais qu'il avait été étudiant, avant de croiser Maman. Je lui avais demandé s'il avait appris ça en étudiant. Il avait souri et répondu que certains de ses professeurs lui avaient permis de le vérifier, mais qu'il avait appris cela de son grand père maternel qui élevait des chevaux.

Tout en déambulant dans les couloirs à la suite de Miss Hunt, je me fis la réflexion que le peuple américain aimait aussi les chevaux et qu'il y avait fort à parier que ce que mon arrière grand père avait appris à leur contact, des américains l'aient aussi appris. Un cheval était un cheval, un peu comme un nombre avait valeur universelle sur toute la planète. Je glissai un regard vers mon père et sa grande silhouette nerveuse. Maman disait souvent de lui: "Chercher la graisse chez Malko ?  Autant chercher la duplicité ou la corruption !"

- Travailler en salle de documentation avec mes camarades me permettra d'acquérir un niveau correct dans votre langue. Et si je peux les aider à progresser en certaines langues, je le ferais volontiers.

Mes yeux glissèrent vers Papa qui hochait la tête en silence, les yeux rivés au sol, mais un sourire sur les lèvres.

 
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeDim 13 Mai - 14:29

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Au fil de la visite, je suis rassuré intérieurement. Tout a l'air mis en œuvre pour que les étudiants se sentent bien et aient envie de travailler. C'est vraiment une bonne idée que voir les locaux où ma fille suivra ses cours, vivra sa vie d'étudiante loin de moi. Je prends conscience que ce sera la première fois que nous serons séparés aussi longtemps depuis la mort de sa mère. Cela ne doit pas être facile pour elle, mais elle s'en montre rien. Un vrai petit soldat, plein de courage et de bonne volonté. Irina serait tellement fière d'elle. C'est terriblement difficile pour moi  et je suis beaucoup moins courageux qu'elle à la pensée de partir en tournée loin d'elle trop longtemps. Une bouffée de tendresse m'envahit et je détourne le regard vers les baies vitrées qui donnent sur la cour intérieure pour masquer mes yeux un peu trop humides.

Iola a l'air plus détendue et ce n'est pas le moment de lui faire perdre sa sérénité retrouvée. Elle dévoile déjà à une Miss Hunt très attentive, ses qualités humaines. Bon sang que je suis fière de ce petit bout de femme! D'autant plus que je sais qu'elle ne dit pas cela pour la forme. Je sais  qu'elle aidera vraiment les camarades qui en ont besoin dans les domaines où elle peut les aider. Ce sont les valeurs dans lesquelles Irina et moi l'avons fait baigner toute son enfance. Sa mère surtout, était toujours à tendre la main pour aider les autres.

La condescendance méprisante de la Directrice à mon égard ne m'a pas échappé, mais tant qu'elle traite bien ma fille, je suis prêt à encaisser. Et pour le moment elle semble lui laisser sa chance de prouver son sérieux et sa motivation. C'est l'essentiel. Pour le reste, j'ai déjà vécu ce genre de situation par le passé et j'ai appris à en faire abstraction. Les gens ont peur de ce qu'ils ne connaissent et comprennent pas. Passé le cap de l'inconfort, la majorité des personnes fait l'effort de chercher à connaitre et comprendre l'inconnu. La plupart des êtres humains est bienveillante.

Mais il existe un petit pourcentage d'individus n'appréciant pas l'inconnu qui vient ébranler des certitudes et les oblige à sortir de leur zone de confort. Être face à quelqu'un qui, comme moi, ne correspond à aucune classification connue doit profondément déranger Miss Hunt. Le rejet et le jugement hâtif à l'égard de la différence sont des recours réconfortants pour une personne qui, comme elle, se sent forte parce qu'incluse dans une communauté somme toute assez fermée et restreinte. D'autant plus quand cette communauté la conforte dans l'illusion qu'elle n'a pas besoin de nouveauté pour progresser, qu'il suffit de rester ancré dans les bonnes vieilles habitudes et de n'interagir qu'entre personnes correspondant aux critères d'éligibilité établis par la dite communauté.

Je souris en pensant à ce que m'ont appris mes lointaines années d'études. Aucune civilisation, si évoluée et brillante qu'elle soit, ne peut perdurer si elle exclue systématiquement tout apport extérieur nouveau. Fort heureusement la nouveauté vient souvent frapper à notre porte et nous donne chaque fois une nouvelle chance de nous régénérer au contact de l'autre. Une nouvelle opportunité de ne pas dégénérer.

Une idée de musique me trotte dans la tête depuis quelques secondes, comme quelque chose qui gronde sourdement puis s'amplifie. Roulements de batterie. La double pédale d'abord atténuée, puis la basse qui répond sur le même temps, puis les deux. Break. Cymbales et guitare qui font un pont. Bon sang. Je fouille ma poche de veste et trouve la brochure de présentation de Fairfax pliée en quatre.

