Maria était partie vers l’intérieur de la villa – j’étais désormais « seul ». La première chose que j’avais fait était de me ravitailler – un peu d’alcool allait me faire grand bien ! Je m’étais dirigé vers un serveur pour lui soutirer un bon verre de champagne. Je comptais bientôt passer au whisky.

J’étais – ensuite – parti me pavaner autour des membres de la famille qui étaient nombreux. Il y en avait de tout âge – et de toute forme. Je savais qu’ils avaient tous en commun une certaine hypocrisie mais n’était-ce pas comme ça qu’on prospérait au plus haut niveau ?

Beaucoup d’entre eux venaient près de moi pour me dire à quel point ma villa était magnifique – et que mon père devait être fier de l’homme que je suis devenu. Mon père s’en fiche, si je puis dire… Il en serait fier, il serait venu à tous mes anniversaire – or, je ne l’avais plus vu en chair et en os depuis une éternité – je crois que la dernière fois, c’était en 1964. De temps en temps Erik l’appelait – et me passait le téléphone – mais ça restait anecdotique. Ça ne m’empêchait pas de recevoir avec un très – très – grand sourire les compliments de tous les Moriarty – et affiliés – que je rencontrais sur mon chemin. J’aimais les compliments – quels qu’ils soient.

J’avais continué mon chemin – en enchainant les coupes de champagne – jusqu’à ce que mon pied ne heurte quelque chose au sol.

-Fait chier !, dis-je en constatant que l’objet en question n’était autre qu’une petite voiture – une Porsche 911 cabriolet de 1980 – appartenant à l’infâme Tony.

Quelqu’un avait oublié de ratisser le jardin – apparemment. J’avais ramassé le jouet et l’avait enfui dans ma poche – ce genre de jouet était bien trop cher pour que je le balance simplement dans un buisson…

L’objet indésirable en sécurité, j’étais revenu vers la terrasse. J’avais pris un verre de whisky – c’était l’heure de passer à une boisson plus forte – en complimentant la robe d’une convive que je ne connaissais pas. C’est en chemin que j’avais remarqué que mon cher rival – Evans – était seul. Une irrésistible envie de lui faire la conversation s’était emparée de moi.

-Evans !, dis-je en m’approchant de mon rival. Je ne pensais vraiment pas te voir ici, rajoutais-je sur un ton ironique. Depuis quand la famille Moriarty t’a-t-elle adoptée ?

Je savais qu’Evans avait été adopté – j’avais eu des renseignements là-dessus il y a un certain moment. Il fallait toujours connaitre ses ennemis ! Une petite blague sur l’adoption était – donc – une parfaite entrée en matière pour chauffer les esprits de mon rival dont la qualité principale était son flegme anglais.

@ Billy Lighter

Je n’étais point seul dans cet environnement hostile. Il y avait la présence de mon Eileen ainsi que celle de mon meilleur ami, Amon. Ensemble, nous formions un très bon trio au sein de la villa Ricci.

Tout en marchant d’un pas calme au travers du jardin de Ricci, je venais à me poser la question de comment une femme comme Sonne pouvait s’être entichée d’un homme ignoble comme Moriarty. Ceci était incompréhensible. Moriarty était aussi détestable que ses articles. Je ne savais point si leur rencontre s’était faite grâce à la position de Sonne qui est secrétaire de Ricci ou si c’était l’inverse.

Sonne m’avait parue être une femme raisonnable et censée… Elle avait peut-être vu chez Moriarty un cœur que personne ne voyait.

Je ne trouvais point mon Eileen. J’avais bien vu Sonne accompagné d’Amon mais point ma chère petite amie. J’avais entrevu le marié mais je n’avais point envie de bavarder avec cet être détestable. Je préférais être seul que mal accompagné.

Cependant, mon désir d’être en bonne compagnie n’allait point être rencontré tout de suite. J’avais entendu, derrière moi, la voix de mon rival honni.

