La pluie est torrentielle en cette fin de soirée d’octobre sur L.A. couvrant le ciel d’un voile noir sans étoiles. Le vent se joint à la fête, balayant tout sur son passage. Ce n’est clairement pas un temps pour laisser un chien dehors.
Pourtant moi, je déambule sans but précis, serrant mes bras contre ma poitrine, la tête baissée, comme si ça pouvait me protéger de la pluie qui m’a pourtant traversée jusqu’aux os. J’ai froid, j’ai faim et j’ai mal.
De temps en temps, je m’arrête sous un auvent avant de repartir jusqu’au prochain endroit un tant soit peu à l’abri de Dame Nature et ses caprices.
Heureusement pour les filles comme moi, ce genre de déluge n’est pas monnaie courante dans ce climat méditerranéen. Et heureusement pour les filles comme moi, le petit confort des citadins prime sur tout le reste et les auvents, les abris d’autobus, les entrés de restaurant à l’abri du soleil pleuvent, sans jeu de mots.
Je reconnais sous mes pieds endoloris, les étoiles qui parsèment le long trottoir. Je suis donc revenue sur mon « Walk of Shame », mon circuit habituel quand je ne suis pas dans l’Eastside. Sauf qu’ici, par un temps pareil, je n’ai aucune chance de trouver quelqu’un qui m’amènera dans un endroit plus confortable – et au sec – qu’ici, sur le Walk of Shame…
Je n’ai même pas une pièce en poche. J’aurais pu appeler Howard ou Apolline. Ils auraient sans aucuns doutes tout lâché pour venir me cueillir. J’ai pas grand-chose dans la vie mais des amis fidèles, ça par contre j’ai la chance d’en avoir !
J’frissonne, je claque des genoux et des dents comme une belle conne, et mon visage, ainsi que mes côtes me font horriblement mal. C’est ce qui arrive quand, plus souvent qu’autrement, on tombe sur des connards d’enfoirés qui refusent de payé après service rendu.
Celui là n’avait aucunement l’intention de me payer et me l’a bien fait comprendre en me frappant à tête à quelques reprises contre le mur de la chambre qu’il avait pourtant loué, avant de me finir le tout d’un bon coup de pied dans le ventre. Il m’a ensuite jeté à la porte du motel, dans lequel il nous avait conduits, à l’autre bout de la ville.
Et voilà comment je me suis retrouvé à marché sous la pluie, cherchant désespérément un endroit pour me reposer. En vain. J’ai marché, malgré la douleur jusqu’à me retrouver ici.
J’en peux plus. Mes pieds me font souffrir et je ne parle pas de mes côtes et de mon visage. J’ai froid et j’ai faim. Je suis sans argent, sans came et complètement désespéré. J’ai plus qu’une idée en tête, m’étendre sur le bord de la route et me laisser crever.
J’fini par m’assoir contre un mur de brique, remontant mes genoux contre mon torse, faisant fit de la douleur que l’effort exige. Je pleurerais bien, si je le pouvais. Mais si j’ai appris une chose après toutes ces années à faire le trottoir c’est qu’au final, la prostituée n’a que ce qu’elle mérite… J’ferme ma gueule et j’encaisse.
Ma tête posée contre le mur, j’entends de la musique qui me parvient depuis l’intérieur de la bâtisse. J’mets un moment pour me rendre compte que je suis adossé au Rainbow, club du centre-ville. Nous sommes mardi. Personne va s’éclater la tronche dans les clubs un mardi.
Lentement, péniblement, je me lève prenant appuie contre le mur de brique froid à cause de la pluie et du vent puis j'entre à l'intérieur. Je n'y vois que la serveuse, l'air complètement ébahi devant son seul client.