Nous voilà embarqués dans les escaliers à la suite de Miss Hunt pour accéder au second étage qui, nous annonce-t-elle, est dédié aux sciences et aux arts. Je ralentis le pas. La musique envahit tout l'espace et des flashs frappent ma rétine. A travers le halo, je vois Iola qui jette un regard en arrière et comprend tout de suite. Elle redescend quelque marches.

- Papa, ça ne va pas ?


- Tu n'aurais pas un crayon ?

Elle me glisse un stylo sorti de son sac. Je lui dédie une regard plein de gratitude. Je trace quelques lignes pour une portée et je dessine des notes à l'arrache. Ma vue est brouillée par intermittence.

- Papa, t'es tout pâle ! Tu veux t'asseoir un peu ?


- Non ma puce, ça va aller. Il faut juste que je finisse d'écrire ça . Attends ! Bon sang, j'ai oublié mon dictaphone dans la voiture ...

Mais je trébuche et j'ai la tête qui tourne vraiment d'un coup. Le souffle me manque.

- Finalement, je crois que tu as raison, je vais m'asseoir juste quelques secondes. Continuez sans moi, je vais vous rejoindre...

Je me rattrape à la rampe et m’assois sur une marche. Miss Hunt a rebroussé chemin et redescend les escaliers jusqu'à nous.

- Monsieur Malkovitch ? Quelque chose ne va pas ? Vous avez une mine affreuse... soudainement ... Voulez-vous que j'appelle un médecin ?


Je hoche négativement la tête.

- Non. Merci de votre obligeance. Ça va passer. J'ai juste eu un étourdissement. Ça va déjà mieux.


Je caresse la joue de ma fille qui m'a pris la main et s'est assise à côté de moi .

- Ne t'inquiète pas, Princesse. Juste un coup de fatigue idiot.

Je jette un regard désolé à la Directrice qui nous attend les bras croisés sur son dossier. Son air dubitatif en dit long sur ce qu'elle pense de mon refus de voir un médecin. Je serre les dents et ferme les yeux, m'efforçant de reprendre mon souffle. Bon sang ! Ce malaise ne pouvait pas tomber plus mal ! Il me ramène des années en arrière. Des flaques d'ombres que je ne pensais jamais voir ressurgir dans ma vie.

- Ça va aller, ça va aller...


 
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Bien entendu, il avait fallu que ce "Monsieur"se fasse remarquer en faisant plus de bruit que nécessaire lors de l'ascension du second étage. Sa fille avait déjà oublié les recommandations de Miss Hunt de ne pas faire de bruit et avait pris la parole, certes pour tenir des propos qui défendaient sa motivation, mais produisaient quand même du bruit, même si elle avait eu le bon goût de murmurer. Mais son grand escogriffe de père, lui, même en murmurant, produisait un son de basson propre à avertir les oreilles des étudiants que quelque chose se passait dans le couloir.

Fort heureusement, ils passèrent assez rapidement devant les classes pour que les étudiants n'aient pas le temps de se dissiper. Mais c'est arrivé au pied de l'escalier que les choses prirent une tournure plus regrettable. Le père fut pris d'un étourdissement suspect probablement dû à l'abus de stupéfiants. D'ailleurs son refus de se faire examiner par un médecin plaidait dans ce sens.

Miss Hunt ne resta pas insensible à l'inquiétude de l'adolescente mais ne put s'empêcher de penser qu'elle s'en sortirait beaucoup mieux sans ce genre de père. Mais il lui fallait, une fois de plus, composer avec les natures dégénérées qui avaient progéniture dans cette ville et trouvaient les moyens et les soutiens nécessaires à lui payer une scolarité à Fairfax. Avec un peu de chance, son passage dans cet établissement permettrait à Miss Malkovitch de voir l'autre voie qui s'ouvrait à elle et de ne pas suivre celle de son ascendant direct.

Cet illuminé, pâle comme un linge, était d'ailleurs en train de noter des choses sur le dépliant de l'établissement qu'elle lui avait remis un peu plus tôt. Était-ce son testament ? Cela aurait été la meilleure nouvelle du moment, bien qu'elle doutât qu'il aurait grand chose à léguer à sa fille. Ou même à Fairfax, à part une pupille orpheline, bien entendu. Elizabeth Hunt se râcla la gorge et, les sourcils froncés, tapota la chemise cartonnée dans lequel était rangé le dossier de Iola.

- Monsieur Malkovitch, je vais devoir vous laisser prochainement, j'ai un autre rendez-vous qui doit déjà m'attendre. Aussi, soit nous poursuivons, soit vous êtes trop indisposé et je vous propose de remettre la suite de la visite à plus tard. Peut-être même que Iola pourra vous servir de guide lorsqu'elle connaitra mieux l'établissement.


