Lenny avait du pain sur la planche. Lui qui était actuellement en pause carrière depuis que Billy Lighter l’avait viré sans ménagement, savait qu’il devait reprendre en main The Lightening après que le chanteur et le guitariste se soient mis d’accord pour recommencer l’aventure avec Lenny. Le manager n’avait que très peu hésiter. La tentative de suicide de Lighter était le signale qu’il ne pouvait pas abandonner Cash et Billy ainsi que les autres membres du groupe. Il avait passé, avec eux, ses années les plus stressantes mais, aussi, les plus excitantes de sa vie.

Lenny avait, d’abord, parlé de tout ça à sa femme avant d’aller voir Don Hughes. En effet, Lenny avait fait une pause carrière non seulement parce qu’il était dégoûté par ce métier qui lui avait autant tout donné que tout pris mais aussi pour se rapprocher de sa famille qui avait fortement pâti de son métier éreintant. Sa femme l’encouragea à reprendre le groupe. Elle aimait son mari plus que tout au monde et elle savait, qu’au fond, son métier lui manquait. Alors, elle l’avait encouragé mais il avait recommandé de prendre ses précautions pour ne pas retomber dans les mêmes travers qu’avant. Elle ne voulait pas qu’il prenne tout pour lui. Qu’il soit le seul à mener la barque instable qu’était The Lightening. Lenny lui promit que les choses ne se passeront pas comme la première fois.

Et pour ça, il prit rendez-vous avec Don Hughes. Ce dernier était très heureux de revoir Lenny Knowles qu’il appréciait énormément. Quand Lenny lui expliqua la situation concernant The Lightening, Hughes n’en cru pas ses oreilles. Il n’y croyait plus… Et pourtant, il avait l’occasion de revoir l’un de ses groupes phares revenir au bercail. Il accepta sans même réfléchir. Mais Lenny déclara au patron de MTI qu’il ne voulait plus gérer le groupe seul. Il voulait un autre manager pour l’aider dans sa tâche. Il ne voulait plus avoir à supporter le stress et prendre toutes les critiques pour lui seul. Il lui fallait quelqu’un avec des épaules solides pour soutenir ce groupe talentueux mais extrêmement imprévisible qu’était The Lightening. Don Hughes avait longuement réfléchi alors que Lenny était toujours dans son bureau. Lenny connaissait bon nombre des managers qu’il y avait chez MTI. Il savait que Timmy Evans, le favori de Hughes, était bien trop occupé avec The Burning Fire et BleedingHeart pour pouvoir seconder Lenny. Don Hughes s’arrêta de réfléchir en regardant par la baie vitrée de son bureau et se retourna vers le manager.

-Je pense avoir, dans mes nouvelles recrues, quelqu’un qui pourrait t’aider à manager The Lightening.

Lenny était curieux de savoir qui. Il était toute ouï.

-De qui s’agit-il ?

Lenny voyait que Don Hughes semblait sûr de lui, ce qui était rare chez le patron de MTI. Lenny l’appréciait mais il savait que Hughes hésitait souvent sur la bonne marche à suivre.

-Elle s’appelle Samantha Mancini. C’est une femme qui a, à mon avis, de très grandes capacités pour manager un groupe. Elle n’est pas trop jeune et a un très fort caractère. Je pense qu’elle a les épaules assez larges pour t’aider avec The Lightening. De plus, elle pourra gagner de l’expérience auprès de toi en même temps.

Lenny était étonné mais aussi très sceptique. Pas parce que Samantha était une nouvelle recrue sans vraiment d’expérience mais parce que c’était une femme. Lenny était loin d’être misogyne, au contraire. Le problème était ailleurs.

-Une femme ?

Don fut surpris de la question de Lenny.

-Oui… Ça pose problème ?

Lenny avait secoué la tête. Prendre une femme pour le seconder était à double tranchant. Soit ça fonctionnait et ça permettra au groupe de reprendre confiance envers les femmes… Soit ça se passait mal et les choses deviendront pires.  

