J’avais à peine éteint la télévision que j’avais dit à Erik que je m’en allais – sans lui dire où et pourquoi je partais ainsi. Il n’avait pas posé de question mais j’avais bien vu son inquiétude. Erik ne posait jamais de questions mais ça ne l’empêchait pas de penser et de se soucier des choses. Seulement, je n’avais pas la force de lui dire – je n’avais pas le temps de le lui dire non plus ! Je devais savoir – ne pas savoir me torturait l’esprit et je sentais bien que mon cœur n’allait pas y survivre !

J’avais embarqué dans l’une de mes voitures - une voiture de sport pour être sûr d’aller assez vite ! Jim ne pouvait être qu’à deux endroits. Chez lui ou au Los Robles où Maritza récupérait de sa blessure par balle. Je savais que j’avais plus de chance de trouver Jim à cet endroit – il était sûrement encore au chevet de sa petite amie. Moi, je voulais simplement savoir si la mienne est vivante… Putain pourquoi Jim ne m’avait rien dit ?! Pourquoi ne m’avait-il pas au moins assuré qu’elle allait bien ?!

Je lui en voulais déjà – sans même savoir s’il était vraiment responsable de tout ça. Je voulais qu’il le soit parce que ça donnait bien plus de chance à Samantha de s’en être sortie mais en même temps je me dis que s’il l’était, il aurait pu au moins mettre Sammy à l’abri et me prévenir. Putain, ça faisait bien trop de questions sans réponses !

J’avais roulé vite – je m’étais fait flashé à 140kh/h sur une petite route menant à Malibu. Je n’en avais rien n’à foutre ! Ce qui comptait c’est que je sache pour Sammy et pour le reste tant qu’on y était !

Je m’étais garé sur le parking du Los Robles avec la ferme intention d’y trouver Jim et de lui demander des comptes ! Je n’en avais rien n’à foutre de ses états d’âmes parce que s’il était bien le commanditaire, il n’en avait eu rien n’à foutre des miens ! Parce qu’au-delà du meurtre d’Angelo – qui m’arrangeait – il en avait tué d’autres dont des gens de ma famille que, malgré tout, j’estimais !

J’étais sorti de ma voiture. Mon cœur ne semblait pas vouloir s’arrêter de battre vite – ce qui commençait à me faire mal et à m’essouffler. Au pire, j’étais dans un putain d’hôpital ! Ce n’était pas la pire douleur de toute façon – celle de ne rien savoir était bien pire.

J’étais entré dans l’hôpital me dirigeant vers l’aile réservée exclusivement à Maritza Cortez. J’avais avancé à pas rapides – je n’entendais que les battements de mon cœur dans mes tempes. J’avais la chambre de Maritza dans mon champ de vision. Seulement, j’avais repéré Jim du coin de l’oeil – en avançant – dans une petite salle d’attente.

Je m’étais arrêté net et je m’étais retourné vers lui. Il n’y avait personne dans le couloir et dans cette petite salle d’attente hormis nous deux. J’avais foncé vers lui et je l’avais plaqué contre le mur – un geste tellement spontané que ça m’avait surpris moi-même.

-Dis-moi qu’elle n’a rien !, dis-je en laissant – sans le contrôler – ressortir mon accent italien. Dis-moi que tu as donné l’ordre de ne rien lui faire !

Il savait de qui je parlais – et s’il n’y était pour rien alors là, ça sera vraiment la fin.

@ Billy Lighter

J’avais quitté docilement la chambre de Ritza, cette fois, le temps que les infirmières changent le pansement qu’elle portait à la poitrine. Elle avait ouvert les yeux hier, peu après que j’ai réglé mes comptes avec la Casa Nuova. J’étais rassuré, je retrouvais des couleurs, l’appétit et mon assurance.

Mais toujours pas l’ombre d’un remord ou d’un regret vis-à-vis de la Casa Nuova dont j’avais coupé les têtes principales, certes, mais que j’avais également délestées de quelques innocents.