- Non, non, je souhaiterai que nous visitions cette partie qui concerne la science et les arts. C'est très intéressant que vous ayez regroupé les deux matières sur le même étage. Insista l'inconséquent personnage qui lui faisait déjà perdre du temps depuis plus d'une heure.

Miss Hunt pinça à nouveau les lèvres et répondit :

- Vous ignorez sans doute que la musique obéit aux mêmes règles que les mathématiques. Bon si vous souhaitez poursuivre, nous allons devoir accélérer un peu Monsieur. Je n'aime pas être en retard à mes rendez-vous. C'est terriblement discourtois.


Et toc! Elle l'avait envoyé celle-là !



 
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MessageSujet: Re: Hot for Teacher ( Free for students) ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ)   Hot for Teacher  ( Free for students)     ft Iola Malkovitch (PNJ) Miss Hunt (PNJ) I_icon_minitimeDim 20 Mai - 14:14

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Je n'avais jamais vu mon père faillir. Pour moi, il était ce roc inébranlable, toujours là, même si parfois étrange et buté, en proie à des obsessions ou des crises paranoïaques. Pour moi, en tout cas, il avait toujours été là, fort, courageux et attentif jusqu'à l'excès. Lorsque nous avions perdu Maman, j'avais vu dans l'égarement de son regard à quel point il était dévasté, mais il s'était ressaisi et sa première pensée avait été de me protéger, de me mettre à l'abri. Il avait eu cette terrible décision à prendre, que seul un adulte peut prendre. Abandonner la femme qu'il aimait pour me sauver. Maman en aurait fait tout autant, je le savais bien. Mais pourtant je lui en voulais de n'avoir pas été en mesure de la sauver elle aussi. Je voyais mon père un peu comme un super héros. J'avais alors treize ans et il avait encore tous les atours du Prince Charmant à mes yeux.

Ce n'était plus tellement le cas maintenant. Je commençais, discrètement, à lorgner sur les garçons. D'ailleurs dans la salle d'Histoire, il y a quelques minutes, j'en avais aperçu un qui m'avait regardé à travers la baie. Un coup d’œil furtif. Il m'avait fait un petit signe et un sourire. J'avais répondu par un sourire et baissé les yeux. Sur le plan sentimental, je tenais de mon père. Maman m'avait raconté comment elle avait dû prendre les choses en main lors de leur rencontre. C'était une meneuse, une harangueuse de foule. Une libertaire dans l'âme. Elle voulait ce garçon, elle le lui disait et elle le prenait. Bien que Papa soutint que je lui ressemblais beaucoup, je savais que sur ce point j'étais très différente. Et probablement aussi totalement différente de mes futures camarades de classe. Jamais je n'oserai aller draguer un garçon qui me plaisait.

Mon père avait été le centre de mon univers, autour duquel nous gravitions Maman et moi, sur des ellipses différentes. Des ellipses qui se recoupaient secrètement pour des confidences entre filles, des discussions au sujet des tenues, des transformations du corps, de l'image qu'on a de soi-même et aussi beaucoup d'anecdotes tendres au sujet de Papa et d'elle. Puis elle avait disparu. Elle me manquait atrocement. Même si Pandora était venu adoucir ce manque, elle était plutôt en âge d'être ma grand mère.

Je m'y attachais de plus en plus, mais j'avais peur de la perdre elle aussi. C'était un guide dans les méandres des codes à connaître pour survivre dans la Cité des Anges. Ç’aurait pu être une confidente loyale, j'en était sûre. Mais je n'arrivais pas à m'ouvrir à une femme que je connaissais depuis aussi peu de temps. C'était aussi dans la nature des Malkovitch, père et fille, qui étaient selon Maman des être secrets et passionnés.

Lentement je me décentrai de mon étoile du berger pour contempler d'autres astres, comme ce garçon aperçu à l'instant et qui était vraiment très beau avec ses yeux bleus en amande et sa fossette au coin des lèvres. Mais je ne supporterai pas que mon étoile, mon guide, s'éteigne à son tour, comme l'avait fait Maman. Ce malaise était une première pour moi mais ne semblait pas surprendre Papa. Il semblait lutter pour garder pied et pourtant c'était lui qui tentait de me rassurer. Il était en train d'écrire de la musique dans sa tête. Je le savais parce que ça, je l'avais déjà vu le faire. C'était magique et impressionnant.

Mais aujourd'hui il y avait autre chose que je n'avais jamais vu. Ce regard totalement absent, cette voix fantomatique. Ce n'était pas normal. Ma gorge se noua quand Miss Hunt le rudoya verbalement avec des reproches sous entendus. Et je pris sa défense.

- Ne voyez-vous pas qu'il a un malaise ? C'est de ma faute s'il était en retard. Il a tenté de me convaincre de l'accompagner.

