Samantha… Depuis quelques années, elle était devenue mon obsession. Au point que je m’étais laissé entrainer dans son petit deal que je savais être une manipulation. La seule inconnue dans cette manipulation c’était de savoir si elle le faisait vraiment pour avoir sa vengeance sur Ricci sans partager avec Angelo ou si c’était parce qu’elle était amoureuse de lui.

Je crois avoir ma réponse maintenant…

Depuis ce deal, il m’arrivait souvent de suivre Samantha sans même qu’elle le sache. Je ne voulais pas qu’elle se venge sans que j’en sois témoin alors il m’arrivait de la suivre. Jamais, jusqu’ici, elle ne s’était aventurée chez l’Italien…

Jamais… Jusqu’à l’autre jour…

Je l’avais vu entrer chez Ricci. C’était le jour de l’anniversaire du manager… Au début, je m’étais dit qu’elle allait mettre son plan à exécution ce soir-là et que je ne pourrais pas y participer parce qu’entrer chez Ricci serait revenu à me faire prendre.

Mais je me suis vite rendu compte qu’il n’en était rien… Je l’ai su quand elle est sortie de là, le lendemain seule et après que tous les invités soient partis.

Il ne fallait pas me faire un dessin… Je pouvais facilement imaginer ce qu’il s’était passé entre eux.

Samantha n’allait jamais se venger… Note deal ne prendra jamais fin… Je n’aurais jamais ma récompense.

C’était évident…

Mais savoir tout ça me donnait maintenant un avantage certain. Parce que je savais et que je pourrais facilement utiliser ce que je savais pour obtenir ce que je voulais.

Et c’est aujourd’hui que j’avais décidé d’aller rendre visite à Samantha pour lui faire part de quoi j’avais été témoin.

Je savais où elle habitait. Un appartement sur Santa Monica non loin de mon propre appartement où j’avais emménagé il y a deux jours. Il parait qu’il avait appartenu à Apolline Mclagan… Pas mal, non ? C’est dingue ce qu’on peut s’acheter avec l’argent de la mafia…

Samantha était pour le moment chez MTI, pense. En tout cas, je l’avais vu partir. Si elle faisait sa journée de travail, j’avais encore un peu le temps… Un temps que je passai dans mon appartement à zapper avant de me rendre chez Samantha vers 16h… Elle n’était toujours pas revenue.

Parfait !

Je crochetai la serrure pour entrer dans l’appartement fermant la porte derrière moi. J’en fis le tour regardant les cadres, la décoration sans allumer une seule lampe. Je ne fouillai nulle part me contentant d’observer avant de débrancher chaque téléphone que je trouvais sur mon passage. Je faisais ce métier depuis assez d’année pour savoir prendre mes précautions.

Après ça, je finis par trouver une bouteille de whisky. Je savais que Samantha adorait le whisky… Une chose qu’elle avait en commun avec cet enfoiré de Ricci.

Je me servis un verre avant de me rendre au salon posant la bouteille sur la table basse avant de m’installer dans un fauteuil. Je bus un coup de whisky avant de faire tourner le liquide dans mon verre.

Il ne me restait plus qu’à attendre… Peu importe le temps qu’il faudra attendre. Je savais que quand elle passera la porte du salon, elle comprendra que j’avais fini de jouer.

@ Billy Lighter

Je n’arrive plus à penser à rien d’autre que Daniele depuis sa soirée d’anniversaire. Nos retrouvailles aussi inattendues que surprenantes donnent un tout nouveau souffle à ma vie qui, je dois le dire, s’enlisait lamentablement. Notre amour est aussi fort qu’en 62, je n’en ai aucun doute, du moins, en ce qui me concerne.

J’ai eu peur en lui avouant toute l’histoire, mon affiliation avec les Conti, la haine que je lui vouais et le besoin de me venger que j’alimentais marchant les yeux fermés sur le chemin tracé par Angelot.  Mes intentions avaient déjà commencées à changer, lentement mais sûrement puis, en passant un deal avec Ward, je m’assurais que rien ne serait fait à Daniele, son fils et Erik.

Un deal que je crois pouvoir tenir encore un moment que j’espère assez long, le temps de trouver comment me sortir de là.

Chaque minute de chaque heure, je pense à Daniele. Je ressens encore tous les frissons que m’ont offerts ses caresses. J’entends parfaitement bien le son de sa voix, toutes les sensations m’envahissent encore au point où je dois me retenir de ne pas prendre n’importe quel vol en autant qu’il m’amène auprès de lui.

J’y songe.

Si je prenais un vol en partance de Los Angeles jusqu’à Paris, de Paris jusqu’à  Je ne sais pas où et de là jusqu’en Australie… On perdrait ma trace, il suffirait de la jouer discret une fois là-bas. Et puis The Lightening n’ont pas vraiment encore besoin de moi en ce moment alors qu’ils sont toujours en créations je pourrais donc me le permettre.

J’essais fort de me convaincre que mon idée n’est pas si folle bien que ma raison ne me laisse aucune chance de concrétiser mon projet. Daniele reviendra et entre temps, je dois m’employé à me sortir du pétrin dans lequel je me suis  empêtrée par amour, ni plus ni moins.

Il est passé 17h quand je quitte MTI et rentre enfin chez moi. Dans ma voiture, je retourne la bague que je porte à nouveau, de façon à ce que la pierre soit sur le dessus et ne semble pas n’être qu’un anneau banal.

Pour une fois, le trafic n’est pas trop lourd et je suis à la maison en moins de temps qu’il ne m’en faut normalement. Je déverrouille ma porte et entre en la refermant d’un léger coup de pied puis je me débarrasse de mes chaussures.

- Monsieur !  Tu es content de me voir ? Viens ici grosse boule de poil !

Je m’agenouille pour soulever mon chat, Monsieur. Il ronronne et se frotte à moi en poussant sa tête contre ma joue. Il a faim, c’est ce qu’il veut me dire. Je l’amène donc avec moi à la cuisine puis le dépose au sol pour sortir sa nourriture de l’armoire et lui en verser dans son bol.

- Monsieur est servi !  C’est triste quand même de penser que tu es mon tête à tête, encore ce soir !

Tant qu’il a à boire et à manger, je ne crois pas que Monsieur se soucis plus que ça de mes états d’âme.

