Samantha et moi avions laissé Jim et ses putains de secrets derrière nous en prenant congé de la villa Reed. C’est Samantha qui avait ouvert la voie pour qu’on s’en aille alors que les choses avaient commencé à sérieusement s’envenimer.

Ma faute – je plaide coupable. Ce n’est pas pour ça que je m’en voulais. J’assumais ce qu’il venait de se passer. Je ne comprenais pas pourquoi Jim s’efforçait de garder des secrets pour des gens en qui j’avais entièrement confiance – et il savait que j’avais une putain de confiance en Samantha. Je savais qu’il était difficile de gagner la confiance de Jim – c’était tout un parcours du combattant – mais je croyais qu’il avait confiance en moi.

Or, je venais de prendre confiance que ce n’était nullement le cas. S’il ne pouvait pas faire confiance à une femme en qui j’avais entièrement confiance alors ça signifiait qu’il ne me faisait pas confiance. C’était insultant après autant d’années d’amitié !

On avait repris la voiture en silence – avec Sammy. On allait y aller au restaurant, ça me changera les idées. Jim pouvait continuer de vivre dans son petit mensonge et continuer de s’amuser avec son petit gang – parce que je ne voyais pas ce que ça lui apportait d’autre – mais qu’il ne vienne pas pleurer quand Maritza sera à nouveau dans le viseur d’un de ses ennemis douteux.

Parce que j’étais sûr – à 100% - qu’Angelo n’avait pas attaqué Maritza sur le simple fait que Jim m’aidait à protéger Tony. Non, il l’avait fait aussi pour affaiblir la tête des Los Diablos. Je savais comment fonctionnait ce putain de monde.

-On va aller au restaurant quand même, dis-je même si j’étais toujours hautement contrarié parce ce qu’il s’était passé avec Jim.

Le restaurant était à Beverly Hills et c’était vers là que je nous conduisais.

-Je suis désolé que les choses aient tournée comme ça mais la façon dont il faisait comme s’il te rencontrait pour la première fois et la façon qu’il a eu de lâcher les mêmes conneries qu’il fait gober aux médias me répugnait, lâchais-je pour justifier mon comportement qui – je l’avais vu – avait contrarié Samantha.

Je n’avais pas aimé comme mon meilleur ami n’a cessé de traiter ma petite amie. Je n’aimais pas cette façon qu’il avait de toujours faire en sorte que les gens doivent faire leur preuve avant d’entrer dans son putain de cercle fermé – et restreint parce qu’il fallait dire que Jim avait très peu d’amis.

@ Billy Lighter

Il était hors de question de rester plus longtemps dans cette ambiance de plus en plus malsaine, coincée entre Daniele qui force l’éclosion de la vérité par tous les moyens possibles et Jimmy qui continu de se leurrer dans son petit monde dont lui seul tire les ficelles. Ils n’avaient pas l’air de se rendre compte l’un comme l’autre que la seule victime dans leur guerre de mâle alpha, c’est Maritza elle-même.

Je ne désirais que deux choses de cette visite. Me rassurer sur l’état de Maritza pour qui toute ma famille à été décimée et faire comprendre à Reed que le message qu’il m‘avait chargé de livré avait été entendu à qui de droit.  

Daniele avait ses propres raisons de m’y accompagner. Beaucoup moins nobles mais non pas moins importante. Je ne peux pas juger de ses motifs, puisque je comprends très bien pourquoi il en veut autant à Reed, cependant, je déplore la méthode qu’il a choisie. Le moment était inopportun et surtout, je n’avais pas à être mise au fait d’un secret qui de toute évidence, n’était pas prêt à être sortit du placard et surtout, je n’avais pas envie de donner d’avantage de raison à Reed de m’avoir en aversion. Daniele lui en a donné une sur un plateau d’argent en nous plaçant tous devant le fait accompli et peu importe ce que j’aurais pu dire à Jimmy, il aurait réagit exactement de la même manière, avec une froideur polaire pour la simple et bonne raison que je ne suis pas une de ses proches.

Ce qui est fait, est fait.

C’est donc soulagé que je prends une grande respiration une fois que nous sortons de la Villa Reed avant de jeter un regard noir sur Daniele puis de le suivre dans la voiture.

- Très bien, dis-je quand il affirma que nous allions tout de même au restaurant.

Daniele n’en démord pas. De toute manière, quand il juge avoir raison, il ne démodera pas même si vous lui faites la preuve de toutes les façons possibles et imaginables  qu’il tord.

- Officiellement, il me rencontrait pour la première fois, Daniele !

On ne peut pas dire que la vraie première fois fut propice à faire connaissance. Sauf pour  me montrer à quel point il a les dents blanches et qu’il est effrayant quand il est très, très en colère et qu’il vous intime un ordre à quelques millimètre du visage,  nous n’avons pas eu l’occasion d’échanger.

- Tu voudrais quoi ? Qu’il aille se livrer à la police ?  Il a fait ce qu’il devait faire pour venger la femme qu’il aime et par la même occasion, te sauver toi et ton fils, amore mio. Il m’a épargné alors qu’il aurait très bien pu  ne pas le faire et, je ne l’excuse pas, Daniele, mais entre ce qu’il a fait et mon idée de tuer moi-même Angelo, nous étions tous coincés.

Je n’ajoute pas que ma mort contre la vie des autres qui auraient dû être épargné aurait été la juste chose à faire.  Je me trompe peut-être mais il semble avoir beaucoup plus que le massacre des Conti à reprocher à Jimmy.  Il y a eu beaucoup de non dit, à peine voilé, soulevé pendant cette visite de courtoisie.

- Il va se prendre la réalité en plein visage. Un jour, ça viendra le hanter mais en attend Daniele, même si tu t’évertue à lui mettre le nez dedans, ça ne donnera rien de bon. N’est pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Autrement dit, lâche prise et continu toi d’avancer, à rebâtir ce qui a été ébranlé pour être plus fort le moment venu et…

- Ils vont se marier ?

Je le regarde avec ce petit regard qui veut tout dire alors qu’il gare la voiture dans le stationnement du restaurant. Ce genre de petite moue qui  traduit le fond de ma pensée et que j’accompagne d’un doux baiser.

@ Billy Lighter

Ce n’était pas la première fois que Samantha rencontrait Jim mais ils avaient fait comme si c’était la première – d’après ma petite amie, officiellement, c’était la première fois. Moui mais c’était un peu jouer sur les mots, il me semble…

-Mouais, dis-je pas convaincu. La première fois officieuse, il aurait quand même pu faire autre chose que de te laisser dans la merde aux mains des Conti qui restaient…

Parce qu’il aurait pu et ne me dites pas le contraire. A la place, il avait préféré couvrir toutes ses arrières en utilisant Samantha. En voyant ma petite amie, il ne l’avait pas tué parce qu’il avait trouvé mieux – elle avait été sa messagère. Si Fleming avait été présent et que Jim l’aurait éliminé, je n’étais pas sûr qu’il n’aurait pas fait de même avec ma Sammy. J’étais sûr – maintenant – qu’il aurait très bien été capable de tuer absolument tout le monde.

