First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE]
Craig West
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Sujet: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Sam 28 Oct - 15:39
First Day Of High School (1961)
ft. Jimmy Reed
Je regarde en soupirant l’horloge de la cuisine qui affiche huit heures en m’endormant à moitié sur ma chaise ; j’ai eu du mal à dormir la nuit dernière, à cause de Jessica, toute nerveuse d’entrer au collège et qui avait déjà passé la soirée d’hier à m’emmerder. Bon sang, j’adore ma petite sœur, mais elle a vraiment tendance à me faire chier, parfois. Mais ce n’est pas si grave, j’imagine. C’est « une grande », maintenant, hein ? Ou en tout cas considérée comme telle. Moi, ça me dépasse un peu. Je suis certain que je n’étais pas comme elle à son âge, mais ça va lui passer. Elle va appréhender au début, jauger les autres, son nouvel environnement, comment elle se sent, puis elle s’y habituera.
Quant à moi, j’entre au lycée aujourd’hui. Fairfax. Un bahut pas trop mal, à ce qu’on m’a dit, ce qui ne m’empêche pas d’être nerveux moi aussi, à ma manière, sans trop le montrer. En fait, comme Jessie, j’appréhende un peu ; ça fait bien trois ou quatre ans que les parents ne cessent de me rappeler à quel point le lycée est une étape importante et maintenant je commence à la redouter, cette étape. Merde. C’est pourtant pas grand-chose. Juste un truc obligatoire pour que je puisse me lancer plus tard dans mes différents projets. L’architecture, l’art peut-être, ce genre de choses dont mes parents ne voulaient même pas entendre parler, au début. Une chance que j’ai fini par les convaincre ! Je ne me vois vraiment pas travailler toute la journée dans une banque comme papa ou donner des cours, faire des réunions interminables et devenir accro au café comme maman.
- Pas trop nerveux ? me demande Jessica en entrant dans la cuisine. - Parle pour toi, dis-je en souriant.
J’aurais voulu montrer à ma petite sœur à quel point elle m’avait agacée hier soir, mais je n’en suis juste pas capable. Malgré tous ces petits défauts, je n’arrête pas de m’empêcher de la trouver adorable – alors que ce n’est plus une gamine, bordel. Elle a eu onze ans il n’y a pas deux mois.
Jessica, avec ses cernes sous ses yeux bleus et son sourire crispé qui trahit sa nervosité, vient s’asseoir en face de moi. Elle est dans ses vêtements neufs que nous sommes allés lui acheter le week-end dernier, bien coiffée et tout ça ; moi je suis encore dans mon pyjama moche à rayures blanches et bleues et tout décoiffé. Bon, je crois qu’il faut que je m’active un peu. Ce serait con de me retrouver en retard à mon première jour de lycée quand même. Ça ferait mauvais genre, et j’aime pas me faire remarquer, pas comme ça en tout cas. Je termine donc rapidement mon petit-déj’ et me lève pour aller me préparer convenablement. J’entre dans la cour des grands aujourd’hui.
***
Moins de trois quarts d’heure plus tard, je suis à Fairfax High School, dans les temps, même un peu en avance. J’ai à peu près dix, quinze minutes devant moi pour me préparer psychologiquement, ce que j’ai déjà commencé à faire dans la voiture en fumant une clope. Je sais que c’est pas bien, mais putain ça me fait du bien cette merde – et puis bon, ça ne fait quoi, qu’un mois que je fume ? J’arrête quand je veux. Enfin j’espère. Si mes parents me disent de le faire, je le fais. C’est d’ailleurs bizarre qu’ils n’aient rien dit lorsqu’ils l’ont découvert, d’ailleurs ; ils sont peut-être encore en train de se demander comment je fais pour les avoir, mes clopes. Bah, c’est le cadet de mes soucis à vrai dire.
A première vue, le lycée ne m’a pas l’air trop mal. Rénové récemment, on dirait, en tout cas la peinture est encore fraîche à certains endroits (putain, j’espère que j’en ai pas mis sur mon pantalon). Il y a de l’espace en tout cas, occupé par une bonne centaine d’autres élèves, si ce n’est plus, qui attendent comme moi le début des choses sérieuses. Je fais quelques pas pour me rapprocher d’un groupe de types que j’entends parler de rock’n’roll, ce truc très à la mode en ce moment, que j’apprécie pas mal moi-même. D’ailleurs, un de ces types a une coupe à la Elvis. Cool.
- Dégage, gamin, me crie l’un d’eux.
Ah ! D’accord. Ben je suis mal parti avec ces types. Ils m’ont à peine jeté un regard qu’ils m’exhortent de foutre le camp. Foutus blousons noirs, c’est à cause de gars comme eux que les vieux qui ne cherchent pas trop à comprendre associent le rock aux petits cons rebelles qui veulent tout casser ou ne rien faire de leur vie à part boire, baiser et fumer. Alors que moi, par exemple, je ne casse rien (ni personne) qui ne l’a vraiment mérité, je bois pas, j’ai pas encore couché avec une meuf (quoi que j’y arriverai avec la fille des voisins, à condition que j’arrive à entrer chez elle sans que son père ne me casse encore la gueule) ; bon, par contre je fume, ouais, mais ça fait pas de moins un petit con.
Bah, peu importe, de toute façon. Le plus important, là, c’est de ne pas me laisser marcher sur les pieds. Alors je dévisage le type qui m’a parlé et lui répond en essayant de paraître détendu :
- On se connaît en fait ?Vous savez pas qui je suis on dirait. - On s’en fout, me répond un autre, tu pourrais être Jimmy Reed que ce serait la même. T’es pas assez cool pour traîner avec nous, c’est tout. On te connaît pas.
Jimmy Reed ? De quoi il cause ? Je connais ce Jimmy Reed, de nom (je lis la presse comme tout le monde) et il m’a pas l’air d’être le genre de mec à traîner avec ces types, surtout s’il est comme son père. Mais bon, je m’en fiche, en vérité, de Charles Reed, de son fils, et des gens connus en général.
Je ne suis pas suicidaire ; je m’éloigne donc du groupe de blousons-noirs et me mets à chercher d’autres gens avec qui commencer à sympathiser. Je crois que c’est le mieux pour moi, de trouver un groupe à qui appartenir. Ca fait cool, et on est toujours mieux bien entouré, dans la vie comme dans les études. Mais là, je ne vois pas grand-monde d’intéressant ; à part des petits groupes comme celui qui m’a repoussé et quelques paumés comme moi. Merde, je m’attendais à autre chose de Fairfax que d’être un repère de blousons-noirs et de sales types, mais bon, je vais devoir m’y faire.
Adossé à un mur, je me contente maintenant d’observer les autres et d’attendre que quelqu’un daigne venir me parler. J’ai l’air je crois moins pire que les autres, dans ma chemise à carreaux avec quelques plis et ma coiffure ébouriffée qui, au moins, ne me fait pas ressembler à un ersatz d’Elvis Presley. Je soupire ; je commence à m’emmerder un peu. Je savais qu’arriver en avance n’était pas une bonne idée, mais est-ce que j’ai vraiment eu le choix, hein ? En plus, Jessica, de son côté, doit sans doute s’être déjà faite des amis, alors que ça a toujours été moi le plus sociable de nous deux.
Puis je vois ce type non loin de moi, dont la gueule me dit quelque chose, un petit gars blond.
Je suis sûr de l’avoir déjà vu quelque part ; je fais quelques pas vers lui et remarque qu’il a l’air bien plus friqué que moi, avec sa tenue et son air suffisant. Hé, en fait ce type a même l’air d’un sacré connard. Mais bon, c’est mon premier jour au lycée, ce n’est peut-être qu’une impression, et on m’a toujours dit de ne pas juger les gens trop vite. Je me fais violence et m’approche lentement de lui.
