Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

Une demi-heure. Il restait une seule heure avant le premier concert… Une toute petite heure. Ce n’était rien, une heure dans une foutue vie. Je fumais ma clope. C’était la quatrième que je fumais. J’étais tout seul dans ma loge, Liam devait être de l’autre côté de la porte à s’assurer que personne ne rentre ou bien il était déjà ailleurs à causer avec d’autres roadies.

La loge était immense. La taille d’une chambre presque. Il y avait tout ce que je voulais, tous mes affaires, tous mes costumes, mon lit, un grand miroir et de la bouffe à profusions ainsi que toutes les boissons que j’avais demandé dans mon carnet de route. Je n’attendais même pas le concert, j’attendais d’entendre Roadtramp d’ici. Ils allaient bientôt commencer… Ses gars-là, dans le bus, il m’avait fait me rappeler mes premiers jours de tournée. Quand tout allait bien. Quand on composait. Ensemble.

Le voyage avec Roadtramp m’avait rassuré un peu. Ne pas voir Cash pendant des heures m’avait fait du bien. S’était-il drogué pendant le voyage ? Je n’en savais rien… J’allais le savoir très vite sur scène. Même si là, je n’étais pas du tout prêt à y monter. La seule chose qui me motivait était de voir Savannah après le concert. Elle était la seule chose qui me rendait le sourire ces temps-ci.

Il y avait du boucan dans le couloir, de quoi me masser les tempes un petit moment en fermant les yeux. J’entendais Ricci qui rallait ses troupes pour les motiver. Il y avait pas vraiment besoin de ça, Roadtramp est ultra motivé. C’est The Lightening qui a un problème. Je n’ai pas de problème, The Lightening en a un. Mais ne suis-je pas un membre de The Lightening ? Parfois, j’aimerais mieux que non.

Roadtramp gueulais mais bientôt j’entendis aussi le piaillement de jeune filles. Des groupies s’amassaient dans le couloir apparemment. Lenny avait dû laisser une brèche et elles étaient rentrées. Je soupirais et la fumée sorti de ma bouche. J’aurais aimé que Savannah soit parmi elles. Mais je savais que non… Jamais elle ne se mélangerait aussi longtemps avec des groupies. Elle avait déjà fait un effort pour venir jusqu’ici dans le même bus.

On toqua à ma porte. De quoi me faire soupirer une fois de plus.

-Ouais !

Il n’y avait rien de gentil dans ce « ouais ». Lenny passa sa tête dans l’entrebâillement de la porte. Plusieurs filles trépignaient derrière lui.

-Billy, tu veux quelques groupies avant le concert ?

Je fis la moue avant de céder.

-D’accord… Cinq… Donnes-en-moi cinq. Pas une de plus…

Il acquiesça, heureux et m’envoya cinq filles tout en me disant :

-T’as une demi-heure, Lighter !

Ouais ouais, c’est ça ! Il les avait pêchés au hasard bien sûr, les groupies et il ferma la porte derrière elle après leur avoir dit une très gros « bonne chance ». Enfoiré de Lenny. Je regardais les filles, je fumais toujours et je n’avais pas bougé de ma chaise.

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

J'avais décidé de faire un petit tour en backstage avant le concert, puis-ce que pour moi ces moments là me remontaient toujours le moral, autant que le concert lui même. Puis je ne tenais plus en place et je me voyais mal attendre le concert comme une godiche à fumer trente six milles clopes en campant en mode clocharde. Je savais comment faire pour accéder aux backstages.. Et d'autres filles aussi. Mais celles là étaient vraiment hystériques,   piaillaient entre elles, parfois s'agressaient en disant des trucs débiles du genre "Il est à moi, dégage!" etc. Du coup, je me sentais un peu conne, au milieu de cette foule de paires de seins énervés. Pendant qu'elles poussaient , gloussaient et discutaient, j'étais là, à les regarder, mal à l'aise.

Est-ce que c'était comme  ça que  les autres me voyaient quand j'étais en backstage , ou quand j'en ressortais ? C'était obligé, d'agir comme ça en étant groupie ? Mais du coup, est-ce que j'en étais vraiment une ? Pendant que je  me posais ces questions qui n'avaient pas vraiment de réponses, un homme nous laissais passer. Je ne voulais pas me battre pour rentrer, comme elles le faisaient. Sauf que l'une d'elle me donna un coup de coude dans les côtes et je m'énervais, la poussant loin de moi , les sourcils froncés. Déjà qu'elles m'irritaient toutes à me crier dans les oreilles avec leurs voix stridentes,  ce coup m'avait achevé et j'avais eu un pique de colère.

Je réalisais que j'avais agis comme elles, écarquillant les yeux d'un air dégoûté en regardant la pauvre fille par terre en train de m'insulter. Mais je revenais bien vite  à la réalité. Ca c'était de la paranoïa. Je ne l'avais pas pousser pour rentrer, moi, mais parce que c'était une petite connasse et qu'elle l'avait méritée, à se croire tout permis. Finalement, je suivais le mouvement de cette petite foule et me retrouvais miraculeusement dans la loge. J'avais entendu cette phrase sortir de la bouche de Lenny " tu veut quelques groupies avant le concert?" . Et j'eut encore plus l'impression de faire partie d'une bande de catins. Je fronçais légèrement le nez et les sourcils, m'adossant au mur près de la porte en croisant les bras alors qu'elles fonçaient toutes vers toi avec de grands sourires, tremblantes comme des adolescentes . Je ferais mieux d'inventer mon propre blason, au  lieu de continuer à m'appeler "groupie". Car j'étais loin d'être comme elles.

J'étais jalouse, d'un côté. Mais d'un seul. Cette jalousie que j'avais envers toutes les femmes dîtes  normales, en fait : elles étaient nées dans le bon corps, et elles avaient des attributs que je n'avais pas encore . Autrement, je n'enviais pas du tout la manière dont elles foutaient un sacré bordel en minaudant à tes côtés. Je levais les yeux au ciel, légèrement râleuse , restant à l'écart. Elles n'avaient aucun sens du respect et elles allaient sucer la vie hors de toi juste avant le concert telle des succubes, si ça continuait. Personnellement, j'étais juste venue discuter un peu, te souhaiter bonne chance etc.. Enfin en même temps, déjà je ne pouvais pas faire grand chose d'autre, la nature m'avait mal lotie, mais même si j'aurais pu, ça m'aurait étonné que je fasse la même chose qu'elles : essayer de coucher avec toi. C'était idiot. Toutes fans bien documentée avait entendu parler de ton idyle avec la mannequin. Et même si c'était une relation assez on/off ,il y avait de grandes chances que tu soit encore amoureux d'elle. Et franchement, c'était débile d'essayer de choper quelqu'un en couple, ou bien amoureux. Et même si elles réussissaient  , ne sait-on jamais, c'était dégueulasse.

J'attendais qu'elles se calment, mais je voyais mon espoir de pouvoir discuter calmement s'éloigner loin, très très loin, car elles débordaient d'énergie et ne semblaient pas se calmer du tout. Je croisais mes jambes tout en restant debout, remettant ma jupe à motifs écossais correctement et faisant un trou de plus dans mon collant, pinçant légèrement mes lèvres peinturées de rouge. Si ça continuais, j'allais être grave malpolie, les traîner par les cheveux hors de la loge une par une et les balancer dans le couloir pour que le calme revienne.
Moi qui étais venue ici pour passer un moment sympathique... Je tirais une tête de trois mètres de long , les yeux lançant des éclairs, tapant légèrement du pied par terre en gardant  les bras croisés.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

Cinq filles, toutes différentes les uns des autres étaient entrée dans ma loge. Avec tout ce petit monde, elle me paraissait bien trop petite, la loge. Je regrettais déjà d’en avoir fait entrer autant.

Je restais assis, sans rien dire, à les fixer. Pas besoin de dire quoi que ce soit, parfois. Quatre d’entre elles me tournaient déjà autour et elles finirent par presque s’accrocher à moi alors que ça ne faisait que quelques minutes qu’elles étaient là. Des « ça va Billy ? », des « qu’est-ce que tu veux ? » et des « tu es prêt pour le concert ? » arrivèrent très vite à mes oreilles. Je crois qu’elles s’en fichaient complètement des réponses, tout ce qu’elles voulaient, c’était en profiter.

