Il était presque une heure de l’après-midi quand j’réussi à sortir du lit de la suite de Peyton. J’y étais tellement bien à dormir et pas que avec la chanteuse que j’avais de plus en plus de mal à quitter l’hôtel. Surtout après la visite de Timmy d’hier…

Pourtant, j’devais pas rester… Il fallait que je rentre un peu chez moi. J’devais téléphoner à Sydney Grey, la journaliste chez qui David s’était réfugiée, qu’il devait être à l’heure pour le départ en Asie. Parce que s’il l’était pas, j’étais sûr que Timmy allait remettre la faute sur moi. Ouais, j’savais où était David… J’avais un mot de Sydney qui disait qu’il était chez elle. Un truc comme ça. Bref, j’savais qu’il était vivant et qu’il m’évitait au point d’aller dormir ailleurs.

De toute façon, avec ce que j’vivais chez moi.

Bref, j’devais faire ça et p’tètre aller enregistrer l’une ou l’autre ligne de batterie au studio de chez BSC. Prendre une avance sur l’album de Fireworks avant de partir.

Je pris une douche et je sortis de la suite non sans avoir encore trainé un peu avec Peyton tout en buvant de la vodka. C’est d’un pas super lent que je pris l’ascenseur. Marcher trop vite, ça usait ma respiration. Et respirer, c’était de plus en plus un calvaire. Quand je m’étouffais pas tout simplement parce que je toussais sans arriver à m’arrêter.

Bref, j’finis par arriver à ma Mustang garée près de l’hôtel. J’entrai à l’intérieur et j’pris le temps de mettre la musique à fond. Et… De me reprendre aussi parce que j’avais la tête qui tourne. La vodka ? Ouais, un peu. J’avais quand même pas mal bu entre ma douche et maintenant.

Je respirais profondément avant de mettre le contact et de démarrer super vite. J’eus le temps de monter jusqu’à 100 km/h sur la bonne ligne droite que j’avais. Tout ça sur le rythme de mon groupe. Le premier… Enfin, The Burning Fire, quoi.

Arrivé à proximité du tournant où j’devais tourner à gauche, j’appuyai sur le frein mais…

Mais…

Mais !

P’tain, ça marche pas !

J’appuyai mais rien. Et le tournant était là. Et j’tournai à 100 km/h dans un tournant à 90 degrés.

La voiture partit en sucette faisant un tour sur elle-même. Je fus secoué dans tous les sens avant de faire un tonneau impressionnant. Ma tête failli lourdement percuter le volant mais je me protégeai avec mes bras. Un truc craqua… Et la voiture fit sa course sur ses roues au milieu de la chaussée sans percuter aucune autre voiture.

Une fois immobilisé, je respirais très vite. Ma respiration sifflait. J’avais les yeux grands ouverts. Mais mon regard était effrayé. Le pare-brise était fissuré de toute part mais l’avait pas éclaté. Mais la première chose que j’regardai, c’était mon visage. J’avais pas mal mais j’regardais quand même. L’avait rien. Pas une p’tite égratignure.

J’tremblai, j’toussai, j’respirais vite. Me fallait une cigarette… P’tain… Il venait de se passer quoi ? J’étais paumé… Et j’savais pas combien de temps j’suis resté là, l’air hagard alors que des voitures s’étaient arrêtées parce qu’elles avaient pas trop le choix…

J’étais vivant…

Mais il s’était passé quoi ?

J’ai la tête qui tourne.

Je secouai la tête toussant encore et toujours. Et j’finis par sortir, tout tremblant. J’me tenais à la portière. Aïe…

Aïe ?

Je réussi à me stabiliser debout et j’regardai ma main douloureuse. Mon p’tit doigt était tout bleu.

Merde…

J’grimaçai alors qu’une veille femme s’approcha de moi. Elle était inquiète et affolée.

-Jeune homme, vous allez bien ? Mon Dieu, vous avez bien failli vous tuer ! J’ai appelé une ambulance.

Quoi ? Une ambulance… Nan… J’peux pas aller à l’hôpital. J’regardai la vieille d’un air perdu. Mais après avoir encore secouer une fois la tête, j’crois que j’commençai à reprendre mes esprits.

-J’vais… Bien… J’crois…

Ouais, à part mon doigt ça va. Mais c’est qu’un doigt.