- Excuse-moi, on se connaît non ? Enfin je veux dire … j’ai l’impression de t’avoir déjà vu quelque part.
Hum. J’ai l’impression de déjà le soûler. Il faut que je trouve quelque chose de moins bateau à dire.
- Bon, je dis ça comme ça, mais tu devrais éviter d’approcher de ces types, là-bas, avec leurs vestes en cuir (je désigne le groupe qui m’avait dit de dégager), y ont l’air louche. Enfin tu fais bien comme tu veux hein.
Je me force à sourire, et reprends :
- Moi c’est Craig au fait, si tu veux savoir.
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Dernière édition par Craig West le Mar 31 Oct - 14:32, édité 2 fois
Jimmy Reed
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Dim 29 Oct - 11:14
First Day Of high School ft. Craig West
Mes parents étaient à Chicago… Ce fut donc avec l’appui de notre majordome que je m’étais préparé pour mon premier jour d’école. J’avais moi-même souhaité être inscrit à Fairfax High School, une école d’Hollywood qui avait vu naître pas mal de personnalités régulièrement invitées à nos galas et autres réceptions. Mais ce n’était pas tant pour découvrir les joies de la scolarité que j’avais manifesté ce désir.
En effet, le plus grand intérêt que je trouvais là-dedans, c’était que je pouvais rester à Los Angeles à longueur d’année plutôt que de voyager à travers tout le pays pour des réunions d’affaire par-ci, des repas d’affaire par-là. J’avais 16 ans et bien d’autres ambitions. Mon père avait beau dire que quand j’hériterais de BSC, je n’aurais pas d’autre choix que de devoir poser mon cul dans un avion régulièrement, je savais que quand je serais à la tête de BSC, ce ne serait pas mon cul qui se retrouverait dans l’avion. Daryll Rogers avait un cul aussi, non ?
Je voulais rester à L.A., parce que j’étais en plein apprentissage dans l’Eastside. Je ne dealais pas, je ne faisais pas partie des Los Diablos, mais j’observais… Et j’apprenais.
Et comme mes parents n’étaient jamais là, ils ne le savaient pas.
Soit, les Los Diablos n’avaient rien à voir avec le chapitre important qui allait se jouer aujourd’hui. Est-ce que j’appréhendais ? Non. D’après ce que j’en savais par les quelques personnalités que je connaissais et qui étaient passées par Fairfax, il n’y avait pas grande différence entre la salle principale d’une soirée de gala et la cour d’une école.
Pour l’occasion, j’avais acquis ma toute première voiture. Pour mon père, Charles, il était impossible que j’aille à l’école dans une voiture qui n’en jetait pas. Et j’étais tout à fait d’accord avec cette idée. C’est ainsi qu’après avoir bu mon café, j’avais sauté, sans ouvrir la porte, dans ma toute nouvelle Buick LeSabre Convertible et j’avais démarré, direction Farifax.
Je me garai dans le parking de l’école, à un place bien en vue pour qu’un maximum de gens, même sans faire attention, puisse voir la voiture. Je verrouillai le tout, passai une main dans mes cheveux, rajustait légèrement mes vêtements puis entrai dans l’établissement sous les chuchotements des jeunes filles qui trainaient à l’entrée et s’étaient mises à se faire des messes basses et à glousser sur mon passage.
J’étais passé devant elle sans les regarder.
Une fois dans la cour, là où les étudiants commençaient petit à petit à se rassembler avant que ne sonne l’heure des cours, je choisis l’endroit où j’avais la meilleure vue d’ensemble. Avant de se jeter comme un imbécile dans la mêlée, comme cherchait apparemment à le faire un gars qui devait avoir plus ou moins mon âge en regardant plus souvent le sol qu’autre chose comme s’il avait peur de marcher dans une merde de chien, il fallait observer… Je m’appuyai donc contre un mur idéalement orienté, mains dans les poches.
Qui était qui ? Qui avait l’influence ? Qui était le rebut de l’humanité de service…
Et comment faire la différence et chambouler tous leurs repères à tel point que pour savoir qui ils étaient eux-mêmes, ils devraient s’en référer à moi.
Tout fonctionnait par clans et ces clans étaient reconnaissables non seulement aux petits îlots qu’ils formaient à des points stratégiques de la cour mais aussi à leur style vestimentaire : il y avait les Blousons Noirs et leur coupe de cheveux à la Elvis Presley qui avaient droit à une table et des bancs que j’étais prêt à parier que jamais personne n’oserait leur voler ; au sommet d’un petit talus les surplombant, il y avait ces filles en minijupe et aux permanentes pleine de laque, mâchant leurs chewing-gums avec autant d’élégance que quelque bovin, qui avaient certainement déjà toutes perdu leur virginité avec le leader des Blousons Noirs et son bras droit ; un peu à l’écart, presque hors de vue et assis par terre, un petit groupe de boutonneux à lunettes plongés dans leurs livres trop intelligents pour paraître cool mais qui, quand les Blousons noirs seront devenus des mécanos pansus et alcooliques, seront à la tête des plus grandes entreprises de ce pays ; a quelques mètres de ceux-ci, observant la cour, les jambes croisées comme si elles avaient un besoin irrésistible de pisser mais incapable de se décider à y aller, les lèvres pincées, les couettes affublées de rubans roses, pull à col roulé et jupe longue à carreau se trouvaient les Vierges Effarouchées qui deviendront soit Nonnes, soit se dévergonderont au point de se faire sauter par le premier venu par peur de devenir comme leur mère qui fait du bénévolat tous les dimanches pour l’église du coin (et qui, occasionnellement, mais c’est un secret, se fait sauter par le pasteur) ; dans le tas, on trouve aussi, évidemment, les classiques footballeurs roulant des mécaniques devant les cheerleaders gloussantes, les musiciens et leurs groupies, et les prémisses ce qui allait plus tard s’appeler les « hippies »…
En dehors de ces îlots immobiles, il y a les électrons libres, seuls êtres réellement mobiles dans la cours et qui passent d’un groupe à l’autre, cherchant désespérément un noyau autour duquel graviter… Un peu comme ce gars qui venait de se faire éjecter par les Blousons Noirs. Alors de deux choses l’une : soit ceux-là arrivaient à tirer leur épingle du jeu et se forgeaient leur propre identité en vieillissant… Soit ils restaient à jamais incolores, inodores et insipides et mourraient sans jamais être personne.
Ah… et puis j’ai failli oublier.
Il y avait moi. Sauf que moi, j’étais Jimmy Reed.
Une catégorie à moi tout seul.
Tête haute, je baissai les yeux sur l’individu que j’avais vu approcher à pas de loup dans ma vision périphérique. Mon regard lui fit bien sentir qu’il m’était inférieur, mais mon sourire charmeur suffisait à semer le doute sur tout ce que je peux en penser.
-Non… ON ne se connait pas. Mais tu me connais peut-être… Via L.A.People, Guitar&Pen…
Il s’agissait de l’électron libre qui s’était fait rabroué par les Blousons Noirs…
D’emblée, le jeune homme dont j’allais bientôt découvrir que nous allions passer quelques années dans la même classe me donna un conseil. Comme si j’avais réellement besoin des conseils d’un type qui ne savait même pas qui il était. D’ailleurs, en parlant de ça, il me donna un nom… Enfin non… Juste un prénom… Ce qui revenait à être un chèque sans signature. Ça ne valait rien.
