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 Sounds of Anarchy (Malko)

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MessageSujet: Sounds of Anarchy (Malko)   Sounds of Anarchy (Malko) I_icon_minitimeMar 22 Mai - 16:31



Sounds of Anarchy
ft. Ross Venor Malkovich

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Je prends une nouvelle cassette dans la boite à gant et vais pour lui faire remplir le silence de la nuit qui a envahi la vieille Mustang rouillée, car les mots ne sont plus utiles, il suffit d’écouter notre musique parler à notre place, les choses sont bien plus simples ainsi. J’écoute la débauche d’instruments. Parfois je trouve ce genre de morceaux trop chargé, mais quand c’est bien fait, y’a pas à dire, ça me filerait presque des frissons. J’ai un petit sourire en coin alors que je fixe la route et cette ligne blanche qui nous mène doucement mais surement vers l’Eastside, un coin que je connais bien pour l’avoir beaucoup arpenté à mon arrivée et pour avoir squatté pas mal d’immeubles et d’appartements dans les environs. D’ailleurs, j’en reconnais un en regardant les lumières de la cité des Anges par la fenêtre ouverte depuis laquelle je viens de jeter mon mégot.


Je hume l’air frais du dehors en fermant les yeux, je m’enivre des possibles de ce voyage et du son qui résonne dans mes oreilles. Je ne sais pas combien de chansons nous avons déjà écouté, je laisse mes pensées vagabonder sur la musique, j’écoute, mais je ne décortique pas. J’ai envie de passer à autre chose, je change de cassette et insert la dernière dans le lecteur. C’est très sombre et la voix est spéciale, mais j’aime bien aussi.

Une pensée me traverse l’esprit : Sid et Deb doivent être déjà bien perchées et alcoolisées à l’heure qu’il est. Elles m’attendent peut être, mais dès qu’elles auront trouvé quelqu'un pour s’occuper, elles cesseront de m’attendre et de toute façon, elles savent faire leur vie sans moi. Je fixe Malko avec un regard plein de questions, mais une réponse me semble évidente. Les filles se débrouilleront sans moi, je dois vivre cette rencontre jusqu'au bout, ce moment, ce hasard, c’est une belle aventure, un chemin magique vers l’inconnu. Ce fameux chaos qui est effectivement pur de toute intention, bonne ou mauvaise, ce qui est vertigineusement inconcevable, pour l’être humain, effrayé par le hasard et la possibilité du néant, terrorisé par le vide et l’inaction, incapable de jouir de l’instant, de se laisser caresser simplement par le vent comme je le faisais actuellement. C’est aussi simple que ça le hasard d’une rencontre, aussi beau et simple qu’un pourquoi pas qui remplacerait un pourquoi. Mais c’est aussi complètement hors de contrôle, hors du temps et de l’espace, hors de toute évolution bénéfique ou non.

Le pouvoir chancelle, la société mute à une vitesse vertigineuse, cela ne peut rester sans conséquences, mais nous ignorons encore tout de ce que ces changements donneront à l’avenir. Il y a de quoi avoir peur, il y a aussi de quoi s’enthousiasmer, craindre et croire, mais nous ne pouvons plus avancer prudemment, la prudence n’est pas plus qu’un frein à l'inéluctable explosion des codes. Ne disons plus demain, demain peut-être, disons aujourd’hui, tout de suite, maintenant, forçons le destin, car il n’y a pas de destin, il n’y a que ce que nous lui insufflons. Les deux ou trois décennies précédentes ont libéré la puissance créatrice de l’être humain jusqu’alors murée à l'intérieur des maisons et muselée par l’homme dominant et dominateur. Libérer les femmes, c’est libérer cette puissance de vie et d’imagination, pour les femmes comme pour les hommes, ouvrir le champ des possible et aussi ouvrir le gouffre sans fond de l’inconnu mystérieux et incontrôlable. Résultat, après des siècles d’ordre patriarcal est né le désordre établi et comme Dieu n’existe pas, personne ne sait ce qui naîtra de ce chaos, l’anarchie ou la tyrannie, la liberté ou la confusion, la subversion ou le désordre ? Le rock, les rocks remplacent le classique et explosent les codes de la musique sans pour autant les oublier complètement.

