Avant qu’il ne me quitte pour sa virée entre mecs à Vegas, Hank et moi sommes restés au lit un long moment, à faire l’amour, à se cajoler et rigoler comme des gamins. La complicité que nous avons au lit est incomparable à rien. Elle est tout simplement parfaite et c’est toujours contre notre gré que nous mettons un terme à nos ébats pour vaquer à nos occupations respectives. Enfin, le siennes parce que en ce qui me conserve, je n’ai pas l’agenda le plus garni en ville !

Mais aujourd’hui, c’est différent. Il y a une espèce d’euphorie dans ce que nous faisons. Nous n’avons pas envie de nous quitter mais Hank est fébrile de vivre cette virée à Vegas qu’il se promet depuis si longtemps et, même si je ne l’accompagne pas, j’ai hâte qu’il puisse se lâcher et profiter de cet escapade avec Howard.

Je l’ai donc regardé partir, sans quitter le seuil de notre porche, jusqu’à ce qu’il disparaisse complètement de mon champ de vision et que toute la poussière  sur son passage ne soit complètement retombée.

Ce n’est qu’en refermant la porte derrière moi que je réalise à quel point j’allais trouver le temps long, seule dans cette villa que je vois pour la première fois immense.  Je me traîne d’une pièce à l’autre sans trop savoir comment occuper on temps.  Je passe mes doigts le long du manteau de cheminée sans poussière, merci à Juanita qui vient deux fois semaine faire le ménage. Hank ne retomberait jamais dans une léthargie comme il a vécu tout juste après son divorce d’avec la harpie. Et ce n’est que le temps que je fasse mes marques… que j’apprenne à tenir maison.

Je grimpe sur le comptoir de la cuisine, mes jambes balançant dans le vide. J’attrape un prospectus qu’on m’a remis à ma sortie de cure et sur lequel je ne me suis pas encore vraiment penchée.  Là dedans, il y a différentes options sur la façon de m’y prendre pour retourner aux études.  Seulement, tout me semble être du chinois. Je ne sais pas ce que je veux faire ce qui ne m’aide pas à choisir ma meilleure des options. Sauf que, ce que je comprends, la base rester la même pour tous les cursus : je dois avoir le niveau du lycée en premier. C’est limite démoralisant de penser qu’à 24 ans, je n’ai même pas ce niveau élémentaire.  Je finis donc par  envoyé le feuillet plus loin sur le comptoir.

J’attendrai le retour de Hank et notre mariage consommé pour penser à la suite des choses.

Je saute en bas de mon perchoir et décide d’aller m’écraser dans le fauteuil de Hank. Son siège de prédilection pour regarder la télé et celui dans lequel j’ai le droit de m’assoir que s’il y est déjà. Et j’entreprends alors une rotation infini des chaînes, toutes plus inintéressantes les unes que les autres jusqu’à ce que… je m’endorme.

Le carillon me réveille et je sursaute, regardant à droite puis à gauche, complètement confuse. On frappe alors à la porte et je bondis de mon fauteuil  en me passant les mains sur le visage avant de replacer mes cheveux et d’aller répondre.

Jamais encore je n’ai répondue à la porte. Ça va vous paraître stupide, non ? Mais Hank a toujours été là et, franchement, je ne vois pas qui pourraient venir me voir ici, sachant que Howard est partie avec mon fiancé.

Et si c’était Kate qui vient me narguer ? Ou un ancien client qui m’a retrouvé ?  

« Et si c’était simplement tes beaux-parents, ou Grace ? Allez Bailey ! Un peu de cran ! »

Une grande inspiration plus tard, j’ouvre la porte et je n’ai à peine le temps de réaliser que c’est Apolline qui se tient là avec d’autres copines dont ma belle sœur et je me retrouve coiffée d’une couronne. Je n’ai encore moins le temps de dire quoi que ce soit qu’on me bande les yeux et que je me retrouve à bord d’une voiture.

- Si je comprends bien, il n’y a pas que Hank qui va faire la fête ? , demandais-je en éclatant de rire.

@ Billy Lighter

Je n’en reviens tout simplement pas qu’Apolline se soit donné tout ce mal pour moi. Parce qu’il ne faut pas se le cacher, mon amie n’a pas sauté de joie en apprenant ma relation avec Hank et encore moins quand je lui ai dit que nous comptions nous marier. Mais mon amitié avec la belle Écossaise est à ce point solide qu’elle a su faire abstraction de son ressentiment pour mon futur mari en acceptant d’être ma demoiselle d’honneur et de venir me cueillir comme ça à San Fernando Valley pour ce qui me semble être mon Bachelorette Party, c’est carrément sa bénédiction qu’elle me donne !

