Je me sentais mal… En fait, je crois que je n’ai jamais été aussi mal de ma vie. Transpirant, pâle et tremblant, j’étais assis à un bar sans aucun verre devant moi. Qu’est-ce que je foutais ici ? La réponse était simple… J’étais censé être au studio mais j’avais dit aux autres que je n’étais pas assez en forme… Ils croyaient que je me reposais bien tranquillement à la maison mais c’était faux aussi. Parce que j’avais dit à Maria que j’allais enregistrer et, donc, elle, elle croyait que j’étais au studio. Mais en réalité, j’étais dans un bar à boire une bière. La première de la journée. Ma consommation d’alcool avait largement diminué promesse oblige et je mangeais moins voir quasiment plus économies obliges. Et c’était un cauchemar parce que mon niveau de batterie s’en ressentait. Ce qui n’était jamais arrivé avant.

Cette bière n’avait eu aucun effet… Rien n’avait de l’effet... Plus rien n’était fun. Je passais mes journées à combattre la douleur en essayant péniblement d’enregistrer des chansons pour sortir un album. Tout ça n’avait absolument rien de fun. Depuis que Maria avait vu les dettes, c’est triste à dire mais ma vie était devenue un enfer. Un enfer que je voulais fuir !

C’est pour ça qu’après cette bière, je n’étais pas rentré chez moi. Je savais que Maria devait travailler dans son bureau d’où je me ferais remballer d’office. Revenir à la villa n’aurait rien de fun non plus même si ma petite-amie y était.

Je repris ma voiture qui n’était plus une Ferrari mais Ford Mustang d’occasion. J’avais vendu la Ferrari… Elle me manquait. La route me mena à Hollywood. Je savais très bien où j’allais. En chemin, j’eus l’idée d’aller chez Cash. Lui avait la solution à mon problème j’en étais sûr. C’était un très bon pote à moi et il savait où était le fun. Et il n’était pas un mec intéressé comme on en trouve plein à Beverly Hills. Cash était un mec simple et complexe à la fois. Et Cash avait la poudre magique. Cash c’était le bon plan pour aujourd’hui.

J’arrivai devant chez lui. C’était la maison de sa mère. Cash vivait chez sa mère depuis toujours. Il n’était pas comme toutes les autres rockstars qui achètent des villas au prix exorbitant à Beverly Hills. Il n’était pas comme moi.

Je sonnai à la porte et une femme était venue m’ouvrir. J’étais jamais venu ici. Je n’avais jamais vu la mère de Cash. Mais elle avait un sourire radieux et accueillant.

-Howard ? Tu viens voir Cash ?

Elle me connaissait comme tout L.A. Et ça ne semblait pas la surprendre que quelqu’un vienne sonner à sa porte pour voir son fils. Ça devait arriver souvent.

-Ouais… Il est là ?

On sait jamais qu’il serait ailleurs. Ce serait con. J’voulais le voir moi.

-Oui, il est dans sa chambre… Tu es sûr que tu vas bien ?

J’approuvais de la tête et lui souris pour lui montrer que tout allait bien. Elle me fit entrer et me montra du doigt où se trouvait la chambre de Cash. C’était une maison simple ici. J’aimais bien. J’avais jamais vécu dans ce genre de maison. J’étais passé du taudis de l’Eastside à la villa. Et ici, ça ressemblait à une maison de la classe moyenne.

-Tu pourras lui dire que je pars faire quelques courses ?

-Ouais, j’lui dirais, M'dame.

Elle me sourit. Elle était vraiment gentille, la mère de Cash. C’était pas comme ma mère… J’sais même pas si elle est en vie ma mère…

J’entrai dans la chambre de Cash sans toquer m’appuyant contre l’encadrement de la porte.

-Ta mère est partie faire les courses…

Comme ça c’était fait, j’oubliais pas de le dire.

@ Billy Lighter

-Où est Billy...?

Tu sais où est Billy...

Io ne faisait qu'un avec moi. Pour une communication courte et directe, je n'avais parfois pas besoin de la poudre de Delfino, ni d'un rituel complet. A force, j'étais en permanence sur le fil du rasoir entre les deux mondes, entre L.A. et le Désert. C'était cet état, que j'avais perdu entre ma crise cardiaque et l'émeute, que j'avais voulu retrouver ensuite. Et j'y étais arrivé.

Les yeux mi-clos, assis en tailleur par terre, je sentais le poids rassurant du serpent sur ma tête. Blottie entre mes boucles de cheveux, soutenant sa tête à hauteur de mon front, elle était mon troisième œil. Nous voyons ce monde à deux, mais nous étions une seule entité mystique.

Je parlais doucement, chuchotant presque.

-Mais je ne peux pas entrer.

Io avait raison, je savais où était Billy. Il était reclu dans sa tête. Je frottai mes yeux.

-J'ai perdu la clé...

Io siffla mystérieusement, comme si elle ne croyait pas à ce que je venais de dire.

