Le bonheur de nos retrouvailles est de courte durée, assombri par toutes les révélations que je dois à Daniele par respect et par soucis d’honnêteté.  De tout ce que j’ai dit, la donnée la plus instable demeure mon deal, ce stupide deal que j’ai passé avec Edward Fleming dans le but de protéger l’homme de ma vie. Ce que je croyais être l’idée du siècle vient de me rebondir au visage comme la chose la plus stupide que j’aurai fait jusqu’à présent, par amour.

Il ne suffira que de maintenir un profil bas et de rassurer le soldat d’Angelot pour conserver ce deal et faire en sorte qu’il perdure jusqu’au retour de Daniele d’Australie. Je tente de me faire rassurante tant pour lui que pour moi puis, je n’aurai qu’a continuer comme à l’habitude, n’est-ce pas ?

- Oh !

J’éclate de rire, ce qui ne fait pas de tords après autant d’émotions négatives.

- Monsieur est mon chat.  Il me fallait bien un peu de compagnie. Il ronronne presque aussi fort que toi mais rassure toi, il perd plus de poils que toi !

Quoi que Daniele commence légèrement à se dégarnir aux tempes et légèrement, très légèrement au sommet de son crâne.

Cette petite diversion animalière ne dura pas assez longtemps pour chasser toutes les zones grises qui nourrissent a tête de Daniele de questions toutes plus justifiées les unes que les autres.

Je suis mal à l’aise de lui avouer ce qu’il sait déjà. Je n’ai besoin que de baisser un peu la tête et de tourner ma main, mon index pointé vers moi pour lui répondre. J’ai honte de m’avoir donné comme monnaie d’échange mais jamais Ward n’aurait accepté autre chose que moi.

- Je ferai de mon mieux, amore mio. , bien que je sache que ce soit impossible.

Il nous faut être confiant et croire que la vie ne nous a pas offert de seconde chance que pour ce moqué de nous et nous la retirer immédiatement. Il parait que rien n’arrive pour rien dans la vie, je me suis accroché à cet adage trop souvent pour que ça ne finisse pas par être favorable.

- J’ai confiance en nous, Daniele.

En attendant, je compte profiter des quelques heures que nous pourrons voler au temps, à défaut de pouvoir l’arrêter définitivement, en revenant m’installer sur les cuisses de Daniele et en l’embrassant passionnément.  Je le crois, quand il dit qu’il y aura d’autres nuits, mais, s’il ne devait ne plus jamais en avoir d’autres, je veux que ce moment soit inoubliable par les gestes qui auront été posés et non pour les confidences sur l’oreiller.

- Je veux que tu saches que je n’ai jamais été capable de dire ‘’Je t’aime’’ après nous.

Jamais je ne l’ai dit, sauf à mon fils, au creux de son oreille, contre son cou ou ma bouche perdue dans ses cheveux de bébé.  C’était l’amour d’une mère à son fils.

@ Billy Lighter

Samantha s’était mise à rire – d’un rire sincère qui donnait une bouffée d’air alors qu’on parlait de choses délicates – quand j’avais demandé qui était « Monsieur ». C’était son chat qui – d’après elle – ronronnait aussi fort que moi mais perdait plus de poils.

-J’aurais encore tous cheveux à la fin de ma vie !, dis-je avec un petit sourire profitant de ce très – trop… - court moment d’humour.

Seulement, nous en étions revenus très vite à ce qui nous angoissait l’un et l’autre. Ce deal avec l’un des soldats d’Angelo. Je ne savais pas encore ce qu’il souhaitait même si ça me semblait d’une évidence. Je n’avais vraiment – mais vraiment – pas envie que ça soit l’évidence ! Seulement, j’avais vite déchanté en voyant la gêne et le geste de Sammy qui était la réponse à ma question. Le soldat d’Angelo la voulait elle en échange. Une sueur froide m’avait parcouru l’échine. Je savais que mon oncle avait l’art d’engager des gens dangereux – digne de confiance mais dangereux. Seulement, je ne savais pas qu’il engageait aussi des tordus…

-Samantha mia…, soufflais-je abasourdi – mais pas surpris – par sa part du deal.

Je ne savais que dire – ça me laissait sans voix. Seulement, c’était aussi une raison supplémentaire pour la sortie de là très vite. Je ne pouvais pas la laisser entre les griffes de cet homme qui la désirait.

Elle allait faire de son mieux l’éviter – ce n’était quand même pas assez pour me rassurer entièrement.

Samantha avait confiance en nous – autant que j’avais confiance en nous aussi. J’avais reçu son baiser – espérant en recevoir encore d’autres dans les mois et les années à venir. C’est à ça que j’avais pensé après que Sammy l’ait brisé pour me dire qu’elle n’avait jamais été capable de dire « je t’aime » après nous. Je l’avais dit de nombreuse fois – moi…

-Je ne peux pas me vanter de la même chose, dis-je en caressant ses cuisses. Mais il n’y a qu’avec toi que ces mots ont vraiment un sens, ajoutais-je sincère.

Je l’avais embrassé encore. Je ne voulais plus parler des dangers imminents – je voulais juste encore profiter de nous quelques minutes avant que nos chemins ne se séparent encore…

@ Billy Lighter