J’éclate de rire alors qu’elle me bande les yeux et qu’elle me fait prendre place dans sa voiture. À moins que ce ne soit une limousine. Ou une ambulance et qu’elle compte me ramener chez les dingos ?

La musique est assourdissante tout le long du trajet ou alors est-ce simplement le fait d’avoir les yeux bandés qui m’en donne l’impression ? Aucun risque comme ça que je ne risque d’entendre quoi que ce soit qui me donnerait un indice sur notre destination.

La voiture s’immobilise et on m’aide à descendre avant de marcher un petit moment et que des mains étrangères se mettent à me palper, me sangler. Je l’avoue, j’ai envie d’hurler sur le moment me rappelant avec un petit peu trop de précision les heures horribles vécues, attachées à un lit d’hôpital.

C’est la voix d’Apolline qui m’empêche de paniquer complètement bien que ses paroles ne font aucun sens.

- De quoi est-ce que tu parles ? , dis-je d’une toute petite voix teinté de rire et d’une pointe d’angoisse.

On me fait encore avancer puis ma vision m’est redonnée. D’abords, ce que je vois est un panorama absolument splendide, des cimes d’arbres et une rivière qui me semble être à des kilomètres sous mes pieds…  Sous mes putains de pieds ?!

- Tu… tu… attends… tu sais que j’ai peur debout sur une chaise, non ?

Je déglutis avec difficulté, croyant un instant que c’est mon cœur que je ravale. C’est pas possible, je ne vais quand même pas me jeter dans le vide ? Mon amie est devenir folle ! Cette nuit, un vilain lutin enchanteur à échanger les cerveaux de mes meilleurs amis parce que les idées potentiellement dangereuse  naissent d’habitude dans la tête d’Howard.

- Et… chez toi, est-ce qu’il arrive aussi que la mariée décède pendant la petite fête… soit de trouille ou parce que l’élastique aura cassé au moment ou il devrait me remonter ?

Bordel de merde !! Je suis morte de trouille ! Mais, un saut dans le vide, n’est-ce pas exactement ce qu’est le mariage, en réalité ? Je vais m’engager pour le reste de mes jours avec l’homme dont je suis éperdument amoureuse, sans garantit cependant que l’élastique ne nous cassera pas à la figure. .. Étrangement, à cette réflexion, me viens l’envie furieuse de sauter. Si je ne saute pas là, dans le vide, j’aurai  toujours cette impression de non accomplissement. Mon mariage, je ne le veux pas parfait, mais je le veux authentique.

- Non… ça ira… je crois…

Je refuse de boire. Je ne peux pas boire. Si je bois et que je dérape, je risque de faire de grosses conneries et, à quelques jours de mon mariage, ce serait stupide de me ramasser avec un œil noircit ou un horrible tatouage sur une fesse qui dirait « j’aime mon pays! ».

- Si… si jamais je meurs… tu fais castrer Hank, ok ?

Pas question qu’il s’en trouve une autre ! Ah non !

Et c’est avec cette dernière parole lucide que je me jette dans le vide, non sans hurler comme une disjoncté, jurant comme un charretier, et j’ai probablement perdu connaissance à une ou deux reprises.

Ok, non je n’ai pas perdu connaissance mais ce fut tout comme quand j’ai décidé de fermer les yeux croyant que ce serait moins pire puis quand je les ai ouvert pour constater que je redescendais de nouveau. Ouais, parce que… ça fait de nous un yoyo humain le temps que le tout se stabilise…

Mais même une fois mes deux pieds sur la terre ferme, je doute avoir survécu complètement à l’expérience.

- Dis-moi que les prochaines activités diminuent en risques…

@ Billy Lighter

« Je ne me marierai jamais. Je ne verrai jamais le visage de Hank quand il me verra dans ma robe, coiffée et maquillée comme une princesse. En fait, je ne reverrai jamais le visage de Hank. Mon Dieu ! Est-ce que je lui ai dit «  je t’aime » avant qu’il ne parte ? Ce serait bête que la dernière chose que je lui ai dit de mon vivant soit «  amuse-toi bien a Vegas ! »

Mes pensées vont et viennent dans ma tête alors que je m’apprête à me lancer dans le vide.
Comment-puis-je être sur le point de faire un truc aussi stupide ? Et si l’élastique cassait ? Parce que… ouais… depuis que je ne me drogue plus j’ai pris du poids… Bon selon Hank ce n’est qu’aux bons endroits comme les fesses et les seins mais j’ai quand même pris  3 foutus kilos ! Ce truc doit avoir un poids maximum, non ?