-Et bien… Disons que Lighter et Izbel on eut quelques mauvaises expériences, dernièrement, avec des femmes managers… Leur confiance envers la gente féminine est au plus bas. Ils vont se méfier.

Don réfléchit. Lenny ne savait pas quoi penser de ce choix. Il hésitait tout autant que Don mais finit par prendre une décision avec le patron de MTI.

-Mais on peut tenter le coup. Ça peut être bénéfique. Mais il faut que je rencontre personnellement Samantha Mancini avant de lui faire rencontrer le groupe.

Hughes accepta.

Le rendez-vous avec Mancini eut lieu le lendemain. Lenny, de son pas toujours pressé, s’était rendu à son propre bureau après être passé voir Billy à l’hôpital. Il n’avait plus vraiment besoin de soin mais il y restera jusqu’à ce que quelqu’un puisse l’héberger chez lui. Sa tentative de suicide n’était pas qu’un simple appel à l’aide d’après les observations du psychologue de l’hôpital qui s’occupait de Lighter. Lighter avait bien voulu en finir pour de bon. Alors il devait rester sur surveillance mais Lenny ne pouvait pas l’héberger chez lui. Il tenait à préserver sa vie de famille. Il ne pouvait pas non plus laisser Lighter sous la surveillance de Cash ou même d’un autre membre de The Lightening. Quant à la demi-sœur de Lighter, elle semblait avoir quitté L.A. Il ne restait que l’hôpital en attendant le retour de Liam Taylor que Timmy Evans avait emmené en tournée pour aider à la protection de The Burning Fire.

Lenny avait eu le temps de se rendre dans son bureau quelques minutes avant le début du rendez-vous et donc l’arrivée de Mancini. Il avait rangé un peu tous les papiers qui trainaient sur son bureau. Il avait remarqué que tout était encore en place depuis qu’il avait quitté son poste il y a plusieurs mois. Comme si Don Hughes l’avait attendu tout ce temps.

La porte de son bureau était ouverte. Et son rangement fut terminé quand une femme ravissante s’était présentée dans l’encadrement de la porte. Elle devait être Samantha Mancini. Lenny lui offrit un grand sourire.

-Mademoiselle Mancini, je suis ravi de vous rencontrer.

Il lui tendit la main pour serrer celle de la manager.

-Don Hughes vous a un peu expliqué les raisons de notre rencontre ?

Si Hughes lui avait expliqué et qu’elle était là, c’est qu’elle était prête à relever le grand défi qu’elle et Lenny auront à relever.

@ Billy Lighter

Assise dans mon fauteuil que j’ai fait pivoter faisant face à l’immense vitrine de mon bureau, je regarde sans le voir, le panorama qui m’est offert. Je suis attentive à tout autre chose.  C’est la tour d’en face que je fixe d’un grand intérêt bien que ce que j’y convoite ne s’y trouve pas… pour le moment.

Mes jambes croisées et allongées devant moi, je pousse légèrement du bout de mes orteils faisant légèrement pivoter mon fauteuil de droite à gauche, comme si j’accompagnais le fils de mes pensées qui, en ce moment, bercent le souvenir d’un soir de janvier 1962.

J’entends encore les voix des invités qui me parviennent depuis le salon et il me semble que la brise soulève mes cheveux, soufflant avec elle un air salin.

J’étais jeune.

J’étais surtout naïve.

Quand je ferme les yeux, je fais un bond dans le temps.  Un soir de Noël en 77, alors que Mario, notre fils et moi avions conviés tout le clan Conti en notre demeure. Angelo faisait sauter  Todd sur ses genoux et je peux très bien revoir mon fils, tapé des mains encourageant son grand-père à aller plus vite. Luigi était entré dans la pièce l’instant suivant avec des cadeaux pleins les bras. Il était saoul, il sentait fort le cigare mais c’était Noël et nous étions tous festifs.

