Cinquantes heures de route, douze arrêt à la pompe, et plusieurs litres de café avait été nécessaires pour rallier L.A. Traverser trois fuseaux horaire, pour se retrouver dans un appartement à peine meublé, exposé à l'Interstate 10, la bruyante autoroute Est-Ouest. Le matelas neuf préalablement installé était donc apparu comme une bénédiction à Thomas, ayant décidé d'entamer une longue nuit, après avoir mis en place les quelques éléments indispensable à sa nouvelle tâche. Ayant branché téléphone et radio, et installé une machine à écrire sur la seule table donnant sur la rue, il rejoint son "lit", et tenta de rattraper son retard accumulé sur le sommeil.

Sans succès. Un coup de téléphone mit un terme à ses espoirs de repos. Levant péniblement son bras pour lire l'heure sur sa montre, il attrapa ensuite l'appareil, avant de se présenter d'une voix pâteuse :

"-Mhhallo...
-Stewart ? Patterson à l'appareil
-Patters...Vous êtes matinal, monsieur
-C'est vous qui êtes en retard. Il est huit heures à Newark, et vous devez respecter les horaires de votre bureau d'origine.
-J'y compterais...Pourquoi cet appel ?
-J'ai les coordonnées de votre contact. Il est sensé être au courant, mais vous connaissez ces gens de l'Ouest, l'information circule comme elle le peut.
-Sans doute, Patterson.
-Bref. Vous devez rencontrer un certain Keller, Jordan. un flic lambda, mais qui devrait pouvoir vous aider...Vous ferez connaissance. allez au commissariat le plus tôt possible, le type est souvent de nuit, il se peut que vous le croisiez ce matin, dans le cas ou vous arrêteriez de profiter des heures de travail pour dormir.
-Ca n'arrivera plus...
-j'y compte bien, Stewart. Bonne chance"

l'appel fut coupé à l'autre bout de la ligne. "Vieux con...", pensa Thomas, en se levant pour aller chercher dans un sac olive des vetêments plus adapté à la côte Ouest. En passant sa ceinture, il en profita pour observer les facades des immeubles lui faisant face, à peine éclairés par la lumière du matin. Peu nombreuses étaient les fenêtres allumés, et il en conclut que Los Angeles dormait encore. Un T shirt enfilé, et ayant pris badge, portefeuille et carnet dans sa veste, il descendit dans la rue, et se mit au volant de sa voiture, dont la banquette arrière étaient encore pleine de sacs, valises, et divers contenant à boisson, où se mélangeait café et soda divers, signe de la lente agonie de son système digestif durant ces six milles kilomètres. Il prit la direction du commissariat, et une fois arrivé, se rendit à l'accueil, le nom "Keller" en tête. A quoi ressemblait le type ? Il allait bientôt être fixé...

Il nous restait un peu plus d'une heure à tirer avant la fin de ces douze heures de nuit, quand nous sommes rentrés avec notre véhicule de service dans le parking du commissariat. Conrad et moi, on était encore entrain de rigoler de notre dernière intervention : une belette qu'un gars, complètement flippé, avait trouvé en plein centre-ville, nous signalant que c'était « un animal qu'on avait jamais vu ici ! »... Bien évidemment, on y était allé, prenant la chose au sérieux, pensant à un serpent venimeux, un alligator ou une autre bestiole potentiellement dangereuse et qui n'étaient pas si rares que ça à L.A.

Soit, l'histoire de la belette réglée, on était rentrés, pensant que c'était bon pour cette nuit. Au pire, on aurait encore l'un ou l'autre appel, au mieux, on allait pouvoir rentrer siroter du café jusqu'à la fin du shift.

Et c'est donc en rigolant qu'on arriva dans la salle de briefing où deux autres des équipes de nuit étaient entrain de ronfler dans les fauteuils devant la télé qui tournait pour que dalle. Mais ça n'allait pas durer : les deux insomniaques du team était rentrés et on entendit clairement grogner et râler l'un des dormeurs. Bah... Après tout, ils étaient pas là pour dormir, en théorie.

Je servis du café qui venait d'être fraîchement fait, probablement par l'un des gars qui s'était ensuite endormi dans le divan. Tant pis pour lui, il aurait qu'à en refaire. Conrad attira alors mon attention et me désigna la bouteille de tabasco sur la table. Je souris et après nous avoir servis deux bonnes tasses de café, je versai un bon trait de tabasco dans la cafetière. Conrad était jamais sur une connerie dans le genre... Et puis c'était marrant, ça n'avait jamais rien de méchant. On faisait bien pire comme blague à l'armée.