Je lui avais fait face. Debout, je le surpassais de nombreux centimètres. Il lançait déjà les hostilités en étant détestable sur un thème qui me touchait, l’adoption. Mes yeux bleus de glace étaient venus se planter dans le regard de mon rival. Il avait utilisé l’attaque comme entrée en matière. Ce n’était point subtil.

-Vous ne pouvez point vous empêcher d’être détestable. Une entrée en matière plus subtile aurait été plus judicieuse mais vous n’êtes pas réputé pour être subtil. Tout, chez vous, se voit. On peut voir tous vos vices au travers de vos meubles et autres objets qui parsèment cette villa puante de luxe.

Je mettais en avant mon sens de l’observation pour faire croire à Ricci qu’un seul coup d’œil m’avait permis de tout savoir sur lui. Bien sûr, tout ce que je pouvais déduire de ses meubles, c’est que Ricci était étonnamment riche pour un manager. Il devait, très certainement, être abreuvé en argent facile par son père.

-Je suis ici non pas par l’intermédiaire des Moriartys, mais bien de mon Eileen qui s’avère être une amie de Sonne. Il semblerait que vous ne communiquez pas beaucoup avec votre secrétaire, sinon vous le sauriez.

Ricci m’avait attaqué, je n’allais point me laisser faire par ses insultes peu subtiles.

@ Billy Lighter

J’avais touché dans le mille – l’adoption était un point faible d’Evans. Il aurait pris ma remarque à la légère si ça n’avait pas été le cas – là, il m’avait carrément dit que j’étais détestable.

Evans – le pauvre petit enfant adopté – ne m’aimait pas. On était rivaux depuis des années – une rivalité loin d’être saine. Je savais qu’il avait envie de me voir tomber de mon piédestal – mais j’étais Daniele Ricci.

Mon intervention - qui avait été prise comme une attaque par Evans – avait provoqué une réplique piquante. Timmy avait dit qu’il pouvait voir tous mes vices à travers mes meubles. Bluff, métaphore ou sous-entendus ? Avec Evans on n’était jamais sûr de rien. Mon esprit – qui n’était décidément pas tranquille depuis l’arrivée de Bastardo dans ma vie – avait vite fait le lien entre la petite voiture que j’avais trouvé au sol et les sous-entendus d’Evans. Non, Ricci ! Aucune chance pour qu’il l’ait vu – ne commence pas à angoisser pour rien !

-Ah oui ? Et de quel vice suis-je coupable, Evans ?, demandais-je en gardant toute ma confiance en moi. Celui d’être riche ?

Si la richesse était un vice, tous les puissants de ce monde étaient coupables – dommage pour les pauvres ce sont eux qui dictent les règles.

Poser cette question était l’occasion de dissiper tous les doutes que j’avais sur ce que savait Evans – il valait mieux les dissiper directement !

Le manager de The Burning Fire était – aujourd’hui – sur mon territoire à cause de Sonne. Eileen – sa petite amie photographe – était amie avec ma secrétaire. Putain, Sonne aurait sincèrement pu me le dire – ça aurait vraiment évité cette mauvaise surprise.

-On reste professionnel, moi et Sonne. On ne parle pas de nos amis, dis-je avant de boire une gorgée de whisky.

J’avais justifié ainsi mon manque d’informations – je détestais être mal informé. La connaissance, c’est le pouvoir !

Evans était en forme pour me renvoyer mes répliques – il avait l’habitude de faire ça assez bien… La chance que j’avais actuellement c’était que son groupe – The Burning Fire – était dans une mauvaise période avec la blessure de Stone. Du coup, je n’allais pas me gêner !

-Comment va votre groupe ?, demandais-je avec un sourire sarcastique non dissimulé. J’attends vraiment avec impatience votre tournée… L’album est sorti il y a un moment, les fans doivent vraiment se demander si Stone vit encore, rajoutais-je avant de boire encore.