Seulement, Samantha s’évertuait à voir ce que Jim essayait de me faire voir. Pour elle, Jim avait fait ça par amour et – en même temps – ça avait permis à Tony de ne plus être en danger. Elle exposait ça comme s’il n’y avait eu que deux uniques solutions au problème Conti.

-Jim a agi sur un coup de sang, Sammy. Ce n’était pas réfléchi. Je suis sûr qu’on aurait pu trouver une meilleure solution en y réfléchissant plus posément et sans que tu ne sois mise inutilement en danger ! Je reste persuadé de ça ! De toute façon, à quoi bon débattre ? Je ne lui pardonnerais jamais, dis-je en regardant la route. Il a été trop loin et il n’est même pas capable de l’assumer. Il est même arrivé à se convaincre lui-même que c’est Fleming le coupable. Il me l’a dit quand je suis allé le voir au Los Robles.

Ce qui me rendait triste c’est que Samantha ne semblait pas comprendre la valeur de sa propre vie à elle. Elle ne comprenait pas que des gens l’aimaient ? Mon amour pour elle a moins de valeur que l’amour que Jim portait à Maritza ? On doit se sacrifier pour l’amour de Jim et Maritza ? Putain – ça, il n’en est pas question !

Jamais je ne sacrifierais quoi que ce soit pour Jim !

Elle était sûre que Jim allait se prendre la réalité en plein visage – j’en étais sûr aussi. Seulement, ça ne m’empêcherait pas de l’ouvrir.

-Ça ne sert peut-être à rien mais ça me passe les nerfs, dis-je en regardant Sammy. Et voir Jim de mauvaise humeur me procure pas mal de satisfaction.

Lui qui est toujours si sûr de lui – ça faisait du bien de le voir tiquer ou sourciller. Ce n’était pas simple d’obtenir ce résultat alors j’en profitais chaque fois que j’y arrivais.

Samantha avait – presque – changé de sujet et sa question ne m’avait pas vraiment surpris. Maritza avait laissé entendre qu’elle et Jim allaient se marier.

-C’est ce que j’ai cru comprendre, dis-je en garant la voiture.

Seulement, le regard de ma petite amie laissait très peu de place à l’interprétation. Mamma mia – Maritza venait de lui offrir une occasion de plus de remettre le mariage sur le tapis. Elle m’avait embrassé mais ça n’était pas pour ça que j’allais céder – foi de Daniele Ricci.

-Tu sais que si je te demande en mariage maintenant, il va croire que je le copie, dis-je avec un petit sourire en coin. Et je n’ai pas envie qu’il pense que ça soit le cas.

Si je me mariais la même année que Jim, j’allais aussi devoir partager les unes avec lui et je n’avais pas envie de partager. Je ne voulais pas qu’on parle du mariage de Daniele Ricci et de celui de Jimmy Reed mais uniquement de celui de Daniele Ricci !

-Puis, je ne veux pas partager les premières de couvertures avec Jim, rajoutais-je en faisant la moue. Mon ego ne supporterait pas ça, dis-je en sortant de la voiture.

J’avais donné mon bras à Samantha pour qu’on avance ensemble vers le restaurant.

-Quand je te demanderais en mariage, il n’y aura personne pour nous faire de l’ombre et ça sera grandiose, dis-je en souriant. Et on aura un voyage de noce inoubliable.

Tout le monde sait que c’est ça le plus important dans un mariage – le reste ce n’est qu’une fête et quelques papiers.

@ Billy Lighter

Daniele en veut trop à Jimmy pour essayer de mettre de l’eau dans son vin, ça, je peux parfaitement le comprendre. Tout est encore trop tôt, trop frais et l’attitude de son (ex) ami n’a fait qu’alimenter le feu. Surtout quand il a fait comme si nous nous rencontrions pour la toute première fois.

- Il aurait pu, sans aucun doute. Mais l’important c’est que je suis là et que je vais bien.

Ça ne sert à rien de débattre plus longtemps à ce sujet, de toute façon, et sans vouloir minimiser ce qu’il a pu ressentir pendant tout le temps où il s’inquiétait, le véritable danger, je l’ai vécu quand j’ai dû ramener Edward à Alice. J’ai cru que je me retrouverais avec une balle dans la tête moi aussi, ça ce moment là.

J’ai eu mal de chagrin en voyant ma famille gisant dans son propre sang, j’ai eu mal de frayeur en me retrouvant à l’autre bout du monde à la merci d’Alice Conti.

- Je te l’accorde. Le plan aurait pu être mieux élaboré et crois-moi, j’aurais préféré ne pas y assister, puis je posais ma main sur la sienne, avec une tendresse infinie, tu es en colère et tu te sens trahi pas ton meilleur ami, je le comprends. J’ai déjà ressentis ça dans ma vie. Mais, crois-moi. On réussit à passer par-dessus beaucoup de choses.

Avec un petit coup de pouce du temps.

En attendant, je restais sur l’idée que Jimmy Reed avait fait l’impossible pour venger sa tendre moitié, tout comme, je crois, Daniele aurait pu le faire et que moi-même, j’étais prête à beaucoup par amour pour lui. Ne lui avais-je pas moi-même dit que je pourrais tuer Angelo de mes mains s’il n’en tenait qu’à moi de le protéger, quitte à me sacrifier ? L’amour pousse parfois à agir d’abord et réfléchir ensuite.

J’affiche un sourire moqueur quand il me dit que la satisfaction de voir Jimmy justifiait qu’il air pu se comporter de la sorte. Au final, peu importe leur âge, ils se comporteront toujours comme des gamins.  Ils en sont simplement à un niveau un petit peu plus élevé que celui où ils se narguent en comparant ce qu’ils ont de mieux.

Nous en serions déjà à un tout autre sujet s’il n’avait pas fallu mettre ces choses à plats. Ce qui m’intéresse, c’est le petit détail pas si innocent que ça qu’à laisser flotter Maritza Cortez en parlant de Jimmy comme étant son fiancé. Et ça ne me fait que renouveler sans parler mon rêve de convoler avec l’homme que j’aime depuis toutes ces années.

- Ah oui ? Tu crois ça ? Pourtant…

Je prends un air tout à fait détaché en fouillant dans mon sac à main mon tube de rouge à lèvres avant de m’en remettre tout en me regardant dans le miroir de la voiture.

- … rien n’a encore été annoncé, je me trompe ?  Si ça se trouve, ça serait lui qui te copierait, et non l’inverse. Je dis ça… Je dis rien…

Je regarde Daniele amoureusement, parce qu’il sait très bien que je meurs d’envie qu’il officialise enfin notre relation en passant par la case mariage. Je l’attends depuis mes 18 ans ce grand jour, il ne peut pas me reprocher d’être impatiente. Daniele me connait assez de toute façon pour savoir que je ne suis pas du genre à lâcher l’affaire mais que je n’aime pas non plus faire les choses à moitié.

