-David…

David…

DAVID !

David ?

Daaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaviiiiid !!!!!!!!!!!!!

Je sursautai… Et mes yeux bleus reconnurent la chemise blanche de l’une des aides-soignantes du Brooklyn Mental Health Center alors je me détendis…

-Oh… te revoilà… Il est 15 :00…

Mon regard balaya l’espace et je déglutis parce que le Leponex me faisait saliver.

J’étais parti loin.

J’étais bien.

Je savais pas où j’étais mais j’étais bien.

Et j’arrivais plus à me rappeler maintenant alors je fus un peu grognon.

-Et alors ?

Il est 15 :00…

Y a tous les jours un moment où il est 15 :00…

-Tu peux aller jouer dans le bureau du Dr. Strom. Pendant une heure. Tu ne veux pas ?

Leponex ou pas, je me levai brusquement du siège dans lequel j’étais en train de rêver.

Je veux jouer du piano.

Le Dr. Strom avait un piano dans son bureau.

J’avais pris tous mes médicaments et j’avais pas fait de crise cette semaine alors je pouvais jouer.

Je suivis l’aide-soignante jusqu’au bureau où le Dr. Storm m’accueillit avec un sourire.

Me regarde pas comme ça.

Moi je le regardai pas.

Je regardai vers le piano et allai m’y asseoir.

Où est le piège ?

C’est un piège, David !

Il y a… un truc qui va pas…

-Merci Julia… Vous pouvez nous laisser.

C’est un test…

Juste un autre test…

C’est Julia qui reste avec moi quand je joue du piano. Le Dr. Strom ne reste jamais.

Mon cœur commença à battre plus vite mais avec les médicaments, ça parti en battements irrégulier et je dû prendre une grande inspiration incontrôlée.

Le Dr. Strom tourna sa chaise vers moi et moi je tenais mes bras contre mon torse, hésitant à jouer.

-Comment te sens-tu, David, aujourd’hui ?

Mes yeux regardaient les touches blanches et noires.

Je fis la moue.

-Mieux. C’est un test ?

Storm sourit.

-Si je te dis que non, tu me croiras ?

Je secouai négativement la tête.

-Je suis fatigué des tests. Je veux juste jouer…

Imaginer que je suis en concert.

Avec Kayden, avec Howard, avec Nathan, avec…

-Ça te dirais d’avoir de la visite ?

Je relevai les yeux, complètement surpris vers le Dr. Strom.

-Qui ? Kayden ?

Il vient me rechercher pour rentrer à la maison ?

-Non… est-ce que tu connais quelqu’un du nom de Sydney Grey ? Ça te dit quelque chose ?

Je fronçai les sourcils longtemps…

La brume aide pas…

-Mmmm non… Je crois pas… Je sais plus…

Il y a des choses que j’oublie…

Ouais, comme de remonter ta braguette, David.

Je baissai brusquement mes yeux et remontai la braguette de mon pantalon en rougissant.

-Elle dit qu’elle te connait.

Je le regardai, blasé.

-Je suis le claviériste de The Burning Fire…

Mec… tu ferais bien d’en prendre un peu aussi, du Leponex.

Un peu que les gens me connaissent.

Ouais… mais personne est jamais venu te chercher, David.

Tout le monde s’en fout.

-Elle demande à te voir, tu veux la voir ? Je sais que tu n’as pas de visite. Ce serait l’occasion.

Je rigolai en secouant la tête.

-C’est définitivement un test…

Je tapai deux ou trois notes sur le piano.

-Ok… je veux bien la voir.

Tu sais pas qui c’est ?

Je m’en fous. C’est de la visite.

Personne vient jamais…

Si quelqu’un vient… ça voudra peut-être dire que je suis toujours réel.

-Ok… tu peux jouer. Je reviens avec Mademoiselle Grey.

Je hochai la tête et me mis à jouer…

♫

Après quelques notes seulement, j’avais déjà oublié que Strom était censé revenir…  

@ Billy Lighter

Je patiente depuis un bon moment dans la salle d’attente du Brooklyn Mental Health Center depuis un bon moment.  Tout ici est déprimant. La couleur des murs, ternes et froids. Les sièges sont défraîchit, les magazines qui dates de 1900-tranquille.