Elles piaillaient à mon oreille cherchant à me faire craquer par quelques caresses. Je me serais clairement laisser aller si je ne pensais pas à Savannah toutes les cinq secondes. Savannah avait fait des efforts, je devais en faire aussi, non ? Ce n’était pas comme ça que ça marchait ? Je ne savais pas vraiment, au fond. Alors que l’un d’entre elle passait sa main sur mon t-shirt, je finis par porter mon regard sur la seule qui n’avait pas bouger. Une fille blonde, plus grande que moi. Pas que c’était rare, je ne faisais qu’un mètre septante-cinq. Elle m’intriguait à ne pas bouger. Elle attendait son tour ? Non, son air un peu dégouté exprimait autre chose.

Je n’arrivais plus à tirer mon regard d’elle. Elle n’avait pas encore dit un seul mot, pas poser une seule question. Elle nous regardait seulement, sans rien dire avec cet air jaloux et dégoûté. De quoi faire abstraction complètement des sangsues que j’avais autour de moi. Qui était cette fille ? Une groupie spéciale ? Le genre à aimer la musique et à vouloir discuter ? Il y en avait. Certaines étaient même de très bonne psy sans en avoir le diplôme. Mais plus les années avançaient plus j’avais l’impression qu’elles étaient rare.

L’une des autres groupies me vola un baiser  et quoi me faire réagir d’un seul coup et de la pousser de toute mes forces. Elle tomba sur le sol, se tordant la cheville au passage. Elle cria de douleur et eu l’air choquée. Elle avait les larmes aux yeux. Ce regard… Putain, qu’est-ce que je venais de faire ?? Je regardai les quatre sangsues.

-Sortez, toutes les quatre ! Tout de suite !

J’avais été un peu agressif en demandant ça. Mais c’était contre moi que j’en avais. Elles sortirent sans faire de vague, l’air complètement effrayée. Je me massais les tempes, toujours assis sur ma chaise. Et je finis par relever le regard vers la fille blonde.

-Désolé, t’aurais pas dû voir ça… Je voulais pas la pousser… Ni lui faire mal...

J’étais sincère. Tellement que ma voix en tremblait un peu.

-Je… Comment tu t’appelles ?

Je ne savais pas par où commencer. Cette femme ne m’avait pas encore parlé et le mystère autour de son comportement me déstabilisait.  

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

En croisant ton regard, j'haussais les sourcils avec une petite moue compatissante. Un peu la même tête que deux élèves se font en retournant un test alors qu'ils avaient parlé quelques minutes avant en priant pour ne pas que ce soit un sujet en particulier, ce dernier étant à leurs plus grand malheur tombé. Déjà que moi, elles me cassaient les oreilles, mais toi tu les avaient carrément près de ton visage, à tirer sur tes fringues et te caresser comme un chien qu'on aurait lâché au milieu d'une bande de collégiennes. Enfin, si ces collégiennes étaient en plus zoophile. Cette idée me fit grimacer, puis rire légèrement. Je venais quand même de te comparer à un chien, ça ne ce faisait pas trop, mais bon c'était plus les groupies que je comparais, avec cet exemple.

Alors que l'une d'elle te volait un baiser, j'haussais les sourcils vraiment très haut, complètement révoltée. Dans un autre contexte elle aurait pu carrément  être emmenée au poste de police. D'ailleurs je me demandais  pourquoi aucune rockstar n'avait jamais porté plainte. Sûrement parce qu'on ne les croiraient jamais vu que c'était "normal" pour eux de coucher avec les fans, apparemment. Juste parce que tu était un homme, elle pensait que c'était correct. Inversez les rôles et c'est directement la taule. C'est à n'y rien comprendre.

Du coup, ton geste ne m'étonnait pas, je la regardais se casser la figure , la jugeant du regard. Ok, elle s'était fait mal, mais au moins elle ne recommencerait plus. Elle n'avait eu aucun respect et j'étais sûre qu'elle ne connaissait qu'une seule chanson de l'album, la plus connue, et allait plus en backstage qu'aux concerts eux mêmes. Répugnante. Et pendant ce temps les fans de sexe masculin faisaient des pieds et des mains pour vous rencontrer , voulant vraiment vous parler de la musique, faire votre connaissance. Mais non, on laissait entrer les gamines qui ont des tendances au viol.

Je les regardaient quitter la loge en poussant un soupir de soulagement, passant une main dans mes cheveux en fermant les yeux un bref instant avant de me masser les tempes. J'avais mal au crane à force de les entendre piailler comme des dindes. Je fermais la porte derrière elles avant de me retourner vers toi, clairement soulagée.

J'haussais les épaules à tes excuses, secouant la tête pour te dire que ce n'était rien.


- J'vais pas te jeter la pierre, j'avoue que j'ai fait la même chose tout à l'heure. Y'en a une qui m'a enfoncé son coude dans les côtes. Elles ont un talent fou pour nous faire voir rouge, ces gamines là. Et en plus, elle t'a clairement agressé sexuellement. Tu l'aurait laissée faire elle t'aurait grimpé dessus et elles se seraient toutes mises à faire la même chose . Tu aurait fini étouffé dans 4 paires de seins et personnellement, j'suis trop fine pour pouvoir vraiment t'aider. J'aurais essayé,hein.. Mais j'crois que je me serais faite démontée.


J'eut un petit rire nerveux en imaginant la scène avant de froncer le nez, décroisant les bras. Puis je riais en m'approchant, le regard fixé sur une de tes mèches de cheveux. Une boucle d'oreille s'y était accrochée tellement elles s'étaient pressées tout prêt autour de toi. J'enlevais la boucle d'oreille, te la montrant en m'éloignant puis répondait à ta question.


- Marilyn.


Du coup je ne savais plus où mettre la boucle d'oreille célibataire, la gardant en main en cherchant une quelconque poubelle. Pas moyen que je courre après la groupie à qui la boucle d'oreille appartenait. Je te regardais avec un petit air dépité.


- Je sais pas comment elles ont fait mais t'es complètement débrayé. T'a pas peur de perdre un bras ou une jambe comme ça ? Un conseil évite de faire du crowd-surfing si elles sont sur le devant de la scène, tu risque de finir à l'hôpital. Elles te prennent tellement pour un sex-toy que ça m'étonnerait pas qu'elles t'arrachent les parties  pour en faire un..


Je grimaçais, dégoûtée, ne finissant pas ma phrase parce-que je n'en avait  pas  la force, vu l'image mentale qui s'offrait à moi, et puis je pense que tu avait compris.


- Honnêtement ? Elles me font peur, j'avoue.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

C’était pathétique comme situation. Comme si j’avais eu peur du contact de cette fille sur moi. Et pour la cause, je l’avais fait valser au sol d’une manière extrêmement impulsive. Comme une geste de survie. J’étais adepte des gestes de survies. Je ne les contrôlais absolument pas. Ce n’était pas la première groupie qui me volait un baiser. Loin de là. Mais aujourd’hui, je devais à Savannah de ne pas y toucher… Comment trouver le milieu entre être en compagnie de quelqu’un et coucher avec cette même personne ? Je ne savais pas… Parce que j’avais toujours fait les deux quand j’étais avec des groupies. Parce qu’elles ne pouvaient pas s’en empêcher…

J’avais viré les quatre filles me laissant avec la seule qui n’avait pas dit un mot. Parce qu’elle m’intriguait. Peut-être était-elle celle qui pourrait discuter sans essayer d’aller plus loin. Sans me mettre en défaut par rapport à Savannah.

J’avais mal à la tête parce que l’adrénaline redescendait. J’entendis la jeune femme en face de moi soupirer. Elle avait fermé la porte couvrant le bruit oppressant que faisaient des quatre groupies outrées par ce qu’il venait de se passer.

Je m’étais excusé pour le geste. Je détestais qu’on me voie comme ça. En colère après une fille. Parce que ça arrivait bien trop souvent à mon goût. Contre toute attente, elle compatissait. Pas avec la fille, avec moi. Comme si elle comprenait mon geste et admettait que je n’étais pas en défaut. J’essayais de cacher mon étonnement en souriant.

-J’aurais pas dû les faire rentrer… Tout le monde n’est pas forcément d’accord avec ta vision des choses.

Le petit speech de la fille qui se présenta comme étant Marilyn avait un peu fait baisser la tension que j’avais accumulée en moi depuis quelques minutes. De quoi me détendre un peu. Ne pas se faire juger alors qu’on a foutu une fille à terre, c’était rafraichissant.