-Non… je ne voulais pas savoir. Mais maintenant je le sais.
Et j’allais le retenir. Pas parce que c’était nécessaire, mais parce que ma mémoire l’avait déjà imprimé, que je le veuille ou non.
Je m’écartai du mur.
-Très bien Craig. Ouvre les yeux.
Je le plantai là et me dirigeai, mains dans les poches, vers le groupe des Blousons Noirs. Je dégainai mon paquet de cigarettes et, arrivé plus ou moins à leur hauteur, constatai qu’ils parlaient du dernier album des Kings Of Cali… Un produit BSC.
J’affirmai d’une voix grave et posée, m’incrustant sans aucune gêne dans leur conversation :
-Cary Davis est un grand artiste… Insupportable, mais talentueux. Vous voulez une clope ?
Ils se tournèrent vers moi, me regardèrent dans un premier temps les sourcils froncés, me reconnurent puis leurs yeux tombèrent sur le paquet de cigarette que je leur tendais. Le leader fit le premier pas…
-Oh ouais ! Cool ! Merci, mec !
Il piocha dans le paquet et le reste de son groupe fit de même, je souris et en pris une à leur suite. Et ce fut leur leader qui me tendit son feu.
-T’es Jimmy Reed, non ? Donc t’as vu Cary Davis en vrai ?!
Je hochai la tête.
-Venez me trouver plus tard, vous me donnerez vos noms et avec un peu de chance, je vous ramènerai des photos dédicacées…
Tirant sur sa clope, le leader hocha frénétiquement la tête.
-Waah ! Ok ! Cool ! Merci, mec !
Peu de vocabulaire, peu de neurones. Mais il savait ce qu’était une clope et une photo dédicacée et c’était tout ce qu’il avait besoin de savoir.
Je leur fis un salut de la main et retournai vers… Craig… Juste Craig…
Arrivé à sa hauteur, je laissai la fumée de ma cigarette s’échapper par mes narines, mes yeux bleu-vert fixés dans ceux… sombres et ternes… de Craig…
-Tout le monde est à vendre… Si tu as de quoi les acheter.
Je souris et lui tendis la main, ma clope plantée entre mes lèvres.
-Jimmy Reed.
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Dim 29 Oct - 21:43
First Day Of High School (1961)
ft. Jimmy Reed
Ah, merde. Comme je l’avais pensé, ce type à l’air arrogant dans ses vêtements proprets de jeune friqué est quelqu’un d’important, ou essaie d’en avoir l’air, difficile d’être certain de ça. Il y a bien trop de gens qui s’inventent une vie, qui se la racontent à propos de trucs qu’ils n’ont jamais fait et essaient d’en profiter pour rabaisser les autres. Moi ? Eh bien, j’aime pas faire semblant. Je sais que je suis pas le riche, le plus cool ou le type le plus connu qui soit, mais bon, est-ce que je peux vraiment faire autre chose que d’être Craig West, avec ma dégaine de prolo et ma chemise moche ?
Enfin, pas que je m’en plains. Je suis même pas certain de ce que « prolo » veut dire, et je suis pas vraiment à plaindre. On ne manque jamais vraiment de rien, à la maison. On paie toujours les factures en temps et en heure, on s’habille pas trop mal et mange à notre faim. Donc c’est pas si mal, je dirais. Mais c’est sûr que je serais pas contre élever un peu mon ; notre – niveau de vie.
Bon, ce blondinet, là. Je lui dis à peine quelques mots et j’ai déjà l’impression qu’il me prend pour de la merde. Bon, très bien. Peut-être une mauvaise approche de ma part ? Je me redresse un peu et essaie de regarder le type un peu de haut. On sait jamais, hein ? Peut-être qu’il va redescendre de son piédestal à la con ? En tout cas, ça vaut le coup d’essayer. Qu’est-ce qu’il vient de me dire, sinon ? Que je l’ai sûrement déjà vu dans le L.A People ou autre, qu’il se fiche en vérité pas mal de mon nom, enfin, c'est ce que j'entends dans le ton de sa voix. Ouais, dis-le clairement si je suis pas assez bien pour te parler, et tu resteras donc tout seul dans ton coin.
- Très bien Craig. Ouvre les yeux, continue-t-il alors.
Il s’éloigne. Je le suis du regard. Il s’approche sans la moindre appréhension du groupe de blousons noirs que je viens d’évoquer et leur dit un truc, comme si de rien. Ouais ; c’est censé m’impressionner ? J’aimerais voir à quoi ressemblera son visage de petit con prétentieux lorsqu’ils lui referont le portrait. Enfin, s’ils vont jusque-là. A coup sûr, ils vont juste lui dire de dégager, comme avec moi, et si le blondinet insiste ils vont le pousser gentiment contre un mur et lui donner un coup de pied dans les couilles (ou dans un autre endroit déplaisant). Et ; ah non, voilà qu’il revient.
Avec un petit air triomphant et une clope au bec, comme si de rien n’était. Monde de merde.
Je suis à peu près certain qu’il s’agit bel et un bien d’un type important, comme je le pensais. En tout cas, il ne se prend pas pour n’importe qui et il a l’air de ne craindre personne, cet enfoiré. Mais au moins, ça me fait réfléchir. Peut-être que si j’essaie d’être comme lui, ça m’aiderait à me faire accepter quelque part ? Hé, doucement. Aujourd’hui, c’est la rentrée, inutile de chercher directement à me faire des amis. Je cherche juste quelqu’un d’assez sympa avec moi pour discuter.
- Tout le monde est à vendre… Si tu as de quoi les acheter, me dit le gars.
Euh, ouais, sans doute. Qu’est-ce qu’il me dit là ? Qu’au fond, tout le monde est une pute ?
Il me tend la main ; je lui serre en le regardant fixement. Toujours ce petit sourire agaçant. Et là, il se présente. Jimmy Reed. Hum, j’en étais sûr. Il ne ressemble pas vraiment à n’importe qui, faut dire.
- Craig West, je lui réponds en insistant bien sur mon nom de famille.
J’ai bien compris ce que tu insinues, c’est bon. Désormais, lorsque je me présenterais à quelqu’un, je n’oublierais plus de dire aussi mon nom de famille ; même si ce n’était pas un oubli et que je sais que mon prénom n’est de toute façon pas des plus courants. Bon, on peut pas dire la même chose de mon apparence ceci dit. Des petits bruns aux yeux sombres, ce n’est pas ça qui manque.
- Qu’est-ce que tu as dit à ces types pour qu’ils te regardent comme ça ?
Cependant, je n’attends pas sa réponse ; je la connais déjà, je pense. Il est Jimmy Reed, il est connu de partout et n’a eu besoin de rien pour ça, si ce n’est naître. Et quand il aura l’âge, il héritera de la fortune de son père, et à lui la coke et les putes (ou autre chose hein, je sais pas ses goûts).
- Tu leur as juste dit que tu étais Jimmy Reed, j’imagine ? Ben merde, c’est les mêmes types qui m’ont dit y a pas deux minutes que même Jimmy Reed leur ferait pas peur.
Bon, ce n’est pas exactement ce qu’ils m’ont dit mais Jimmy ne le saura pas. Ou bien si, s’il retourne leur parler plus tard, mais ils n’ont pas l’air de types vraiment intéressants. Juste des types du genre alcool, filles, sans doute drogues, sans doute pas dignes de l’intérêt d’un type comme Reed. Moi, ce genre de personnes m’intéresse un peu, mais juste parce qu’ils savent ce que c’est la vie, la vraie, s’amuser et ce genre de choses. En tout cas je compte pas sur eux pour devenir de brillants intellectuels, hein. C’est d’ailleurs étrange qu’il y ait des types comme ça à Fairfax, maintenant que j’y pense. Je me suis laissé dire que c’était un bahut un peu classe et qu’il y aurait beaucoup plus de rupins.