Je m’étais installé dans un siège de la salle d’attente la plus proche. Une salle d’attente du genre de celles dont recelaient les hôpitaux, à ceci près que celle-ci était totalement vide, selon mes propres vœux… Puisque l’aile entière était réservée à Maritza.

J’entendis arriver Daniele avant de le voir. J’aurais pu reconnaître sa démarche entre mille. Il marchait vite, décidé. Je n’avais pas relevé la tête du vieux L.A.People que je lisais… un vieil article concernant Olivia… Je ne lisais pas, en fait, je regardais sa photo uniquement.

Je pensais l’empressement du pas de mon ami du à son enthousiasme de constater, via les infos qui répandaient la chose comme un trainée de poudre, que tous les problèmes qu’il avait venaient de s’envoler. J’avais pu voir le journal télévisé alors que Maritza dormait encore, mais d’un sommeil sain cette fois, ce matin même.

Et ça m’avait fait sourire.

Un peu comme je souris à l’instant où je levai les yeux sur Daniele.

Mais je n’eus même pas le temps d’ouvrir la bouche pour le saluer. Avec une force que je ne lui soupçonnais pas, il me souleva de mon siège pour me plaquer au mur et me poser des questions sur un ton furieux, son haleine empestant déjà l’alcool alors qu’il était encore tôt, autant que ça puait l’accent italien.

J’avais laissé tomber le magazine et lever mes deux mains de chaque côté de ma tête, le laissant faire, le laissant vomir ce qu’il avait à vomir.

Plus encore que la fureur, c’était la peur que je pouvais voir dans son regard alors qu’il se demandait ce qu’il était advenu de Samantha Mancini. Je n’avais pas besoin qu’il me la nomme. Je savais que pour l’instant, dans sa vie, elle était la seule femme qui comptait. Une femme dont j’avais appris par lui-même qu’elle était convoitée par Ward.

Mon sourire réapparut, plus mauvais que jamais.

-C’est Ward qui a fait ça. Ward aime Samantha. Tu crois que Ward tuerait Samantha ?

Je fis doucement « non » de la tête.

-Moi non plus. Eux non plus.

Puis, vrillant Daniele du regard et articulant bien.

-Elle n’a rien. Pas une égratignure. Tout au plus un peu de sang sur sa robe du dimanche.

@ Billy Lighter

Je venais – sans ménagement – de plaquer Jim contre le mur blanc de la petite salle d’attente de cette aile déserte du Los Robles Hospital. Ce que je venais d’apprendre au travers de ma télévision m’avait poussé à venir ici demander des comptes à celui qui était – aux dernières nouvelles ! – mon meilleur ami. Je voulais savoir ce qu’il était advenu de ma petite amie dont je n’avais aucune nouvelle et que je soupçonnais d’avoir été présente chez mon oncle ce dimanche. J’en voulais d’avance à Jim pour son silence ! Parce que je le croyais responsable du massacre qui s’était joué hier et qui avait détruit une partie de ma famille – dont des putains de personnes innocentes !

Jim était surpris de mon geste – presque autant que moi. Il avait levé ses bras et lâché le magazine qu’il tenait en main juste avant que je ne le plaque contre le mur. Il avait meilleure mine que l’autre jour seulement je n’étais pas ici pour lui demander comment il allait !

Je voulais savoir – putain !

Je lui avais demandé et il avait répondu que le responsable de ce véritable massacre était Ward. Ward ? Putain, c’est qui Ward ?! Il avait fallu le temps que mon cerveau fasse les connexions – j’étais tellement sous tension que j’avais du mal. Ward était sûrement le diminutif d’Edward Fleming. J’avais pu faire le lien avec le reste des indications de Jim qui était persuadé que Ward n’aurait rien fait à Samantha parce qu’il l’aimait !

Putain – mais comment pouvait-il en être sûr ?!!! Ainsi, Jim était certain qu’elle n’avait rien hormis quelques taches de sang sur sa robe… Quoi ?!

