J’étais impatient ! Je faisais les cents pas dans la salle d’interview en attendant David McAvoy, le claviériste de The Burning Fire. L’album High du groupe faisait un carton et les affaires de leur maison de disques, MTI. Les musiciens du groupe ne ratait, alors, jamais une occasion de faire une interview. Et si certains journalistes étaient impatients d’interviewer le chanteur, Kayden James, moi j’étais impatient d’interviewer le discret David McAvoy.

Cet engouement, ne vient pas seulement du fait que j’avais déjà interviewer, depuis le début de ma carrière ici, tous les membres du groupe sauf McAvoy. Il venait aussi du fait que j’avais un petit faible pour lui. Pourtant, je ne l’avais jamais vu réellement de près. Juste de loin lors des concerts ou en photographie dans les journaux. Mais il dégageait quelque chose qui me plaisait. J’avais un réel faible pour lui et j’avais, du coup, fait des pieds et des mains pour obtenir cette interview.

Et je l’avais obtenue parce que ma réputation commençait à sérieusement se faire connaitre. Je me démarquais, depuis deux ans, de mes collègues en faisant des articles à la limite du people et acerbes sur les choses qui ne me plaisaient pas ou que j’avais envie de descendre. Mais aujourd’hui, je crois que j’allais faire une fleur à David même si je me plais, habituellement, à descendre certains membres du groupe comme Howard Stone ou Nathan Williams que j’appréciais moins.

Du coup, j’avais mis les petits plats dans les grands. Je ne pouvais pas changer la décoration de la salle mais j’avais fait amener de la bière, de l’eau, du café et de quoi grignoter un peu. Je n’étais pas aussi prévoyant avec mes autres invités. D’habitude, je prévoyais des verres d’eau et c’est tout. McAvoy était assez mignon pour que je lui donne autant d’attention.

Je continuai de faire les cents pas regardant ma montre de temps en temps. McAvoy n’était pas encore en retard. C’était moi qui était excité et impatient. Je me répétais mes questions en tête essayant de les adoucir au maximum. Je voulais qu’il ait un bon souvenir de cette interview et… Qui sait ? Oui qui sait… Parce qu’après tout, les médias ne parlaient que très peu de McAvoy… Du coup, personne ne savait rien sur sa vie relationnelle et sentimentale…

Non, ne te fais pas d’idées, Axel…

Je secouai la tête. C’était rare ces moments où mes sentiments prenaient le dessus. Ça ne m’arrivait pratiquement jamais… Il fallait que j’évite que ça se sente…

Je finis par m’asseoir dans mon siège mon calepin sur les genoux. Je remis mes cheveux en arrières espérant que j’étais plutôt bien coiffé. Je tenais à ce qu’il me voit sous mon meilleur jour et c’est pour ça que j’avais mis mon plus beau costard. Mes collègues avaient d’ailleurs fait une drôle de tête en me voyant arriver.

Je me remplis un verre d’eau cherchant à faire partir ma nervosité que je n’avais pas, d’habitude, pour ce genre d’interview.

@ Billy Lighter

-Ne m’approche pas !

Je reculai.

N’y va pas, David !

Mon index pointé vers Kayden.

-Mais… David… Qu’est-ce qui te prend ?...

Ils veulent que tu y ailles tout seul !

Je secouai la tête, reculai encore…

Trébuchai dans le câble de sa guitare qui traînait dans le salon.

Moriarty va dire plein de trucs méchants sur toi.

M’étalai à terre.

Et continuai à reculer.

Il va dire que tu es débile.

-Je… je veux pas y aller.

Kayden arrêta d’avancer.

Il va dire que tu es fou.

Me regarda en levant les sourcils, perplexe.

-Ok… Tu stresses…

J’arrivai à me relever et à reculer.

-N-non… Je… C’est juste… je peux pas… Je… Heu…

Kayden soupira…

-Calme-toi, achève tes phrases… C’est juste une interview, qu’est-ce qui ne va pas ?

Une interview TOUT SEUL, David !

Je regardai Kayden.

Puis fermai les yeux.

Respire…

PANIQUE !

Je serrai les dents.

Soufflai encore…

Respire.

-Je… j’ai juste peur… Le trac. J’ai le trac.

Les voix…

Me laisseront pas parler.

Je rouvris les yeux et Kayden était tout près.

Je voulus reculer.

Mais le mur m’en empêcha.

-Faut absolument qu’on fasse quelque chose pour tes foutues angoisses…

Je secouai la tête.

-Je suis désolé.

Kayden fronça les sourcils.

-Désolé pour quoi ?

Je regardai autour de moi…

Les meubles tremblaient…

Kayden prit mon visage à deux mains pour me forcer à le regarder.

-Hey ! Regarde-moi. Désolé pour quoi ?

Un jour…

Un jour ça va exploser.

-Pour… les cauchemars… De t’avoir réveillé…

Il avait tourné ma tête vers lui.

Mais mes yeux regardaient toujours les meubles trembler.

-C’est pas grave ça, David… C’est… Qu’est-ce que ça a à voir avec l’interview ?

Kayden suivit mon regard.

-Et nom de dieu qu’est-ce que tu regardes ?

Mon regard revient sur lui.

Je me sentis rougir.

-Rien… rien du tout.

TU NE LES VOIS PAS ?!

TU NE VOIS PAS TES FOUTUS MEUBLES PRÊTS A EXPLOSER ?!!!

Tu es stupide, David !

Voilà ce qu’il pense.

Vraiment débile.

Une putain de cause perdue.

Kayden fit la moue…

-Calme-toi. Bordel mais comment est-ce que tu fais pour être aussi tendu ?

Je soufflai.

Fermai les yeux…

J’entendis les meubles s’arrêter de trembler.

Ok…

-Ecoute… je vais te filer un Xanax.

Je clignai des yeux.

-Deux…

Kayden soupira.

-Ok. Deux Xanax… Et je vais t’y conduire…

Je regardai Kayden.

-Où ça ?

Kayden fut comme… pris de court.

-Heu… ben à… Peu importe. Je vais te chercher ton Xanax.

Je le laissai partir vers la cuisine…

Et me laissai glisser le long du mur…

Je dormis dans la voiture de Kayden…

Et je savais pas trop où on allait.

Puis je me retrouvai d’un coup sur un fauteuil.

Face à un type qui me parlait.

Petit…

Brun…

Avec un carnet.

Et j’avais un verre d’eau en main.

Et j’étais tout seul.

-Heu… Hein ? Quoi ?

Je regardai autour de moi…

-Heu… je… Je n’ai pas besoin d’un psy… Je… je vais super bien.

Je lâchai le verre et me levai.

-Où est Kayden ?

Tu t’es encore fait baiser, David.  