Un frisson me parcours l’échine quand, quelque part derrière les portes, j’entends un cri qui tient plus d’une supplication que d’une lamentation.  

Je fouille dans mon sac et en sors mon flacon de comprimé. J’en prends un pour me calmer puis,  le balance dans mon sac au moment où une préposée  vient me chercher. Je la suis, marchant presque sur la pointe des pieds ce qui n’empêche pas mes talons de claquer sur le parquet lisse du long corridor.

Il venait d’où ce cri ?

Toutes les portes sont closent.

Ça donne froid dans le dos.

Je toussote en entrant dans le bureau qu’elle m’indique, un sourire plastique sur les lèvres. Un sourire dénué d’expression, de chaleur humaine. Un sourire qui ne veut rien dire et qui s’affiche par automatisme sur un visage marqué par le temps.

Un homme entre et s’installe derrière le bureau en face de moi.

- Merci d’avoir accepté de me recevoir.

Il aurait pu refuser ma requête.  Il aurait eu les motifs de le faire.

J’ai fait la demande de rencontrer l’un de ses pensionnaires alors que je ne figure aucunement sur la liste des proches.  Le Docteur Strom, heureusement pour moi, à eu une écoute favorable et n’est pas contre ma visite, si le patient en question accepte de me rencontrer.

- Les visiteurs se font très rares.

‘’ Pas étonnant, puisque personne ne sait qu’il est  interné ici,’’

Nous parlons un long moment de ce qui m’amène ici. Pourquoi je tiens à voir ce patient. Je comprends qu’il s’inquiète de ce qu’une visite inattendue puisse provoquer sur l’ex claviériste des Burning Fire.

Je me rappel de notre première rencontre, comme si elle datait de hier. Je me souviens de son regard pénétrant, de ses mains gracieuses. Sa voix enveloppante et son odeur enivrante. Je me souviens avoir été perturbé longtemps après, ne pensant qu’à cet homme mystérieux, secret.

Strom se lève, me laisse. Je croise mes jambes, feuilletant une espèce de dépliant informatif décrivant les différents troubles mentaux. Rien de très rassurant, je me reconnais dans plusieurs des points mentionnés.  Ce doit également être le cas de Monsieur et Madame tout le monde, selon les énoncés, nous devrions tous être enfermés ici !

Je sursaute presque… non en fait je sursaute quand Strom vient me chercher.

Lentement, je me lève, replaçant minutieusement le dépliant exactement comme je l’ai trouvé.

Mes talons, de nouveau, claque sur le carrelage.

J’entre dans une pièce d’où provient une mélodique que je reconnais immédiatement.  Devant le piano, David est installé et ses doigts courent sur les touchent blanches et noirs.  Je m’installe à ses côtés, en sens inverse, et je fixe le mur devant moi le temps que dure la mélodie.

Quand elle prend fin, le silence est effrayant.

Je tourne la tête, je regarde David, lui souris tendrement avant de lui dire doucement :

- Tu joues magnifiquement bien, David !

@ Billy Lighter

Je peux entendre la voix de Kayden.

Howard joue de la batterie à côté de moi.

Je peux entendre le public qui chante avec Kayden.

Je peux voyager dans le temps.

Avant de Hollywood Mental Health Center.

Avant les médicaments.

Avant la crise.

Avant l’explosion.

Je l’ai pas fait exprès.

Je le contrôle pas.

Mes yeux passaient de Howard à Kayden au public, tout en jouant.

Mais quand je tapai la dernière note, il n’y avait plus qu’une seule personne dans la salle.

Une personne assise sur le petit banc du piano, à côté de moi, en sens inverse.

Tu joues magnifiquement bien, David.

Je baissai les yeux.

-Merci.

Elle est supposée s’effacer aussi.

Avec le reste.

Avec Kayden.

Avec Howard.

Ou… C’est… moi qui ai disparu ?

Je ne sais pas.

Je levai la main, la regardant, hésitant, avant de la laisser peut-être un peu lourdement retomber sur l’épaule de la jeune femme, persuadé qu’elle allait s’évaporer avant même que je ne la touche.

Et quand ma main atterrit sur quelqu’un de tangible et d’inconnu, je sursautai fort.

-Oh là… oohh…

Je me levai et me reculai d’un ou deux pas, regardant la porte du bureau, qui était fermée puis la regardant elle.