Je pointe ensuite mon visage de mon index pour qu’il me dise si mon choix de rouge le satisfait, il n’en aura pas le choix de toute façon puisque je n’ai pas non plus toute ma trousse de maquillage avec moi.

- Je l’ai acheté hier. Je trouvais que le rouge était très satiné.

Après un dernier  coup d’œil dans le miroir pour vérifier que mes cheveux et mon rouge étaient impeccable, nous sortons de la voiture et, galant, il m’offre son bras pour marcher jusqu’à l’entrée du restaurant.

- Personne ne saurait faire de l’ombre à mon mari, de toute façon.

Je lui ai murmuré à l’oreille pour que l’hôtesse qui prenait la réservation n’entende pas. J’ai eu m on lot de rumeurs qui commencent à peine à s’estomper et, encore. Je crois qu’on ne fait que parler derrière moi.

Installés à notre table, je comprends rapidement pourquoi Daniele juge se restaurant comme étant l’un des meilleurs.

- On se croirait chez nous !

J’ai le mal du pays. Mes racines me manquent plus que je ne veux bien me l’avouer mais je crains qu’Alice n’y soit retournée et que, même là-bas, je ne sois plus vraiment chez moi.  

- Le voyage de noces inoubliables, tu sais que cette idée là va faire son chemin dans ma tête. Tu surenchéri de beaucoup sur un rêve de petites filles… Prends gardes, chéri, mes attentes ne cessent de fluctuer.

La robe de princesse la fête et la lune de miel…

Je prends la carte qu’on vient de déposer devant mes yeux gourmands. Tout est authentique, dans la plus pure tradition, comme si je venais de m’installer à la table de ma mère. J’aurais envie de prendre un peu de tout tant je n’arrive pas à me décider.

@ Billy Lighter

Oui – le plan aurait pu être bien plus réfléchi. Ça aurait empêché ma Samantha de vivre un traumatisme. Jim savait pourtant bien que ma petite amie faisait partie des Conti et qu’elle avait des chances de se retrouver dans la villa d’Angelo ce dimanche-là.

Seulement, Jim n’avait pas réfléchi et au moment où il avait retrouvé sa lucidité, il ne l’avait pas utilisée pour aider Samantha mais pour l’utiliser à ses fins. Inutile de dire que – dans cet état de fait- je n’allais certainement pas chercher des circonstances atténuantes à un homme qui disait pourtant être mon ami.

-Peut-être, dis-je en regardant la route. En attendant, Jim peut aller se faire foutre.

S’il avait besoin de moi dans un avenir proche, il pourra toujours se brosser. Je n’allais pas me démener pour un type qui s’est servi d’un de mes proches pour couvrir son cul – parce que ça n’était rien d’autre que ça. Tout comme j’assumais toutes les attaques que je lui avais faites aujourd’hui et qu’il méritait largement.

Nous étions arrivé sur le parking du restaurant et la conversation avait sensiblement changé – Samantha était une pro des transitions bien gérées. Elle était passée de ma haine pour Jim au mariage de Jim et Maritza pour en venir au nôtre. Du grand art – et du Sammy tout craché ! Je savais qu’elle aspirait au mariage seulement, je ne voulais pas passer pour un copieur.

Ma Samantha trouva une parade à ça. Elle n’avait pas changé – à ce niveau – depuis 62. Elle avait toujours cette capacité à trouver les mots pour arriver à ses fins. Elle avait toujours été douée à « qui aura le dernier mot ».

Seulement, j’étais Daniele Ricci et j’ai toujours été son adversaire le plus redoutable !

-La patience est une vertu, amore mio, dis-je avec un petit sourire. Je veux que ma demande soit une surprise totale pour toi et pour le monde. Et puis, tu sais que je déteste être celui qui cède.

J’aimais avoir le dernier mot et j’aimais ne pas céder – elle le savait mieux que quiconque. Je n’étais pas contre le mariage et Samantha était la femme que j’aimais mais je préférais ne pas faire les choses trop vite – ni en même temps que Jim.

Samantha avait appliqué son rouge à lèvres. Il lui allait à ravir – il faut dire que sa beauté naturelle faisait que même sans, elle était jolie.

-Ce n’est pas le rouge à lèvres qui te met en valeur, Samantha mia mais toi qui arrive à développer tous le potentiel du rouge à lèvres, dis-je sincère avant de lui donner mon bras une fois sortis de la voiture.

Nous étions entrés dans le restaurant où Samantha m’avait murmuré à l’oreille que personne ne pouvait me faire de l’ombre. Même si je n’étais pas – encore – son mari j’avais bien saisi le message et le sous-message.

-Ça c’est bien vrai, dis-je avec un grand sourire.

J’étais le grand Daniele Ricci – après tout !

-Aucune femme ne te fera jamais de l’ombre non plus, dis-je avec cette touche de fierté naturelle qui me caractérisait. On sera bien vite le couple le plus en vue de cette ville.

N’en déplaise à Jim – bien sûr ! Son couple n’avait rien d’intéressant, après tout. Celui de Samantha et moi l’était bien plus – j’étais chez BSC et elle était chez MTI. C’était plus intéressant pour les journalistes que les amours de Jim.

Le restaurant dans lequel j’avais emmené Samantha était typiquement italien. Les tenanciers étaient des Siciliens et non des pseudos-italiens – traduisez : italo-américain. Samantha semblait apprécier l’endroit.

-Oui. Je viens toujours ici quand j’ai envie de manger comme chez nous, dis-je en souriant.

On nous avait placés à une table et nous avions entamé la conversation sur le voyage de noces – qui était de loin le meilleur moment dans un mariage. Evidemment, ça n’avait fait que faire grossir ses envies de mariage – Dio mio.

-Quand je t’aurais demandé en mariage, dis-je en replaçant bien les choses. Il sera le plus beau de tous les temps. La robe de tes rêves, l’endroit de tes rêves, la cérémonie de tes rêves et le voyage de noces de tes rêves, dis-je en lui faisant miroiter tout ce qu’elle rêvait devant les yeux.

Tout ce qui pouvait s’acheter avec des billets de banques.

-Ça sera le meilleur jour de ta vie, dis-je avec un grand sourire. Mais le jour de la demande, c’est moi qui le choisirais.

N’étais-ce pas un deal parfait ? Elle aura tout ce qu’elle voudra – mais le moment, ça sera mon choix.

-Et quel endroit te ferait plaisir pour les noces ?, dis-je en inspectant moi aussi le menu. A savoir que je peux t’emmener partout dans le monde.

Bali ? Les Caraïbes ? Une île paradisiaque ou l’autre ? Les choix étaient vastes !