- Iola ... De grâce ... Ne t'en mêle pas ...


- Je crois que je ne peux guère faire autrement, Papa. Si c'est pour intégrer une école qui confond complaisance et compassion, laxisme et bienveillance, rigidité et humanité, je préfère encore que tu me fasses cours toi-même.


Du haut de mes 1m78, je m'étais, relevée, et je m'adressais sans aménité à Miss Hunt. J'avais du respect, inculqué par mon père, pour les lieux d'enseignement et les enseignants, mais aucun pour les préjugés et les privilèges, encore moins pour l'injustice, et cela je le tenais de ma mère. Ce n'était pas ma vision de l'Amérique, du pays du rêve américain, où chacun avait le droit à sa chance. De toute évidence, mon père avait un problème et, même s'il refusait de l'admettre, c'était d'aide et de compréhension qu'il avait besoin. Ce n'était certes pas à Miss Hunt de prodiguer cette aide, mais elle pourrait au moins s'abstenir de juger et de condamner en une seule phrase et sans connaître les circonstances et les faits.


- Miss Hunt, nous n'allons pas vous déranger plus longtemps. Si vous acceptez de me laisser ma chance, je me présenterai aux dates que vous souhaitez pour passer des évaluations. Les résultats parleront. Pour la suite, s'ils sont favorables, je souhaite en parler encore avec Papa.


 
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Les choses s'enchaînent beaucoup trop vite et pas de la façon souhaitable à mon sens. Certes Miss Hunt manque d'humanité mais je sais qu'elle n'est pas payée pour en témoigner et que le fait de refuser Iola dans son établissement ne l'empêchera pas de dormir. En revanche, moi, je me le reprocherai pendant longtemps. Tandis que ma fille s’inquiète pour moi, je commence à retrouver mes esprits et elles sont encore en train de se jauger lorsque je me dresse entre les deux sous tension. Les femmes et leurs hormones... Voilà que je me trouve entre celles d'une pré ménopausée et d'une adolescente ...

- Ça va bien ! Tout va bien! Je me sens mieux. Je n'avais rien mangé depuis hier. C'est juste un étourdissement. Je me sens tout à fait bien à présent. Poursuivons la visite. Iola, c'est encore moi qui décide pour toi. Tu es mineure et je suis ton père. Miss Hunt, ne tenez pas compte de ce qu'elle vient de dire. C'est l'émotion, ma fille et moi sommes trop fusionnels. C'est bien pour cela qu'il faut qu'elle intègre votre établissement.

Je me tourne vers Miss Hunt et la considère du haut de mes presque deux mètres. Ce n'est pas que j'abuse de ma taille. En général je n'aime pas l'utiliser pour impressionner les gens. Encore moins les femmes. Certaines adorent les mecs qui les surplombent, d'autres détestent. Tout tient surtout, à mon sens, dans ce qui fait les centimètres entre le bas et le haut. La personnalité qui anime cette carcasse, qu'elle soit grande ou petite, c'est l'essentiel. Mais là, je pense que la directrice est en train de prendre la mesure de ce que peut être un emportement du Malko. Non pas que je sois sur le point de m'emporter. Ce serait contre productif. Mais rien que le fait de me relever et de me déplier sur les marches de cet escalier la fait se sentir un peu ... en bas.

Ça ne durera pas et ce n'est pas ce que je cherche. Chacun son domaine. Elle excelle dans l'administration d'un établissement scolaire et moi j'excelle dans la Poésie, la Musique et l'Histoire. Elle ne le sait pas mais je m'en cogne qu'elle l'ignore. Chaque personne a droit au même respect que tout un chacun, quelle que soient ses compétences. Le respect, l'éducation, c'est quelque chose de précieux qu'on a appris de nous même ou hérité de nos parents. J'ai toujours repéré les gens irrespectueux et arrogants à des lieues. Souvent ils évoluent en formation triangulaire. Ils se parlent entre eux et vous ignorent presque, comme si vous les dérangiez, vous toisent de haut, forts de leur nombre, se donnent des petits coups de coude qu'ils pensent discrets, et des airs de connivence supérieure en roulant des yeux au ciel, comme s'ils appartenaient à une quelconque confrérie des êtres obtus, échangent des propos mystérieux qu'ils se passent sous le manteau et sous votre nez. Ils veulent que vous pensiez que le billet mystérieux parle de vous alors que peut-être il n'est question que d'une rivalité féminine qui ne vous concerne pas.

