Nous y étions… Nous étions le 30 octobre 1982, jour de mon mariage avec Sonne Ferguson. Début du mois, c’était censé être le couronnement de notre relation. Mais, aujourd’hui, tout était différent… Je n’avais plus vu Sonne depuis ce jour à l’hôtel où elle m’avait surpris en compagnie d’un de mes amants. Et je ne savais même pas si j’allais la revoir aujourd’hui.

C’est à cause de ça que je n’avais pas dormis de la nuit. Je risquais l’humiliation devant toute ma famille si Sonne ne se présentait pas à l’autel comme prévu. Elle tiendrait sa vengeance si elle me faisait un coup pareil.

Je comptais sur les trois bébés qu’elle portait pour l’amener ici. Je savais que Sonne ne pourrait pas subvenir seule aux besoins de quatre enfants en bas-âges. Même avec le salaire qu’elle avait de ses prestations pour Ricci, je savais qu’il lui faudrait engager du personnel pour assurer son travail et la garde des enfants et qu’elle n’en aurait pas les moyens…

Bref, c’est avec des pieds de plomb que j’étais allé à l’Eglise en espérant ne pas subir l’humiliation de ma vie. Surtout que Jimmy Reed était mon témoin… Et subir une humiliation devant lui était encore pire que d’en subir une devant mon père…

A mon arrivé à l’Eglise, je pu remarquer qu’il y avait du monde. Mes parents, fraichement arrivé hier soir de Chicago, m’avait enlacés. Mon père me souhaita des félicitations alors que ma mère déclara que j’aurais mieux fait de marier une femme de la haute au lieu d’une femme qui allait mettre au monde trois enfants à la fois. Ma mère n’aimait toujours pas Sonne. Et quand je lui ai annoncé que ma « future femme » allait accoucher de triplés elle avait dit qu’il n’y avait que les femmes de la basse classe qui arrivait à faire des choses pareilles. Ma mère devait sûrement jalouser Sonne parce qu’elle n’avait réussi, elle, qu’à avoir un seul enfant… Pourtant, ça n’avait pas été faute d’essayer d’avoir d’autres petits Moriarty en plus de moi.

Les autres convives étaient là. Il y avait un monde impressionnant. La famille Moriarty au presque au complet était présente (sans le bâtard, River, qui n’était pas invité), des amis de Sonne et des amis à moi. Sans compter les photographes engagées pour couvrir l’évènement et autres. On avait fait ça bien. Dommage que ça se fasse dans les circonstances qu’on connait. J’aurais voulu que ça soit un jour qui avait un peu plus de sens que ça… Mais je ne pouvais que m’en vouloir. Je n’avais pas été assez prudent... Pas du tout, vu que je n’avais signé aucun contrat de mariage. Et avec trois enfants à moi, si Sonne voulait divorcer pour une faute de ma part, elle pourra s’envoler avec pas mal d’argent… Je ne suis plus très sûr que tout ce que je faisais aujourd’hui soit une bonne idée. D’où mes pieds de plombs.

Bien vite, les invités rentèrent dans l’Eglise. La famille de Sonne d’un côté, la mienne de l’autre. Jimmy Reed m’attendant au bout. Ma mère pris mon bras et on avança au milieu de l’allée. Tête haute, elle m’accompagna jusqu’à Jimmy Reed. Je regardai se dernier avec un sourire et autant ma mère que moi, on se mit à ses côtés. Je n’avais pu m’empêcher de le regarder de haut en bas… Mais il fallait vraiment que je freine mes pulsions.

Les minutes passèrent… Et pas encore de trace de Sonne. Si c’était silence au départ, les chuchotements commencèrent à s’élever un peu partout. Le prêtre attendait l’arrivée de ma « future femme »… Je me mordais la lèvre alors que le visage de ma mère devenait de plus en plus fermé à chaque minutes de retard de Sonne.

Je me faisais de plus en plus à l’idée, le cœur battant, qu’elle ne viendra jamais… Je me faisais à l'idée que j'allais être humilier devant ma famille en entier et, surtout, devant Jimmy Reed...

@ Billy Lighter

Quand Axel était venu me voir pour me demander d’être l’un des témoins à son mariage, je n’avais pu qu’accepter. Le journaliste travaillait extrêmement bien pour sauvegarder voire faire fructifier mes intérêts et sa critique du single d’Olivia Cortez m’avait fait sourire. De plus, même sans cela, nos familles respectives étaient liées par des vices qui n’avaient pas pu échapper aux tabloïds de l’époque, nos parents sortant ensemble dans tous les sens du terme et probablement dans toutes les positions possibles, lorsque leurs chemins se croisaient à Chicago.

Ma place à son mariage était donc légitime et allait apporter un gros plus à cet événement.

C’était ainsi que j’avais revêtu un tout nouveau costume, y mettant dans une des poches une boîte d’excellents cigares cubains et que je me rendis à la St. Thimothy's Catholic Church, sur Beverly Hills, à bord d’une toute nouvelle Cadillac Fleetwood Brougham noire. De quoi faire de l’ombre au véhicule qu’auront choisi les mariés, quel qu’il soit.

Mon arrivée fut très remarquée, ce qui rattrapait mon arrivée au gala des Sherman quelques mois plus tôt, quand Daniele m’avait damé le pion en ressortant Sniper d’un vieux tiroir poussiéreux.

Je descendis de ma voiture pour aller directement saluer Howard Moriarty et son épouse qui m’accueillirent à bras ouverts, comme si je faisais partie de la famille, ce qui était le cas, en quelque sorte… Nous parlâmes brièvement de tout, de rien et des affaires, avant que Madame Moriarty, accrochée à mon bras comme une jeunette de 18 ans en pleine poussée d’hormones, n’annonce à son mari qu’il était grand temps que lui et moi entrions dans l’église pour nous installer à nos places respectives comme se devait la tradition.

Elle allait rester là et attendre Axel, ainsi que tous les spectateurs soient entrés, pour entrer au bras de son fils.

Ce fut donc tout au bout de l’allée, à côté de l’autel, que je me plaçai, solennellement, souriant aux invités qui n’avaient d’yeux que pour moi.

Dieu comme j’adorais ça.

Et je jubilais d’autant plus intérieurement que je savais que Daniele et Maria seraient présents, eux qui devaient arriver en compagnie de la mariée. Eux à qui j’avais fait promettre Axel de ne pas révéler que j’aurais un rôle clé dans ce mariage, prétextant une bonne blague entre meilleurs amis.

L’heure sonna pour Axel de faire son entrée et ce fut, comme prévu, au bras de sa mère qu’il apparut. Quand il arriva à ma hauteur, je l’accueillis en le prenant dans mes bras et en lui tapant amicalement dans le dos avant de prendre sa tête dans mes deux mains, pour lui dire droit dans les yeux, devant toute l’assemble qui nous regardait, afin de montrer combien notre alliance était forte :

-Félicitation, mon ami.

Je le lâchai et me replaçai où il se devait.

Mais les minutes commencèrent à s’égrainer, les chuchotements et toussotements à s’élever et je compris qu’il y avait un réel problème en voyant la mère d’Axel se retourner intempestivement et les yeux du journaliste s’abaisser de plus en plus vers le sol.

Le temps était venu pour moi d’entrer en scène. Parce qu’Axel méritait un geste de ma part qui allait le fidéliser encore plus.

Et parce que je n’aimais pas attendre.

Je me déplaçai donc d’un pas souple et léger, sourire aux lèvres, jusqu’au prêtre à qui je fis comprendre d’une main sur son épaule que je voulais sa place.

Quand il s’écarta, je me penchai vers le micro pour annoncer de ma plus belle voix :

-Je pense que notre future madame Moriarty a bien compris que dans ce monde dans lequel elle se prépare à entrer, les plus grandes stars se font attendre.

Des éclats de rire se firent entendre, presque unanimes. J’aimais faire diversion, mais j’aimais aussi avoir l’attention alors ce petit jeu me plaisait beaucoup.

-Et si, aujourd’hui, pour mon ami, j’ai fait un effort pratiquement inhumain…

Je regardai Axel, l’air gentiment désapprobateur.

-Merci Axel…

Regard à nouveau sur l’assemblée avec un air beaucoup plus sérieux.

-…Sonne, elle, a bien compris qu’elle était la dame de ce jour.

Je captai le regard d’une jolie jeune fille en fleur du côté des proches de Sonne et lui fis un clin d’œil.

-Quoi que…

Grands sourires à l’assemblée, beaux mouvements de mains, je captais l’attention comme je savais si bien le faire.