@ Billy Lighter

Mon excitation et ma nervosité montait à mesure que l’heure du rendez-vous arrivait. Quand elle fut dépassée, je ne cessais de regarder ma montre. David McAvoy ne devrait plus tarder maintenant…

Les minutes passèrent… Il avait désormais dix minutes de retard mais c’était plutôt courant chez les rockstars. Ce n’étaient rien comparer aux retards d’Howard Stone, par exemple. Stone m’a même déjà fait faux bond un jour. C’était peut-être pour ça que je m’amusais sans cesse à le descendre, désormais.

Bref, j’entendis, enfin, qu’on toquait à la porte. Je me remis debout et un large sourire s’afficha sur mon visage. C’était lui !

-Entrez !

Une hôtesse avait ouvert la porte et me présenta David McAvoy. Elle tirait une drôle de tête mais je n’y prêtais pas attention. Elle ne m’intéressait pas. C’était David qui m’intéressait. Il avait l’air ailleurs mais je vins lui tendre la main chaleureusement.

-Bonjour Monsieur McAvoy.

Mon petit sourire illuminait ma figure. C’est d’une main très molle que David me serra la main. Je l’invitai à s’assoir mais il ne s’installa pas. Je levai un sourcil.

-Vous serez bien mieux assis….

Je disais ça et il approuva subitement de la tête et s’installa dans le fauteuil. Il était vraiment ailleurs… Une prise de drogue ? C’était une rockstar donc ça se pouvait. Et je n’allais pas lui en vouloir pour ça. Je prenais, moi-même, ce genre de petit remontant en début de journée.

-Il y a de l’eau et bien d’autres choses si vous voulez.

Il me remercia et pris un verre d’eau. Je souris. Stone, lui, aurait foncé sur l’alcool. McAvoy préférait l’eau. Ok, je retiens. Je le regardais de haut en bas prenant bien le temps de l’observer. Il fallait que j’arrête ça avant qu’il ne le remarque. Je me raclai la gorge et souris plantant mon regard dans celui de David.

-Si vous êtes prêt, nous pouvons commencer l’interview.

Un éclat vif sembla, d’un coup, naitre dans les yeux de David. Il sembla, par la suite, complètement perdu. J’allais répéter ce que je viens de dire levant un sourcil mais il déclara qu’il allait bien et qu’il ne lui fallait pas un psy…

D’accord… Là, je ne suis pas vraiment sûr qu’il va bien.

-Heu… Si vous le dites… Je vous crois. Je n’ai pas parlé de psy…

David posa son verre et se leva. Je le suivis du regard… Il me semblait vraiment ailleurs. Mais plus seulement dans son regard mais dans tout ce qu’il disait. J’optais vraiment pour la drogue sur le coup. Il devait avoir pris une dose avant l’interview.

Il demanda où était Kayden.

-Je ne sais pas… C’est vous qui avez une interview et pas Kayden. Il doit être chez lui.

Je ne savais pas où était Kayden. Et je ne savais pas vraiment comment réagir face à David.

-Heu… Vous pouvez rester debout si vous préférez…

Moi je n’avais pas bougé. J’étais assis dans mon fauteuil à essayer de savoir comment tout ça allait se dérouler. Ma nervosité était passée et faisait place à de la perplexité.

-Si vous allez bien, j’imagine qu’on peut commencer…

Je me raclai la gorge.

-L’album High rencontre, pour le moment, un franc succès. On retrouve, comme dans le premier album, un son très rock alternatif. Cependant, on note aussi une évolution avec quelques chansons plus punk. Est-ce que cette évolution était volontaire afin de toucher un plus large public ou bien est-ce totalement non-réfléchi ?

Je regardais David, espérant que ses… Absences n’allait pas compromettre cette interview que j’avais tant attendue.

@ Billy Lighter

Il n’avait pas parlé de psy ?

Il a pas besoin de parler de psy…

C’EST un psy…

Oh j’aime pas ça !

Je m’étais levé…

Je tournais presque sur moi-même en cherchant la sortie.

Mais je… ne voyais pas la porte.

Il doit avoir pris une dose avant l’interview…

-Non…

Je me tournai vers le psy.

-Non… que deux Xanax.

Où je suis là maintenant ?

Où est Kayden ?

Ce n’est pas Kayden qui a une interview.

Stupide idiot…

C’est TOI !

Tout seul.

Deal with it.

-Oh… heu… ouais… l’interview…

T’avais oublié.

Hein David ?

Comme t’as oublié de mettre un slip aujourd’hui.

Je rougis et pinçai mes lèvres.

J’espère que ça se voit pas.

Je me rapprochai doucement du fauteuil.

Incertain.

Vous pouvez rester debout si vous préférez…

-Ok… Ouais. Je vais bien.

Suffit de répondre aux questions.

Je gardai une main serrée sur le dossier du fauteuil.

Mon regard fuyait celui de…

C’est quoi encore son nom ?

Slip.

-Tss mais non.

Je relevai un peu les yeux vers…

Slip…

Quand il se racla la gorge…

Et il envoya sa première question.

-Heu…

Je cherchai Howard du regard…

Pour de l’aide.

Mais Howard n’était pas là.

Tooooout seul, David !

Je plaquai ma main sur mon front.

J’étais en sueur.

-Heu… Non… Non-réfléchi… je…

Je m’assis à nouveau…

Pris le verre d’eau et bu tout parce que j’avais la gorge sèche.

-On… joue juste… les chansons viennent de…

Je fis un mouvement de moulinet au niveau de ma tempe d’une main…

-Quelque part par là…

Je haussai les épaules.

-Et quand… Quand elles doivent sortir, elles sortent.

@ Billy Lighter

David semblait désorienté. C’était sûrement dû à la drogue. Ce n’était pas la première fois qu’un musicien venait dans ce local complètement à côté de ses pompes. C’était dommage… J’aurais voulu voir David en pleine possession de ses fonctions. Je fis une moue alors que le claviériste déclara, après deux « non », qu’il n’avait pris que deux Xanax… Je doutais qu’il n’ait pris que ça.

-Ok, je vois…

Je pris le temps de répondre à ses questions sur Kayden. Mais l’état de désorientation de David me faisait penser que l’interview allait être laborieuse et bien moins intéressante que je ne l’aurais prévu. Je soupirai de déception. L’imagine que j’avais du mystérieux David était un peu plus belle que celle que j’avais devant moi.

Il comprit qu’il était à une interview. Je ne l’obligeai pas à s’asseoir même si j’aurais préféré pour pouvoir avoir un contact visuel. Mais ce n’était pas facile de capter son regard… Tant pis… Je me contenterais de regarder sa figure et son corps sans apprécier la profondeur de son regard…

Il disait que c’était « ok » et déclara, encore, qu’il allait bien.

-Tant mieux.

Il rester derrière le siège ses mains sur le dossier. Il dit encore « non » et je plissai les yeux. J’envoyai alors la première question e advienne que pourra… J’espérais qu’elle n’était pas trop longue et trop compliquée.