Faut croire que non, mais il faut de tout pour faire un monde comme on dit. Et ça n’augure que des opportunités intéressantes – je n’en ai pas forcément l’air, mais j’aime les gens, en vérité. Tant qu’on me montre du respect et qu’on me laisse une chance, ce que tout le monde ne fait pas, hélas.
Jimmy Reed fume sa clope tranquillement, nullement inquiet. J’en aurais presque envie d’une autre mais je garde celle que j’ai sur moi pour plus tard. Bordel, j’espère que je vais pas commencer à éprouver du manque ou autre, je serais bien dans la merde. Je ne veux pas que ma santé se mette à dépendre de quelque substance. Si ça commence à être dangereux pour moi, j’arrête.
Je me mets à regarder un peu partout autour de moi en réfléchissant à un truc à dire à Reed sans qu’il ne foute de ma gueule ou me prenne pour un moins que rien. Il y a pas mal de belles filles ici, certaines qui ont l’air franchement salopes, d’autres au contraire un peu coincées, quelques-unes entre les deux, dont certaines que me jettent de temps en temps des petits regards. Hé, je suis peut-être pas si mal, après tout ; c’est sans doute pour ça que j’ai déjà eu quelques petites-amies, d'ailleurs.
Peut-être est-ce simplement parce que je me trouve en présence du fameux Jimmy Reed ? Si j’étais une meuf, je me dirais sûrement que ce type est totalement baisable. Mouais. Je ne vois pas tellement ce que ces demoiselles lui trouvent ; bon, c’est sûr qu’il a une belle gueule le bourgeois, mais ça n’en fait pas forcément un bon coup, si ? Enfin j’en sais rien, je ne suis pas une fille et c’est tellement dur de les comprendre parfois. Mais en même temps, si Jimmy Reed n’était pas un Jimmy mais une Jennifer ou une Janice, je serais sans doute le premier à espérer qu’un truc se passe.
Je regarde à nouveau Reed et, histoire d’essayer de rompre la tension qui s’est installée, je lui lance :
- J’imagine que tu es du genre à profiter de ta notoriété, hein ? Mais je ne te juge pas, c’est facile quand on s’appelle Reed, quand on est quelqu’un quoi. Mais peu importe ce que t'en penses, je serais quelqu’un moi aussi, un jour. Et …
… et, je continue ou je m’arrête là ? Je ne voudrais pas le provoquer quand même, ce ne serait pas une bonne idée de se mettre à dos un type comme Jimmy, même si certains et certaines seraient impressionnés. Bon, alors je me calme … enfin, c’est pas comme si j’étais réellement en colère.
- Enfin, je veux pas te vexer ou quoi que ce soit. J’imagine qu’être connu a aussi quelques inconvénients.
Bien rattrapé, Craig. Enfin j’espère.
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Lun 30 Oct - 14:54
First Day Of high School ft. Craig West
La démonstration terminée, j’étais revenu vers… Craig… Il n’y avait rien à faire, ce prénom manquait autant de peps que son propriétaire manquait d’assurance. Il était juste amputé en fait. Maintenant, c’était clair que s’il avait un nom de famille à la con, il faisait mieux de se taire.
Non sans un petit commentaire sur ce que je venais de démontrer avec les Blousons Noirs, je lui tendis la main et il la serra. Il avait plus d’assurance dans une seule poignée de main que dans toute sa dégaine jusqu’ici. C’était déjà ça…
Et il se présenta à nouveau. Convenablement, cette fois, ce qui me fit avoir un petit sourire en coin.
-Ça sonne mieux, tu trouves pas ? Enchanté, Craig West.
C’était toujours qu’un moins que rien, mais son nom avait du potentiel. S’il était moi, il pourrait arriver à quelque chose, même en partant de nulle part.
Mais voilà : il n’était pas moi. Pas de chance.
Craig lui, se mit à faire les questions et les réponses. Qu’est-ce que j’avais fait pour arriver à attirer l’attention et l’intérêt des Blousons Noirs ? Selon Craig, je n’avais eu qu’à prononcer mon nom. Et il avait déjà tout faux. Les Blousons Noirs lui avaient pourtant dit que je ne leur ferais pas peur ! Mon sourire s’élargit alors que je continuais à fumer tranquillement ma cigarette en continuant à regarder la faune qui paissait dans la cour.
Et je ne disais rien… Je laissai Craig mijoter quelques secondes de plus et il repartit pour une nouvelle gerbe de mots et de questions. Il avait peur des blancs dans la conversation.
Je ne reportai mon regard sur lui, tête haute, quand il affirma qu’un jour il serait quelqu’un, lui aussi. Il aurait été limite bien parti s’il n’avait pas fini par un « Et… » qui trahissait à nouveau son manque de confiance en lui, d’autant qu’il ne s’était arrêté que pour prononcer une nouvelle phrase qui ressemblait déjà beaucoup à une excuse pour tout ce qu’il venait de vomir.
Tout au long de son discours incertain, j’étais resté impassible, ne lui donnant aucun indice sur ce que je pouvais penser de ce qu’il me racontait.
Vu qu’il avait l’air d’avoir enfin finit de parler, ce fut à mon tour.
-Tu parles trop… Et tu observes trop peu.
Je me retournai carrément pour me mettre face à lui, une épaule appuyée contre le mur. Même si j’avais bien l’impression qu’il avait quelques centimètres de plus que moi, j’avais l’impression qu’il était plus petit parce que sa façon de se tenir était celle d’un gars qui n’est pas sûr de lui.
-Je ne leur ai pas dit que j’étais Jimmy Reed. Leur leader m’a reconnu. Mais ce n’est pas ça qui les intéressait. Peu importait qui j’étais. Ce qui importait, c’était ce que je pouvais leur donner.
Je haussai les épaules.
-Des clopes et la promesse de photos dédicacées de leur idole ont fait l’affaire. Je me suis rendu intéressant pour eux, voire indispensable en leur donnant un peu, la clope, et en leur promettant un peu plus, les photos.
Je passai ma langue sur mes lèvres.
-Spéculons, maintenant…
De mon index et de mon majeur entre lesquels je tenais ma clope, je lui désignai un gros balourd aux airs patibulaires qui poussait un gars plus petit que lui à répétition un peu plus loin.
-Imaginons que cette créature-là venait essayer de me racketter, par exemple. Que crois-tu qui se passerait ?
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Lun 30 Oct - 17:22
First Day Of High School (1961)
ft. Jimmy Reed
Je crois qu’au fond, il n’y a que deux catégories de personnes dans le monde. Ceux qui triment pour obtenir ce qu’ils veulent, et ceux qui ont déjà tout. Jimmy Reed fait clairement partie de cette seconde catégorie, mais c’est si facile quand on est un fils à papa, hein ? Il n’a pas vraiment de mérite, et je ne dis pas ça que par jalousie – comment je pourrais être jaloux de ce petit con d’ailleurs ? Moi, on m’aime pour ce que je suis et pas parce que j’ai un nom célèbre ou quoi, mais inutile de le dire à Reed, j’imagine, déjà parce qu’il m’enverrait sûrement me faire foutre et aussi parce qu’il le sait sans doute déjà. Il n’est pas aussi con qu’il en l’air, le petit blond, hélas.