C’est le gang de Jim qui avait refait la face du petit merdeux. Jim était doué pour éliminer la concurrence – même s’il n’avait pas ordonné ça pour ça…

@ Billy Lighter

Notre animosité se faisait sentir. Nous n’étions, décidément, pas fait pour s’entendre. Ricci avait toujours de quoi répondre à mes diverses attaques. Sa langue de vipère n’était point en reste. Ainsi quand j’avais sous-entendu connaitre tous ses vices, il voulait savoir lesquelles et si celui d’être riche en faisait partie. La richesse n’était point un vice. C’est ce qu’on en fait qui peut l’être ou non. Certaines personnes riches utilisent cette richesse afin d’aider autrui. Daniele n’en faisait point partie. Il n’était qu’un « fils de » égocentrique et narcissique.

-Ils sont trop nombreux pour que je puisse vous donner une liste exhaustive. La richesse n’est point un vice, Ricci. Les vices s’acquièrent en grandissant. Votre richesse, vous ne la devez pas à vous. Elle vous est tombée dessus quand vous êtes né et vous l’utilisez pour vous et vous seul. Elle est votre tremplin pour vous mettre constamment en avant. Mais ce que je vois, surtout, à travers vos meubles et objets, c’est que vous cachez très certainement plus d’un secret. Tous les hommes puissants ont leurs secrets honteux.

Ceci était une simple théorie. Chacun avait ses secrets et j’étais certain qu’un homme comme Ricci n’échappait point à cette règle.

J’avais révélé à mon rival ce qui faisait que j’étais ici. Sa secrétaire ne semblait point l’avoir mis au courant. J’avais soulevé ce manque cruel de communication. A ceci, Ricci avait encore eu une réponse. Il voulait toujours avoir le dernier mot.

-Je ne vois pas comment vous pourriez être un tant soit peu professionnel avec une femme. Votre dernière secrétaire n’est-elle pas devenue votre petite amie ?

Ceci n’avait rien de professionnel. Bien que nous étions au mariage de Sonne, il m’était difficile d’imaginer Ricci n’avoir jamais eu des pensées impures en voyant Sonne.

J’avais le sentiment d’être efficace dans ma joute verbale avec l’Italien. Ceci m’avait été confirmé quand il avait lâchement utilisé la carte de The Burning Fire pour me l’envoyer à la figure. Ceci n’était point très chevaleresque mais nous n’étions, ni lui, ni moi, des chevaliers. Nous étions des tacticiens.

-Stone va mieux. Nous ne devrions pas tarder à partir en tournée. D’ici fin de l’année, début de l’année prochaine nous seront sur les routes. Certainement avant Roadtramp qui n’a pas encore sorti son album studio bien que le public l’attende aussi. Si vous croyez pouvoir le flouer avec un album live, vous vous trompez. Si vous sortiez de votre villa plus souvent, vous sauriez que tout le monde attend Roadtramp au tournant.

J’étais d’un calme olympien. C’était ainsi qu’il m’était plus simple de gagner contre Ricci.

@ Billy Lighter

Je ne dois ma richesse qu’à mon père – putain, Evans, si tu savais… Ma richesse – celle que je m’étais faite à L.A. – n’était due qu’à moi ! J’avais trimé pour l’avoir ! J’avais joué sur divers tableaux pour me hisser dans la liste des gens les plus riches de cette putain de ville ! Seulement, tout le monde croyait que je ne faisais que faire fructifier ce que mon père me donnait – mon père ne me donne plus un putain de centimes depuis 1966…

Je me devais de sous-entendre toutes ces choses – mais Evans m’avait pris de court avec ses histoires de secrets. Putain, sa poker face ne me donnait aucune indication de s’il bluffait ou non – c’était clairement énervant !

-Des secrets honteux ? Vous me connaissez mal, Evans !, dis-je avec un sourire de façade. Daniele Ricci n’a rien à cacher. Mes vices, tout le monde les connait. Je suis narcissique, impitoyable, égoïste, égocentrique et cupide. Les secrets honteux, c’est bon pour les politiciens, rajoutais-je sans baisser mon ton de voix malgré les quelques politiciens présent – père du marié compris.

Il bluffait – je mentais. Je ne voulais pas jouer au plus malin sur ce sujet. Evans ne faisait pas vraiment partie des gens auxquels j’avais envie de révéler l’existence de Tony.

