Howard était en Asie.

Tout ce que j’avais réussi à tuer, c’était sa Mustang… Howard était en Asie… et mon humeur s’en ressentait, au grand dam d’Henri, mon agent, qui essayait désespérément de me trouver de quoi m’occuper, un tournage, n’importe quoi. Il voulait renouer le contact avec The Lightening… Voir Peyton pour son clip…

Il m’avait parlé de tout ça, mais je n’avais pas vraiment écouté. Mon esprit était en train de détruire Howard Stone encore et encore. Je voulais des places pour le prochain concert de The Burning Fire. Je voulais terminer ce que j’avais commencé. Je voulais concrétiser les images que j’avais dans la tête…

Je voulais calmer ma frustration.

Il n’était plus question de la relation du batteur avec Peyton. Non. Cela n’avait plus rien à voir. Howard était passé entre les mailles du filet. Je ne l’avais pas eu. C’était une question d’échec. D’intolérance à l’échec.

Il fallait que j’achève ce que j’avais commencé.

Je ne pensais même plus à Peyton. C’était Howard qui encombrait toutes mes pensées au point que mon agent parla longtemps dans le vide. Sans même s’en rendre compte. Quand il sortit de chez moi… il faisait noir. Et il fallait que j’aille faire un tour.

Je marchai longtemps. J’avais l’impression que j’aurais pu marcher comme ça jusqu’à Tokyo, mais c’est à Beverly Hills que je me retrouvai.

Devant la villa de mon cousin dans laquelle j’étais persona non grata.

Je m’approchai de l’habitation… Il devait être passé minuit, je pense… je n’avais pas mis ma montre, mais nous étions en pleine nuit. Rôdant autour, je passai près d’une fenêtre et entendit les hurlements d’un bébé.

Un sourire se dessina sur mon visage, mon visage trop blanc et mes yeux trop bleus luisant dans l’obscurité comme s’ils absorbaient toute la lumière artificielle alentour.

Je fis le tour encore jusqu’à trouver la porte la plus faible de la maison que je forçai grâce à mon couteau à cran d’arrêt, en faisant levier… Il me fallut chipoter un peu, mais elle céda assez vite. Je rangeai ma lame et entrai silencieusement dans la villa, suivant à l’ouïe les hurlements du bébé. Je montai à l’étage à pas de loup et poussai une porte laissée entrouverte… Une porte où figurait un nom peint en bleu à même le bois vernis…

James.

A l’intérieur, un seul petit lit cage duquel je m’approchai… Je me penchai au-dessus pour y découvrir un bébé qui s’arrêta de hurler pour me regarder avec ses yeux bleus grands ouverts… Avec exactement le même regard que je lui servais.

Je tendis mes deux mains pour le prendre hors de son petit lit. Mon regard ne quittait pas le sien et vice-versa alors que je le soulevai à hauteur de mon visage, mes deux mains sous ses aisselles.

Le silence avait repris ses droits dans la petite chambre décorée sobrement… j’emportai l’enfant avec moi pour m’assoir dans un fauteuil installé là, maintenant le petit James assis sur mes genoux.

Je murmurai sur un ton tout doux…

-Tout va bien se passer… tu ne dois pas avoir peur… Tout va bien se passer…

Je caressai sa petite joue du bout de mon index. Lui et moi respirions sur le même rythme, les yeux dans les yeux.

-Maman t’aime, River… Maman n’a pas peur de toi…

Je lui souris, rassurant… L’enfant tendit la main pour jouer avec le crucifix inversé qui pendait à mon cou. Je penchai la tête pour regarder.

-Tu aimes ça ?... Tu aimes ce qui brille ?...

Je parlais toujours tout bas, doucement, rassurant… Puis plongeai ma main dans la poche de mon jeans pour en sortir mon couteau à cran d’arrêt que je laissai fermé et bloquai la lame par sécurité avant de donner l’arme au bébé aux yeux bleus qui le pris dans ses deux mains alors que je le maintenais toujours, assis sur mes genoux.

-Tout va bien se passer… Maman t’aime, River… Tu es en sécurité… Il n’y a pas de raison de pleurer…

Et le bébé sourit…

@ Billy Lighter

James pleurait encore… Ça arrivait au moins une fois par nuit depuis sa naissance. Je soupirai dans mon lit maintenant complètement réveillé alors que Sonne dormait encore. Je comptais la laisser dormir et essayer d’aller calmer James en espérant qu’il s’endorme pour tout le reste de la nuit, cette fois.

On avait déjà été voir le pédiatre de James mais il disait que le petit était encore bien trop jeune pour tirer des conclusions sur un quelconque retard ou problème de comportement. Il essayait de nous rassurer en disant qu’on ne devait pas interpréter ses gestes. Il nous a donné rendez-vous dans un mois pour voir l’évolution du petit.

On était, donc, encore dans le flou concernant James. Mais, au moins, on affrontait ça à deux vu que Sonne était restée avec nous au lieu de reprendre la tournée avec Ricci. La vie était plus facile à deux surtout que j’avais pris un peu plus de congé aussi pour aider Sonne. Ça, plus le personnel, on s’en sortait un peu mieux.

Alors que j’enfilai mon pantalon de pyjama, les pleurs s’arrêtèrent. Je fronçais les sourcils. D’habitude, James ne s’arrêtait jamais de pleurer avant qu’on ne vienne le bercer ou lui donner à manger.