__ Et toi, tu viens d’où ?

Peut-être que ma question, après ce long silence en forme d’interlude musical tombe comme un cheveu sur le bortsch, mais après tout, je lui ai livré beaucoup de choses très personnelles alors que nous nous connaissons à peine. Peut-être n’a t’il pas noté, mais en sachant d’où vient mon surnom, il peut savoir beaucoup de choses, donc c’est mon tour d’en apprendre un peu plus par sa bouche. Depuis le début, son accent et son nom que je n’arrive pas à reconstituer entièrement m’intrigue, il est donc temps de poser la question qui me brûle les lèvres. Parce que les malédictions sont des bénédictions, même si au moment où elles arrivent, on l’ignore trop souvent. On ne renonce jamais à la rébellion sans y perdre son âme, et vient le moment, tôt ou tard, de le regretter amèrement, sauf si la vie nous rappelle à l’ordre à temps, avant de nous perdre complètement.

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Ross Venor Malkovich
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MessageSujet: Re: Sounds of Anarchy (Malko)   Sounds of Anarchy (Malko) I_icon_minitimeJeu 24 Mai - 21:26



Sounds of Anarchy
ft. Meg "Delta" Tyler

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J'avais appris à composer avec le cours des choses qui ne vont pas toujours à la vitesse de ma pensée, de ma perception. Depuis mon plus jeune âge, j'avais dû me freiner et dompter mes ardeurs. C'est chose commune pourrait-on penser, pour l'homme. Freiner ses instincts, surtout les plus primaires, ceux liés aux hormones, par exemple. La frénésie de copuler, de s'accoupler ou même de chercher à s'apparier comme si seul on ne pouvait exister aux yeux des autres par sa seule valeur humaine et intrinsèque.


Comme si une vie se résumait à être d'abord fille ou fils de, puis époux/mec ou épouse/nana de, et enfin père/mère de X ou Y. Cela m'avait toujours paru terriblement réducteur. Donc je n'ai jamais eu à refréner cette envie de baiser ou de m'accoupler ou de m'asseoir socialement avec famille, chien, tondeuse à gazon et chalet d'été. Non, ce que je devais retenir c'était ce flot de musique qui m'accompagnait dans chacune de mes émotions. Tous les enfants ont joué aux chevaliers, ou aux cow-boys et aux indiens et là ils entendaient une sorte de musique dans leur tête et la chantaient « tanttanttant ! » .


Sauf que moi c'était en permanence et je ne savais même pas quand ça avait commencé. La musique s'arrêtait quand je m'endormais et encore pas toujours parce que parfois elle me réveillait pour s'imposer et il fallait que je joue dans les minutes qui suivaient. Ça rendait mes parents totalement dingues. La musique me suivait absolument partout, quand je courrais pour attraper un bus que je manquais de peu, quand j'embrassais une fille sous une arcade, quand je pétais le nez à un camarade de collège qui m'avait traité de pédale parce que je chantais dans les aigus avec mon groupe.


J'avais d'ailleurs compris quelques années plus tard, grâce au premier homme qui m'a aimé, que c'était tout aussi con de se vexer d'être traité d'homosexuel et de péter le nez à celui qui le disait que d'utiliser ce genre de terme. Le mieux était de composer avec les cons et les vicissitudes qu'ils génèrent."Tu es compositeur, Jaros, mais apprends déjà à composer avec la vie et la connerie de nos congénères" me disait Piotr. "Si tu y arrives et que tu t'en libères alors tu vas composer de putains de symphonies, ça sera bien plus destroy que le plus destroy des rocks."