@ Billy Lighter

Contrairement à Daniele, je lâche prise sur l’affaire Jimmy Reed parce qu’en ce qui me concerne, cette histoire est terminée. Je suis envie, Maritza aussi, plus aucun danger ne plane au dessus de nos têtes, alors, nourrir des sentiments de colère représente une dépense d’énergie inutile et je n’ai absolument pas besoin de ça en ce moment.

Je préfère diriger l’attention de Daniele sur un de mes rêves le plus cher, ravivé par la confession pas si innocente que ça de Maritza. Elle et Jimmy vont unir leur destinée et Daniele tarde à mettre les choses en marche.  Pire, encore, il ose me dire que la patiente est une vertu.

- Je suis donc une femme très vertueuse, j’attends ce jour depuis 62 !…

Le ton sur lequel je lui réponds est moqueur et dénué d’un quelconque reproche. Je ne peux pas lui en vouloir pour ce qui s’est passé, maintenant que tous les deux savons que notre rupture était une mise en scène parfaitement orchestré par le père de Daniele.

- Si tu devais le faire aujourd’hui, crois moi la surprise serait totale, amore mio.

J’applique mon nouveau rouge à lèvre d’une couleur vive et satiné qui, je crois, met ma bouche pulpeuse en valeur et Daniele de me citer probablement l’une de ces plus belles phrases tirés de son lexique de drague écrit et distribué par lui-même. N’empêche qu’il a l’art de le dire quand ça compte vraiment et, parce que je suis raide dingue de lui, ça fonctionne à coup sur.

- Ce rouge à lèvres pourrait se retrouver ailleurs que sur ton col de chemise…

Installés à notre table, je ne peux rester indifférente au décor qui me rappel immanquablement, les terrasses de Rome.  Tout est authentique au point où je m’en trouve submergée par une vague de nostalgie.

Daniele ravive mes rêves de jeune fille en parlant de ce jour comme du plus mémorable de toute ma vie, en commençant par la robe jusqu’au voyage de noces. Je suis de moins en moins patiente vis-à-vis ce jour dont je crains qu’il ne fera jamais la demande, la seconde, officielle, par pêché d’orgueil ou simplement parce que  son statut d’éternel célibataire lui plait un peu trop.

- Bien sûr que notre mariage sera le plus beau de tous les temps, ce sera le notre.

Ça ne fait que quand même vingt et un an que je le planifie !

- Essais quand même que ce soit avant de faire faire nos pré arrangement funéraires.

Disons que je n’ai pas envie de remonter l’allée en me tenant à une marchette. Ce serait aussi un peu gênant que nos invités nous lancent des bonbons à la menthe rose à notre sortie de l’église plutôt que des confettis.

Je dépose la carte sur la table devant moi, mon choix et, à sa question, je réponds sans réfléchir puisqu’il me parait évident que c’est le seul endroit au monde où je veux passer ma lune de miel.

- Chez nous, à Rome.

Et de ça, je n’en démordrai pas.

- Peut-être pourrions-nous même y aller, juste comme ça, pour le plaisir. Maintenant que la tournée est derrière toi, et que la vidéo sera lancée sous peu, nous méritons plus que n’importe qui des vacances, tu ne crois pas ?

Vacances ou retour aux sources, appelez cela comme bon vous semble mais je ne suis pas faites pour le climat Américain à temps plein. Plus intimement, aller me recueillir au cimetière, là où repose mon père, mon mari et mon fils apaiserait plusieurs de mes tourments.

@ Billy Lighter

C’est vrai – elle attendait depuis 62. J’avais déjà fait ma demande à l’époque d’où sa bague de fiançailles. Je devais lui accorder le dernier mot pour le coup. Seulement, ça ne changera rien au fait que je n’allais pas la demander en mariage aujourd’hui – bien qu’elle avait dit que si je le faisais maintenant, la surprise serait totale.

-Oui, dis-je avec un petit sourire. Mais ça serait t’accorder trop facilement la victoire et tu sais à quel point j’aime gagner.

Elle aimait tout autant gagner que moi – nous étions les mêmes sur de nombreux points. Cette conversation en était la preuve. Nous étions incapable, tous les deux, de changer d’avis et de laisser à l’autre la joie d’obtenir ce qu’il voulait. Pourtant, nous nous aimions et nous nous aimions en partie pour ça.

Ce n’est pas pour ça que je ne pouvais pas le complimenter copieusement comme avec le rouge à lèvres. J’en pensais chaque mot même si j’avais l’art d’en faire toujours trop – j’étais un Italien et les belles phrases me venaient tout naturellement. Seulement, l’invitation que Samantha avait cachée dans sa phrase avait bien été entendue.

-Je n’en ai aucun doute, dis-je en souriant.

Elle saura me faire oublier Jim – je n’en avais pas de doute.

Nous avions été installés à une table. L’ambiance du restaurant semblait rendre Samantha nostalgique – je pouvais le voir dans son regard. Nous n’avions pas encore changé de sujet de conversation. Nous en étions toujours au mariage. Putain – elle n’en démordait pas ! Seulement, on pouvait quand même toujours déjà prévoir un peu ce qu’on allait y faire… Car – oui – ça sera le plus beau de tous !

-Nous sommes d’accord, dis-je en lui faisant un clin d’œil.

Seulement, ma Sammy était plus que douée pour me rappeler son impatience. Je ne comptais pas attendre la fin des temps non plus – j’attendais juste le bon moment. Un moment où tous les regards pourront se tourner entièrement vers nous.

-Je compte bien être en forme pour la fête et la nuit de noces alors je ne vais pas attendre nos 50 ans… Enfin, mes 50 ans vu que je les aurais avant toi, dis-je en soupirant un peu à cette idée.

J’avais 41 ans – ça signifiait qu’elle n’aurait pas 9 ans à attendre. C’était déjà une bonne garantie, non ? Je n’étais pas sûr que ça allait satisfaire ma petite amie mais ça faisait partie du jeu de la faire mariner un peu.

Je voulais bien parler de notre lune de miel – après tout, parler voyage, j’aimais ça. Je laisserais à Samantha le choix. Ce qui m’intéressait, c’était d’aller quelque part où on pourra profiter de l’alcool, du beau temps, de la piscine – et pourquoi pas la plage – et de nous deux. Ce n’était pas trop demander surtout que je pouvais absolument tout me payer en tant que multimillionnaire.

Seulement, Samantha ne voulait rien de dépaysant. Elle voulait Rome – tout simplement. Ne vous méprenez pas. Je n’avais rien contre Rome. J’étais fier et adorait ma ville natale. Seulement, mon dernier passage à Rome – en tournée – n’était pas forcément mon meilleur souvenir. Je m’étais récemment fait plaquer par Maria et je carburais à la cocaïne… J’y avais même rencontré la nouvelle petite amie de mon père – à défaut de l’avoir vu lui.

-Rome ?, dis-je un rien surpris mais souriant quand même. Ce n’est pas très dépaysant mais si c’est ce que tu veux, on ira à Rome.