@ Billy Lighter
Dernière édition par Bailey Raphaël le Mer 26 Juil - 22:57, édité 1 fois
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Sujet: Re: The Whore And The Villain [PV Elton Grid] Mer 26 Juil - 22:18
ça fait vraiment bizarre de se réveiller le matin et de se dire que pour une fois, on préférerait avoir un mal de crâne à soigner. Je pensais qu'avec ce nouveau groupe j'allais renouer avec le feu sacré ! Que j'allais pouvoir me mettre minable pour fêter et non pour oublier. Mais là, j'arrive juste pas à me lever. J'ai même pas envie de me mettre au clavier pour taper une impro, ni même de tenter de me rendormir et d'espérer me réveiller mieux luné. J'ai perdu l'inspi. Il aura suffit d'un disque pour pomper tout ce qu'il me restait de créativité. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il est vachement bon ce sacré bon dieu de disque ! J'en suis réduit à être jaloux de moi un an auparavant. ça fait pitié. Je vais aller m'ouvrir une bière et m'allumer une clope, ça ira mieux après.
Bon, le plan A à échoué : ça fait cinq bière que je bois et au moins douze mégots frais dans le cendar et ça va toujours pas mieux. Je chope mon blouson et je sors de chez moi, personne dans les rues. Je check ma montre : Putain ! il est déjà 16h ! la vache ! et j'ai rien picolé avant de me pieuter ! J'ai besoin de remettre de l'ordre dans mon horloge interne. Je prend la dangereuse décision d'aller squatter un bistrot jusqu'au soir. Je dis dangereuse parce que ça risque d'être plutôt "jusqu'au matin" que "jusqu'au soir". à force d'y réfléchir, je me retrouve sans m'en rendre compte au perron d'un club qui remplit tous mes critères immédiats de sélection : désert, Bud light et juke box. Je lève les yeux :
"Le Rainbow ? on est passé à deux doigts de la catastrophe ! un peu plus et c'était Poneyland !"
Ravalant mon venin, j'entre et commande une bière. N'ayant aucune intention de l'attendre au zinc comme un con, je m'avance vers le juke box et envoie "A Key for a Key". Je sais que c'est mal de s'auto-sucer mais... oh et puis merde ! je suis dans ma tête, j'ai pas besoin de me justifier. Je paye ma bière et m'assois sur un tabouret.La Barmaid me regarde et me dit :
-Hey ! mais c'est toi le clavier des Papa Mosies ! Vous êtes encore jamais venus jouer ici, je me trompe ? -Nan, la grosse, on n'est jamais venu. Alors si tu veux ma zic, pour le moment tu vas chez le disquaire en face et tu achètes mon putain de disque. En attendant, remet moi la même chose.
Elle me sert et sort du bistrot. Je fais pas attention, je me dis qu'elle va aller chialer chez les poulets en disant que je l'ai traitée de "grosse". De toute façon je m'en tamponne le cul avec sa bouche, je gagne assez de fric pour payer dix fois la moindre caution si ces connards viennent me coffrer. Je sirote ma binouze et j'attends. Au bout de quelques minutes, j'entends la porte s'ouvrir alors je tourne la tête vers l'entrée en disant "t'es déjà rev..." Je m'arrête, sur le cul. Elle est seule et sous son bras : mon disque, tout neuf, son visage fendu d'un sourire qui monte jusqu'au plafond. Elle retourne derrière son comptoir et sort un électrophone sur lequel elle s'empresse de lire ce foutu vinyle. Ma main s'écrase sur mon visage. Elle me lance "ça vous plait ?" toujours avec ce sourire niais. Une larme m'échappe. Une larme de quand on sent toute la tension de la mauvaise humeur s'en aller. Une larme de quand on a presque envie de fondre en repentir. Je lui répond "oui, beaucoup. Merci..."
Finalement, on a écouté le disque au moins quatre fois. je lui faisait le commentaire en même temps. Elle riait beaucoup, je crois que je lui ai plu. Mais là, alors que ma soirée paraissait bien partie pour se résumer à ça, une fille entre dans le club. Je ne la connais pas, mais je n'arrive pas à décrocher mon regard de ses yeux. Je suis comme stupéfait. Je sens la jalousie dans les phéromones de la barmaid qui constate qu'elle a soudain perdu mon intérêt mais je m'abstient sans effort de la regarder. Je ne bouge plus. Rien ne me sort de cette statue en laquelle je me trouve incarné. Il n'y a plus que moi... et elle.