Je me déplaçai jusqu’à la chambre de James qui était en face de la nôtre. On l’avait mis au plus près pour ne pas avoir à aller trop loin chaque fois qu’il pleurait. Les deux filles dormaient dans la même chambre tellement elles étaient complices et Alan aussi sa propre chambre, loin de celle de son petit frère.

J’y entrai sans hésiter découvrant le plus horrible des spectacles. River était là… Il tenait James dans ses bras… Il lui murmurait des paroles qui, dans mes oreilles étaient sinistres. James tenait dans sa main ce que je reconnus comme un couteau fermé. Mes yeux étaient écarquillés. J’en avais le souffle coupé de voir mon cousin tenir mon fils de cette manière. Leurs regards se répondaient. James et River semblaient étrangement apaisé. Mais ce n’était pas sans me rappelé la fois où River avait tenté d’assassiné Alan.

J’étais bouche bée et effrayé. River marmonnais que maman aimait James… Qu’il n’y avait pas de raison de pleurer. Il le rassurait d’une certaine façon mais ça en était vraiment trop effrayant.

-River…

C’est ce que je réussi à sortir comme phrase n’osant pas approcher. J’avais peur que le moindre de mes gestes de soit fatal pour James que River tenait entre ses mains.

Je n’haussais pas le ton de peur de réveiller Sonne. Il ne fallait pas qu’elle voit ça. Mon cousin était complètement cinglé. Le simple fait qu’il se soit introduit chez nous cette nuit était une preuve supplémentaire de sa folie.

-River… Rends-moi mon fils. Rends-le-moi, je t’en supplie.

Ma voix tremblait parce que je n’étais pas rassuré. Je m’approchai doucement, un pas après l’autre.

-Rends-le-moi, il doit dormir. Il est fatigué…

Je voulais appeler la police… Je voulais appeler n’importe qui capable de prendre en charge ce taré… Mais, avant, je devais récupérer James et le mettre en sécurité. Même si l’enfant ne semblait jamais avoir été aussi calme que maintenant hormis quand il était entre les bras de sa mère.

-S’il te plait, River…

Je m’approchai encore d’un pas.

@ Billy Lighter

♫

La poignée de mon couteau brillait de toute la lumière qu’il pouvait capter… De même que l’argent de mon crucifix que je portais au cou… Et puis nos yeux brillaient aussi. Ceux de l’enfant… Et les miens…

J’étais calme, comme en transe… J’aurais pu me mettre à somnoler mais une part de moi restait vigilante… Pas assez cependant pour entendre des pas se rapprocher dans le couloir.

River…

Je relevai mes yeux mi-clos vers un homme mince qui se tenait dans l’encadrement de la porte… L’obscurité m’empêchait de voir clairement les traits de son visage. Je n’étais plus très sûr de savoir réellement où j’étais.

Je devais rassurer River…

Si… j’étais dans la villa d’Axel… mon cousin Axel… Et j’avais trouvé un petit River qui pleurait tout seul dans son lit. Et personne pour se pencher sur lui et lui demander ce qui n’allait pas. Parce qu’on en voulait pas… Personne n’en voulait…

-Shhh…

Je caressai la joue du petit de l’index, suivant son regard qui soit répondait au mien, soit regardait avec fascination tout ce qui brillait. Mais je ne bougeais pas. Je restais assis là et ne faisais aucun geste brusque, comme si la présence d’Axel n’avait pas vraiment d’importance.

Parce qu’elle n’en avait pas.

Il me supplia de lui rendre son fils. Disant qu’il devait dormir…

-On a pas besoin de dormir, pas vrai ?... On est pas fatigué.

Je regardais toujours l’enfant, mais ce fut ben à Axel que je m’adressai d’une voix basse, comme un incendie couvant bien caché sous des braises que l’on peut croire éteintes.

-Non… Non… Tu n’en veux pas… Il était ici… Tout seul… hurlant… Moi, j’étais là… Moi je l’ai pris… Sa mère l’a abandonné.

Mon regard bleu clair se tourna à nouveau sur Axel.

-Elle est partie à l’autre bout du monde… Parce qu’elle en avait peur.

Je me penchai pour embrasser le front de l’enfant qui posa sa main sur ma joue.

-On l’a vue près de Ricci, pas vrai… on l’a vue dans les magazines…

Je souris au bébé qui me répondit.

Axel approcha encore d’un pas.

-Avance encore… Et je reporterai ma frustration de Stone à toi.

@ Billy Lighter

Le regard que River posa sur moi était bizarre. Les yeux mi-clos, il semblait comme en transe ou apaisé ou même drogué. Il tenait dans ses bras mon fils qui tenait, lui-même, un couteau dans ses petites mains. C’était une horrible scène que j’étais content que Sonne ne soit pas témoin.

J’étais effrayé mais je devais récupérer James et ça sans énerver River de peur qu’il ne fasse du mal à mon enfant. Mon cœur battait vite mais je ne devais pas flancher. Je m’approchai doucement de mon cousin tout en lui parlant disant qu’il devait me rendre James. Il faisait « shhh » sans que je sache si c’était à moi qu’il s’adressait ou à l’enfant qui était calme.

Il touchait mon fils du bout de ses doigts pour caresser sa joue. Le moment était extrêmement tendu et stressant. Autant que la fois où Alan avait failli mourir en tombant par la fenêtre.

Je cherchais un moyen de le récupérer mais River déclara que le petit n’avait pas besoin de dormir. Que lui et James n’avaient pas besoin de dormir. Je déglutis.