Ostie était – de toute façon – la plus belle plage du monde. Même les plages des Caraïbes ne pouvaient pas faire mieux.

Sammy voulait même y aller tout de suite – quand je vous disais qu’elle était impatiente. Seulement, l’idée de partir en vacances me plaisait. Je venais de revenir de longs voyages mais ça n’avait rien de similaire à des vacances – surtout la dernière partie de tournée où j’avais dû embarquer Tony.

J’avais besoin de vacances et elle aussi.

-Je suis d’accord, dis-je en souriant. Je pourrais nous louer une villa à Ostie. On se fera des sorties sur la plage comme ça. Je dirais à mon père qu’on viendra comme ça je serais sûr qu’il s’en ira quand on arrivera. Rome n’est pas assez grand pour deux Ricci, de toute façon, dis-je avec un sourire en coin. J’ai besoin de vacances. La Casa Nuova et Jim m’ont bouffé toute mon énergie…

Surtout que je pouvais partir sans Tony en paix désormais ce qui n’était pas plus mal.

Le serveur s’était amené coupant notre conversation. J’avais laissé Samantha faire sa commande et j’avais fait la mienne – une bonne pizza bolognaise. J’avais aussi commandé une bouteille de vin rouge pour nous deux.

-Tu as encore de la famille à Rome ? Ta mère est encore là-bas ?, demandais-je curieux de savoir ce qui avait changé pendant nos 20 ans à vivre chacun de notre côté.

@ Billy Lighter

J’aime bien argumenter avec Daniele, surtout quand il s’agit de notre éventuel mariage. Je ne suis pas désespérée au point de le supplier d’officialiser la chose, mais je ne m’en cache pas, je me plais à en rêver ouvertement. Et puis je ne doute pas de la parole de Daniele, il ne m’ jamais donné de raison de le faire, ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer. Après tout, les années ont prouvées, et ce, malgré tout ce temps et le chemin parcouru l’un sans l’autre, que nous étions fait l’un pour l’autre.

Notre mariage, donc, puisqu’il en est question, sera le plus grandiose de tous les temps, nous étions bien d’accord là-dessus. Et, si je peux qu’en rêver encore pour l’instant, je peux me réjouir en me disant que ça ne prendra pas une autre décennie pour concrétiser notre union.

Le mariage le plus grandiose ne se préparera pas de toute façon en un clin d’œil. Il faudra plusieurs mois pour le préparer correctement et tout prévoir jusque dans le plus petit des détails. Je me souviens, mon mariage avec Mario… la façon avec laquelle Rita et Angelo ont tout mis en œuvre pour que tout soit parfait. Il fallait que le mariage du  fils aîné Conti soit l’évènement de l’année. À défaut de me marier amoureuse, je me mariais heureuse.

Cette fois, avec Daniele, il s’agirait d’un mariage d’amour et c’est à Rome que je voulais vivre ma lune de miel. Parce que c’était là où tout avait commencé, et aussi là où tout s’était écroulé. De nous rendre là-bas, c’était comme tourner définitivement une page qui avait été que partiellement arrachée.

J’en ai des étoiles dans les yeux alors que Daniele confirme que, puisque c’est ce que je veux, c’est ce que nous ferons, et, tant qu’à y être, pourquoi ne pas accepter ma proposition de s’y payer un petit séjour, question de souffler un peu après tout ce que nous venons de vivre. La simple évocation de balade sur la plage d’Ostie me transporte déjà et s’il n’y avait pas cette table entre nous deux, je serais entrain d’enlacer Daniele tout en l’embrassant.

- Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir, amore mio !

Enfin, si, s’il avait ajouté une demande en mariage avec ça mais, je saurai être encore un petit peu patiente… un peu !

On vînt prendre notre commande et je choisis un plat de bucatini, et laissais à Daniele le soin de choisir le vin qui se mariera parfaitement avec nos plats.  Le choix fait, je replonge mon regard dans celui de mon amoureux qui me demande si j’ai encore de la famille à Rome.

- Ma mère y vit toujours.  Après la mort de Mario et Tod, quand Angelo m’a ‘’demandé’’ , , j’appuie sur demandé puis qu’en fait ce n’était pas une demande comme un ordre, de les suivre ici à Los Angeles, elle ne m’a plus jamais parlé. Je lui ai écrit plusieurs fois mais mes lettres sont restées sans réponses.

Je la savais entourés de gens bons pour elle mais ça m’a quand même brisé un peu plus le cœur que de la laisser derrière moi. Je peux comprendre son silence, mais, quand nous reviendrons à Rome, j’espère qu’elle sortira de son mutisme et qu’elle acceptera enfin Daniele comme étant l’homme de ma vie.

- Je souhaite de tout mon cœur qu’elle soit en de meilleures dispositions à ton égard qu’elle ne l’était quand nous étions plus jeunes.  

C’est important pour moi.

- Tu sais quand nous pourrions partir ?

Le plus tôt sera le mieux.

En ce qui me concerne, je n’ai rien qui ne peut être déplacé à l’agenda, le moment serait donc parfait pour que nous puissions partir  d’ici quelques jours.

- Il faudra que tu préviennes rapidement ton père, si nous voulons le faire partir de Rome, je ne tiens pas spécialement à le croiser quelque part.

Quoi que je me dis qu’il pourrait être capable de nous coincer quelque part uniquement pour le plaisir de nous pourrir l’existence. Je me trompe peut-être, et puis Daniele le connait mieux que moi. S’il dit que l’annonce de notre arrivée le fera déguerpir, j’en suis satisfaite.

@ Billy Lighter

Samantha était très satisfaite que j’accepte que notre voyage de noces se passe dans notre ville natale. Ça sera une façon pour moi de remettre les pieds là-bas dans de bien meilleure disposition et de pouvoir – enfin – profiter de la ville qui avait vu naitre l’un des meilleurs hommes d’affaire de tous les temps.

Rome c’est aussi l’endroit où Samantha voulait aller pour nos prochaines vacances – qui seraient pour très bientôt d’après nos dires respectifs. J’en avais besoin de ces putain de vacances et ça ne me dérangeait pas de partir pour Rome. Si ça pouvait mettre le massacre des Conti, la tournée et Jim derrière nous ça n’en sera que mieux ! J’allais faire en sorte que ce voyage soit parfait en faisant déguerpir mon père de la façon la plus simple – en lui disant que j’allais mettre les pieds à Rome. Il ne lui en faudra pas plus pour filer à Monaco ou je ne sais où – dans une de ses villas qu’il avait dans l’un ou l’autre paradis fiscal.

Putain – j’ai envie d’une villa à Monaco !

Seulement, mon envie sera pour plus tard. Le serveur avait pris notre commande et j’avais engagé la conversation sur la mère de Sammy. Elle vivait toujours mais avait coupé les ponts avec sa fille quand celle-ci était venue s’installer à L.A. avec Angelo.