J'entendis alors la voix de Howard derrière moi. Maman était partie faire les courses.

Je me tournai lentement vers Howard, pivotant sur mon cul à l'aide de mes bras. Je n'étais vêtu que d'un caleçon. Io et moi, on pouvait le voir, maintenant, appuyé dans l'encadrement de la porte. Je lui souris tout en prenant le paquet de cigarettes posé à côté de moi. Je m'allumai une clope avant de lui lancer, d'un très mauvais lancé, le paquet.

-Tu vas pouvoir manger avec nous. Elle ne te laissera pas le choix.

Aucun doute que c'était l'idée de ma mère en voyant Howard devant la porte d'entrée. Elle était comme ça. Elle avait toujours été comme ça. Sans le savoir, elle avait nourri pas mal d'âmes errantes de Hollywood.

Je souris au batteur de The Burning Fire avant de taper un coup sur le sol à côté de moi. Io, elle, suivait Howard des yeux.

Je levai, moi aussi, mon regard absent vers lui.

-Tu es venu pour le fun?

@ Billy Lighter

La chambre de Cash était comme un petit sanctuaire. C’est ce que je pouvais constater après avoir ouvert la porte. Cash était au milieu de la pièce, assis un tailleur, quasi nu et avec un serpent posé sur sa tête. Ok, ça pourrait paraitre bizarre… Mais c’était Cash alors tout ça était sûrement normal… Cash était un type spécial mais il était sympa.

Il se retourna vers moi. Son serpent me fixait, lui aussi. Le guitariste m’offrit un sourire que je lui rendis. Mon regard se posa sur les différents endroits de la pièce. La chambre de Cash ressemblait à Cash. Et l’ambiance à l’intérieur était mystique et apaisante. Comme si tu passais d’un extérieur froid et bruyant à un intérieur chand et rassurant.

Cash s’alluma un clope avant de maladroitement me lancer le paquet. Je le rattrapai de justesse. Je pris une cigarette que j’allumai à mon tour. J’écoutais Cash me dire que je pourrai manger avec eux. Que sa mère ne me laissera pas le choix. Je souris tout en fermant la porte derrière moi pour entrer un peu plus dans la pièce.

-Génial. Ça fait des siècles que je n’ai plus mangé un vrai repas.

Et ça se voyait sur mon visage très pâle au-delà des symptômes du manque. Je regardais plus le serpent que Cash. Il m’hypnotisait presque. Cash m’invita à m’assoir. Je vins près de lui sans hésiter tout en continuant de fumer ma clope. Je tremblais toujours. Je n’avais presque pas bu aujourd’hui…

On se regardait. Il me demanda si j’étais venu pour le fun.

-C’est ça…

Il savait ce que j’entendais par « fun » quand je m’adressais à lui. Mon regarde presque vide le fixait.

-Ça fait longtemps que j’l’ai perdu le fun… Il faut que j’m’évade, Cash. Il le faut. J’vais pas tenir, sinon.

J’étais sincère et c’est tout ce qui transparaissait sur mon visage fatigué par les dettes, les privations et tout le reste.

@ Billy Lighter

Howard m'avait trouvé, tout le monde savait où trouver le shaman. Sauf Billy... Mais Billy ne voulait pas du shaman, il ne voulait pas du Serpent... Il voulait juste Cash.

Mais Cash n'existe pas... Pas sans le Serpent, pas sans le Shaman... Pas sans Billy.

Howard venait pour le fun qu'il avait perdu depuis longtemps. Je hochai la tête, Io accompagnant le mouvement de ma tête. Je pouvais voir ça, que le fun l'avait quitté. Ses yeux injectés de sang et son teint aussi pâle que celui d'un mort témoignaient qu'il lui manquait quelque chose.

Howard s'approcha et prit place, sa cigarette dans la bouche, en face de Io et moi. Mes yeux d'un noir profond plongèrent dans les siens aussi facilement que s'ils étaient faits d'eau. Il était nerveux, tendu, je le ressentais jusque dans mes propres muscles. Il avait perdu le fun...

Je rouvris la bouche, mais il fallut quelques secondes pour qu'un son en sorte. Mon débit de parole, lent, ma voix erratique comme si j'étais encore en pleine mue, trahissais mon silence presque constant.

-Tu veux fuir... Pas t'évader.

Je n'avais jamais vu telle expression chez le nonchalant Howard Stone. Il était plein de tics qu'il ne contrôlait pas.

-Tu as peur de perdre autre chose que le fun.

Mon regard se fit plus fixe, plus intense. Je lisais en Howard. C'était très facile de lire les gens. C'était moins facile de lire Billy Lighter. Parce que le temps de déchiffrer, il envoyait déjà un message contraire.

Io attendait elle aussi la réponse de Howard. Elle s'installa plus confortablement, glissant ses lourds anneaux sur mes épaules, fixant toujours le batteur de The Burning Fire.

-Tu peux fuir ce qui te fait peur.

Je me raclai la gorge avant de prendre une bouffée de nicotine.