-Soit. Rassurez-vous… Il ne faut pas oublier qu’Axel et moi avons laissé la jeune mariée aux bons soins de mon meilleur ami Daniele Ricci, qui, à l’heure qu’il est, doit lui faire un cours sur la proportionnalité du retard qui fait une entrée réussie.

Nouveaux éclats de rire.

Je regardai alors la mère d’Axel.

-En parlant de proportionnalité : si mon ami Daniele excelle dans l’art du retard et tend à le transmettre, j’en connais une qui excelle au piano…

Je tendis la main vers la mère d’Axel :

-Heather, venez donc nous jouer quelque chose…

Comme elle rougissait, je descendis de mon piédestal et vins lui prendre la main pour la mener jusqu’à l’orgue sur lequel elle commença à jouer une chanson magnifique.

♫

@ Billy Lighter

St. Thimothy's Catholic Church… Beverly Hills… Un peu en retard parce que je voulais voir, mais je ne voulais pas être vu par Axel. Pas tout de suite, en tout cas. Toutes les informations dont j’avais besoin, je ne les avais pas trouvées plus loin que dans Guitar&Pen, magazine auquel je m’étais abonné pour garder un lien avec mon cousin.

Il allait se marier, avec celle qui se nommait Sonne. Je me rappelais des yeux humides et terrifiés de Sonne. Magnifique, lorsqu’elle était en pleurs, le visage déformé par la terreur.

Mais ce mariage signifiait autre chose : la famille Moriarty serait là. Ma famille sur laquelle, hormis celui de ma mère défunte et shootée, et maintenant, celui d’Axel, je ne pouvais pas mettre de visage. Axel me ressemblait, à ceci près que j’étais plus petit, plus trapu et que j’avais les yeux bleus glace quand lui avait les yeux noirs. Ma mère me ressemblait aussi, bien que ma mémoire n’ait imprimé que la dernière image que j’avais de ses traits : de longs cheveux noirs et sales, le teint verdâtre, la langue boursoufflée et les yeux noirs vitreux… Victime d’une overdose dans le campement hippie où nous vivions à l’époque.

Désormais, même dans les souvenirs que j’avais d’elle de son vivant, elle arborait son visage cadavérique.

Vêtu d’un costume qu’Henri, mon agent, m’avait acheté pour les interviews, je m’étais rendu à l’église et j’y entrai par la porte grande ouverte au moment où Jimmy Reed prenait la place du prêtre.

Tout le monde regardait le patron de BSC mais moi, c’était Axel, ou plutôt le dos d’Axel, que je regardais.

Je restais tapi au fond de l’église, près de l’entrée, pas loin d’un photographe qui s’en donnait déjà à cœur joie. Probablement que vu le nombre d’invités prestigieux, on allait parler de ce mariage dans la presse. Entre Reed, patron de BSC ; Daniele Ricci, The Best ; Howard Moriarty, sénateur de l’Illinois… et moi, acteur de Keeeping Our Land et futur visage de Be Mine ! il y avait de quoi faire…

Sans compter que je m’appelais aussi Moriarty.

Et bien que je restais à la « place du bâtard », au fond, à côté de la porte d’entrée de l’église, l’idée que ma présence et ma ressemblance avec le marié se remarque et fasse éclater un scandale médiatique, me plaisait assez bien.

Axel ne pouvait pas juste m’effacer.

Je m’appuyai au mur du fond, les mains dans les poches de mon costume, en biais, les yeux rivés sur la porte d’entrée par où Sonne allait devoir apparaître… Parce que si je ne voulais pas que mon cousin me voit, je voulais que mon regard croise à nouveau celui de son épouse, comme ceux d’un monstre dans un cauchemar…

Pour lui rappeler à qui elle allait lier sa vie aujourd’hui.

Si elle arrivait un jour.

@ Billy Lighter

Wedding Day ft Libre

Si on m’avait dit que je me retrouverais invité au mariage d’Axel Moriarty il y a seulement quelques mois de ça, j’y aurais pas cru. Et pourtant, j’étais là, installé dans l’église à une très bonne place puisque Sélène était une amie de la future mariée. C’était donc du côté réservé aux proches de cette dernière que j’étais installé. Sélène, elle, était restée hors de l’église afin d’y attendre l’arrivée de la mariée pour la suivre ensuite tout le long de l’allée en portant sa traine ou en jetant des pétales de roses… ou les deux, je ne savais pas trop. Sélène parlait parfois tellement vite quand elle était heureuse que j’avais du mal à suivre. J’étais donc tout seul sur mon banc, entouré de parfaits inconnus.

Car si, côté Moriarty, les codes familiaux étaient plutôt clairs, avec Papa, maman et tout le bordel… Côté Ferguson, ça avait l’air beaucoup plus… disparate… Mais après tout, peut-être que son père était avec elle puisque théoriquement, c’était à lui de l’amener jusqu’à l’autel.

Pas de trace de maman Ferguson quand même…

Enfin soit… Ce à quoi je ne m’attendais pas non plus, c’était à me retrouver en plein milieu d’une mine de people ! Rien que Jimmy Reed comme témoin pouvait suffire à faire un très bon article. Mais je savais aussi de par l’invitation que la fête se déroulerait ensuite à la villa Ricci.

Et pourtant, j’aurais pu le déduire puisque je savais que Sonne travaillait pour Ricci en tant que secrétaire. J’avais plus de mal à saisir ce qui liait Moriarty à Jimmy Reed, mais il fallait dire que je ne pouvais pas sucer de mon pouce que ça remontait à la génération de leurs parents. Je n’étais là que depuis 11 ans et ça faisait déjà plus de 11 ans que le père de Reed avait rendu l’âme, laissant à son fils un héritage plus que considérable que ce dernier se donnait à cœur joie de faire fructifier.

J’étais donc en congé, puisqu’invité aux festivités… Mais je ne pus m’empêcher de me retourner dans tous les sens pour observer s’il n’y avait pas d’autres têtes connues dans l’assemblée.

Je m’étais à peine retourné pour regarder derrière moi que je fus ébloui par le flash d’un appareil photo. Je clignai plusieurs fois des yeux en fronçant les sourcils jusqu’à pouvoir y voir à nouveau quelque chose. Je repérai alors le photographe et eu un sourire en coin en reconnaissant T.J. Goldstein… La journée n’était peut-être pas totalement perdue, finalement. Pas que ça me déplaisait d’être là parce que ça faisait plaisir à Sélène et Sonne qui était une femme très gentille si on excluait ses choix en matière de mari… Mais quand même, ça m’aurait fait mal de me trouver en plein milieu d’une mine d’or sans pouvoir en prendre un peu…

Je me demandais quand même bien comment le jeune homme avait fait pour se retrouver là, parce que ce n’était pas comme s’il faisait ça en mode furtif. Il avait même l’air vachement officiel, d’ailleurs.

Mon regard continua son petit bonhomme de chemin alors que j’étais tenté de regarder à nouveau vers l’autel où Jimmy Reed avait pris la parole pour passer le temps, vu que la mariée se faisait désirer.

Je fus soudain perplexe…

Dans l’église se trouvait l’autre Moriarty… L’acteur. Jamais il n’avait été fait mention, nulle part, que les deux Moriarty puissent avoir un lien familial ! Et d’ailleurs, si ça avait été le cas, River ne serait pas relégué tout au fond de l’église, pas vrai ?

De là où j’étais, j’avais l’impression qu’il allait se jeter sur la mariée quand elle allait entrer dans l’église et passer devant lui. Mais je devais être influencé par le rôle incroyablement horrible, et brillamment maîtrisé, que je l’avais vu jouer dans Keeping Our Lands.

Les gens autour de moi rirent d’une plaisanterie de Reed et je me retournai vers l’autel pour l’écouter…

En croisant les doigts pour que T.J. pense un peu à moi… Puisqu'il avait déjà fait ses preuves en me fournissant les précieuses photos que je voulais...

L'article était à l'heure qu'il était à la correction...

Et demain, Ricci allait avoir plus qu'une gueule de bois à gérer.

@ Billy Lighter

C’est avec toute la douceur et la compassion du monde que Mademoiselle Watson .tait parvenu à me remettre sur pied et me raisonner en vu de ce qui devait, à la base être le plus beau jour de ma vie.

Elle m’avait aidé à me recoiffer ainsi qu’à retoucher mon maquillage. Ma robe avait été un peu plus difficile à passer, puisque je ne voulais pas abîmer mes cheveux ni tacher le tissu de rouge à lèvre ou de phase à joue.

Ça aurait bien été la cerise sur le gâteau!