J’me tournai vers ma voiture. L’était… Oh non… Le capo était totalement défoncé… Puis la carrosserie était renforcée par endroit. Me manquait un rétroviseur. Et pas que ça… La vitre arrière était éclatée aussi.

J’regardais les dégâts d’un air malheureux.

-Oh p’tain… Ma Mustang…

Je soupirai de désespoir avant de sortir une cigarette. Ma main tremblait… C’était pas cool. J’ai flippé à fond, là.

J’eus du mal à allumer ma clope mais j’finis par y arriver alors que la vieille dame parlait à une autre dame pour lui expliquer ce qu’il venait de se passer. Moi, je finis par m’appuyé contre ma voiture assis par terre le temps de me reprendre. Je fumais en tremblant et en toussant cherchant à comprendre ce qui avait merdé alors que j’entendais, pas très loin, les sirènes de l’ambulance.

@ Billy Lighter

-Moi, je vote pour le Great Nachos !

J’avais faim… et en plus, l’intervention sur laquelle on venait de nous envoyer… ben c’était rien. Y avait eu présomption d’une tentative de suicide chez une vieille personne qui ne répondait plus à l’appel, ni au téléphone, ni à sa porte. Alors on nous avait envoyés nous en plus des flics. Les flics avaient défoncé la porte du petit appartement après avoir tenté à leur tour d’avoir une réponse de l’individu concerné…

Et ça avait fait beaucoup de dégâts pour rien parce qu’en fait, la personne n’était pas en danger, elle avait juste perdu ses sonotones et du coup… ben le monsieur n’entendait ni la sonnerie du téléphone, ni les coups à la porte…

Enfin, le principal était que tout allait bien.  

Du coup, j’avais repris l’ambulance et comme on passait par l’Eastside, et que j’avais envie de nachos…

-Mais Sonny ! On a mangé y a une heure !

L’infirmier, Cooper, qui assistait le Dr. Faye, à l’arrière, me parlait à travers la trappe qui séparait mon cockpit de la section médicalisée du véhicule.

-Et alors ? C’était y a une heure ! Je suis pas un gringalet comme toi, moi, j’ai besoin de carburant !

La radio grésilla et la voix douce du dispatch retentit dans l’ambulance.

-Dispatch pour équipes en route disponibles, est-ce que quelqu’un est à proximité de… Santa Monica Boulvard au croisement avec Lilian Way ? C’est pour un accident de la route.

Je me tournai brièvement vers Cooper qui hocha la tête et pris la radio.

-525 pour Dispatch, on s’y rend.

J’appuyai sur l’accélérateur et pris la direction indiquée, tout feux bleus allumés et sirène à fond ! Bon dieu comme j’adorais ça ! Enfin j’espérais quand même qu’une fois sur place, on constaterait, comme pour notre première intervention, qu’il n’y avait rien de très grave.

Mais mes yeux s’écarquillèrent quand, en arrivant à proximité de l’accident, je reconnus la bagnole (maintenant déclassée) d’Howard.

-Et merde ! C’est pas vrai ça ! Faut qu’il arrête de conduire !

Je freinai un peu brusque et sortis de l’ambulance avant même que mon équipage à ‘arrière eu le temps de réagir et me précipitai vers la bagnole… Howard était assis sur mon capot et mon cœur pu arrêter de s’emballer. Il tremblait, avait l’air choqué, mais n’était pas non plus couvert de sang.

-NOM DE DIEU, HOWARD !

C’était plus un cri de soulagement qu’autre chose. La bagnole avait tout pris. Mais mieux valait de la carrosserie qu’Howard !

J’accourus vers le batteur et son air hébété.

-T’as rien ?! T’as vraiment rien ?!

Cooper et le Dr. Faye me poussèrent pour examiner Howard sous toutes les coutures, le faisant asseoir au sol.

Je passai une main sur mon visage en regardant l’état de la caisse.

-Mec, faut vraiment que t’arrête de conduire… Comment tu t’es planté comme ça ?

Combien on parie qu’il était bourré ? Pendant ce temps-là, le médecin lui posait les questions de base et constata qu’il avait un doigt cassé.

-Qu’il monte dans l’ambulance. On le fera plâtrer à l’hosto…

Les flics étaient arrivés aussi et je me mordis la lèvre. A tous les coups, ils allaient lui faire un alcotest sauf si on arrivait à faire en sorte qu’il puisse pas souffler. Quand les flics arrivèrent pour faire exactement ce à quoi je pensais, Faye vint à la rescousse en disant qu’ils pouvaient toujours essayer, que Howard avait une putain de pneumonie en plus du reste et que jamais il arriverait à souffler correctement.