Je pousse un soupire, pensant encore à Daniele et au bonheur que ce serait que de se retrouver après une journée de travail, de jouer avec le petit avant de s’installer pour un bon repas. Cette pensée, cependant, me ramène immanquablement à Mario. Je sais qu’il serait heureux de me savoir heureuse mais… est-ce quand même  comme un manque de respect à sa mémoire que de reprendre ma relation avec Daniele ?

Je suis si loin dans mes pensées que je ne remarque pas tout de suite que quelqu’un est installé dans mon fauteuil de salon. Je passe devant avec l’intention d’aller sous la douche et s’est en ouvrant la lumière de la salle de bain que je fige sur place. Le reflet de Ward m’apparait en réflexion dans le miroir de la salle de bain qui fait face à mon salon.

S’il est ici, je le crains, ce n’est pas par hasard.

- Vous êtes ici depuis longtemps, Ward ? , lui demandais-je en me retournant et en m’avançant lentement vers le salon. Je ne me souviens pourtant pas de vous avoir invité chez moi ce soir, et encore moins de vous avoir fournis une clé !

@ Billy Lighter

J’ai attendu patiemment plus d’une heure avant d’entendre enfin la porte de l’appartement s’ouvrir. Je fermai les yeux pour entendre chaque pas de Samantha. Mais je ne m’attendais pas à entendre sa voix si rapidement. Elle s’adressait à quelqu’un et j’entendis facilement, d’ici, les miaulements d’un chat. Un chat dont je n’avais pas remarqué la présence en faisant le tour de l’appartement.

J’esquissai un sourire toujours les yeux fermé alors que la voix de Samantha me faisait frissonner. Elle s’occupait de son chat lui donnant à manger d’après ce que j’entendais. Elle n’était pas encore passée dans le salon et je ne faisais pas le moindre bruit. Je voulais qu’elle me voie d’elle-même.

Je voulais la surprendre.

Elle parlait à son chat disant qu’elle allait être en tête à tête rien qu’avec lui ce soir et que c’était triste. Mon sourire s’élargit. Elle ne devait pas s’en faire. J’allais lui tenir compagnie. Ça sera moins triste…

Surtout pour moi.

Samantha se remis en marche et que ses pas approchèrent du salon, je rouvris les yeux. Elle traversa le salon sans me remarqué et ouvrit un porte en face de moi qui menait à la salle de bain. Dès qu’elle ouvrit la porte, je pouvais voir le miroir et quand elle s’arrêta devant, je compris très vite qu’elle m’avait enfin vu.

Elle ne sursauta pas vraiment. J’étais déçu ? Un peu… Mais je savais aussi que Samantha était le genre de femme à savoir garder son sang-froid. Je savais qu’il fallait pousser loin pour qu’elle perde ses moyens et craque.

Mais je crois qu’aujourd’hui, je ne devrais pas faire tant d’efforts pour arriver à un résultat probant.

Elle se retourna me demandant si j’étais ici depuis longtemps. Toujours bien installé dans le divan à boire son whisky, je ne souriais plus. Je me contenais de la regarder avec un air sérieux.

-Assez longtemps pour me languir de toi.

Je mettais mon langage au niveau du sien.

Je bus un gorgée de whisky alors qu’elle disait avec encore tout son sang-froid qu’elle ne m’avait pas invité, ni même donnée les clés. Je ne bronchais pas, n’affichant toujours aucun sourire me contentant toujours de la regarder droit dans les yeux.

-Je n’ai pas besoin d’invitation… Encore moins de clés.

Je n’haussai pas le ton. Je parlais même très calmement avant de me lever déposant mon verre sur la table basse. J’avais chaud parce que j’avais ma veste en cuir pas du tout adapté à la saison mais adapté à ce que je transportais, c’est-à-dire mon 9mm. Beaucoup de gens me détestaient alors je me promenais souvent avec.

Je m’approchai d’elle tout en parlant.

-Je t’ai vu il y a quelques jours entrer chez Ricci à sa petite fête d’anniversaire.

Je parlais doucement et je finis par arriver à sa hauteur. Je lui faisais face.

-Je t’ai vu en ressortir le lendemain matin.

Mon regard était plongé dans le sien.

-Ricci n’est pas mort… Les médias en auraient parlé. Alors, Sam, j’en conclu que tu ne t’es pas vengé et que tu ne comptes jamais le faire.

Je marquais une pause penchant légèrement la tête sur le côté.

-Tu me manipules, Sam ?

Elle le faisait. C’était une question rhétorique.

-Tu aimes Ricci ?

Elle était coincée entre moi et sa salle de bain. Aujourd’hui, elle n’aura aucune issue. Personne ne débarquera… Pas même son petit Ricci qui s’était déjà envolé pour l’Australie.

@ Billy Lighter

Je n’ai pas besoin que Ward ne me confirme ce que je sais déjà. Il n’est pas ici pour le plaisir à proprement parler, du moins, il n’y aura rien de plaisant pour moi. Il est venue ici parce qu’il sait et qu’en venant me confronter en me prenant par surprise, il ne me laisse aucun échappatoire.

Je n’ai fait que quelques pas en sa direction avant qu’il ne se lève et me rejoigne en fixant son regard mauvais sur le miens.  Je reste de marbre mais à l’intérieur,  je tremble comme une feuille et j’implore tous les saints de me venir en aide.

Son ton est dur et assassin quand il me dit m’avoir vu entrer chez Ricci et n’en ressortir que le lendemain matin. Je soutiens son regard alors que mon sang bat dans mes tempes.

- Personne ne vous a autorisé à m’épier, que je sache !

En croisant mes bras sur ma poitrine, je replace mes cartes dans ma tête et adopte une attitude confiante. Je dois le convaincre à n’importe quel prix.

- Bien sûr qu’il vit toujours, à quoi pensez-vous ?

Je laisse un rire s’échappé en roulant des yeux.

- Pensiez-vous qu’il aurait été judicieux de l’assassiner dès notre première rencontre alors que sa maison est pleine de monde ? Qu’aurais cru les gens ?  À ma première présence chez lui, on le retrouve mort !  Soyez intelligent pour une fois, Ward !