-Je peux te guider pour avoir des réponses.

Io descendit d'un cran sur mes boucles noires, fixant Howard à hauteur de mon propre regard. Le batteur était maintenant fixé par deux paires d'yeux parfaitement alignées.

-Mais quelle que soit ta peur, si elle te poursuit dans ce monde, elle te suivra dans l'autre.

Parfois même, cela rendait l'ennemi plus puissant. Parfois même, la plus petite peur dans ce monde prenait une forme immonde et énorme dans l'autre.

C'était pour ça qu'il fallait qu'il la nomme maintenant, avant de partir.

@ Billy Lighter

Il me fallait une bouffée d’air. Un petit moment de fun. Partir et m’évader de ce foutu monde. Je pensais, au fond, que partir un moment me suffirait à récupérer assez d’énergie pour affronter tout ce que j’avais à affronter dehors. J’pourrais être correcte avec Maria et travailler pour finir l’album et rembourser les dettes.

J’m’étais assis près de Cash fumant ma clope tout en tremblant. J’essayais de cacher ma nervosité derrière un masque du type blasé mais s’était pas efficace. Cash ouvrit la bouche mais rien ne sortit comme son dans un premier temps. Je regardais le guitariste attendant qu’il me guide. Il affirma que je voulais fuir. Je baissai la tête.

-Ouais…

Il avait raison. J’voulais fuir un moment L.A. Elle m’avait épuisé ces derniers temps. J’me grattai la tête nerveusement. Je ne regardais plus Cash de peur qu’il lise encore plus en moi. Mais même sans le contact visuel, il y arrivait. Il déclara que j’avais peur de perdre autre chose que le fun. Je relevai le regard sur lui en soupirant un peu. Il me fixait de ses yeux noirs comme la nuit. Je n’osais pas répondre. J’avais juste haussé légèrement les épaules. Ouais, il avait raison. J’crevais de trouille en fait. Sinon, pourquoi est-ce que je m’évertuerais à essayer de régler mes dettes si ce n’est pour quelqu’un d’autre que moi… Moi, j’m’en foutais de mes dettes.

Le guitariste repris la parole alors que j’essayais encore de me défaire de son regard. Il affirma que je pouvais fuir, qu’il pouvoir me guider. Je relevai le regard et croisai celui de serpent qui me fixait. Je regardai un moment les yeux hypnotique du reptile avant de revenir sur Cash qui déclara que ma peur me suivrait dans l’autre monde. Je soupirai baissant à nouveau les yeux. Je suppose que si je lui dis, que je ne garde pas ça pour moi, ça me permettre de fuir complètement.

Je tirai sur ma cigarette soufflant la fumée. Je jouais nerveusement avec ma clope qui voyageait entre mes doigts. Je soupirai à nouveau décidant de me confier au shaman.

-J’ai peur de perdre ma petite amie… Maria… J’ai peur qu’elle se barre.

Je regardais Cash.

-On se dispute souvent… Il faut que je souffle un peu. Voilà pourquoi j’suis là.

J’avais dit la vérité. A quoi bon mentir à Cash ? Il n’y avait aucun intérêt à lui mentir.

@ Billy Lighter

Howard voulait fuir... Et j'allais l'aider à fuir. Mais pour que ça marche, il fallait qu'il laisse ici les démons qui lui collaient au cul. Sans quoi, ceux-ci allaient grandir, se nourrir de sa peur, dans mon monde, mixé avec son monde, où tout ce qui était bien et bon devenait plus grand, plus magique, plus magnifique... Mais où le mal devenait pire.

Soufflant la fumée de ma clope dans laquelle je voyais des courbes me rappelant celles de toutes mes Déesses, appartenant à ce monde ou pas, de même que les anneaux complexes de reptiles entremêlés, j'écoutais Howard. J'entendais ses angoisses, les comprenant. Il s'était lié à une autre âme du nom de Maria. Et c'était elle qu'il avait peur de perdre.

Je cherchai les yeux bruns du batteur. Ces yeux bruns que j'avais du mal à reconnaître. Il avait toujours été l'image même du calme et de la nonchalance. Mais pas aujourd'hui. Je le voyais à ses sourcils froncés, à ses yeux humides et fatigués, aux vaisseaux rouges qui le parcouraient en milliers de stries.

Je tirai à nouveau sur ma cigarette avant de laisser lentement la fumée ressortir naturellement par ma bouche et mes narines de métis.

-Mais tu as déjà perdu quelque chose...

A l'entendre, il ne tenait qu'à Maria... Elle était certainement magnifique, elle méritait probablement l'amour que lui portait Howard Stone... Mais pas autant que l'autre.

-Et l'autre Déesse, Howard ?

J'appuyai mon regard, de même que Io qui suivait mon discours, agréablement posée sur ma tête, ponctuant mes phrases de ses calmes et mystérieux sifflements.

-Où est Aria, Howard ? Tu as délaissé Aria pour Maria...