Piotr avait une théorie selon laquelle les meilleurs compositeurs classiques étaient les metalleux de leur époque et qu'inversement les metalleux de notre époque étaient les seuls qui laisseraient une trace musicale intemporelle et durable dans le troisième millénaire. Piotr était aussi perché en rhétorique que moi et on passait bien plus de temps à s'affronter en débats nocturnes qu'en ébats charnels. Les rares que nous avions eu m'avaient laissé un goût d'inachevé assez inexplicable et lui avaient occasionné le pire des dépits. Dans ces moments il me disait avec amertume "comment on peut être aussi génial dans sa tête, aussi désirable et aussi résolument hétéro dans ses couilles ? Je suis peut-être pas l'homme de ta vie, en fait ! …" Je lui répondais invariablement que c'était plutôt moi qui ne pouvait être l'homme de personne. "Je suis marié à la musique" C'était ma seule ligne de défense. Un peu maigre comme plaidoyer face à une amant que m'enviaient autant de femmes que d'hommes.


Petit à petit j'avais appris à élever des barrières et à me créer des sas "sans musique dans ma tête", ce qui me demandait un effort considérable de socialisation. Prendre un verre avec des amis, sans se laisser envahir par la petite mélodie qui galopait entre mes deux oreilles ou même avoir un rendez-vous galant, relevait d'un conditionnement psychologique drastique et militaire. Ma cure d'électrochocs subie à l'âge de quinze ans avait atténué le phénomène mais sans le supprimer totalement, même si je faisais croire le contraire pour m'éviter un autre internement.


Puis j'avais croisé Irina et les règles qui régissaient l'empire de mes sens avaient volé en éclat. « Elle » était ma symphonie, la première achevée. D'autres avaient suivi avec de longs intermèdes de plénitude et de silence qui me permettaient de jouer, composer, être homme et père tout à la fois. Je n'avais plus besoin de bâtir des cloisons entre mon art ceux que j'aimais. Parfois quelques bugs surgissaient, inexpliqués, un besoin incontrôlable de m'isoler, de me couper du monde. Ces crises de panique étaient toujours précédées de malaises que je dissimulais, toujours par peur d'être à nouveau interné. Mon médecin me proposait un examen neurologique chaque fois, et chaque fois je glissai l'ordonnance dans un tiroir sans y donner suite. Irina et Iola étaient mon cap, la lumière dans les ténèbres. Avec elles, rien ne pouvait m'arriver...


Depuis plus de deux ans, il me fallait composer sans elle, sans cet amour qui m'empêchait de vaciller et de renoncer, chaque matin. Je devais rééquilibrer chaque jour ce sentiment de vide et ne pas faire peser sur ma fille cette rage qui me déchirait les entrailles. La musique restait le seul exutoire et depuis quelque temps, elle avait entrepris une reconquête du vide laissé par Irina.


J'avais appris, oui, à composer avec le temps et les attentes. Et pourtant ce soir, au pied d'un immeuble appartenant à mon Boss, j'avais oublié la patience, je trouvais le temps long. Bien entendu la musique me tenait compagnie comme toujours. Je n'étais jamais totalement seul. Elle serait toujours là dans ma tête pour me consoler. Mais là, elle se montrait peu charitable, galopant en mélodies endiablées, en envolées passionnées et me soufflant des paroles totalement hors de propos qui auraient sans doute fait hurler de rire celle que j'attendais. Allongé sur le capot de la Mustang encore chaud, je griffonnais sur le papier toutes ces offensives émotionnelles, noircissant plusieurs pages de mon carnet.


