Je ne me souviens même plus comment j’ai rencontré Lullaby. J’ai dû tomber dessus comme ça, par hasard, et puis, plusieurs substances anesthésiant ma méfiance, j’ai sans doute commencé à lui parler. Aucune idée d’où elle venait, ce qu’elle faisait, ce qui est sûr c’est que je l’ai trouvé jolie. Je ne lui ai pas lancé un regard désolé, dégouté ou méprisant comme la plupart des passants, je me suis arrêtée et on a discuté. Une chose en entraînant une autre, j’ai appris à la retrouver dans les rues de Los Angeles que je croyais connaître par cœur. C’était une ratée elle aussi, et peut-être que si elle osait se présenter à un casting, elle aurait la même carrière qu’Orion et moi. Ce qui à la base était un jeu, une simple connerie de plus, un défi stupide, avait fini par changer nos vies, et pour le moment, je n’avais pas à me plaindre. La célébrité ne m’étouffait pas encore, l’argent nous permettait de faire à peu près tout ce qu’on voulait, notre manager nous couvrait. Je savais au fond qu’Orion et moi n’avions rien à faire dans ce monde, on nous donnait un pouvoir qu’on ne savait pas contrôler et ça pouvait à tout moment se retourner contre nous. Mais je préférais faire taire tout ça avec une pilule ou deux, c’était plus simple, plus plaisant.
J’étais partie soudainement de l’appartement, portée par une pulsion, une soudaine envie de retrouver la Lullaby en question, elle n’avait rien de spécial mais après tout moi non plus. Et puis Orion était occupé enfin du moins il n’était pas à l’appartement alors il me fallait bien quelqu’un pour combler en partie cette absence. J’ai couru dans les rues, bousculant aussi bien des enfants que des personnes âgées en bref toutes les personnes osant se tenir sur mon chemin. L’alcool ingurgité quelques heures auparavant n’était pas totalement descendu, et pour accompagner le tout, la cocaïne partagée avec Orion au réveil me donnait l’impression de pouvoir voler, en réalité peut-être que je marchais simplement, je ne m’en rendais pas franchement compte. Après avoir déambulé pendant quelques minutes ou bien quelques heures, j’ai fini par l’apercevoir dans une rue un peu moins fréquentée.
« Lullaby !! »
J’ai hurlé et tout le monde s’est retourné : sauf elle. Il a fallu que j’accélère encore et que je l’attrape par le bras. Elle semblait ailleurs, et ça n’allait pas du tout parce qu’après tout il ne fallait pas qu’elle soit ailleurs, elle se devait d’être là, avec moi. Pour pas me laisser seule dans cette rue remplie d’inconnus qui devaient sans doute me prendre pour la dernière des malades. Peut-être qu’ils avaient raison d’ailleurs.
« À quoi tu penses ? »
Pas de salutations, pas de politesse, rien du tout. Je voulais savoir ce qu’il y avait dans sa tête, en espérant que ça me passionne, me transporte n’importe où mais loin de toutes les questions qui me hantaient. En attendant sa réponse, j’ai commencé à rouler un joint, sans chercher à me cacher de qui que ce soit. Je souriais à Lullaby en attendant qu’elle me dévoile toutes ses pensées, il fallait qu'elle m'occupe, qu'on s'occupe ensemble.
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Élaboration du plan - PV Lullaby
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