A une lettre près, la confusion du batteur pouvait se comprendre... Mais il ne devait pas oublier qui il était.

-Tu peux vivre avec Maria... Tu peux aimer Maria...

Je n'avais jamais vu Maria, je n'avais aucune idée de qui elle était, mais cela n'avait pas d'importance.

-Mais ton destin est lié à Aria.

Je fermai les yeux quelques secondes. Avant de les rouvrir, fixes et brillants, sur Howard.

-Aria, elle, ne partira jamais. Elle ne te trahira jamais.

Je me penchai un peu plus vers Howard.

-Tu veux qu'on aille voir Aria?

@ Billy Lighter

J’voulais pas perdre Maria. J’l’aimais, je le savais. Et pourtant, j’étais pas heureux même avec elle. Je la sentais distante et on n’arrêtait pas de se disputer. Je commençais amèrement à regretter ma vie d’avant. Ce qui était contradictoire vu que j’voulais pas la perdre. Je ne voulais pas qu’elle me laisse seul.

Je regardais de temps à autre Cash, quand mon regard n’était pas simplement dans le vide. J’fumais sans vraiment fumer ce qui faisait que ma cigarette se consumait toute seule. Quand Cash ouvrit la bouche pour me dire que j’avais déjà perdu quelque chose, je le regardai plus fixement. J’le sentais ouais… Mais je ne savais pas ce que j’avais perdu.

Il me parla de ma Déesse. D’Aria. Je baissais les yeux comme si Cash me jugeais d’une quelconque trahison que j’aurais faite à mon Aria. C’était vrai que j’allais bien moins souvent dans mon studio pour jouer avec ma batterie fétiche mais c’était parce que je bossais et que le reste du temps je me disputais avec Maria…

-Non… Je ne l’ai pas délaissée. Mais j’aime Maria alors je lui donne plus d’attention.

Je me sentais coupable et, comme un coupable, j’essayais de me trouver des excuses. J’entendais le serpents siffler comme s’il répétais les phrases que disait Cash mais dans une autre langue.

Et au shaman de continuer à dire que j’pouvais vivre et aimer Maria. Et j’y comptais bien… Mais que j’étais lié à Aria. J’approuvai de la tête. Ça faisait des années que j’avais cette batterie. Elle avait fait mon bonheur jusqu’ici. Quand j’dis que j’suis un gars simple c’est totalement vrai. Il m’en fallait pas beaucoup pour être heureux. Taper sur ma batterie avec une bonne bouteille suffisait à ça.

Je vis les yeux de Cash s’ouvrir et se fermer. J’eus un pincement au cœur quand il dit qu’Aria, elle, ne me trahira jamais. Je gardais les yeux baissé. Cela voulait-il dire que Maria oui ? Non, j’voulais pas croire à ça… Même si au fond, je savais que c’était possible. Aussi possible que moi qui pourrais faire une connerie pour des raisons débiles comme quand j’avais fait ce match de boxe à la con contre Amon.

-J’sais…

Je relevai le regard quand le métis me demanda si je voulais aller voir Aria. Bien sûr que je le voulais. Plus que tout, j’le voulais. J’approuvais de la tête en regardant Cash droit dans les yeux.

-Ouais. J’veux aller la voir…

C’était une manière de déconnecter de ce monde. Et Aria celle que je voulais voir dans mon trip loin des dettes et des problèmes. J’m’étais rapproché de Cash attendant sa poudre magique. Attendant ses consignes.

@ Billy Lighter

J'avais fini de parler, Io traduisant pour moi mon discours aux créatures du Désert qui nous attendaient de l'autre côté. Calmes et posés tous les deux, nous écoutâmes Howard se défendre et se juger tout seul, essayant de justifier à lui-même pourquoi il avait délaissé Aria. Or, je n'avais jamais dit une telle chose, j'avais dit qu'il avait "perdu" Aria, comme j'avais perdu Adriana entre le début de la tournée et l'attaque du Midwest.

Mais lui, tout comme moi à l'époque, était persuadé qu'il l'avait laissée pour compte.

Je me retournai brièvement pour attraper un cendrier qui traînait. Un cendrier représentant un serpent, offert par ma mère. Car au fond, elle savait à qui elle avait donné naissance.

J'y écrasai ma cigarette avant d'attraper un petit coffre en bois contenant la clé du Désert, que j'ouvris religieusement.

Mon regard se reporta sur le batteur.

-Aria et Maria peuvent cohabiter si tu le veux vraiment. Mais n'oublie jamais que si Maria est la représentation de ton amour, Aria est ton destin.

Je marquai une pause, sortant une cuillère et une petite boule de poudre de passeur. Versant la seconde dans la première, je fis chauffer le tout avec un zippo d'un air rêveur, continuant à parler, mais pas normalement. Sur le ton d'une incantation.

-L'amour a un visage changeant, il est traître et instable. L'amour ne dépend pas que de toi.

Howard pourrait aimer Maria toute sa vie alors que Maria n'aimerait Howard qu'un temps ou vice versa.