Qui plus est, elle avait souligné la tradition des objets  soit un truc neuf ( mes souliers) un truc emprunté( les magnifiques pinces pour cheveux de Mademoiselle Watson)  de vieux ( mon collier de perle ayant appartenu à ma mère, seul souvenir que je possède d’elle) et, ne manquait que quelque chose de bleu mais j’espérais que le ciel sans nuage ferait l’affaire.

Avant de prendre place à bord de la voiture de mon patron, je m’étais permis de le p rendre à l’écart, non pas parce que je ne voulais pas que Maria entende, au contraire, mais parce que je voulais qu’il comprenne que mon message était sincère et qu’il venait du cœur.

- Merci… Merci infiniment pour tout ce que vous faites pour moi, depuis le tout début.

J’avais appris à le connaitre depuis le début de notre collaboration et chaque jour, le respect que je lui vouais grandissait.  Si certain le qualifiait de superficiel et caractériel, moi, au contraire, je voyais en lui un homme droit, intègre et qui, malgré les airs qu’il se donnait, avait le cœur à la bonne place. Un cœur immense.

Un dernier regard et nous prîmes place dans la rutilante voiture. Mademoiselle Watson demanda de faire un arrêt rapide en chemin et elle revînt avec un lys bleu.  Mon dieu, Cette femme est tout simplement parfaite.  Je ne saurai comment lui être reconnaissante.

Axel, un jour, saura qu’elle a sauvé notre mariage… Et pour avoir lu l’entrevu qu’il a fait, j’espère qu’il trouvera les bons mots pour se faire pardonner… Sa dette est immense !

Daniele gara la voiture devant le parvis de l’Église et nous descendîmes, moi aidé de Daniele, avant de grimper les quelques marches menant aux grandes portes.  Malgré la conversation avec Maria, je savais que j’aurais encore grandement besoin du support de mon patron pour me rentre jusqu’à l’avant.

S’il ne me tenait pas le bras, je crois que je reculerais jusqu’à la voiture.

Mademoiselle Watson devait maintenant être rendu à sa place, soit le premier banc à l’avant pour être aux côtés de Daniele, il va de soit.

Enfin, les portes ouvrirent et la marche nuptial ce fit entendre. Je pris une grande inspiration, resserrant mon bras autour de celui de Daniele. Je n’avais aucune idée si la transmission de pensée  fonctionnait vraiment mais, si tel était le cas, il devait m’entendre lui murmurer :

«  Ne me lâche pas, je t’en supplie ! »

@ Billy Lighter

Maria était vraiment la meilleure. Elle avait réussi à réconforter Sonne – ce qui n’était pas une mince affaire étant donné dans quel état on l’avait retrouvée – et l’avait rendu magnifique. Ma secrétaire était une très belle mariée ! Moriarty – en la voyant – va regretter d’avoir trompé une femme aussi belle !

Quand elles étaient revenues vers la voiture, Sonne m’avait pris en aparté pour me remercier. Elle n’était pas ingrate, ma secrétaire – pas comme Tony…

-De rien, ça me fait plaisir, dis-je en lui faisant un clin d’œil.

Daniele Ricci – mécène et bienfaiteur à plein temps ! C’était un titre qui m’allait bien.

J’avais démarré ma – superbe, magnifique et merveilleuse – voiture. Elle allait faire des jaloux – et j’espérais que Jim allait faire partie desdits jaloux.

En chemin, on s’était arrêté chez un fleuriste pour acheter un lys bleu. Une idée de Maria pour porter chance à Sonne – Maria savait y faire pour respecter les traditions et exorciser ce mariage qui avait bien mal débuté.

L’église n’était pas loin du fleuriste et – comme j’avais roulé relativement vite – on n’avait pas pris de temps avant d’arriver à destination. On était en retard – mais les stars se font attendre !

Maria était allée prendre place dans l’église – je lui avais laissé un baiser sur les lèvres avant qu’elle ne parte devant. Il ne restait que moi et Sonne. J’avais pris son bras – tradition oblige – et la porte de l’église s’était ouverte. La musique s’était enclenchée avec la traditionnelle marche nuptiale. Si le pianiste avait vu Sonne tout à l’heure, il n’aurait pas choisi ça – il aurait plutôt choisi la marche funèbre. Sonne avait l’air stressée – elle s’accrochait à mon bras comme si sa vie en dépendait.

-Tout va bien se passer, lui murmurais-je.

Ce n’était qu’une cérémonie – dont elle avait le rôle principal. On s’était avancé et la première chose que j’avais vu c’était la tronche de River Moriarty qui était à côté de la porte de l’église. Regard perçant, il fixait Sonne. Putain, qu’est-ce que ce petit salopard faisait là ? Je lui avais jeté un regard noir – et plein de défi. S’il gâchait la fête ou qu’il touchait à Sonne, il signait son arrêt de mort – et j’avais de quoi faire !

River passé, j’avais porté mon regard sur le bout de la salle – où se trouvait Axel, bien sûr, sa mère et… Jim…

-Mamma mia, soufflais-je malgré moi.

Jim était le putain de témoin d’Axel – je ne pouvais pas rêver pire… Maria allait me tuer – et ça allait faire mal… Arrivé au bout, j’avais fait un grand sourire – forcé – à Jim. Sans rancune amico mio, tout ça ce n’est pas contre toi…

Ça n’empêchait que je continuais à me dire que ce mariage était un fiasco.

@ Billy Lighter

J’arrivai devant Jimmy Reed, mon témoin. Et il prit mon visage entre ses deux mains. Son regard était magnifique. Et mes joues chauffèrent sous la paume de ses mains. Tout le monde nous regardait. Et j’essayais de paraitre heureux. Mais pas sous le charme de Reed. Ce que j’étais, définitivement. C’est la preuve que mes pulsions sont toujours bien là. Et qu’il serait dur de ne plus passer à l’acte. Je souris à Reed souriant à ses félicitations.

-Merci.

Mais après ce petit moment de bonheur. Les minutes s’égrainèrent. Et avec elles revint l’angoisse de ne pas voir Sonne se pointer à l’Eglise. Les chuchotements qui émanaient du public ne me rassuraient pas. Ma mère montrait par des regards son impatience. Quant à moi, je n’osais même plus regarder vers le public. Je regardais le sol. Et c’était tout. Sonne ne viendra pas… Et je savais très bien pourquoi.

Les chuchotements se firent de plus en plus forts. Et c’est Jimmy Reed qui me sauva la vie. Il se déplaça jusqu’au micro et prit la place du prêtre. Et il commença un discours qui était destiné à faire passer le temps. Je souris en l’écoutant dédramatiser le retard de ma « future femme ». Il ne pouvait pas savoir que Sonne et moi étions en froid. Et il remettait son retard sur les conseils du Ricci. Je rigolai ainsi que le public. Il tournait tout à la dérision… Il me sauvait pour l’instant de l’humiliation jusqu’à aller occuper ma mère en la flattant et lui proposant de faire un peu de piano. Ma mère retrouva le sourire et pris place pour nous jouer un morceau accompagné de Reed. Je crois que mon amour pour Reed était encore plus grand après ça. Et ça n’arrangeait pas vraiment mes affaires.

Je soufflai de soulagement et hochai la tête vers Jimmy pour le remercier. Mais le stress était toujours là. Sonne n’était toujours pas là. Et pas de trace de Ricci et de sa petite amie non plus.

Je regardai vers la porte de l’Eglise. Et je vis, avec son sourire et ses yeux bleus, River. Mon visage se décomposa. La cérémonie était publique. Et River a dû avoir vent de l’évènement. Si Sonne venait, elle n’allait pas me pardonner ça non plus. Mais c’était quelque chose que je ne contrôlais pas. Je ne pouvais pas tout contrôler ! Et pourtant j’aurais bien voulu !

Les minutes passèrent et ma mère vint me rejoindre à mes côtés. Si ce petit interlude made in Reed lui avait plu, elle repris rapidement sa tête des mauvais jour.

-Elle va se défiler. Toutes les femmes de son rang font ça.

C’est ce que murmura ma mère à mon oreille. Je soupirai. Et je regardai furtivement ma montre. Le mariage aurait dû commencer il y a une demi-heure.

J’envoyai un sourire peu assurer vers Reed. Mais un sourire quand même. Et c’est là que Maria Watson passa la porte de l’Eglise. Elle venait me dire que Sonne ne venait pas ? Non, elle prit simplement place à l’endroit qui lui était réservé. Et derrière Maria arriva Sonne accompagnée de Ricci. Je soupirai de soulagement quand le pianiste se mis à jouer ma marche nuptiale. Le stress était terminé. Sonne était bien là. Je n’allais pas subir d’humiliation. Pas aujourd’hui.