Et donc, ni vu, ni connu, nos tasses en main, on décida de laisser les autres roupiller tranquille et d'aller trouver le seul gars dans ce commissariat qui devait être aussi insomniaque que nous : Karl, du dispatching. C'était lui qui recevait tous les appels, pendant toute la nuit, et qui donnait les informations aux équipes. Et comme il était installé dans le bureau de l'accueil, il était aussi en première ligne pour recevoir les informations venant des gradés. Mais cette nuit, y avait pas de gradé. Et pas de gradé signifie pas de problème.

On salua ce bon vieux Karl bedonnant et nous laissâmes tomber en même temps dans le fauteuil (ouais, on lésinait pas en fauteuils chez nous. Fallait dire que même à L.A., parfois, c'était calme). Je m'adressai à la grosse bouille rieuse de Karl.

-Hey. Rien de neuf ?

Il se mit à rire.

-Oh non, gamin ! Sans les chefs, on est relativement tranquille et c'est pas pour ça qu'on fait pas tourner le bazar ! Désolé, j'ai pas su vous mettre sur le meurtre de tantôt parce que les feds ont sauté dessus comme des mouches sur un caca!

Conrad lui fit signe que c'était pas grave pendant que je buvais une gorgée de café.

-T'inquiète, on a eu à s'occuper d'une bête sauvage ! Tu n'imagines même pas !

Il allait expliquer toute cette histoire de dingue quand notre attention fut, en même temps, attirée par le bruit de quelqu'un qui frappe sur une vitre. Si nous deux on était pas un vrai binôme, personne ne l'était...

Soit, un gars en jeans et en simple t-shirt, l'air relativement propre, frappait à la porte vitrée de l'entrée du commissariat, l'entrée des visiteur ou pour les gens qui voulaient porter plainte, vu que nous, on rentrait par le parking. Le truc qui me turlupinait, c'était que ce gars ne faisait pas partie des clodos, des femmes à la tronche défoncée par leur mari, des junkies ou encore des touristes à qui on avait volé la bagnole... Je me tournai vers Karl. On avait aucun scrupule à faire mariner un peu les gens, des fois... Surtout quand ils avaient l'air pressé...

-Hey... t'as pas encore ouvert l'accueil, gros ?

-Baaah hey, il est pas encore l'heure, morpion !

Je me levai donc et allai ouvrir à ce gars là... Un jeune gars...

-Bonjour... On peut vous aider?

Il me restait encore, de temps en temps, un zeste de politesse... Surtout quand je savais pas encore à qui j'avais à faire. Conrad s'était levé lui aussi et se tenait légèrement en retrait, prêt à tout.

Thomas regarda sa montre. 5h20. Patterson avait raison, des flics travaillait bien de nuit. des néons illuminaient l'intérieur du corridor, laissant filtrer de la lumière vers l’extérieur. La façade grise, décrépie, avec son drapeau sale flottant dans la brise du matin. En lettre rouges, "To Protect And To Serve", pointe de morale dans une ville qui en semblait dénuée.

Ayant remarqué une paire de silhouette à l'intérieur, il prit l'initiative de frapper à la porte vitrée, apparemment lavées de ses graffitis de nombreuses fois, vu l'allure fatiguée du verre. Du mouvement à l'intérieur répondit à son appel. "C'est déjà ça de pris", rassuré à l'idée d'avoir un interlocuteur. Ses bureaux à lui étaient déserts la nuit, leurs occupants trop affairés à se prendre des jets de briques et de pissotières depuis les toits des ghettos.
Bien que persuadé que ceux à l'intérieur l'avaient remarqué, personne ne semblait prendre la direction de la porte. "tradition locale,"pensa t-il, avant de s'accoler à un mur recouvert d'affiche et de publicités douteuses. En attendant que le L.A.P.D lui ouvre, il jeta un coup d’œil à ces images criardes, la plupart déchirée, mais dont certaines, encore intacte, présentait différentes "formations musicales". "La scène locale...jamais entendu parler de celui là. Celui ci non plus...".plus qu'incertain sur ses prochaines soirées, et déterminer à éviter le lavage de cerveau imposé par la télévision, il arracha soigneusement le bas de plusieurs affiches, résumant dates et lieux des prochains concerts. Une ombre bougea à l'intérieur, et commença à marcher vers la porte. Rangeant ses trouvailles dans une de ses poches, il attendit que la porte s'ouvre.

Le type qui lui ouvrit était à peine plus grand que lui, mais partageait une situation commune : lui aussi avait un visage d'individu ayant très peu profité de sa nuit, et cependant, dégageait une impression de calme assez rare chez les policiers travaillant de nuit.

-Bonjour...Je cherche un officier "Keller", qui est supposé travailler ici. Vous pourrez peut être me renseigner ? les infos viennent de loin. 

Vu de près, le jeune gars était peut-être fraîchement habillé, mais il n'en avait pas moins l'air fatigué comme s'il avait bossé toute la nuit comme nous. Des cernes temporaires marquaient légèrement son visage, et il avait bel et bien l'air lessivé. Mais aucun doute que bien reposé, le gars n'avait pas un visage marqué comme le nôtre à Conrad et à moi. Pas un militaire, donc, ou du moins, il n'avait pas fait partie d'une section envoyée au Vietnam. Il avait plutôt l'air d'un gars qui se maintenait en forme, mais pas par le travail, plutôt par loisir.