David sembla se perdre. Il transpirait et planqua sa main sur son front avant de me donner un semblant de réponse. L’évolution du style était, donc, non-réfléchi. Ce n’était pas étonnant venant de The Burning Fire. Ce n’était pas un groupe qui avait l’habitude de calculer. Je souris encourageant David à en dire plus. Il s’installa ce qui agrandit mon sourire et bu de l’eau. Il fallait espérer que ça allait lui donner un petit coup de fouet. Il ajouta qu’ils jouaient juste les chansons qui viennent avant de faire un geste pour me dire que ça venait de leur tête. Ok… Et quand les chansons devaient sortir, elles sortent. Ok…

Mes lèvres se pincèrent.

-Donc, vous n’avez pas programmé cette évolution de style.

Je venais de résumer ce qu’il venait de dire… Bon, c’était maigre comme réponse mais difficile d’en tirer plus. Je trouverais un moyen de rendre ça un peu plus lisible à l’écrit.

-On remarque des thèmes variés et similaires au premier album. Est-ce que, comme sur A Brave New World les paroles sont écrites par des membres différents de The Burning Fire ou bien est-ce que Kayden et Nathan sont devenu les uniques paroliers ?

Je savais que Stone avait écrit trois chansons du premier album… Mais Kayden et Nathan en avait, eux écrit quatre. Je voulais savoir, avec cette information, si on se dirigeait vers une tyrannie de James et Williams ou non.

Mais vu l’état de David… J’étais sûr qu’il ne me serait pas simple d’avoir des informations précises.

@ Billy Lighter

Je vais bien…

David !

Tout va bien…

J’étais assis sur le fauteuil…

Les yeux grands ouverts fixés dans le vide…

Daaaaaaaaaviiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiid !

On te voooooooooooooooit….

C’est juste une interview…

Je vais faire comme d’habitude…

David !

Et répondre aux quest…

DAAAVID !

Je pinçai les lèvres avant de faire…

-Shhhhhh…

Dans le vide.

J’AI BESOIN DE ME CONCENTRER !

Il va dire que tu es idiot.

La ferme !

Je clignai des yeux.

Complètement raide.

Droit comme un « i » sur le fauteuil.

Assailli par les voix.

Donc, vous n’avez pas programmé cette évolution de style.

-Hein ?...

Je secouai la tête…

Et essayai de regarder Axel dans les yeux.

Mais j’y arrivais jamais longtemps.

-Oh… n-non…

Tu n’es pas sûr, David !

MOUAHAHA

Tu réponds vraiment n’importe quoi.

Et il le sait.

Je passai le revers de ma manche sur mon front.

Pourquoi je transpire comme ça ?

Parce que t’as le trouillomètre à zéro, David.

Il te fait peur le gringalet ?

Je fermai les yeux une seconde, peut-être deux.

Il… Non… Il… C’est juste que…

Je sais ce qu’il pense.

On remarque des thèmes variés et similaires au premier album. Est-ce que, comme sur A Brave New World les paroles sont écrites par des membres différents de The Burning Fire ou bien est-ce que Kayden et Nathan sont devenus les uniques paroliers ?

Je fronçai et levai les sourcils en même temps.

Pas possible.

Si je peux le faire…

Ben tu dois avoir sacrément l’air con…

-Que… Quoi ?

Le monsieur te demande si c’est que c’est Kayden et Nathan qui écrivent tout.

-Heu… Je ne sais pas… moi, je joue du piano… Et… j-j’écris les…

Je fis le geste d’écrire dans le vide.

-Les lignes de piano… Est-ce que… est-ce qu’on peut faire une pause ? Je…

Je me penchai pour reprendre le verre d’eau sur la table.

Tu l’avais pas laissé tombé ?

Si.

Non.

C’était peut-être pas réel.

Je regardai mon verre, perplexe.

@ Billy Lighter

Décidément, l’attitude de David était bizarre… J’avais déjà vu des drogués (j’en étais un moi-même) mais jamais ils ne s’étaient vraiment comportés de la sorte. David regardait dans le vide et semblait vouloir faire taire quelqu’un. Mais je ne me sentais pas visé bizarre.

Impossible de capter son beau regard. C’était tellement dommage. Surtout qu’à ma première question, il avait été très difficile d’avoir une réponse claire. Je résumai quand même ce que David venait de me dire. Rien n’était réfléchi chez The Burning Fire. C’était un petit raccourcis mais ça semblait être ça que David essayait de me dire avec des phrases chaotiques.

Mon court résumé semblait avoir perdu David. Je levai un sourcil.

-Donc vous n’avez pas programmé cette évolution de style.

Je venais de répéter ce que je venais de dire. David tenta de me regarder dans les yeux mais son regard reparti dans le vide. Il confirma quand même ce que je venais de dire.

Mes lèvres se pincèrent alors que je vis David commencer à transpirer. C’était un signe de stress ou bien un autre signe qu’il était complètement drogué.

Mais je ne me démontai pas et posai la question suivante. Il allait peut-être se reprendre. Je l’espérais sinon je n’allais pas pouvoir tirer grand-chose de bien de cette interview hormis que David était complètement à l’ouest. Je ne voulais pas vraiment ternir la réputation de cet homme qui, malgré tout ce qui se passait pour le moment, me faisait toujours de l’effet. C’était quelque chose de physique que je ne pouvais pas expliquer. Et rien que d’y penser et rien qu’à regarder encore David de haut en bas, je me mordis la lèvre.

Il fit une drôle de tête à ma question. Il me questionna. Il ne semblait pas avoir compris. Je n’étais pas sorti de l’auberge. Mais je n’abandonnai pas à reposai encore une fois la question de la même manière.

Il disait ne pas savoir. Il disait, en butant sur les mots, que lui, il ne faisait qu’écrire les parties de piano. La réponse était minime et… Ça ne m’avançait vraiment pas. Qu’est-ce que j’allais faire pour pouvoir tirer quelque chose de David ? Je me sentais un peu dans une impasse alors que David demanda à faire une pause.

-Oui… On peut faire une petite pause.

Si c’était une façon pour lui de se reprendre autant lui accorder quelques minutes.

Il prit son verre d’eau et le regarda bizarrement. Je fixai David mon calepin et mon stylo toujours en main.

-Vous m’avez l’air très stressé. Quelque chose ne va pas ? Je ne fais que mon travail. Je ne suis pas là pour vous piéger avec mes questions. Je suis très fan de ce que vous fait pour The Burning Fire.

Je souris de mon petit sourire.

-A vrai dire, vous êtes mon claviériste préféré. Je trouve que vous n’avez aucun égal dans le domaine.

Je le flattais pour le mettre en confiance. J’essayais qu’il soit moins méfiant en espérant que ça le rendrait plus cohérent.

-D’ailleurs, je me suis toujours demandé : est-ce que vous avez une idole ? Un claviériste qui vous a inspiré à faire ce que vous faites aujourd’hui ?