@ Billy Lighter

Les sirènes de l’ambulance se rapprochaient. Genre, elles étaient sérieusement proche et il fallait que j’aie pas trop l’air mal alors j’me relevai pour m’asseoir sur mon capot défoncé. J’ai fumé un p’tit peu mais quand l’ambulance arrive dans mon champ de vision, j’écrasai ma cigarette au sol.

Et c’est là que j’vis Sonny sortir comme une furie de son ambulance. J’avais plus vu Sonny depuis le concert de Londres où… Bah j’avais crashé une Corvette pendant une course à laquelle on participait tous les deux. En fait, j’voyais Sonny que quand je cassais des voitures, ces derniers temps. Sauf qu’ici, c’était même pas une course.

Il cria à moitié soulagé. Enfin, l’avait l’air soulagé. J’le regardais. J’étais encore un peu choqué alors j’savais pas quoi dire. Juste regarder Sonny qui s’approcha de moi me demandant si j’allais bien.

-Heu…

J’regardais autour de moi secouant encore une fois la tête et j’regardai, ensuite, Sonny.

-Ouais… J’vais bien. J’ai rien…

Mais Sonny se fit bousculer tout d’un coup et deux autres hommes arrivèrent. C’était des infirmiers, j’crois… Il me firent m’asseoir à terre ce que je fis. Ils posèrent des questions. Genre si j’avais mal. J’disais que « non ». Que j’étais juste secoué mais ils continuèrent à me toucher pour chercher si j’avais quelque chose qui allait pas. Et quand il toucha ma main, je gémis de douleur. Merde… L’avait vu mon doigt tout bleu et il déclara qu’il était cassé.

-Ouais, j’sais…

J’étais pas médecin mais j’savais. Le type déclara que j’aurais pu lui dire. Ouais, j’aurais pu mais je ne peux pas aller à l’hôpital.

Alors que le médecin avait sorti son stéthoscope pour m’ausculter, Sonny déclara que je devais arrêter de conduire. J’fis un air triste. Je n’avais rien fait de mal, pour une fois.

-J’sais pas comment ça est arrivé. Je roulais calmement et quand j’ai voulu ralentir avant le tournant mon frein ne marchait pas. J’ai appuyé plusieurs fois et rien… Du coup, j’ai pris le tournant trop vite et la voiture à fait un tonneau. C’est pas normal… Elle fonctionnait super bien, hier, ma Mustang.

Ouais, j’comprenais pas pourquoi le frein à pas fonctionné.

Le médecin déclara tout haut que j’avais un doigt cassé, du coup, Sonny déclara qu’on me fera plâtrer à l’hosto.

-Oh non, j’peux pas.

Mais j’eus pas le temps d’expliquer pourquoi je ne pouvais pas que les flics arrivèrent. J’savais que j’avais bu. Je savais que s’il me faisait passer un alcotest, j’allais être positif. J’avais bu pas mal de vodka avant de partir même si ça n’avait strictement pas joué dans l’accident qui s’était produit. Je me mordis la lèvre presque en même temps que Sonny. Et les flics arrivèrent avec la machine que je connaissais un peu pour avoir déjà soufflé dedans une fois ou deux avec le résultat que j’crois que j’ai pas besoin de préciser. Heureusement qu’un flics, ça se corrompt…

Mais là, c’est le médecin qui me sauva en disant que j’pourrais jamais soufflé à cause de la pneumonie. J’me retins de souffler de soulagement… En fait, si j’le fis mais ça se transforma en une quinte de toux.

J’regardai vers Sonny.

-Vieux… J’peux pas aller à l’hôpital. C’est dans le deal avec mon manager. J’peux pas finir ni à l’hôpital, ni en prison, ni au cimetière… En plus, ma tournée reprend dans deux jours et j’dois être à l’heure à l’aéroport sinon mon autre manager va me tuer. T’sais, c’est dur la vie de rockstar… Tu peux me ramener chez moi par contre… Ça, ça serait cool parce que j’ai plus de voiture…

Le médecin semblait pas fort d’accord. Et l’autre type non plus. Mais Sonny pourra les convaincre. C’était mon pote. Et j’avais un peu de thunes pour les corrompre s’il le fallait. Ça fonctionnait en général.