Je me décale d’un pas sur le côté malgré le petit espace entre lui et moi que pour pouvoir  au moins être un peu plus dans le corridor que dans la salle de bain.

- Je suis une Conti par alliance. Il suffit que quelqu’un sache qu’il craint Angelo pour qu’on fasse le lien.  Je ne suis pas stupide au point de faire tous les regards se tourner sur les Conti.

Il faut être stratégique.

Et même si j’avais encore l’intention de mener à terme mon engagement et tuer moi-même Daniele, je ne l’aurais pas fait ce soir là. J’aurais probablement même tout fait pour le séduire et coucher avec lui, exactement comme nous l’avons fait, uniquement pour gagner sa confiance et me permettre de l’approcher le plus souvent possible et sans aucune restriction.

- Qui manipule qui, puis-je vous poser la question ?

Je lève mes mains devant moi avant de les placer à plat sur le torse d’Edward puis je tiens serrer entre mes doigts, les pans de sa veste de cuire en me ramenant à lui assez pour que nos corps se touchent.

- Autant que je le hais !

Ward, un peu plus grand que moi, me force à me hisser sur la pointe des pieds juste ce qu’il faut pour que mes lèvres effleurent les siennes.

- Tout vient à point qui sait attendre, Edward.  Je vous ai promis quelque chose et vous l’aurez.

Dans l’espoir de gagner juste ce qu’il me faudra de temps, je l’embrasse nom sans penser à Daniele et souhaiter qu’il comprenne que ce baiser est nécessaire pour que je puisse survivre d’ici son retour d’Australie. Bien qu’il n’ait rien de passionné, je ne romps le baiser que lorsque j’ai besoin de reprendre un peu mon souffle puis je reviens sur mes talons et repoussant Ward sans y mettre vraiment de force, juste pour qu’il puisse de décaler et me laisser passer.

@ Billy Lighter

-Je n’ai pas besoin d’autorisation…

En deal, je ne faisais jamais confiance à personne. Et j’étais certain que j’avais bien fait de suivre Samantha parce qu’elle me manipulait. On avait conclu ce deal il y a plus d’un an. C’était long pour une vengeance même si je sais que c’est un plat qui se mange froid.

Froid… Pas congelé…

Et l’autre jour, en la voyant entrer et sortir de chez Ricci, j’ai bien compris que ce n’était pas tant de la haine qui l’animait mais de l’amour. Ce deal, c’était juste pour que rien n’arrive à Ricci.

Mais Samantha avait une toute autre version…

Elle ne pouvait pas le tuer parce que ça viendrait à faire une erreur fatale. Elle disait ça avec toute la force de son caractère bien trempé. Elle riait me traitant presque d’idiot. Il y avait des milliards de façon de le tuer l’autre jour sans se faire prendre. Overdose accidentelle, coma éthylique fatal… Ricci aurait pu tomber dans les escaliers que ça n’en aurait même pas été suspect étant donné sa réputation… Tout comme se noyer dans sa propre piscine. Mais il semblerait que Samantha aimait faire durer le plaisir ou avait vraiment peur de se faire prendre.

La peur, c’était le pire ennemi de la vengeance.

Ou alors, elle se joue encore de moi en inventant une histoire à dormir debout. Si c’était le cas, c’était finement joué parce qu’effectivement, il y avait toujours la possibilité qu’elle dise la vérité.

-Il y avait des centaines de façon de l’avoir à sa fête d’anniversaire pour que ça passe pour un accident. Il y avait beaucoup de monde à cette fête dont des dizaines de personnes qui détestent Ricci.

J’esquissai un sourire mauvais.

-C’était le meilleur moment pour l’avoir sans être pris…

Mais est-ce que je pouvais vraiment en vouloir à Samantha d’être une novice ? Non… Mais je pouvais lui apprendre à être meilleure.

A la question de savoir si elle me manipulait, Samantha répondit par une autre question. Sa confiance en elle avait toujours eu tendance à me faire frissonner de plaisir. Elle me tenait tête et ne partait pas la queue entre les jambes comme bien d’autres femmes. Même si, à mesure que mon deal avec elle datait, ça commençais à sérieusement m’agacer.

D’ailleurs, elle devait le voir dans le regard.

-A toi de me le dire…

Qu’elle dise la vérité au non ne changeait rien à mes plans… Plus d’un an que ce deal trainait et je n’avais presque rien eu. Pourtant, Ricci était en vie, c’était une preuve que je tenais ma part d’engagement.

A Samantha de me montrer qu’elle était prête à tenir la sienne.

Mais avant, j’avais une question… Je voulais savoir si elle aimait Ricci. Elle tira légèrement sur ma veste nos corps se touchant. Sa réponse ne me plut pas… Pas du tout… J’avais à la fois envie de la tuer et à la fois je l’aimais trop pour le faire.

Pourtant, elle aimait Ricci… Ce qui signifiait qu’elle ne m’aimera jamais.

Je devrais la donner en pâture à Angelo…

Nos lèvres se rapprochèrent. Je pouvais maintenant sentir le souffle de Samantha presque se mélanger au mien. Elle allait tenir sa promesse. C’est ce qu’elle disait. Et elle me le prouva en posant ses lèvres sur les miennes. Je fermai les yeux rendant son baiser jusqu’à-ce que le souffle nous manque.

Samantha était douée pour souffler le chaud et le froid me faisant passer d’envies meurtrières à des envies plus douces. Elle jouait avec mon cerveau aussi bien qu’A.J. griffait fort.

Elle m’avait légèrement poussée pour sortir de mon traquenard. Je m’étais retourné vers elle alors qu’elle faisait quelques pas dans le salon.

-Ça fait plus d’un an que j’attends, Sam… Un an de bon et loyaux service et je ne reçois qu’un baiser.

Autrement dit, j’en avais marre d’attendre et un seul baiser était bien trop peu.

-Surtout qu’à ce rythme-là, je risque encore d’attendre encore un an… Voir plus. Parce que je sais que tu ne le tueras jamais.

Je m’approchai à nouveau d’elle lentement mais passai à côté d’elle pour me servir un autre verre de whisky.

-Même si ce que tu m’as dit est vrai… Je sais que tu te dégonfleras une fois devant lui. Tu l’aimes trop pour aller jusqu’au bout.