-Mais le Destin, Howard...

Mes yeux noirs transpercèrent ceux du batteur.

-Le destin n'a que deux issues, la lumière ou l'obscurité. Tout dépend comment tu le traîtes. Comment tu traîtes Aria.

Io siffla en écho à mes paroles et mon regard vacilla.

Comment tu traites Billy...

Je lui répondis tout haut, d'une voix sifflante également, oubliant complètement Howard une seconde.

-Billy va revenir...

Dans la cuillère, la magie opérait et la poudre s'était changée en un liquide clair comme de l'eau. Le rituel toucha à sa fin quand j'aspirai le tout dans le piston d'une seringue sortie de la boîte. Je me piquai dans ma veine préféré y envoyant la moitié de la mixture. Le liquide qui restait dedans, rougi par mon propre sang, je le tendis à Howard, murmurant religieusement:

-Le Sang du Serpent...

@ Billy Lighter

J’me justifiais comme je pouvais. Comme si Aria était là et pouvait entendre mes justifications d’un type qui se sent coupable. J’aimais Maria et j’voulais qu’elle m’aime en retour. C’est pour ça que j’avais délaissé Aria un moment. Juste pour elle. Avant, j’pensais tous les jours à ma batterie. Et j’allais jouer tous les jours dessus. C’était plus le cas maintenant. Mais était-ce à cause de Maria ou à cause des dettes ? J’sais pas, en fait.

Cash pris un cendrier en forme de serpent. Tout ici représentait des reptiles. Une vraie caverne de shaman. Manquait plus que l’encens. Il y écrasa sa cigarette. Je fis de même avec la mienne pendant que Cash attrapa un coffre en bois. Je regardais ce coffre que Cash ouvrit presque d’une manière cérémonieuse. Quelque chose de mystique et de religieux. Alors, qu’en vrai, on n’fais que se shooter… Ça n’avait rien de bien glorieux.

Mais Cash n’en avait pas fini. Il n’allait pas me donner la clé de mon dépaysement aussi facilement. Il continua de parler de Maria et d’Aria. Qu’elles pouvaient cohabiter. J’approuvai de la tête. Bien sûr… Une petite-amie pouvait cohabiter avec une batterie… C’est logique.

J’le regardais préparer… Ah ouais ok… Quand je le vis faire chauffer le dessous de la cuillère, j’avais bien compris que c’était pas un petit trip à la coke qu’on allait se faire mais que c’était un tout autre niveau. Un niveau que je n’avais jamais franchi. Je déglutis bercé par les paroles de Cash qui disait que Maria était la représentation de mon amour alors qu’Aria était mon destin. Que l’amour était traitre, changeant alors que le destin n’avait que deux issues. Une bonne, une mauvaise. Et que tout dépendait comment je traitais Aria. C’était délirant mais mon esprit fatigué captais que j’avais délaissé Aria et que donc mon destin était obscure. Je baissai les yeux, comme les font tous les coupables quand ils sont démasqués. J’osais rien dire de plus de peur que Cash en découvre plus à mon compte.

Et je ne voulais pas admettre que Maria ne m’aimait plus. Parce que je l’aimais moi. Et que j’voulais croire que c’était toujours réciproque. Et que cet amour n’était ni traitre, ni changeant. J’voulais pas croire entièrement Cash pour ça.

Le serpent siffla me faisant frémir. Pourquoi ? Parce que ce serpent faisait peur ? Parce que j’avais peur de me piquer à l’héroïne ? Parce que j’avais peur de rentrer un jour chez moi et de voir que Maria était partie ? C’est Cash qui me sorti de toutes ces questions en parlant de Billy. Qu’est-ce que Billy avait avoir la dedans ? J’sais pas… J’m’en fous… J’avais juste regardé Cash d’un air bizarre parce que j’comprenais pas ce que Billy venait faire dans l’histoire. J’avais l’impression d’avoir zappé un bout d’conversation.

La mixture était terminée et j’vis Cash sortir une seringue. J’le vis se piquer. Son bras était rempli de marque qui montrait que ce n’était vraiment pas sa première fois. Il me tendit la seringue et je la regardai un petit moment. On pouvait voir le sang de Cash se mélanger à la mixture. Le Sang du Serpent. Je tendis mon bras cherchant où j’allais piquer pour que ça se voie le moins possible. Je fini par enfoncer la seringue dans ma veine faisant un grimace. Je retirai la seringue une fois celle-ci vide. Je la remis dans le coffre en bois.

-J’espère que cette fois, j’arriverai à lui parler…

J’avais déjà fait un trip similaire il y a quelques années. Où Cash m’avait, aussi, promis de voir Aria. Mais où tout avait foiré en fin de compte.

Je sentis le monde autour de moi changer. Je me couchai au sol trouvant la pose plus confortable qu’assis. J’attendais les instructions de Cash alors que mon environnement changeait totalement. J’sentais des sensations nouvelles. J’avais l’impression de connaitre plein de choses sans les connaitre. Comme si mon esprit s’éveillait…

J’voulais voir Aria… Il n’y avait que Cash qui pouvait m’emmener vers elle.