Bon, c’était une façon insidieuse d’obtenir de quoi étoffer mon interview qui, pour l’instant, n’allait nulle part.

@ Billy Lighter

Donc vous n’avez pas programmé cette évolution de style.

Je secouai la tête.

Non.

J’ai besoin d’une pause.

Le verre d’eau était tombé ou pas ?

Je sais plus.

Stupide.

J’ai besoin de boire.

Alors je bus.

Tu es stupide, David.

J’ai trop chaud.

Je frissonnai.

Complètement attardé.

Tirai sur le col de mon t-shirt.

Quelque…

Quelque chose m’étrangle.

Ne le regarde pas dans les yeux !

Je détournai le regard vers le mur.

Un peu raide.

Non.

Très raide.

Quelque chose ne va pas ?

-Je vais bien.

Je regardai vers Axel et souris.

Tu vas te faire prendre, David !

TOUT ÇA COMMENCE A SE VOIR !

Non.

Non c’est pas moi !

Ce sont les autres qui ne voient pas.

Moi, je vais super bien.

-J’ai juste… un peu chaufroid.

Je reposai mon verre vide sur la table.

Et pris la bouteille pour me resservir.

Je trouve que vous n’avez aucun égal dans le domaine.

-Merci…

Tu vas renverser, David.

Non.

Je suis pas si débile.

Je fis couler prudemment l’eau dans le verre.

Tu trembles !

Pas vrai…

Je relevai les yeux vers Axel.

Qui posait une question.

Mais c’était la pause.

Et la question était facile.

Alors ça allait.

-S-Syd Barrett.

Je haussai les épaules.

-Il… il n’est pas claviériste mais… je pense qu’il sait… Si vous écoutez ses chansons…

Il sait comment c’est…

Je chantai doucement…

Comme pour moi-même…

-It's awfully considerate of you to think of me here
And I'm most obliged to you for making it clear
That I'm not here…

Le verre déborda.

-Oh merde !

@ Billy Lighter

David allait bien… Non, il n’allait pas bien mais c’était inutile de le dire. Il croyait qu’il allait bien. Pourtant, je voyais tout son stress. Il était peut-être en manque. Quoi qu’il en soit, il ne me facilitait pas la tâche aujourd’hui. L’interview prenait une tournure bizarre et loin de ce que j’avais en tête au départ.

Il disait qu’il avait juste chaufroid. Mes yeux se plissèrent. Ce mot ne voulait pas dire grand-chose. Aurait-il des sueurs froides ? Ce n’est sûrement pas pour les mêmes raisons que moi. C’est ça qui est dommage.

On fit une pause et David acheva son verre avant de reprendre la bouteille d’eau pour se resservir. Les rockstars qui se nourrissaient d’eau se faisaient rares de nos jours. Je n’avais jamais vu ça. Ils ne carburaient pas tous à l’alcool non plus. Certain buvaient des boissons sucrées mais rarement de l’eau. David était une séduisante exception.

Je le complimentai. J’espérais que ça allait le mettre à l’aise pour pouvoir reprendre une interview d’une façon plus normale. Il me remercia pour le compliment ce qui me fit sourire. Je remarquai tout de même ses petits tremblements quand il se servit son verre. Je ne savais toujours pas dire si c’était dû au stress, au manque ou à la drogue.

Mais il répondit à ma question que je venais de lui poser alors même que c’était la pause. Il répondit que son modèle était Syd Barrett. Je levai un sourcil. Syd Barrett n’était pas un claviériste. David en avait conscience mais il m’expliqua que Barrett savait… Il savait quoi ? Mon regard était interrogateur et David, tout en continuant de se verser doucement un verre d’eau, commença à chanter une chanson que je reconnu comme étant du Pink Floyd. Une des dernières chansons enregistrées par Barrett. Je compris à peu près où David voulait en venir. A peu près… Barrett était aussi ailleurs que ne l’était McAvoy… Le problème, c’est que Barrett n’était pas sur une drogue ou l’autre. Mais des rumeurs disaient aussi qu’il souffrirait de schizophrénie. Mes lèvres se pincèrent. J’espérais que McAvoy n’allait pas finir comme Syd Barrett.

Mais avant que je n’ai pu réagir, David fit déborder son verre.

-Ne vous inquiétez pas. Ce n’est que de l’eau.

Je lui pris la bouteille pour la fermer et la déposer sur la table.

-Au moins, votre verre est bien rempli.

Je souris, me mordit la lèvre et fixai, ensuite, David.

-Vous chantez très bien. Vous n’avez rien à envier à Kayden James.

Ce n’était pas très objectif ce que je venais de dire mais je n’étais jamais objectif.

-Syd Barrett est un modèle artistique pour beaucoup de musicien, j’imagine.

Mais il ne m’avait sorti aucun nom de claviériste. Je ne le soulignai pas. Ma question semblait l’avoir mis un peu à l’aise.

-On sait, finalement, très peu de chose sur vous… Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de faire de la musique ? Est-ce que ça vous est venu dès votre enfance ? Et, pourquoi le clavier ?

Les questions plus personnelles semblaient plus simples à répondre pour lui.

@ Billy Lighter

Imbécile !

Ce que tu peux être nul, David !

MOUAHAHAH !

T’es même pas foutu de te servir un verre d’eau.

Je clignai des yeux.

Vite et fort.

-Je suis d-désolé…

Idiot.

-J’ai pas… fait attention.

Tu ne fais jamais attention, David !

Attardé !

Je murmurai…

-Stop…

Je vais paniquer.

Je ne dois pas paniquer.

Ne vous inquiétez pas. Ce n’est que de l’eau.

Je me mordais fort la lèvre.

Mais arrêtai quand le journaliste pris doucement la bouteille de ma main.

Je soufflai doucement.

Longuement.

Et hochai la tête à l’attention du journaliste.

-Ouais. Ok…

Je regardai le verre.

Bien rempli.

Si je le prends, je vais renverser.

Stupide.

Je vais le laisser là.

Idiot.

Je relevai les yeux quand Axel parla encore.

Disant que je chantai bien.

Ma bouche esquissa un sourire.

Et je baissai les yeux.

-Merci… Mais je…

Jamais j’arriverais à chanter sans me tromper.

Ouais le piano aussi ça devient dur, hein, Davey !

Non !

Oooh si.

Scotty a du recoller les bandes la dernière fois.

Je… j’étais pas en forme.

Un jour sans.

Ça arrive.

-Kayden est meilleur… Je suis juste…

Mauvais.

Débile.

Idiot.

Pervers.

Je fermai fort les yeux.

Attendant que ça passe.

Puis les rouvrit.

-Heu… je disais quoi ?

Où est Kayden encore ?

Je me mordis la lèvre pour ne pas demander.

Je crois que j’ai déjà posé la question.

Syd Barrett est un modèle artistique pour beaucoup de musicien, j’imagine.

-Je suppose…

Je tendis la main vers le verre d’eau…

Puis me ravisai.