Je fonçai les sourcils quand il demanda à me voir. Pourquoi moi ? J'étais un flic lambda et je ne me rappelais pas avoir déjà vu ce gars-là lors d'une intervention. Il avait piqué ma curiosité, mais je restait aussi méfiant. Vu que les gradés n'avaient fait passé aucune info (pour ne pas dire « comme d'habitude ») je ne me doutais pas que ça puisse avoir quelque chose à voir avec une quelconque mission.

-Je suis Jordan Keller. Vous voulez quoi ?

Accent « bourrin » du Nevada que je ne pouvais pas renier... Le fait qu'un gars connaisse mon nom et que je ne connaisse pas le sien en retour me rendait extrêmement perplexe et méfiant. Mais cette parano, je l'avais ramenée avec moi de la jungle vietnamienne.

Conrad me posa une main sur l'épaule pour attirer mon attention.

-Et si on allait parler dehors en fumant une clope.

Je hochai la tête. C'était une bonne idée. La clope détendrait l'atmosphère et si ça devait déconner, on aurait plus de place dehors pour se battre qu'à l'intérieur. Je fis signe au jeune gars de sortir en premier puisqu'il n'avait qu'à faire demi-tour. Puis je fis un signe à Karl pour attirer son attention et pour qu'il garde un œil sur ce qui se passait dehors. Beaucoup d'autres flics ne se seraient pas plus stressé que ça au vu de la situation. Mais Conrad et moi, avant d'être des flics, on restait des militaires.

Une fois dehors, j'allumai ma clope, en même temps que Conrad puis tendis mon paquet à l'inconnu.

-C'est quoi votre nom, déjà ? Et d'où vous sortez ?

On avait une façon de parler un peu rude, un peu « rentre dedans », mais on était la plupart du temps sur le terrain et pour finir, la ville nous façonnait à l'instar de ses habitants les plus violents, puisque c'était toujours à eux qu'on avait à faire.

Du premier coup ? Incroyable. Le "Keller" ainsi découvert était donc bel et bien un policer de nuit, et semblait effectivement habitué à côtoyer des personnalités nocturnes assez variée. Semblant assez surpris de se reconnaître et d'être sollicité par un inconnu, T. justifia sa venue;

"-Rien qui vous implique directement, rassurez vous. Je suppose que on peut parler sans risques ?

L'aspect "secret" de sa venue semblait plaire moyennement au type. La situation assez étrange entre deux individus ne sachant rien de l'autre, fut interrompue par le collègue de Keller, entraînant le groupe à l'extérieur. Revenu devant le porche du commissariat, le groupe des trois hommes étaient maintenant isolé, dans une ruelle désertée. Des cigarettes et briquet sortaient des poches, et les deux flics de L.A avaient un air de vieux couple, chacun se connaissant parfaitement, et partageant un univers commun, inaccessible au visiteur. Ayant compris qu'il serait impossible de parler seulement à l'un d'eux, et que l'autre serait de toute façon aussi stoïque que son partenaire, il se sentit suffisamment en confiance pour justifier sa venue.

- Thomas Stewart. Je travaille normalement à Camden, dans le New Jersey, mais ma nouvelle affectation m'a envoyé ici...je suis supposé collecter des informations sur les milieux "souterrains" de L.A, qui pourraient servir dans l'étude d'une possible pandémie

Il marqua une pause, devant l'air dubitatif de ses deux interlocuteurs. Il sortit de sa poche son badge, accompagnée d'une feuille tamponnée par l'administration de la santé.

-Selon ce qu'on en sait, ce truc se propage dans à peu près tout les contacts qu'on peut avoir avec un humain, du même sexe ou non. Sperme, sang, seringues, tout y passe...Et c'est là que vous intervenez. Connaissant la réputation de Los Angeles, et la votre, les huiles ont pensé que vous seriez le plus à même de faire les liens nécessaires.

Quelle réputation ? Thomas n'en avait aucune idée. Il ne faisait que répéter la justification du Bureau, sans vraiment rien savoir du personnage qui se trouvait en face de lui. Psychopathe ultra-violent ? Cocaïnomane gênant mais efficace ? Analyste capable de faire tout les rapprochements possibles ? Il serait bientôt fixé.

Je n'aimais pas beaucoup l'aspect formel de ce gars. Il paraissait beaucoup trop sérieux pour L.A. Et beaucoup trop froid pour être un flic en uniforme. Et pourtant sa premère phrase après que je me soit présenter me faisait bel et bien penser que c'était un genre de flic. Mais il y avait tellement de « genre de flics » différents... Il fallait que je sache où il se situait, à quoi il servait. Bref, que j'inclus ce mec dans mes nombreux repères, que je puisse le ranger dans une case.