Entre temps, Marilyn c’était approché de moi et avait passé sa main dans mes cheveux. Je n’avais pas bougé, comme si j’avais confiance. Ses gestes étaient lents et rassurant. Elle sorti une boucle d’oreille de mes cheveux. L’une des groupies avait dû la perdre.

Marilyn me regardait et je m’étais levé pour écraser ma cigarette presque entièrement consumée dans le cendrier. J’en repris une autre et m’appuyais contre le mur en l’allumant quand Marilyn me mettait en garde contre ses harpies tueuses de rocker. Elle en avait peur. Son air complètement dégoûté imageait ses dires. Je lui offrais un maigre sourire.

-Moi, je n’ai pas peur d’elles. Ce ne sont que des gamines. J’ai plutôt peur de ce que je pourrais leur faire si elles dépassent les bornes. Parce que…

Parce que ça m’était déjà arrivé et pas avec des groupies, avec mes petites amies. Je secouais la tête, je ne voulais pas entrer dans les détails. La presse en avait déjà assez dit sur ce sujet-là de toute façon. Je tirai sur ma clope.

-Dis-moi… Pourquoi trainer avec ses filles si elles te dégoûtent tant ? Tu n’as pas l’air d’être comme elle… Venir backstage doit être un enfer pour toi si tu les détestes tant…

C’était limite masochiste comme comportement. Fallait que je comprenne ce qui motivait Marilyn à frayer son chemin jusqu’à ma loge.  

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

J'avais haussé les épaules à ta première réponse. Ce n'était pas toi qui les avaient laissé entrer, tout c'était passé très vite tu n'avait pas eu le temps de dire non. Et puis franchement, ce genre de comportement qu'avait eu la fille que tu avait poussé me dégoûtait. Pas seulement le fait qu'elle ne vienne que pour ça, mais aussi celui qu'elle te force à l'embrasser. C'était dégoûtant, et moi, je voyais vraiment ça comme une agression sexuelle, et s'en était une.


- Non. C'est juste dégueulasse qu'elles pensent, elles, que parce que tu es un homme, tu va forcément avoir envie de coucher avec ,même si tu ne répond pas à leurs avances. C'est vraiment du harcèlement sexuel. Je trouve ça répugnant, c'est des psychopathes, à mon humble avis. Mais après peut être qu'elles ne s'en rendent pas compte parce que justement, personne ne leurs dit le contraire. Surtout que le "bonne chance" qu'elles se sont prises avant d'entrer les a sûrement encore plus excité. T'es pas un prostitué , t'es un chanteur.


Je vidais un peu mon sac, pour le coup. Parce que franchement, je n'avais jamais compris leurs comportement, et je ne le comprendrais jamais. C'était un manque complet d'éducation et de politesse, selon moi. Et la seule raison pour laquelle je ne leurs tirais pas les cheveux, c'était parce que je n'étais pas comme elles, et que je refusais de l'être. C'était seulement quand elles m'attaquaient physiquement que je me permettais de les remettre à leurs place avec une giffle ou en les poussant.

Trouvant enfin une poubelle du regard, j'y déposais la boucle d'oreille avant de revenir vers toi, passant une main dans mes cheveux pour les recoiffer, ceux ci étant un peu trop sauvages à mon goût. Je t'écoutais, posant une main sur ma hanche, attentive, puis j'hochais doucement la tête, comprenant ton point de vue. Mais selon moi, si elles n'étaient pas ainsi, aussi hystériques et obsédées (elles avaient selon moi un manque d'affection énorme dans leurs vie ou un  père absent ou bien elles s'inventaient une vie, quoi) , il n'y aurait aucun problème.

Je penchais légèrement la tête à ta question avant de sourire légèrement, secouant la tête, puis haussant les épaules.  Oui, elles m'embêtaient , ces groupies, mais non, ce n'était pas un calvaire pour moi d'être là, loin de là. Le calvaire, c'était au boulot, c'était quand on m'appelait "Josh" , c'était quand je ne pouvais pas être moi même.


- Elles sont irritantes, oui, mais non, ce n'est pas un enfer pour moi de venir ici. Je dirais même que , quand elles ne font pas les folles et ne me poussent pas, une fois que le calme est revenu, j'suis plutôt heureuse. Je viens ici parce que j'ai envie de pouvoir discuter avec les gars qui rendent ma vie plus ... digne d'être vécue, quand je viens aux concerts.



Je n'en disais pas plus, et ne comptais d'ailleurs pas en dire plus, te souriant doucement d'un air reconnaissant. Parce que sans The Lightening, les concerts, tout ça, je crois que je me serais déjà flinguée. Ca m'aidait à tenir le temps de pouvoir être enfin moi même entièrement, partout, bien dans mon corps. Ici, j'oubliais pour quelques instants que j'étais piégée dans le mauvais corps et que je me dégoûtais.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

Marilyn était vraiment révolté par ce qu’il venait de se passer. Elle prenait cela pour une agression sexuelle. Je devrais peut-être l’engager comme avocate, elle serait parfaite dans ce rôle. Je retrouvais un peu de contenance et mon sourire.

-Lenny dit toujours bonne chance aux groupies avant qu’elles ne rentrent. Il a peur que tout se passe mal pour elle. Il se rend pas compte que ses filles feraient tout pour obtenir ce qu’elles veulent.

La boucle d’oreille était maintenant de l’histoire ancienne vu qu’elle venait d’atterrir dans la poubelle de ma loge. Je regardais Marilyn plus attentivement, quelque chose chez elle me faisait penser qu’elle était différente de toutes les autres et que sa se ressentait dans sa façon de bouger et de parler. Psychologiquement, elle semblait jalouse des autres groupies tout en étant très différentes d’elles. C’était bizarre mais pas vraiment effrayant.

Ce que je me demandais, c’était pourquoi une fille qui déteste tant côtoyer les autres groupies prenait la peine de venir backstage. Pour moi, qui ai l’habitude de fuir ce que je déteste et de m’en protéger, c’était impensable. Je croisais les bras écoutant Marilyn qui disait être heureuse quand elle venait ici pour discuter avec nous. The Lightening, c’était ce qui la rendait heureuse. Mon cœur faisait des bonds dans ma poitrine, un fan dont le bonheur était notre musique.

-Je… Merci. J’ai toujours voulu que ce soit comme ça. Que notre musique rend heureux les fans. J’aimerais que ce soit toujours comme ça, sans excès, sans rien… Mais c’est pas possible.

Et si entre Cash et moi c’était le silence radio depuis un moment ce que m’a dit Marilyn me faisait plus de mal que de bien… Si le groupe arrêtait, elle ne serait plus heureuse. Je voulais pas être coupable de ça.

-Je préfère discuter avec les groupies, leur parler qu’autre chose. Discuter avec des filles qui aiment notre musique ça me donne un peu de courage pour monter sur scène. Parce que…

Parce que je mourrais de trouille d’y monter. Chaque fois, je crevais de trouille que quelque chose se passe mal. Que quelque chose foire et quand sa foirait, c’était terminé. C’est le drame.

Je ne souriais plus et tirais nerveusement sur ma cigarette.

-Tu viens de L.A. ?

Je voulais faire connaissance avec cette fille et lui montrait du doigt une chaise pour qu’elle s’asseye.

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

J'avais haussé les épaules. Ouais  , peut être que Lenny pensait ça, mais en attendant la célébrité attirait les folles qui pensaient que parce que quelqu'un était connu, elles avaient le droit de mettre en pratique les fantasmes qu'elles avaient imaginées devant les interview ou autre. C'était complètement débile selon moi. Encore, soit, qu'elles aient des fantasmes, j'entend, mais il ne fallait pas qu'elles oublient que tu n'était pas le Billy qu'elles imaginaient dans leurs tête et que tu était un être humain et pas une sorte d'hologramme ou de robot représentant leurs fantasme. D'ailleurs je me demandais parfois si ce ne serait pas judicieux de leurs arranger un rendez vous chez un psychologue pour régler leurs petit problèmes. Parce que tant que ça restait chez elles, ça ne faisait pas de mal, mais qu'elles s'en prennent à toi en vrai, c'était quand même grave.