Je vais renverser.

C’est sûr et certain.

Et tu vas avoir l’air de quoi ?...

Hein, David…

Dis-le !

Mon regard balayait le vide devant moi.

Parfois je fixais les coins de la pièce.

Dépendait d’où venaient les voix.

Puis je revins sur Axel, levant les sourcils.

-Hein ?... Oh…

Je grattai ma tête.

Passai finalement ma main dans mes cheveux.

Et ils restèrent en l’air à cause de la sueur.

-Heu… J’ai toujours aimé la musique… Ça… j’avais un… une boîte à musique… pour m’endormir.

Je fis le geste de la remonter dans le vide.

-Avec une… clé… et des petits personnages. Qui s’animaient.

Je marquai une pause…

Ou eus une absence de quelques secondes.

-Et puis… Mes parents m’ont inscrit à… au solfège… Et le premier instrument que j’ai pu toucher… c’était un piano.

Je haussai les épaules.

-Et j’étais bon à ça…

Parce que tu ne l'es plus?

Non.

Tu ne l'es plus.

Et tu le sais.

@ Billy Lighter

McAvoy s’excusait pour avoir fait déborder le verre qu’il se remplissait. Il semblait troublé par ce tout petit accident. Il ne fallait pas se stresser pour si peu. Ce n’était que de l’eau. Ça aurait été plus embêtant si ça avait été de l’alcool ou du coca.

Il souffla quand je lui pris doucement la bouteille et que je lui disais que ce n’était rien. Je souris alors qu’il se mit à regarder son verre sans le prendre. Il se l’était servi, je supposais que c’était pour le boire… Mais il ne le fit pas. Bon, ce n’était rien… Il faisait ce qu’il voulait.

Je finis par complimenter la voix de David. Elle était vraiment belle ou bien je la trouvais belle parce que j’avais un faible pour McAvoy. Il me remercia et je souris même s’il disait que Kayden était meilleure. Il s’arrêta au milieu de la phrase. Mais je n’étais pas sûr qu’il allait reprendre là où il en était. Ce n’était pas la première fois, depuis le début de l’interview, qu’il m’envoyait des demi-phrases.

-Kayden est un très bon chanteur. Mais vous vous débrouiller vraiment bien.

David ferma les yeux d’un coup et les rouvris. Il ne savait plus où il était. Je ne renchéris pas et me permis, à la place, de faire un commentaire sur Syd Barrett. Ça devait être un modèle pour beaucoup de musicien ce que supposais David.

Il tenta de prendre son verre mais se ravisa et regarda, ensuite, dans le vide. J’en profitai pour lui poser une question simple mais qui intéressera un large public. Les gens aimaient bien connaitre quelques aspects plus « privé » des artistes qu’ils suivent.

Il fallut quelques secondes avant que David ne relève la tête l’air perdu avant de répondre à ma question d’une façon laborieuse. Il aimait la musique depuis tout petit grâce à une boîte à musique. Il s’arrêta à l’histoire de la boîte et je plissai les yeux me demandant si j’allais, un jour, avoir la fin de l’histoire.

-Oui ?

Je voulais la suite. Il me laissait un peu sur ma faim là…

Mais il reprit pour mon plus grand plaisir et déclara que ses parents l’avaient inscrit au solfège et que son premier instrument était le piano et qu’il était bon à ça. Je souris.

-C’est très touchant. Surtout que vous ne vous êtes pas trompé. Vous êtes un excellent claviériste.

Je n’étais plus à un compliment près.

Je pris son verre d’eau et versai un peu l’eau en trop dans un autre verre avant de le reposer devant David. S’il avait peur de renversé, il aura déjà moins peur comme ça.

Je souris et fixai, à nouveau, le claviériste.

-Vous avez, ensuite, fait la connaissance de Kayden James, c’est bien ça ? On connait très peu votre histoire… Comment vous êtes-vous rencontré ? Comment The Burning Fire s’est-il créé ?

Il y avait déjà le témoignage des autres membres sur les origines de The Burning Fire mais je voulais le point de vue du membre qui ne parlait jamais… Même si je comprenais pourquoi il ne parlait jamais maintenant…

@ Billy Lighter

Le journaliste disait…

…que ce n’était pas grave…

Si c’est grave !

Tu es grave !

Tu es un incapable !

…que je me débrouillais vraiment bien…

Un moins que rien, David !

Mais je savais que je pourrais pas…

Tu sais déjà pas causer…

Un attardé qui sait pas aligner deux phrases que t’es.

Et c’est ce qu’il pense aussi.

Je baissai les yeux.

Et fis de mon mieux pour répondre aux questions.

Cherchant ma concentration.

Pour prouver que je pouvais le faire.

Tu ferais mieux d’en finir, ouais !

Et à la fin.

J’étais un bon chanteur.

Et un bon claviériste.

La blague !

Quoi ? C’est Guitar&Pen qui le dit !

C’est le type qui a envie de te…

SHHHHHHHHHHHHHHHH !

…de te baiser à mort qui le dis !

J’avais dit : « Shhh… »…

Je me mordis la lèvre.

Rougis.

Puis Moriarty vida une partie de mon verre…

Dans le sien.

Quand il le reposa devant moi…

Je me jetai dessus pour le vider.

Tu vas avoir besoin de pisser à force.

Vous avez, ensuite, fait la connaissance de Kayden James, c’est bien ça ?

Je regardai Axel…

Essayant de me rappeler.

C’était un peu flou…

Ouais, ça devient compliqué tout ça.

Tout devient compliqué, Davey…

-Kayden… Ouais… ils étaient trois. Heu… Kayden, Nathan et…

Merde !

C’était quoi son nom, encore ?

-Un batteur… Mais pas Howard… Je…

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Je me rappelle plus son nom c’est un peu… flou.

Un peu fou…

-Et moi, j’étais… J’avais faim et… il y avait un bar où on me laissait jouer du piano tard le soir… Une heure… 8$... Ça aidait. Et heu… Kayden… et Nathan… et l’autre gars… ils venaient de finir de jouer là… quand moi j’ai pu utiliser le piano et…

Je haussai les épaules.

-Ils sont venus… pour me demander si je pouvais jouer du piano… pour eux… avec… eux. Et j’ai dit quelque chose comme… Heu… « Ok… »

Je passai encore ma langue sur mes lèvres.

Regardai la bouteille d’eau avec de grand yeux.

Et tendis mon verre.

-J’en veux bien encore.

@ Billy Lighter

Je vidai un peu du verre de McAvoy dans un autre. Il avait peur de le prendre depuis qu’il en avait versé à ras-bord alors je voulais l’aider un peu en n’en retirant un peu. Il se jeta alors sur son verre et en bu tout le contenu. Je levai un sourcil. Il avait soif… Etrange qu’il n’ait pas pris le verre plus tôt alors que je lui avais dit que renverser n’était pas grave.