@ Billy Lighter

Howard disait qu’il avait rien… Ouais, je voyais bien qu’il était pas mort, ni même inconscient. Putain, son visage de playboy avait même pas une foutue égratignure. Alors je me détendis quand même un peu, finissant par rire nerveusement.

-Putain, mais t’as combien de vies, vieux ?

C’était pas la première fois qu’il faisait un accident de bagnole, ou même qu’il prenait des risques inconsidérés comme avec Luca Conti à qui, fort heureusement, on avait réglé la dette à Londres en lui filant le prize money de la course. Là aussi, d’ailleurs, Stone s’était planté !

Mes collègues l’examinèrent et constatèrent qu’il avait un doigt cassé. Heureusement qu’ils le virent parce que Howard, lui, il avait rien dit. Je soupirai de dépit avant que le batteur ne me raconte les circonstances de son accident. Je fronçai les sourcils, fit la moue. Mais comme les flics arrivaient, je me voyais mal crier haut et fort que je pensais surtout qu’Howard était très bourré !

-C’est ça, c’est la faute de la bagnole… Je vais jeter un œil…

Je tapotai sur l’épaule de l’infirmier qui faisait une attelle de fortune à Howard.

-Passe un peu une paire de gants en latex, s’il te plait…

Il me les tendit machinalement et je dis à Howard qu’on allait l’emmener à l’hosto pour le faire plâtrer. Mais il voulait pas… Pourquoi ? C’était interdit aux Howard, l’hôpital ?

-Tu feras ce qu’on te dit. T’as pas 6 ans.

Et puis il m’avait foutu la trouille alors je me vengeais.

Les flics arrivèrent et comme le conducteur de la bagnole accidentée était pas mort, ils voulurent plutôt lui mettre l’accident sur le dos à coup d’alcotest. Aucun doute que s’il soufflait, Howard serait grave dedans. Mais le Dr. Faye sauva mon ami en disant qu’il ne pouvait pas souffler parce qu’il avait une pneumonie. Amen à ça.

Enfin pas qu’il soit malade, mais qu’il puisse pas souffler…

Bref, une fois les gants en latex enfilés, j’ouvris le capot de la Mustang… C’était pas une chose facile vu que le capot était démoli et déformé. Mais j’y arrivai tout en écoutant Howard dire qu’il avait un deal avec son manager comme quoi il pouvait ni finir à l’hôpital, ni en prison, ni au cimetière. Puis depuis quand il avait deux managers ?! Ah… Ouais… Fireworks… Ils passaient que ça à la radio pour le moment. Et c’était vachement bien !

-Ben fallait commencer par pas conduire alors. Parce que dès que tu te mets au volant d’une bagnole, c’est là que t’as 90% de chance de finir, Howie… Oh putain… !!

Je regardai Howard et me mordis la lèvre…

-Le câble de frein a été sectionné, Howard…

Mais genre. Net. Propre. Pas un truc qui pourrait résulter de l’accident.

-Quelqu’un t’en veux ?

C’est une vraie question, Sonny ?

J’attirai l’attention des flics.

-Hey ! Inspecteurs ! Venez un peu voir ici, s’il vous plait ?

Ils constatèrent la chose, posèrent la même question que je venais de poser à Howard. Et voulurent le ramener au commissariat pour une audition plus poussée et qu’il puisse déposer plainte mais…

-On va d’abord lui soigner son doigt à l’hôpital. Puis je l’amènerai chez vous pour l’audition… Puis après, je te ramènerai chez toi, vieux…

Ouais parce que si quelqu’un essayait de le buter, il aurait d’abord à faire à moi…

@ Billy Lighter

-Bah quelques-unes…

Ouais, j’devais voir plusieurs vies… Parce que c’était très loin d’être mon premier crash. En fait, j’avais même pas assez de doigts aux mains pour compter tous les cash que j’avais fait depuis le début de ma vie.

Mais ce p’tit doigt cassé… Ça c’était pas cool. Parce que, dans deux jours, j’embarquai pour la tournée et faire de la batterie avec un plâtre c’était très loin d’être pratique. Mais le médecin était déjà entrain d’emballer mon doigt alors que j’expliquai à Sonny que, l’accident, c’était pas ma faute mais celle de ma Mustang. J’fis la moue parce qu’il ne semblait pas me croire, le Sonny. Il voulait vérifier et demanda des gants à l’infirmier.