@ Billy Lighter

Howard avait accepté le sang du Serpent. Nous allions pouvoir partir, maintenant. Nous allions aller voir Aria. Je souris à Howard et hochai la tête alors qu'il reposait dans la boîte l'objet du rituel. Il allait pouvoir lui parler, cette fois. Car ici, il était dans l'antre du Shaman et personne ne viendrait nous y interrompre.

Le monde autour de nous commença d'abord par tourner avant de se désagréger. Et lorsque les murs de ma chambre s'effondrèrent, je me laissai tomber en arrière, sur mon dos, laissant mon corps passer de l'autre côté. Je soupirai de bien-être lorsque je sentis le sable chaud contre la peau de mon dos, le sol de ma chambre était devenu malléable, agréable et on aurait pu s'y prélasser des heures durant, ce que je faisais souvent.

Plus souvent je venais ici et plus ma transformation s'effectuait rapidement. Et, sous forme de serpent, je glissai vers le batteur de The Burning Fire pour venir le pousser de mon museau, lui sifflant à l'oreille.

-Ouvre les yeux.

Beaucoup avaient ce réflexe de fermer les yeux, comme si leur esprit pensait qu'il ne supporterait pas de voir en face le passage d'un monde à l'autre. Parfois aussi, c'était la sensation de vertige qui mettait les voyageurs mal à l'aise.

-Ouvre les yeux et appelle Aria.

Je m'allongeai de tout mon long et immense corps de reptile sur le sol. Les mains du batteur qui, dans ma chambre, étaient tremblotantes avaient repris tous leur contrôle désormais et mes pupilles biseautées se posèrent sur elles, encourageant Howard.

Ici, je ne devais pas ouvrir la bouche pour parler. Mes sifflements étaient traduits à Howard par le monde lui-même dans laquelle ma voix particulière résonnait.

-Les serpents sont attirés par les vibrations sur le sol. Ce sont ces vibrations dans nos tripes qui nous guident ici, pas notre cerveau et encore moins ce que les humains de la Terre nomme la raison.

Je me redressai, surplombant Howard d'un bon mètre.

-C'est le même phénomène qui se produit entre toi et tes fans.

Je sifflai longuement.

C'est ce même phénomènes qui te lie à ta Déesse.

Je le regardais intensément.

-Alors frappe, Howard. Frappe.

@ Billy Lighter

Le monde tournait de plus en plus. Comme si j’étais pris dans une spirale dont je ne pouvais pas en sortir. Je fermai les yeux essayant que ça tourne moins. Je me sentais tomber et j’savais pas si je trouvais ça agréable ou non. Ma tête arrêta de tourner quand je sentis de la chaleur sous mon corps. Une chaleur douce et agréable. Celle du sable. Je ne voyais rien, j’avais toujours les yeux fermés seuls la chaleur et une étrange lumière qui filtrait à travers mes paupières me faisait croire qu’il faisait jour.

Je sentis qu’on me poussait. Quelque chose d’écailleux. Une voix sifflante me demanda d’ouvrir les yeux. J’le fis doucement. D’abord ébloui par le soleil, je vis un serpent impressionnant devant moi. Et, autour, un désert. Le même que lors de mon premier voyage, il y a des années de ça.

L’étrange serpent avait la voix de Cash. Il avait ce même timbre qui dénotait tellement avec son corps. Il me demandait d’appeler Aria. Je regardai le serpent, puis ce qui nous entourait.

-J’suis déjà venu ici.

Si Cash semblait avoir une autre forme, moi, j’avais toujours le mienne. Mon regard tomba sur mes mains que le serpent regardait. Elles ne tremblaient plus. Mieux, j’me sentais très bien. Un sentiment de bien-être que je n’avais plus senti depuis très longtemps.

J’entendis le serpent. Enfin, Cash… M’expliquer comment marchait ce monde.
C’était les vibrations qui nous guidaient ici. C’était un monde pour moi. Un monde de vibration. J’adhérais aux paroles du serpent. J’approuvai chacun d’elle. Je fixai l’énorme reptile alors qu’il me disait de frapper. Assis par terre, je me mis à frapper contre le sol de mes mains. Je frappais un rythme bien connu de The Burning Fire. Je frappai ni trop fort, ni pas assez. Je frappais juste me laissant aller complètement. Et je n’avais qu’une chose en tête : Aria.

Soudain, au loin, je vis quelqu’un approcher. Je continuai de frapper mais, cette fois, mon regard était porté sur ce qui approchait. Je la reconnus. Brune, élancée, vêtue d’une robe blanche immaculée.

-Aria…

J’avais arrêté de frapper subjugué par cette superbe femme qui approchait de moi et du serpent à travers le désert aride. Pourrais-je la toucher cette fois ? Pourrais-je lui parler ? J’le voulais. Elle marchait mais ça me semblait lent… Comme si la distance qui nous séparait était plus grande qu’il n’y paraissait. Je me relevai fixant le serpent.