Je te regardais en croisant les bras pendant que tu me détaillais, légèrement mal à l'aise et un peu tendue, ayant toujours peur qu'on remarque d'un coup d'oeil que quelque chose clochait dans mon corps. Parce que ce n'était pas moi psychologiquement qui déraillais,  non, c'était mon corps qui n'avait pas été bien construit dans le ventre de ma mère. Il avait ignoré mon cerveau qui se développait en tant que féminin, et s'était mis à pousser un pénis et autres. Des fois je me demandais si ce n'était pas la faute de ma mère qui avait fumé , ou bu pendant ma grossesse ou bien qui n'arrivait pas à se décider et avait utilisé les techniques pour avoir une fille pour subitement changer d'avis et décider qu'elle voulait un petit garçon.
C'était vraiment mal foutu , cette histoire. Je préferais passer incognito, histoire qu'on ne me prenne pas pour "un" fou pervers qui avait une sorte de délire bizarre de soumission homosexuelle jusqu'à vouloir avoir deux orifices ,quoi. C'était un peu ça qui s'était passé dans la tête de mes parents quand je leurs avait dit. Et puis, mon plan, c'était que personne ne sache jamais que mon corps avait été un jour diforme , qu'après l'opération personne ne s'en soit rendu compte. Que personne ne m'ai prise pour une sale menteuse dégueulasse. Ca me rendait nerveuse, du coup, qu'on me détaille trop longtemps du regard. Mais heureusement pour moi, j'avais eu la chance énorme d'avoir un visage complètement féminin sans rien faire, et que ma pomme d'Adam ne se remarque presque pas.

Puis je décroisais les bras quand tu changeais de sujet, parce que j'étais sûre et certaine que dans ta tête, tu te demandais ce qui t'interloquais chez moi sans trouver vraiment ce que c'était, et que du coup tu avait laissé tombé pour me parler d'autre chose, pour me répondre. Je t'adressais un petit sourire, te répondant d'une voix calme en remarquant que tu t'était un peu tendu.


- Mais tu sait, c'est normal les hauts et les bas dans un groupe. Vous êtes pas des robots. Les gens l'oublient parfois. Et puis.. Il faut parfois que ça aille mal pour que, quand ça va bien, on s'en rende compte . Si tout se passerait tout le temps bien, on s'en rendrait même pas compte que ça va bien,  et personne ne serait soulagé. Ni stressé, oui, j'avoue.. Mais bon le soulagement, c'est toujours  bien. Et puis comme je l'ai dit, vous êtes pas des robots. Puis ce serait pire, si tout se passerait tout le temps bien parce qu'à la moindre couille, les gens seraient outrés, et en plus les hystériques vous prendraient encore plus pour des sortes d'immense sextoy machine à réaliser les fantasmes. Pas cool.


Si le groupe arrêtais, peut être que je serais vraiment triste pendant un moment. Mais je possédais tous les albums, et vous ne disparaîtraient pas de la surface de la terre alors je trouverais toujours le moyen de vous trouver pour discuter, au pire des cas. Et vous n'arrêteriez pas la musique, vu que c'est votre passion, ce ne serait juste plus The Lightening. Et si ça venait à arriver, je ne penserais pas du tout que c'est de votre faute. Pour l'instant, je n'y pensais pas. J'étais heureuse, autant en profiter!

Je m'inquiétais un peu de te voir si stressé, fronçant légèrement le nez en faisant la moue, penchant légèrement la tête sur le côté. En plus, ça m'embêtais parce que je ne savais pas trop quoi dire pour que ça aille mieux, vu que je ne savais pas exactement ce qui se passais dans ta tête. J'étais peut être fan, mais on ne connait pas quelqu'un par coeur en lisant des interviews , et ça je le savais , contrairement à d'autres. Du coup , je ne me ventais pas de pouvoir savoir ce qui se passait dans ta tête.

Je venais m'asseoir sur la chaise que tu avait montré du doigt, croisant les jambes en mettant ma jupe correctement pour ne pas qu'elle remonte trop avant de t'adresser un petit sourire,  repassant une main dans mes cheveux.


- Oui, exact.


Mais je ne disais pas d'où. Je n'avais pas envie. C'était risqué. Je travaillais aussi à Hollywood en tant que "serveur" et "drag queen" et je ne souhaitait pas, si tu t'y trouvait un jour, que tu croise "un gars qui me ressemble" et que tu fasse en plus le rapprochement parce que j'y habitais.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

 Je détaillais Marilyn du regard parce qu’elle n’était pas comme les autres. Elle n’était pas une bimbo en quête d’un petit quart d’heure de gloire, ni une fille mal fichue qui se dit que tout ce qu’elle a à faire c’est discuter. Non, elle était différente. Je la regardais, cherchant à savoir ce qui clochait, ce que j’avais bien pu rater. Mais je ne découvris rien, à croire que c’est moi qui avait un problème. J’arrêtais de la regarder intensément pour la seule et unique raison que je n’aurais pas voulu qu’on fasse pareil avec moi. Quand quelqu’un me fixait, j’avais peur qu’il découvre toutes mes faiblesses. Chacune d’entre elles, sans exception. Et je ne voulais plus être faible.

Alors j’avais changé de sujet. Parce que j’étais comme ça. Je changeais. Chaque seconde offrait un Billy différent (et pourtant tellement similaire) du précédent. Marilyn s’avérait être une grande fan du groupe et ça me donna une pression monstre. Je m’expliquais et m’excusais presque. Et, encore une fois, elle était conciliante et rassurante. Comme devait l’être une mère ou une amie. Il y avait quelque chose de rassurant dans son ton de voix malgré que celle si soit très grave pour une jeune fille.

-T’as raison. Le problème c’est que je n’ai aucune idée de si ça va bien ou mal… Et ne pas savoir, c’est pire que de se dire que tout va mal. Parce que c’est un stress infini.

Je ne pouvais pas savoir si mon groupe allait bien parce qu’on ne parlait pas. J’avais passé le chemin jusqu’ici en compagnie de Roadtramp. J’avais évité Cash à l’hôtel. Je l’avais évité encore et encore. J’allais le voir au concert. Et c’est pour ça que j’angoissais.

Et j’avais peur que ce silence nous consume. Tout comme j’avais peur que le fait de parler nous tue. Je me sentais coincé et tiraillé parce que je n’avais pas envie que The Lightening s’arrête. D’un coup, comme ça. Je pensais aux fans comme Marilyn qui seraient déçu.

La pression montait silencieusement dans ma tête. Il fallait à nouveau changer de sujet parce que je ne pouvais déjà plus supporter celui-là. Ma cigarette se consumait plus vite parce que je tirais très fort dessus. Je me mis alors à questionner Marilyn sur elle en commençant par d’où elle venait. Et c’était bien L.A.

-J’ai dû te croiser plusieurs fois alors. Ça fait quand même 7 bonnes années que je suis à Los Angeles.

L’avais-je vraiment déjà rencontré ? Oui, certainement en backstage ou, qui sait, dans la rue. Marilyn était devenue groupie et pourtant…

-T’as jamais rêvé d’être chanteuse ? Quand j’étais jeune, L.A. c’était l’endroit où tout est possible et où on peut devenir quelqu’un de célèbre. C’est pour ça que j’y suis venu. Toi t’y habite et avec ta voix grave tu pourrais faire des ravages.

Je savais ce que je disais. Moi-même j’étais doté d’une voix très graves et, avec de l’entrainement, j’avais développé plusieurs octaves. Marilyn était une fille et avait la chance d’avoir une voix très graves, avec de l’entrainement ça pourrait donner de grandes choses. Je retrouvais progressivement mon sourire.

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

Je ne me rendais même pas compte du fait que je me montrais rassurante, ça venait tout seul. Le calme était revenu dans la loge et la discussion était tranquille, alors forcément, j'étais détendue, je n'avais pas besoin de faire porter ma voix, je parlais doucement. Et puis, je voyais bien que quelque chose te tracassais, donc je m'inquiétais un peu. Pas forcément pour le concert , mais pour toi en fait, et je ne savais pas trop pourquoi, mais c'était sûrement parce que de mon côté, je devais gérer tous mes problèmes toute seule, alors forcément, quand quelqu'un que j'appréciais -et c'était rare vu le peu de monde avec qui je parlais en dehors des concerts et des tournées- n'allais pas très bien , était stressé , j'essayais d'aider car je savais que moi, quand ça m'arrivait, j'aimerais être aidée. Mais de toutes façons j'ignore si je serais aidée un jour, car je refusais d'en parler. Je n'avais pas envie qu'on me prenne pour un monstre, quelqu'un de trop différent pour être juste original. Quelqu'un d'assez différent pour être mis de côté.