Mais ce n’était pas le moment d’essayer de comprendre le mystère qu’était McAvoy. Il fallait que je tente de continuer cette interview bizarre. Je posai une autre question basique en espérant qu’il puisse me donner une réponse correcte. Il commença à répondre et je souris. Il me parla de Kayden, Nathan et un troisième membre. Le batteur qui n’était pas Stone. Mais il ne se rappelait plus son nom.

-Doyle. Il s’appelle Doyle.

Il parlait de Doyle. Le batteur de The Burning Fire avant que Stone n’entre dans le bande. Kayden et Nathan en parlaient souvent. Doyle était même crédité sur le premier album. C’était un ami très proche des deux leaders du groupe. Chaque fois que Kayden en parlait, il y avait une sorte de ressentiment. Il n’avait jamais caché que le choix de remplacer Doyle venait de MTI. Il n’était pas assez bon pour continuer l’aventure. Le groupe a dû faire un choix et a choisi de continuer sans Doyle. Comme quoi, Kayden pouvait avoir tous les ressentiments du monde, il avait quand même choisi sa carrière à son ami.

David continua sa petite histoire. Ils s’étaient tous rencontrés dans un bar où David jouait du piano. Et, apparemment, le jeu de David avait attiré les trois membres de The Burning Fire. Une histoire classique et résumé au plus court par une David qui butait, encore, sur tous les mots. Je souris.

-Vous vous êtes trouvé au bon endroit au bon moment. Kayden et les autres ont eu une bonne oreille, ce jour-là. Ça aurait été dommage de se passer de votre talent.

Mais David ne me regardait déjà plus. Il regardait la bouteille d’eau avec avidité. Et il tendit, ensuite, son verre pour m’en demander encore. Je souris.

-Bien sûr.

Je pris la bouteille et vidait de l’eau dans son verre. Je n’avais jamais vu quelqu’un boire autant d’eau dans cette pièce. J’en avais déjà vu descendre bières sur bières mais pas verres d’eau sur verres d’eau. Ça le rendait encore plus mignon.

Et j’avais une question qui me brûlait les lèvres mais que je n’avais pas encore osé poser. Parce que j’étais journaliste chez Guitar&Pen et qu’on devait, un maximum évité de poser des questions trop personnelles. Mais j’en avais vraiment envie. Alors, je me lançai.

-J’ai une petite question un rien people mais les fans sont des gens curieux… Tous les fans de The Burning Fire sont bien au courant de l’identité des différentes petites amies des membres du groupe. Mais vous ? Avez-vous une petite amie que vous cachez au public ? Ou bien êtes-vous toujours célibataire…

La question n’était que pour moi. Elle ne figurera pas dans l’article. Je me mordis la lèvre attendant la réponse.

@ Billy Lighter

Doyle.

-Doyle… Ouais… C’est ça… Doyle.

Idiot.

Tu as oublié le nom d’un des membres fondateurs du groupe.

Tu as oublié Doyle.

Imbécile.

Je soupirai.

Fermai les yeux.

-Shhh…

J’ai besoin de me concentrer.

Pour répondre à la question.

Où j’avais rencontré Kayden ?

Comment j’étais arrivé dans The Bruning Fire.

Je souris.

Vous vous êtes trouvé au bon endroit au bon moment.

-Ils m’ont emmené manger au McDo… Ce soir-là…

J’en avais presque pleuré de soulagement.

Mais je n’avais finalement pleuré…

-Que quand Kayden m’a dit que je pouvais dormir chez lui.

Je repris de l’eau.

J’avais toujours la gorge sèche.

Je bus mon verre un peu plus lentement.

Avez-vous une petite amie que vous cachez au public ?

Je levai les sourcils…

-Heeeuuu…

Daaaavid !

Tu sais ce qu’il veut ?

LA FERME !

Je sais ce qu’il veut.

Je n’ai pas besoin de…

Flashes.

Je grommelai dans ma barbe.

-Pas besoin des images..

Je portai ma main à mon front.

Fermai les yeux.

Puis me repris.

-Non… Pas de… pas de petite-amie..

Je haussai les épaules et souris.

-Enfin pas… pour l’instant… Jamais longtemps.

Je regardai le fond de mon verre.

-Je suis pas… je suis pas quelqu’un de facile.

Tu leur fait peur, David !

Tu leur fous la trouille !

Les crises… leur fout les chocottes.

Et ça t’arrive…

De plus en plus souvent.

Mais ce qu’elles détestent le plus…

C’est les jours où tu les effaces de ta réalité.

Je regardai Moriarty.

-Je crois que je me sens mieux… tout seul.

@ Billy Lighter

Oui, c’était bien Doyle. Apparemment, il n’y avait pas que la parole qui était difficile chez David mais la mémoire aussi. Je savais depuis quelques minutes, maintenant, que je ne tirerais pas une grande interview de McAvoy… Et c’était bien dommage. Moi qui étais tellement excité à l’idée de pouvoir l’interviewer…

Je posai une autre question sur la rencontre entre McAvoy et le reste du groupe. Malgré quelques « shhhh » parasite, j’eus quand même une réponse digne de ce nom. Même si il y avait pas mal de blanc entre les phrases de McAvoy. Je me concentrai en écrivant les réponses dans mon carnet.

Je fis un petit commentaire qui permit à David de m’en dire encore plus. Le soir où il avait rencontré les trois premiers membres du groupe, ils avaient été mangés au McDo’. C’est des petits détails que les autres n’avaient jamais raconté peut-être parce qu’ils trouvaient ça anecdotiques. Mais ça ne semblait pas l’être pour David. Et il se perdit un peu… Ou alors c’était moi qui n’avais pas bien compris mais, apparemment, après le McDonald, Kayden a invité David à dormir chez lui. Encore une partie de l’histoire que les fans ne savaient pas.

-Kayden est un homme au grand cœur, comme je vois.

Je souris… Il avait surtout de la chance d’avoir pu dormir avec McAvoy… Surtout que, d’après ce que j’en savais, David résidait toujours chez Kayden… Chose que tout le monde trouvait assez bizarre mais maintenant je comprenais un peu mieux pourquoi.

Je souris posant une autre question. Les questions plus personnelles semblaient être plus abordables pour David alors je restai dans ce registre-là. En plus, ça me permettait de pouvoir lever le voile sur certaines choses… Comme savoir si McAvoy entretenait une relation secrète avec quelqu’un ou non. J’avoue que, là, c’était moi qui avais envie de savoir la réponse.

Il hésita. Il semblait être surpris par ma question. Il déclara qu’il n’avait pas besoin des images. Je levai un sourcil.

-Que voulez-vous dire ?

Il mit sa main sur son front et ferma les yeux. Je venais de le perdre ? Mes lèvres se pincèrent. Je commençais à peine à avoir des réponses à mes questions que David semblait, à nouveau, perdu.