-Tu vois qu’elle est bien là.

Je disais ça à ma mère. Mon sourire redevint plus sûr. Et je laissai Sonne défiler devant tout le monde jusqu’à arriver vers moi. Je lui souris et fit un léger hochement de tête de remerciement.

La cérémonie pouvait commencer réellement.

@ Billy Lighter

La route était passée plutôt vite -Maria soupçonnait que son petit-ami est un peu trop appuyé sur l'accélérateur- mais qu'importe, le vent n'avait pas décoiffée la jolie mariée qui était à la place arrière, il lui en fallait bien, de la place, pour sa robe et sa jolie traîne. Ils s'étaient arrêtés au fleuriste et Maria avait prit sur elle les tradition, elle croyait vraiment que ces traditions portaient chance.


Quand Maria Daniele et Sonne étaient arrivés devant l'église, il n'y avait pas beaucoup de monde, sans doute étaient-ils déjà tous sur leurs bancs a attendre la princesse du jour. Maria avait regarder un instant Sonne avant de descendre de la voiture, elle avait laisser un baiser sur els lèvres de son petit-ami et avait saluer la jeune femme qui attendait devant les portes de l'église. Maria ne douta pas sur le fait qu'elle était la personne qui allait tenir la traîne lors de l'avancer vers l'autel et en arrivant dans l'église, elle pensa un instant être le sujet de ce mariage tant quelques regards s'était tournés vers elle. Il faut dire que ses talons claquaient sur le sol et que sa place était au bout de l'allée.

Regardant droit devant elle, un sourire aux lèvres, elle fixait Axel puis Jimmy, elle frissonna un instant en le voyant, il faut dire qu'elle ne s'attendait pas vraiment à le voir ici et surtout pas devant le micro, elle ne comprenait pas que cet homme soit aussi arrogant au point d'être le premier rôle du mariage. Elle prit place sur le banc, posant son sac à ses pieds puis regarda Axel, elle hocha la tête, Sonne allait arrivé, il ne fallait pas qu'il s'inquiète. Jamais elle n'avait vu , pour le peu de fois que c’était le cas, Moriarity aussi stressé, c'était limite jouissif. Puis la musique si fit entendre et elle se releva.

La musique du pianiste n'avait pas mit longtemps avant que Sonne n'arrive, l'Eglise décorée, elle rayonnait dans sa robe, elle souriait tendrement à la scène, marchant doucement vers celui qui allait être son mari d'ici peu. Elle posa son regard sur Daniele, il était beau, elle serait tombé à nouveau amoureuse de lui si cela n'aurait pas été le cas. Elle était certaine qu'il était très traditionnel au sujet des mariages.  Elle regarda Axel et vit qu'au fond, même si cette journée avait mal commencé, tout allait aller de mieux en mieux.

@ Billy Lighter

Une fois à la place du prêtre, que j’avais prise afin de discourir pour passer le temps et ne pas trop m’ennuyer en attendant que la mariée daigne venir se faire passer la bague au doigt, j’avais une vue imprenable sur le monde qui s’amassait là.

Oh, bien sûr, du côté d’Axel, je connaissais bien ses parents et de près ou de loin les autres représentants de sa famille.

Du côté de Sonne Ferguson, par contre, déjà, il n’y avait pas foule, mais en plus, la plupart étaient des inconnus. Il fallait dire que la secrétaire n’était qu’une secrétaire et bien que je respectais le choix d’Axel que je savais quelque peu rebelle par rapport à la place facile qui l’avait attendu et l’attendait toujours dans le monde politique de Chicago (le contraire aurait été hypocrite de ma part bien que je sois le seul à le savoir), cela m’étonnait tout ce même toujours qu’il n’ait pas jeté son dévolu sur une fille de bonne famille…

Mais n’étais-je pas bien placé pour savoir que ce genre de chose de ne choisissait pas vraiment ?

Je chassai ces réflexions tout en continuant à parler, jonglant entre traits d’humour et messages de sympathie à l’égard de la famille Moriarty.

Je captai à un moment le regard empli de gratitude d’Axel qui m’indiqua que le retard de sa future épouse n’était vraiment pas prévu.

Puis, continuant à scruter mon public, je reconnus, installé du côté de Ferguson, le journaliste Amon Sørensen. Je n’avais aucun lien avec Sørensen… Nous coexistions et c’était tout. Je savais qu’il existait, il savait que j’existais… Mais ce que je ne voulais pas que la presse people ait comme information, la presse people ne l’obtenait pas. Sørensen n’était donc pas dérangeant… Mais je ne voyais pas, par contre, ce qui le liait à Ferguson. Cependant, la cérémonie étant publique, il pouvait très bien être venu fouiner la bonne affaire dans le coin… C’était possible aussi.

Mon regard se perdit vers le fond de l’église alors que je me demandais bien comment j’allais pouvoir tenir des heures comme ça sans que cela ne commence à se voir que je gagnais du temps. Cependant, mon regard fut attiré, entre deux flashes du photographe du mariage, par un visage que je connaissais, mais que je ne remis pas tout de suite, jusqu’à ce que, pendant une toute petite seconde, ses yeux bleus incroyables se tournent vers l’intérieur de l’église. Je connaissais ce type-là pour l’avoir vu dans Keeping Our Lands…

River Moriarty.

Qu’est-ce que River Moriarty faisait là ? Axel m’aurait-il caché une filiation avec l’autre Moriarty ?

Mais mon problème, dans l’immédiat, c’était de trouver comment gagner encore plus de temps. Mais l’idée me vint très vite et je laissai la main à la mère d’Axel, Heather, que je menais élégamment jusqu’à l’orgue sur lequel elle se mit à jouer.

Ça, c’était fait.

Et j’allai me replacer aux côtés du futur marié. Il se retourna à un moment donné vers l’entrée de l’église et devint blême. Ouais. Je n’aurais pas voulu être à sa place non plus, mais je ne pouvais pas savoir que ce qui était responsable de son teint blafard avait été la vue de River Moriarty et non l’absence persistante de Ferguson.

Je le soutins d’un regard, parce que si j’allais jusqu’à poser ma main sur son épaule en signe de soutien, ça allait se voir qu’il y avait un sérieux malaise.

Mais plutôt que de jouer jusqu’à l’arrivée de la mariée, la mère de mon ami journaliste vint nous rejoindre après avoir joué quelques minutes seulement et je me retins de la fusiller du regard alors qu’elle venait nous rejoindre. Pourquoi me cassai-je donc le cul, imbécile ?

Axel me regarda avec un pauvre sourire presque résigné… Quand soudain, j’entendis le claquement caractéristique de talons sur le sol et me retournai.

Maria Watson était là et un sourire carnassier se dessina sur mon visage. Si elle était là, Dany était là aussi et donc, la mariée aussi puisque celle que je considérais toujours comme une secrétaire prit place sur un banc, du côté de Sonne, évidemment… Entre secrétaires, elles se comprenaient sûrement.

Je fis un signe de tête au type qui était maintenant installé à l’orgue qui se mit alors à jouer la traditionnelle marche nuptiale.

Bon… Ça, c’était fait.

Et la mariée apparu au bras de mon meilleur ami dont je vis le regard se poser sur moi avec un air surpris qui me fit sourire encore plus que la vision Watson. Je lui avais dit que je viendrais, mais je ne lui avais pas dit, lui gardant la surprise, que je serais le témoin d’Axel et que nous serions donc tous deux au premier rang pour célébrer ce mariage.

Je passai avec amusement ma langue sur mes lèvres en lisant « Mamma Mia » sur ses lèvres à lui… Je savais qu’il appréhendait ne fut-ce que ma présence ici, à cause de la présence de sa petite-amie, bien sûr.

Mais qu’en était-il de mon appréhension à moi, mon ami ? Imagine seulement la bonne soirée qu’on aurait passée à rigoler, à boire et à discuter femmes, affaires et projets d’avenir si seulement ça avait été elle, qui avait été absente !

Lorsque mon ami arriva à ma hauteur, ayant laissé la mariée à son homme légitime, je lui murmurai, amusé :

-Je sais que les stars se font attendre, mon ami. Mais là, tu abuses.

Quand devant nous s’ouvrent les portes de l’Église, je sens mes jambes se ramollir et je me dois de resserrer l’étreinte  au bras de Daniele pour éviter de soit m’évanouir ou bien carrément fuir. Je ne sais plus si je fais la bonne chose. Ça m’était paru si simple avec Mademoiselle Watson, mais maintenant que je peux voir tous les gens attroupés, les flashes du photographe et, tout au bout de l’allée, Axel qui m’y attend… je ne sais plus.