Je penchais légèrement la tête sur le côté en te regardant, fronçant légèrement les sourcils alors que je t'écoutais de nouveau parler. En réfléchissant à ce que tu disait, je devinais qu'il était question de quelque chose qui ne te concernais pas directement, car on sait toujours comment nous, on se sent , par exemple tu savait très bien que tu était stressé. Ca devait à voir avec une autre personne. Mais qui, je ne pouvais pas deviner. Je t'offrais un petit sourire .


- Dit toi que la plupart du temps, on stresse pour rien. Et si en effet ça va pas, y'a toujours moyen d'arranger les choses.


Je ne pouvais pas en dire plus vu que je n'y connaissais rien, et puis ça ne me regardais pas vraiment, donc je n'allais pas te poser plus de questions. Mais en tout cas, ce que j'avais dit, je le pensais. Je n'aimais pas mentir. Mais vu que tu me demandais des choses sur ma vie,je commençais à être légèrement stressée , me tenant un peu plus droite sur ma chaise et croisant mes jambes d'une autre manière. Il fallait que je trouve un moyen de ne pas mentir sans en dire trop. J'avais horreur de faire ça, ces sortes de puzzle mentaux . C'était bien plus dur que de mentir en bloc, mais... Je me serais sentie sale de te mentir, je mentais déjà assez dans la vie courrante, alors aux concerts, pendant les tournées, mentir à une des personnes qui m'aidait à être heureuse ? Jamais. A la limite si je devrais mentir un jour je ne dirais simplement rien.

Je te souriais en secouant la tête, haussant les épaules. Non, on ne s'était jamais croisés en dehors des concerts. Ou bien alors je ne t'avais pas vu car j'avais la tête baissée, rentrée dans mes épaules et je fuyais les regards parce que j'avais honte qu'on me voie en tant qu'homme alors que je me rendais au travail. D'ailleurs c'était bizarre, j'habitais quand même à Hollywood!


- Los Angeles, c'est grand!


A ta proposition, j'haussais les sourcils d'un coup en affichant une mine plus que surprise avant de rire, secouant la tête. Je chantais parfois dans ma douche, mais je chantais comme une brêle. J'avais peut être la voix pour, mais je ne savais pas l'utiliser, et puis ça ne m'intéressait pas, j'étais trop timide pour faire face à un public en live. Tandis que mannequin, ça me branchais bien. J'aimais la mode, et avec un peu d'entraînement j'étais sûre de pouvoir prendre des poses sexy devant l'objectif. Mon public me verrait à travers les photos, et pas en vrai, je ne verrais pas la tête du photographe, juste l'appareil braqué sur moi, c'était moins stressant. Puis pour les runway.. Il fallait s'y habituer, je pense! Mais pour l'instant je doutais de pouvoir avoir des opportunités énormes dans le métier tout en ayant toujours cet ignoble chose entre les jambes. Adieu les shoot en petite tenue ou pantalon moulant!


- Je sais pas chanter. Mais alors pas du tout. Me demande même pas de chanter, tu va saigner des oreilles,je te jure, je chante comme une brêle et crois moi je fais pas partie de ces femmes qui disent "oh non je chante mal" avant de chanter comme Whitney Houston, non, moi si j'te dit ça, c'est pour ton bien.

Je baissais mon regard sur ma jupe avec un petit sourire amusé, tripotant un peu mes collants troués. Puis je les relevais vers toi. J'étais venue à L.A pour une tout autre chose.. Mais comme j'y étais venue aussi avec mon rêve, je pouvais omettre cette première chose.


- En fait je suis venue dans l'espoir d'être mannequin. Mais pour l'instant je n'ai pas trop le temps. Il faut que je règle quelques trucs avant de me présenter à des castings.


J'étais en effet venue à L.A pour ça, aussi, mais d'un côté j'aurais pu aller à New York également. Mais j'y était venue m'installer aussi car je savais qu'il y avait à Los Angeles des docteurs chirurgiens assez bons pour pouvoir pratiquer sur moi les opérations nécessaires pour changer de sexe sans que je cours un danger grave, c'était les meilleurs docteurs, ici. Et c'était une opération tellement énorme et importante pour moi que je préférais vraiment le faire avec eux. Seulement, c'était extrêmement cher, c'est pour ça que je cumulais deux jobs à m'en épuiser parfois. Mais fort heureusement, les hormones ne coûtaient pas aussi chers, et dès que je trouverais une pharmacie qui en vend, je pourrais commencer le traitement en patientant pour mon opération.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

 Alors que je parlais du groupe, je me sentais très angoissé. Parce que je pensais à Cash et à notre communication inexistante. Marilyn était positive et se disait que tout pourrait aller mieux. Qu’il y avait moyen d’arranger les choses. J’aurais aimé voir les choses à sa manière. Mais il y avait toujours cette petite voix au fond de moi qui me disait que certaines choses étaient bien plus graves qu’il n’y paraissait.

Je ne dis rien et lui souris. Je ne savais pas qu’elle vie menait Marilyn mais je savais que, pour tout le monde, la vie avait ses hauts et ses bas. Quelque soit l’âge, le sexe ou la classe sociale. Tout le monde à des démons. Certains les gèrent mieux que d’autre. Moi, ils me hantaient et me détruisait à petit feu.

La jeune femme m’intriguait plus que je ne le voudrais. Quelque chose en elle me poussait à lui poser des questions. On était enfermé ici jusqu’au concert et parlé de moi n’aurait pas été super productif avant de monter sur scène. Valait mieux ne pas faire ressortir trop de choses. Marilyn était plus raide sur sa chaise mais elle ne me paraissait pas vraiment mal à l’aise. Ente temps, je m’étais rallumé une autre clope. Normalement, c’était pas vraiment conseillé avant un concert mais j’avais toujours fait comme ça.

Elle venait de L.A. et je me disais que je l’avais sûrement déjà croisé. Mais non, la jeune femme me confirma que non. Jamais je ne l’avais encore rencontrée. La ville était grande, elle disait.

-Pas tant que ça… Elle est plus petite qu’on ne le croit.

A mon arrivée à Los Angeles il y a plus ou moins 7 ans, j’avais rencontré beaucoup de personnes et il m’était arrivé de squatter à gauche et à droite. Je connaissais Los Angeles comme ma poche pour avoir, parfois, dormis dans certaines rues d’Hollywood.

Plus j’écoutais Marilyn plus je trouvais sa voix idéale pour devenir chanteuse. Je me demandais comment elle n’avait pas pensé à cette idée-là. Elle habitait L.A., elle était à quelques pas des bars où elle pourrait faire ses preuves. Mais la jeune femme ne se trouvait pas à la hauteur. Elle disait chanter trop faux. Je rigolai.

-Je comprends. Ce n’est pas donné à tout le monde.

Au moins, elle était consciente de ses capacités, mais aussi, des choses qu’elle ne savait pas faire. Je finis par me rassoir sur l’un des chaises en face de Marilyn pour pouvoir être à sa hauteur.

Si le métier de chanteuse n’était pas fait pour elle, elle avait plus d’espoir en celui de mannequin. Un grand sourire angélique s’afficha sur mon visage.

-Comme Savannah…

Savannah était mannequin et évoquer ce métier me faisait penser à elle. Je l’avais vue dans la journée mais chaque seconde loin d’elle était horrible.

Je sortis de mes pensées pour me recentrer sur Marilyn. Elle disait ne pas pouvoir être mannequin tout de suite car elle avait d’abord des trucs à régler. Je fronçais les sourcils, elle était assez jolie pour les castings étonnant qu’elle ne saute pas sur l’occasion d’en essayer au moins un.

-Des trucs ? Des problèmes d’argent ? Ou bien des trucs familiaux ?

Je grimaçais à la dernière hypothèse, instinctivement et sans m’en rendre vraiment compte.

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

J'avais bien l'impression que tu allait continuer à me poser des questions. C'était normal d'un côté, mais j'espérais que ça allait vite passer à mes centre d'intérêts, des choses du genre car j'avais vraiment du mal à contourner mon réel problème dans les réponses pour ne rien laisser paraître. Mais heureusement, je trouvais toujours le moyen de soustraire la réponse fatidique quand je parlais, en donnant une autre qui était dans la réponse réelle à la place, et uniquement celle là. Du coup ma vie avait l'air chiante, sûrement. Mais c'était tant mieux, et j'aurais préféré avoir une vie comme celle là, une vie chiante.