Puis je pris mon dictaphone pour chanter a capela les rimes qui me venaient. Bon, il me fallut bien dix minutes avant que l'ouragan musical et débauché se calme pour laisser ma voix s'exprimer. Tantôt rageuse, tantôt couverte par l'ouragan musical, tantôt s'envolant tel un oiseau au dessus des crêtes de guitare. Puis dans certaines parties qui s'écrivaient purement dans ma tête je redevenais instrumentiste et mimai tant pour le gestuel que l'audio, la batterie, le pont rythmique, le solo, les violons, les cuivres, les percussions. Il y avait toujours une voix de fille dans mes musiques mais je n'en parlais pas, même si souvent elle était magnifique dans mes délires. Jamais une fille ne voudrait chanter ça avec un groupe. C'était pas à la mode et puis il fallait avaler ses amygdales. Bref ici à Los Angeles, c'était totalement alien.
Spoiler:


Quand j'eus terminé, je notai et soulignai de deux traits le titre de la chanson en contemplant le ciel étoilé au dessus de ma tête. « Stardust » cette chanson se nommerait ainsi, et elle ferait partie d'un tout qui était encore en gestation dans ma tête et mes tripes.


Je me redressai et extirpai une cigarette de mon paquet, puis l'allumai avant de retomber sur le dos, vautré sur ma bagnole. C'est alors que je la vis, plantée devant le capot. Elle avait troqué son petit short sexy contre un jean qui avait du vécu. Je me relevai d'un bond et la contemplai beaucoup trop longtemps pour que cela puisse paraître naturel et décontracté. Puis je rengainai l'enregistreur dans la poche de ma vieille veste en jean et lui ouvris la portière en silence, hormis un solennel :


- Le carrosse de Mademoiselle est avancé.


Je pris place derrière mon volant en me demandant ce qu'elle avait bien pu surprendre. Un mec totalement en délire sur son capot, qui chantait/gueulait à la lune. Ou alors rien. J'avais chanté en voix claire et je savais que parfois elle s'envolait un peu trop vers le lyrique. J'avais toujours eu cette voix de tête qui tirait des larmes à ma sœur et laissait béantes les bouches de ma fille et de sa mère. Et quand je chantais comme ça, j'avais toujours le sourire aux lèvres. Irina lui avait donné un nom à cette voix. Un nom que je détestais car il allait profondément à l'encontre de tout ce que je pensais ressentir.


Delta plongea la main dans la boîte à gants et, si au début de la seconde étape du voyage nous écoutions précisément cette voix, elle tira ensuite la fameuse cassette redoutée. Je tirai une bouffée sur ma cigarette en affichant un sourire pensif qui me ramenait aux derniers mots qu'on avait échangés. "La fille Mustang". Tu parles que cela lui aurait bien été. Je n'osais pas la regarder, tant sa silhouette campée devant ma bagnole, les mains sur les hanches, son sac jeté sur l'épaule, alors que j'étais moi, allongé sur le capot en plein trip créatif, donc plus vulnérable que jamais, s'était imprimée sur ma rétine comme une sérigraphie de Warhol. Une image rétinienne qui se déclinait à l'infini tandis que nous dévorions la nuit et les kilomètres.


Si désirable et pourtant dangereuse. Bordel, cette silhouette fragile et campée à la fois, elle prenait par surprise un homme anesthésié par la douleur. Comment pouvais-je éprouver ce que j'éprouvais, si ce n'est parce que j'avais été pris au dépourvu?  Quel argumentaire mirifique ! Je me morigénais en silence parce que, putain! je détestais me sentir aussi vulnérable. Être touché autant, en dehors du spectre artistique, ma gestion mentale ne l'avait pas anticipé.


Je n'en étais plus à un naufrage près, mais j'avais un moussaillon à bord. Pour lui, je devais garder le cap et survivre. J'étais un rescapé accroché à un pauvre radeau, au milieu d'un océan de ténèbres. Y inviter Delta pouvait s'apparenter à de l'égoïsme pur. Mais il y avait cette étincelle dans son regard quand elle écoutait ma folie. Même la plus noire. Le silence s'était naturellement imposé tandis que ma voix d'ange avait cédé la place au blasphème et à l’irrévérence, au voyeurisme à la limite du pornographique. Cette autre voix avait détourné plus d'un être en la compagnie duquel je me plaisais. Peut-être la ferait-elle fuir, sinon ce soir, dans quelques jours ou semaines ?