-Tu es… vous êtes… Je suis désolé.

Je portai la main à mon front, essayant de me reprendre.

-J’ai cru… non rien…

Mouhaha c’était drôle ça, David !

Ssshhhhh ! Shhh !

Qui es-tu ?

-Qui… ?

Je la regardai un peu mieux. Fuyant son regard mais la regardant globalement.

-Tu… tu as oublié de mettre ton uniforme… T-Tu D-d-ois… Attends…

J’ouvris la fermeture éclair de ma veste orange du Hollywood Mental Health Center et l’enlevai, ne gardant que mon t-shirt jaune, pour m’approcher prudemment d’un pas et lui tendre ma veste.

-Tu… peux mettre la mienne… avant de te faire prendre… Ils…

Je reculai d'un pas à nouveau.

Puis je regardai autour de nous.

-Alors… tu es… nouvelle ? Et réelle ? Ou seulement… un des deux ?

Je connais sa voix.

@ Billy Lighter

David est magnifique à regarder jouer.  Ses doigts parcours les touches du clavier avec une telle sensualité que j’en frissonne, bien malgré moi. Le morceau s’achève, les dernières notes s’envolent dans la pièce où tout redevient calme.

Trop calme.

Je me risque de le complimenter, ne sachant pas s’il s’est rendu compte que j’ai pris place à ses côtés. Sa main se soulève puis tombe lourdement sur mon épaule, il prend peur, se lève, porte la main à son front. Je n’ose pas bouger, je ne veux pas l’effrayer d’avantage. Le Doctor Strom m’avait bien précisé que ce genre de réaction était à prévoir.

David descend la fermeture éclair de sa veste et me la tend.  Je la prends d’un geste incertain, comme si j’avais soudainement peur de lui. Mais je n’ai pas peur de lui. Je suis ici, pour lui.

J’enfile sa veste, remonte la fermeture éclair et l’ajuste avant de retirer mes cheveux, coincés sous le tissus dans mon dos.

- Merci.

Le claviériste semble être plus calme, pas moins inquiet.

- Je suis réelle, David. Je suis venue te voir, passer du temps avec toi.

Je lui souris avant de me lever lentement sans m’avancer vers lui. Je veux lui laisser faire les premiers pas, qu’il franchisse la distance quand il se sentira capable de le faire.

- Est-ce que tu te souviens de moi ?  Je t’ai déjà interviewé. Une fois après un concert, une fois à la radio, avec Howard et Kayen.

Mon débit de voix est calme et naturellement posé. Je ne suis pas une personne de nature stressée et mon but n’est pas non plus de le bombarder d’information qui le feront plonger dans des souvenirs qui lui échappent et risqueraient de le perturber.

- J’avais envie de te revoir

Puis, me retournant légèrement, je pointe le piano.

- Tu voudrais encore jouer pour moi ?  Je sais jouer aussi, nous pourrions le faire ensemble, si tu veux.

Le piano me semble une belle façon de le mettre en confiance, d’y aller en douceur. Alors je m’installe au piano et j’effleure les touches. Je ne connais pas beaucoup de pièce actuelle mais je peux suivre des partitions, sauf qu’ici, je ne risque pas d’en trouver.

Alors je frappe les touches, les premières notes de ‘’ La Campanella’’ pièce qu’on m’avait forcé à apprendre pour un récital. J’avais détesté chacune de mes pratiques. Je me rappel mes doigts endoloris, mes heures interminables assise sur un petit tabouret et mon maître de piano, debout derrière moi, frappant mon épaule avec sa règle de bois dès que je faisais une faute.

Malgré toutes ces années, je n’ai pas oublié. Je me souviens des notes parfaitement bien.

Les années n’effacent pas ce que le cerveau à imprimé.

@ Billy Lighter

J’avais tendu ma veste à la nouvelle parce que…

Parce qu’elle pouvait pas se balader ici sans ça…

Bien joué, David !

Il fallait… la différencier des aides-soignants et des médecins.

MOUHAHA tu lui as fait peur, ducon.

Et ce que qui n’était pas réel.

Elle tendit quand même la main pour la prendre et je la lâchai de mon côté.

-Je… Tu ne dois pas… avoir peur.

Moi, je crève de trouille.