-Si, il a besoin de se reposer…

Mais River n’y croyait pas. Il disait que je n’en voulais pas. Sa voix était basse et me troublait. Mes lèvres se pincèrent quand il déclara que sa mère l’avait abandonné. Non, Sonne n’avait pas abandonné James. Mais River avait vu Sonne dans les journaux. Il savait qu’elle avait accompagné Ricci. Certaine photo la montrait aux côtés de l’Italien en Europe. Je frissonnai quand il posa ses lèvres sur le front de James. J’avais peur de chaque geste qu’il faisait à l’égard de mon fils même si River semblait comme vouloir le... Protéger… Mais ce fut pire quand ils se sourirent l’un et l’autre. Comme deux « jumeaux » maléfiques. Comme dans ce rêve que j’avais fait.

-Sonne est ici. Elle ne l’a pas abandonné, River… Elle l’aime. On s’occupe tous les deux de nos enfants. J’allais arriver pour le prendre…

J’avançai encore d’un pas mais ce que dit River me glaça le sang sans que je sache pourquoi. Qu’est-ce que Stone venait faire dans l’histoire ? Mais même si je n’avais pas la réponse, je m’arrêtai quand même net d’avancer. Comme si mon instinct me disait de ne surtout pas faire un pas de plus.

-Stone ? Howard Stone ? Qu’est-ce qu’il t’as fait ?

Je n’avançai plus. J’étais comme figé. En même temps, ce que venais de dire River sonnait comme une menace. Et je n’étais pas sûr de savoir et de vouloir savoir se dont mon cousin était capable de faire. Il était capable de menacer un enfant en le plaçant au bord du vide. Que serait-il capable de faire à un adulte qu’il soit de sa famille ou non ?

-Je ne veux rien te faire River… Juste prendre mon fils dans mes bras… C’est tout.

Je tendis les bras mais sans avancer. Je crois que ce qui me faisait le plus frissonner c’était de voir que James ne bronchait pas et souriant bien plus souvent maintenant qu’il ne le faisait, habituellement, sur une semaine entière.

@ Billy Lighter

Non… On n’avait pas besoin de se reposer. On voulait rester là. On était bien là. On avait besoin de personne. On pouvait se débrouiller seul. Tout allait bien se passer. Et tout ce qui se mettrait en travers du chemin qu’on devait prendre se verrait éliminé. Comme Howard Stone…

Howard Stone sera éliminé. Dans tous les cas.

On essayait de se rassurer… On essayait de se persuader que Maman était là et aimante. Mais non. Maman n’était jamais là. Maman avait peur quand elle n’était pas carrément dans un autre monde. On avait vu les photos. On avait vu son regard vide. On avait vu la peur dans ses yeux. On sentait l’appréhension à son approche.

Une appréhension qu’Axel arborait lui aussi en ce moment même. Il approchait. Mais avait, dans le fond, envie de fuir à toute jambe.

On était un monstre à ses yeux.

Axel affirmait qu’il allait arriver pour apaiser l’enfant. Le bébé qui souriait maintenant même si ses joues étaient encore toutes mouillées de larmes de rage. Fasciné par tout ce qui brillait.

-C’est trop tard.

Axel avait essayé d’approcher encore. Il fallait qu’il s’arrête. On ne voulait pas de lui plus près. Et s’il fallait, Axel deviendrait l’équivalent d’Howard Stone. On tenait d’une main le manche du couteau toujours fermé. On ne voulait pas se couper…

Je regardai Axel, tiquant un peu.

-Il a touché à mes affaires.

Axel n’avançait plus. Il voulait l’enfant. Je souris. Le bébé sourit. Je posai ma main sur sa petite tête, caressant ses cheveux sombres. Puis le repris entre mes mains pour le soulever. Je posai mon front contre le sien une seconde fermant les yeux…

Puis le tendis vers Axel.

Et le bébé se remit à hurler à la face de son père, lâchant le couteau à terre. La sécurité sauta et la lame jaillit de l’arme… Alors, je repris l’enfant contre moi, contre mon épaule. Et ses pleurs de calmèrent instantanément, son petit bras autour de mon cou.

Je frottai doucement son dos…

-Shhhhh…

Je fusillai Axel du regard.

-On veut être seul.

@ Billy Lighter

Chaque mot de River me faisait frissonner d’effroi. Sa voix, pourtant calme, avait quelque chose d’inquiétant et de sinistre dans le ton. Et, plus que tout, le fait qu’il ait James dans ses bras ne me rassurait en rien même si l’enfant, lui, semblait à la fois heureux et fasciné par la situation. Il n’en était que plus effrayant lui aussi.

Le médecin nous avait dit de ne pas nous inquiéter… Mais il verrait James en ce moment, je crois qu’il trouverait ça aussi inquiétait que moi.

J’expliquai à River, le plus calmement possible, que si James pleurait, j’allais venir le consoler. Mais il déclara que c’était trop tard. Mes lèvres se pincèrent. Pas à cause des paroles de River que je ne prenais absolument pas comme crédible (il n’était personne pour juger Sonne et moi-même sur la manière dont on s’occupait de nos enfants)… Mais à cause de la façon dont elles étaient dites. On se croirait au cœur d’un thriller psychologique mais ce qui rendait la chose plus effrayante, c’était que c’était la réalité. River était là en plein délire à tenir en otage mon fils qui me semble étonnamment apaisé dans le bras de mon cousin.