J’soupirai disant que je voulais pas aller à l’hosto mais Sonny me laissait pas vraiment le choix.

-Mais…

J’fis une moue triste qui fut encore plus triste quand les flics arrivèrent avec l’alcotest. Heureusement, j’pouvais pas souffler. C’est le médecin qui l’a dit. Faut dire que j’me voyais très mal souffler. L’avait raison. Mais ça n’empêchait que j’avais toujours aucune envie d’aller à l’hôpital. Et j’expliquai à Sonny pourquoi je n’avais pas envie. Mais Sonny déclara que si j’avais pas voulu y finir, j’aurais dû commencer par pas conduire. Et je fais comment pour aller d’un endroit à l’autre sans conduire ? J’vais pas payer un chauffeur, quand même… C’est la loose, ça… C’est bon pour les gens comme Reed.

Mais Sonny s’exclama d’un coup et j’levai un sourcil.

-Quoi ?

Il déclara que le câble du frein a été coupé. C’est sérieux, ça ? J’fis une drôle de tête parce que j’étais choqué.

-Oh…

Ça signifie, quoi ? Que quelqu’un l’a coupé délibérément. Mais… Quand ? En fait, le « quand » était facile… Ça pouvait être qu’ici. Et ça a dû se passer pendant la nuit vu que ma Mustang marchait très bien hier. Timmy aurait quand même pas fait ça ? J’fis la moue. Naaan… Il irait pas si loin même s’il était fâché contre moi. C’est pas un assassin. J’crois…

Et quand Sonny demanda si quelqu’un m’en voulait, je levai le regard vers lui en me mordant la lèvre.

-Ben… Heu…

Je n’en dis pas plus mais il devait bien voir à mon regard que la liste était très longue… Y’avait Luca Conti qui, même si j’avais payé ma dette, devait toujours m’en vouloir pour sa nièce… Y’avait les Albanais à qui je devais une somme massive d’argent pour des paris… Y’avait la Famille de Los Angeles à qui j’devais de l’argent aussi. Ah et ce type Russe de qui j’me suis foutu de la gueule à la salle de sport y’a un p’tit temps d’ici parce que j’avais gagné un pari grâce à Amon. Et… Plein d’autres.

Sonny interpella les flics et leur expliqua la situation. Du coup, les flics me posèrent la même question que Sonny… Et j’répondis en haussant les épaules :

-Ben… Heu…

Sans en dire plus. Et les flics voulaient que je vienne au commissariat pour porter plaine et mener une enquête plus approfondie. J’soupirai en prenant un air triste. J’avais aucune envie de faire ça. J’veux dire, même si quelqu’un essaye de me tuer, j’crois pas que donner le nom d’un tas de mafieux aux flics allaient me sauver la vie. En fait, j’crois que j’aurais encore plus de chance de mourir si j’balançais tout.

Heureusement, Sonny disait qu’il fallait aller à l’hosto d’abord. Il me donna la suite du programme et j’approuvai de la tête.

-Ok, vieux… J’te suis…

Je ne rechignai pas à grimper dans l’ambulance, du coup. J’préférais l’hosto à la prison, tant qu’à choisir. Parce que j’suis pas sûr qu’expliquer aux flics pourquoi tous ces gens me détestaient allait vraiment jouer en ma faveur.

Les médecins fermèrent les portes et on se mit en marche vers l’hôpital. Sur le chemin, le médecin m’ausculta à nouveau et me posa plusieurs questions. J’expliquai que j’savais pour la pneumonie parce que j’avais déjà été chez le médecin et que j’suivais un traitement. Il fit une drôle de tête et déclara que le traitement semblait pas fonctionner et qu’il m’en prescrira un autre. Il disait que j’ferais bien de rester chez moi pour me reposer et limiter la cigarette. Et l’alcool aussi… Ça faisait bien beaucoup trop de truc à faire, ça. Mais j’approuvai tout ça et on arriva à l’hôpital.

Là, ça se passa assez lentement. J’fus envoyé à un endroit pour faire une radio après avoir reçu la prescription de médocs du docteur… Puis, à un autre pour plâtrer. Avec à chaque fois un temps d’attente. Heureusement, c’est une jolie infirmière qui m’a fait mon plâtre. Un truc énorme… Ça entourait deux de mes doigts ensemble et ça s’étendait jusqu’à presque mon coude. Un truc si gros pour un seul doigt ? Comment j’vais faire pour tenir mes baguettes, moi. J’le demandai à l’infirmière et elle déclara que j’devais juste attendre de ne plus avoir de plâtre. Ouais mais j’pars dans deux jours, moi…

Bref… Elle avait pas trop dé réponse à ma question et quand tout fut fini, j’retournai voir Sonny qui m’attendait.

