BORN IN THE USA"Plus tard, je serais militaire. Je me batterai pour mon pays!" C'était la voix fluette de mon grand frère de 10 ans qui s'était élevée alors qu'on était tous rassemblé autour du souper familiale du jour: du pain et de la soupe. Notre petite maison de l'Eastside résonnait au son du patriotisme certainement pour ne pas penser à la pauvreté dans laquelle on vivait. Et mon frère l'était patriotique, ce qui faisait la ferté de mes parents. "Un futur militaire chez les Stone! Ce serait une veritable fierté!", s'était exclamé mon père. On était en 1955 et la guerre du Vietnam venait à peine de commencer...
Moi, j'en avais rien à foutre de cette guerre. J'avais 7 ans et je ne pensais qu'à une chose: m'amuser. Gosse solitaire, je prenait un malin plaisir à taper le rythme sur les couvercles des poubelles de mon quartier. C'était devenu mon passe temps préféré après avoir entendu Buddy Rich à la radio. Je faisais ça jusqu'à des heures pas possible le soir, mes parents travaillant souvent très tard pour gagner de quoi manger le lendemain. C'était la belle vie, entre mes improvisations en extérieur dans tous les quartier de l'Eastside et mes parties de billes avec ses abrutis du quartier, je pouvais dire que je m'amusais vraiment. Seul point noir au tableau: mon frère. Toujours à se tenir au garde à vous, à cheval sur les règles et brandissant, dès qu'il le pouvait, la carte du patriotisme. Il me faisait royalement chier... Pas moyen de rentrer à 21h sans entendre le sermon du:"T'es encore en retard, Howard... A l'armée, ses choses là n'arrivent jamais!" Armée, Patriotisme, Règlement... Dit-moi ce qui m'empêche de vomir, là tout de suite?
GOOD MORNING VIETNAM"Tiens, mais fait gaffe avec ce truc-là!" Le vendeur d'arme de South L.A. avait l'air tellement blasé en me disant ça que j'en avais ris. C'était jamais que la septième fois que je venais acheter un flingue dans son magasin avec l'argent que j'avais gagné grâce à des paris que je faisais avec des sales gosses de mon quartier. Pourquoi sept? Pour agrandir ma collection. J'était fasciné par les armes depuis que Roger, mon frère, était revenu avec la sienne de son service militaire.Je savais que ma collection lui déplairait au plus haut point alors j'avais pris la peine de bien les mettre en valeur sur les étagères de ma chambre. Quand il les a vu, il a recommencé à me faire la leçon:
"Ses choses-là sont dangereuses, elles servent à tuer! Ce ne sont pas des jouets!" Mais ça faisait longtemps que je ne l'écoutais plus. Avant même qu'il n'ouvre la bouche, j'avais commencé à taper sur ma batterie que j'avais acquise deux ans plus tôt pour etouffer la voix de mon frère. Deux moi plus tard, il s'envola pour le Vietnam... On était en 1965.
WHEN THE TIGERS BROKE FREE"Tu m'avais promis de m'emener à un concert de The Army!" C'était la voix douce de Kathleen au téléphone. C'est vrai, je lui avais promis ça? Merde... Pour faire court, c'était la dernière fois que j'entendais la voix de Kathleen... Et celle de July deux semaines plus tôt... A toute les deux j'avais promis d'aller voir un concert de The Army. Sauf que je n'avais plus assez de thunes pour ça. Tout était parti dans mon nouveau set de batterie (et dans les quatre parties de poker de la semaine dernière...).
Et même si mes conquête amoureuse étaient éphémère, niveau business c'était beaucoup mieux. Je faisais des petits boulots le soir à droite et à gauche qui me rapportaient assez d'argent pour payer mon misérable appartement. En journée, je ne faisais qu'une seul chose: de la batterie. J'affinais mon jeu, le rendant plus technique. Je m'inspirait des plus grands comme Keith Moon des Who ou encore Sherman de The Army. Je me lançais sans cesse des défis pour m'améliorer. Et plus je devenais meilleur, plus l'envie de faire de la musique mon métier devenait une obssession. L'ambition de devenir rockstar était, pour moi, un rêve accessible, comme si j'étais né pour ça.
"Roger est mort..." Ma mère était en pleurs au téléphone. Je tenais le cornet fermement n'affichant aucune tristesse, et avec un léger sourire dans la voix j'ai dit:
"Ah ouais? Je lui avais pourtant bien dit que les flingues c'était dangereux..." Mouais, mauvaise idée. Ma mère à raccrocher et c'est la dernière fois que j'ai entendu parlé d'elle et de mon père. Je ne me suis pas pointé à l'enterrement malgré que je m'étais promis d'y aller. Je me suis juste rendu au cimetière cinq jours plus tard pour me pointer devant la tombe de Roger:
Roger STONE
1945-1968
Mort pour sa patrieJ'ai chialé un peu... Puis je suis parti.