Pourtant j'avais envie de laisser les choses se faire. Bien sûr je n'oubliais pas Iola. Aucun parent ne peut oublier son enfant, parce qu'on ne mesure qu'après lui avoir donné vie, le pari fou qu'on a tenté. Mais ce soir, j'avais envie de m'oublier un peu. Ma fille  était à Fairfax, elle venait d'intégrer l'internat et je savais que Miss Hunt l'avait à l’œil . Elle avait mille codes et sollicitations à prendre en compte. Demain je l'appellerai pour lui dire qu'elle pouvait me joindre quand elle voulait pour toute question.

Et puis je n’oubliais pas ma situation de migrant même si j'avais du mal à la dégainer comme ça à la première rencontre. Je n'avais pas de mécène. Contrairement à Delta, Daniele n'était pas mon mécène. Non. C'était celui qui me donnait un job et dont le nom m'avait permis d'appuyer la candidature de Iola à Fairfax, même si j'y avais été un peu au bluff sur le coup. Mais ça s'arrêtait là. Et c'était déjà énorme pour l'expatrié que j'étais. J'étais redevable à ce type et peut-être que cela se jouerait dans dix ans ou demain. Ils ignoraient en Amérique, ce qu'était une dette d'honneur pour un Européen et surtout pour un Magyar, mais j'étais prêt à parier que le manager qui m'avait engagé le savait, lui.

Mais ce soir, comme aux temps inénarrables de Zagiel, j'avais envie, à l'exception de ma fille, de tous les envoyer se faire foutre.


Ce soir, je voulais juste penser à ... cette incroyable rencontre. Mon attention revint à Delta. Elle était étonnamment silencieuse et je n'osais briser un silence que je sentais tout en connivence.  A moins que ... Le doute revenait, perfide, insidieux. Soit elle me prenait pour un grand con pédant, soit elle percevait ce déchirement en moi, cette volonté d'accorder les musiques que j'aimais entre elles.


Tandis que nous filions à travers East Side, je sentais la honte s'évanouir. Ce n'était pas dans un deux pièces miteux que je l'invitais à entrer, mais dans mes rêves et mes cauchemars. Leurs limites s'inscrivaient dans l'infini et n'auraient de frontières que notre volonté. Je n'avais aucune fortune, aucun bien, contrairement à celui qui l'hébergeait, mais une imagination infinie et la virtuosité d'un musicien aguerri couplées à une rage incommensurable.

Alors que nous arrivions presque à destination, elle posa la question fatidique. Celle qui m'obligerait à raconter la fin de ma vie telle que je l'avais rêvée. Ce n'était pas forcément ce que nous avions envie d'évoquer elle et moi à l'instant présent. Alors que je garais mon épave dans l'emplacement que les petits caïds du coin m'avaient octroyé, je ne trouvai que cette réponse débile à fournir:

- De derrière le rideau ....


Je faillis ajouter "et derrière j'y ai laissé le corps de ma femme " mais, hormis le fait que cela n'était pas la meilleure approche de socialisation, aucun mot ne parvint à franchir mes lèvres si ce n'est "on est arrivés".

Parce que j'avais enfin posé mes yeux sur les siens, je pris la mesure de ce qu'elle s'infligeait. Je savais ce que je voyais comme dépendance dans ce regard. Je la connaissais trop bien ... Malgré les souvenirs réactivés, je savais d'expérience qu'une entrée en matière frontale à ce sujet m’exclurait de son horizon. Aussi je ne fis aucune remarque et me penchai vers elle pour attraper les cassettes qui trainaient dans la boite à gants, certaines encore pas découvertes. Je me tournai et attrapai sur la banquette arrière un vieux sac en toile kaki et les glissai dedans avec le matériel de sono que j’avais acheté d'occase dans un magasin.