Ce genre de réunion familiale était le cœur même de notre clan.

Angelo tenait les cordons serrés et veillait à ce que tout le monde soit présent.

Jusqu’en 78 où tout a basculé.

Je serre mes bras autour de ma poitrine en fermant les yeux et laissant une larme couler le long de ma joue. Pas une seule nuit je ne m’endors pas sans ressentir encore cette horrible douleur, celle qu’aucune femme, aucune mère ne devrait ressentir.

Je suis sorti de mes songes quand on vînt toquer à la porte de mon bureau.

De mon pied, je pousse sur le sol afin de me faire pivoter et me retrouver face à mon bureau et, avant d’autorisé mon  visiteur à entrer, je pince un peu mes joue pour me redonner un peu de couleur  et m’assure de n’avoir plus aucunes larmes bordant mes yeux en me regardant dans le petit miroir de mon poudrier.  Une grande inspiration plus tard, je lâche en un souffle un ‘’ Vous pouvez entrer !’’ sur un ton un peu froid.

- Vous êtes attendu au bureau de Monsieur Knowles, Mademoiselle Mancini…

- Je sais ! Je sais lire l’heure.

Je déteste me faire ramener à l’ordre.

En me levant, je ferme brusquement le dossier ouvert sur mon bureau et le place dans ma filière que je tiens toujours fermée à clé. Je range ensuite mes ciseaux et le dernier L.A.People dans lequel j’ai découpé un article.

D’un pas assurée, je me dirige jusqu’au bureau dans lequel m’attends Lenny Knowles. Je sais la rencontre être arrangé par Monsieur Hughes lui-même.  Cependant, je n’ai aucune idée du pourquoi. Cela dit, ce n’est qu’une question de minutes avant que le voile se lève sur ce mystère.

Je reconnais Knowles pour l’avoir croisé ici même mais qu’à de très rare occasion. Faut dire qu’il s’est montré discret ces dernier temps. Je m’attendais à voir Don Hughes également alors que je serre la main que l’on me tend.

- Le plaisir est partagé, soyez en assuré.

Cependant, je tique légèrement  aux propos de Knowles sur la raison de ma présence.

- Monsieur Hughes m’a parlé d’une collaboration mais sans ajouter autres détails. Mon intérêt à bien évidement été piqué à vif, on le serait à moins.

@ Billy Lighter

Lenny pouvait voir une certaine assurance dans la démarche de Samantha Mancini. Pendant sa pause carrière, il n’était venu que très rarement ici pour venir rechercher quelques affaires oubliées ou saluer quelques amis dont Don Hughes, lui-même, dont il était très proche. C’est pour ça qu’il n’avait encore jamais rencontré personnellement Samantha Mancini.

C’était chose faite maintenant qu’ils se serraient la main. Lenny avait hâte de connaitre un peu mieux cette femme que Hughes considérait comme « la femme parfaite pour se job ». C’est ce qu’il lui avait dit dans les grandes lignes. Hughes se trompait rarement sur la qualité de ses managers. Il était un bon recruteur même si ses capacités de leader n’étaient pas son point fort et ça, même Lenny en était conscient.

Hughes n’était pas entré dans les détails avec Samantha. Il revenait à Lenny de tout lui expliquer. Ça ne le dérangeait pas. Il sourit à Mancini.

-Monsieur Hughes sait comment ménager le suspense.

Il invita Samantha à s’assoir sur le siège en face de lui et séparé par le bureau du manager. Il s’installa à son tour et regrettais un peu de n’avoir rien à offrir à la ravissante demoiselle.

-Je suis désolé. Je ne saurais pas vous offrir à boire, je n’ai pas eu le temps de réaménager mon bureau entièrement encore.

Il ne restait même pas une bouteille d’eau. Il réglera se problème plus tard.

-Donc, oui, il s’agit bien d’une collaboration entre vous et moi. Notre défi sera de manager The Lightening.

Si Hughes avait ménagé le suspense, Lenny, lui, préférait aller droit au but.