A l'armée, c'était beaucoup plus facile. Il n'y avait que deux cases à remplir : ami ou ennemi. Et le traitement des uns ou des autres était assez simple. Dans la police, au retour de la guerre, tout ça s'était passablement compliqué.

Je soufflai la première bouffée de ma clope quand il demanda si on pouvait parler sans risque. Je souris, moqueur, et Conrad poussa le vice jusqu'à rigoler. La rue était déserte, ce n'était pas comme s'il était très tôt, que les gens avaient fini de faire la fête dans tout L.A. et qu'on était juste devant le commissariat (et donc pas vraiment le genre d'endroit où des petits merdeux se réunissent). Mais ce fut quand même moi qui pris la parole. Par contre, c'était tout à l'honneur de l'inconnu d'avoir bien compris d'emblée qu'il ne pourrait pas me parler sans se coltiner aussi Conrad.

-Hey... Je suis flic, pas agent de la CIA... Cause.

Le ton du gars, qui fini quand même par se présenter comme étant Thomas Stewart, laissait entendre qu'il allait nous confier des informations top secrète. Et j'en étais à me dire qu'en fait, ce mec n'était pas du tout un flic mais juste un gars qui CROYAIT qu'il était flic.

L'homme venait du New-Jersey, ce qui expliquait pourquoi Conrad et moi, on sentait bien qu'il n'était pas d'ici. Sans compter l'accent, évidemment. Bien sûr, je n'étais pas originaire d'ici non plus. Mais j'étais ici depuis trop longtemps et L.A. m'avait déjà absorbé et formaté à son image.

Et en plus... Ce gars venait annoncer l'apocalypse...

Je regardai Conrad qui avait ouvert la bouche, certainement pour sortir une réflexion bien cinglante sur laquelle je m'apprêtais déjà à faire dégager ce type. Quand il me tendit un papier officiel qui fit instantanément claquer la mâchoire de mon binôme quand il ferma la bouche. Je mis ma clope dans la mienne pour pouvoir saisir le papier à deux mains, un peu brusquement peut-être. Mais le mot « pandémie » n'était pas mon mot préféré. Des pandémie, il y en avait eu au Vietnam. Et des vétérans mourraient encore aujourd'hui de saloperies qu'ils avaient chopées là-bas.

Conrad s'approcha de moi pour lire le document par dessus mon épaule. Et ma clope se consumait à même ma bouche pendant que je lisais tout en écoutant les explication de Stewart.

Je ne relevai la tête que quand il souligna que j'avais été choisi pour être son contact d'après ma réputation, à l'instar de la ville elle-même.

-Ma réputation ? Quelle réputation ?

Celle d'être un gars loyal, protecteur, bien qu'un peu brusque et avec peu de tact et qui connaissait son terrain, ou celle d'être un vétéran du Vietnam capable de tuer aussi bien que de sauver des vies ? Je penchais plutôt pour la première solution. J'espérais que c'était la première solution.

-J'ai vaguement entendu parler d'une saloperie de maladie, mais on sait pas ce qui tue les gens. Un truc qui affaibli et on fini par crever d'un rhume.

Je tournais et retournais dans ma tête les explication de Stewart tout en lui rendant son document. Et puis je fis « tilt »...

J'étais peut-être le mieux placé, en effet. Et bien que ça ne me rassurait pas, je pouvais peut-être faire quelque chose pour aider. Après tout, j'étais lié par le sang à la source du virus. Mon propre frère, Duncan, n'était il pas un punk toujours en contact avec ce monde ? Et Roxxy...

Je regardai l'agent dans les yeux.

-On doit vous appeler « agent » ?

C'était ma façon à moi de signifier qu'on allait l'aider. Ouais. « On ». Parce qu'il n'y avait pas de Keller sans Greenly.

La lecture du papier du CDCP semblait avoir passablement modifié la perspective des deux locaux. “Et voila, Stewart. Tu es devenus le porteur de mauvaise nouvelle. Well done.” Les maladies existaient, mais l'Amérique qui marchait aux antibiotiques semblait en voir oublié l'existence. Keller et son collègue, dont le nom lui était inconnu, semblait être maintenant plus disposés à l'assister, mais dans quel sens ? Il était toujours aussi ignorant sur les capacités de ses nouveaux collègues.

- Appelez moi comme vous voulez, tant que ça ne gêne pas le déroulement du projet Je pense qu'il est préférable qu'on s'appelle par nos noms, vu le peu d'amour porté à la police dans ce pays. J'ai un collègue qui m'appelle Sticker, si vous préférez les surnoms. Stewart ira très bien, le cas contraire.

Il se tourna vers l'équipier de Jordan

- Keller, et ?