Le silence devint pesant. Mais je lançai comme une balise cette question:

- Tu as entendu parler de Frida Kahlo? Je suis presque certain qu'elle te plairait ... Il y a une expo d'elle et de Diego Rievera à Hollywood, je pensais aller faire un tour. Si tu veux, on pourra y aller ensemble ?


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MessageSujet: Re: Sounds of Anarchy (Malko)   Sounds of Anarchy (Malko) I_icon_minitimeMer 27 Juin - 10:49



Sounds of Anarchy
ft. Ross Venor Malkovich

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“Derrière le rideau”, je pense d’abord que c’est une blague d’artiste que je ne comprends pas, probablement un truc avec la scène, le rideau de la scène d’un théâtre, oui, ça doit être ça. Je vais pour rire un peu, histoire de donner le change. Je vois pas vraiment ce qu’il y a de drôle, mais Malko, en tant qu’artiste, il vient bien de derrière le rideau, avec tout le courage que cela implique de monter sur les planches. Étrange que je veuille donner le change, généralement si je ne trouve pas ça drôle, je ne rigole pas, je suis pas du genre à faire semblant, non par provoc’, comme certains peuvent le penser, mais juste parce que ça n’a pas de sens pour moi de suivre la pensée commune sous prétexte que c’est la plus largement partagée. Le monde entier fait de la merde et il faudrait faire comme tout le monde parce que c’est la norme. Mais voilà, je rigole niaisement, je peux pas résister contre ce petit rire de cheerleader qui sort de ma bouche - hum… mon ego en prend un coup, j’ai presque envie de me vomir moi même, mais ça passera. J’aime bien ce mec, je veux pas le vexer, peut-être même que je veux paraître plus intelligente que je ne le suis, que je veux pas passer pour la reloue de service, ce qui arrive assez souvent, faut dire, ce qui n’est pas toujours facile à assumer. J’aimerais tant parfois être normale.

Puis soudain, je me rends compte de mon erreur d'interprétation. Mes yeux s'illuminent, lorsque tous les éléments s'imbriquent pour engendrer un ensemble cohérent. L’accent, le nom imprononçable, tant d’autres indices indiquant qu’il n’est pas d’ici, pas de L.A., pas même des U.S.A. il veut dire : derrière le rideau de Fer. Mon esprit qui n’a connu que les champs de maïs, la route 66 et la cité des anges, pense que l’immensité de l'Amérique est bien suffisante pour voyager. L’U.R.S.S. pour moi, c’est pas l’autre bout du monde, c’est carrément une autre planète. Je suis surprise et en même temps, tout s'éclaire ; curieuse et en même temps désolée car sa gorge semble se serrer à la fin de sa phrase. Je ne sais pas pourquoi il est parti ni ce qu’il a laissé là-bas, mais j'ai l’impression que c’est douloureux. Je laisse échapper une injure en guise de réponse pleine de questions et d’une certaine admiration naïve pour le communisme.

__ Putain de merde !

Nos yeux se confondent alors. Je ne sais pas exactement pourquoi, je sens qu'il n’a pas envie de parler de sa vie d’avant. Je crois que c'est de là que vient sa plus grande blessure, tout comme moi. Avant n’existe plus. Je n'insiste pas. Une autre fois peut être qu’il me racontera, ou peut être pas. C’est pas que je m’en fiche, je veux simplement pas violer son jardin secret avec mes questions intimes alors qu’on se connaît à peine. Ça aussi, les autres ne comprennent majoritairement pas pourquoi je ne pose pas de questions personnelles, pourquoi je ne prends pas les perches qu’on me tends parfois. J’estime que si quelqu'un veut se confier à moi, je ne dois pas lui en demander plus qu’il n’a envie de me livrer, par respect.