-Je suis désolé pour ça, dis-je sincèrement navré. Moi et ta mère, on n’était pas du même milieu. On ne se comprenait pas vraiment mais de ce que je m’en rappelle, c’était une femme courageuse.

Je n’avais jamais rien eu contre elle – hormis sa très petite ouverture d’esprit. On dit toujours que ce sont les riches qui sont les plus coincés mais les gens plus pauvre sont pas mal dans le genre non plus avec leurs idées bien arrêtées. Les extrêmes se rejoignent, il parait… Les parents de Samantha ne m’avaient jamais accepté parce que j’étais le fils d’Antonio Ricci – une gosse de riche qui, d’après eux, prenait leur fille pour un jouet qui finira par jeter à la poubelle quand il en aura marre. On n’avait jamais vraiment eu le temps de leur prouvé le contraire. C’était l’occasion de le faire pour la mère de Sammy – dont cette dernière espérait que sa mère m’acceptera cette fois-ci.

-On verra, dis-je en haussant les épaules. De toute façon, on n’a plus besoin de la bénédiction de personne. On n’en avait déjà pas forcément besoin à l’époque alors maintenant encore moins.

Si la mère de Samantha ne m’acceptait pas et bien je n’en aurais rien n’à faire – on vivra quand même à L.A. et elle a Rome…

Samantha voulait savoir quand on pouvait partir. Je pouvais partir demain si elle le souhaitait – bien qu’il fallait quand même faire quelques réservations au préalable. Je revenais d’une tournée mondiale, personne ne m’en voudra si je prends un peu de vacances. De toute façon, je suis Daniele Ricci – je prends des vacances quand je veux !

-Quand tu veux, dis-je en souriant. Je réserverais la villa et le vol et on pourra y aller. Dans une semaine, ça me semble bien.

Si elle n’avait rien n’à faire de son côté, je pouvais nous organiser ça en moins de deux et avec tous le confort qu’on méritait.

Pour mon père ça allait être aussi une formalité – Samantha avait autant envie de le voir que moi.

-Erik s’en chargera. Ne t’en fais pas, chaque fois que je prévois de revenir, il s’en va. De toute façon, je n’ai pas envie de le voir et encore moi sa nouvelle petite amie… Tu sais qu’il sort avec Valeria Piola ? Tu sais, l’actrice qui est aussi la sœur de sto’ cazzo  de Paolo Piola… Enfin, ils étaient ensemble aux dernières nouvelles… Je ne sais pas si c’est encore le cas, dis-je d’un coup pensif. J’espère que non, elle m’a clairement dit qu’elle était avec lui pour ses thunes et l’héritage…

Samantha devait très certainement la connaitre étant donné que les Piola étaient des alliés des Conti quand ceux-ci étaient encore à Rome… De plus, Valeria avait l’âge de Samantha et on avait grandi à Ostie ensemble. Le souvenir de Paolo et de son couteau était – d’ailleurs – un des souvenirs les plus encré dans ma tête sûrement aussi parce que ce souvenir était celui juste avant notre première fois à Sammy et moi.

-Elle voulait même lui faire un gosse pour être sûr de le tenir, dis-je toujours outré par les révélations que m’avait faite Valeria. Je n’ai pas envie de partager mon héritage avec le rejeton de cette Laziale ! La putain de fortune de mon père doit me revenir et pas profiter à une profiteuse.

Je parlais beaucoup – je vidais un peu ce que j’avais sur le cœur à ma pauvre Sammy. Seulement, repenser à Rome m’avait rappelé ce moment où j’avais couché avec Valeria à Rome juste avec ces putains de révélations dont elle s’était vantée.

@ Billy Lighter

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que j’ai suivis les Conti ici même à Los Angeles, assez je l’espère pour que ma mère soit revenue à de meilleures dispositions à mon égard.  Mais comme le dit Daniele, nous n’avons plus besoin de la bénédiction de personne pour nous unir, d’autant plus qu’en ce qui me concerne, ce sera mon second mariage.

- J’aimerais tout de même qu’elle soit présente, cela dit, je ne pourrai pas la forcer et je n’attendrai pas qu’elle change d’idée pour me marier avec toi.

Je ne suis plus la petite fille que j’ai été jadis, voulant faire les choses dans les règles, cherchant la bénédiction de tous et de chacun. Au final, je n’ai fait que les décevoir, mettre la pression sur Daniele puis j’ai fini malheureuse avant de convoler avec Mario Conti dans un mariage de raison.
Je ne referai plus les mêmes erreurs.

Tant qu’à faire, et parce que nous en avons les moyens, pourquoi ne pas organiser un petit voyage à Rome et tâter le terrain ?  A moins, nous serions fixés sur ce qui nous attend. Je désire partir le plus tôt possible.

- Dans une semaine ? Oh, Daniele ! Ce serait parfait !

Le temps de prévenir de mon absence au bureau, d’arranger deux ou trois trucs et nous y serons. Ça laissera aussi le temps de réserver une villa, nos billets et, surtout, le plus important, faire quitter la ville à Ricci Senior. Je n’ai pas spécialement envie de risquer de le croiser en marchand dans les rues au bras de son fils. J’ai encore une gifle en réserve pour lui que je me promets bien de lui offrir depuis de nombreuses années.

J’écoute avec intérêt l’histoire de Daniele concernant la petite amie de son père. Comment pourrais-je ne pas me souvenir de Valeria Piola ? Elle et son frère Paolo, celui qui avait voulu me ravir à mon tendre aimé et qui avait fini par lui planter sa lame en plein ventre.  Ce souvenir effroyable, cependant, est aussi relié à jamais à un souvenir d’un tout autre genre qui, comme à chaque fois que j’y repense, je fais sourire bêtement.  

- Je me souviens très bien d’eux… Ils se valent tous l’un l’autre dans cette famille. Tu savais que l’aîné à été  arrêté pour avoir volé un cochon ? Oui, oui ! Un cochon ! Ça a fait bien rigoler les gens du coins qui les pointaient du doigt pendant un temps.

C’est à croire qu’ils n’héritent que d’une parcelle d’intelligence à la naissance, les enfants Piola. Dommage parce que leur mère était une femme gentille avec un très grand cœur, de ce que je me souviens, mais mariée à un abruti qui lui a fait une trâlée d’abrutis d’enfants.

- Ton père est descendu bien bas pour mettre dans son lit ce genre de femme. Aucun homme respectable ne ferait ça.

On ne sait jamais qui est passé sur le corps de femmes comme elle. J’en ai des frissons de dégoûts uniquement à y penser.

- Elle est devenu actrice, peut-être que sa réputation a changé mais fut une époque où les dires se voulaient qu’ils étaient plus facile de coucher avec elle que de boire un coup dans un pub.

L’idée qu’elle devienne ma belle-mère me donne la nausée. Au moins, je peux me consoler en me disant que jamais je n’aurai à les côtoyer. Daniele, lui, craint plus pour son héritage qui pourrait être potentiellement réduit si cette catin devait enfanter.