Ouais mais faudrait surtout savoir de quoi tu n’as PAS peur…

Elle me remercia et je lui fis un rapide sourire, sans la regarder dans les yeux.

Je n’aime pas regarder les gens dans les yeux.

Je tentai quand même un regard, du coin de l’œil quand elle dit qu’elle était réelle.

Ouais elle a l’air réelle.

Mais les monstres aussi et pourtant…

J’étais quand même rassuré qu’elle porte ma veste maintenant.

-Tu ne te fera pas… engueuler comme ça.

Elle se leva et je pris une bonne inspiration, mon cœur battant un peu plus vite mais je ne reculai pas.

Ooooh… tu l’aimes bien on dirait.

C’est… Je crois…

Je connais sa voix.

-Comme… une visite ? Mais personne ne vient jamais.

Tu es tout seul, David.

Tout le monde s’en fout !

Je regardai en biais vers le sol.

-N-non… Non pas elle.

Je relevai le regard vers elle.

Est-ce que tu te souviens ?

Est-ce que tu te souviens de moi ?

J’essayais de la regarder, par intermittence, mais je n’arrivais pas tellement à la regarder longtemps.

Sinon, nos regards se croisaient.

Je finis par secouer la tête.

-Non… non… je… Je ne me souviens pas.

Je suis nul en jeux de mémoire…

Je perds tout le temps contre le Dr Storm.

Je fais des efforts mais ça fonctionne pas.

Elle voulait me revoir.

Je haussai les sourcils, la regardant dans les yeux un peu plus longtemps sans le faire exprès.

-Je… Je… on était avec Howard… et Kayden.

Rappelle-toi !

Nom de dieu de bordel de merde.

Je clignai des yeux très vite.

-J’arrive pas à me rappeler. Je suis désolé. Avec les médicaments et tout… je…

Beuh… laisse tomber…

Elle désigna le piano et je regardai l’instrument…

Je hochai la tête…

Ouais, je veux bien jouer encore.

-Je peux jouer pendant une heure.

Je la regardai s’asseoir au piano.

Si je veux jouer, il va falloir que j’approche.

Ben… C’est pas vraiment un monstre non plus…

Et elle n’est pas une hallucination.

Je crois pas…

Je pinçai les lèvres, hésitant.

Mais quand elle commença à jouer, je reconnus la musique.

♫

Je la regardai jouer, ses doigts qui couraient sur les touches.

On pouvait le faire à quatre mains.

-Je connais ça.

On a de la mémoire pour ce qu’on veut bien, hein ouais ?

Elle joue bien !

Après quelques minutes, je m’approchai un peu, jusqu’à m’asseoir sur le banc à côté d’elle.

Il est petit ce banc.

On sait pas jouer sans se toucher.

Ouais mais je peux jouer qu’une heure alors j’ai pas le choix.

Je posai mes doigts sur les touches, attendis la fin d’une boucle mélodique et repris avec elle…

Elle va vite…

Mon pied voulut appuyer sur la pédale en même temps qu’elle et on se toucha encore plus.

Mais je la laissai faire.

Et je suivis quand même un bon moment…

Daaaavid…

Hey ! On mange quoi ce soir ?

Jusqu’à m’arrêter…

Distrait et tournant la tête vers un coin de la pièce en fronçant les sourcils…

-Heu… Frites… Je crois que c’est des frites aujourd’hui.

Je…

Je tournai la tête vers la nouvelle…

-Hein ouais ? C’est frites au menu… aujourd’hui ?

Je fermai les yeux, respirai…

RAAAAAAAAAAAAAH je me suis arrêté de jouer !

Je voulais pas m’arrêter…

-Je… je connais ta voix… de quelque part…

@ Billy Lighter

Il y a un voile dans le regard de David. Une couche vaporeuse qui fait barrière entre l’illusion et la réalité.  Il évite de me regarder, ça me donne l’impression d’être assise sur cette barrière, ne sachant de quel côté son esprit va me caser.

Je tente… une approche. Tout en douceur.

Se souvient-il de moi ? Je voudrais que ce soit le cas. Qu’il se souvienne.

- Oui, avec Kayden et Howard… ce n’est pas grave si tu ne te souviens pas.