Et si ? Et si ? Avec des si, on ne va pas loin.

Alors je me lance dans le vide, confiante. Comme le jour où j’ai rassemblé mon maigre courage entre mes mains et que j’ai demandé à Hank de m’épouser.  La chute est effrayante. Je ne saurais pas vous raconter ce que j’ai ressentis mais, quand tout a été fini, et que m’a rejoins Apolline, j’avais cette boule de fierté énorme au ventre. Je viens d’accomplir un truc que je n’aurais jamais fait avant.

Les filles sont folles de joies. Je ne remarque que maintenant que c’est ma belle sœur qui film la scène et la seule chose qui me vient à l’esprit c’est « J’ai hâte de montré ça à Hank! ».

Quand est-ce que ça arrive, quand on se met en couple, cette notion de ne penser qu’en nous et plus en je ?

- Je le suis déjà !, dis-je à Apolline qui me dit que dans quelques mois, je ressentirai de la fierté avec ce que j’ai fait aujourd’hui.

Je peux souffler, laisser le stress de côté. Que peut-il m’arriver de pire que de sauter dans le vide ? La réponse vient bien rapidement : Marcher pour rentrer.

- Tu… n’es…pas …sérieuse là ?

Mais ma belle amie n’a jamais été aussi sérieuse, tout comme les autres qui abondent en son sens. J’écoute attentivement les instructions  avant de voir la voiture démarrer, mes amies à bord et moi, seule avec en poche un numéro d’urgence, un appareil photo et déguisée d’une banderole et d’une couronne.

Bon. Marché ne me fait pas peur. Je serais même curieuse de voir le nombre de kilomètre que j’ai marché en faisant le trottoir. Je n’ai pas peur non plus d’accoster les gens. Ça, c’est la base même de mon ancienne vie… J’ai peur surtout de tomber sur un ancien client. Ça, se serait  un peu… gênant et maladroit.

Je me prête quand même au jeu, débutant par une petite marche pour quitter le site de saut à l’élastique puis je longue la route principal en espérant aller en la bonne direction. Ouais parce que moi et le sens de l’orientation ça fait deux.
J’ai de la chance.

Une première camionnette passe après même pas deux minutes de marche et je lève mon pouce en l’air pour lui faire signe.  Le papy doit bien avoir 300 ans mais il est sympa et se prête au jeu en acceptant de prendre la pause.

C’est en ville que ça se complique. Parce que bien sûr, je veux beaucoup de surprise ! Mais si les gens acceptent de me faire grimper à bord, peut accepte de se faire prendre en photo alors je tente une photo rapide  en descendant du véhicule pour prouver que j’étais bel et bien à bord mais pour deux ou trois photos, on fois surtout  mes fesses et une portière entre ouverte. Pour le talent de photographe, on repassera.

Je ne sais pas combien de temps devait durer le trajet, normalement, quand on est pas obligé de faire du stop mais ce doit bien faire deux bonnes heures que je tourne en rond dans la ville en demandant qu’on me transporte d’un point fictif à un autre que dans le but de cumuler des photos.  Et quand la pellicule tire à sa fin, je demande à une dernière âme charitable de me conduire au studio de photo où m’attendent mes amies.

- Vous êtes là les filles ? , demandais-je en entrant dans la bâtisse plongée dans le noir.

@ Billy Lighter

J’avance dans le noir et, même si je ne les vois pas, je sais qu’elles sont là, tout près de moi. Certaines rigolent probablement en plaquant leurs mains sur leurs bouches, une tape du pied et je perçois quelques murmures. Heureusement que je suis dans une bonne période de ma vie sinon je me croirais encore aux prises avec les voix dans ma tête !  

Je stop net d’avancer quand la voix d’Apolline se fait entendre, accompagnée de sa guitare. J’en ai immédiatement les yeux bordés de larmes. Je sais ce qu’elle chante. Enfin, je sais sans le savoir mais les paroles ne mentent pas.

- C’est ma chanson… soufflais-je dans un sanglot de joie.

C’est la chanson que je lui ai demandé pour mon mariage, mon cadeau et en primeur qui plus est.
Je ne bouge plus de toute la prestation, écoutant chacune des paroles, si belles et puissantes. Ça pouvait être difficilement plus Hank et moi que ça ! Quand elle se termine et que les lumières se rallument,  je fonce sur ma belle amie, l’enlacer et lui plaquer un énorme baiser sur la joue avant de lui souffler à l’oreille un  merci qui me semble bien maigre pour un si  magnifique cadeau.