J'ai maintes fois connu ces jeux subtils tout autant que débiles par leur vanité. Le mieux est de les ignorer. Si vous dites à ces gens qu'ils sont fermés et excluent les autres lorsqu'ils ne se conforment pas à leur idéal, qu'ils rejettent ce qui leur fait peur ou les pousse à avancer, qu'ils ne restent qu'entre eux par facilité, ils vous diront que vous êtes paranoïaque, persuadé d'être harcelé. Mais ils effacent des messages à votre arrivée, ou changent de conversation et de comportement quand vous paraissez dans un salon. Ils vous font sentir que vous n'y êtes pas le bienvenu et le plus arrogant d'entre eux se montre même désobligeant. Lorsque vous préférez les laisser entre eux parce que vous êtes appelé ailleurs, il est même possible qu'ils ricanent comme des hyènes dans votre dos, en pensant être arrivés à leurs fins- se débarrasser de vous pour continuer leurs petites affaires triangulaires privées, oui c'est un peu glauque. Tout cela, je l'ai maintes fois vécu. Je sais que la seule attitude à avoir est l'indifférence, l'indépendance. L'observation calme et réfléchie, la prise de recul et l'humour face à ce qui relève le plus souvent de simples "dramas" de princesse.

En effet, la plupart du temps, l'origine de ces phénomènes passagers a pour émulateur un individu qui tient momentanément les autres aveuglés par des moyens souvent très identifiables. Les trois plus connus sont la flatterie, l'affectif, et le sexe. Cela suffit à contrôler des personnes qui détiennent le pouvoir, l'argent et la notoriété pour peu qu'elles aient soif de reconnaissance. Un"manipulateur" qui ne peut générer lui-même pouvoir, argent, notoriété va s’approprier celle des personnes qu'il parasite. C'est un peu le principe de la lune qui ne brille que grâce à la lumière du soleil autour duquel elle orbite.

Toutes les coercitions ont souvent deux objectifs : le pouvoir et l'argent, les deux copulant frénétiquement ensemble et donnant naissance à la notoriété. Il y a ceux qui possèdent les trois. Pas forcement mal intentionnés mais manipulés, certainement. Et il y a l'individu qui manipule les premiers. Sans les personnes sur lesquelles ce "manipulateur" a jeté son dévolu, il n"a pas de vie propre. Il se définit comme "mari de" ou"femme de" ou "copine de" ou "fille de" . Le "manipulateur" n'existe que par le contrôle qu'il exerce sur ces personnes qui détiennent le pouvoir, l'argent, la notoriété.

Aussi, dès que quelqu'un de nouveau s'approche de ceux qui détiennent la notoriété, le pouvoir et l'argent, le "manipulateur" crève de trouille de voir cette nouvelle figure menacer son ascendant sur ceux qu'il a isolés, aveuglés, parasités. Le "manipulateur" s'agite, entre en action, alerte, dénonce, conseille et informe ses instances de pouvoir chéries du danger qui guette leur hégémonie, de la non conformité du produit qui se présente. La jalousie s'active, la peur d'être concurrencée, supplantée se met en branle.

L'exclusivité, la possessivité ne peuvent tolérer la moindre concurrence dans l'absolue et circulaire vénération qui les nourrit. Pour le manipulateur avide du pouvoir de ceux qu'il manipule Rien ne se partage, tout est réservé à lui seul et pour conserver cette exclusivité, il est prêt à tout pour écarter toute concurrence, même la calomnie. Le manipulateur phagocyte et verrouille. Toute concurrence, même, bien involontaire, telle un simple moment d'attention ou d'échange complice, qui ne lui est pas destiné mais s'adresse à l'intrus, se transforme immédiatement à ses yeux en une rivalité menaçante et doit déboucher par l'élimination de la menace supposée. L'intention du "manipulateur" est toujours de blesser en passant pour la victime. Sa cible doit se résoudre à l'ombre et souvent, seuls ceux qui s'en accommodent perdurent.

Que les êtres choisis par cette coercition perdent leur prestige: pouvoir, argent, notoriété, ils auront alors perdu tout leur attrait aux yeux du "manipulateur" qui ne pourra plus briller aux yeux du monde à travers le lien qu'il entretient avec ces êtres de pouvoir. Le manipulateur ne tardera pas à s'en détourner et à chercher une autre personne détentrice de pouvoir à manipuler. Lorsque j'étais encore baigné de l'aura du pouvoir, de l'argent et de la notoriété, j'avais été victime d'un de ces êtres manipulateurs qui m'avait aveuglé, isolé, corrompu au point de faire le vide autour de moi. Aujourd'hui je suis de l'autre côté de la barrière mais je me souviens de ce que j'ai vécu quand j'étais moi-même aveuglé et manipulé et j'éprouve une sorte de compassion pour ceux qui le sont sous mes yeux et à mes dépens.