Evans ne me laissait – littéralement – aucun répit. Il m’avait attaqué sur ma secrétaire en utilisant ma réputation contre moi. Putain, il s’était entrainé pour l’évènement ? Ça ressemblait vraiment à ça… Moi, je n’en avais pas eu l’occasion – parce que je ne m’attendais pas à trouver Evans dans ma propre villa… Il remettait en cause mon professionnalisme – enfin, avec les femmes uniquement… - prenant en exemple l’évolution de ma relation avec Maria.

-Si, c’est exact… Elle est devenue ma petite amie après avoir démissionné de son poste de secrétaire. Je vous laisse faire les calculs vous êtes assez grand. Pour résumer, ce n’était plus une relation professionnelle qui nous liait. De plus, j’ai passé 10 ans à regarder les fesses de toutes les autres femmes que Maria. Maintenant, c’est l’inverse. Je ne regarde plus que les siennes, dis-je avec un petit sourire.

Evans était fort – peut-être trop fort aujourd’hui pour moi et ça me faisait mal de l’avouer. C’est pour ça que j’avais envoyé – peut-être un peu trop vite – le sujet sur The Burning Fire, son point faible.

Je n’aurais pas dû – putain…

Parce qu’il m’avait – du coup – parlé de Roadtramp qui n’avait plus rien fait depuis l’album live. En fait, j’étais autant au point mort que mon « ami » Evans. Ça, il n’avait pas loupé de me le dire…

-L’album de Roadtramp sortira bientôt, dis-je sûr de moi. Les gars ont bossé dessus avec toute leur âme. Ça sera un chef d’œuvre qui fera de l’ombre à ton substitut de The Burning Fire.

Ok, ce n’était pas stratégique, ni même subtile – c’était juste les mots d’un homme qui se rendait compte qu’il venait de perdre une joute verbale bien trop peu préparée… Je n’aurais pas dû aborder Evans – j’aurais dû rejoindre Maria ou Jim.

-McLagan, Stone, Williams… Vous savez, tout comme moi, qu’ils finiront par être connu pour autre chose que pour la musique. C’est déjà le cas de Stone et McLagan ne va pas tarder à subir le même sort si elle continue de marchander des contrats dans votre dos, rajoutais-je avec un grand sourire – abattant par là même ma dernière carte. Qu’est-ce qu’il lui est passé par la tête, hein, Evan ? Elle ne vous trouvait peut-être pas à la hauteur pour ce genre de job. Si c’est ça, je ne peux pas l’en blâmer.

Je ne voulais pas être le seul à être marqué par cette conversation.

@ Billy Lighter

Mon rival n’avait point honte de ses vices. Il en faisait l’apanage devant moi et devant Los Angeles en entier. Il s’assumait en tant qu’être purement narcissique qui ne cachait rien. Ceci me semblait être un aveu du contraire bien que je ne puisse point le prouver. Daniele Ricci devait avoir des démons dans son placard comme tout être dans cet univers. Je ne mordais point à l’hameçon de son mensonge. J’étais prêt à parier que mon meilleur ami, Amon, allait déterrer l’un de ces secrets dans les jours qui suivent. Ceci, je laissais le soin à Ricci de le découvrir par lui-même en buvant son whisky du matin.

Nous pouvions dire que Ricci était un homme d’argent et de pouvoir avec des défauts comme celui d’aimer les femmes pour leur capacités au lit et leur physique au lieu de les prendre comme des êtres humains. Pour ceci, il avait rejeté mes affirmations en explicitant sa relation avec son ancienne secrétaire. Il n’aimait pas qu’on remettre en cause son professionnalisme.

-Nous verrons si votre couple avec la charmante Watson tiendra la route. Je suivrais cela dans les journaux et au travers des ouï-dire.

Il n’était point capable d’être stable. Il ne le sera point plus avec Maria Watson qu’il ne l’a été avec toutes les autres. Une femme ne pouvait changer un homme et un homme ne pouvait pont changer une femme. C’était ainsi.