L’heure est à la fête, et non aux larmes, même si ce sont des larmes de joie ! L’émotion passé,  je donne à la cheffe de la soirée, c'est-à-dire Apolline si vous en doutiez encore, ma récolte de polaroïd.

Je suis quand même satisfaite de mes 15 clichés.  Et plus encore en sachant que ma récolte correspond à ce que j’ai droit de vêtements quand ce qu’on me présente et du même nombre de clichés !

- Pour vrai ?!

Et je ne me gênerai pas pour piocher de la lingerie et, tant qu’à y être et avoir droit aux services d’un photographe professionnel, prendre quelques clichés sensuel que j’offrirai à Hank ! Aussi bien que ça lui serve à lui aussi, non ? Surtout s’il rentre bredouille de Vegas.

J’ai donc droit à une courte session avec le photographe et, une fois faites, nous en prenons avec les filles de tous les styles. Nous rigolons à nous costumer, à prendre des poses sexy ou loufoques, ou mes deux, en même temps.  Et y’en a même une toute spécial pour Howard, gracieuseté d’Apolline et moi mais… vous ne saurez pas ! C’est un secret !

Quand le tout prend fin, c’est pour notre nous rendre à notre dernière destination que nous montons à bord des voitures.

La Villa d’Howard, reconstruite et décoré avec un goût plus sûr dont on reconnait l’inspiration Écossaise, à été préparé pour recevoir ma soirée. Simplement par les plats de jujubes qui traînent partout, ça devient une évidence.

Qui me connaît mieux qu’Apolline ?

Je suis déjà comblée par tout ce que j’ai vécu aujourd’hui.

Mais la suite de la soirée… n’est que la cerise sur le gâteau !

Ma tête quand on sonna à la porte et que Grace revînt accompagnée de magnifiques hommes au corps huilés.  

- Oh…bon….sang !!! Mais vous êtes incroyables !!!

Je ne sais pas si Hank sera heureux d’apprendre que j’ai  eu droit à ce genre de spectacle…

@ Billy Lighter

Tout de cet organisation de Bachelorette Party est une réussite depuis la toute première activité jusqu’à maintenant, alors que nous sommes en la demeure d’Apolline et Howard pour terminer la soirée.  L’alcool coule à flot, même très à flot si j’en juge par l’état avancé de Grace ce qui ne rate pas de me faire rigoler.

Je reste sage, vis-à-vis de l’alcool, je bois bien un peu mais j’ai peur que de trop boire vienne débalancé l’équilibre que je tente de maintenir. Ce serait quand même  stupide de repousser le mariage parce que la mariée à perdu pieds pendant sa fête d’enterrement de vie de jeune fille.

Ma plus belle surprise est sans contre dit la chanson qu’a composée mon amie. Elle est si belle et puissante. J’ai hâte que Hank puisse l’entendre. Peut-être qu’ils enterreront la hache de guerre après qu’il ait entendu… pour Howard et moi, ce serait tout de même plus simple et plaisant que de toujours devoir laisser Apolline ou Hank derrière pour éviter qu’ils soient réunis.

Les stripteaseurs viennent compléter ma soirée et, si je doute que mon fiancé approuve, je n’offre pas beaucoup de résistance quand ils viennent se frotter à moi. Je suis tout de même  la fêté, j’ai droit à certains privilèges !

Privilèges que je partage avec Grace et… Helen !? Oui, oui ! L’ex de mon mari  ne se gêne pas pour se rincer l’œil et même  claquer le cul d’un des danseurs qui se dandinaient devant elle.
Ça, ça me fait rigoler. Et longtemps.

Toute bonne chose à une fin, malheureusement.

C’est en plein cœur de la nuit que je rentre chez moi, en taxi, après avoir longtemps serré ma meilleure amie dans mes bras, la remerciant encore et encore pour ce qu’elle venait de m’offrir, une journée qui resterait à jamais en ma mémoire.

J’ai dû mettre deux bonnes heures pour m’endormir. D’abord parce que j’avais trop d’images en têtes et aussi, parce que je n’aime pas dormir sans pouvoir me blottir contre le corps chaud de mon fiancé.

Dans quelques heures, il sera de retour et je lui raconterai tout.

Je m’endors le sourire aux lèvres, après avoir planifié la façon parfaite de l’accueillir…

@ Billy Lighter