Je suis celui qu'on tient à l'écart. Je n'ai pas de prestige, pas de pouvoir, pas d'argent, pas de notoriété. Pour le manipulateur, je ne suis pas une cible intéressante et il me maintient à l'écart de ceux qui ont pouvoir, argent et notoriété et qu'il estime lui appartenir. Mais c'est une chance inestimable. Celle de conserver mon intégrité. Je suis bien plus libre en vivant de mon talent que pris dans leur nasse délétère. C'est ce que nous avons toujours enseigné à Iola et elle ne l'a pas oublié. Mais elle doit aussi comprendre les rouages du système pour les déjouer. C'est une phase difficilement admissible, que de devoir faire partie d'un panier de crabes pour ensuite le faire évoluer en quelque chose de plus ouvert et universel, moins sectaire et autarcique. Mais je sais que ma fille a l'intelligence pour comprendre et accepter cette étape.

Le temps fait toujours son office et au final il désigne celui qui a vu clair dans le jeu de chacun. Viendra le moment où le manipulateur dévoilera son vrai visage et si trop de dégâts n'ont pas été commis, alors, les choses pourront évoluer vers la tolérance, l'ouverture d'esprit, le progrès et le vrai partage d'idées et de beauté.

Miss Hunt a choisi de me juger, cataloguer, rejeter par ce que je ne correspondais pas à sa fameuse zone de facilité. Je représente une menace larvée pour elle. Celle de faire aussi bien qu'elle et peut-être mieux. Plutôt que d'accepter qu'on puisse s'enrichir l'un et l'autre, elle préfère m'exclure, comme tous ses subalternes m’excluront. Elle perd par cette décision un possible enrichissement, une opportunité d'apprendre de moi, tout comme moi je perds ce que j'aurais appris d'elle. J'aurais pu intervenir bien entendu dans cet établissement. Les diplômes qui portent mon nom en attestent. Elle préfère ne pas essayer de lire mes intentions. Elle me juge comme l'alter avant même d'avoir essayé. Je suis celui qui vient crever sa bulle. Cette bulle qui finira par l'étouffer, ainsi que ceux qui la partagent avec elle dans une exclusivité malsaine et obsessionnelle. C'est le germe de l'hégémonie, de la dictature qui menace toute communauté, quelle que soit sa taille.

Toutes ces réflexions sur les jeux du pouvoir souvent régis par la peur de ne pas être aimé ont inspiré la mélodie que je viens d'écrire. Elle est incroyable de puissance et elle s'impose avec tellement de force ... C'en est presque lancinant. Toutes ces idées qui bouillonnent en moi et se traduisent en musique, en mélodie, en rythmes. Nous montons à l'étage, Iola me regardant d'un air toujours plus inquiet. Le second étage est génial. Plusieurs salles de musique sur la gauche et au bout du couloir un grand amphithéâtre plongeant sur quatre étages. Il doit être enterré deux niveaux sous terre, c'est que j'estime en contemplant la profondeur de la scène. Géant, démentiel... Sur son bord, vers la fosse d'orchestre, trône un piano. Je m'adresse à Miss Hunt.

- On peut visiter l'amphi ? Nous ne vous retiendrons pas davantage après Miss Hunt, promis.

Elle parait surprise qu'un parent pose une telle question. Après quelques secondes de réflexion elle finit par accepter.

- Oui, bien entendu, nous sommes très fiers de notre salle de concert. Elle a été rénovée entièrement en 1980 et elle offre une excellente acoustique.

- Je n'en doute pas Miss Hunt, je n'en doute pas...

Nous entrons dans l’hémicycle et je sens sur mes épaules le regard de Iola tandis que nous descendons les marches qui mènent à la scène. Le magnifique piano à queue trône sur la scène comme une indécente invitation. Je m'en approche tandis que Miss Hunt, m'ignorant de plus belle, converse avec ma fille. Iola a un petit sourire indéfinissable aux lèvres et il me bouleverse. C'est le sourire de sa mère quand elle venait me rejoindre dans le studio pour m'écouter jouer. J'effleure les touches d'ivoire et d'ébène? Je soupire avant de prendre place sur la banquette. Je ferme les yeux. Mes doigts se placent et je joue instinctivement la mélodie qui frappe à mes tempes.




 
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Miss Hunt était capable de beaucoup de souplesse quant l'extravagance des parents d'élèves. Après tout, son rôle n'était pas d'éduquer les parents, même si parfois, cela n'aurait pas été un luxe. Elle était là pour les élèves qu'il était encore possible de détourner de l'influence parfois déplorable de leurs aînés.

Lors des manifestations culturelles ou pédagogiques organisées au sein de Fairfax, il lui arrivait régulièrement de serrer des mains et de grignoter quelques toasts en compagnie de ces mêmes parents, parmi lesquels figuraient quelques généreux donateurs. Mais ce Monsieur Malkovitch n'en ferait jamais partie. La photocopie de sa carte d'identité, polonaise, d'ailleurs, donc pas en règle, indiquait que cet homme avait 35 ans. L'âge où l'on est en pleine ascension ou même établi.