Mais il finit par reprendre pour dire qu’il n’avait pas de petite-amie. Je souris alors qu’il précisa qu’il n’en avait pas pour l’instant. Je compris qu’il était le genre à passer d’une à l’autre. Il disait que c’était parce qu’il n’est pas quelqu’un de facile. Oui, ça, je l’avais remarqué. Mais ça n’empêchait qu’il ne me laissait pas indifférent malgré son drôle de comportement.

-Vous êtes donc plus semblable à un Howard Stone qu’à un Nathan Williams à ce niveau-là.

Williams semblait être celui avec des relations les plus longues. Stone, c’était tout l’inverse. Kayden n’était pas le plus stable non plus au niveau des relations amoureuses.

McAvoy ajouta qu’il se sentait mieux tout seul. Je souris. Au moins, ça voulait dire qu’il n’était pas pris. C’était tout ce que je retirais d’intéressant de ce qu’il venait de dire.

-Il veut mieux être seul que mal accompagné.

Je souris. Bon. Je n’avais pas énormément de matière… Je me risquai à tenter une autre question plus focalisé sur le sujet de départ qui n’est autre que le nouvel album de The Burning Fire.

-Dans le nouvel album du groupe, il y a-t-il une chanson qui vous tient plus à cœur que les autres ? Une où vous vous seriez investi dans les paroles ou sur laquelle vous vous êtes le plus investi émotionnellement dans la partie au clavier ?

Je savais que certaines chansons, en fonction des membres du groupe, étaient plus personnelles que d’autre. Je voulais savoir ce qu’il en était pour David.

@ Billy Lighter

J’avais chaud.

J’avais soif…

J’essayais de me concentrer.

Daaaaaaaaaaaaavid…

C’était pas gagné.

David !

C’était l’interview la plus difficile que j’avais jamais fait.

Première fois que tu es tout seul aussi.

Mais j’y arrivais quand même.

Le psy…

Non.

Le journaliste…

… souriait.

Je supposais que je donnais les bonnes réponses.

Idiot.

Kayden est un homme au grand cœur, comme je vois.

Je hochai la tête.

-C’est pas tout le monde qui… je veux dire…

Je soufflai un coup…

Une phrase après l’autre.

Elles se bousculaient un peu dans ma tête.

-J’avais nulle part d’autre où aller… La rue c’est… un peu dangereux.

Je fermai les yeux.

J’avais pas trop envie de me rappeler ça.

Et j’avais pas besoin non plus des images…

De ce que Moriarty pensait…

Que voulez-vous dire ?

Je rouvris de grands yeux.

Revenant de loin…

-Rien… Vous pensez… juste un peu fort…

Je…

C’est n’importe quoi.

Je portai ma main à mon front.

-Je raconte n’importe quoi…

Et donc…

Cette question sur les petites-amies.

J’y répondis.

Vous êtes donc plus semblable à un Howard Stone qu’à un Nathan Williams à ce niveau-là.

Je pinçai les lèvres.

-Non… Nathan…

Nathan garde ses petites-amies longtemps.

Howard en a plusieurs en même temps.

-Ni comme l’un, ni comme l’autre.

Je préfère être tout seul.

Stupide !

C’est plus facile.

Tu es un idiot, David !

C’est déjà pas mal.

Il veut mieux être seul que mal accompagné.

Je souris vaguement…

Jouant nerveusement avec mes mains.

-Les petites-amies, c’est beaucoup de stress… Elles ont besoin d’attention…

Et je ne suis pas toujours…

Attentif…

Pas toujours là…

Il y a-t-il une chanson qui vous tient plus à cœur que les autres ?

Je fis une moue de réflexion.

-You’re The Truth Not I ?

Il n’y a pas beaucoup de clavier, hein, David…

Dans le nouvel album…

Parce que tu n’es plus vraiment là.

@ Billy Lighter

L’histoire de McAvoy était touchante. A moins que ça ne soit parce que j’avais un faible pour lui que je trouvais ça touchant. Kayden semblait avoir beaucoup aidé le claviériste. David ajouta que ce n’était pas tout le monde qui… Qui hébergeait quelqu’un qui venait de rencontrer ? J’essayais d’achever les phrases de David dans ma tête parce qu’il était incapable de les finir lui-même. Il semblait reconnaissant envers Kayden qui l’avait hébergé alors qu’il n’avait nulle part où aller.

-Et maintenant vous n’aurez plus jamais à dormir dans la rue. C’est une très belle histoire.

Je souris. Il n’aura plus à dormir dans la rue le temps que The Burning Fire était au top en espérant, pour lui, que ça soit le cas. Mais si jamais The Burning Fire échouait et tombait dans l’oubli alors je veux bien me charger d’héberger David. J’esquissai un sourire plus large aux pensées qui me venaient en tête et que je tentais de chasser pour garder toute ma concentration sur cette interview qui était laborieuse même si j’en apprenais plus qu’il n’y paraissait.

Mais le discours de David partit encore dans tous les sens et quand je lui demandai ce qu’il voulait dire, il déclara que je pensais trop fort. Je levai un sourcil. Il ne pouvait pas m’entendre penser… Il délirait à nouveau. Mes lèvres se pincèrent mais je n’en rajoutai pas sur le sujet. D’ailleurs, David se frappa le front et déclara qu’il disait n’importe quoi. J’étais d’accord avec lui mais préférai le rassurer :

-Ne vous en faites pas… Ce n’est rien…

Et on partit sur un autre sujet que je trouvais intéressant : les petites-amies. Je constatai que David était semblable à un Howard Stone ce qui me laissait peut-être une chance. Non, Axel… Tu ne dois pas penser à ça même si c’est très tentant. Je me mordis la lèvre alors que David commença une phrase avant de dire qu’il n’était ni comme l’un, ni comme l’autre. Que les petites-amies c’était beaucoup de stress et qu’elles avaient besoin de beaucoup d’attention. Je souris.

-On est d’accord là-dessus ! Les petites-amies demandent beaucoup de travail.

Mon sourire s’élargit. Ce n’était pas le cas des petits-amis. Je devrais plutôt dire : des amants. Je ne m’engageais avec personne. J’avais fui Chicago pour éviter le mariage et continuer à vivre comme je l’entendais en enchainant les coups d’un soir. Mais la réponse de David m’avait satisfait et ne faisait pas taire tous mes espoirs.

Ça me permettait de rêver encore un peu.

Mais je revins à l’interview en posant une question plus en phase avec le sujet qui était l’album High. Mais la réponse de David fut courte comme les réponses précédentes. Mes lèvres se pincèrent. Sa chanson favorite était simplement celle où le clavier était plus présent que sur les autres titres. Je n’avais même pas besoin de demander pourquoi il préférait celle-là.

-Pour le clavier, je suppose… N’est-ce pas ? A moins qu’il y ait une histoire derrière ?

Je le laissai répondre en buvant un coup d’eau.