Je bus un coup de whisky et la toisai du regard.

-Je sais ce que c’est d’être sur le point de tuer quelqu’un. Je l’ai fait des dizaines de fois. Toi… Tu n’en seras pas capable.

Parce qu’elle l’aimait autant qu’elle le haïssait… Que les deux ensembles feraient qu’elle n’y arrivera pas.

J’achevai mon verre le déposant à nouveau sur la table m’approchant à nouveau d’elle. J’étais au bout de la patience, ma voix et mon ton le lui prouvait même si je ne l’avais jamais haussé.

-Il n’y a pas d’issue, Sam…

Ce soir, il n’y en avait pas.

@ Billy Lighter

J’adopte une attitude des plus droites, le regardant dans les yeux sans ciller, hors de question de lui laisser croire que je le crains, bien que ce soit le cas. J’aurais pu mettre ma tête sur le billot qu’il savait pour Daniele et moi, pourtant, de l’extérieur, rien ne prouve qu’il se soit bel et bien passé quelque chose entre lui et moi.

- Et il y avait des centaines de façon de se faire prendre.  Beaucoup de monde, beaucoup de témoins.  

Je dois lui faire comprendre que ma stratégie était de me placer sur l’échiquier et non pas de mettre Ricci échec et math tout de suite. Mais Ward n’en démord pas.

- Vous n’étiez pas à l’intérieur, vous ne savez donc pas. Il y avait toujours quelqu’un avec Ricci, il se servait un verre lui-même d’une nouvelle bouteille chaque fois, je l’ai observé toute la soirée, toute la nuit, tout comme j’ai observé sa demeure et créé mes repaires.

Rester calme me prend toute ma concentration au point où je crains manquer d’argument face à cet homme qui me fait de plus en plus peur.  Quand il me demande si je le manipule, tout ce que je trouve de mieux à faire c’est de lui retourner la question. J’ai conscience que je joue avec les poignées de mon cercueil en l’attrapant par les pans de sa veste pour lui murmurer que j’aime Daniele autant que je le hais… haïssais.

Aucune importance, ce qui compte en ce moment c’est de tenir ma parole, celle que j’ai fait à Daniele, en laissant croire à Ward que je compte honorer ma partie du deal, ce que je fais en l’embrassant. Je m’accroche à ma nuit passé avec Daniele pour rendre le moment moins pénible.

Rien n’est agréable dans ce baiser, sauf peut-être quand il prend fin et que je réussis à me dégager de mon invité impromptu. À peine ai-je fais quelques pas qu’il  argue encore, prétextant qu’un an s’est écoulé et qu’il attend toujours. Un an et qu’il n’a obtenu de moi qu’un seul baiser.

- Essayez vous de me faire pleurer ? J’ai attendu 20 ans et j’attends toujours ! Et sauf pour sa mort que j’espère lente et horriblement souffrante, rien ne me ramènera mon mari et mon fils !

J’éclate de rire quand il ajoute qu’à ce rythme, il risque d’attendre encore un an.

- Qu’en sais-je de combien de temps il faudra attendre encore ?  Il n’est même plus au pays en ce moment, il ne reviendra pas avant plusieurs semaines.

Il se versa un verre et but une bonne lampée avant de poser sur moi un regard assassin.

- Alors chargez vous en vous-même mais ça rendra notre entente caduque. Et si vous le faites, je préfère vous prévenir que cela signera votre arrêt de mort puisque qu’Angelo n’a pas encore statué. Il a toujours l’enfant dans sa mire d’abord et avant tout autre chose !

Ward termina son verre et s’approcha de moi. Je hais ce regard qu’il me porte, comme si je lui appartenais, comme si j’étais un objet qu’il possédait fièrement.

- Ne faites pas un pas de plus, je vous préviens !

Je sais que je perds de mon assurance alors qu’il avance et que je recule.

- Si vous me touchez, je vous garantis que votre tête sera mise à prix par Angelo parce que jamais votre parole ne prendra sur la mienne à ses yeux et vous le savez autant que moi !

@ Billy Lighter

Le plan de Samantha chez Ricci n’était pas de le tuer mais de tâter le terrain, de prendre les informations qu’il y avait à prendre et de se rapprocher de lui. Un vrai travail d’espion qui servait le fait que Ricci n’était pas encore mort malgré qu’elle était au plus près de lui.

En gros, Samantha avait réponse à tout… A croire que sa version des faits était vraie. Sauf que d’autres choses dans son discours venaient dire le contraire comme le fait qu’elle aimait Ricci autant qu’elle le détestait. Ça, ça me pouvait une chose : elle ne le tuera jamais. Même si une partie d’elle le hait, quand elle sera face à lui et qu’il faudra appuyer sur la détente, elle ne le fera pas. Parce qu’elle l’aime, elle l’a dit elle-même d’une certaine façon.

J’étais déçu…

J’étais trahi…

J’étais intérieurement en colère de m’être fait manipuler aussi longtemps.

Pourtant, je l’aimais toujours comme une sensation que je ne pouvais me défaire. Mais ma patience avait des limites et c’est ce que je dis à Samantha. Elle déclara alors qu’elle, elle avait attendu 20 ans. Bref, en gros elle disait que mon attente n’était rien comparée à la sienne.

-Ça n’a pas l’air de trop te faire mal d’attendre…

La preuve elle n’avait encore rien fait envers Ricci à part « tâter le terrain ». Parce qu’elle ne comptait pas s’en débarrasser malgré ce qu’elle disait en utilisant des grandes phrases comme « sa mort que j’espère lente et horriblement souffrante ». Des phrases, des mots, aucun acte…

Elle ne savait pas combien de temps j’aurais encore à attendre mais elle précisa que Ricci n’était pas près de rentrer. Il était protégé en Australie tout comme son fils qui était la cible principal d’Angelo, ce que me rappela Samantha.

Je m’avançais vers elle. Je n’allais pas me charger de Ricci tant qu’Angelo ne me donnera pas le feu vert. Je n’étais pas stupide.

J’achevai mon verre avançant ensuite vers Samantha. Elle commençait à se décontenancer. Le courage et le cran dont elle avait fait preuve s’effritait alors que je montrai mon « impatience ». Elle ne voulait pas que j’avance. Elle disait que si je la touchais, ma tête sera mise à prix par Angelo.