-Ward ?! Edward Fleming ?! Comment tu peux être si sûr qu’il n’est pas capable de la tuer, Jim ?! Sto cazzo est un enfoiré de psychopathe !, dis-je furieux et en m’emballant.

C’est ainsi que me l’avait décrit Sammy – un type capable de tuer sans remord et qui lui faisais tellement peur qu’elle en tremblait chaque fois qu’elle en parlait. Même si Fleming était amoureux d’elle, rien ne disait qu’il n’allait quand même pas la tuer !

Pourtant, Jim affirmait que Fleming était responsable du massacre et qu’il avait épargné Samantha…

Attendez une minute… Comment est-ce que Jim savait tout ça ? Putain, comment savait-il que c’était Fleming le responsable ? Comment savait-il que Samantha était bel et bien présente ? Comment, putain ?!

Je m’étais arrêté et j’avais dévisagé Jim – avec moins de colère mais pas moins d’interrogations.

-Putain, Jim… Comment est-ce que tu sais que c’était lui ? Comment est-ce que tu sembles si certain que Samantha est en vie ? Comment tu peux même être sûr qu’elle était là-bas ? Putain, Jim… Réponds-moi ! Dis-moi comment tu sais tout ça avec tant de certitudes ! Je veux savoir, Jim !, dis-je déterminé à tirer les vers du nez de mon meilleur ami.

Il savait des choses – son air tellement confiant et sûr de lui me prouvait qu’il savait peut-être même absolument tout.

@ Billy Lighter

Je laissai Daniele s’énerver, me plaquer contre le mur sans lui opposer aucune résistance. Il avait peur, aussi peur maintenant que lorsqu’il était venu me quémander une protection pour Tony. Sauf qu’il n’était désormais plus question de l’enfant… Non… Non, l’enfant ne risquait plus rien. Daniele était maintenant le cadet des soucis de ce qui restait de la Casa Nuova.

La Casa Nuova ne devait plus être obsédé que par un seul nom : Edward « Ward » Fleming.

Je souris quand Daniele affirma que ce dernier était, je cite : « un enfoiré de psychopathe ».

-Justement…

Justement… C’était pour ça que c’était crédible qu’il soit à l’origine du massacre de ses employeurs. Parce qu’il était un psychopathe. Daniele le savait, je le savais. Je ne doutais pas que les membres de la Casa Nuova devaient le savoir aussi.

C’était pour ça que mon plan, malgré qu’il ait été totalement irréfléchi et que j’avais, quelque part, joué d’une énorme chance dans le fait que le soldat n’était pas présent ce dimanche, était génial. Parce que s’il avait été là, je l’aurais tué aussi sûrement que les autres. Et alors, je n’aurais pas eu de tête à mettre dans le collimateur des survivants.

Sauf que ce n’était pas de la Casa Nuova qu’il s’agissait, dans le chef de Daniele. Mais de Samantha Mancini.

Je sentis alors petit à petit la poigne de Daniele se desserrer sur le col de mon t-shirt. Le même t-shirt que je portais la veille. Seules les traces de sang avaient disparu de ma peau quand j’avais pris ma douche hier soir.

Daniele déversa alors un flot de question et je le regardais dans les yeux sans ciller, sans tiquer. Le rythme de mon cœur ne s’emballait même pas. Mais pour lui répondre, je baissai le ton, ma voix grave et calme se distillant doucement à mesure que je lui donnais les réponses.

-Je sais que c’est Ward parce que c’est moi qui ait décidé que ce serait lui. Je sais que Samantha est en vie parce que je m’en suis assuré.

Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Je sais qu’elle était là-bas… Parce que j’y étais.

Les sourcils froncés, je vrillai Daniele du regard avant de lui ordonner d’un ton ferme :

-Maintenant, lâche-moi, Daniele.

@ Billy Lighter

Justement ??? Justement quoi ?? C’est un psychopathe qui était amoureux de ma petite amie et… Putain justement quoi ?! Justement c’est hyper flippant – ça voulait dire que rien n’indiquait que Samantha soit en vie ou, si elle l’était, qu’elle soit en sécurité. Si ça tombait Fleming l’avait bien laissée en vie mais était parti avec elle je ne savais où !