Et, pire encore, au premier pas que je fais, mes yeux rencontrent ceux de mon pire cauchemar.  Je ne peux pas croire qu’Axel ait laissé faire ça ! Je le vois comme un affront, comme s’ils me narguaient.

Je sais que Daniele aussi avait remarqué et je sentis qu’à son tour, il resserrait son  étreinte sur mon bras.  Sans mot dire, il venait de me confirmer qu’il ne laisserait pas ce psychopathe m’approcher.

Lentement, nous progressons au son de la marche nuptial jusqu’à arrivé devant l’autel, à la hauteur d’Axel et de son témoin. Ça non plus, je n’avais pas été mise au courant alors que je lui avais dit dès le début de l’organisation que Sélène serait ma demoiselle d’honneur.

J’avais cru alors qu’il demanderait à quelqu’un de sa famille. Mais puisqu’il avait relégué son cousin à l’entrée, peut-être avait-il manqué d’acteurs de soutient et qu’il avait refilé la tâche au patron de mon patron ?

Daniele me libéra pour prendre sa place à son tour et, me tournant vers Axel,  je plongeais mon regard dans le sien en prenant une grande inspiration.  

Pour la première fois depuis notre séparation, je regrettais de ne pas l’avoir vu avant. Nous aurions dû pourtant le faire et parler. Maintenant il était trop tard et je ne pouvais pas lui dire  quoi que ce soit sans que cela ne se remarque de par les convives.

Et cela aurait été grandement déplacé.

Alors je me contentais de le regarder alors que le prête commençait son allocution.

« Dieu tout-puissant, nous te prions pour Sonne et Axel qui vont s'unir par le sacrement de mariage et donner ainsi le témoignage de leur foi ; Qu'ils grandissent dans la foi et que leurs enfants soient croyants pour la joie de ton Église. Par Jésus, le Christ notre Seigneur.

Sonne  et Axel, vous avez écouté la Parole de Dieu qui révèle aux hommes le sens de l'amour et du mariage. Vous allez vous engager l'un envers l'autre. Est-ce librement et sans contrainte ? »

Librement et sans contrainte… Je répétais la question du prête dans mon esprit avant de prononcer un timide «  oui ».

« Vous allez vous promettre fidélité, est-ce pour toute votre vie ? Dans le foyer que vous allez fonder, acceptez-vous la responsabilité d'époux et de parents ? »

Pourquoi tant de questions auxquelles je me devais de répondre oui, et non pas simplement passer à « Veux-tu prendre Axel comme légitime époux ? » Je hochais de la tête en réitérant mon engagement par un oui, laissant Axel se prononcer de lui-même.

« Afin que vous soyez unis dans le Christ, et que votre amour, transformé par lui, devienne pour les hommes un signe de l'amour de Dieu, devant l'Église ici rassemblée, échangez vos consentements. »

Oh ! Je l’avais oublié ce petit passage pour lequel j’avais tant tenu auprès d’Axel. L’échange de nos vœux que nous devions nous même composer et prononcer devant nos proches.   Il était trop tard pour inventer quelque chose à dire e, tout ce que j’avais en tête, était le texte que j’avais composé et appris par cœur.

Mais comme le prête se tourna en premier vers Axel, je fondais espoir pour que c’est mots viennent envelopper d’amour on cœur meurtris et facilite la prononciation des mien,  mon tour venu.

@ Billy Lighter

Axel avait la chance d’être bien entouré et Jimmy Reed lui-même fit passer le temps à l’assemblée. Mais moi, je n’avais d’yeux que pour l’entrée. Je ne voulais pas rater Sonne. Je voulais qu’elle avance vers l’autel avec non pas les espoirs mièvres d’une futur mariée, mais le souvenir de ce soir où je m’étais introduit chez mon cousin et que je l’avais trouvée, elle, et celui qui allait être considéré par mon cousin comme un fils alors que moi, je resterais à jamais le bâtard.

Après une attente qui me sembla interminable, les charmes de Jimmy Reed n’ayant aucun effet sur moi, une jeune femme blonde franchit la porte, seule et d’un pas rapide. En bon lecteur de L.A.People, je reconnus la manager Maria Waston qui alla s’installer à sa place non sans faire un signe de tête rassurant à mon cousin.

J’allais probablement avoir l’occasion dans l’avenir de rencontrer personnellement la manager, puisque j’étais censé jouer dans le clip de Be Mine !… Si toutefois, les membres de The Lightening ne mourraient pas d’overdose, ne s’entretuaient pas ou ne disparaissaient pas en un éclair avant.

Et finalement, la marche nuptiale retentit dans l’église, résonnant contre les murs… Ça avait quelque chose de funèbre… Après tout, si on célébrait mariage et funérailles au même endroit, c’était que ça devait avoir un sens… Et selon moi, c’était que Dieu avait un sacré sens de l’humour noir.

Un peu comme moi…

Enfin, je vis une chaussure blanche passer la porte de l’église et mon regard se releva pour croiser celui de la mariée et de Daniele Ricci qui l’accompagnait. Ce dernier, que je n’avais pas plus rencontré avant que Watson, me fusilla du regard, mais je l’ignorai, me concentrant pour la petite seconde qu’elle m’accorda, uniquement sur Sonne Ferguson qui, dans quelques minutes, allait porter officiellement mon nom, par alliance.

Nous allions former une même famille…

Un sourire mauvais fendit mon visage, mais disparut quand je remarquai le ventre légèrement rond de la mariée…

Une autre Moriarty ?!

Encore un autre Moriarty ?!

Et ce mariage allait le rendre légitime ?!

Peut-être Sonne eut-elle le temps de remarquer la colère qui déforma les traits de mon visage alors que mes poings se serraient, peut-être pas…

Mais pour finir, je n’eus plus que son dos, et celui de Ricci qui l’accompagnait, en visuel…

Et dans quelques minutes, Sonne ne serait plus la seule à pouvoir se prétendre Moriarty… La créature en elle allait également pouvoir jouir de ce titre.

Alors que moi, je n’existais pas.

@ Billy Lighter

Maria était bien installée – à l’avant. Elle avait déjà vu Jim… Je sens que je devrais m’expliquer à la fin de la cérémonie. Je ne savais pas que Jim serait témoin – mais je savais très bien qu’il allait être là. Vous croyez qu’un slow suffira à me faire pardonner ? Jusqu’ici, j’en doutais…

Le regard avec River Moriarty – que j’avais appris il y a peu qu’il était de famille avec Axel -, avait donné le ton à la cérémonie qui était déjà un fiasco rien qu’avec les révélations que nous avait fait Sonne à Maria et moi. Elle allait prendre Axel comme mari malgré tout ce qu’elle savait – si ça ce n’était pas se tromper royalement, je ne savais pas ce que c’était.

Maria avait compris la démarche de Sonne – et Sonne aimait toujours Axel et voulait protéger ses mômes du besoin. J’allais – donc – cautionner tout ça en soutenant ma secrétaire.

Je m’étais avancé – avec elle – jusqu’à l’autel. Jim y avait été de son petit commentaire. Il avait dit que j’abusais.

-Abuser ? Je n’oserais pas amico mio, murmurais-je avec un sourire en coin – il méritait ce retard juste pour avoir omis de me dire qu’il était le témoin du marié.

Sonne était laissé à Axel et au prêtre. Ce dernier avait commencé sa longue léthargie – oups, pardon, liturgie… Dieu, le Christ, le Seigneur… Pendant ce temps je n’avais d’autre envie que d’ignorer – royalement !! – mon cher ami Jim pour ne regarder que Maria et lui faire des clins d’œil et autre signe du regard – de quoi me passer le temps, le sien et la faire rire au passage.

Je n’étais pas un adepte des longues cérémonies religieuse – je préférais largement les fêtes. Je n’avais arrêté mes regards que quand Sonne devait parler. Elle avait dit « oui » à beaucoup de chose. Elle disait « oui » à son mari. Elle était proche d’accepter la totalité des choses qui la lierait à Axel jusqu’à la fin de sa vie – ou jusqu’au divorce, c’est selon.

On était arrivé aux consentements et – après un regard vers Maria – j’avais regard Jim et Axel… On était proche de sceller ce mariage – et donc ce fiasco… Je plaignais Sonne – elle ne méritait pas ça, elle méritait bien mieux que Moriarty.