Les formalités passées, il était temps de se renseigner sur ses nouveaux "partenaires", ou tout du moins collègues. S'ils étaient partis pour collaborer, autant mettre les choses à plats, et des deux côtés. Toujours préférable d'éviter les surprises ou de découvrir les gens au mauvais moment.

- En parlant de réputation...Je vous avouerai que je ne sais rien sur la votre, ni sur celle de n'importe quel flic du comté. Qu'est ce que j'aurai du entendre ?

La perspective d'arpenter les coins les plus glauques de la ville, en compagnie de deux guides apparemment assez expérimentés, devenait plus attirante. Lui connaissait la décadence causée par la pauvreté, dans les grands immeubles de briques de Newark. Ici, c'était l'argent qui poussait à l'excès, et les multiples personnalités de Los Angeles méritaient bien un examen en règle. Et les nombreux concerts, et les personnages gravitant autour de cet univers, semblaient être une porte toute indiquée.

Le gars sembla un peu plus à l'aise quand on lui laissa comprendre, par notre non verbal, qu'on était prêts à l'écouter. Il fallait dire que ce qu'il annonçait était inquiétant. Et je ne l'aurais d'ailleurs probablement pas cru si je n'avais pas déjà eu de vagues échos de cette maladie avant. Mais jusque là, je pensais que ça ne touchait que les toxicomanes... Et l'hypothèse qu'on avait jusque là, Conrad et moi, était qu'il y avait de l'héro de mauvaise qualité qui circulait et détruisait le système immunitaire de ces gars déjà pas mal affaiblis par la drogues.

L'agent se présenta alors que j'achevais ma clope et l'écrasait contre le cendrier prévu à cet effet. Puis, j'en rallumai une autre. C'était le « sexuellement transmissible » qui m'inquiétait. Le sexe, la drogue et le sang lui-même faisaient partie du quotidien de L.A. Et je comprenais mieux pourquoi les hauts placés l'avait choisies pour commencer le combat.

-Ok, Stewart. Pour l'instant, on se contentera de ça. Pour le surnom, on verra plus tard.

-Greenly.

Et Conrad serra la main de l'agent, ce que la méfiance nous avait fait omettre de faire plus tôt.

Je regardais mon interlocuteur dans les yeux, comme à mon habitude. Je n'avais pas un regard menaçant, mais je lui laissais bien comprendre qu'il devrait s'adapter et s'intégrer, comme tout le monde. Comme j'avais du moi-même le faire. D'autant que les agents en civil, on ne les portait pas vraiment dans notre cœur... De même que la population qui, pour avoir dans la majorité, un certain respect pour nous, basé sur la confiance, considérait le fait que les flics en civil ne soient pas identifiables au premier coup d’œil comme un piège vicieux.

Quant à ma réputation, on ne lui avait rien dit là-dessus. Et moi-même j'aurais eu du mal à lui dire ce qu'il en était. Donc, je haussai les épaules en prenant une nouvelle bouffée de nicotine.

-Conrad et moi sommes des vétérans du Vietnam. Et on connaît pas mal L.A. Le reste, vous le découvrirai bien par vous-même et vous vous ferez votre propre idée. Et on fera pareil.

La légère fatigue de fin de nuit que j'avais ressentie en entrant dans le bureau de Karl et mon arme qui commençait à me peser. Toutes ces sensations s'étaient envolées avec l'information que nous dévoilaient notre collègue. Je m'inquiétais bien sûr pour la santé de la ville, mais aussi pour celle de Roxxy et de mon frère.... Et pour la nôtre.

-Pour ce qui est de cette saloperie de virus ? Il se transmet par le sang alors ? Ça veut dire que n'importe lequel d'entre nous intervenant sur une bagarre pourrait se le chopper ?

J'en avais presque des sueurs froides... Mais je n'étais pas médecin et je voulais savoir à quel point ce truc était dangereux.

Des vétérans. Thomas avait passé son adolescence abreuvé d'images de jungles en cendres, de files d'hommes en kaki avançant au milieu de ruines fumantes, et avait reçu plusieurs fois des tracts d'universités voisines, l'invitant à occuper les lieux. C'était à une de ces occasions qu'il avait eu son premier contact avec ses futurs locaux, en cellule avec ses camarades. La guerre du Vietnam, il l'avait vécu plus en spectateur, malgré ses quelques prises de positions, en grande partie motivées par son cousin éparpillé par une mine dans un affluent du Mekong. De ceux qui étaient revenus, seulement quelques-uns avaient réussi à reprendre le boulot, et une vie relativement normale. Ce qui était plutôt positif pour ses nouveaux guides ; s'ils en étaient sortis presque socialement intacts, ces types devaient être plutôt droits...

Les questions, pour sa part, il était incapable d'y répondre, comme la majorité des personnes au courant du phénomène. Le manque de statistiques, et le déclenchement à retardement des symptômes était autant d'obstacles empêchant à la compréhension de la propagation.