-Le groupe veut revenir chez MTI et veulent me reprendre comme manager. Seulement, je ne veux pas refaire les mêmes erreurs que par le passé. Manager The Lightening ne peut, pour le moment, pas être fait par une seule personne. Le groupe est trop instable pour ça. C’est pour ça que j’ai demandé à Don de me trouver un manager pour m’aider à faire ce travail. J’ai demandé quelqu’un qui avait les épaules suffisamment large pour pouvoir faire du bon travail avec The Lightening. Il m’a sorti votre nom.

Lenny ne quittait par le regard de Samantha. Il avait les bras croisé sur son bureau.

-Avant d’aller plus loin dans mes explications, je voulais savoir si vous vous sentez capable de m’aider à relever ce défi.

Lenny ne voulait pas se tromper et ne voulait pas forcer Mancini à prendre cette place. Elle était la plus à même de juger de ses capacités à pouvoir manager un tel groupe.

@ Billy Lighter

Je pris donc place sur le siège prévu pour les invités, en face du bureau de mon collègue une fois la politesse de base échangée en une poignée de main. Je n’ai eu que très peu de détail sur le mémo envoyé par le patron même, m’enjoignant de prendre par à une rencontre pour discuter collaboration avec Monsieur Knowles.

Voilà tout ce qu’on m’a fournis comme détails.

Ce fut suffisant pour piquer ma curiosité mais, n’aimais pas perdre mon temps, je me suis présentée un peu à reculons.  Monsieur Knowles n’étant plus très actif ici, je ne voyais pas vraiment de quel  genre de collaboration il pouvait bien s’agir.

Mon imminent collègue s’excuse de n’avoir rien à m’offrir à boire.

- Ce n’est rien.  Je préfère aller au vif du sujet si  vous n’y voyez pas d’objection.

Inutile de tourner autour du pot plus longtemps.

Lenny dévoila donc les détails du projet établis avec Monsieur Hughes et qui me concernais. Une surprise certes mais qui ne méritait pas un si grand mystère.  Quoi qu’il en soit, je suis tout de même un peu surprise d’entendre que nous préparons le retour de The Lightening chez MTI.

- Les enfants prodigues sont de retour, c’est bien.

Je croisais jambes et bras en regardant droit dans les yeux Lenny.  Je ne lui ferai pas l’affront de lui retourner sa question, ce serait trop facile et irrespectueux.  N’en demeure pas moins que je me demande si Lenny lui-même à les reins assez solides pour prendre un second tour avec le groupe.

- Avec The Lightening, on ne parle pas de management mais de materner de jeunes adultes qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font.  Nous ne serons pas trop de deux pour ce travail à temps pleins.

N’ayant pas encore de poulains sous mon aile, on m’a surtout confié des dossiers d’images à redorer, de publicité à contrôler, le genre de choses que The Lightening aura de besoin au bout du compte. Les fans sont déçus de promesses non tenues, d’attente infinie, une redondance castrante  au bout du compte.

- J’imagine que c’est le groupe lui-même qui est venu frapper à la grande porte ? Et, parce qu’ils sont dans l’impasse, c’est le moment de placer des barrières et les encadrer.

C’est ma vision des choses.

Loin de moi l’intention de les étouffer mais je n’en ai rien à faire des enfantillages, des sautes d’humeurs et des caprices d’enfants gâtés qui ont fait couler beaucoup trop d’encre.  Il est temps de passer aux choses sérieuses autrement, je ne vois pas ce que je viens faire dans la barque de Knowles.

Au regard de tout cela, je n’ai qu’une seule question.

- On signe quand ?