Et quand il me parla de Stone, je m’arrêtai net. Parce que ses paroles résonnaient comme une menace. River était dangereux. Je le savais. Je l’avais vu quand il s’était attaqué à un enfant innocent comme Alan. Et je ne doutais pas qu’il soit capable d’encore pire avec une adulte comme moi ou même Stone qui avait « touché à ses affaires ». Il n’entra pas dans les détails.

-Tes affaires ?

Je disais ça d’une petite voix très peu assurée. Stone avait vraisemblablement piqué quelque chose à River… Mais ce qui était important, pour le moment, c’était James. Je devais récupérer James. C’était la priorité absolue.

Je réitérai ma demande… Et River posa sa main sur la tête de mon fils faisant battre mon cœur plus vite. Il pourrait si facilement la broyer… Je me mordis la lèvre d’inquiétude essayant de chasser l’image de ma tête. Il posa son front contre celui de James qui ne broncha pas.

Il me le tendit alors et je sentis comme un soulagement. Je tendis les bras à mon tour avant que le petit ne pleure. Non, il ne pleurait pas. Il hurlait. Ça m’effraya et je pris un air surpris. James lâcha le couteau qui s’ouvrit sur le sol alors que River ramena James contre lui pour le calmer.

Et il se calma instantanément me choquant au passage. River me fusilla alors du regard me faisant reculer d’un pas. Ils voulaient être seuls. River parlait pour mon enfant.

Je jetai un œil vers le couteau. Mais les paroles de River de tout à l’heure concernant Stone m’empêchèrent de le prendre et le mettre dans ma poche. Puis, j’avais toujours pour James.

-Je ne peux pas te laisser seul avec lui. C’est mon fils, River. Je veux que tu me le rendes. Je veux le ramener à sa mère. Sa mère saura s’occuper de lui et le calmer. Toi et moi, on a beaucoup de chose à se dire…

Ecarter James de River… C’est ça qu’il fallait que je fasse.

-Donne-le-moi… S’il te plait…

J’étais de moins en moins rassurer… Je savais de moins en moins quoi faire. J’avais peur que tout ne dégénère comme le jour de l’émeute à Saint-Louis. Ce jour où j’avais vu, pour la première fois, de quoi River était capable.

@ Billy Lighter

‘’ Cours, Sonne !  Tu peux le faire… il t’appel, ne l’entends-tu pas ?  Ton fils ! Il a besoin de toi, sa mère, et non pas de son père ! Ne le comprends-tu pas ? C’est de toi dont il a besoin… Cours Sonne ! Trouve ton fils ! ‘’

Je cours, au travers de ma villa. Je ne fais que ça, ouvrant toutes les portes, des centaines de portes. J’entends River qui pleure et qui m’appel ! Il me demande maman ! Mon dieu ! Je n’ai même pas remarqué qu’il pouvait déjà parler ! Est-ce que ses sœurs parlent ?  Pourquoi Axel ne m’a rien dit !

J’ai mal aux pieds. Ils saignent, à force de courir et de marcher sur le verre cassé ! Mais pourquoi  y a-t-il du verre cassé sur le sol ? Et pourquoi la chambre de James est-elle introuvable ? Je grimpe  des dizaines d’escaliers. J’en descends une dizaine aussi. Et j’ouvre pleins de porte, encore et toujours des portes !

Il y a même une porte qui donne sur une autre qui ouvre sur une nouvelle porte qui elle aussi donne sur une autre porte… je frappe dessus, je donne des coups de poings, des coups de pieds, d’épaule. Je gratte dessus à m’en casser les ongles.

JAAAAAAMES !!!!

Il pleure, je l’entends comme s’il était à côté de moi mais pourtant, je suis seule dans le corridor de ma villa, tout juste devant ma chambre et Axel y dort, paisiblement. Il est avec un homme. Et moi, je cours à nouveau jusqu’à trébucher et passer par la fenêtre tout au bout du corridor. Ma chute est interminable. Je hurle mais pas de peur, de rage plutôt.  

Je veux voir mon fils ! Où est mon fils ?

Et quand ma chute prends fin, c’est pour passer au travers d’une nouvelle porte… et de me retrouver à nouveau dans le corridor, James pleurant et m’appelant.  [/i]

Je suis en sueur quand je me réveil en sursaut. J’inspire profondément en me passant les mains sur le visage. J’ai la tête qui tourne et mes mains me font étrangement mal. Comme si j’avais frappé, gratter, pendant mon sommeil.

- Axel, j’ai fait un cauchemar !

Axel n’est pas dans notre lit. Confuse, je scrute la chambre dans la noirceur puis, en regardant l’heure sur le cadran, je me dis qu’il s’est probablement levé pour l’un de nos quatre bébés et qu’il va faire le tour de toute notre marmaille avant de revenir me rejoindre dans notre lit.

J’ai besoin de lui raconter mon rêve, parce qu’Axel est toujours capable de mieux réfléchir et de m’aider à trouver des sens dans ce qui me sens être insensé.

Mais Axel ne revient pas.

Et je l’attends toujours dans notre lit beaucoup trop grand quand il n’y est pas.  Je bondis presque du lit en me disant que peut-être l’un d’eux est malade. Nelly était plus maussade que d’habitude.  Au téléphone, ma belle-mère targuait qu’il ne devait que s’agir des dents. La poussée dentaire est douloureuse pour les bébés mais je la trouve beaucoup trop jeune pour que ça puisse déjà l’incommoder.