@ Billy Lighter

Quand Maria entra dans l’Eglise, je fus à moitié soulagé. Et, si je pensai pendant deux secondes qu’elle allait venir me dire que Sonne ne viendrait pas, je fus rassurer de la voir s’assoir et hocher la tête.

Et Jimmy envoya un signe au l’homme placé à l’orgue pour qu’il commence la marche nuptiale. Le soulagement fut total quand ma future femme fit son entrée avec Ricci. La seul tâche noire restant River toujours cloitré au fond et que Sonne ne manqua pas de remarquer.

Bientôt, Sonne fut face à moi. Il n’y avait pas de bonheur dans son regard juste de l’appréhension. On n’échangea pas un seul mot contrairement à Ricci et Jimmy.

Heureusement, le prêtre commença son discours. Et au premier arrêt sur le « librement et sans contrainte », j’eus de l’appréhension. Sonne était peut-être venue se présenter à l’autel… Mais rien n’indiquait qu’elle n’allait pas simplement répondre « non ». Je fis un « oui » convainquant. Et je fus rassurer d’entendre le « oui » de Sonne. Même s’il était timide.

Mais les questions continuèrent. Celle sur la fidélité, en premier. Je répondis « oui ». Et Sonne aussi. Je voulais être fidèle, maintenant. Je le devais pour conserver ce mariage entier. Et je répondis encore « oui » pour la responsabilité de parents et d’époux. Et Sonne aussi. Il n’y avait aucun accro. Aucune mauvaise surprise. Tout se passait bien.

Et on arriva à l’échange des consentements. Le prêtre nous invita à le faire. Je regardai Sonne droit dans les yeux. Je n’avais pas prévu de texte. Je voulais rester classique. Je pris la main de Sonne.

-Moi, Axel, je te reçois Sonne comme épouse et je te promets de rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves dans la santé et dans la maladie pour t’aimer tous les jours de ma vie.

Je n’avais rien composé tout seul. C’était un texte classique et chrétien que j’avais appris par cœur. Le même que mon père avait prononcé devant ma mère à leur propre mariage. Mais je fis passer, par mon regard, que je pensais chaque mot que je prononçai. Si j’avais été infidèle avant ce mariage. Tout sera différent après. Et je voulais que Sonne le voit dans mes yeux.

C’était à son tour de prononcer ses consentements.

@ Billy Lighter

Il régnait une ambiance étrange dans l’église, malgré les efforts de Jimmy Reed pour dédramatiser la chose… Car la mariée se faisait attendre… C’était une ambiance qui me semblait familière et que j’avais déjà vécue en compagnie des futurs mariés Moriarty. Et de Sélène qui aurait déjà dû faire son entrée à la suite de Sonne depuis un moment.

Mon attention se porta sur mon collègue, seul debout devant l’autel. Connaissant l’âme romantique de Sélène, l’idée du mariage devait la faire rêver. Mais ce que j’étais en train de voir se dérouler devant mes yeux me refroidissait sérieusement, et ce même alors que je n’y avais encore jamais pensé.

Je me demandais ce que ma petite-amie devait penser, elle, sur le parvis de l’église en ne voyant pas son amie arriver…

Moi, je me demandais surtout ce qui pouvait la retarder ainsi… Peut-être que Reed avait raison et que ce n’était qu’une mauvaise blague de Ricci, ce serait bien le genre… peut-être aussi qu’ils s’étaient plantés en bagnole sur le chemin pour venir ici, ça s’était déjà vu et j’avais même vu bien pire à force de faire dans le people… Peut-être, et à mes yeux, ce serait la pire chose qui pourrait arriver pour Axel, qu’elle avait tout simplement changé d’avis.

Et même si je ne portais pas vraiment Moriarty dans mon cœur, je ne lui souhaitais pas ça… Pas devant toute sa famille…

Mais finalement, un bruit de talons claquant sur le sol se fit entendre et je me retournai pour voir entrer Maria Watson. J’eus l’impression d’en être soulagé alors même que ça n’aurait eu aucune conséquence pour moi si même Sonne avait changé d’avis. Ça aurait peut-être été, pour elle, la meilleure chose à faire.

Parce qu’il n’y avait rien à faire, il y avait quelque chose de pas clair, chez Axel Moriarty…

En dehors du fait qu’il était blême comme un mort en ce moment même. Avec la peau aussi blanche, il ressemblait encore plus à l’autre Moriarty.

Heureusement pour lui, à l’arrivée de Maria Watson succéda celle de la mariée pendue au bras de Ricci… Non. « Pendue » n’était pas le mot. Elle s’agrippait littéralement à lui. J’avais entendu parler du fait que franchir le pas faisait peur à beaucoup une fois mis devant le fait accompli.

Mais c’était pas de la peur, ça… C’était de la terreur !

Je suivis la progression de Sonne qui, si on arrivait à faire abstraction de son regard terrifié, était magnifique dans sa robe immaculée qui dessinait la forme de son ventre légèrement rond. Je savais qu’elle était enceinte de triplés : Sélène n’avait pas manqué de me le dire.

Je souris d’ailleurs à cette dernière quand elle passa à ma hauteur. Elle aussi était magnifique dans sa robe de demoiselle d’honneur. Est-ce qu’elle en savait plus sur le retard de Sonne ? Possible, mais ce n’était pas vraiment le moment de l’attraper par le bras pour le lui demander.

Le mariage proprement dit commença donc, non sans que Ricci et Reed ne se retienne de faire des messes basses. Mais pourquoi se seraient-ils abstenus, après tout… Il ne devait pas y avoir grand-chose de sacré en dehors d’eux-mêmes…

Axel, lui, semblait avoir repris un peu de couleurs, mais de là à affirmer qu’il avait l’air heureux, il  y avait tout de même un monde !

Les vœux s’échangèrent entre le journaliste et sa future épouse… Un peu hésitants, cela dit, les vœux, pour eux qui avaient tellement fait montre de leur amour au restaurant au point que j’en avais paru froid comme un iceberg à côté, aux yeux de Sélène…

Qu’est-ce qui avait changé, depuis ce soir-là ?

@ Billy Lighter

Si j’avais pu fuir, c’est à ce moment précis que je l’aurais dû le faire. Quand le prêtre parla de fidélité. J’avais accepté un précepte du mariage en toute connaissance de cause, alors qu’Axel avait fait de même, malgré ses infidélités.

Je tentais de me persuader encore qu’à partir de ce jour, tout allait être différent. Que nous allions bâtir sur une base neuve, notre union. Que lui, tout comme moi, avions le désir d’assurer un avenir solide pour nos enfants à naître.

Cependant, les images  de l’hôtel  n’en finissaient plus de tourner dans ma tête, comme des oiseaux de malheurs.

« Il t’a trompé plusieurs fois avant, il te trompera encore après », semblent t-ils me hurler.

Axel avait prononcé  en premier son consentement et je l’avais  écouté avec un pincement au cœur quand il avait osé parler de fidélité. Mais tout le reste, j’y croyais. Je voulais et devais y croire.

Mon tour vînt alors de prononcer mes vœux. Seulement mes idées fuyaient mes mots et je restais muette de longues secondes, voir peut-être minutes. Je tournais la tête vers Maria, assise aux premières loges, me rappelant ses douces paroles alors qu’elle me réconfortait dans ma chambre.

Puis je regardais ensuite Daniele. Mon « père » pour l’occasion, cherchant support dans son regard.  Mon Dieu ! Je devais dire quelque chose. J’entendis quelqu’un toussoté dans la salle…

- Moi,  Sonne,  je te veux toi, Axel, comme époux.  Je promets de t’aimer dans la santé comme dans la maladie, dans les bons comme les moins bons moments,  dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu’à ce que la mort nous sépare.  

Avais-je fait l’impasse sur la putain de fidélité ?  J’crois bien que oui…

Cela sembla suffire au prête qui, peut-être par peur que je m’enfuie vu la réticence que je semblais projeter, emboita sans plus attendre  bénissant nos alliance.

- Désormais vous êtes unis par Dieu dans le mariage. Avec vos témoins, vos famille et vos amis, tous ensemble, rendons grâce à Dieu. Seigneur, notre Dieu, toi qui as fait Alliance avec nous par Jésus Christ, bénis maintenant ces alliances et donne à Sonne et Axel qui les porteront à leur doigt de se garder toujours une parfaite fidélité.