@ Billy Lighter

Lenny avait très vite remarqué le très fort caractère de Samantha Mancini. Don Hughes avait raison. Il était un très bon juge en ce qui concernait ses employés. Seulement, Hughes n’avait fréquenté The Lightening que de loin. Lenny, lui, avait vécu des tournées entières avec eux. Il connaissait parfaitement chacun des membres avec leurs défauts et leurs qualités. Il savait comment gérer The Lightening mais comparait, lui-même, son travail à celui d’un démineur. Ainsi même le meilleur démineur pouvait, un jour, se retrouver devant la mine qui mettra fin à ses jours à cause d’une imprudence de sa part, d’une petite erreur ou bien d’un malheur de circonstances. Tout ça pour dire que manager The Lightening n’était pas une science exacte. C’était pouvoir faire face à chaque minute à un imprévu et à une saute d’humeur.

Ainsi quand il entendit Mancini s’exprimer, il entendit tout ce qu’il redoutait. C’était une femme qui voulait s’imposer. Il n’y avait aucune mal à ça. C’était même une qualité dans ce métier de manager où les femmes n’étaient pas toujours les bienvenues. Elle savait que le travail, auprès de The Lightening, était de materner des adultes. En effet bien que chacun des membres étaient différents. Cash n’avait pas besoin d’être materné. Il avait sa propre mère. C’est à Billy qu’il fallait un entourage. A Cash, il faut juste des tournées, de la musique et Billy… C’est là toute la complexité de la chose. Il fallait agir au cas par cas avec The Lightening.

Mancini était ferme et semblait prête… Mais Lenny redoutait que cette fermeté soit mal vue par un groupe déjà déçu à deux reprises par des femmes castratrices…

Lenny analysait le discours de Samantha qui émettait l’hypothèse que c’était le groupe qui était venu sonner à la porte de Lenny et que c’était l’occasion de placer des barrières et de les encadrer. Elle ferait un redoutable manager pour The Burning Fire, Lenny n’en doutait pas. Mais c’était The Lightening qu’elle aura à manager.

Et quand elle demanda quand elle pourrait signer Lenny fis un signe de main pour dire qu’il avait encore des choses à rajouter. Il prit un air plus grave.

-Non, ce n’est pas, en tant que tel, eux qui sont venus frapper à ma porte alors qu’ils étaient dans l’impasse. Depuis quelques mois, je n’étais plus en contacte que de temps en temps avec Cash Izbel. Mais dernièrement il m’a appelé en urgence car Billy Lighter était entrain de faire une overdose d’anti-dépresseurs chez lui, à Malibu.

Lenny croisa les bras sur son bureau et fixa Samantha Mancini dans les yeux. Son stress revenait un peu rien qu’à repenser à cette histoire.

-J’ai appelé l’ambulance et, bien heureusement, les médecins sont arrivé à temps pour sauver Lighter. Tout ça pour vous dire, Mademoiselle Mancini, que Billy Lighter a voulu se suicider et que ce n’est qu’à ce moment-là que le groupe et, surtout Izbel, m’a demandé de redevenir leur manager.

Je voulais qu’elle comprenne que le groupe n’était pas un groupe de petites divas comme pouvaient le rapporter les médias mais un groupe remplis d’adultes très fragiles psychologiquement.

-Mais là où ça se complexifie pour vous, Mademoiselle Mancini, c’est que, ce qui a conduit Lighter au suicide en dehors de sa maladie mentale et de sa solitude qu’il traine depuis des années, c’est deux échecs consécutifs auprès de deux femmes managers aussi fermes et ambitieuses que vous. Cash et Billy se méfient des femmes comme de la peste désormais.

Lenny marqua une pause pour laisser le temps à Mancini de bien prendre conscience de tout ça.

-Les materner et les encadrer est une chose… Mais il faudra agir au cas par cas… Billy aura besoin d’être entouré des bonnes personnes. Il faudra l’arracher à sa solitude. Quant à Izbel, faire de la musique suffit à le rendre heureux mais il n’a pas besoin d’être encadré. Pas à proprement parler. Il faudra lui laisser de la liberté tant artistique que physique. Billy Lighter est celui qui régule Cash Izbel. Si Lighter va bien alors Izbel suivra ainsi que le reste du groupe.