J’enfile mon peignoir puisque je préfère quand même aller voir ce qui se passe. Et peut-être qu’Axel a besoin que je prenne le relai. À peine ai-je franchi la limite de notre chambre que j’entends des murmures provenant de la chambre de James. Sans même y être, déjà, de vifs frissons me vrillent le dos.

J’approche sur la pointe des pieds et me tiens tout juste sur le bord de la porte pour y regarder à l’intérieur.  Ce que j’y vois me glace le sang. Axel se tient en plein centre alors que son infâme cousin tient notre fils contre lui. River semble consoler James, limite, comme s’il le protégeait d’Axel.  J’hésite entre entrer dans la chambre et lui arracher mon fils des bras où d’appeler la police. J’ai peur qu’en faisant cela, le psychopathe  s’énerve et fasse du mal à James.

C’est surréaliste ! Ce cauchemar va-t-il finir un jour ?  Allons-nous vivre constamment avec la menace de River au dessus de nos têtes ? Si Axel m’avait laissé appeler la police, la première fois, nous n’en serions pas là aujourd’hui. James serait en sécurité dans son berceau.  Je tremble de la tête aux pieds, incapable de réfléchir correctement, ou assez rapidement. Pourtant je dois faire quelque chose,  je ne peux pas rester spectatrice et risquer de voir mon fils mourir.

J’entre, finalement, et m’approche l’entement mais en gardant une distance d’Axel. C’est James que je veux et j’ai compris que River ne le lui donnera pas. Ma chance, si j’en ai une, c’est que le petit a toujours été  plus calme avec moi qu’avec son père et que si je montre à River que James est bien avec moi, il me laissera peut-être l’approcher.

Ma voix tremble mais je tente quand même quelque chose.

- River… je me demandais quand tu viendrais. James avait hâte de te rencontrer.

@ Billy Lighter

Je hochai la tête… Ouais… Howard Stone avait touché à mes affaires. Il m’avait pris mon jouet et me l’avait cassé ! Maintenant, il fallait que je le répare ou que j’en change ! Comme ce foutu lapin qui avait cessé de fonctionné quand j’étais petit. Est-ce que je lui avais demandé d’arrêter de fonctionner ?!

Axel attira à nouveau mon attention en disant qu’il ne pouvait pas me laisser seul avec le bébé. Qu’il fallait le ramener à sa mère et qu’on avait beaucoup à se dire.

Je secouai la tête en ricanant.

-Je ne veux pas parler.

J’arrêtai de rire et tournai mon regard bleu brillant vers Axel.

-Il n’y a rien à dire.

Mais Axel insistait.

Donne-le-moi.

C’est MON fils.

Je VEUX que tu me le rendes…

Ma voix très basse se fit menaçante.

-Qu’est-ce qu’il y a dans « non » que tu ne comprends pas ?

Je berçais doucement le bébé contre mon épaule, son petit bras toujours passé autour de mon cou. Je penchai la tête pour cacher le bas de mon visage contre l’enfant. Mon cœur battait vite et fort… Je ne savais pas si j’adorais ça ou si je détestais ça.

Du coin de l’œil, je surveillais Axel. Qu’il se penche vers le couteau… Et je le tuerais en premier, en légitime défense. Alors je prendrai sa place, je prendrai Sonne… Et le bébé sera mon bébé. Il n’y aura que le prénom à changer. Axel pour River… Je devrai légitime… Un vrai Moriarty.

Je devrais le faire… Mainte…

River…

La voix de mon cousin avait laissé place à celle, féminine, de Sonne. Je relevai les yeux, James releva la tête et chercha du regard dans la direction de la voix de sa mère. Je regardai le bébé et comme d’un commun accord, laissai approcher Sonne, en oubliant complètement la présence d’Axel.

Je sentais la peur dans sa voix qui tremblait… Mais ce qu’elle disait focalisa mon attention sur autre chose. Je regardai l’enfant, puis la jeune femme.

-Personne ne m’a prévenu… Personne ne m’a dit qu’il était né.

James posa sa main sur ma joue et je lui souris, faisant des « shhh » rassurants.

-C’est comme si je n’existais pas…

@ Billy Lighter

River m’effrayait de plus en plus. Mais James, avec son attitude, n’arrangeait pas les choses. Mais j’essayai de le récupérer. Je ne serais rassurer qu’à partir du moment où il sera dans mes bras. Mais chacune de mes tentatives étaient un échec.

Mais je ne baissai pas les bras. Je dis à River qu’il valait mieux rendre James à sa mère et parler tous les deux mais il ne voulait pas parler. Ses ricanements me faisaient froid dans le dos. Mes lèvres se pincèrent devant ce nouvel échec. A mon avis, il n’y avait pas rien n’à dire. River était visiblement déséquilibré !

Mais je me retins de faire une remarque. Je n’osais même plus avancer mais j’insistai quand même pour récupérer l’enfant. La voix de River se fit alors très menaçante et je déglutis quand il demanda ce que je ne comprenais pas dans le mot « non ». Il ne comptait pas lâcher James… Et je commençai à sérieusement désespérer.

Et James qui semblait si bien… Ce spectacle était effroyable.

Et je sursautai légèrement quand j’entendis des pas derrière moi. Je me retournai doucement pour voir que Sonne était entrée dans la pièce. Je vis de la peur dans son regard. Une peur similaire à la mienne. Et je crus qu’elle allait crier ou s’emballer mais elle ne fit rien de ça.