- Allez savoir...Mais je me baserais sur le fait qu'aucun de nos collègues n'a contracté le "bug", et c'est pas faute de distribuer des roustes. Le plus sur reste de, eh bien...emballer le cadeau, si je puis dire. Ce qui ne semble pas être un réflexe dans cette ville, ni ailleurs.

Se souvenant de ces affiches collées devant le porche, il décida de diriger la conversation dans ce sens. Il sortit les quelques bout de papiers, couvrant un large éventail de genre, tous cependant plus ou moins lié à l'esprit "jeune" et fêtard de L.A

- Vous connaissez le milieu ? Des personnalités, des lieux importants...Des gens prêts à coopérer, peut être ?

Plus cet agent parlait, plus je fumais de clope. J'entamais ma troisième et Conrad aussi quand il dit qu'aucun collègue n'avait contracté le virus jusque là. Ouais. Ok, mais combien de temps avant que ça arrive ? Parce que si ce que ce type disait était vrai, plus que les relation sexuelles, c'était des tox qu'on devait, nous en tant que flics, se méfier. On faisait déjà un peu gaffe parce qu'on savait qu'ils trimballaient des saloperies dans leur sang, mais une saloperie pareille, j'avais jamais osé y croire, préférant laisser ça aux films de science-fiction.

Quant au fait qu'on était vétéran, cela ne sembla ni perturber ni effrayer notre nouveau collègue. Il faisait probablement confiance au système de recrutement policier. Et pour nous, c'était tant mieux. Mais personnellement, je ne m'y fiais pas. Si j'avais du me coltiner un nouveau binôme (et Dieu merci, ce n'était pas près d'arriver... Parce qu'il aurait fallu qu'un de nous deux meure), j'attendrais que l'autre fasse ses preuve avant de lui faire confiance.

-Emballer le cadeau. Ouais, c'est ça. Comme si ça allait suffire. C'est les tox les pires, si j'en crois ce que vous nous baragouinez.

Je disais ça un peu parce que je me sentais visé, en fait. Parce que ce n'était pas un réflexe dans cette ville, ni pour moi. J'avais aucune envie d'essayer ça et je doutais que ça branche sérieusement Roxxy.

Evidemment, Conrad se mit à rire, probablement parce que pour lui non plus, ce n'était pas un reflexe. Chez personne d'ailleurs !

-Et puis comment ça pourrait être un réflexe, Agent Stewart, quand vos service, ne diffusent pas l'info à grande échelle ? C'est une véritable campagne d'information qu'il vous faut, pas deux flics...

Ce qui ne voulait pas dire que je ne voulais plus coopérer. Au contraire. Je savais que le système était lent, et qu'il faudrait encore des années avant que l'information ne circule mieux (et avant que « j'emballe le cadeau », comme disait l'autre)... Et si on pouvait aider...

Il demanda si on connaissait des endroits, des milieux... A risque, je supposais. Le problème avec les gens qui n'étaient pas flic, c'était qu'ils n'étaient pas clairs non plus quand ils expliquaient quelques chose.

-On connait la ville comme notre poche, Stewart. On connait aussi des personnalité, ouais. C'est pas rare qu'on les aide de temps en temps ou qu'on les enferme quelques heures histoire qu'ils piquent leurs crises d'enfant gâté sans trop se faire mal.

Ou leur crises d'angoisse, d'ailleurs, parce qu'on pouvait pas dire que Billy Lighter était un enfant gâté. C'était même plutôt le contraire, mais ça l'empêchait pas de déconner. Je regardai Stewart droit dans les yeux.

-Mais pourquoi faire, exactement ? Parce que vous êtes un peu comme les fédéraux vous, les agent de je sais pas trop où. Vous êtes pas clair.

Je marquai une pause et échangeai un regard entendu avec Conrad, avant de poursuivre :

-Parce que si on doit travailler ensemble, on veut toute l'info, pas juste la moitié assez pour faire notre job. Non. Tout. Ou que dalle.

Et ça vous étonne toujours que mon frère soit punk ?

"Les tox", avait dit Keller, apparemment assez sur de lui. Peut être était il coutumier du fait ? Thomas, pour l'instant, ne considérait aucun vecteur comme principal. Au delà des plusieurs de voies possibles, c'était surtout des comportements particuliers, les rassemblants, qui augmentait le risque, c'était du moins son point de vue. Mais il n'était pas là pour organiser un débat sur un hypothétique maladie invincible et pour l'instant largement inconnue. A l'instant précis, ce qui le préoccupait, c'était qu'on le considère comme chien du bureau fédéral, snob et incapable d'agir sur le terrain.

- Je vais vous corriger, Keller, je ne suis pas un fed. Et je n'ai aucune envie de l'être, malgré toute les avantages que ça apporte. Ils peuvent garder leur bagnoles et costumes, je me plais dans mon administration.