- Encore faut-il que ton père sache encore s’en servir, ce que je doute fort. Il prend de l’âge et si ce n’est pas déjà fait, je doute que ça se fasse dans un avenir rapprocher.

En fait, je l’aurais mauvaise si elle devait être enceinte et moi pas. Pour dire vrai, je l’aurais vraiment mauvaise peu importe qu’elle femme de mon entourage serait enceinte avant moi. Le mariage fixé dans un calendrier aléatoire de 9 ans peut toujours passer mais mon horloge biologique à moi ne tiendra pas une décennie !

- Et nos enfants à nous ?

@ Billy Lighter

Samantha avait bien envie que sa mère soit présente à notre futur mariage – bien qu’elle n’attendrait pas son consentement pour se marier avec moi. Sammy respectait sa mère et je savais que ça lui faisait de la peine de ne plus avoir de contacts avec elle.

-On l’invitera et on verra mais peut-être que d’ici à ce qu’on se marie, les choses se seront aplanies entre vous, dis-je en lui souriant.

Avant que ça n’arrive, on avait encore le temps de voir venir. Notre prochaine étape sera de passer quelques jours de vacances – à Rome pour bien faire. J’étais prêt à partir dans une semaine. J’avais plus que le droit à des vacances et Samantha aussi !

Seulement, si tous les chemins mènent à Rome, le chemin de Rome mène à mon père. Il nous sera possible de faire en sorte de ne pas le voir à Rome mais parler de lui m’avait fait cracher un peu ma frustration par rapport à sa relation – si relation il y a toujours – avec Valeria Piola. C’est elle-même qui s’était vantée de ça ce qui m’avait fait mettre en garde mon père. Je ne savais pas s’il avait pris en compte ma mise en garde et c’était bien pour ça que cette histoire me foutait toujours en colère chaque fois que j’y pensais.

Samantha n’aimait pas les Piola plus que moi. Elle avait une anecdote à leur sujet qui m’avait fait rire un peu. Un putain de cochon ?

-Il a fait ça ?, dis-je avec un petit sourire. Quel con ! J’aurais voulu être là pour le voir.

Seulement, Samantha n’en avait pas terminé avec Valeria. Elle avait dit qu’aucun homme respectable ne la mettrait dans son lit. J’espère qu’elle n’avait pas vu mon expression changer à ce moment même – parce qu’elle avait changé pour afficher un air moins assuré. J’avais couché avec Valeria… J’avais l’excuse – tout à fait valable ! – d’être complètement drogué et bourré. Ça comptait, n’est-ce pas ? Samantha trouvait que Valeria était une femme facile. Moui – on pouvait dire ça… Seulement, je crois qu’il n’était pas très intelligent de lui révéler avoir coucher avec elle. Ça sera pour plus tard ce genre de révélation.

-Moui… C’est une petite garce en prime de tout, dis-je pour rajouter une couche sur le cas Piola.

La chose qui me faisait le plus peur c’était que Valeria et son possible rejeton s’en mette plein les poches à la mort de mon père et que je ne reçoive qu’une petite partie d’un héritage qui m’est dû. J’étais le seul et unique descendant Ricci légitime ! Ce n’est pas une Laziale qui allait me faucher mon héritage sous le nez – foi de Romaniste !

Samantha avait de quoi me faire rire – elle avait dit que mon père ne serait peut-être plus capable de faire des enfants à Piola.

-Putain, j’espère que tu as raison, dis-je non sans en être certain. En tout cas, tant qu’il ne sera pas mort, je ne serais pas à l’abri d’une connerie dans le genre…

Je ne souhaitais pas sa mort – ne vous méprenez pas ! Mais s’il pouvait rester bien tranquille dans son coin le temps qu’elle arrive, ça me ferait plaisir.

Seulement, Valeria et cette histoire d’héritage avait tendu une perche à ma Samantha qui avait abordé l’inattendu – pas tant que ça, en fait – thème de NOS enfants. Je savais que Samantha voulait des enfants – elle m’avait dit en 62 en vouloir huit. Huit putains de gosses ! C’était presque une équipe de foot à trois près ! Vous comprenez pourquoi cette question venait de me faire blêmir.

-Nos enfants ?, dis-je en mimant la surprise. On a Tony… Tu ne trouves pas qu’il prend déjà beaucoup de place ?

Il courait partout depuis qu’il avait appris à marcher et il ne se fatiguait jamais ! Surtout que je venais de passer des mois à lui éviter une exécution en règle...

Seulement, je savais que seulement Tony ne suffirait pas à satisfaire Samantha… Surtout que ce n’était pas son fils biologique et que le « nos » était au pluriel. Tony ça ne faisait qu’un seul – même s’il avait l’énergie de dix putains d’adultes.

Je ne savais pas qu’elle pirouette utiliser pour repousser ad vitam eternam le second petit Ricci…

-Tu n’en veux quand même pas huit, hein ? Rassure-moi…, dis-je tout de même inquiet. Parce que huit c’est totalement hors de question ! Tu sais qu’il faut les élever ces bêtes-là…

Elle le savait – elle avait eu son propre enfant elle aussi…

@ Billy Lighter

Les Piola ne sont pas des gens que je désire fréquenter. Ils n’ont pas forcément une bonne réputation, se greffent comme des parasites aux gens de la haute pour gagner leur deux minutes de gloire et ne sont rien de plus que des dégénérés de génération en génération ! Je ne suis pas surprise d’apprendre que Valeria a pu mettre le grappin sur le père de Daniele. Elle ne représentait certainement pas un défi, lui non plus d’ailleurs. Si les gens aiment faire affaire avec lui, les femmes connaissent son goût pour le changement.

Il faut ne pas avoir peur d’attraper des maladies pour se frotter à une femme comme elle, ou être gravement en manque. Je ne peux m’empêcher de dire ce que j’en pense à Daniele mais, plutôt que de le faire rire, j’ai presque l’impression que je le mets mal à l’aise. Peut-être qu’il s’inquiète plus pour son père que pour son héritage, finalement.

- Ton père finira par voir clair dans son jeu et, crois moi, si elle tombe enceinte, il ferait mieux de vérifier sa paternité parce qu’avec ce genre de femme, il vaut mieux ne prendre aucun risque.

Mais ça, il faut encore que ça arrive. Valeria sert plus de décoration officiel au bras du père de Daniele que d’amusement dans la chambre à coucher. Elle doit trouver son contentement ailleurs, une fois qu’elle l’a bien enivré pour lui faire croire qu’il a prit son pied.

Ce soir, Daniele m’ouvre les portes toutes grandes pour aborder les sujets qu’il balaie si habilement normalement, sous le tapis.  Bien que ce soit évidement fait inconsciemment, je ne peux passer à côté de si belle occasion de faire passer mes messages.