Lenny ne lâchai pas Mancini du regard. Il passa les détails sur les sautes d’humeur de Lighter qui, de toute façon, était connues de tous. Lighter était bipolaire d’où les sautes d’humeur… Mais ça personne ne pouvait rien faire contre même pas Lighter lui-même. Il faudra donc faire avec.

-Votre mission à vous sera encore plus complexe que la mienne. Vous devrez gérer The Lightening avec moi… Mais aussi faire en sorte que Lighter et Izbel reprennent confiance envers les femmes fortes comme vous l’êtes. Un manager est avant tout une aide envers le groupe. Une aide à ce que leur carrière puisse aller bon train. Nous ne sommes par leur supérieur et nous ne sommes pas là pour nous forger une célébrité sur leur dos.

La référence à Ricci était évidente. Lenny n’appréciais pas vraiment son homologue italien qui avait cherché pendant leur tournée commune à le ridiculiser chaque fois qu’il ne pouvait. Lenny sourit à Samantha.

-Maintenant, si vous êtes prête à ça… Nous pouvons signer. Et je suis ouvert à toutes vos idées et je suis, aussi, là pour répondre à toutes vos questions.

Lenny voyait qu’elle avait un grand potentiel et même si elle semblait carrée, il avait confiance envers ses capacités d’adaptation à un groupe comme The Lightening.

@ Billy Lighter

J’entends et je comprends tout ce que Knowles m’explique, n’en demeure pas moins que pour moi, cette histoire est montée sur un tas d’enfantillage. The Lightening est instable.

Je le sais.

Lenny Knowles le sait.

Et je crois que même les Pygmées dans le fin fond de l’Ouganda le savent !

Quoi qu’il en soit, j’adopte une attitude réceptive devant le long, beaucoup trop long, plaidoyer de mon collègue vis-à-vis de ses protégés.  Il aura beau dire qu’il ne les materne pas, il n’en est pas pour autant indifférent. Ne nous répètes donc pas qu’il est préférable d’éviter de trop s’impliquer émotionnellement envers nos protégé puisqu’on ne sait jamais quand ils jugeront bon de nous échanger pour le dernier modèle plus féroce ?

Mais, qui suis-je pour le juger ?

Je n’ai aucun protéger à… protéger !

Ainsi donc ce n’est pas Lighter qui est venu frapper à la grand porte mais Izbel lui-même. Enfin, a peu de choses près ça ressemble à cela. L’histoire de la tentative de suicide ne m’émeut que très peu pour ne pas dire pas du tout.

J’ai perdu mon fils et mon mari dans ce qui s’avère être une conspiration de vengeance inter mafia et je devrais verser une larme devant le portrait que me brosse Lenny de son artiste en proie a une crise du désespoir et qui n’a su attirer l’attention qu’en mettant en scène une tentative de suicide ?

Très bien alors ! Je n’ai besoin de peu de chose pour border mes yeux de larmes et d’inspirer profondément pour me ressaisir avant de prendre la parole à mon tour.

- Je…suis désolée de l’apprendre ! J’entends et je comprends tout ce que vous me dites… cette histoire est d’une tristesse…

Je lui offre mon regard empreint de ma plus belle compassion.

Je ne serais pas ici aujourd’hui si je ne savais pas jouer la bonne émotion au bon moment. Me penchant vers l’avant pour placer mes mains en prières sur le bureau de mon collègue, je le regarde droit dans les yeux, toujours avec la même tendresse dans le regard.

- Et bien… tout d’abord je crois qu’il serait mieux de les rencontrer afin que vous, et j’insiste sur le vous,   leur annonciez la collaboration entre nous. Si vous les rencontrez seul, ils ont croire que je me cache ce qui n’aidera en rien leur confiance envers les femmes à se redresser.

L’image est magnifique.