-J’suis là, vieux…

J’me sentais pas bien… J’avais à nouveau chaud et j’avais mal un peu partout. Et j’devais encore aller chez les flics parce que Sonny a dit que c’est là qu’il voulait m’emmener.

-Dis, Sonny… On est vraiment obligé d’aller chez les flics. J’me sens pas super bien et j’aimerais rentrer chez moi. Le médecin a pas voulu me donner de médocs tout de suite parce qu’il voulait que je dessaoule avant.

Je fixai mon pote. Je n’avais pas vraiment envie de déposer plainte. Enfin, si, pour avoir les thunes. Mais j’avais pas envie d’y aller aujourd’hui. Je préférais attendre demain.

-Puis, j’ai pas vraiment envie de répondre aux questions des flics. J’me vois mal leur dire que j’pense que c’est Luca Conti parce que j’me suis fait sa nièce ou encore que c’est p’tètre les Albanais ou la Famille de Los Angeles parce que j’leur doit de l’argent pour des paris illégaux. Ça le fait pas de dire tout ça à des flics. J’pourrais aussi nier mais ils vont sûrement creuser et j’me sens pas assez en forme pour inventer des bons mensonges… J’préfère y aller demain, vieux.

J’le regardais les yeux à moitié ouvert parce que j’me sentais sérieusement pas bien.

@ Billy Lighter

Putain… je savais pas si Stone était trop choqué par l’accident pour répondre à ma question, s’il en avait pas envie, s’il n’avait aucune idée de qui pouvait lui en vouloir au point de saboter sa bagnole, ou si, au contraire, il avait trop d’idées et n’osait en citer aucune.

Putain ! On venait d’essayer de buter mon meilleur pote !

Maintenant, c’était moi qui étais sous le choc ! Alors du coup, mon premier réflexe, ben ça avait été de faire constater la chose par les flics, sans trop réfléchir… Et évidemment, ils voulaient le convoquer au commissariat parce que sans plainte, pas de crime.

Sauf que Stone, il avait un doigt pété et une pneumonie alors la priorité, c’était de l’emmener à l’hôpital… Mais Howard, il avait un deal avec son manager comme quoi il pouvait pas aller à l’hôpital !

Putain ! De quoi tuer mon dernier neurone et avec ça, c’était moi qui allait me retrouver à l’hosto ! Où était son garde du corps, à Howard, d’ailleurs ?! En dépression nerveuse ?

Bon… une chose à la fois. Et la priorité, c’était d’emmener le batteur à l’hôpital quoi qu’il en dise. Une fois arrivés là, je descendis de l’ambulance avec lui et pendant qu’on lui donnait les soins dont il avait besoin, dont un beau plâtre, je m’arrangeai pour quitter le boulot avant la fin de mon shift. Pour « raisons familiales », j’ai dit.

C’était pas vraiment mentir parce que Howard était un frère pour moi et je pouvais pas le laisser aller comme ça en sachant que quelqu’un dehors lui voulait du mal. Qui sait si c’était pas un fan complètement paranoïaque ?! Et en plus, le batteur allait quand même avoir besoin d’un chauffeur pour rentrer chez lui alors…

Je retrouvai Howard au moment où on lui permit de sortir. Je regardai son bras avec une grimace. Putain, il avait la tournée asiatique qui commençait dans pas longtemps, y parait… Et j’étais pas sûr qu’il allait savoir jouer, avec ça.

Mais lui, ce qui l’inquiétait, c’était d’aller chez les flics. Et quand il s’expliqua, je pus que me résigner… Ouais, effectivement, j’étais pas sûr que raconter tout ça aux flics allait être ne bonne idée… Tout en sachant que Howard irait quand même jamais le lendemain même si c’était ce qu’il promettait… Une promesse de Stone, ça veut juste toujours dire l’inverse de ce que ça veut dire.

-Ouais… je crois qui vaut mieux pas, finalement. J’avais pas réfléchis mais mec ! Quand j’ai vu tes freins sectionnés… C’est que ça fout les jetons une histoire pareille ! T’as pas un garde du corps, toi ?