- Oui, nos enfants, Daniele.  Tony est ton fils et, bien que je l’aime, je veux connaitre la maternité à nouveau.

Le temps passe et ni lui ni moi n’allons en rajeunissant. Je suis inquiète bien plus au sujet de nos enfants que pour notre mariage. En fait, j’ai peur que Daniele ne fasse que jouer avec le temps rendant nos chances de plus en plus minime de concrétiser mon souhait le plus cher. Il n’y a rien que je veuille plus que de vivre une nouvelle grossesse avec l’homme que j’aime à mes côtés, seulement, je sais que je ne pourrai pas forcer Daniele à faire quelque chose dont il n’a pas envie. Mais chose certaine, j’aurai d’autres enfants et si ce n’est pas avec lui… c’est que nous n’étions finalement pas faits pour être ensemble.

- Tony prend la place qu’un enfant de son âge doit prendre. Il est curieux, il explore c’est normal.  

Daniele ne devait pas donner sa place au même âge.

- Autant que nous saurons en faire ?  

Je reste aussi sérieuse que possible avant d’éclater de rire.

- Au moins deux, ce qui nous en ferait trois, je trouve ça respectable et bien assez loin des huit initialement prévu.

En avoir un seul, ce serait déjà bien. C’est un peu la tactique de négociation qui fonctionne le mieux, en demander plus qu’espérer pour avoir ce que l’on souhaite.

Nos assiettes nous sont servit ce qui met un peu de côté tous les bébés et projets possibles, me laissant m’extasier sur l’authenticité des saveurs de mon repas. C’est délicieux au point où je ne peux m’empêcher de savourer tout ce qui avait été placé dans mon assiette.  Il semblerait, et fort heureusement, que mon appétit n’ai pas été touché pas toutes les zones grises que nous avons abordés aujourd’hui.

Et quand la dernière gorgée de vin fut prise, je souriais à Daniele pour lui proposer un tout autre projet qui devrait lui plaire d’avantage.

- Et si nous rentrions pour tester la durabilité de mon rouge à lèvre ?

@ Billy Lighter

Putain – oui – j’espérais que mon père allait ouvrir les yeux ! S’il ne les ouvrait pas, Piola allait s’en mettre plein les poches et moi j’aurais perdu une partie de l’argent qui me revient de droit parce qu’il n’est pas foutu de bien choisir ses petites amies. C’était tout de même affligeant !

-Oui, il aura plutôt intérêt, dis-je en soupirant. J’espère qu’il ne sera pas assez stupide que pour lui faire un gosse…

Mon père n’était pas stupide – c’est une de ses rares qualités. Seulement, je le voyais très bien se faire attendrir par la belle paire de seins de Piola. Je n’avais plus qu’à espérer qu’il passe à autre chose et se lasse d’elle. Je crois que l’ennui le fera bien plus se détourner de Valeria que n’importe laquelle de mes mises en garde.

Seulement, parler d’héritage et de gosses avait ouvert une porte à Samantha qui s’était engouffrée dans l’ouverture sans avoir besoin que j’ouvre plus grand – malheur à moi. Elle voulait des gosses bien qu’on avait déjà Tony. Putain, j’aurais dû me méfier… Je savais qu’elle avait toujours voulu des gosses – elle en voulait huit autrefois. Seulement, je n’avais aucune envie de me retrouver avec toute une marmaille de gosses ! Tony, n’était-il pas suffisant ? Apparemment non – Samantha voulait à nouveau vivre la maternité.

-Mamma mia, soufflais-je, en manque d’arguments.

Elle n’avait vraiment pas assez avec Tony... Pourtant, ce gamin prend de la place et court partout ! Quelque chose de normal d’après Samantha…

-Oui et bien vivement qu’il ait l’âge d’aller à l’école…, dis-je en me disant qu’à ce moment-là, il me laissera un peu respirer.

Car oui, je comptais le mettre à l’école dès qu’il aura l’âge – c’est-à-dire en septembre de l’année prochaine. Ainsi ça fera moins de travail à Erik et je pourrais arrêter de le voir courir dans tous les coins quand je me repose ou que je bois un whisky – ce qui n’est pas du luxe.

Seulement, Samantha n’en démordait pas – elle voulait d’autres gosses. Je savais que lui faire changer d’avis sera inutile et je n’ai pas vraiment envie de perdre Sammy pour une divergence sur un possible futur bébé Ricci. Elle voulait être mère à nouveau - ça semblait être comme un projet de vie pour elle…

J’avais survécu à Tony – jusqu’ici… - je pourrais peut-être survivre à un autre… Sans compter que, cette fois, il aura une mère à domicile dès le départ…

Je voulais savoir combien elle en voulait et sa réponse m’avait fait me figer. Putain, autant qu’on pourrait en faire ? Biologiquement parlant ? Car si c’est ça, ça pourrait être un par an ! Non ! Non ! Non ! Samantha – à ma tête certainement – avait éclaté de rire. Ce n’est pas drôle ! Les gosses – ça rend la vie difficile ! Elle avait dit en vouloir deux… C’était plus raisonnable que huit mais ça restait trop élevé…

Dois-je lâcher du lest et accéder à ce que voulait Samantha ? Oui – mais j’allais revoir à la baisse son nombre. Je n’en voulais pas huit ! Je n’en voulais pas deux non plus ! Un c’est suffisant - surtout qu’on avait déjà Tony et que ça fera deux.

-Un ! Je t’en accorde un seul, dis-je très sérieusement et en regardant Samantha dans les yeux. Un en plus de Tony. Pas deux… Pas huit… Un, dis-je pour bien être clair. En théorie, je n’avais pas prévu d’en faire d’autres après ce malheureux accident appelé Tony mais… Mais je t’aime. Alors un. Un et c’est quand tu voudras pour le faire…

Voilà – c’était à prendre ou à laisser. On fera un enfant mais un seul – je lui laissais, cette fois-ci, le choix de la date. J’aimais Sammy et je ne voulais pas qu’elle soit malheureuse parce qu’elle ne pourra plus jamais avoir d’enfants si elle reste avec moi et je ne voulais pas ça.

J’avais été sauvé – juste après – par les plats servi. On ne savait jamais que Samantha aurait d’autres demandes. Ma pizza était très bonne et on avait terminé la bouteille de vin à nous deux. C’était trop peu pour moi et j’avais commandé un verre de whisky en dessert.

Le repas terminé, Samantha avait eu une proposition tout à fait intéressante – qui était moins stressant qu’un mariage ou autres bébés. Je m’étais levé et l’avait embrassé.

-Avec plaisir !, dis-je en souriant. Seulement, je ne crois pas qu’il va tenir toute la nuit. Car je compte bien m’occuper de toi toute la nuit, Samantha mia.

Un avant-goût avant des vacances qui – je l’espère – seront plus dans le goût de ce que va être notre soirée et notre nuit que ce que n’a été notre journée.

@ Billy Lighter