Peut-être…

Peut-être pas…

Angelo n’avait pas l’air de porter Samantha dans son cœur mais je ne pouvais pas être sûr de ce qu’il ferait si jamais je prenais ce que je voulais de force ou que je me décalais…

Puis, de toute façon, je ne voulais pas faire ça comme ça. Je voulais que Samantha le veille d’une façon ou d’une autre… Peu importait le sentiment qui l’animera, finalement. Haine… Amour… Colère… Vengeance… Peu importait mais je voulais que ça vienne d’elle.

Je m’arrêtai de marcher vers elle. Je la regardais dans les yeux.

-Je ne vais pas te toucher…

Ma voix était toujours calme. La figure de Samantha montrait petit à petit sa peur.

-Je sais que la priorité d’Angelo est de tuer le gamin. Je sais qu’il mettra son plan à exécution quand Ricci sera à nouveau à L.A.

Je continuais de regarder Samantha laissant des silences de temps en temps.

-Je sais aussi qu’aucun des soldats d’Angelo ne voudra faire une mission pareille. Personne ne voudra descendre le fils de Ricci.

Parce que les soldats d’Angelo avaient, pour la plupart, des familles. Ils avaient leurs propres enfants et l’idée même d’en tuer un les répugnait comme ça répugnait la plupart des gens.

-Personne… Sauf moi. C’est moi qu’il enverra pour cette mission.

Et je savais déjà comment j’allais procéder…

Je m’avançai d’un pas.

-Mais je peux le manquer Samantha… Je peux rater le tire.

J’étais maintenant proche d’elle. Je ne la touchai toujours pas.

-Je peux le manquer pour toi, Samantha… Pour toi, je raterais le gosse et personne d’autres ne sera en mesure de le tuer. Si je le manque, il sera sauvé.

Ma voix restait toujours la même : calme et intense.

-Mais il faut que tu me montres que je ne fais pas tout ça pour rien.

J’étais prêt à tenir ma parole. J’étais prêt à manquer cette mission pour elle. Ce n’était pas les excuses qui me manqueraient pour justifier mon échec à Angelo. Ses autres soldats faisaient des échecs tous les jours… Ils n’en étaient pas moins toujours là.

La vie d’Anthony Ricci était entre ses mains.

@ Billy Lighter

Mes explications semblent faire un bout de chemin au travers des dédales obscurs du cerveau de Ward.  Il était temps parce que j’ignore combien de temps encore le miens aurait continué de m’alimenter en imagination avant de se court-circuiter. J’ai appris, au contact de la Casa Nuova qu’il fallait ne jamais se laisser démonter peu importe la situation. Rester vif d’esprit, alerte et utiliser le moindre petit détail pour se justifier.

Je crois m’en être plutôt bien tirée.

La patience n’est cependant pas le point fort d’Edward qui démontre des signes d’agacements à l’idée de devoir attendre encore un certain laps de temps ce à quoi je lui fais remarquer que j’attends depuis plus de 20 ans en ce qui me concerne.

- Avec le temps, le corps et l’esprit s’habituent à la douleur sans pour autant oublier. Je me suis forgée à cette attente, je n’avais guère le choix.

Qu’importe ce que je dirai, Ward ramène toujours tout à notre deal qu’il me croit incapable d’honorer.  J’ai beau lui expliquer que ça ne donne rien  dans l’immédiat puisque Daniele ne se trouve même plus à Los Angeles, il attend une réponse clair de ma part, le baiser échangé un peu plus tôt ne l’ayant pas pleinement satisfait.

Je m’en doutais, à dire vrai.

Il avance, je refuse de reculer.

Il se fait menaçant par son regard et sa mâchoire qui se contracte et je perds le contrôle et le menace de ce qui pourrait bien lui arriver s’il s’avisait de me toucher. Et même s’il dit qu’il n’en a pas l’intention je ne le crois pas le moins du monde. Les hommes ont tous cette manie grotesque et préhistorique que de se laisser guider par l’impulsion qui émane de leur pantalon.

Ward ne tuera pas Daniele non plus qu’il a l’intention de tuer l’enfant.  Je sais autant bien que lui que personne de la Casa Nuova n’acceptera d’accomplir une telle mission parce que personne n’est assez abject que pour vouloir assassiner de sang froid un bébé.

Personne sauf Ward.

Il vient de viser juste et je me sens de nouveau prisonnière de lui.  Je suis liée par notre deal et mon désir plus fort que n’importe quoi d’autre de protéger l’homme que j’aime et son fils. Je me sens acculée au pied du mur et ma seule chance de m’en sortir est de donner à Ward ce que je lui ai promis.

Daniele ne me pardonnera jamais ça.

Je le perdrai encore, mais, au moins, plus personne ne tentera d’attenter à sa vie ou a celle de son fils.

- Si je couche avec toi ce soir, tu promets qu’en échange, plus jamais personne ne voudra s’en prendre à Daniele ou à son fils ?

Je tremble alors que d’une main, je défais un a un les boutons de mon chemisier jusqu’à ce qu’il tombe sur le sol.  Je garderai les yeux fermés tout le long, je m’accrocherai à chaque moment de bonheur que j’ai vécu dans les bras de Daniele et je prierai  de toute mon âme pour qu’il sache que tout ce que j’ai fait, aura été pour le sauver lui.

Ensuite, je devrai tuer Angelo, moi-même.

Ou Edward Fleming.

Ou peut-être même les deux...

@ Billy Lighter

A chaque fois que je démontais une de ses excuses, à chaque fois elle trouvait un moyen de la remonter. Samantha avait de la répartie mais aimait aussi avoir le dernier mot à tout. Elle disait s’être forgé à cette attente parce qu’elle n’avait pas le choix.

Moi aussi je m’étais forgé à cette attente… Celle qu’elle ressente quelque chose pour moi. Peu importait quoi. Pas cette indifférence qu’elle arrivait si bien à me montrer… Ward le moins que rien, c’est ce que je voyais dans le regard de Samantha chaque fois que je la croisais.