Maintenant que j’y pense, c’est assez pitoyable comment ces types se sont écrasés devant lui. Putains de poseurs ; ils font les durs avec leur veste en cuir, leur coiffure et leurs manières à la con, mais ils n’ont pas de couilles, au final. Enfin, je dis ça, mais j’ignore ce qui s’est dit finalement. Je ne peux faire que des suppositions. Mais ça me dégoûte un peu ; moi, si je réessayais d’aller voir ces types, même en essayant de paraître aussi assuré et arrogant que Reed je me ferais encore rabrouer. Ou bien il leur montré un truc, ou donné quelque chose, je sais pas ? Je suis certain qu’il est toujours possible de se faire des amis, voire plus, avec un peu de thune – même si ce ne seraient pas des amis sincères, bien sûr, mais bon, qu’est-ce qui le plus important au final ? Être bien entouré.
Jimmy commence déjà à m’agacer, mais je décide de rester calme alors que je lui demande comment il s’y est pris. S’énerver ne sert à rien contre ce genre de personnes, et, bordel, je vaux mieux que ça. Enfin j’espère. Je sais montrer les dents et casser des gueules s’il le faut, mais ça ne m’enchante pas vraiment, ce serait triste de devoir en arriver à de pareilles extrémités, quoique je suis à peu près certain d’avoir l’avantage sur Reed sur ce terrain-là. Je frappe plutôt fort, et j’esquive pas mal.
On se console comme on peut, faut croire. Mais il ne faut plus que je pense à ça.
- Tu parles trop… Et tu observes trop peu, me répond finalement le type.
Drôle de façon de me dire « ta gueule », mais on lui apprend à être diplomate, j’imagine. Hum, j’ai bien envie de me casser pour aller voir s’il existe des gens plus intéressants que lui dans le coin, mais je dois admettre qu’il a l’air d’être le seul gars un peu digne d’intérêt à Fairfax. Et puis bon, ça ne m’engage à rien de continuer à lui parler, n’est-ce pas ? On va sans doute se faire chacun des amis de notre côté et ne plus se parler ; au moins j’aurais eu la certitude de qui il était et surtout de comment il était. Hé, je ne pouvais pas m’attendre à vraiment autre chose d’un type comme lui, hein ?
- On me le dit souvent ouais, je lui réponds.
Entretemps, il s’est tourné complètement vers moi et essaye de me regarder de haut. Ouais, d’accord, Jimmy, je suis censé être impressionné ou quoi ? T’es plus petit que moi, et même si tu essayais de te dresser sur la pointe de tes pieds dans tes jolis mocassins bien cirés, tu le serais toujours. C’est assez bizarre comment tu es à la fois très emmerdant et plutôt intéressant, Reed. Tu changes de la banalité des types auxquels je parle tous les jours, au moins, on peut te reconnaître ça.
- Je ne leur ai pas dit que j’étais Jimmy Reed, déclare le blond, leur leader m’a reconnu. Mais ce n’est pas ça qui les intéressait. Peu importait qui j’étais. Ce qui importait, c’était ce que je pouvais leur donner. Des clopes et la promesse de photos dédicacées de leur idole ont fait l’affaire. Je me suis rendu intéressant pour eux, voire indispensable en leur donnant un peu, la clope, et en leur promettant un peu plus, les photos.
Je croise les bras. Je dois avouer que ce qu’il raconte m’intéresse – c’est donc ça le grand secret de la vie, des riches et des puissants ? On se fait des amis en leur donnant des trucs et en leur en promettant d’autres ? Bah merde alors, si j’avais su, j’aurais donné à ce connard d’Owain Cassady qui me tabassait en primaire des sucettes et des photos de filles de la classe en train de se changer avant le cours de sport … nan, sérieusement, c’est tout ce qu’il trouve à dire, le fils Reed, là ? Ce n’est pas aussi simple, la vie. Ici, ça a l’air de marcher, ouais, parce que ces blousons-noirs ne sont sans doute pas des lumières, mais ça ne marcherait pas avec n’importe qui. Quelqu’un de pas trop con accepterait ce que l’on lui proposerait, puis foutrais la pression pour qu’on lui donne plus. Ou bien … ah, je commence à trop m’embrouiller moi-même, là. C’est ça de trop réfléchir dès le matin.
- Je commence à comprendre, Jimmy.
Bon, il m’appelle par mon prénom, je ne vais pas me priver pour faire de même, hein ?
- Spéculons, maintenant, me répond-il.
Wouah, monsieur connaît des mots compliqués … je ricane discrètement. Bon, qu’est-ce qu’il va dire maintenant, le Reed ? Hum, il me montre du doigt ce gros type qui en malmène un autre, un petit mec tout maigre. Ah, d’ailleurs je le connais ce gros garçon, c’est sans doute Abel Kazkow, le fils du confiseur qui vit pas trop loin de chez moi. Il a le droit de prendre ce qu’il veut gratuitement dans l’échoppe de son père et il ne se gêne pas, c’est d’ailleurs pour ça qu’il est gros. Enfin bref.
- Imaginons que cette créature-là venait essayer de me racketter, par exemple. Que crois-tu qui se passerait, me demande Reed.
Euh, curieuse question. Comment je suis censé savoir ça, moi ? Je ne connais pas bien les types qui rackettent les autres, j’ai tendance à les éviter, en fait. Lui aussi, j’imagine, avec ses vêtements qui doivent coûter bien plus chers que les miens et sa coiffure impec’ de jeune rupin. Mais j’imagine qu’il faut que je lui réponde, alors il va l’avoir, sa réponse. Je rétorque, d’une voix forte :
- Eh bien, j’imagine qu’il t’agresserait en te criant : « J’aime ta chemise, passe-la moi, elle a l’air de coûter beaucoup d’argent en plus. » Ensuite, tu dirais peut-être quelque chose comme « Je ne suis pas sûr qu’elle t’irait, mon gros », mais nan, t’as pas l’air du genre à avoir ce genre de répartie toi, donc tu dirais plutôt : « Nan, écoute. Tu veux pas une clope ? J’en ai plein, tu peux en avoir une toute de suite et d’autres plus tard si tu me laisses tranquille. », et s’il ne t’a pas reconnu entre temps, tu continuerais avec : « Je suis Jimmy Reed au fait. J’imagine que tu sais qui je suis et que je suis le genre de type qu’il ne vaut mieux pas embêter », ou quelque chose du genre. S’il t’a reconnu, tu lui demanderais plutôt ce qu’il aime, son style de musique ou quoi, et tu répondrais, que, comme par hasard, tu le connais personnellement et que tu peux lui obtenir des photos ou un autographe. J’ai bon ?
Il y a eu quelques rires autour de moi pendant que je parlais, mais je ne pense pas que c’était des moqueries ; c’est plutôt des gens qui trouvent mon petit numéro désopilant même s’ils ne savent pas le contexte de ma tirade. Mais bon, si je peux être catalogué comme un mec marrant ou autre dès le premier jour, c’est pas si mal. Pour mon plus grand plaisir, je vois même que quelques gonzesses me regardent en souriant - mais bon, peut-être se disent-elle simplement « c’est qui ce boulet ? ».
Je regarde à nouveau Jimmy et je reprends mon air sérieux, parce qu’il ne m’a pas l’air facile à dérider, ce type. Ça, je peux le comprendre, et inutile d’essayer de changer un type comme ça.
- J’imagine que tu dois me prendre pour un con maintenant, mais bon, je m’en fous. Bref, voilà ma réponse à ta question. T’en penses quoi, au final ?