J’avais bien compris que ça ne servait à rien de le bombarder plus de questions. J’arriverais à faire un petit article avec ce que j’avais récolté. J’étais doué pour broder et rendre intelligible les paroles de David. Histoire que son petit problème passe inaperçu.

-Bien, je crois que j’ai fait le tour des questions. Je vous remercie d’avoir répondu à toutes mes questions… Est-ce que vous voulez que je vous raccompagne jusqu’à l’accueil ?

J’en avais envie. Rien que pour pouvoir le regarder encore un peu.

@ Billy Lighter

Et maintenant vous n’aurez plus jamais à dormir dans la rue.

Je mordis ma lèvre.

Frottai mon bras d’une main.

Baissai les yeux.

-Ouais, j’espère…

Le journaliste souriait.

Quand je relevai un peu les yeux.

Et les voix me narguaient.

A ton avis, a quoi il pense, David ?

Il te touche rien qu’avec ses yeux.

Tu serais nu que ce serait pareil.

Mais je ne suis pas…

Je baissai les yeux sur moi-même.

Une seconde, je crus que j’étais complètement à poil.

Mais non.

Non.

L’image redevint correcte.

Je murmurai…

Légèrement redressé sur mon fauteuil.

Et tout rouge.

-Oh putain !

Tout bas…

MOUAHAHAH

Et en plus, tu racontes n’importe quoi.

« Vous pensez trop fort ? »

Tu pense vraiment que tu es…

Quoi ?

Que tu es quoi, d’ailleurs ?

Tu es juste cinglé David !

Tu perds tes quilles, tes cartes, tes neurones.

Tu as perdu l’esprit et ça fait un moment déjà.

Je fermai fort les yeux.

-Non…

Non, ça va passer.

Comme les crises ?

Tu as foutu le trouillomètre à zéro à Sarah…

Et pour aucune raison.

Paf blam !

LAISSE-MOI TRANQUILLE !

Terminé.

Sauf que c’est elle qui est partie au final.

Je recommençais à transpirer.

On est d’accord là-dessus ! Les petites-amies demandent beaucoup de travail.

-C’est… Ouais… je… Je suis pas facile non plus.

Ma chanson préférée sur High ?

You’re The Truth Not I…

Je crois.

Pour le clavier, je suppose… N’est-ce pas ? A moins qu’il y ait une histoire derrière ?

Je secouai la tête…

Pour dire « non »…

-Pour le…

Je cachai la moitié de mon visage d’une main.

Et chantai tout bas.

-That's the end - and that's the start of it
That's the whole - and that's the part of it
That's the hide - and that's the heart of it
That's the long - and that's the short of it
That's the best - and that's the test in it
That's the doubt - doubt, not trust in it
That's the sight - and that's the sound of it
That's the gift - and that's the trick in it

You're the truth, not I, you're the truth, not I

Je soupirai…

-Tout et rien… Un peu beaucoup… une partie… Quelque chose de… cassé…

Je haussai les épaules.

Soupirai encore.

-C’est une chanson… On ne peut pas expliquer une chanson… C’est pour ça que c’est… une chanson.

Bien, je crois que j’ai fait le tour des questions.

Je hochai la tête…

Me détendis…

Regardai mes mains.

-Ok… Super… Je suis un peu… crevé, hein ouais ?

Est-ce que vous voulez que je vous raccompagne jusqu’à l’accueil ?

Je regardai vers la porte…

Frottai mes yeux.

-Ouais… Ouais… Il faut que je retrouve Kayden…

@ Billy Lighter

David ne parlait décidément pas beaucoup. Il était très difficile de lui soutirer des réponses fournies. Mais je ne lâchai pas l’affaire et j’avais pu avoir quelques réponses en parlant de choses concrètes comme sa rencontre avec Kayden. Ce dernier avait permis à David de pouvoir avoir un logement chez lui. C’était une histoire bonne pour Guitar&Pen. Juste assez pour connaitre un peu plus la genèse du groupe.

David espérait qu’il n’aurait plus jamais à dormir dans la rue. J’évitai de dire qu’on ne savait jamais ce que l’avenir nous réservait surtout quand on était une star. Certains sont des étoiles filantes… Certains gèrent tellement mal leur argent et leurs relations qu’ils peuvent très bien finir dans la rue. Il en faut pour passer de tout à rien.

Il murmura ensuite quelque chose que je n’entendis pas très bien. Son visage devint même rouge à un moment et je l’entendis dire « non », sans que ça ait vraiment de rapport avec ce que je disais. Bref, il y avait des moments où j’avais l’impression de complètement le perdre.

Mais quand je parlai des petites-amies, il sembla revenir dans le monde réel. J’appris qu’il n’en avait pas parce que ça demandait beaucoup d’investissement. Les femmes étaient souvent très difficiles à satisfaire. Il leur fallait souvent tout. C’est pour ça que j’aimais ma vie actuelle et que j’avais fui le mariage à Chicago. Ce n’était même pas un mariage d’amour alors c’était encore pire. Mais David disait qu’il n’était pas facile… C’est sûr que ce n’est pas facile d’avoir une conversation avec lui et que, pour un femme, ça doit vite devenir lassant.

Mais moi, je le veux bien quand même, le David.

Bref, je lorgnai encore un peu dessus avant qu’on ne parle de sa chanson préférée sur l’album. Je crus d’abord qu’il l’aimait parce qu’il y avait beaucoup de piano dessus mais c’était plus compliqué que ça. Il chanta à mi-voix une partie de la chanson. C’était une partie rythmée et qui avait un sens profond mais beaucoup d’interprétation possible. Je souris en l’écoutant chanter. Il tenta d’expliquer avec des mots sans que je comprenne vraiment où il voulait en venir avant de dire qu’on ne pouvait pas expliquer une chanson. Ça, ça n’allait pas être facile à traduire à l’écrit… Bon, je ferais avec.

-Oui, vous avez raison.

Je ne pourrais rien tirer de plus… Alors je décidai d’arrêter l’interview ici. David sembla se détendre et demanda s’il était un peu crevé.

-Oui un peu… Mais vous aller pouvoir vous reposer maintenant.

Je comprenais pourquoi aucun journaliste ne l’avait encore interrogé… C’était impossible de le faire…

Je proposai de le raccompagner à l’accueil et il accepta. Il voulait voir Kayden.

-D’accord. Suivez-moi.

Je lui souris et l’invitai à me suivre. On retourna jusqu’à l’accueil où Kayden James était entrain d’attendre.

-Et bien, je crois qu’on a retrouvé Kayden.

Dommage… J’aurais bien proposé à David de le raccompagner chez Kayden. Tant pis… Le chanteur se leva et rejoignis David. Il me demanda si ça avait été. Je souris.

-Tout s’est bien passé.

Pas tout à fait mais, au moins, j’ai pu me rincer l’œil.

Le chanteur parut satisfait et entraina David à l’extérieur.

@ Billy Lighter