Je me demande si Lenny a vu la même chose que moi…

- Il faudra les laisser aller à leur rythme. Ils voudront probablement passer que par vous comme premier intermédiaire et petit à petit, vous me laisserez plus d’amplitude ce qui facilitera mon approche et les amadouera subtilement.

Et comme je ne suis pas dupe, j’ai bel et bien relevé la référence envers Daniele Ricci.

- Je ne cherche pas la gloire ni même d’être placé sous les projecteurs pour m’abreuver de la gloire de ceux sur qui l’attention se doit d’être tournée.

Ce que je cherche, ce dont j’ai le plus besoin c’est l’ombre.

Elle me sied bien, comme le noir en temps de deuil.

- Pour le moment, je n’ai pas de question autre que : avez-vous déjà réfléchis au meilleur moment pour les rencontrer ?

@ Billy Lighter

Lenny voulait que ce partenariat se passe au mieux. Il avait très envie que The Lightening retrouve des couleurs et, pour ça, il fallait que sa collaboratrice soit au courant du fonctionnement des membres de The Lightening. Ce qui était dit dans la presse n’était pas la vérité entière. Il y avait des subtilités dans le fonctionnement du groupe qui ne devait pas être considéré comme une bande d’enfants gâtés ingérables parce qu’il ne s’agissait pas de ça.

Lenny mis alors les choses au clair pour que Mancini puisse avoir toutes les armes pour pouvoir faire son travail au mieux. Il ne voulait pas piéger la manager. Au contraire, il voulait l’aider pour que les choses puissent fonctionner pour tout le monde. Il fallait à Lenny une collaboratrice solide mentalement, ce que semblait être Mancini, mais qui pouvait, aussi, s’adapter à ce qu’était The Lightening.

Lenny ne lui cacha rien notamment sur la tentative de suicide de Lighter qui devrait, très bientôt, faire la Une des médias. Lenny ne s’était pas fatigué à museler les informations. Il n’y avait aucun intérêt à ça. Mancini sembla touchée par la nouvelle. Lenny trouva dans son non-verbal et dans son verbal une énorme compassion pour le chanteur. Lenny hocha de la tête lui-même profondément touché par le geste de Lighter dont il se sentait en partie responsable.

Lenny en avait terminé avec son discours. Celui-ci ne visait pas à recadrer Mancini mais à lui donner des pistes et une sorte de marche à suivre. Lenny avait aussi bien défini son rôle qui sera très complexe. Mais il était aussi ouvert aux idées de Mancini car c’était un partenariat entre eux et que les échanges d’idées étaient vitales. Mancini avait pensée à une rencontre où Lenny serait présent mais aussi la manager. C’était un premier pas vers une mise en confiance du groupe, ça allait sans dire. Mancini voulait y aller petit à petit. Lenny l’écoutait très attentivement les bras croisés sur la table. Il était d’accord avec ça. Aller en douceur était une bonne idée.

-Ça me semble être un bon point de départ. Un rencontre entre nous et le groupe. Une première vraie réunion qui mettra les bases de cette collaboration entre nous et le groupe.

Lenny voyait ça d’un très bon œil. La communication avait toujours été le défaut de The Lightening et discuter en groupe permettra de gommer ce défaut.

Le manager fut rassurer que Mancini ne veuille pas se mettre en avant et utiliser The Lightening pour se forger une gloire personnelle. Certains jeunes managers veulent la gloire. Ils veulent une carrière à la Daniele Ricci. L’Italien est un modèle pour de nombreux jeunes managers mais, pour Lenny, ce n’était pas un bon modèle. Le manager est au service du groupe. Ce n’était pas l’inverse. Le manager est là pour aider un groupe et pas pour la gloire. Mancini n’était pas une petite jeunette mais son nom de famille et son accent avait sans doute fait faire un raccourci douteux à Lenny Knowles qui s’en voulait intérieurement de prêter des intentions à cette femme qui semblait vouloir bien faire.

-Je suis rassuré alors. Nous sommes sur la même longueur d’onde.

Il s’en réjouit et souris. Mancini n’avait qu’une seule question et c’était une question pratique.