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Jimmy Reed
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Lun 30 Oct - 18:13
First Day Of high School ft. Craig West
Bon… Apparemment, je n’étais pas le seul à avoir signifié à Craig West qu’à défaut de pouvoir se taire, il devrait faire court. Mais je n’étais pas au bout de mes peines…
Quand il avait donc eu terminé son discours qui consistait à se parler plus ou moins tout seul en répondant lui-même aux questions qu’il avait pourtant l’air de me destiner, j’avais enfin pu lui exposer mon point de vue, tout à fait différent du sien.
Il n’y avait rien à faire… Il y avait bel et bien une raison qui faisait qu’un loup était un loup et qu’un agneau resterait à jamais un agneau… Ce dernier pourrait toujours essayer de bouffer du steak, ça n’en ferait pas un prédateur pour autant…
La nature nous avait fait tels que nous étions. Chacun à sa place et destiné à la garder.
C’était pour ça que je n’avais aucun scrupule à donner des leçons à Craig. Parce qu’il pouvait bien affirmer « commencer à comprendre », il n’apprendrait quand même jamais.
Alors je m’amusais. Je n’avais de toute façon rien d’autre à faire en attendant que les cours commencent.
Je lui avais proposé, avec ce qu’il savait maintenant, soit le deal que j’avais avec les Blousons Noirs, de spéculer. Le problème était aussi simple que ceux que ma mère me faisait faire quand j’avais 6 ans. Craig avait toutes les données : les blousons noirs, les clopes, la promesse des photos et la situation soit une hypothétique tentative de racket par un être dont je n’étais pas sûr qu’il s’agissait d’un humain.
Et ce fut reparti pour un tour… J’écoutai Craig parler mais à la moitié du résultat de sa spéculation, j’avais déjà bien compris qu’il était à côté de la plaque, complètement. Je soufflais la fumée de ma clope en le respectant suffisamment pour ne pas l’interrompre… Non… en réalité, je ne l’interrompais pas parce que l’entendre s’enfoncer au plus profond de son raisonnement et se mettre ensuite à creuser pour être sûr d’aller encore plus bas me faisait un plaisir qu’il ne pouvait même pas imaginer.
Une fille qui passa et vit le show donné en direct par Craig West pouffa de rire (sans pour autant comprendre, très certainement, de quoi il en retournait), je lui fis un clin d’œil et elle me fit un subtil signe de la main en retour, agrémenté d’un magnifique sourire.
Puis, je reportai mon attention sur Craig dont le débit de parole avait ralenti alors qu’il me demandait ce que j’en pensais. Je me redressai, jetant mon mégot par terre et enfoui mes mains dans mes poches.
-J’en pense que tu es un cas désespéré.
Je souris et haussai les épaules.
-En réalité, je n’aurais besoin de rien faire. Si cette… chose… m’approchait d’une façon inappropriée, les alliés que je viens de m’acheter, nos amis en blousons, interviendraient.
Mon sourire était on ne pouvait plus fier.
-Parce que je suis Jimmy Reed ? Non. Parce qu’ils sont cons, mais pas assez que pour ne pas piger que s’ils veulent leurs foutues photos pour frimer, j’ai intérêt à sortir indemne de mon premier jour d’école.
Ne tenait qu’à moi de rester toujours dans leur champ de vision. Ce qui en plus allait me rendre omniprésent comme une image subliminale.
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Lun 30 Oct - 21:26
First Day Of High School (1961)
ft. Jimmy Reed
Hum, décidément, on a du mal à se comprendre, mon ami et richou et moi. C’est ça, ou simplement que n’arrive pas à le prendre réellement au sérieux, avec sa gueule de gendre idéal, ses cheveux blonds proprets et la fausse décontraction qu’il affiche. Enfin, fausse, je sais pas, mais il a tellement l’air de s’en foutre, de tout ça, que c’est en agaçant. Il prend des trucs pour rester aussi calme ou quoi ? Même moi qui suis plutôt patient, ça commence à me mettre en rogne, ces conneries. On peut pas juste oublier nos petits désaccords, se souhaiter bonne chance et autres (en espérant quand même de ne pas se croiser trop souvent, faut pas déconner) et se quitter bons amis. Merde, ça c’est à cause de moi et de ma tendance à trop en faire, à trop en dire – j’aurais mieux fait de fermer ma gueule, tiens. Jimmy Reed doit me prendre pour un foutu abruti maintenant, si ce n’est autre chose.
Malgré tout, j’essaie de ne rien laisser paraître. C’est le lycée, ici, c’est quelque chose de sérieux quoi que j’en pense. Un seul moment de faiblesse et quelqu’un pourrait en profiter pour me faire du mal, mentalement ou physiquement. Je sais pas quel serait le pire d’ailleurs. J’encaisse plutôt bien les coups s’il le faut, et c’est certain que je ne laisserai pas qui que ce soit abusé de moi, mais bon, c’est que des mots tout ça, au final. Jusqu’ici, j’ai réussi à me sortir d’à peu près n’importe quelle situation sans trop d’emmerdes et je tiens à ce que ça reste ainsi. Même si ça joue sur mes putains de nerfs.
Et, bien évidemment, je réponds complètement à côté de la plaque à Jimmy Reed.
Hé, mais au moins ça m’a détendu un peu et fait rire quelque personnes. Je sais pas s’il s’agit de moqueries ou de rires plus bienveillants, mais, hé, est-ce que j’ai l’air d’en avoir quelque chose à foutre ? C’est pas quelques moqueries ou insultes qui vont me faire pleurer ; et puis je ne pleure pas. Enfin, jamais en public, et c’est parfois un putain d’exploit quand on y pense. Je suis comme tous les autres, au collège on me faisait de sales coups, en primaire aussi, j’en ai vu des vertes et des pas mûres comme on dit même si cette expression est complètement naze, mais il faut faire avec.
Je vois une meuf passer à côté de moi et faire un sourire à Jimmy ; évidemment elle ne manque pas de me regarder un peu de haut comme si j’étais échappé d’un asile ou d’un cirque, mais qu’est-ce qu’elle croit, la grognasse ? Ça ne gêne pas de me donner en spectacle – je suis un artiste, moi, après tout. Reed, là, qui se retient presque de rire en face de moi, il peut en dire autant ? Nan, c’est juste un fils à papa qui a un certain don avec les gens et qui s’en sert pour obtenir ce qu’il veut, même s’il a déjà tout. En fait, je trouve même ça assez triste … je me demande ce que ça donnera dans dix, quinze ans, lorsque je ferai ce que j’aime pour vivre et que lui se fera chier avec son fric et les filles faciles qu’il aura pu se payer. Merde, on verra bien qui pourra se moquer de l’autre alors.
Bon, je ne démonte pas, cependant. Je réfléchis à qu’est-ce qui pourrait lui faire fermer sa gueule.
- J’en pense que tu es un cas désespéré, me répond-il donc.
Toujours le même sourire à la con. Ouais, c’est ça, continue à faire ton coq, Reed. T’es peut-être rusé, intelligent et tout ce que tu veux, Jimmy, mais tu vois pas plus loin que le bout de petit nez.
- En réalité, je n’aurais besoin de rien faire. Si cette… chose… m’approchait d’une façon inappropriée, les alliés que je viens de m’acheter, nos amis en blousons, interviendraient, continue Reed.
Bordel. J’avais déjà compris où tu voulais en venir la minute où tu avais ouvert la bouche, Jimmy. Et encore ce sourire à la con … bordel. Reed, je te file trois secondes, tu entends, exactement trois secondes pour m’effacer ce putain de sourire de ta gueule de con ou je te fais gicler les yeux des orbites et je t’empaffe le crâne. Ou pas d’ailleurs, on peut toujours négocier avec moi. Même si on est pas du même monde et qu’on voit carrément pas les choses de la même façon.