Pourtant, Jim gardait son plus grand calme ! Il n’avait pas sourcillé et ne semblait pas s’en faire du destin de me petite amie. Je savais qu’il ne la connaissait pas et qu’elle n’était rien pour elle. Mais c’était mon putain de meilleur ami ! N’avait-il pas une once de compassion pour ce qu’il advenait de la femme que j’aimais ?!

Putain – il n’en avait pas l’air !

L’angoisse n’avait fait que grandir depuis le début de notre conversation. Seulement, il y avait des choses étranges dans le discours de Jim. Il savait des choses qu’il n’aurait pas dû savoir – pourtant, il les savait ! Je voulais des réponses tout de suite ! Je l’avais fait comprendre à Jim !

Il savait que Fleming était le coupable parce qu’il avait décidé que c’était lui. Il savait que Sammy était en vie parce qu’il s’en est assuré. Seulement, c’était la fin de ses paroles qui m’avait choqué au point où je l’avais lâché et que j’avais reculé d’un pas – et pas qu’à cause de son ton ferme.

C’était Jim – et uniquement Jim – qui était responsable du massacre de la villa Conti. Il l’avait fait lui-même de sang-froid.

-Non…, soufflais-je ne voulant pas y croire.

Il venait de le dire avec un tel calme que j’en étais effrayé. Mon meilleur ami venait de tuer une dizaine de personnes – personnes innocentes comprises. Pourtant, il était responsable et ne s’en cachait pas.

-Tu… Tu les as tous tué, dis-je en le fixant – le regard effaré.

Il n’avait pas envoyé quelqu’un le faire – il l’avait fait tout seul. Il n’avait épargné que Samantha certainement pour moi.

Je n’aurais jamais cru Jim capable de ça – pourtant il l’avait fait. Aurais-je fait la même chose si Samantha s’était fait tiré dessus de la même manière que Maritza ? Je ne saurais le dire…

Seulement, j’avais du mal de reconnaitre Jim dans de tels actes.

-J’y crois pas…, dis-je complètement choqué.

Seulement, j’étais revenu à la réalité et aux faits.

-Mais ! Si tu as décidé que c’était Fleming… Ça veut dire que Fleming est toujours en vie ! Et Samantha ? Où est-elle ?! Tu l’as laissé aux mains des Conti restant ?! Putain, si ça se trouve, c’est aux mains de Fleming lui-même qu’elle est ! Putain, Jim !, dis-je en m’emballant à nouveau. Tu n’as pas pensé une seule fois à elle ?! Tu l’as rendue témoin et unique survivante d’un massacre et tu ne t’es pas soucié une seule fois de ce qu’elle allait devenir après ça ?!, dis-je complètement en colère et choqué par tout ce que je venais d’entendre.

Qu’était devenu ma Samantha – bordel de merde ?!!! S’il lui était arrivé quelque chose, je n’allais jamais le pardonner à Jim.

@ Billy Lighter

Daniele m'avait lâché, bouche bée, les yeux écarquillés. Et j'avais gardé mes deux mains en l'air jusqu'à ce qu'il ait reculé d'un ou deux pas. Daniele était intelligent, il savait lire entre les lignes. C'était d'ailleurs cela, au départ, qui nous avait rapprochés, cette capacité à décoder les non-dits. Des non-dits qui étaient légion dans le monde dans lequel nous vivions. Et je ne parle ni des gangs, ni de la mafia.

Il ne voulait pas accepter ce qu'il avait déduit. Quand il formula clairement les faits, rien sur mon visage, ni dans mon regard qui soutint le sien sans sourciller, ne confirma ni n'infirma ce qu'il venait de dire. Je n'en avais pas besoin. Daniele avait très bien compris.

Mais il n'y croyait pas.

-Tu n'es pas obligé d'y croire.