Il brandit son bénitier au dessus du coussin sur lequel était attaché nos alliance, portées par un mignon petit page et ne adorable bouquetière, enfants de la plus proche cousine d’Axel et, enrôlé de gré ou de force par ma belle-mère. Les enfants prenaient leur rôle très au sérieux mais quand le curé aspergea nos alliances et que le petit page s’essuya le visage sur le coussin, il déclencha malgré lui l’hilarité général dans l’Église. Même moi qui n’avais plus souris depuis un bon moment ne pu m’empêcher de glousser et je m’efforçais ensuite de garde se sourire  alors que vînt le moment de passer l’alliance au doigt d’Axel.

- Axel, je te donne cette alliance, signe de notre amour et de notre… fidélité. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.

Axel allait pouvoir faire de même et le prête nous déclarerait unis pour le meilleur et pour le pire, malheureusement.

@ Billy Lighter

J’avais dit mon consentement en faisant la promesse sacrée de lui rester fidèle. Et j’en avais la conviction. Ce qu’il s’était passé à l’hôtel était du passé. Je voulais tourner la page et être exclusif à Sonne. Mais tout, autour de moi, me faisait penser que tenir sera dur. Rien que Jimmy Reed et ce que je ressentais pour lui me montrait que le mot fidélité n’était pas dans mon vocabulaire. Tout comme il ne l’était sûrement pas dans celui de mes parents. Les rumeurs sur des tromperies et autres suspicion d’échangisme avaient parsemé la vie du couple que formaient mes parents. Mais aucun média n’avait eu une preuve concrète… Mais moi, j’étais sûr. Sûr qu’ils avaient, par consentement mutuel ou non, été voir ailleurs.

La fidélité n’était, donc, pas assurée…

J’achevai mon consentement. Et c’était au tour de Sonne de se prononcer. Elle hésita un moment en regardant vers Ricci. Je m’impatientai mais j’essayais de ne pas le monter. Je voulais que cette cérémonie finisse au plus vite !

Et Sonne finit par se prononcer. Elle fit un consentement classique aussi… Mais en omettant la partie sur la fidélité. C’était de bonne guerre… Je la regardai approuvant presque de la tête.

Et le prêtre enchaina avec la suite. On était presque à la fin. Il bénit les alliances achetées à un prix exorbitant. Steven et Katherine, les enfants de ma cousine du côté maternel, portaient nos alliances. Ma mère avait tenu que ça soit eux et personnes d’autres. Les plus jeune représentant de la famille. Des jumeaux de 7 ans. Bientôt, les plus jeunes représentants seront mes trois enfants.

Steven, dérangé par l’eau bénite, s’essuya sur le coussin ce qui fit rire tout le monde, moi compris. Un peu de détente dans cette cérémonie ne faisait pas de mal. Et quand j’entendis Sonne faire de même je me détendis complètement. Merci Steven.

Sonne enfila mon alliance en disant la formule qui allait avec. Elle buta un moment, avant le mot fidélité, mais finit par se reprendre. Je souris et lui passai la bague au doigt à mon tour.

- Sonne, je te donne cette alliance, signe de notre amour et de notre fidélité. Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.

C’était fait. Les alliances étaient mises. Le prêtre fut satisfait.

- Axel et Sonne, nous avons été témoins de votre promesse de partager votre vie dans le mariage. Nous reconnaissons et nous respectons l'engagement que vous avez pris aujourd'hui devant Dieu et devant chacun d'entre nous ici réunis. En tant que témoin de l'honnêteté et de la sincérité des promesses que vous avez prononcées aujourd'hui, et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés par la Loi sur le mariage, je suis honoré et heureux, Axel et Sonne, de vous déclarer mari et femme.

Puisse Dieu vous bénir et vous accorder sa protection. Dieu illuminera votre chemin et vous fera don de sa grâce: il sera sans cesse à vos côtés et vous permettra de vivre dans la paix. Amen.

Vous pouvez sceller votre pacte d'amour d'un baiser.

On y était. La fin de cette interminable cérémonie. Je m’étais approché de Sonne que j’avais regardé quelques secondes dans les yeux. Et j’avais posé mes lèvres sur les siennes pour sceller notre union.

@ Billy Lighter

Je rendis son sourire en coin à Daniele qui faisait déjà meilleure figure qu’à son arrivée dans l’église, quand il m’avait vu. Je savais pertinemment que ma présence n’allait pas plaire à Maria Watson. Mais jusqu’à preuve du contraire, je n’en pouvais rien si Axel, qui était lié à ma famille depuis bien plus longtemps qu’elle n’était secrétaire à L.A., m’avait pris comme témoin.

Elle était la dernière arrivée donc notre monde, elle devrait se contenter de la place qu’on voudrait bien lui donner. Et avec le sourire, en prime.

Daniele, lui, disait sur le ton de l’humour qu’il n’oserait pas abuser. J’avais souri largement, ravi de retrouver ce qui ressemblait plus ou moins à mon meilleur ami et me concentrai ensuite sur ce qui se déroulait devant nos yeux : l’union tendue de Sonne et Axel.

Et c’était… conventionnel, pour ne pas dire chiant.

Ils échangèrent leurs vœux, se promettant tout ou presque… Apparemment, Sonne Ferguson n’avait pas l’intention d’être fidèle à son mari. Mais bon, c’était un détail auquel j’étais sûr qu’Axel se ferait assez vite. C’était monnaie courante dans sa famille, après tout.

Et s’ils semblaient tous les deux hésitants au début, il me sembla que leur discours se fluidifia au fur et à mesure. Mais je fronçai les sourcils, me concentrant sur leurs regards à chacun. J’étais persuadé qu’il y avait une double lecture et qu’il me manquait des pièces du puzzle…

Et si le retard de Sonne en était une, Daniele l’avait peut-être en sa possession.

J’allais avoir de quoi jouer durant la soirée qui allait suivre.

J’adorais les puzzles.

Ils finirent par s’échanger les alliances et j’échangeai un regard entendu avec Daniele : la fête approchait.

Un des gamins Moriarty fit bien rire l’assemblée, moi y compris et je parlai ensuite en soupirant pour que Daniele m’entende, soulagé que ce soit terminé.

-Amen.

Ils s’embrassèrent et quand tout le monde applaudit, je montai auprès du prêtre pour signer ce qu’il me demanda de signer le registre tout comme le témoin de Sonne. Je repris alors ma place derrière le micro, ne laissant pas au prêtre le mot de la fin. Je pris donc un ton solennel pour annoncer :

-Félicitations aux jeunes mariés. Trêve de folklore et passons aux choses sérieuses. Ceux parmi vous qui sont invités peuvent se rendre à la villa Ricci pour la suite des hostilités.

Je redescendis de l’estrade et rejoins Daniele avec qui je comptais bien quitter l’église, n’en déplaise à Watson. Nous devions, conformément à la tradition, déterminer lequel de nous deux avait choisi la plus belle voiture pour l’occasion. Je le rejoignis donc, suivant avec lui les mariés auxquels les gens présents faisaient une haie d’honneur et passai mon bras autour des épaules de l’Italien.

-Whisky time, mon ami… Whisky time…

@ Billy Lighter

Que dire de cette cérémonie ? C’était le malaise total – pour être poli. Je sentais que Sonne était crispée et qu’elle n’appréciait pas cette position – normal quand on savait que son mari la trompait… Quant à Axel, il semblait pressé que tout ça se termine. Même le prêtre semblait vouloir en finir – peut-être à cause de l’ambiance pensante qu’il y avait dans l’église…

J’avais du mal à cacher mon ennui pendant tout le temps de la cérémonie – Maria avait dû le voir, d’ailleurs… Les époux étaient passés par toutes les phrases bien clichées que s’échangent les mariés pendant ce genre de cérémonie. C’était du vent ! Surtout le passage sur la fidélité qui – sorti de la bouche de Moriarty – sonnait comme le plus grand mensonge de l’univers tout entier. Putain, ce mariage était un fiasco et Axel le plus grand des hypocrites.

J’en étais désolé pour Sonne qui cherchait – de temps en temps – mon regard réconfortant. Je le lui avais donné mais j’étais – moi-même – sûr qu’elle faisait une erreur en se laissant passer la bague au doigt par cette vipère infidèle.

Les époux avaient échangés leurs alliances – pendant que j’échangeais un regard avec Jim. Nous avions la même idée en tête – celle que la fête était proche. Cette fête que j’attendais depuis longtemps mais qui allait s’avérer être moins agréable que prévu – à cause de tout ce qui entourait ce mariage et de la combinaison Jim/Maria. J’allais – peut-être – regretter d’avoir organisé tout ça chez moi. Putain de vie !

Le seul moment où j’avais pu un peu rire dans cette cérémonie avait été quand un gamin Moriarty avait confondu le coussin avec un essuie. Pas douée la vile créature de l’Enfer de la famille Moriarty…

La cérémonie était finie comme me l’avait bien fait comprendre Jim par un soupir de soulagement sans équivoque – il était heureux que ça se termine et je partageais ce putain de sentiment.