Je n'avais pas menti, si quand bien même on s'était déjà croisés, ce n'était pas moi que tu avait vu, mais "Josh". Bon, d'accord, c'était moi quand même, mais je n'avais justement pas le droit d'être moi même quand on m'appellait Josh. Alors étais-je vraiment moi même ? Non, pas vraiment, en fait. Mais du coup , je me disais qu'il fallait que je fasse attention maintenant. C'est vrai, peut être qu'avant tu n'avait pas trop fait attention à mon visage, mais depuis le temps que tu me scrutais, je savais très bien que si tu me croisais plus tard dans les rues d'Hollywood, même si j'étais habillée comme un homme, tu allait tilter. Et je ne pourrais pas dire qu'il y a erreur sur la personne, à moins que clairement je cache avec du maquillage mon grain de beauté au cou qui était assez voyant, chaque fois que je sortirais en tant que "Josh" pour qu'on puisse se dire que, merde, quand même, je ressemble vraiment à Marilyn, sans avoir de preuves.

Haussant les épaules à ta remarque sur Los Angeles, je ne répondais pas. Tu avait sûrement raison, mais je ne voulais pas te dire que oui on s'était croisés. Sinon tu allait me demander dans quel quartier j'étais. Putain , j'étais presque sûre qu'il t'arrivais d'aller manger au Canter's Delhi . Je priais pour que ça n'arrive pas pendant que j'étais en plein service.  Puis quand tu me dit que ce n'était pas donné à tout le monde, je riais.


- Ben oui, tout le monde ne peut pas faire ce que toi tu fait. D'ailleurs personne ne peut, vu qu'en plus de savoir chanter, tu a ta propre voix. Ca te paraît naturel à toi parce que tu a un don. Mais y'a des personnes qui ne pourrons jamais apprendre à chanter, ou alors si ils le font, ils chanterons de manière banale, fade. J'fais partie de ces gens là.


A la vue de ton sourire quand tu parlais de Savannah, je souriais aussi , un peu comme si j'avais vu un chaton mignon. Parce que justement je trouvais ça vraiment mignon. D'ailleurs,je ne connaissais pas Savannah, je savais juste quelle tête elle avait vu qu'elle était en photo un peu partout pour des marques et que je m'intéressait à la mode. Vu comment tu en parlait, je l'imaginait gentille , polie et drôle. Mais vraiment, je n'en savais rien.


- C'est mignon.


Je te chariais un peu, un léger sourire en coin ornant mes lèvres pendant un instant puis je passais une main dans mes cheveux qui, encore une fois, me tombaient devant le visage. Peut être qu'un jour j'allais invertir dans des élastiques... A ton autre question, je pinçais légèrement mes lèvres. Qu'est-ce que j'allais répondre à ça , moi ?... C'était un problème d'ordre physique et psychologique en plus d'être un problème de l'ordre du "politiquement correct" dans la société pour pouvoir exercer ce métier. En gros, je ne devais pas avoir mon pénis pour être mannequin. Enfin, c'était normal, après adieu les séances photos en sous vêtements. Je voulais être à l'aise dans mon corps, moi!
Mais en y réfléchissant bien, c'était un problème d'argent, vu que je travaillais dur car je n'avais justement pas assez d'argent pour me payer l'opération.


- Plutôt un problème d'argent. Mais je le règle doucement et sûrement. Je suis une grande fille.



Je riais légèrement , histoire de clore le sujet pour que tu passe à autre chose. Je ne voulais pas me mettre à parler de mes métiers. C'était à Hollywood, en plus , et je ne voulais pas que tu y vienne un jour , passant par là et que tu te dise "tiens j'vais dire coucou à Marilyn" ou autre connerie du genre. J'étais vraiment parano, là dessus.  Des problèmes familiaux, je n'en avait plus, vu que pour moi, je n'avais plus de famille. Ils m'avaient reniés et ils allaient limite appeler un exorciste, non merci!

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

Le chant n’était définitivement pas fait pour elle. C’était dommage, j’avais toujours pensé, depuis tout petit, que si on le voulait on pouvait arriver à n’importe quoi. Par exemple, si je l’avais vraiment voulu, j’étais persuadé que j’aurais pu devenir basketteur malgré ma petite taille. Et je crois que si je n’avais pas pensé comme ça, étant plus jeune, je serais quelque part au fond d’une cellule dans l’Indiana. Ou pire. Marilyn n’était pas du même avis. Elle disait que le chant était un don pour moi et que l’entrainement ne suffisait pas. Je souriais.

-Avoir un don c’est bien. Faut la volonté aussi. Si je n’en avais pas eu je serais encore en train de pourrir dans l’Indiana.

Quelque part, Marilyn n’avait pas tort. Certains pouvait avoir toute la volonté du monde, si ils n’avaient pas de don ça ne donnerait pas quelque chose d’exceptionnel. J’aurais probablement fait un basketteur moyen.

C’était le mannequinat qui intéressait Marilyn. Je pensais immédiatement à Savannah et à son métier. C’était pas un monde facile, celui de mannequinat mais ma Savannah s’y sentait comme un poisson dans l’eau parce qu’elle avait un sacré caractère. J’en vins à sourire et Marilyn trouvait ça mignon. Mon sourire s’élargit. Savannah était le seul bonheur dans ma vie pour l’instant avec ma demi-sœur.  Elles me faisaient oublier Cash et tous les autres problèmes, visibles ou invisibles, que j’avais.

Après ce moment de perdition, j’en revins à Marilyn et à son envie d’être mannequin. Elle n’avait encore jamais fait de castings parce qu’elle avait des trucs à faire. Des problèmes d’ordres financiers l’empêchaient de s’y investir à fond.

-Ouais, je comprends. Quand je voulais devenir rockstar j’avais aussi des problèmes de thunes. Je faisais des boulots à gauche et à droite au début. Mais ça me prenait du temps et c’était difficile de jongler avec les répétitions. Du coup, j’ai plus rien fait et j’avais la chance de me faire héberger à gauche et à droite… Ou alors je dormais dehors quand je trouvais pas d’endroit où dormir. Ça m’a permis de ne penser qu’à la musique.

Je ne savais pas si c’était possible de faire comme ça pour Marilyn. Je savais pas comment les filles, elles fonctionnaient.

-Dis-toi que quand tu auras mis assez de côté tu pourras foncer à un casting. Et si tu réussi se sera le jackpot.

C’est ce qui m’est arrivé. J’avais rêvé d’être rockstar et j’avais réussi. Je n’avais jamais vu d’alternative. C’était soit je réussissais, soit je mourrais. J’avais réussi.

-Je te présenterai à Savannah, si tu veux… Elle pourra peut-être t’aiguiller dans ce monde-là. Moi j’y connais pas grand-chose.

Entre fille fan de mode, elles devraient bien s’entendre. Je crois…

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

J'avais hoché la tête quand tu avait mentionné la volonté , j'étais totalement d'accord. Mais pour moi la volonté sans don ça ne faisait pas des miracles. Alors que tu parlais de tes débuts, je souriais faiblement en penchant légèrement la tête sur le côté, t'écoutant. Toi au moins tu avait pu faire ça. Mais moi je ne pouvais pas, trop de dangers. Déjà avec le fait d'être une femme, mais aussi le fait d'être trans. Suffisait que je tombe sur un pervers qui essayerait de me violer pour finalement se rendre compte que j'ai un pénis , me battant par la suite jusqu'à la mort car il penserait que je suis un homosexuel ou une erreur de la nature. Je fronçais le nez en secouant la tête.



- Je peux pas faire ça, moi. J'suis une femme. Met toi à la place d'un psychopathe tordu sexuel deux secondes et imagine une femme toquer à ta porte et te demander si elle peut squatter. Ou voir une femme trimbaler ses affaires dans la rue d'un air perdu. J'suis sûre que la moitié des crimes à L.A ont cette origine. Et puis mon appartement ne coûte pas si cher que ça. J'vais y arriver un jour, hein.



J'affichais un petit sourire, gardant toujours espoir que, en effet, un jour, je sortirais de cette merde. Devant tes encouragements, mon sourire s'élargissais , et grace à ça j'allais sûrement garder espoir un peu plus longtemps. Mais quand tu proposait de me présenter à Savannah, mon sourire se fit tendu de nouveau.



- C'est gentil, mais je ne veux pas l'embêter. Surtout que vraiment, en ce moment je peux pas encore trop y penser. Et puis je suis timide.