-Il faut qu’on la rejoigne.

Mon impatience m’empêchait d’attendre sagement ici qu’elle vienne. J’voulais aller à elle pour qu’on puisse se rejoindre au milieu du désert. Je commençai à avancer vers Aria.

@ Billy Lighter

Dans ma chambre silencieuse, les serpents s'activèrent dans leur terrarium et les chats tournèrent leurs frimousses vers nous, conscients qu'il se passait quelque chose. Car eux seuls pouvaient, sans avoir recours aux passeurs, faire fi des frontières entre les mondes. Il nous observaient, très calmes, alors que je marmonnais des incantations, les yeux fermés, destinées à guider Howard, à lui dire ce qu'il voyait, ce qu'il sentait.

Afin que nous ne nous perdions pas dans les méandres des dimensions désormais à notre portée.

Dans le désert, il faisait chaud, mais pas désagréable. Le sable était doux, le soleil brillant, le ciel d'un bleu presque sombre, sans nuage.

Je hochai ma tête reptilienne énorme. Oui. Howard était déjà venu ici, il y avait une éternité de cela.

Nous aurions pu être les seuls êtres vivants de ce monde chimérique, mais nous disposions également de toutes les capacités possibles et imaginables. Il nous suffisait d'y croire. A L.A., deux plus deux égalait à quatre. Mais ici, si nous voulions que deux plus deux égale cinq, il nous suffisait de le penser.

Et si Howard voulait voir Aria, il verrait Aria.

Il suffisait juste de lui dire comment faire.

Il frappa des mains sur le sable et le rythme résonna, comme ma voix, dans l'entièreté de ce monde... Et dans ma chambre.

Aria apparut, élancée, brune, magnifique et nappée d'une aura lumineuse à en faire pâlir le soleil de Désert lui-même. Elle venait d'un portail donnant sur une autre dimension, celle de Howard, que le batteur n'avait peut-être encore jamais pris la peine d'explorer, portail qui se referma aussitôt pour laisser la Déesse pénétrer dans mon Désert, bien plus stable que les terres vierges de l'esprit profond  de Stone.

Ses pieds nus s'enfonçaient légèrement dans le sable chaud alors que la lumière jouait sur la transparence de sa robe immaculée. Ses yeux bruns ne se fixèrent que brièvement sur moi, qui hochai la tête, confiant, pour l'encourager à avancer.

Dans la chambre, c'était désormais à Howard de prononcer des mots dans un murmure que seuls mes animaux et moi pouvions entendre. Des mots dans lesquels il me décrivait Aria, partageant sa vision.

Et, d'incantation en incantation, ce fut une conversation rêveuse qui s'engagea entre nous.

Le batteur voulait rejoindre celle qui faisait de lui ce qu'il était. Elle marchait vers nous mais malgré les mouvements de la Déesse, la distance ne diminuait pas. Howard voulait courir la rejoindre. Je sifflai, rampant sur le sable pour l'empêcher de se précipiter. S'il se mettait à courir, ici, s'il faisait augmenter les battements de son cœur, s'il provoquait une poussée d'adrénaline, c'était le monde dans son ensemble qui pouvait basculer.

J'en avais vu beaucoup courir... Et tomber... Pour ne jamais revenir.

Après avoir fait comprendre à Howard qu'il ne devait pas bouger, pas trop vite en tout cas, je me mis à grandir encore, jusqu'à être assez grand pour que mon corps de serpent puisse entourer à la fois Howard et Aria. Pour ensuite rétrécir et les rapprocher en même temps, les mettant face à face peut-être pour la première fois.

J'étais témoin de la rencontre entre Howard et son destin.  

@ Billy Lighter

Je pouvais voir Aria… Brune, les yeux tout aussi bruns. L’incarnation parfaite de ma batterie. L’image même que je m’étais toujours fait de la femme parfaite. Une aura lumineuse et rassurante l’enveloppait rendant le désert encore plus lumineux qu’il ne l’était déjà.

J’étais subjugué par cette vision que je décrivais tout haut. J’me sentais bien. Je ne m’étais plus senti aussi bien depuis des mois. Les douleurs dus à tous les manques possibles s’étaient envolé devant la vision d’Aria.

Elle avançait sans avancer… J’voulais lui parler, la toucher… Pas possible à cette distance. J’entrepris de foncer vers elle. Mais le serpent me siffla de ne pas le faire. J’le regardais le suppliant du regard. Fallait qu’Aria se rapproche.

Le serpent grandis sous mes yeux. Il était déjà grand… Mais ici, il était carrément immense. J’ouvrais grand les yeux r’gardant la scène comme un gosse. Il nous entourait Aria et moi. J’le vis rétrécir et, en même temps, Aria se rapprocher.

Elle était face à moi. J’me rappelle que, la dernière fois, elle avait disparu avant même que je ne puisse l’approcher. J’avais été brutalement sorti de mon rêve. C’était pas pareil aujourd’hui. Aria était bien là. Elle me souriait. J’lui rendis son sourire.