Je savais maintenant qu’elle ne m’aimera jamais…

Alors elle pouvait très bien me haïr… Parce que la haine et l’amour étaient des sentiments jumeaux. Qui sait si de cette haine, elle n’allait pas passer la frontière qui la conduira au même sentiment que je ressentais pour elle.

Et si elle n’y arrivait jamais… Je me contenterais de la haine.

Elle recula, s’emballa, me menaça… Avant que je ne touche dans le mille en parlant du fils de Ricci. Je savais que Samantha cèdera parce qu’elle n’allait pas accepter d’être responsable de la mort d’un si petit gosse. Elle n’acceptera jamais d’avoir pu éviter sa mort et de ne pas avoir céder.

Du coup, toutes ses défenses tombèrent comme un château de carte. Et elle était prête à se donner elle pour sauver Ricci et son fils. Je penchai légèrement la tête sur le côté, la regardant.

-Oui…

J’étais prêt à ne pas tuer le gamin et à faire en sorte de Ricci ne meurt pas pour que Samantha m’en doive une… A vie… Parce qu’elle saura que si jamais elle me montre encore la moindre indifférence, je pourrais décider de la fin de Ricci, son gosse ou même les deux.

Elle enleva sa chemise se dévoilant à moi. Je m’approchai d’elle pour venir l’embrasser doucement avant d’appuyer un peu plus mon baiser. J’enlevai ma veste que je ne supportais plus à cause du temps caniculaire et je la lançai sur une chaise. Mes mains virent caresser son corps avant que je ne l’embrasse à nouveau avec plus de fougue. Je me retenais d’y aller plus fort…

Mais je savais que je n’arriverais pas à me retenir jusqu’au bout.

La preuve, je la plaquai déjà sur le mur dans le mouvement et à cause du baiser qui se faisait plus intense. De mes mains, je caressai ses flancs avant de venir enlever son pantalon. Je brisai alors le baiser pour lui laisser le temps de respirer partant à la découverte de sa poitrine ma main venant, sans quand je m’en rende compte, griffer son flanc.

Ma bouche remonta alors jusqu’à son oreille :

-Tu as une chambre ?

Je soufflai ça, attendant la réponse en posant un baiser dans son cou.

La chambre c’était symbolique… Et c’est juste pour le symbole que je voulais changer d’endroit.

@ Billy Lighter

Toutes mes tentatives échouent avec son seul argument autour du fils de Daniele. Ayant moi-même perdu mon enfant, je ne peux me résoudre à laisser mourir le petit au profit de ma fierté. Je n’ai plus le choix et abdique, m’assurant tout d’abord qu’il respectera notre entente. Je couche avec lui et personne ne fera jamais de mal ni à Daniele, ni à son fils.

Il suffit que d’une fois.

Une toute petite fois pour sauver la vie de deux personnes.

Acculée au pied du mur, je défais un a un les boutons de mon chemisier avec autant de conviction que si je marchais vers l’échafaud.  Chaque fois que je passe un bouton par sa boutonnière, je me répète que je le fais par amour, pour Daniele, jusqu’à ce que mon chemisier, puis mon soutien-gorge tombe sur le sol et que Ward ne réduise à néant la distance entre nous en venant m’embrasser.

Bien que ses lèvres pressent sur les miennes, je m’efforce autant que je peux à garder les miennes scellés et mes yeux clos. Il possédera mon corps et mon corps uniquement. Qu’il ne s’attende pas à une certaine réciprocité de ma part, je n’en serais pas capable de toute façon.

La peau se son visage est rugueuse et pique la mienne, ses lèvres sont légèrement gercées et égratignent les miennes au passage. Sa fureur me force à entrouvrir les lèvres qu’il investit de sa langue gourmande et baveuse. J’en ai presque la nausée, je suffoque.  Quand ses mains commencent à aller et venir sur mon corps, j’ai l’impression que mon sang descend d’un seul coup jusque dans mes pieds et que plus rien ne fonctionne dans ma tête.

Et mon cœur.

Il saigne.

Ward veut découvrir la totalité de mon corps, là, contre le mur de mon salon. Il me retire mon pantalon et glisse lentement sur mon corps, libérant mon visage. Je prends plusieurs grandes respirations, soufflant longtemps entre chacune d’elles en me répétant que je n’ai pas le choix, que c’était ma seule option.

Morte, je n’aurais pas pu rien faire pour aider Daniele.

Parce qu’Edward n’aurait eu aucun scrupule à me balancer à Angelot et ce dernier, bien que j’ai clamé haut et fort le contraire pour me donner de l’assurance, n’aurait pas hésité une seule seconde à me tuer lui-même, sous prétexte de trahison.

- Je ne veux pas faire ça dans ma chambre !

Hors de question de l’amener dans mon lit.  Je ne peux me résoudre à lui donner cette satisfaction là en plus de celle qu’il prend déjà allégrement, si j’en juge par la sensation désagréable de son sexe qui presse contre ma hanche. J’ouvre les yeux, l’implorant de mon regard bordé de larmes de changer d’idée.

- Le salon… Allons sur le divan, d’accord ?

Dois-je l’y amener ? M’y diriger pour qu’il me suive ? Comment dois-je agir maintenant que je ne suis plus qu’une simple et vulgaire monnaie d’échange ?

@ Billy Lighter

Samantha était figée alors que je commençai à découvrir son corps de mes caresses. Je m’attendais à ce qu’elle réponde avec de la haine. A ce qu’elle me fasse regretter d’une certaine manière de l’avoir mise au pied du mur.

Mais non…

Elle se laissait faire ne me rendant rien en échange. Elle n’était plus qu’une marionnette presque sans vie qui se laissait aller à remplir son deal en faisant le strict minimum.

J’étais tombé amoureux de la Samantha pleine de caractère. Celle qui me tenait tête me donnant l’impression de ne pas avoir peur de moi. Celle qui savait garder la tête froide même quand on était seuls dans la même pièce.

Mais aujourd’hui… C’était différent.

Je m’arrêtai un moment de parcourir son corps pour lui demander d’aller dans la chambre. Mais elle me refusa cette faveur. Je le regardais. Elle tremblait… Elle avait les larmes aux yeux. Elle avait peur…

Tout ce que je ne voulais pas voir.

Elle m’accorda le divan. C’est tout. Il était à quelques mètres de nous.