A son tour de montrer ce qu'il était à son interlocuteur. Rien n'était plus gênant que de passer pour un boulet à escorter sous peine d'être lourdé du service. Il se renfonça au fond de la chaise métallique qu'il avait attrapé, et trouva bon de préciser le but de sa mission

- Et si je demande votre aide pour aller voir ce genre d'endroits et de personnes, c'est parce que ceux qui m'envoient n'ont aucune idée de ce qui se passe dans leur dos. Et que après vingts ans de désintérêt, il semblerait qu'ils aient envie d'en savoir plus. Et une fois ceci fait, il balanceront tout aux types de l'hygiène, qui feront le nécessaire, sans doute une campagne de dépistage ou un fond pour des cures, qu'est ce qu'en je sais...


Impossible de ne pas leur parler de tout ce qui gravitait autour de ces informations. "Autant tout leur balancer maintenant, tant pis pour leur réaction. je suis celui qui demande dans l'histoire, c'est pas le moment de se déguiser". Il prit une inspiration, et reprit calmement.

- Cependant...Je ne vais rien vous cacher, le "Bureau" sera très intéressé par ce rapport, n'allez pas croire qu'il ira directement dans les mains du ministre de la santé sans avoir été épluché par ces types. Trop heureux de pouvoir compléter leur petites fiches.

Il espérait que cela n'entrave pas sa recherche, cependant, il était à craindre qu'une barrière invisible se forme... Il fallait prendre des décisions.

- Vous êtes occupés ce soir ? Ou peut être est il possible que je vous accompagne une partie de la nuit, si vous n'y voyez pas d'objection....

Je venais de toucher une corde sensible en le comparant aux fédéraux. Et pourtant, loin de moi de vouloir le tester, le mettre mal à l'aise ou l'insulter, même si la chose semblait une chose intéressante à savoir pour Conrad (je le voyais sur son visage). Mon coéquipier venait de trouver, par mon intermédiaire, l'insulte ultime si le nouveau venait à faire chier. Ce qui, de mon point de vue, n'était pas son intention. Non, quand ce gars parlait de son fléau, non seulement il ne rigolait pas, prenant ça très au sérieux, aussi apocalyptique que ça puisse paraître, et semblait savoir de quoi il parlait malgré qu'il dise que lui et ses potes scientifiques en savaient encore très peu.

Et c'était ça qui foutait la trouille dans cette histoire. Ces mecs savaient que c'était là, mais ne savaient pas comment l'arrêter.

-Ok, Stewart, t'es peut-être pas un fed. On avait remarqué ça. Mais avoue que ton truc, fout les jetons. Et dans tout ce que tu dis, t'es pas clair.

Je marquai une pause et jetai ma clope à terre, oubliant complètement qu'il y avait une poubelle et que j'étais au commissariat, pas à la caserne. Mais le fléau donc Stewart parlait me replongeait au Vietnam où plusieurs épidémies venant de la jungle avaient sévi tuant des civils, mais aussi des marines.

-Mais bon. Si j'ai bien compris, vu que vous savez encore presque rien, je suppose que tu peux pas être plus clair.

J'échangeai un regard avec Conrad. Il voyait que j'étais nerveux. Et il savait pourquoi, j'avais pas besoin de lui faire un dessin. Il me tendit une de ses clopes à lui. On ne fumait pas la même marque. C'était une des petites différences qu'on avait et qui faisaient qu'il était lui et que j'étais moi. Sans ses différences, on aurait été plus que des frères jumeaux.

J'allumai ma clope puis reposai mon regard sur Stewart.

-Ok. On va t'emmener dans les endroits les plus glauques de L.A. mais aussi les plus lumineux, là où des types comme Billy Lighter et Cash Izbel traînent. Parce que ces gens-là ne se mettent aucune limite. Comme s'ils voulaient absolument flirter avec la mort. Parce que si j'ai bien compris, c'est de la drogue et du sexe que tu veux...

J'étais passé au tutoiement depuis un moment, et sans m'en rendre compte. Mais il faudrait qu'il s'y fasse. Nous et les formes, ça faisait deux. Et pendant tout ce temps où je lui parlais, je me disais qu'il faudrait que je parle de ça à Roxxy. Cette histoire de maladie sexuellement transmissible me rendait nerveux.

-On va t'emmener au cœur de la ville. Mais faudra faire attention à ce que tu fais.

Parce qu'il n'y avait rien à faire : L.A. et ses habitants, c'était notre affaire. C'était le territoire qu'on protégeait. Je tendis la main au gars. S'il la serrait, ça voulait dire bien plus qu'un contrat noir sur blanc.