J'avais surtout peur qu'elle propose de me présenter à un casting ou autre sans que je ne puisse dire non devant cette opportunité. Je me sentirais bien trop idiote si j'étais obligée de lui dire que je suis trans. J'aurais l'impression d'être une moins que rien devant elle, qui était très jolie , et biologiquement une femme depuis sa naissance. Je n'avais pas envie qu'elle me prenne en pitié ou quoi que ce soit. Non, je préferais la rencontrer à un casting ou dans d'autres circonstances. Et puis je ne voulais pas qu'elle me voit comme une concurrente dans son milieu. Après tout, c'était normal dans le milieu de la mode pour réussir d'écraser ses adversaires -chose que je ne serais pas vraiment capable de faire, j'imagine- et donc je ne lui en voudrais pas si elle tentait carrément de me mettre sur le mauvais chemin pour éviter de perdre sa place ou si elle me déconseillait à plusieurs marques ou autre. Je ne voulais pas m'attirer les ennuis avec elle. Ca me dégoûterais de ne pas l'apprécier, de me la mettre à dos.

Surtout qu'entre filles c'était toujours dur de s'entendre, malheureusement. Il suffit d'un malentendu, ou qu'on porte la même robe -ce qui m'étonnerait parce que je n'ai pas les mêmes moyens qu'elle- , ou encore qu'elle pense que je suis là pour essayer de briser votre couple pour qu'elle ne puisse pas me voir en peinture à vie. C'était parfois flippant, d'être une femme, et d'essayer de se faire des amies. En plus, si jamais je m'en mettais une à dos, j'avais un désaventage. Elles me voyaient comme un "truc" un "monstre" plutôt que comme une femme , tout comme elles, généralement. Ou alors comme une "femme" mais différente, moins femme qu'elles. Ca m'embêtais vraiment. Si seulement je trouvais une femme comme moi qui pourrait m'initier à ce monde, au monde du mannequinat, de la mode... Mais décidément il n'y en avait pas des masses, voir pas du tout. Les trans étaient vues partout comme des monstres, généralement on se collait des jobs pourris ou alors on travaillait dans le milieu de la prostitution. Je faisais légèrement la moue, regardant dans le vide , à cette pensée.. Mon dieu, je ne voulais pas être obligée à faire de la prostitution si personne ne voulait de moi.

Retrouvant mes esprits, je te regardais de nouveau et t'adressais un sourire, me faisant curieuse d'un coup, mais pas du tout pour être indiscrète, cette question m'était venue en tête alors que je repensais à Savannah. Je me penchais un peu vers toi depuis ma chaise , un geste naturel pour montrer que ça m'intéressait vraiment,  je le faisais sans réfléchir.



- Et comment tu l'a connue, Savannah ?



J'étais toujours friande des histoires de couple, ne pouvant pas être en couple moi même. Ca me rendait un peu triste, mais entendre des histoires touchantes qui étaient réelles, ou des histoires mignonnes, marrantes, me remontais le moral.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

J’avais raconté à Marilyn comment j’avais fait, moi, pour survivre quand je suis arrivé à L.A. sans rien. Ma volonté m’a permis de survivre dans la rue quand je n’avais pas d’endroit où dormir. J’étais déterminé à devenir une rockstar et j’avais réussi. Marilyn disait ne pas pouvoir faire pareil car elle était une femme et que n’importe qui pouvait l’agresser voir la violer. Etre une femme aggravait peut-être les choses, je n’en sais rien, mais si quelqu’un est détraqué, que tu sois un gamin de 17 ans ou une femme de 20 ans cela revient au même.

-Crois-moi, que tu sois un homme ou une femme, tu risques de te faire agresser dans tous les cas.

Je parlais d’expérience. Il m’est arrivé plusieurs fois de me faire agresser, il y a quelques années, dans les petites rues de South L.A. quand je revenais du Crazy Ginger.  J’en avais encore des frissons partout et grimaçai un peu. Ce n’était pas les coups le pire, ça j’avais l’habitude, mais c’était l’humiliation. Mais je pouvais comprendre Marilyn. C’était une fille et elle se sentait comme étant une proie plus facile. Ce qui était certainement le cas.

Mais tout ça n’empêchait pas Marilyn de croire qu’un jour elle arrivera à réaliser son rêve. C’était beau à voir et je lui proposais un petit coup de pouce en lui disant que je pouvais la présenter à Savannah. Elle était mieux placée pour aiguiller Marilyn dans le monde de la mode. Moi, je n’y connaissais pas grand-chose. La jeune femme renonça à ma proposition mettant en cause sa timidité et le fait qu’elle ne voulait pas penser à cela avant d’avoir les fonds suffisant.

-T’en fais pas, elle ne mord pas.

J’exagérais peut-être un peu. Savannah pouvait être redoutable surtout quand elle n’aimait pas quelqu’un. Je ne savais pas, en fait, comment ma petite amie allait réagir si je lui présentais une potentielle rivale à aider. Mouais… C’était peut-être pas une bonne idée, ça, Billy. Je souris à Marilyn.

-Mouais, tout bien réfléchis, t’as peut-être raison. C’est pas une bonne idée.

Je rigolai achevant ma énième cigarette. Marilyn porta son intérêt sur ma relation avec Savannah et, plus particulièrement, sur la manière dont on s’était rencontré. Je souris, c’était un beau jour celui-là. Dommage que la suite a été beaucoup moins glorieuse.

-On s’est rencontré à une fête de gala organisé par je ne sais plus qui ni pourquoi. Peut-être une remise de prix de cinéma à Hollywood. J’y étais invité parce qu’à ce genre de gala les gens ont l’art d’inviter tous ceux qui ont une renommée  et un bon compte en banque. Le mien venait d’exploser après la sortie de l’album de The Lightening qui a eu un succès immédiat. Alors ils s’étaient dit : « Oh on va inviter ce nouveau petit groupe, ils iront certainement très loin vu comme c’est parti ». Savannah y était invité aussi et on a tout de suite sympathisé. Je suis le genre de gars à tomber amoureux très vite…

Je souriais en y repensant, puis mon sourire disparu.

-On s’aimait jusqu’à ce que ça se dégrade pendant la tournée de The Lightening. La tournée qui à suivit la sortie de l’album…

Je soupirais me remémorant nos disputes plus violentes que je ne l’aurais voulu.

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

Alors que tu avait fait ta remarque sur les dangers d'agressions quel que soit le sexe de la personne, j'avais froncé le nez avec une petite moue désolée, pensant à tout ces gens qui étaient dehors et pensant inconsiemment que si tu en parlait, ça avait du t'arriver ou que tu avait connu des gens à qui c'était arrivé. C'était quelque chose d'horrible et ça me penait de savoir que des personnes devaient vivre avec ça.

Tu me disait que Savannah ne mordait pas et j'avais haussé les épaules avec un petit sourire en secouant la tête, toujours pas trop branchée, pensant plus déranger qu'autre chose, et que ça ne serait pas très judicieux. Au moment où tu finissait par me dire que ce n'était pas une  bonne idée, un sourire amusé s'affichais sur mon visage, car j'avais compris que tu m'avait compris sur ce coup là.

Ayant demandé comment tu l'avait recontrée, je m'étais rapprochée légèrement te fixant avec de grands yeux curieux et alors que tu me racontais tout ça, je souriais en hochant la tête. C'était un peu banal, pas d'accident cocasse ni rien, mais c'était mignon. D'un côté moi aussi j'aurais aimé pouvoir m'autoriser à tomber facilement amoureuse. Mais à cause de mon "léger" problème, je ne pouvais pas me le permettre. Surtout avant l'opération. Ce serait une catastrophe , je n'avais pas envie de me faire du mal comme ça, de permettre à quelqu'un de me faire du mal. C'était voué à l'échec. Alors il ne vallait mieux pas que je tombe amoureuse, car de toutes manières si ça arrivait, je devrais le cacher, éviter la personne, et ça n'aboutirait jamais à rien. Ou plutôt à rien de bon, selon moi.

Je me redressais sur ma chaise, faisant légèrement la moue à tes dernières paroles et haussant les épaules, passant une main dans mes cheveux. Je sortais une cigarette de mon petit sac en cuir , la coinçant entre mes lèvres en laissant une bonne trace de rouge à lèvres sur le filtre comme d'habitude, l'allumant et tirant une latte. Tu m'avait donné envie de fumer à force de faire clope sur clope. Je te disais alors avec un petit sourire qui se voulait rassurant, expirant la fumée.