-Non…

Je ne voulais pas le divan.

Je la plaquai alors contre le mur. J’aurais voulu qu’elle m’accorde de l’amour ou de la haine encore plus que son corps. Mais elle ne me cédait que ça et sans aucune conviction.

Je l’embrassai à nouveau mais plus avec fureur qu’avec fougue. Ma main descendit le long de son corps pour finir à son entre-jambe. Je l’embrassai toujours mordant sa lèvre avant de porter ma bouche à son oreille.

-Ne me fait pas mourir d’ennui.

J’embrassai son cou alors que mes doigts s’immisçaient en elle. J’étais furieux de ne pas avoir ce que je voulais comme je le voulais. J’avais l’impression d’être avec une poupée de chiffon.

-Tu m’as habitué à plus de caractère.

Mes doigts faisaient des allées et venues alors que ma bouche venait de lui chuchoter ça à l’oreille. Je vins la mordre dans le cou laissant une marque. Je voulais la faire réagir, d’une manière ou d’un autre. Je voulais qu’elle réagisse ! Les allées et venues de mes doigts étaient plus rapides. Il fallait vraiment que je réveille son orgueil pour qu’elle réagisse ?

-Je te préviens… Je ne viendrais pas chercher les choses moi-même…

Du coup, ça risquait de durer longtemps pour elle.

@ Billy Lighter

Voilà où j’en suis.

Contrainte de m’offrir à cet homme pour qui je voue une haine profonde. Tout de lui me répugne et me rebute.  De son odeur au son de sa voix, par ses gestes qui n’ont rien d’attendrissant et cette violence dont il fait preuve en sachant très bien que jamais je ne saurai  lui donner ce qu’il veut.

Je le laisse m’embrasser sans participer à l’acte, préférant garder les yeux clos et  me repasser en boucle tous les moments de bonheurs que j’ai pu vivre dans les bras de Daniele, l’homme de ma vie. Je manque à la promesse que je lui ai faite. Je trahi notre serment amoureux en laissant Ward prendre possession de mon corps.

Quelque part, j’espère qu’il comprendra que je l’ai fait pour lui, pour son fils. Pour m’assurer qu’aucun mal ne leur sera fait.  Une preuve d’un amour infini, plus grand que nature.  C’est ce que je me répète, encore et encore.

Ward me demande de le conduire à ma chambre, ce que je lui refuse. Il est hors de question qu’il souille mes draps, qu’il y laisse son odeur que d’innombrables lessives ne suffiront pas à effacer.  Il n’est pas content et me le fait comprendre en me plaquant plus fort contre le mur, ce qui m’arrache un sanglot de terreur.

Je me crispe alors qu’il m’embrasse à nouveau, meurtrissant ma lèvre inférieure et mouillant mon menton tant il bave comme un gros St-Bernard.  Je deviens encore plus raide quand je sens sa main s’insinuer entre mes cuisses.

- Non… pas ça…

Ce sera ainsi chaque fois, qu’il le veuille ou non, jamais je ne serai capable de lui montrer quelconque  geste empreint d’un minimum de tendresse. Jamais je ne serai capable de m’arracher à ce point le cœur, bien que je connaisse l’enjeu, je ne peux pas me battre contre mon propre corps, contre ma propre tête.

Ses doigts viennent en moi avec plus de hargne, m’écorchant par moment de ses ongles mal taillés.  Je ressens les picotements de la douleur engourdir lentement, trop lentement ma féminité.

- Il faudra vous contenter de ça ! Je ne suis pas comme ces putain que vous aimez pour vous faire croire que je puisse aimer me faire toucher par un porc !

Son avertissement tombe à plat. Il ne viendra pas chercher lui-même ce qu’il juge être son dû alors que je me refuse de le lui offrir.

C’est une impasse.

- Vous n’aurez rien de moi que vous n ‘aurez forcé !

S’attendait-il franchement qu’il lui suffisait que de m’embrasser pour que je devienne toute chose et que je lui tombe dans les bras ? Je sais que la qualité première de cet homme n’est pas la patience et qu’il me prendra tôt ou tard, de force, parce que jamais il ne m’aura de mon plein gré.  

Jamais !

- Assez… laissez- moi, Ward !

Je n’en peux plus de ses baisers, de ses caresses sauvages qui m’écorchent de plus en plus violement. Je veux qu’il en finisse, qu’il aboutisse à quelque chose, qu’importe comment il s’y prendra. À bout de nerfs, rongée par la peur, je finis par réagir spontanément, le frappant d’un coup de tête en plein visage.  Son nez pisse le sang et la surprise, autant que la douleur le fait reculer légèrement.

@ Billy Lighter

Samantha sanglota quand son dos heurta le mur après qu’elle m’ait refusé la chambre. Elle me montrait clairement qu’elle ne voulait pas de ça… Preuve que cette histoire de deal aurait encore pu durer des années.

Elle ne voulait pas de moi… Et elle n’allait jamais partager les sentiments que j’avais pour elle. Elle me détestait mais, pour l’instant, elle me le montrait pas de la peur.

Je tentais tout de même de la faire réagir en jouant avec son intimité et en la provoquant avec des paroles. Mais je l’entendais juste me faire comprendre qu’elle ne voulait pas ça… Elle voulait remplir son deal mais sans rien faire… C’était moi qui devais tout aller chercher…

C’était de l’arnaque…

Et c’était surtout ce que je ne voulais pas. J’aimais Samantha. Mes sentiments n’étaient pas une blague. Et je ne voulais pas venir chercher les choses moi-même. Parce que ce n’était pas tant l’acte que je voulais d’elle… C’était tout ce qui en découlait.

Elle déclara plus fermement que je devais venir chercher les choses moi-même tout en m’insultant. Je savais que je n’aurais jamais ce que je voulais.

Et elle me demanda de la laisser…

J’allais me résigner, sortir la réplique parfaite et la planter là… Mais je n’en eus pas le temps. La tête de Samantha frappa violemment mon nez provoquant une douleur inattendue.

Je reculais, pris par surpris, ma main sur mon visage. Le sang coulait et il coulait fort.

-Putain !

Je fronçais les sourcils regardant Samantha avec un regard noir alors que mon nez saignait comme si je venais de faire un match de boxe. Il me fallut quelques secondes avant que la colère épidermique que je ressentais ne se dissipe.