Les choses semblaient s'égaliser entre les deux partis. L'ampleur de la situation avait nivelé les différences entre les personnalités. Et le flou ambiant autour du sujet laissait le champ libre quand au méthode de "recherche". Stewart se redressa sur sa chaise;

-Je vous aurais au moins convertis sur la dangerosité de la chose. Et je vais vous décevoir, Keller, mais niveau information, nous serons sans doute du côté des découvreurs, pas des receveurs...

Des découvreurs. Avec un champ d'action très vaste. Trop vaste. Par où commencer ? Si les deux Californiens semblaient avoir une vague idée de ce dans quoi ils s'aventuraient, lui espérait trouver assez vite un sens à sa recherche. Et ses deux partenaires apparaissaient de plus en plus concernés par la situation, ce qui rassura Stewart quand à la motivation de deux policiers qui, dans son département à lui, auraient marché à reculons s'il s'agissait d'aider homosexuels et toxicos. "Bonne pioche. Le père Patterson a encore du flair". Keller se révélait finalement plus coopératif que ne l'avait laissé entendre l'envoyé du Bureau, se représentant sans doute un officier ne marchant que sous la contrainte, et versé dans le "vice", une idée assez obsédante pour ce parfait WASP. "En espérant qu'il a tort", pensa Thomas, se levant avant de serrer la main qui lui était tendue.

-Je suivrais le mouvement, si c'est la meilleure solution. Votre ville, vos règles. Je ne suis qu'une paire d'yeux...

il prit sa veste sur le dossier, puis regarda sa montre, dont les derniers reflets fluorescent brillaient dans le local mal éclairé.

- 8h17. Vous avez mangé ? Si vous connaissez un Dinner sympa dans le quartier, c'est moi qui offre...

Dans quoi on se jetait ? A quoi est-ce qu'on avait à faire ? Notre rayon, c'était les dealers, les petits cons qui s'amusaient à vandaliser la ville, les bourrés, les junkies, les SDF, les cambrioleurs, les tapages nocturnes... Bref, la base de la sécurité à L.A... Pas les grandes affaires de meurtre comme à la télé... Ok, parfois, on tombait sur un meurtre, mais l'affaire était vite reprise par la police judiciaire en civile qui menait l'enquête, pendant que nous, on retournait dans les rues.

Mais cette fois, c'était différent. Comme si une sorte de police scientifique demandait notre aide, alors que d'habitude, c'était le contraire. Et personnellement, j'étais partagé entre fierté et méfiance. Ok, ça voulait dire que, connaissant le terrain, on pouvait servir à bien plus que ce que certaines sections de police ne pensaient (déjà, ils oubliaient trop souvent que c'était grâce à nous qu'il pouvaient mener leurs enquêtes tranquille, sans devoir s'occuper des délits mineurs). Et puis Stewart prononça ce mot : « découvreurs »... Dans Alien aussi, ils étaient des découvreurs... Et si je me rappelais bien, ça ne finissait pas si bien que ça.

Parce que cette fois, on allait commencer à courir après un suspect invisible, microscopique, capable de se reproduire plus vite que n'importe quelle bestiole au monde. Et le pire, c'était qu'on n'était même pas encore sûrs, si j'avais bien compris, de savoir à quel point ce truc était dangereux.

Tant mieux. Conrad et moi, on était des Marines, on avait été entraînés pour réagir face à ce genre d'ennemi, pour le détruire. Quand à son invisibilité et sa capacité à se reproduire... On avait déjà vu ça au Vietnâm. Un sourire, un regard échangé, et mon équipier et moi, nous fûmes sur la même longueur d'onde.

-Ok, Stewart. On part à l'aventure avec toi. Mais la moindre chose que tu découvres, on veux être au courant. On travaille en équipe, ou tu te retrouvera tout seul...

On ne connaissait que trop bien la chose quand on travaillait avec le FBI à l'occasion. Ces jours où on travaillait la blinde d'heure, où on faisait des rapports détaillés par soucis de faire avancer l'affaire... Et où on avait aucun retour.

Il répliqua par : « votre ville, vos règles ». Il n'aurait pas pu mieux parler. L.A. était une jungle pleine de pièges. Il faudrait un peu le temps à Stewart pour s'y habituer... Puis y devenir accro. Et il termina en beauté, nous invitant à aller manger un bout. Après la nuit, c'était jamais désagréable de boire un dernier café et de manger quelques pancakes avant d'aller dormir quelques heures.

Conrad se tourna vers moi.

-Bah... S'il nous prend par les sentiments...

Alors, je m'adressai à Stewart.

-Il y a le Canter's Deli qui est ouvert 24/24h... C'est la première adresse à retenir pour un type qui vient d'arriver et qui travaille à des heures pas normales. On y rencontre souvent des groupes de rock et les pancakes sont excellents... Puis c'est moitié prix pour les flics...

Je souris.

-Mais interdiction de parler de virus ou d'autres types d'aliens... Tu vas me couper l'appétit.