Elle approcha doucement gardant ses distances de moi. Je ne dis plus rien. Chacune de mes tentatives a échouée… Et, d’une voix tremblante, Sonne appela River et lui parla comme s’il s’agissait d’un membre de la famille attendu depuis longtemps. Je fus bouche bée… Bouche bée parce que Sonne essaya une tactique à laquelle je n’avais pas pensé.

Et ça fonctionna.

River laissa approcher Sonne alors que, moi, je n’avais pas bougé étant, maintenant en retrait par rapport à la scène. River disait que personne ne l’avait prévenu… Comme s’il n’existait pas… River avait des problèmes. C’était sûr… Mais ce n’était pas à nous d’en subir les conséquences.

Sonne gérait… James était apaisé mais la présence de sa mère semblait le rassurer encore plus. C’était l’avantage. James était très poche de sa mère.

Alors, j’en profitai. Le regard de River était sur Sonne et l’enfant… Ma présence ne risquait que d’envenimer les choses alors je reculai discrètement jusqu’à sortir de la pièce. Toujours aussi discrètement, je pris la directement de notre chambre et fermai doucement la porte pour éviter qu’on ne m’entende. Je saisi le téléphone qu’il y avait sur la table de nuit et composait le numéro de la police. Je parlai tout bas.

-Venez vite… Mon cousin s’est infiltré chez moi et menace mon enfant… Il est visiblement déséquilibré… J’ai peur qu’il ne nous fasse du mal. Il ne veut pas rendre l’enfant…

J’essayai de rester calme et donnai l’adresse aux policiers qui envoyèrent une patrouille sur le champ. Après ça, je raccrochai et revint discrètement dans la chambre de James restant toujours en retrait.

J’espérais que la police allait faire vite… J’espérais que tout allait bien finir.

@ Billy Lighter

Quand j’entre dans la chambre de James, je fais complètement abstraction d’Axel.  Je veux créer l’impression pour River que rien n’a autant d’importance que lui et James.  J’avance lentement, en me pilant littéralement sur le cœur, pour finalement m’agenouiller devant l’homme que je crains le plus au monde, et qui tient mon fils contre lui.

J’ai peur, au point où ma voix tremble mais  est-ce que j’ai vraiment d’autres choix ? Il aura le temps de lui faire du mal avant même que nous puissions réaliser ce qu’il vient de se produire.

- Je sais.  C’est ma faute, pardonne moi River.

J’ose lever la tête pour le regarder.

- Quand il est né, j’ai tout de suite vu à quel point il te ressemble.

En levant ma main, lentement, je  pointe ses yeux puis ceux de James. Je sais très bien que ce rêve à perturber mon mari et, même si je l’ai rassuré à ce sujet, ça a fini par se loger dans ma tête et me hanter à mon tour.

- Axel ne voulait pas qu’on te le présente. Il avait peur, à cause de ça. Je ne pouvais pas lui désobéir, c’est mon mari. Mais, maintenant, tu es là, c’est ce qui compte, pas vrai ?

Je n’en reviens pas de ce que je suis entrain de raconter, uniquement pour essayer de gagner sa confiance et récupérer mon fils. Je sais qu’Axel devine ma tactique, c’est impossible qu’il puisse s’imaginer que je puisse être  emballée par la présence de River chez nous.

Mais Axel n’est plus là, quand je regarde dans sa direction.

Je pris pour qu’il ait prit Alan, Nelly et Anna et qu’il les aille placer en sécurité, parce que je ne sais pas  quand ce que je dirai fera péter un plomb à River et qu’il décidera de nous faire du mal. En ce moment, je me sens comme dans un champ de mines et j’avance en espérant ne pas mettre le pied sur une.

- Il est si calme dans tes bras. Ce sera l’heure de son biberon, tu voudras lui donner ?

J’avance les bras pour lui faire signe que je veux prendre le petit. J’y vais avec douceur, ne brusquant aucun de mes gestes.

- Je dois d’abord le changer de couche. Tu veux bien rester tout près de lui pour l’amuser pendant que je le lave ?

J’approche encore plus mes mains jusqu’à les passer sous les aisselles de James. J’ai l’impression que River résiste un peu, comme s’il tournait un peu le corps de James pour m’empêcher de bien le prendre mais je parviens quand même à le soulever et le porter contre moi. Mon cœur bat à tout rompre dès cet instant au point où il résonne dans mes tempe et que mes jambes semblent faites de chiffons.

Mon fils ne quitte jamais longtemps River des yeux ce qui ne manque pas de m’horrifier d’avantage.  Ils y a quelque chose de fort entre eux, quelque chose d’inexplicable qui me pousse à croire que les pistes de l’autisme ou peu importe ce que nous aurions pu croire être la cause de la différence de James tient plutôt de River, d’une démence générique.

Je ne sais pas où est Axel mais je termine bientôt de changer notre fils et je devrai laisser River le reprendre tel que je le lui ai demandé, pour gagner sa confiance. Confiance que je sais fragile et qui peut chavirer à tout instant.

@ Billy Lighter

Sonne s’agenouilla devant nous. Elle demanda pardon… Je respirais lentement, mes yeux rivés sur elle, l’enfant dans mes bras, contre mon épaule. Je l’entendais gazouiller contre mon oreille et respirer au même rythme que moi. Je penchai un peu la tête pour la poser contre celle du petit. Nos cheveux noirs se mêlant parfaitement au point qu’on ne pouvait plus faire la différence.