Je lui ouvris la portière de ma voiture personnelle avant de la refermer sur lui pour me mettre au volant.

-Tu devrais lui dire de rester près de toi, à ton garde du corps. Putain, Howard, est-ce que tu te rends compte que quelqu’un a essayé de te tuer ?...

Je manœuvrai comme un pro et pris la direction de la villa de Stone sur Beverly Hills.

-Tu veux que je reste avec toi jusqu’à ce que tu partes en Asie ? Quand je travaille t’auras qu’à rester à la villa, t’as quand même une pneumonie à soigner… Et le reste du temps, je serai là en cas de problème… T’en penses quoi ?

@ Billy Lighter

Le plâtre, c’était pas cool… Mais j’allais devoir faire avec pour le moment. Je rejoignis Sonny vu qu’il m’avait proposé de me ramener chez moi mais je lui expliquai que j’avais pas du tout envie d’aller chez les flics. En fait, j’savais pas trop quoi leur dire. J’avais une liste de suspect longue comme le bras et j’étais pas sûr que ça soit la meilleure idée que de leur dire pourquoi tous ces gens avaient des raisons de vouloir me tuer.

Sonny savait que j’étais un parieur, t’façon alors j’pouvais bien lui dire. J’avais confiance en lui, c’était mon pote depuis que j’suis tout p’tit. Du coup, il adhéra à mon idée de pas aller chez les flics. Il avait pas pensé à tout ça tantôt parce qu’il était stressé à cause des freins. Et il me demanda si j’avais un garde du corps. J’haussai les épaules :

-Si, j’en ai même deux… MTI m’en a filé un en plus au début de la tournée. Mais bon, ils vont pas me suivre partout, non plus…

Sinon, ma vie deviendrait un enfer et je serais malheureux. J’aimais bien ma liberté. J’avais pas envie que mes gardes du corps me colle aux basques absolument tout le temps. La vie allait devenir vraiment nulle, s’ils font ça…

J’entrai dans la voiture de Sonny et quand il ferma la porte, je me collai contre la portière, mon front contre la vitre et les yeux à moitié ouverts. Sonny prit place côté conducteur en disant qu’il vaudrait mieux que mes gardes du corps restent auprès de moi. J’fis une moue triste. Apparemment, le fait qu’on ait essayé de m’assassiné choquait plus Sonny que ça ne me choquait moi. P’tètre parce que c’était pas la première fois qu’on tentait de me tuer. Même si Reed disait que s’il aurait voulu me tuer, j’serais mort.

-Ouais… Je m’en rends compte.

Et je ne m’en foutais pas… Mais j’savais que savoir qui avait voulu me faire ça, c’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

-Tout ça pour des thunes…

J’soupirai me disant que j’allais partir en Asie et que, là-bas, ça m’étonnerais qu’on essaye de me tuer. Bien que Conti avait assez de thunes que pour se payer le voyage. Mais bon, là-bas, j’aurais des gardes du corps et j’serais plus difficile à atteindre.

On commença à rouler direction ma villa alors que Sonny me proposait de rester avec moi jusqu’à mon départ en Asie. Il avait vraiment peur pour moi et j’trouvais ça cool mais… Mais j’étais pas sûr que j’voulais qu’il reste. Je savais, d’avance, que j’allais devoir me débarrasser de ce plâtre avant l’heure et qu’il ne me laissera pas faire. Et puis, j’me voyais mal abuser de sa gentillesse comme ça.

-Non, t’en fais pas, vieux… J’vais téléphoner à mes gardes du corps dès qu’on arrive et j’leur expliquerais la situation. Ils viendront à la villa. C’est leur boulot après tout. J’voudrais pas que tu te tapes des doubles journées à cause de moi. Puis, j’suis pas seul chez moi… Y’a ma p’tite sœur et mon claviériste alors j’risque rien. Puis, j’compte pas sortir du tout avant la tournée…

Bon, David était pas chez moi et Kenzie sortait souvent mais l’idée y était.

Sonny objecta pas et deux minutes plus tard, je m’endormis dans sa bagnole. Comme ça… Sûrement parce que j’étais crevé. Et il me réveilla quand on arriva chez moi. J’lui souris.

-Merci, vieux. Je t’enverrais des places de concert gratuites pour tout ça.

Je sortis de sa voiture et entrai dans ma villa où je m’écroulai sur le divan pour dormir.

@ Billy Lighter