Il pouvait très bien se forger sa propre version des faits, tout comme j'étais en train de le faire. Ward. C'est Ward qui a fait ça. C'était ce que j'avais dit à Samantha de déclarer. Et c'était ce dont mon propre esprit était en train de se persuader.

Dans quelques temps, pour moi, ce sera effectivement Ward qui aura fait ça.

Daniele retrouva petit à petit l'usage de son vocabulaire, malgré son accent qui restait atrocement prononcé. Et il y eut des questions, et encore des questions.

Je pris mon paquet de cigarette dans la poche de mon jeans, le laissant parler tout en m'en allumant une tranquillement. Je le laissai finir.

Puis énonçai d'une voix calme.

-Je ne sais pas si Ward est toujours en vie. Si c'est le cas, les Conti ne lui laisseront pas de repos avant qu'il soit six pieds sur terre quand Samantha leur aura raconté ce qu'il a fait.

Je soufflai une longue bouffée de fumée. On ne peut pas fumer dans les hôpitaux, je sais, mais en l'occurrence, cette aile était à moi. Puis je retrouvai mon ton d'homme d'affaires, enfouissant une main dans ma poche.

-Remarque, le fait que Ward ait pété les plombs arrange bien nos affaires.

Je regardai mon ami dans les yeux.

-Plus de menaces sur toi, Tony ou Erik. Affaire classée.

Je tirai sur ma clope:

-Pour le reste...Pour le reste, Samantha n'a plus qu'à s'arranger avec Darwin.

Si elle était suffisamment intelligente, elle s'en tirerait. Elle tirerait même son épingle du jeu maintenant que j'avais rebattu les cartes.

Moi, j'étais un pro du Darwinisme.

@ Billy Lighter

Je n’étais pas obligé de le croire ? Putain, je savais qu’il ne m’aurait jamais dit ça si ça avait été faux – ce n’était pas le genre de Jim ! Donc tout ça était bien vrai ! Il avait bien – et de sang froid ! – massacré presque la totalité de ce qui me restait de famille ! Je n’avais aucune affection particulière pour les Conti mais Jim venait de passer une putain de ligne blanche que les gens comme moi et lui n’étions censés jamais passer !

Pourtant il l’avait fait – même s’il me l’avait avoué avec un tas de flou et de non-dits. Je savais le déduire parce que je connaissais Jim…

Tout du moins, je croyais le connaitre… Parce que ce qu’il avait fait là, ce n’était pas le Jim que je connaissais.

Seulement, cette – horrible – révélation m’avait seulement fait me poser les mêmes questions mais autrement. Par déduction, je pouvais savoir que ce psychopathe de Fleming était toujours en vie et que ma Samantha était je ne savais où ! Que Jim l’avait laissé là-bas aux mains de gens qui ne lui voudrait pas forcément du bien ! Alors je voulais savoir ce qu’il savait ! Tout ce qu’il savait !

Seulement, Jim ne savait pas grand-chose ! Il ne savait pas si Fleming respirait encore – il savait juste qu’il ne respirera plus très longtemps s’il était encore en vie. Il avait laissé le soin à ma pauvre Samantha de faire passer le message !

-Putain ! Jim !, dis-je outré alors que mon meilleur ami n’avait pas hésité une seule seconde à utiliser celle que j’aimais pour couvrir ses arrières !

Je n’aurais jamais imaginé qu’il puisse faire quelque chose d’aussi ignoble envers ma petite amie.

Je le regardais toujours – extrêmement – outré. Il avait dit que le fait que Fleming ait pété les plombs arrangeait nos affaires. Putain… N’était-il pas en train de se convaincre que c’était Fleming le responsable ? Ce n’était pas Fleming qui avait pété un câble !

-Que Ward ait pété les plombs ?, dis-je décontenancé. C’est toi qui a pété les plombs, Jim !

Son calme et la façon nonchalante avec laquelle il fumait – je crois que c’était ça qui me prouvait qu’il n’avait pas fait que pété les plombs… Il avait carrément changé…

Seulement, il avait fait un constat plus que juste – Tony, Erik et moi étions sauvés. Mais qu’en était-il de ma Sammy ? Jim aurait dû faire les choses autrement ! Il aurait dû m’en parler ! Putain – s’il l’avait fait, Sammy ne serait pas portée disparu !