Je n’accordai pas son pardon à Sonne, restant silencieux. Mais assis à nouveau l’enfant sur mes genoux, pour qu’il puisse la voir. Il ne réagit pas en hurlant comme en voyant Axel. Sonne pointa mes yeux, les siens. Je souris.

-Oui… Oui il me ressemble parce que je suis un Moriarty moi aussi.

Mes yeux brillèrent quand Sonne affirma qu’Axel ne voulait pas qu’on me présente le bébé.

-Ils m’ont rejeté. Ils ont voulu essayé de me faire disparaître.

Je posai ma main sur la tête du bébé, toujours aussi calme. Et mon sourire se fit carnassier.

-Mais j’ai trouvé un autre chemin. J’ai trouvé un autre chemin pour revenir.

L’enfant était moi. J’étais l’enfant. Nous n’étions qu’une seule et même entité.

Je désignai l’enfant.

-Je suis là. C’est tout ce qui compte.

Sonne me proposa alors de donner le biberon au bébé… J’ouvris les yeux plus grands, étonnés… Avant de me reprendre.

-Bien sûr…

Mais je me raidis un peu quand elle avança les mains pour le prendre. Je n’étais plus sûr… de vouloir… Mais le petit ne broncha pas… il finit même par pencher doucement vers elle. Alors je suivis le mouvement du bébé et le cédai à sa mère.

Je me levai pour la suivre dès qu’elle l’eut dans les bras… Je la collais presque mais ce n’était pas elle qui m’intéressait. C’était la connexion fascinante que j’avais avec le bébé. Elle le coucha sur la table à langer et j’enlevai mon collier pour faire balancer mon crucifix inversé au-dessus de lui. Il le suivait des yeux, essayait de l’attraper de ses petites mains. Je ris…

Et l’enfant eut un éclat de rire aussi.

Nous étions tellement concentré l’un sur l’autre que je ne remarquai pas les lumières bleues qui envahirent la chambre en clignotant… Pas plus que je n’entendis le bruit de bottes dans l’escalier et les murmures de mon cousin dans le couloir qui communiquait avec quelqu’un.

Jusqu’à ce que…

-Ok… River… Bonsoir… Je suis l’inspecteur Greenly…

Je me tournai vers la voix… Dissimulant mon crucifix dans mon poing. Et l’enfant se remit à hurler. Je sifflai au policier qui avait parlé, son collègue un peu en retrait derrière lui, et qui avait la main à hauteur de son ceinturon :

-Vous lui avez fait peur…

Je levai les mains en l’air, montrant bien que je n’avais en main que ma chaîne en argent.

-Qu’est-ce qui se passe ? On pourrait en discuter dehors, non ?

Je me déplaçai sur le côté, m’éloignant de Sonne et du bébé… Me rapprochant de mon couteau qui gisait par terre un peu plus loin…

-Je suis venu rendre visite…

Le policier hocha la tête…

-D’accord, ok, mais il est très tard maintenant… Il faut laisser tout le monde dormir ici…

J’étais tout près…

-D’accord… je vais juste… remettre ça…

Je voulus faire diversion… Qu’ils regardent le crucifix. Puis au dernier moment, je voulus me jeter sur mon couteau à cran d’arrêt.

-ARME !

Mes yeux brûlèrent d’un seul coup et je portai mes mains à mon visage en hurlant. Puis je me sentis poussé à terre. Je luttai un moment au sol, déstabilisé, aveugle, la figure en feu. Mais les policiers finirent par entraver mes mains dans mon dos.

-Non ! NAN !

Je me débattais, mais à deux, ils avaient le dessus sur moi, d’autant que je ne voyais plus rien. Ils titubèrent quand même, on faillit tomber dans l’escalier…

Je venais de me faire prendre. Pour la première fois, je venais de me faire prendre.

@ Billy Lighter

J’avais appelé la police ce qui me semblait la meilleure chose à faire dans ce genre de situation. J’avais bien pris mes précautions en espérant que River ne se doutait de rien et que mon absence dans la chambre n’allait pas lui mettre la puce à l’oreille.

J’avais confiance en Sonne. Elle gérait mieux que moi River pour l’instant.

Je revins discrètement dans la chambre de James pour voir que Sonne et River étaient occupés à changer James. Mon cousin semblait calmé. Sonne gérait toujours parfaitement la situation. J’espérais que j’avais bien fait d’appeler la police et que River n’allait pas commettre l’irréparable quand il se rendra compte de la situation.

Je ne voulais pas réactiver les choses moi-même alors je préférai quitter la chambre. Quelqu’un devra être là pour accueillir la police quand ils arriveront. Je marchais silencieusement aux aguets cherchant à entendre le moindre bruit suspect qui viendrait de la chambre de James.

Je passai dans celle d’Alan. Le petit dormait à poing fermé. Je poussai un soupir de soulagement avant de passer dans la chambre de nos filles. Elles dormaient aussi. Je les regardai un moment. River ne semblait pas être passé dans la chambre des autres enfants. J’étais vraiment soulagé. Si James était encore potentiellement en danger ce n’était pas le cas des trois autres.

Je vis alors des lumières bleues à travers les fenêtres et je descendis à l’étage en dessous pour aller ouvrir la porte d’entrée. Je m’adressai au policer à voix basse.

-Il est en haut… Ma femme est avec lui et l’enfant. Elle essaye de le calmer mais j’ai peur qu’il ne reparte dans une crise. Il est entré par effraction.