-Aria… J’suis désolé de t’avoir laissé de côté. J’devais prendre soin de Maria.

A moins que ce soit l’inverse. Maria qui prenait soin de moi. J’sais pas… Elle souriait toujours. Son sourire dégageait quelque chose de rassurant qui m’hypnotisait.

-Tu ne m’as pas délaissée, Howard. Tu m’as juste perdu de vue.

Je penchai la tête sur le côté. Perdu de vue ? J’essayais de comprendre. Je tendis ma main vers Aria pour caresser son visage. J’pouvais sentir sa peau fraiche sous ma main. Elle était douce. Mes yeux l’interrogeaient.

-Je ne comprends pas…

Elle me toisait de ses yeux merveilleux. Le regard toujours rassurant.

-La musique, Howard. Tu as perdu de vue ce que tu faisais. Ce que tu as toujours fait. Tu as perdu de vue les raisons de pourquoi tu fais de la musique.

J’la regardais avec un regard triste. J’avais toujours fait de la musique parce que j’adorais ça. Et parce que c’était la chose que j’faisais le mieux.

Aria posa sa main sur ma poitrine.

-Tu ne fais plus de la musique avec ton cœur.

Sa main changea de place pour pointer mon front.

-Tu la fais avec ta tête.

Je baissai la tête. J’avais fait de la musique pour sortir un album. Et j’avais fait cet album pour les thunes. J’n’y avais trouvé aucun plaisir.

-Je n’avais pas le choix. Je…

Aria me coupa en posant d’un geste lent un doigt sur mes lèvres. Et elle me parlait toujours d’une voix douce. Sans hausser la voix. Une voix presque envoûtante.

-Ne te justifie pas, Howard. Tu te fatigue toujours à te justifier.

J’la regardais, le regard triste.

-J’suis désolé… J’te promets que je ne te perdrais plus de vue.

Elle sourit, le sourire bien plus triste que le mien. Triste par mes toutes dernières paroles. Car elles les interprétaient mieux que personne. Elle savait ce que signifiait une promesse faite par moi… Mais elle ne me fit aucune remarque. Elle se contenta de poser un baiser sur ma joue avant de commencer se retourner.

-Non ! Aria reste !

Je tendis la main vers elle… Mais elle commençait à s’éloigner…

@ Billy Lighter

J'avais permis à Aria et Howard de se retrouver. Deux humains entouré du Roi Serpent. Une rockstar avait rendez-vous dans le Désert avec son Destin et j'étais le seul témoin de cette scène hors du commun.

Howard faisait des excuses, Hwoard faisait des promesses et Aria lui répondait avec une douceur qui ne cachait pas qu'elle connaissait le batteur mieux que personne et que les paroles de celui-ci, même dans et endroit mystique nappé de sable n'avaient aucune valeur.

Elle lui délivrait un message pourtant de la plus haute importance, le recentrant sur la relation qu'il devait entretenir avec la musique et avec elle. Il ne jouait plus avec son cœur, il jouait avec sa tête et leur relation était devenu une cohabitation d'habitude qui fonctionne bien plus qu'une histoire d'amour avec ses éclats brillants et ses phases sombres qui la rendait belle et intéressante.

Je les regardais, bienveillant, et mon sifflement de protestation raisonna dans le Désert à la promesse de Howard.

Il devait oublier les justifications, il devait oublier les promesses.

Il devait arrêter de parler pour commencer à agir.

Aria avait délivré son message et, après avoir offert un baiser à son batteur, elle avait commencé à s'éloigner et j'avais ouvert le passage à la Déesse pour la regarder rejoindre l'horizon d'un pied léger qui ne laissait aucune trace dans le sable du Désert.

Howard cria, trop fort pour le Désert qui trembla alors qu'il hurlait et que je sursautais sur le sol de ma chambre.

Je refermai mes anneaux autour de Howard, l'empêchant une nouvelle fois de se perdre.

Aria disparut dans la lumière du soleil, comme si elle n'avait été qu'un mirage.

J'affirmai d'une voix sifflante et plus ferme qu'elle ne le serait jamais à L.A. :

-Elle a délivré son message, Howard.

Je le transperçai de mes pupilles reptiliennes.

-A toi d'en tirer les enseignements.

Et alors, il pourrait la voir encore. Il pourrait l'entendre encore alors qu'il taperait sur ses peaux tendues.

-Tu es et tu dois rester le messager d'Aria.

Lorsqu'il reprendrait sa place, il n'aurait plus besoin de la poudre de Delfino pour sentir la présence de sa Déesse.

Poudre dont les effets s’estompaient, le temps passant beaucoup plus vite à L.A. que dans le Désert.

Je sifflai.

-Ouvre les yeux.

Ce que je fis pour devenir aveugle dans ma chambre obscure.

La nuit était tombée sur Los Angeles.   

@ Billy Lighter