Je fixai toujours Samantha… Elle venait de me montrer qu’elle en avait dans le ventre et ça m’arracha un sourire mauvais.

-Ouais… Ce caractère là… C’est celui-là dont tu m’as habitué…

Je pinçai fort mon nez pour faire arrêter le saignement. Ça faisait mal mais je ne laissais rien transparaitre devant Samantha.

Je me dirigeai vers ma veste et la récupérai. Je n’avais plus rien n’à faire ici. Samantha ne me donnera pas ce que je voulais comme je le voulais.

Je lâchai mon nez. Le sang coulait toujours un peu. J’en avais plein mon t-shirt.

-Tu n’as pas respecté ton deal… Si je voulais faire les choses de cette manière, je n’aurais pas fait un deal.

Je serais venu chercher les choses moi-même il y a bien longtemps… Sauf que je ne suis pas de cette espèce-là. J’en suis d’une autre et beaucoup diront que c’est déjà bien suffisant.

Je la fixais toujours enfilant ma veste.

-Mais je vais respecter ma partie du deal, moi…

Juste pour qu’elle m’en doive une… Qu’elle se sente mal d’une certaine façon.

-Je vais le faire parce que, moi, je ne t’ai jamais menti… Et aussi parce que je t’aime… Même si c’est loin d’être réciproque.

Je ne tuerais pas le gamin… Je ne tuerais pas Ricci…

-Mais si l’amour à sens unique devient invivable pour moi… Je peux très bien, moi aussi, revenir sur ma parole.

C’est comme ça que je lui disais d’une certaine manière : « je respecte le deal mais si jamais l’amour s’en va, tu ne me verras pas venir ».

Je tournais alors les talons pour sortir de la pièce.

@ Billy Lighter

Jamais je ne pourrai m’offrir sans résistance à Edward. Ce que je ressens maintenant pour lui va au-delà du mépris. C’est un mélange de profond dégoût et d’une peur inqualifiable. Jusque où ira-t-il pour  obtenir de moi cette partie du deal dont je me suis rendu redevable ?  Qu’il me prenne, qu’il me viole, ou même me tue. Parce qu’autrement, jamais je ne saurai  me laisser aller en ses bras.

Pour moi, le sexe ne se fait pas sans amour.

Ce n’est pas pour rien que j’ai attendu si longtemps avant de le faire avec Daniele. Et ce n’est pas non plus pour le plaisir que Mario a attendu des années avant que je ne consente à lui ouvrir mon cœur, du moins, la partie qui restait encore vivant et qui n’appartenait pas à Daniele.

Et les gestes qu’il porte sur mon corps n’aident en rien à me faire me détendre, au contraire, je me raidis, me braque et  lui refuse tous gestes à son égard qui puisse lui donner un quelconque espoir.

Quelque part au fond de moi, une voix me cri de foncer, de lui faire mal, de ne pas le laisser prendre l’avantage. J’ai toujours été forte, je peux l’être encore, je peux me libérer de ça. Et sans y penser, brusquement, je rabats ma tête pour le frapper au visage.  Le sang gicle et Edward, surprit, recule et j’en profite pour me distancer de lui, effrayée, ne sachant pas si ce coup lui fera perdre la tête ou l’excitera d’avantage.

Edward se pince le nez en se tournant vers moi. Son regard est mauvais, il me glace les sens.  Dans ma tête, j’anticipe déjà le pire, c’est ce que je crains quand il va chercher sa veste. Il va sortir un flingue et me tuer. Je ne crains pas la mort. Je crains seulement d’avoir échouée ma mission de protéger Daniele et son fils.

- C’est ce que vous vouliez ! Vous me l’avez demandé !

Et maintenant ?

Il clame que je n’ai pas respecté mon deal, mais que contrairement à moi, lui, il le ferait. Je ne sais pas si je dois me sentir soulagée, ou si je dois craindre ce qu’il ne dit pas. Parce que ce genre d’homme, même en parole,  a ses petits sous entendu qu’on ne capte que toujours trop tard.

- J’ai respecté le deal ! Je vous ai dit que je me donnerais à vous c’est ce que j’ai fait ! Il n’y a jamais été question d’amour !

C’était mon corps contre la sécurité de Daniele et son fils. Jamais il n’a été question de mon cœur, ni même de ma tête. Que de mon corps et lui, le prenant comme bon lui semblait.

Edward se dirige lentement vers la porte de mon appartement et moi, comme dépossédée de toute force, je me laisse glisser contre le mur, ramenant mes genoux contre ma poitrine, grelotant sous l’effet du stress et de la peur qui me manipule.

Ce que me dit Edward ensuite n’a rien de rassurant. C’est pire encore qu’une menace. Il passera à l’acte quand il sentira que ce qu’il ressent pour moi le quitte et, vu comment je le repousse, ça ne saurait tarder. Combien de temps encore ai-je pour protéger Daniele ?

Je suis resté des heures, voir même une partie de la nuit, contre le mur de mon salon, ne sachant plus bouger, ni réfléchir. La tête vide et la peur au ventre.  Je n’osais pas bouger tant j’ai crains revoir ressurgir Ward de la pénombre, comme s’il aurait attendu, là, debout dans le coin de la porte, que je bouge pour me sauter à nouveau dessus.

Quand je fini par me relever,  je décrochais mon téléphone et appuyais plusieurs fois sur la clenche, cherchant la tonalité. Rien. Ma ligne est morte.

Roulée en boule sur mon fauteuil, j’ai attendu le levé du jour avant de filer dans ma chambre, de prendre ce que je pouvais et le mettre dans une valise. Je m’habillais en vitesse et avant de partir, remplis les bols de Monsieur à ras bord de nourriture et d’eau.

Avec ma valise, je sautais dans le premier taxi, puis changeais  au bout d’un moment, et ainsi de suite, plusieurs fois jusqu’à ce que je doute qu’on est pu suivre ma trace et demandais qu’on m’amène à l’aéroport. Sur place, je m’achetais un billet d’avion puis passais un coup de fils à MTI prétextant être malade et devoir m’absenter quelques jours, une semaine tout au plus…

@ Billy Lighter