WHERE WE STARTBordel, pas moyen de trouver un groupe digne de se nom. Ça faisait 7 foutues années que je vagabondais de petits groupes de garage en petits groupes de garage sans en trouver un assez bon et assez ambitieux. Mon jeu de batterie très technique en déstabilisait plus d'un et je n'avais pas l'envie de me plier à leur niveau. Et quand j'en trouvais un de convenable, ils ne disaient vouloir faire cela que pour "se donner un genre devant les filles pendant qu'ils faisaient leurs études de théologie". Vous parlez d'une ambition...
Bon, pendant ce temps-là, j'ai trouvé un nouveau moyen de faire des thunes: les paris sur la boxe illégale. C'était cool, je regardais les match et je pariais. Et, avant ceux-ci, je passais mon temps à affiner mon rythme sur les punching ball. Ce genre de truc, ça emballe les filles... Mais un mardi, alors que je m'entrainais, ce n'est pas une fille dont j'ai attiré l'attention mais bien d'Amon Sørensen. Il m'a parlé de son pote Timmy qui avait besoin d'un batteur pour son groupe et c'est là que tout à commencé... On était en 1975.
LIGHT MY FIRETimmy a encore trouvé le moyen d'étouffer l'affaire... Comment il avait fait cette fois-ci, j'en savais rien mais c'était du grand art. Je m'étais pourtant bien pointé à cette fête mort plein et avec une arme en main... Tout comme j'avais bien arnaqué le big boss de BSC la semaine dernière pendant une partie de poker organisée à la villa Ricci. Mais non, ce matin, aucune de mes conneries ne figurait dans le magazine L.A.People... C'était limite frustrant tout ça... De temps à autre j'arrivais à provoquer une fuite, histoire que les gens sache qui je suis vraiment.. Mais pour le public, The Burning Fire c'était du bon rock, des rockstars modèles sans grandes fransques. J'avais comme simple réputation d'être le plus "merdeux" des six... Pour eux, The Burning Fire c'était Nathan et Kayden... Je les respectais tout les deux, mais on était pas amis. Je respectais leur talent qui me permettait de vivre mon rêve de rockstar. J'attendais juste le bon moment pour prendre le pouvoir...
Concerts, beuveries, frasques, interviews, paris, investissement douteux, promesses non tenues, batterie, batterie, batterie... C'était à ça que se résumait ma vie de rockstar. Des foutes bonnes années!
"Kayden est a nouveau tombé dans le coma!" Oh, serais-ce une pointe de tristesse que j'entendais là, mon bon Timmy? Quand il me l'a annoncé j'avais pris un regard neutre avant de finalement déclaré:
"Ah ouais? Je lui avais pourtant bien dit de pas boire tant d'alcool!" Timmy n'a rien ajouté. Moi non plus. Je me suis promis d'aller voir Kayden à l'hôpital. Mais je n'y suis jamais allé.
THE SHOW MUST GO ON"Il est bon ce gosse, Nate! On le prend!" Le guitariste de mon groupe était dubitatif alors que moi j'avais non seulement apprécié le chant de Nathan J. mais, en plus, je le trouvais drôle. Ses blagues sur les comateux étaient de mauvais goût mais bon je voyais pas le mal de rire un peu. On l'a engagé, finalement, après un vote à main levée. Et Nate est parti après une semaine...
Le gosse avait réussi à m'enlever des pieds les deux pilliers du groupe. Les deux seules qui m'empêchaient de devenir le leader et de faire de The Burning Fire un groupe connu pour son manque de sérieux. Un groupe plus rock n'roll. Il me restait plus qu'à faire le reste. Quelques frasques, quelques bons concerts et se sera moi la cocluche des fans, anciens comme nouveaux. Mais le destin ne voulait foutrement pas de ça... A peine le gosse intégré dans le groupe, à peine il faisait déjà les choux gras de la presse people. Une connerie dans le hall de chez MTI et, hop, Amon en a profité... Bordel, quand je pense que j'ai fait bien pire pendant 6 foutues années... Là, je l'avais mauvaise. Le filtre Timmy n'avait pas opéré cette fois-ci. Mais ce n'est pas fini, le guerre pour le pouvoir ne faisait que commencer.