- Parce que je suis Jimmy Reed ? Non, continue l’autre, parce qu’ils sont cons, mais pas assez que pour ne pas piger que s’ils veulent leurs foutues photos pour frimer, j’ai intérêt à sortir indemne de mon premier jour d’école.
Ouais, ouais. J’ai compris, Jimmy. T’inquiète pas, dans tous les cas tu seras indemne et moi aussi d’ailleurs, même si on en est pas encore à se foutre joyeusement sur la gueule. Enfin, pas que ça me gênerait – mais dans ce cas, je ferais en sorte que ce soit hors de la vue de tes nouveaux potes. Hé ouais, voilà ce à quoi tu n’as pas pensé, l’ami, entre autres choses. Ça, et le fait d’avoir de l’empathie pour les autres êtres humains, mais bon, personne n’est parfait, hein, même toi. Attends un peu.
- C’est pas aussi simple, lui réponds-je, ils ne seront pas toujours là. Que ce soit eux ou n’importe qui d’autre, d’ailleurs. En fait, n’importe qui qui chercherait à te faire du mal ne le ferait pas sciemment devant, hum, tes amis en cuir en l’occurrence, tu comprends ? A moins d’être vraiment très con, mais quoi qu’on en dise il faut avoir un minimum de cervelle pour faire du mal à quelqu’un ou simplement le racketter. Même cette « chose », là, comme tu l’appelles, et sache d’ailleurs qu’il a un nom mais qu’importe, attendrait je pense que tu sois seul pour agir. Enfin … en principe.
Parce que bon, en réalité Kazkow est toujours en train de faire un passer un mauvais moment à ce type que je n’ai jamais vu à la vue de tous, mais il n’a jamais brillé par sa subtilité, lui. D’ailleurs il ne lui fait pas vraiment mal. Juste un petit coup de pression, enfin c’est ce à quoi ça ressemble vu d’ici, et je ne meurs pas vraiment d’envie de me rapprocher, à vrai dire. Kazkow sent tout le temps le caramel et j’ai vraiment pas besoin de ça pour avoir la dalle. Quel con, j’aurais dû plus prendre mon temps ce matin. Bah, tant pis, j’ai plus à important à faire que songer à des trucs aussi triviaux.
- Et, tant qu’on en est à dire chacun ce qu’on pense tour à tour, je rajoute que ça peut s’acheter, une loyauté, si tu vois ce que je veux dire. Mettons que quelqu’un, euh, « surenchérisse », si on peut dire ça comme ça et donnent à ces types quelque chose qu’ils veulent vraiment à condition qu’ils te cassent la gueule, tu crois vraiment qu’ils continueront à te protéger ? Dans le meilleur des cas, ils hésiteront puis prendront une décision. Dans le pire, ils n’arrivent pas à se mettre d’accord entre eux et là, soit ils se mettent sur la gueule entre eux, soit ils vont chacun faire ce qu’ils pensent être le mieux.
Hum, je crois que c’est tout, pour l’instant. Je sais pas si ça suffira à faire taire Jimmy, mais ça le fera au moins réfléchir, j’espère. Ou bien il va se contenter de sourire comme il le fait depuis le début, dire que je parle trop pour ne rien dire ou que j’ai tort, encore une fois – mais là, il serait carrément de mauvaise foi. Bon sang, il va bien devoir admettre que j’ai raison, sur ce coup-là. Je reprends :
- Et puis, merde, Jimmy, tu pourras pas toujours compter sur quelqu’un pour te sauver la mise, même si tu es Jimmy Reed.
Je ne suis pas tout à fait sûr de cette dernière affirmation, mais c’est dit. Je regarde à nouveau autour de moi et je constate que quelques personnes nous regardent, tantôt avec une pointe d’admiration, tantôt avec l’air de ne rien comprendre, mais on a comme un public. Ah. Le ton a dû monter sans que je m’en rende compte. Et pourtant je continue à me sentir étrangement calme, comme d’habitude.
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Jimmy Reed
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Mar 31 Oct - 10:28
First Day Of high School ft. Craig West
Je m’amusais avec Craig comme un gosse se serait amusé à jouer en piquant du bout d’un bâton le cadavre d’un rat mort en se demandant si ça va le ressusciter en sachant très bien qu’il n’y a aucun risque que ça arrive. Mais comme cet enfant, j’allais vite me lasser, à force. Car Craig, même piqué au vif après que je lui ai mis le nez dans sa logorrhée comme j’aurais mis le museau d’un jeu chien dans sa merde, loin d’apprendre, fut pris d’une nouvelle crise d’incontinence verbale qui me fit lever les yeux au ciel…
S’il existe un Dieu, faites qu’il s’arrête !
Je l’écoutais d’une oreille, guettant la sonnerie signalant le début des cours de l’autre. Je n’avais pas de temps pour un gars comme Craig West. Même mon temps passé à ne rien faire était plus constructif que d’essayer de lui inculquer deux ou trois choses qui, s’il ne me jugeait pas sur qui j’étais, d’où je venais et mon apparence, pourraient l’aider à s’en sortir et à s’élever…
Malheureusement pour lui, ça demandait une certaine intelligence. Ça demandait la capacité de se taire, d’écouter et d’observer. Trois choses que Craig West, sur nos quelques minutes de conversation, m’avait bien prouvé qu’il était incapable de faire.
Quant à l’inverse, que ce soit lui qui tente de m’apprendre quelque chose… L’idée, le concept même, ne m’effleurait même pas.
En fait, Craig tentait de me donner sa vision des choses ou une autre vision des choses, un autre scénario. Mais trop de mots tuaient les mots et ses phrases ponctuées de « euh… » hésitants rendait son discours à la fois décousu et ennuyeux.
On pouvait lui reconnaître qu’il avait de belles idées, de belles pensées et il était probablement ce qu’on pouvait appeler un « bon gars ». Mais ça s’arrêtait là. Tant qu’il ne maîtriserait pas les apparences, ce qui ne risquait pas d’arriver de sitôt, il serait invisible à la grande majorité du monde quand je marcherai en pleine lumière.
Ce fut le silence qui me fit finalement accorder à nouveau mon regard clair à Craig.
-Oh… Tu avais fini…
Je me redressai, me décollant du mur.
-Vous, les prolétaires, êtes tellement occupés à économiser les quelques dollars en votre possession que vous en oubliez d’économiser vos paroles.
La cloche retentit finalement et c’est avec nonchalance et très peu de motivation que les premiers élèves se dirigèrent vers l’intérieur du bâtiment. Mais mon regard à moi n’avait pas quitté West, ni même cillé. Je rentrerais quand je daignerais rentrer, pas avant. Et en l’occurrence, j’avais une conversation à finir.
Et comme j’étais conscient qu’un vague public s’était réuni autour de nous, espérant probablement que ça se change en rixe, j’en profitai pour lancer une annonce :
-Que celui qui aura le cran et les moyens de surenchérir le fasse. Si c’est le cas, cela voudra dire qu’il y aura peut-être quelqu’un dans cette école avec qui il sera intéressant de parler.
Quelqu’un qui penserait comme moi.
Je regardai Craig de haut en bas, puis plantai à nouveau mon regard dans le sien.
-Je ne compte sur personne. Je ne fais confiance à personne. Tu cherches un ami, Craig West ? Adopte un chien.
Puis, les mains dans les poches et le sourire aux lèvres, je m’éloignai, le public qui s’était réuni autour de nous s’écartant sur mon passage avant de se disperser.