C’est gravé dans ma tête, comme si c’était hier. Je bégayais, je cherchais mes questions. Le regard de David me faisait fondre. Howard et Kayden jouaient les tombeurs, ce qu’ils sont, ou étaient. David fuyait mon regard mais lorsqu’ils se croisaient…

‘’ C’était que dans ta tête Sydney !’’

Pourtant…

On s’est embrassé, après l’interview… tout est allez très vite. Nous ne l’avions pas prémédité. Nos lèvres se sont seulement trouvées, caressées puis séparées tout aussi rapidement. Il m’a regardé, même si j’avais les yeux clos, le visage toujours levé vers lui, je sentais son regard sur moi. Puis il est parti.

Vraiment partit.

Je l’ai cherché. Je ne comprenais pas !

Comment une histoire peut s’être terminée avant même n’avoir vraiment commencée ?

‘’Elle n’a jamais commencée notre histoire, pas vrai, David ? ’’

Le piano est ce qui pourrait nous lier. La musique, nous réunir.

Je m’installe, effleure les touches puis commence à jouer. Une pièce que je connais, que j’ai apprise, que j’ai détesté autant que j’ai aimé.  David me rejoint, s’installe à mes côtés, je souris quand il me dit qu’il connait le morceau.

La mélodie n’en est que plus belle, à quatre mains. Parfois, nos doigts se touche, j’en frissonne, je m’en mords la lèvre, je lutte pour rester concentrée.  Le regard de David se porte sur moi, mon cœur s’emballe.

- Des… frites ?

Je cesse de jouer, parce qu’il s’est arrêté.  Lentement, je pose ma main sur la sienne.

- Je travail à la radio, David. Tu entends ma voix à la radio.

Ont-ils seulement le droit d’écouter la radio ici ? Et s’ils l’ont, écoutent-ils L.A.Rocks ou un poste terne qui passe en boucle de la musique dite de relaxation ? J’aimerais surtout qu’il me dise qu’il l’entend encore, dans sa tête, ma voix.

Qu’il ne m’a pas oublié.

Mais je n’étais personne pour lui.

Il était tout pour moi.  Mais je ne le savais pas !

Je retire ma main de la sienne, gênée, replace une mèche de cheveux, tête baissée sur le clavier.

- Tu peux encore jouer, si tu en as envie.

@ Billy Lighter

Je me souviens…

Non…

Si… Je sais pas.

Je connais sa voix.

Je fronçai les sourcils, la regardant comme je pouvais…

On s’était arrêté de joué.

Parce qu’on s’est touché les mains.

Non…

Parce que tu as demandé ce qu’on mangeait ce soir !

J’ai perdu le fil…

On mange des frites, si tu veux tout savoir.

Je regardai la jeune femme… Ou le vide entre nous.

-Ouais… des frites… Des bâtons de patate, tu sais… Des frites quoi…

Je clignai des yeux plusieurs fois, portai une main à mon front.

Elle n’a jamais commencée notre histoire, pas vrai, David ?

Puis portai mes doigts à mes lèvres que j’effleurai en ouvrant des yeux ronds.

-N-non… Je ne… N-non… je ne crois pas…

Je ne me souviens pas.

Je connais sa voix.

Sa main se posa sur la mienne et je la retournai, pour qu’elles soient paume contre paume, écartant légèrement mes doigts.

Espérant un contact plus long…

On ne peut pas avoir beaucoup de contact ici.

Je n’ai pas de visite…

Personne pour m’embrasser la joue pour me dire bonjour ou au revoir…

Elle travaillait à la radio.

Mon regard s’illumina. Et je sus la regarder un peu plus longtemps dans les yeux.

Tilt !

Bah il est presque temps…

Je la désignai de l’index, toujours assis à côté d’elle, côte à côte devant le piano.

Elle retira sa main et je passai la mienne dans mes cheveux.

Je peux… sentir sa main dans mes cheveux comme ça.

J’en avais zappé qu’elle m’avait dit que je pouvais jouer encore, si je voulais.

-Tu es Syd ! Syd la fille de midi !

Mon regard se perdit à nouveau et je rougis un peu parce que je me rendais compte que je l’avais regardée longtemps.

Je mordis ma lèvre.

Je crois que je l’ai embrassée…

Une fois…

Un jour.

Heu… non… Non tu y as juste pensé très fort.