Nous nous étions battus sur bien des choses déjà mais mon rival s’était décidé à attaquer sur le plan professionnel et sur The Burning Fire. Il n’était point en position pour tenter une telle attaque étant donné que son propre groupe n’était point plus avancé que le mien. Bien qu’il m’avait affirmé un album et une tournée prochaine.

-Vous savez bien, Ricci, que nos groupes ont des styles bien différents et que l’un ne fera point de l’ombre à l’autre. C’est ailleurs que la différence se joue. C’est-à-dire en tournée. The Burning Fire part avec l’avantage qu’ils sont déjà bien plus connus que votre Roadtramp.

Il n’y allait point de main morte avec ses propos. Il était agressif comme un animal blessé. Ceci était la preuve qu’il était dépassé par mes petites attaques. Il n’en avait point fini et était allé jusqu’à parler d’Apolline et du contrat qu’elle avait signé. Il m’envoyait toutes ses munitions les unes après les autres sans savoir si ça toucherais sa cible. Mes yeux bleus de glace brillaient d’une lueur mauvaise. Il avait touché juste en parlant de ceci.

-Ceci n’a rien à voir avec mes compétences. Elle croyait juste pouvoir négocier ceci tout seule. C’est uniquement une erreur de sa part, rien de plus. Un péché d’orgueil. Je crois que vous savez ce que c’est, n’est pas ? Vous savez, tout comme moi, que cette histoire sera bien vite oubliée une fois les tournées lancées, Ricci. Reed pourra surfer sur la vague de ce single pendant un trimestre tout au plus si nous ne regardons pas le côté financier de la chose.

Je n’avais point d’autres arguments contre cette attaque de l’Italien.

@ Billy Lighter

Evans semblait ne pas croire – une seule seconde ! – que j’étais capable de rester en couple avec la même femme… J’avais été un homme à femme pendant de nombreuses années – depuis que j’étais en âge de draguer les filles, en fait… - et maintenant que j’étais tombé sur la bonne, Evans me croyait incapable de tenir.

-Suivez donc ça dans la presse, dis-je avec un sourire en coin. Si vous aimez perdre votre temps, c’est votre problème.

Ma relation avec Maria sera une réussite – j’en étais sûr ! J’avais foiré avec Barbara – ça ne sera pas le cas avec Maria.

Evans m’avait attaqué sur mon couple – j’avais attaqué sur son groupe. Seulement, ça m’était revenu – un peu… - dans la gueule. Roadtramp n’avait rien sorti – encore… - depuis son album live. Ce qu’Evans ne savait pas c’était que l’album était presque prêt – et qu’il fera fureur ! Evans gardait son calme – ça en devait énervant… - et avait dit que son groupe partait avec une jauge de célébrité plus grande que le mien.

-Peut-être bien, Evans, dis-je avec un sourire en coin. Mais il ne faut pas oublier que je suis plus célèbre que vous. Ça, ça compte aussi et bien plus que vous ne l’imaginez.

Si Roadtramp avait atteint la célébrité aussi vite c’était en partie grâce à moi – même si leur talent est indéniable ! Evans ne pouvait pas en dire autant de sa célébrité à lui – seuls les fans de musiques et certains habitants de L.A. connaissaient son nom. Moi, j’étais un des hommes les plus célèbres – et les plus riches ! – de cette ville !

Tant qu’on y était à attaquer, autant y aller franchement ! J’avais – du coup – parlé d’Apolline et de ce contrat qui la liait, le temps d’un single, à BSC et à Jim. J’avais touché juste – je le voyais dans le regard d’Evans. Enfin ! Le manager de The Burning Fire daigne enfin me montrer une autre expression que son air neutre – n’est-ce pas merveilleux ? Il essayait de se défendre – Apolline avait eu un péché d’orgueil d’après lui. Elle avait foiré – c’est tout.

-Bien vite oubliée ? Vous sous-estimez le pouvoir de la presse, Evans !, dis-je en connaissance de cause. Cette histoire sera liée à McLagan et Cortez pendant longtemps ! Je vous en donne ma parole, dis-je en souriant.

Surtout qu’Evans semblait oublier une chose capitale – l’argent c’était ce qui comptait le plus !