Cet homme en était encore à compter sur la générosité d'un supposé patron. Encore sans doute un reste de cette imprégnation politique: le patron (État) pourvoie à tout, y compris l'éducation des enfants des camarades. Sauf que Daniele Ricci n'était pas l’État et que Fairfax n'avait rien d'un kolkhoze. D'ailleurs elle ne se priverait pas d’appeler Monsieur Ricci, pour vérifier les dire de cet ingénieur du son et ce serait en outre l'occasion de converser avec cet homme passionnant et de le solliciter pour les bonnes œuvres de Fairfax en lui faisant miroiter une place toute prête pour son adorable descendance.

Elisabeth Hunt en était encore à ces conjectures, quand la petite vipère se permit une percée insolente qui sidéra la Directrice. Même si la perspective d'être enfin délivrée de cette visite guidée ne pouvait que la soulager, la quinquagénaire ne put que se choquer du ton péremptoire et mature employé par cette fille de 15 ans. Des insolentes, elle en avait souvent à gérer, de même que des capricieuses, pourries gâtées. Des délurées incendiées par les hormones qui menaient par le bout du nez ces grands niais de garçons, des dépressives amoureuses de leur beau-père, elle avait tout vu.

Mais une petite mijaurée qui materne son père, endosse ses fautes et le défend bec et ongles, elle n'avait encore pas vu. La petite avait du cran. Cela ne pouvait laisser insensible, même si sa façon d'argumenter et de poser une rhétorique bien huilée aurait dû irriter fortement Miss Hunt, cela l'interpela. Cette élève avait quelque chose. Mais quoi ? Mystère. Chaque élève était différent, avec sa personnalité et ses potentiels, ce qui le rendait plus ou moins sympathique. La personnalité de Iola Malkovitch lui déplaisait fortement tout comme celle de son père. En revanche son potentiel intellectuel méritait clairement qu'on s'y penche. Peut-être qu'isolée de ce père drogué, négligé et raté, elle trouverait la force de dévoiler tout son potentiel.

Le père, quant à lui, eut un sursaut d'autorité totalement pathétique. Miss Hunt n'était pas dupe. Dans cette famille, c'était la gamine qui avait le dessus. D'ailleurs ce type en délire qui griffonnait des choses sur le dépliant de Fairfax tomba soudain en extase devant l'amphithéâtre. Comme s'il était exceptionnel qu'une High School comme Fairfax en fût pourvue. Certes la salle de spectacles avait été récemment rénovée avec les technologies dernier cri et des équipements de grande qualité, mais elle existait depuis la création de l’École. Ces pauvres hères venaient d'une contrée totalement arriérée ? Mais elle en doutait en se souvenant du pedigree du père. Il n'avait rien inventé. Il avait même oublié de mentionner un Doctorat sur les deux. Mais les diplômes de là-bas n'avaient certainement pas la même valeur.

Elle se trouvait à présent dans le parterre devant la scène où s'était joué quelques temps plus tôt Roméo et Juliette. Elle se sentait émue de ces souvenirs. Les élèves avaient vraiment donné le meilleur. L'hurluberlu qui servait de père à l'insolente créature sauta littéralement sur le piano sans demander la permission et se mit à jouer et à marteler ce pauvre piano. Pourtant la mélodie qui s'élevait avait quelques chose de fascinant, d'envoûtant, de malsain, de terriblement sombre. A coté d'elle se tenait la fille insolente et elle regardait son père avec un étrange sourire qui faisait froid dans le dos. Comme Hypnotisée, elle murmura "In sorte diaboli"

C'était du latin.

- Vous parlez le latin Miss Malkovitch.


- Je le lis et l'écris mais ne le parle qu'avec mon père.


- Qui vous l'a enseigné ?

- L'homme qui joue du piano pour vous.

Miss Hunt fut décontenancée, même si la réponse était plausible avec ce qu'elle savait du cursus étudiant du père. Elle n'aurait pas dû l'être mais elle l'était par principe. On n'obtient pas le titre de Docteur par hasard ou par chance. Il est forcément le fruit d'un travail conséquent. Mais un va nu pied tel que Ross Malko ne pouvait mériter un tel titre. C'était presque une hérésie à ses yeux.

- Quel musicien joue-t-il ? Son style est si particulier que je n'arrive pas à le déterminer.

- C'est normal. Ce n'est pas encore paru. C'est une de ses compositions. "In sorte diaboli"

Miss Hunt déglutit péniblement.

- Savez-vous qui lui a enseigné le piano ?

- Je crois qu'il a appris avec ma grand-mère les week ends et vacances quand il rentrait de l'internat... Ils avaient un piano comme celui-là ...

Miss Hunt se tut pour cacher sa perplexité. Son silence lui permit de se laisser porter par la musique, oubliant l'espace de quelques secondes le tic-tac de sa montre.