Les cours pouvaient commencer, à l’heure qu’il était, plus personne ne devait ignorer que Jimmy Reed était à Fairfax.
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Craig West
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE] Mar 31 Oct - 14:29
First Day Of High School (1961)
ft. Jimmy Reed
Bon, je peux pas dire que je suis surpris. Jimmy Reed a vraiment tout de la panoplie du parfait connard, comme je l’ai imaginé dès que je l’ai vu, avec son ego gros comme le cul d’une stripteaseuse et le mépris qu’il affiche pour moi aussi évident qu’un foutu bouton au milieu du front – non, c’est pas du vécu. Hé, mais j’ai essayé, au moins non ? Il n’y a vraiment pas grand-chose que je puisse faire contre ce genre de types ; ça me fout un peu en rogne, mais c’est comme ça. Tout ce qui pourrait éventuellement l’emmerder, c’est que je devienne comme lui ou que je lui prouve que je ne suis pas un tocard – mais merde, je peux y arriver, à ça ? Je ne suis pas plus con qu’un autre, j’oserais même dire que je suis un peu au-dessus de la moyenne, mais pas sûr que je puisse compter que sur ça pour m’élever de la masse des gens chiants dont je fais pour l’instant encore partie, malheureusement.
Alors je fais ce que je peux pour déstabiliser Reed, mais cet enfoiré ne fait même plus semblant de m’écouter. Mais pour il me prend, ce type ? Il croit qu’il peut simplement me dire de la fermer, de l’écouter parler et puis de regarder ailleurs en attendant qu’il trouve un quelconque autre point d’intérêt ? Bah ouais, faut croire. Putain, quel gamin. Il a l’air d’avoir mon âge, ou juste un an de plus, et pourtant j’ai l’impression d’être dix fois plus mature que lui … mais on lui demande pas d’être mature, à Jimmy Reed, hein ? Il n’a qu’à demander, et il a ce qu’il veut. J’suis même certain qu’il pourrait demander à ses grognards de me refaire le portrait s’il le voulait, quoique ce serait aussi subtil et pertinent que de demander à un aveugle ce qu’il pense d’un Picasso, mais j’ai bien compris que je peux attendre n’importe quoi de lui. En fait, c’est ça son problème, il est putain d’imprévisible.
- Oh… Tu avais fini, qu’il me dit.
Ouais, ne fais pas genre que t’as pas imprimé ce que je viens de te dire, Jimmy Reed. J’ai eu raison sur ce point et tu le sais, même si tu l’admettras jamais. Mais j’attends pas de toi la moindre considération, hein, connard. En réalité, tu ne vaux pas mieux que les blousons-noirs que tu dénigres depuis tout à l’heure ou même que le gros Kazkow, mais t’es bien au-dessus de tout ça, hein ?
A vrai dire, je ne sais pas ce qui me retient encore de te mettre la misère, Jimmy Reed.
Mais tu n’en vaut pas la peine ; et je ne suis pas con. Comme tu l’as si justement dit, tes nouveaux potes en veste de cuir noire viendraient de suite à ta rescousse et ça serait difficile pour moi de m’en défaire – enfin, je pense que je pourrais sans trop de soucis en mettre un ou deux à terre mais ils sont combien, cinq, six ? Sept peut-être ? Bah, peu importe, ça prouve aussi que tu ne peux pas te défendre tout seul, Jimmy. Je me demande à quoi tu ressemblerais avec ta belle petite gueule d’ange en sang et de bons gros aux genoux, et ; nan, il faut que je reste calme. Je dois plus y penser.
- Vous, les prolétaires, êtes tellement occupés à économiser les quelques dollars en votre possession que vous en oubliez d’économiser vos paroles, continue monsieur le bourge.
Qu’est-ce qu’il me chante, là ? Qu’est-ce que ça à voir avec ce dont on cause ?
Oh, c’est que monsieur le riche est vexé qu’un prolo tente de le faire taire ? Hé, calme-toi donc, Reed, penses à quelque chose d’apaisant, tiens, le bruit des pièces de monnaie qui s’entrechoquent et des billets qui se froissent légèrement dans ton portefeuille quand tu les sors, tu aimes ça, hein ? Non, sérieusement … il est peut-être pas si futé que ça, le Reed. Il est comme un petit chien, au final, il aboie beaucoup mais quand il sera tombé sur quelqu’un qui aboie mieux et plus fort que lui je ne donnerai pas cher de l’os qu’il tient tant à protéger, mais bon … le temps nous dira ce qu’il en est.
Et, enfin, la sonnerie du début des cours retentit et tout le monde commence à se disperser.
C’est pas plus mal. Il y a en ce moment tellement d’eau dans le gaz que même un nazi trouverait que ça fait trop de gaz. Mais … ah non, il ne bouge pas, le richou. Il a en pas fini avec moi, on dirait. Ça tombe bien. Je ne suis pas vraiment pressé et je n’en ai pas non plus tout à fait fini avec lui, non plus.
- Que celui qui aura le cran et les moyens de surenchérir le fasse. Si c’est le cas, cela voudra dire qu’il y aura peut-être quelqu’un dans cette école avec qui il sera intéressant de parler, s’écrie-t-il.
Je manque de me marrer ; d’autres ne se gênent pas par contre. D’autres encore se contentent de jeter quelques regards gênés autour d’eux en se demandant qu’est-ce que c’est que tout ce bordel. D’autres enfin, tant mieux pour eux, s’en foutent et se contentent de rentrer dans le lycée. Je ne vais pas tarder à faire de même d’ailleurs, mais je vais d’abord laisser Jimmy Reed dire ce qu’il a à dire.
- Je ne compte sur personne. Je ne fais confiance à personne. Tu cherches un ami, Craig West ? Adopte un chien.
Je me retiens de lui rire à la gueule. Ce genre de réplique, c’est, hum … tellement pathétique, mais en même temps j’ai comme l’impression que ça va comme devenir une de ses phrases fétiches. Et puis tiens, je la ressortirai peut-être à l’occasion, ou pas. Nan, mieux vaut laisser ce genre de phrases faciles aux types comme Jimmy, je ne veux pas passer pour un gros connard sans cœur. Lui, de toute façon, il n’a pas l’air d’avoir grand-chose à sauver, de ce côté-là. C’en est même assez triste. S’il continue comme ça, il restera tristement seul ; il aura pas de vrais amis, personne sur qui compter pour une raison autre que l’argent qu’il lui aura donné. Triste vie que celle qu’il aura, j’en suis sûr.
- Connard …
Je dis ça à forte voix mais il s’est déjà tiré, de toute façon. En fait, je suis même le seul à rester encore là. Bah, pas grave. Malgré tout j’emboîte le pas aux autres en scrutant rapidement ce qu’il se passe devant moi pour évaluer la distance entre Reed et moi. J’en peux déjà plus de le voir alors que ça ne fait que dix minutes qu’on se connaît. Ah. Et on me disait que j’allais me faire de supers potes au lycée, que je les garderais toute ma vie … bon, cet incident avec Reed ne veut rien dire cependant. C’est pas ça qui va m’empêcher de me faire des potes par ailleurs. En fait, ça doit plutôt être perçu comme quelque chose de cool, tenir tête (ou essayer …) à quelqu’un comme Jimmy Reed.
T’as gagné cette fois-ci, Reed, mais tu m’as sous-estimé mon p’tit gars. Tu verras bien …
J’espère juste qu’il ne va pas se retrouver dans la même classe que moi. Ce serait une belle journée de merde …
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Sujet: Re: First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE]
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First Day Of High School (1961) [ft. Jimmy Reed] [TERMINE]