-Et n’oubliez pas non plus que l’aspect financier est une des choses les plus importantes. Or, MTI ne gagnera rien de ce single, rajoutais-je pour retourner le couteau dans la plaie.

Ça c’était un fait – et Evans ne pourrait pas argumenter là-dessus. MTI avait perdu tout dans l’histoire – la crédibilité d’Evans et de l’argent.

-Je suis d’ailleurs heureux qu’Apolline paye une partie de mon salaire, dis-je en souriant fièrement.

Car c’était – en quelque sorte – ça qui allait arriver. Apolline allait rapporter à BSC et BSC me rapportait – magnifique, non ?

J’aurais bien continué encore et encore cette conversation avec Evans – alors que je sentais avoir repris le dessus – mais Sonne m’avait interpellé de plus loin. Elle faisait une séance photo. Que serait une photo sans le grand Daniele Ricci ?

-Je dois vous laisser, Evans. Je suis un homme demandé et j’ai décidé de n’accorder que dix minutes de ma personne à chaque invité. Ces dix minutes sont écoulés, dis-je en tapant « amicalement » sur l’épaule d’Evans. On se reverra, j’en suis certain.

@ Billy Lighter

Suivre la relation de Watson avec Ricci n’était point une perte de temps. J’étais plus que certain que celle-ci ne durerait point. De ceci, j’allais me délecté quand ça arrivera. Il semblait si sûr de lui que cela ne rendra la chose que plus savoureuse.

Nous n’en avions point terminé avec notre conversation houleuse. Ricci était prêt à mener les débats jusqu’à nos activités professionnelles. Je n’étais point dans ma meilleure période avec The Burning Fire et cela n’était point tombé dans l’oreille d’un sourd. J’avais tenu à noter la différence de notoriété qu’il y avait entre nos deux groupes. The Burning Fire était une valeur sûre dans le monde alors que Roadtramp n’en était qu’à ses débuts. Mon rival, égocentrique, m’avait rappelé que sa notoriété à lui comptait aussi. Je retrouvais là tout l’ego détestable de Ricci.

-Ce n’est point vous qui composer les chansons, Ricci. Souvenez-vous aussi que sans tous ces groupes vous ne seriez rien.

Il serait, tout au plus, un enfant d’entrepreneur devenu riche par la naissance et célèbre par les frasques de son père.

L’animal blessé qu’était Ricci ne s’avouait point vaincu. Il avait encore un tour dans son sac en la personne d’Apolline. J’avais minimisé l’importance de ce single qui ne serait, après tout, qu’une seule chanson. Les fans oublieront bien vite que seul BSC a empoché le cash. Ceci n’était point l’avis de mon rival. Il croyait que cette histoire allait suivre les deux artistes encore bien longtemps. Je n’en étais pas tout à fait sûr. Il n’y avait que pour l’aspect financier que Ricci avait raison même si cela me coûtait de le penser.

-L’aspect financier est important pour les hommes riches. L’art est, pour moi, la seule chose importante.

Le pouvoir l’était encore plus bien qu’il serait peu judicieux d’en faire part à Ricci.

Lui était heureux qu’Apolline paye une partie de son salaire. J’étais sûr qu’il trouvait quelque chose de hautement symbolique à la chose. Son ego était si facilement satisfait que ceci en devait ridicule.

Il semblerait que Ricci soit appelé ailleurs ce qui avait avorté notre joute verbale. Pour s’excuser de ceci il avait encore usé d’une attaque. Il se plaisait à me rabaisser sans savoir ce qui lui arrivera demain. J’espérais qu’Amon avait un très bon tour dans son sac pour faire payer toutes les paroles de Ricci.

J’avais épousseté mon épaule après la tape de mon rival. Ceci avait bien plus de sens que toute autre parole que j’aurais pu lui dire pour contrer son attaque.

-J’en suis certain aussi.

Nous vivions tous les deux dans le monde de la musique. Il nous sera bien difficile de nous éviter.

J’avais regardé Ricci s’éloigner vers Sonne et j’étais reparti en quête de mon Eileen.

@ Billy Lighter