Quand ?

Maintenant ?

Après l’interview ?

Je ne me souviens pas.

C’était réel… ?

-Mmmm… Pas si sûr…

Je secouai la tête, et m’adressai à Syd en la regardant du coin de l’œil.

-Alors tu es là… pour… la radio ? Une visite ? Un test ?...

Je regardai ses lèvres et fis la moue…

-Est-ce qu’on a… est-ce qu’on a commencé quelque chose ?

@ Billy Lighter

Nous cessons de jouer. Subitement. Sans crier gare, après que nos doigts se soient effleurés et que David s’exclame qu’il y aura des frites au repas.  Je suis confuse, je regarde mes doigts sur le clavier puis relève la tête en replaçant une mèche de cheveux.

- Je… sais ce qu’est des… frites.

Mes yeux sondent le regard fuyant de David.  Il est là, à côté de moi pourtant, par moment, il semble tellement loin ! Et chaque fois que ses yeux fuient les miens, il y a cette sensation douloureuse qui se remémore à mon cœur.

Un sentiment d’abandon, de désespoir.

Lentement.  Il faut avancer lentement.

Qui je suis. Je suis Sydney, et je parle à la radio.  Il faut lui laisser le temps d’assimiler l’information, l’analyser, la comprendre.  David ouvre grand les yeux,  sur son visage, je vois le voile d’une expression joyeuse passer.

Il sait.

Il se souvient de m’avoir entendu.

- Oui, c’est moi, David !

J’avais retiré ma main de la sienne et il passa sa main dans ses cheveux. Un geste qu’il fait souvent. Ou faisait. Je me retiens de faire pareil, pourtant je meurs d’envie de caresser ses cheveux.

J’inspire lentement, profondément, en fermant les yeux.  Dans ma tête le souvenir est aussi clair qu’à l’instant même je l’ai vécu.

L’interview était terminée. Kayden et Howard avaient déjà quittés mon studio, la bâtisse probablement même, pressés de se retrouver ailleurs. N’importe où. À faire n’importe quoi, avec n’importe qui ?

Je ne sais pas pourquoi David est resté. S’il m’attendait, s’il était…  seul ? Il s’est penché vers moi, j’ai caressé sa joue. Son regard s’est ancré au miens, il a sondé mon âme, je l’ai très bien ressentit.
Puis il m’a embrassé.  

Ou était-ce moi ?

Le baiser le plus intense. Et court.

Il m’a hanté toutes les nuits depuis.

- Hein ? … Oh !

Je suis gênée, je souris en haussant des épaules.

- Je suis ici parce que j’en ai envie. Ce n’est pas un test, ni une interview. Je suis ici parce que… tu es ici.

Son visage prend une étrange expression.  De la contrariété ?  Non c’est autre chose. De la déception ?  De la peur, peut-être ?  Possible, oui, un peu.

Maintenant, c’est moi qui affiche une frêle déception qui tient plus du chagrin et de la résignation que de la déception à proprement parlé.

- Non, David. Nous n’avons pas eu le temps.

‘’ Parce qu’après David, tu as disparu… et personne ne savait où tu étais !’’
Ça fait mal de penser ça.  

J’ignore pourquoi.

Probablement que j’ai tout imaginé cette histoire. Howard et Kayden n’étaient plus là. Et si j’étais un challenge ? Un stupide pari entre mecs.

Un jeu.

Un si beau baiser ne pouvait pas être un jeu.

- Tu t’en souviens ?

C’est une impulsion à laquelle je réponds en m’étirant vers lui et en l’embrassant tendrement.

@ Billy Lighter

Sydney…

SydG…

Je ne sais pas pourquoi je suis resté.

Je l’attendais ?

J’étais seul ?

Qu’est-ce qui se passe ?!

Mon regard était complètement ailleurs.

Loin…

En arrière ?

Je me suis penché vers elle…

Non… non c’est un faux souvenir…

Je ne sais pas…

Elle m’a caressé la joue.

Je frissonnai… Dans le présent, face à elle, je frissonnai.

Je pinçai mes lèvres.

Est-ce qu’on a… commencé quelque chose ?

Oui.

Non.

Dans un rêve, je crois.

Il n’y avait pas eu de monstres, ce jour-là…

Je me souviens…

Elle a les yeux bleus.