 
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Dernière édition par PNJ le Sam 16 Juin - 15:22, édité 1 fois
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Papa avait quelque chose de léonin lorsqu'il remettait ainsi les choses à leur place par sa seule façon d'être. C'était dans ces moments que mon admiration était la plus forte. Quand il remettait sur les rails une personne ou une situation qui avait dégénéré. Bien sûr, en face de lui il y avait parfois des personnes ancrées dans leur mauvaise interprétation de la situation, des personnes qui le prenaient de haut et continuaient à le faire malgré toute tentative de dialogue. Mon père pouvait être buté aussi, lorsqu'il était blessé. Mais il avait des trésors de pardon en réserve et il fallait aller très loin pour en venir à bout.

D'une certaine façon, je crois que sa famille avait épuisé cette faculté de pardon. Et en revanche quand cela se produisait, il n'y avait plus rien à espérer. Il était fâché avec mes grands parents, après avoir été d'abord brouillé avec ses grands parents paternels. Les seuls dont il me parlait volontiers étaient mes arrières grands parents du côté de ma grand mère paternelle. Cela venait souvent au cours des discussions portant sur les chevaux ou le piano. Son grand père était un grand éleveur de chevaux en Hongrie et sa grand mère une grande pianiste apparentée à Ferenc Liszt. Elle avait transmis le gène à ma grand mère et apparemment à mon Papa également.

Je n'en savais pas beaucoup sur eux, ni sur mes grands parents puisqu'ils avaient désapprouvé tout d'abord les choix professionnels de mon père puis son mariage avec Maman. Il avait brutalement coupé les ponts, ne gardant contact qu'avec son oncle directeur de presse, mon oncle Michaël, ma tante Nikkie que je n'avais que peu connus bien qu'ils fussent mes parrain et marraine. Mais je savais d'où lui venait cet amour du piano.

Je souris et les larmes me montèrent aux yeux sans que je puisse les retenir lorsque la musique s'éleva, imposant le silence même à la sévère Miss Hunt. Je me tenais sur le côté, observant ce visage que j'aimais, fier, sérieux, altier mais que je savais capable de facéties et de grimaces humoristiques. Maman disait de lui qu'il était un enfant très vieux, prisonnier dans ce grand corps d'homme. Un enfant qui avait vécu plus d'une vie mais restait malgré tout un enfant parce quelque chose l'empêchait quelque part de grandir. Une conscience différente, bien plus affûtée, de la cruauté du monde régi par les adultes ajoutait-elle. " C'est pour cela que ton papa a besoin de se réfugier dans sa musique, de se couper de tout, dans sa bulle. Ça lui permet de survivre à cette terrible conscience qu'il a des choses." me disait-elle depuis que j'étais en âge de comprendre certaines choses. Puis elle ajoutait parfois, les yeux brillants et l'air peiné: "les médecins ont dit qu'il était malade, que quelque chose n'allait pas bien dans sa tête, mais c'est faux. C'est le monde qui ne va pas bien. Et il a du mal à vivre dans ce monde malade."

C'était étrange comme pensée en y réfléchissant. Mais elle prenait tout son sens quand j'écoutais  ce nouveau morceau que je ne connaissais pas, qui semblait sortir spontanément entre ses mains, cette musique pleine de fureur et de rage, de tristesse et de regrets. Sa musique. Je me tournais légèrement pour cacher mes larmes à Miss Hunt. Je les essuyai d'un geste doux parce qu'elles me libéraient de tant de douleur accumulée. Sur les lèvres de mon père un étrange sourire s'étirait tandis qu'il jouait les yeux clos, retranché en lui-même. Puis il enchaina une plus douce mélodie mais terriblement mélancolique. Je me souvenais l'avoir entendue quand maman était encore là... In sorte Diaboli ... The Fallen Arise...

Je me laissai porter par les émotions puis Miss Hunt s'approcha de moi et prit la parole pour me chuchoter quelques questions auxquelles je répondis poliment. Elle sembla étonnée de mes réponses mais se tût finalement pour reprendre une écoute attentive. Dans le regard de cette femme dure, je crus discerner une lueur de fascination alors que les arpèges se déroulaient sous les doigts nerveux de mon père.

Le silence retomba après la dernière note et il n'y avait plus que trois êtres humains recueillis dans leur émotion. Miss Hunt se ressaisit la première en bonne professionnelle. Elle toussota avant de reprendre la parole.

- Votre fille a-t-elle hérité de votre capacité au piano ?

- Hé bien qui sait ? Répondit mon père en rouvrant les yeux. Je remarquai alors qu'il avait lui aussi retenu ses larmes. Elle en joue en tout cas... Murmura-t-il en se levant.

- Mais je préfère dessiner ... M'empressai-je d'ajouter.

- Oui  et elle a beaucoup de talent! surencherrit-il. D'ailleurs allons visiter les salles d'arts plastiques avant de laisser Miss Hunt à son rendez-vous.

 
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