- Tu sais, ça, ça arrive parfois. Mais bon là ça à l'air d'aller mieux. C'est tout ce qui compte, non ? Tout peut pas toujours aller bien, on dit "c'est que dans les films" mais regarde, même dans les films ça va pas tout le temps bien. Sinon, y'a pas d'histoire.



Continuant de fumer, je souriais un peu plus en expirant la fumée de ma seconde latte . Oui, je le pensais vraiment tout ça, c'était normal que ça n'aille pas toujours bien. Ok, c'était pas plaisant, j'étais aussi bien placée que les autres pour le savoir, mais ça passait toujours. C'était juste une épreuve à surmonter pour ensuite pouvoir être heureux.

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ft. "Marilyn" Josh Sweeney

Je fumais depuis le début de notre conversation et Marilyn finit par sortir, elle aussi, une cigarette pour la fumer. Je m’étais mis à expliquer en quelques mots ma toute première rencontre avec Savannah. J’avais un sourire aux lèvres en y pensant. J’avais toujours cru que Savannah était la bonne, celle qui me ferait oublier tous mes démons. Dès le premier jour j’étais tombé amoureux d’elle. Mais j’étais comme ça, je tombais amoureux très facilement. Et quand ça arrivait il fallait que je fasse tout pour la personne qui faisait les frais de cet amour inconditionnel.

Mais avec Savannah ça s’était mal fini. Très mal fini. Mon visage se figea un peu quand j’évoquai la fin de notre relation. Tout ça parce que je ne supportais pas qu’elle prenne en main sa carrière et ne soit pas tout le temps à la maison. J’étais un sale gosse de l’Indiana où les mentalités en étaient encore aux années 40 où les femmes travaillaient peu et s’occupait des enfants.

Marilyn était positive. C’était dingue tout cet optimisme qui ressortait de cette fille. Comme si, à la naissance, on naissait avec une propension pour la dépression ou pour l’optimisme. Elle faisait le parallèle avec les films où ça n’allaient pas bien non plus sinon il n’y aurait pas d’histoire. Est-ce que je m’ennuierais si je n’avais pas un peu de malheur dans ma vie ? Est-ce que je péterais un câble si tout allait toujours bien ? Sûrement… Je ne suis jamais content de toute façon. Je souris à Marilyn.

-Comment tu arrives à voir tout le temps le bon côté des choses ? J’aimerais bien être comme toi, ça m’éviterai pas mal de problèmes.

L’heure tournait et je n’avais pas encore dénié me préparer pour le concert à venir. Mais bon, j’entendais encore Roadtramp alors je n’avais pas trop à m’inquiéter. Même si Lenny ou bien encore Liam n’allait pas tarder à débarquer pour essayer de me motiver.

-Tu devrais aller au premier rang pour le concert. Je dirais à Lenny de te donner une place VIP. Si ce n’est pas déjà fait…

Je sais que j’en avais donné une à Savannah ce qui était normal. J’espérais que Cash n’allait pas la reconnaitre dans la marée de gens qu’on aura devant nous.  

Odd break before the storm ft. Billy Lighter

Alors que tu me demandais comment je faisais pour être toujours optimiste, j'haussais les épaules avec un petit sourire légèrement triste avant de secouer la tête. Non, tu n'aimerais pas être comme moi, c'est faux. Enfin, si tu savait seulement comment j'étais réellement, tu n'aurait pas dit ça. Mais je restais complètement transparente sur ma personnalité, même si sur mon corps je ne l'étais pas. Je tirais sur ma cigarette avant d'expirer la fumée, baissant les yeux l'espace d'une seconde avant de poser de  nouveau mon regard sur toi.


- Hm , je suis pas tout le temps comme ça, c'est inhumain d'être toujours comme ça. Mais j'pense vraiment ce que je dis. C'est ce que je me dis moi, quand ça va pas. Parce que parfois aussi, j'vais pas bien. Et on peut pas éviter les problèmes. Si on en évite un, un autre nous arrive dessus, donc... Et en plus il peut être encore pire, parfois!


Alors que tu parlais du concert, j'eut un petit sursaut, me rappellant qu'en effet il n'allait pas tarder à commencer, même si on entendais quand même Roadtramp, c'est vrai. Je n'y étais pas allée pour l'instant, mais bon vu que je ne comptais pas ne faire qu'un concert de la tournée, j'allais aller les voir à un moment où un autre. C'était un peu "con" à dire, mais j'étais venue surtout pour The Lightening, alors The Roadtramp... Une autre fois!

Je te souriais grandement quand tu me parlait de la place VIP, je n'en avait jamais eu une, je n'avais jamais eu les moyens. Mon coeur se gonflait et j'étais vraiment heureuse, sur le coup. Je trouvais ça super gentil de ta part et ça me faisait plaisir. D'ailleurs, il fallait mieux que je me dépêche d'y aller, et puis toi tu n'allait pas tarder à te préparer vraiment pour le concert.


- Merci beaucoup Billy !


J'avais bien envie de te serrer dans mes bras mais ma pudeur m'en empêchais surtout que c'était un geste étrange, on ne se connaissait pas autant que ça, pas assez, en fait. Je me levais, gardant mon énorme sourire et, ayant bien vu que le concert te stressait, je coinçais ma clope entre mes lèvres tout en trifouillant les bracelets que j'avais au poignet en fronçant légèrement les sourcils. J'en décrochais un en cuivre avec des gri-gri dessus et me penchais vers toi, te l'accrochant autour du poignet.

Me redressant, je te souriais de nouveau, reprenant ma clope entre mes doigts et expirant la fumée .


- Tiens, garde le, c'est un porte bonheur. Ca va aller pour le concert, t'en fait pas. Tu va tout déchirer, comme d'habitude.


Je te faisait un clin d'oeil pour essayer de détendre un peu l'atmosphère, puis un signe de la main, te disant que je devais y aller maintenant pour ne pas être en retard pour le concert. J'avançais vers la porte et me retournais une dernière fois vers toi pour te faire un autre signe, te souriant, avant de la refermer.

Odd Break Before The Storm
ft. "Marilyn" Josh Sweeney

J’écoutais attentivement Marilyn parce que chacune de ses paroles m’offraient un certain point du vue que je n’avais jamais exploité. Malgré ses petites expressions tristes dont je n’arrivais pas à connaitre la nature, elle restait sur ses positions. Même si elle n’était pas toujours optimiste, elle l’était souvent et ça parce qu’elle se disait qu’il était impossible d’éviter tous les problèmes. J’approuvais légèrement de la tête tout en continuant à fumer.

-Foutus problèmes. Il y en a toujours.

Et quand il n’y en a pas, j’arrivais toujours à en trouver. Parce que je dramatisais toujours contrairement à Marilyn. Fallait dire qu’elle m’avait remonté un peu le morale tout le temps qu’elle avait passé ici alors je voulais la remercier en lui offrant une place VIP. Elle serait bien placée et entouré de gens cool. Elle ne serait pas dans la folle déchainée et parfois dangereuse du public de The Lightening. Une grand sourire apparu sur son visage ce qui me fis sourire moi aussi. Elle était heureuse et ça me suffisait. Quoi que les gens pense de moi, j’adorais faire plaisir à mes fans. Je ferais tout pour eux.

Elle se leva, me rappelant qu’il était presque l’heure du concert. Même si Roadtramp jouait encore, je savais que ce n’était plus qu’une question de minutes. J’allais pas être à l’heure, je le savais… Au fond de moi, je n’étais pas encore prêt.

Marilyn manipulait les bracelets qu’elle avait au bras et je la regardais me demandant ce qu’elle faisait. Elle décrocha une sorte de gri-gri et s’approcha de moi. Je n’eus pas le réflexe de reculer. J’avais bien trop confiance en Marilyn pour ça. Même si elle m’intriguait toujours, j’avais quand même confiance. Elle m’accrocha le gri-gri au poignet. Elle disait que ça me porterait chance. Je souris de façon angélique.

-Merci ! J’espère que ça me donnera ton optimisme.

Je souriais encore la regardant quitter la pièce. Je fixais ensuite le gri-gri pendant plusieurs secondes. Les fans m’offraient souvent des cadeaux mais ici, j’en avais eu deux. Le gri-gri et une conversation civilisée. C’était tout ce que je voulais. C’était toujours ce que j’avais voulu.