Mon meilleur ami avait alors dit que pour ce qui était de Samantha, elle n’aura qu’à s’arranger avec Darwin. Je m’étais figé d’un coup devant tant de mépris. Il s’en foutait complètement de ce qu’il pouvait bien advenir de Samantha…

C’était trop !

J’avais regardé Jim pendant un temps qui m’avait semblé durer des secondes alors qu’il ne s’en était écoulé que quelques centièmes depuis sa dernière phrase. Ensuite, je lui avais envoyé mon poing en plein joue – avec toute la rage qu’il venait de provoquer en moi.

Mon geste était plus efficace que toute l’indignation que j’aurais pu lui cracher à la figure.

-Je te jure que s’il lui est arrivé quoi que ce soit, tu me le paieras, Jim ! Et ça aussi sûrement que je m’appelle Daniele Ricci !, lui lançais-je sur un ton ferme.

J’avais tourné les talons.

-Tu ne vaux pas mieux que ce Fleming, lançais-je avant de quitter – sans hésiter – la salle d’attente. Je n’ai plus rien n’à te dire.

Ce qu’il avait fait et ce qu’il avait dit m’avait dégoûté. Je ne lui avais pas dit un seul « merci » parce que – même si Tony était hors de danger – il venait peut-être de sacrifier, dans un coup de sang, une des personnes  qui comptait le plus pour moi. Il l’avait fait sans se soucier une seule minute de ce qu’il pouvait advenir d’elle – et sans aucun putain de remords.

@ Billy Lighter

Je regardai Daniele, surpris, ma cigarette entre mes lèvres, quand il s’emporta… Non sans jeta un regard dans le couloir qui restait désert. Il affirmait que ce n’était pas Ward qui avait pété les plombs. Mais moi.

Non.

Moi je savais juste ce que je devais faire.

Et je l’avais fait.

Samantha était toujours en vie. La seule survivante du massacre des Conti. N’était-ce pas là une chance inouïe ? A elle de la garder maintenant.

Je soutins le regard de Daniele alors que je voyais celui-ci se vider de sa substance en même temps que son teint devenait encore plus pâle qu’il ne l’était déjà. Pendant ce temps-là, je restais impassible. Je n’avais pas de compassion pour Samantha Mancini parce que je ne la connaissais pas. Quant à l’amour qui la liait à Daniele ? Une chose à la fois, je viens seulement de me rendre compte à quel point cela m’attristerait de perdre Ritza. Je n’en suis pas encore au point où je peux projeter la chose en me disant que les autres peuvent ressentir ça aussi.

Parce que tout ça touchait aux sentiments, à l’émotionnel… Et ce n’était pas le sujet que je maîtrisais le mieux.

Et le coup partit, s’écrasant sur ma joue sans que je ne le vois venir, envoyant ma clope au sol (qui n’était fort heureusement pas couvert d’un revêtement inflammable). La douleur fut fulgurante… Mais pas autant que ma surprise.

Pourquoi fais-tu ça, Daniele ? En réglant mon problème, j’ai sauvé Erik, Tony, toi, potentiellement Olivia et Maritza. Cinq… sur six.

On ne peut pas tout avoir.

Il ne pouvait pas tout avoir… Et moi non plus. J’avais sauvé Ritza… J’avais sauvé Olivia. J’avais sauvé Tony.

Mais je venais de sacrifier mon amitié avec Daniele.

Il tourna les talons alors que je me redressais en me tenant la joue dans lequel le sang et la douleur pulsait… Et je le regardai s’éloigner, le cœur battant à tout rompre.

Je lui lançai tout de même, sur un ton moins neutre que je ne l’aurais voulu.

-A chaque fois que tu entendras Tony rire, Dany… demande-toi si tu aurais trouvé une meilleure option !

Demande-toi si tu aurais été meilleur que moi.

@ Billy Lighter