Facile, tu les vois maintenant.

Mon regard s’est ancré au sien.

Et… et d’un coup j’ai…

N’iiiiiiiiiiimpoooooooooooooooorte quoi !

C’est distribution générale d’hallucination aujourd’hui !

J’ai vu en elle… Qui elle était, quelles étaient ses peurs, ses rêves, ses aspirations, ses inspirations, son plat préféré…

Son… ? Tu racontes de la merde, David.

Puis je l’ai embrassée…

Happy Hour ! Deux hallucination pour le prix d’une.

Ce n’était pas réel.

C’est ce que tu voulais faire.

Tu l’as… juste pensé très très fort, David.

Je me suis imaginé le faire ?

Mais si ce n’était pas réel… pourquoi elle était là ?

Pourquoi elle était venue à Hollywood ?

J’ouvris un rien la bouche en entendant sa réponse.

Je suis ici parce que… tu es ici…

Je fronçai les sourcils…

-Je… Nous… Tu es moi ? Je… suis toi ?

Je balançai la tête d’un côté puis de l’autre…

-Je veux dire… tu veux dire… Non… tu as dit que tu étais réelle alors tu…

Est-ce qu’on a commencé quelque chose ?

On a pas eu le temps.

-Pourquoi ?

Parce que j’ai disparu de la réalité.

Parce que personne ne savait où j’étais.

Je frottai mon œil.

Tu t’en souviens ?

Je m’en souviens.

Mais je ne sais pas ce qui est réel…

Et ce qui ne l’est pas.

-Les médicaments m’empêchent de penser…

Mon regard croisa celui de SydG… Mais vraiment pas longtemps.

C’est quoi cette lueur dans tes yeux, Syd ?...

Pas assez longtemps pour que je réalise ce qu’elle allait faire.

Ses lèvres rencontrèrent les miennes et j’ouvris grand les yeux en prenant une grande inspiration par le nez sous le cou de la surprise.

ON SE CALME LA-DEDANS OU JE FAIS EVACUER LA SALLE !

Syd.

Hey ! Bonjour à tous et à toutes, vous êtes à l’antenne de L.A.Rock, LA radio de Los Angeles et c’est  ‘’SydG’’ qui est avec vous…

David… Daaaaavid !

La voix de Kayden…

Clac clac…

Qu’est-ce qu’il fait ?

Howard attend !

David… On doit y aller, mon vieux…

Où est-ce que tu es ?

Je suis avec SydG… J’embrasse SydG…

Laissez-moi tranquille.

Je fermai les yeux et appuyai le baiser.

Le vrai.

Celui qui était dans le réel.

Maintenant.

Mes maisn étaient posées sur mes cuisses et n’en bougeaient pas…

Mon cœur battait trop vite…

Un peu trop vite…

Et je dus arrêter le baiser pour reprendre une grande inspiration parce que…

Le Leponex provoque de la tachycardie.

Essoufflé, ma main sur mon cœur, mais sans que ce soit trop grave, je risquai un regard vers les yeux de Syd.

Ils doivent être bleus.

Faites que ce ne soit pas une autre couleur.

Paaaas de chance, David !

Elle avait les yeux rouges.

Je fermai fort les yeux.

-N-Non !

Hallucination Hallucination Hallucination Hallucination

Les larmes bordèrent mes yeux et la peur pris le pas sur toutes les bonnes sensations.

Je reculai sans ouvrir les yeux et tombai du banc du piano jusqu’à terre.

Je continuai de reculer en me trainant sur mes fesses vers l’arrière.

-Non non non non non…

J’espère que je lui ai pas refilé !

J’espère que je ne l’ai pas contaminée !

Le mur m’empêcha de reculer plus et je me recroquevillai sur moi-même.

-C’est pas censé arriver ! Je peux pas ! Je peux pas voir ça ! J’ai pris mes médicaments !

@ Billy Lighter

Tant de questions qui demeureront toujours sans réponses.

C’est d’autant plus cruel que j’ai imaginé toutes les combinaisons de réponses possible depuis ce fameux baiser, allant même jusqu’à croire pendant un temps que je l’avais complètement imaginé. Jusqu’à retracé David ici, dans un institut psychiatrique.