Ils me demandèrent de les conduire à la chambre ce que je fis le plus doucement possible pour ne pas éveiller les soupçons de River jusqu’à la dernière seconde.

Je leur expliquai tout bas ce qu’il s’était passé plus en détails avant qu’on n’arriva à la chambre. Je laissai les deux policiers entrer. L’un d’eux pris la parole se concentrant sur River.

Je n’osai pas approcher. Je regardai Sonne alors que j’étais dans l’encadrement de la porte de la chambre de James.

Et le petit se remis à hurler. Je me mordis la lèvre alors que River déclara aux policiers qu’ils lui avaient fait peur. Il avait les mains en l’air montrant qu’il n’avait pas d’armes.

Non, la seule arme qu’il avait était à terre et mon regard se posa dessus. Mais je n’osais pas bouger. Le policier proposa de discuter. Je reposai mon regard sur River alors qu’il s’éloignait de Sonne. Plus il sera loin d’eux, mieux je me porterais.

Mais, alors que je sentais que la tension montait, River se précipita sur son couteau mais n’eus pas le temps de s’en emparer que le flic cria et envoya du pepper-spray en plein figure de mon cousin.

Il fut aveuglé ce qui m’arracha un sourire en coin. La situation tournait à nouveau à notre avantage et je me dirigeai vers Sonne et James alors que les policiers neutralisaient River qui se débattait.

Je vins entourer Sonne, qui tenait notre fils, de mes bras.

-Tu n’as rien ?

Je passai une main sur sa joue alors que les policiers entrainèrent River, maintenant totalement neutralisé, hors de la chambre. L’un d’entre eux m’indiqua qu’ils l’embarquaient et qu’ils nous tiendront au courant de tout ça. J’hochai la tête pour confirmer.

On pouvait entendre nos deux filles pleurer. Elles avaient dû être réveillées par tout le boucan. James hurlait lui aussi. Je lui parlai doucement.

-Calme-toi, James…

Mais il ne se calmait pas. Je savais que Sonne pourrait le calmer. Je regardais ma femme.

-Tu as été parfaite Sonne… Sans toi, on ne s’en serait pas sorti.

Je le pensais vraiment. Sonne avait bien agi. Je jetai un œil par la fenêtre. Les policier embarquèrent River dans leur voiture. Je me sentis un peu soulagé maintenant. Je posai mon front contre celui de Sonne.

-Tout va bien maintenant… C’est fini…

Et j’espérais que c’était fini pour de bon.

@ Billy Lighter

Tout ce que je voulais, c’était de reprendre James des mains de River peu importe le moyen. Le temps file et je ne sais pas quelle idée a le cousin de mon mari en tête.  Cependant, il m’est difficile de ne pas constater que James est très calme dans les bras de River, plus même que lorsqu’il est dans les miens et ça ne se compare même pas avec son comportement quand c’est Axel qui le berce.

C’est une évidence que je ne peux nier.

Peut-être que le rêve d’Axel était une prémonition.

Avec tout ce que je peux de douceur et de contrôle, je parviens à prendre mon fils et à faire diversion, proposant à River de donner lui-même le prochain boire de James. Je ne sais pas où je m’en vais avec ça, mais je me dis que si je gagnais suffisamment la confiance de River je pourrai gagner du temps.

J’espère au plus profond de mon cœur qu’Axel est partit mettre les petits en sécurités puis qu’il va appeler à l’aide. La police. Un exorciste. Un Zoo même ferait le travail, tant qu’on amène ce fou loin de moi et mes enfants, je serai heureuse !

River demeure tout près de moi le temps que je change James de couche. Sa présence me fais trembler, mais pire encore quand, après qu’il eut retiré son pendentif orné d’un crucifix inversé, il ria et James, l’imita.

Mon cœur se coince dans ma gorge quand je remarque des flashes bleus qui tournoient dans la chambre.  Les policiers, ils veulent affoler River ou quoi ? Je n’ose pratiquement plus respirer, figée sur place que je suis.

Je suis convaincu que ce n’est qu’une question de seconde avant que River ne les remarque et s’affole.  

Mais non.

Il est à ce point concentré sur mon fils qu’il ne voit rien.

Mais quand une voix se fait entendre, qu’un policier entre dans la pièce,  River se retourne, James se met à hurler et moi, je prend le petit, peut-être un petit peu trop brusquement, pour le porter contre moi et me reculer.

Les nerfs me lâchent, je pleure, je suis en panique. Tout ce que j’ai réprimée un peu plus tôt prend le contrôle et je continue de reculer jusqu’à me retrouver contre le mur, le petit toujours contre moi.

Après…

Tout va vite.

River se retrouve au sol après avoir été aspergé de pepper spray dont les vapeurs m’irritent la gorge et me chauffe légèrement les yeux. Mais pleurer comme je pleure, je ne m’en rends pas vraiment compte.  Axel nous rejoins rapidement, nous serrant contre lui.

- J’avais si peur, Axel !  

James hurle toujours, il est peut-être lui aussi incommodé par les vapeurs.

- Sortons d’ici !

La chambre me glace le sang et l’air y est irrespirable.  J’entends nos filles pleurer et la panique, remonter de nouveau en moi. Tenant James  contre ma poitrine, j’entre dans la chambre de Nelly et Anna  et me dirige vers leur lit, leur passe ma main dans les cheveux, les regardes, de la tête aux pieds pour me rassurer.

- Elles vont bien… tout ira bien maintenant !

@ Billy Lighter