-Le plus tôt sera le mieux. Il ne faut pas les laisser sans occupation trop longtemps. Je dirais qu’après-demain à 14h ça devrait être le bon moment. Je préviendrais le groupe du rendez-vous. Je pense que mon bureau fera l’affaire pour ça. Ils seront en terrain connu comme ça.

Lenny s’assurera que Lighter ne cause aucun retard. Il lui faudra utiliser ses anciennes techniques pour ça ou essayer d’être lui-même le chauffeur de Lighter pour ce jour-là. Le chanteur était à l’hôpital ce qui était un avantage pour le moment.

-Si vous êtes d’accord, on peut acter ce rendez-vous et nous revoir ce jour-là. On vous présentera et on écoutera le groupe pour définir leur projet et élaborer un plan d’action. Après ça, attendez-vous à devoir faire des interviews. Vous êtes nouvelles et vous allez manager un des groupes phare de MTI… Les médias vont vouloir creuser… Mais je suis certain que vous vous en sortirez.

Lenny avait confiance en Mancini. Elle semblait savoir ce qu’elle voulait. Il lui tendit alors la main.

-Alors, êtes-vous prête ?

Lenny espérait que tout ça allait pouvoir fonctionner.

@ Billy Lighter

M’occuper de The Lightening en collaboration avec Lenny Knowles ne sera pas une mince affaire mais représente tout de moins un défi des plus intéressants. Il me permettra de jauger de mes propres forces et  de voir jusque où je suis prête à aller pour atteindre mes objectifs. Il me faudra m’armer de patience pour endurer les enfantillages des membres du groupe.

Je n’aime pas les gens faibles.

Ceux qui ont besoins d’attirer l’attention sur eux en usant de grandes parades.  Le geste de Lighter n’est rien de plus qu’une lamentable démonstration de faiblesse à mes yeux et, si j’étais sa mère, je lui donnerais une bonne claque derrière la tête pour lui remettre les idées en place !
Mais, Dieu merci, je ne suis pas sa mère mais sa future manager.

Je devrai prendre dans mes réserves de patience pour les amadouer, tous autant qu’ils sont mais je n’ai aucunement peur non plus que j’ai de doutes en mes moyens. J’ai traversé bien pire dans la vie et toujours je me suis relevée, beaucoup plus forte chaque fois et avec une détermination inébranlable.

Lenny Knowles est semble satisfait de ce que je lui propose comme première étape.  Une rencontre pour commencer, et voir comment le groupe réagira à avoir de nouveau une femme dans leur entourage est le seul point de départ possible. Je ne me vois pas non plus arriver avec mes idées, mes projets et un échéancier établi et le leur faire gober tout ça, sourire aux lèvres.

- Ravis que ça vous plaise.  Je ne doutais pas une seule seconde que nous puissions être sur la même longueur d’onde, Monsieur Knowles. Travailler avec vous est un privilège !

Flatter dans le bon sens un homme. Un conseil que m’a un jour donné ma mère et qui m’a servit de nombreuses fois pour parvenir a mes fins.

- Après demain, c’est parfait ! Je serai présente et prête à faire face à leur music.

Pour la suite,  j’écoute attentivement ce que mon collègue a à me dire. Je n’ai encore jamais donné d’interview et mon but n’était pas forcément de me mettre en avant plan. En fait, plus loin des projecteurs je peux être, mieux cela me servira.

- Je saurai m’en sortir. Mais je resterai à la surface. Ils peuvent creuser, je n’ai rien a cacher.

Puisqu’il n’y a effectivement rien qui puisse être trouvé. Tout a été minutieusement maquillé et / ou effacé de sorte qu’avant d’arrivé ici à Los Angeles, mon passé est pour ainsi dire, inexistant.

- Je n’ai jamais été aussi prête, Lenny !

Je me lève et lui tend la main pour conclure notre nouvelle collaboration.

@ Billy Lighter