LTL
@ Billy Lighter
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Sujet: Re: The Whore And The Villain [PV Elton Grid] Ven 28 Juil - 16:15
Les risques du métier m’ont été clairement exposé ce soir alors qu’un client arnaqueur m’a servit une raclée en guise de paiement. Tant de rage contre moi alors que je lui avais offert le meilleur de moi-même pour lui assurer un bon moment.
J’ai peine à marcher pourtant je fais la route en entier, ne prenant que quelques pauses ici et là, sous une pluie battante comme on en voit rarement sur Los Angeles. La cité des Anges, mon cul oui !
J’aurai beau marcher toute la nuit, ça ne sera jamais assez loin pour que je me sente en sécurité. Peut importe où je vais, ça me rattrapera toujours. Parce que ça fait partie de moi, parce que c’est ainsi.
Pourtant je continue de fuir.
Tout ce que je veux c’est m’éloigner suffisamment pour me reposer et, si j’ai de la chance, faire la rencontre d’une âme charitable qui acceptera de me payer une chambre pour la nuit. Je rêve d’un bon bain qui me réchauffera et adoucira la douleur lancinante des coups que j’ai reçus.
J’ai donc beaucoup marché au point où j’en ai perdu la notion du temps et que la douleur s’est endormie par l’engourdissement. Mes pas m’ont guidée jusqu’au Rainbow, et j’y entre pour m’abriter de la pluie et me réchauffer. Je suis complètement perdue, j’ai le corps en souffrance tant physiquement que mentalement.
L’endroit est plutôt désert.
Pas étonnant pour un mardi soir, en plein déluge, un des rare pour la saison. Au bar, la barmaid, bien sûr, et un seul client qui lui captive toute son attention, avec en trame sonore, une musique que je reconnais.
Ce dernier se tourne et fixe son regard au miens. C’est autant fascinant qu’intimidant. Parce que j’ai conscience que je dois faire piètre figure et que l’état de mon visage n’a rien de bien mignon pour l’heure. Lentement, j’avance jusqu’au comptoir et je prends place sur le tabouret à ses côtés.
- Papa Mosies… je ne m’en lasse pas. , dis-je simplement, lorgnant vers le bar.
La musique, allez savoir pourquoi, représente un havre de paix pour moi. Peut-être parce que plusieurs de mes clients y sont reliés de près ou de loin et qu’à force, j’y trouve mon compte. La musique c’est un peu comme une prostituée. Elle est là pour te plaire, pour te faire passer un bon moment, puis quand elle a fini, tu passes à autre chose.
Me viens en tête cette nuit très spéciale avec Billy Lighter. Quand il avait composé une chanson en ma compagnie. La satisfaction qu’il avait dans les yeux alors que les mots lui venaient facilement, et j’étais là, à le regarder sans jamais m’en fatiguer.
Et là, je reconnais parfaitement bien le groupe qui joue sur l’électrophone derrière le bar.
- C’est… une soirée spéciale style hommage ?
J’ai le cerveau trop refroidis pour réfléchir et faire des liens. Pourtant le mec qui est là et qui ne me lâche pas du regard me rappel vraiment un visage mais j’arrive pas à mettre le nom dessus. Je l’ai peut-être déjà sucé dans les toilettes d’un bar, ce serait vraiment gênant quand même. Mais en même temps, si je devais me rappeler de tous les mecs que je me tapes, je traînerais un putain de bottin dans mon sac !
Mais j’suis la reine des idiotes de toute façon. S’il me dévisage, c’est parce que j’ai probablement du sang sur le visage et que je suis trempée jusqu’aux os. Y’a pas moyen de s’en sortir, j’attire les regards naturellement, moi !
@ Billy Lighter
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Sujet: Re: The Whore And The Villain [PV Elton Grid]
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The Whore And The Villain [PV Elton Grid]
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