L’embrassade obligatoire terminée, j’avais regardé vers Maria pour lui montrer à quel point j’étais heureux d’en avoir terminé – même si les hostilités ne faisaient que commencer, elles… Jim avait annoncé la fin de la cérémonie et le début de la fête – tu essayes de me voler la vedette, amico mio ?

-C’est ça, amico mio, marmonnais-je ironiquement dans ma barbe.

Je n’aurais pas dû me lever ce matin – voilà ce que je pensais !

-On se rejoint à la fête, soufflais-je à l’oreille de Sonne.

Je l’avais laissé – à contre-cœur – avec son mari avec qui elle était partie devant pour rejoindre leur voiture en passant par la haie d’honneur. J’avais – maintenant – envie de rejoindre Maria. Seulement, j’avais oublié Jim… Il m’avait enlevé – oui, enlevé ! – en passant son bras autour de mes épaules et en invoquant le « whisky time ». Tu me prends par les sentiments, amico mio ?! C’est mal ! Très mal !

-Ouais, whisky time !, dis-je avec un enthousiasme non dissimulé – et sincère !

J’avais jeté un regard vers Maria et lui avait fait signe de me rejoindre près de la voiture – sans oublier le signe discret de ma main qui montrait que j’étais désolé de ne pas quitter l’église en sa compagnie. Je savais que j’allais devoir m’expliquer sur la présence de Jim à cette petite fête – et je préparais déjà mes excuses à faire à Maria. Etre coincé entre les deux était pire que de passer une après-midi seul en compagnie de Bastardo – c’est dire !

-Je crois qu’aujourd’hui, amico mio, c’est moi qui ai pris la meilleure voiture ! Tu ne pourras pas faire mieux, dis-je sûr de moi alors qu’on avait passé la porte de l’église.

Ma voiture était bien plus belle que n’importe qu’elle voiture qu’il pouvait me sortir de son chapeau. Il n’aura cas constaté que j’ai raison – et que ma voiture est bien plus jolie que la sienne.

@ Billy Lighter

La cérémonie, aussi pesante fusse-t-elle  est sur le point de prendre fin alors que nous procédons à l’échange des alliances, moment allégé par le petit page qui avait trouvé a faire rigoler l’ensemble des convives réunis.

J’avais glissé son alliance au doigt d’Axel et il  fit de même avec le mien. Le prête nous déclara enfin unis, pour le meilleur et très certainement le pire. Je n’avais cependant pas songé au fameux baiser de la fin, baiser que j’ai pourtant imaginé tellement de fois alors que nous préparions ce grand jour.

C’était avant ma douloureuse découverte.

Axel s’était penché vers moi pour m’embrasser. Je n’allais pas lui faire honte devant toute sa famille et non plus commencer notre vie conjugale en lui faisant l’affront de tourner la tête pour recevoir  son baiser sur ma joue.

Je l’accueillis, au contraire, en l’enlaçant et je le laissais m’embrasser en y mettant moi aussi, autant de sincérité que je le pouvais. Car malgré tout, j’étais encore amoureuse de lui. Sinon, je n’aurais pas remonté l’allée au bras de mon patron.

Alors que nous faisions maintenant face aux gens qui, debout, applaudissaient notre unions fraîchement  acquise, Daniele me murmura à l’oreille que nous allions nous retrouver à la fête et j’acquiesçais d’un geste de la tête, reconnaissante d’avoir pu compter sur son  support.

J’aperçu aussi  Maria, qui se tenait tout juste au premier rang et je ne pu me retenir de l’enlacer et de lui murmurer à l’oreille un tout petit merci, mais qui voulait tout dire de ma reconnaissance que j’avais a son égard.

Puis c’est au bras de mon époux que je quittais l’Église.

À l’extérieur, les gens déjà sorties applaudissaient notre première apparition entant que mari et femme.  Tout le chagrin qui m’avait habité ces derniers jours semble s’être envolé. En fait, je me sens mieux, ma main dans celle d’Axel, faisant face au monde.

Peut-être est-ce un signe que notre amour est assez fort pour passer par-dessus certaines épreuves ?

- Vous êtes prêt ? Monsieur mon mari ? , dis-je sur un ton de plaisanterie, c’est le temps de célébrer maintenant !

Parce qu’effectivement, le temps est venu de célébrer. De se laisser aller le temps d’une soirée, de profiter de l’amour qui nous unis avant de remettre les pieds dans la tempête.  J’ai beau avoir la certitude d’aimer Axel et de vouloir malgré tout faire ma vie avec lui, j’estime avoir droit à certaines mises aux points et que, maintenant que nous sommes unis, pour le meilleur et pour le pire, dois-je le rappeler, être en droit d’exiger certaines choses avec mon nouveau statut de Madame Axel Moriarty !

@ Billy Lighter

Jamais Maria n’avait ressenti une ambiance aussi oppressante Durant un mariage Elle regrettait presque d’avoir réussi à rendre compte Sonne de ses sentiments pour son futur-mari Regardant la scène de son banc, elle essayait de ne pas se focaliser sur la présence de Jimmy Reed au mariage, après tout, il était le témoin et elle devait se rendre à l’évidence qu’elle allait devoir partager Daniele ce soir. Lui qui avait fait en sorte qu’elle accepte cette fête chez eux, elle allait devoir être seule une partie de la soirée car, forcément, elle en était sûre, Jimmy allait accaparer l’italien.

La jeune femme voyait bien les appels de détresse de la secrétaire et le regard ennuyer de son petit-ami et nul doute qu’elle allait lui demander de faire oublier à la mariée, la, peut-être, mauvaise idée qu’ils avaient eue de se marié. Dans le fond, Maria s’en voulait terriblement et durant la soirée, elle irait sans doute s’excuser auprès de Sonne. Rapidement, le prête avait sonné la fin de la cérémonie, non sans un dernier rire face au petit-garçon qui avait amené les alliances. Elle toucha un instant son ventre, comme pour se résoudre au fait qu’elle ne pourrait jamais vraiment être mère, puis, elle se leva pour sortir de l’église.

Elle avait attendu Daniele près de l’allée et, au moment où elle allait embrasser Daniele, voilà que Jimmy était arrivé, l’enlevant carrément devant elle. Elle leva un sourcil alors que son petit-ami lui indiqua qu’il était désolé du comportement de son meilleur ami. Elle se pinça les lèvres en sortant de l’église, seule. La fête allait commencer, il fallait donc se diriger vers la villa Ricci et, au fond, Maria espérait qu’aucun jouet de Tony ne traînent.

Pendant un instant, elle eut envie de s’enfuir pour l’appartement de Natacha Perry pour reprendre le petit garçon, mais il fallait bien qu’elle soit là, elle ne supporterait pas le fait que Jimmy gagne au sujet de cette fête car, à coup sûr, il tenterait de faire réveiller chez l’italien ses vieux démons. Elle arriva près de la voiture de son petit-ami sans un mot. Le voyant arrivé avec Reed à son épaule.

@ Billy Lighter

J’étais soulagé que la cérémonie se termine. On s’embrassa, Sonne et moi et je n’avais pas pensé, une seule seconde, qu’elle pourrait détourner la tête. Elle n’avait pas subit toute cette cérémonie pour me ridiculiser au dernier moment.

Ce baiser était même loin d’être timide, en plus. Ce qui rendait un peu plus sincère ce qu’on s’était échangé pendant toute la cérémonie.

Je regardai Sonne après ce baiser échanger. On était officiellement marié. Ce que je pensais être le plus dur était fait.

Jimmy repris le micro pour annoncer la suite. Je devrais le remercier. Il m’avait bien aidé avant l’arrivée de Sonne. Sans lui, les minutes auraient été encore plus longues.

Ma mère et mon père me félicitèrent alors que Ricci échangea quelques mots avec Sonne avant d’être happé par Jimmy. En voilà un qui n’aura pas l’occasion de partir accompagné de sa petite-amie. Je regardai vers Maria avant de revenir à Sonne et de commencer à défiler jusqu’à l’extérieur de l’église.

Les applaudissements se firent entendre. Et je retrouvai un sourire radieux. Sonne me demanda si j’étais prêt avec le sourire elle aussi.

-Je suis prêt ! Célébrons ça !

On rejoignit notre voiture et on s’y engouffra pour quitter, les premiers, le lieu de la cérémonie pour aller vers la villa Ricci où allait se tenir une grande fête.

@ Billy Lighter