- Je…suis moi… et tu… es toi, David

Nous sommes deux êtres distincts.

Deux personnes à part entière.

Mais peut-être qu’a force de penser à lui, j’ai fini par souder nos esprits.

Je suis venu ici pourquoi en fait, outre mon besoin égoïste de le revoir. Je cherchais quoi? Des réponses qu’il n’a pas. Parce qu’il n’y avait rien. Rien n’a commencé.

‘’ Parce qu’on a pas eu le temps, SydG ! ‘’

Et comment pour le rattraper, ce temps volé, je me penche sur lui et je l’embrasse.  Un choc, peut-être que ça lui reviendra. Peut-être que j’aurai mes réponses ?

Il appuie le baiser, je le sens. Il en a autant envie que moi !

‘’ Parce que personne ne vient l’embrasser, tous les jours !’’

C’est le feu d’artifice dans ma tête ! Les grands éclats de passion dans mon ventre, l’effervescence de la passion dans mon âme.  Elle avait commencé, notre histoire ! C’est juste que… nous ne le savions pas ! Elle s’est vécue sans nous ! Il faut que l’écrire maintenant.

‘’ Facile SydG’’

David se recule, tombe en bas du banc, s’éloigne, me fuit. Ça fait mal en dedans. Vraiment mal, je le vois s’éloigner, me fuir, c’est comme si on me tirait hors de la scène alors même que je n’ai pas eu le temps de donner ma réplique.

Il nie. Il répète. Non. Non. Non !!!

Je n’ai aucun pouvoir sur ce qui se passe. Je ne peux que me lever lentement, reculer, jusqu’à me retrouver contre le mur opposé.

- Je n’aurais pas dû ! David… C’est moi David ! Regarde moi je t’en pris !

Il a prit ses médicaments. Ses médicaments ? Ils le droguent, manipule son esprit, ses souvenirs.
Le Doctor Strom entre dans la pièce, flanqué d’infirmières. Je suis toujours contre le mur sans avoir la force de bouger pour les empêcher.

C’est moi la vilaine ?

Je viens de le perturber.

- Je vais revenir, David ! Tu veux que je revienne ?

On me pousse vers la porte.  Mais j’étire le cou, je veux l’entendre. Qu’il me le dise, lui qu’il veut me revoir….

Ou pas.

@ Billy Lighter

Les choses allaient tellement bien !

Et il a fallu que vous fassiez tout foirer !

MOUHAHAHAH !!!!

On t’a aidé, David !

On t’aide à chaque fois !

Non non non non…

Si.

Parce qu’il ne faut pas que tu te fasses d’illusions…

LA FERME !

… Tu ne pourras jamais tomber amoureux…

Parce que tu es malade.

Tu ne peux pas.

C’est moi, David ! Regarde-moi, je t’en prie !

Ne la regarde pas !

Dis-lui de s’en aller.

Tu es dangereux, David !

Tu vas lui faire du mal.

Tu veux lui faire du mal ?

-Non !

Recroquevillé sur moi-même contre le mur, le visage caché dans mes genoux, mes mains plaquées sur mes tempes, je secouais la tête.

Les larmes coulaient sur mes joues et je gémissais.

Dis-lui de partir !

-Tire-toi !

Je veux pas lui faire de mal !

Mais Timmy a dit que tu étais dangereux, David.

Que tu allais finir par tuer quelqu’un.

Tu veux tuer Syd ?

-Non… Non… F-foutez-moi la paix ! P-putain !

Il y avait eu du mouvement, la voix du Dr. Storm, celles des infirmières…

Et à travers tout ça…

Je vais revenir, David ! Tu veux que je revienne ?

Au travers du ballet des infirmiers et la Dr. Storm qui essayait d’attirer mon attention à lui, j’avais regardé Syd…

Syd et ses grands yeux bleus.

Et j’avais hoché la tête, juste avant qu’on ne m’enfonce une aiguille dans le bras.

Ouais. Je veux essayer encore…

Et ça FOIRERA encore, David !

Jusqu’à ce que tu lui fasses suffisamment peur.

Mes yeux tombèrent sur l’aiguille que j’avais dans le bras au moment où Syd disparut.

-Ce… C’est pas… Nécess…

Je sentis mon corps se ramollir d’un coup.

Puis plus rien.

@ Billy Lighter