De ce que j’en sais, l’U.R.S.S., le marxisme, le léninisme, ça a l’air sympa, c’est proche de ma vision de ce que le monde devrait être, de ce qu’il pourrait-être si les notions de pouvoir et d’argent disparaissaient. Mais d’aucun disent que c’est un régime totalitaire avec toutes les dérives qu’on peut imaginer, ou même celles qu’on ne peut pas imaginer. Je ne saurais démêler le vrai du faux avec le peu de connaissances que je possède sur la question, j’imagine un monde idyllique et les mensonges éhontés de l'intégrisme économique capitaliste et patriarcal de l’occident pour salir le régime de la coopération, mais je sais que je me fais des illusions, hélas. Un jour peut-être, il pourra me raconter et alors je saurais ce qu’il en est, mais suis-je seulement prête à voir mon rêve s’effondrer et ma foi en l’être humain avec ?

Le regard qu’il me lance me fait fondre. Il est brisé, moi aussi. Peut être est-ce pour ça que nous nous comprenons si bien. J’ai une furieuse envie de l’embrasser, voir de faire l’amour avec lui, ici et maintenant.
J’ai entrouvert la bouche ?! Je crois que j’ai entrouvert la bouche ! Si si, juste avant qu’il ne se penche pour prendre les cassettes dans la boite à gant. N’importe quoi ! Delta ! Allô Houston, on a un problème ! Le commandant de bord ne réponds plus… nan mais sérieux ! Sérieux ?
Je ferme la bouche. Ce sera pas la première fois que je couche avec quelqu'un suite à une rencontre fortuite. Je suis mon instinct sans me poser de question. Mais là, ce qui me choque, c’est la brutalité de la révélation. Il y a encore dix secondes, je ne ressentais pour Ross qu’une vive connivence, une amitié naissante, un truc puissant mais strictement platonique. En un regard, trois mots, le trémolo dans sa voix, j’ai basculé dans le désir ardent. Je souris à la nuit qui s’annonce, j’hume l'air frais et écoute le silence relatif de la ville. Wait and see…

J’ouvre la portière pour descendre quand Malko me propose une expo. Je dois avouer que les musées, c’est pas trop mon truc.

__ Je connais pas.

Ma culture générale est proche du néant, je connais mieux les cantiques des nonnes que le monde réel, je découvre, comme une enfant découvre la vie, sauf que moi, j’ai 19 ans et l’impression d’avoir été prisonnière d’une bande d’aliens encapuchonnés bien trop longtemps. Je me ferais un plaisir d’oublier les cantiques qui me hantent malgré moi pour m’ouvrir à d’autre horizons et y’a un truc qui me dit qu’avec Malko pour guide, je ne serais pas déçue du voyage. Je souris.

__ Pourquoi pas… Avec plaisir.

Oui, carrément avec plaisir, avec joie, mais on invite pas parcimonie, cette rabat-joie fait toujours chier. Je le regarde avec un sourir niais pendant une seconde, puis j’attrappe mon sac et sors de la caisse. Est-ce que je suis totalement dingue de suivre un inconnu chez lui au milieu de la nuit ? Oui, mais c’est pas la première fois, d’une part, c’est même une habitude en vrai, c’est souvent comme ça que je rencontre des gens, que je m’attire des emmerde aussi, mais le plus souvent, c’est carrément cool et j’aime cet état d’esprit, je fonce sans me poser de question. Et puis je suis armée, en cas de problème, je sais quoi faire. Est-ce que c’est une invitation au sexe ? Je dis pas non, mais pas oui non plus, pour moi, pour le moment, c’est juste une invitation à discuter, même si je sais que certains pensent que si une fille vient chez toi elle est plus ou moins obligée de passer à la casserole, par principe. Heureusement pour ma pomme et pour l'humanité, tout le monde ne pense pas comme ça et moi, je me sens jamais obligée de rien. Quoi qu’il en soit, si je suis dingue, Malko est pas mieux, la preuve, il a accepté de m’inviter.



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