Ma rencontre avec Robin m’a fait le plus grand bien. Pour un hasard, on peut dire que la vie a bien fait les choses. Ça m’a fait un bien fou de parler avec lui, en toute simplicité, alors qu’il prenait soin de sa cousine.  Je ne peux pas vraiment parler de confidences, mais de parler sans censure bien que je fus tout de même, au départ, réticente.

Chose certaine, c’est le début d’une belle amitié et j’ai déjà hâte de le revoir, de discuter à nouveau avec lui, d’en apprendre un peu plus sur sa vie et il était même d’accord à m’invité sur un plateau auquel il participerait au tournage question de voir ce quoi ça a vraiment l’air. Je n’ai pas encore dis oui pour sa proposition d’un petit rôle, ne me sentant pas à l’aise devant les caméras mais je n’ai pas non plus refusé.

J’ai donc quitté le centre commercial, sans achat mais le cœur léger. Ça m’a même fait tout drôle, je dois le dire.

Quand je suis rentrée à la maison, je l’ai trouvé vide. Billy devait avoir encore à faire au studio, des détails qu’il aura voulu voir et revoir parce qu’il n’a pas atteint le niveau de perfection qu’il souhaitait et que ça le rend dingue de sortir la vidéo pourtant parfaite à tout point de vu, Sauf pour le standard Lighter. J’ai hâte de le retrouver, de parler d’autre chose que de Be Mine!, cependant, pour passer à autre chose, il faudra plus que la sortie de la vidéo.

De lui ai demandé, le jour du tournage, de me parler de la fille de Be Mine!. La vraie ! Et de me parler des paroles, du vrai sens qu’elles recèlent.  J’ai peur de l’entendre tout me raconter mais je sans que c’est nécessaire.  J’ai besoin que nous soyons complètement honnête l’un envers l’autre sinon, je vois mal comment nous pourrions bâti quelque chose de solide.

Je l’attends longtemps avant qu’enfin, je n’entende le moteur de sa voiture gronder dans l’allée de la villa. Je suis installée au salon, dans le noir  et, quand il entre, j’attends qu’il passe devant pour lui faire ma demande.

- Parle moi de la fille de Be Mine!, maintenant. Billy tu me l’as promis !

Il ne devait pas s’attendre à ce que je l’aborde ainsi mais je refuse de le voir se défiler à nouveau. J’ai attendu et j’ai besoin de comprendre, d’être rassurée.  Billy n’est pas ce qu’à interprété Robin, il n’est pas comme ça, il ne l’a jamais été avec moi en tous les cas. J’ai peur de la vérité mais je suis prête à l’affronter. Ce n’est pas parce qu’il a pu avoir des histoires brutales avec son ex petite-copine qu’il est violent en lui-même. Impatient… territorial… caractériel, mai pas violent… ou je ne veux simplement pas le voir.

Je me lève et m’avance vers lui.

- Chaque fois que je t’ai demandé de m’en parler, tu as tout fait pour changer de sujet, tu avais mieux à faire, tu n’avais pas le temps mais ce soir, il n’y a plus d’excuse.

Je lui tends la main, pour qu’il la prenne et nous diriger vers le divan, là où j’étais installée pour l’attendre. S’il accepte et me prend la main, je pourrai espérer avoir enfin les réponses à mes questions et non pas le voir fuir à nouveau.

@ Billy Lighter

Je venais de reprendre ma Lamborghini après avoir passé à la journée à voir et revoir tous les rushs, à revoir le premier jet du montage, à donner mes directives pour modifier ce qui n’allait pas et à donner mon avis sur chaque minuscule détail. Le réalisateur et le monteur avaient des idées mais elles n’étaient pas toujours semblables à ce que j’avais dans la tête alors il fallait que je leur expliquer er réexpliquer encore et encore quitte à hausser le ton parfois.

C’était le clip de The Lightening ! C’était nos idées qui comptaient !

Ils ont fini par obtempérer et je reviendrais demain pour voir le nouveau montage avec mes changements.

Il fallait que le clip soit parfait.

Je conduisais en me repassant chaque scène dans la tête. On y était presque. C’était presque parfait. On voyait le bout du tunnel. Quand ça sera terminé, mon cerveau pourra passer au projet suivant… Les fans voulaient une tournée, je le sentais.

Mais c’était beaucoup trop tôt pour ça. Je n’étais pas prêt pour ça.

Je garai ma voiture devant la villa avant d’y entrer. Il faisait noir à l’intérieur. Aucune lumière n’était allumée. La villa était grande… Je ne savais pas où était April. Mon intuition me disait qu’elle était à la cuisine. C’est vers là que j’allai. Mais alors que je passai devant la porte du salon qui était ouverte, j’entendis la voix d’April.

Je m’arrêtai et me retournai lentement vers l’embrasure de la porte. April était à l’intérieur du salon installée dans le fauteuil.

Elle voulait savoir pour la fille de Be Mine.

Mon visage s’assombrit. J’avais essayé d’éviter cette conversation. Je n’étais pas psychologiquement prêt à en parler à April. Je n’aimais pas ne pas pouvoir choisir mon moment.

Mais elle ne me laissait pas le choix… Elle s’approcha me tendant la main. Je regardai sa main alors qu’elle déclara que, jusqu’ici, j’avais essayé de me défiler.

Mais elle voulait savoir, maintenant.

Et si je lui en parle… Elle va s’en aller.

Si elle part, Billy, ça veut dire qu’elle ne t’aime pas…

Je secouai la tête les muscles serrés. Je n’aimais pas être poussé. Je n’aimais pas ne pas pouvoir choisir mon moment. Je n’aimais pas être au pied du mur.

Je pris sa main la serrant fort comme pour bien lui faire comprendre que je n’aimais pas être mis au pied du mur et on m’installa dans le divan. Je regardai April droit dans les yeux, le visage sombre. Ma voix grave s’éleva alors.

-La vraie fille de Be Mine. Celle que tu as interprétée dans le clip. C’est Savannah Osborne. Le mannequin.

Les médias en parlaient de moins en moi. En fait, elle avait vraiment été célèbre grâce à notre relation.

Elle m’avait utilisé.

-Je l’aimais. Je l’aimais vraiment beaucoup. Jusqu’à-ce que je me rende compte qu’elle m’utilisait pour être célèbre. A partir de là, notre relation s’est dégradée. Elle me rendait cinglé. Elle…

Je serrai les poings ne regardant plus April mais ces derniers.

-Je l’ai frappé… Mais elle a commencé. Elle m’a giflé…

Et ça est arrivé plusieurs fois. Même si je m’excusais à chaque fois. Parce que je l’aimais.

-Et ça arrivait chaque jour… Elle a porté plainte… J’ai dû lui versé des dédommagements.

Personne ne m’a cru quand j’ai dit qu’elle rendait les coups. Personne.

@ Billy Lighter

Ce n’est peut-être pas la meilleure méthode que d’acculer Billy au pied du mur pour obtenir les réponses aux questions qu’il évite soigneusement depuis le tournage de la vidéo mais, il faut y couper, un jour ou l’autre et le moment que j’ai passé avec Robin aujourd’hui m’a donné le courage de le confronter.

Déjà, je sens  qu’il s’embrunit, que son humeur change et lorsqu’il prit ma main, il la serra assez fort que pour me faire comprendre qu’il n’était pas content.  D’accord, mais il faudra un jour ou l’autre avoir cette discussion.  Nous prenons place côte à côte sur le divan et je pu sentir son regard sur moi, malgré la pénombre et je levais à mon tour la tête pour le regarder.  Sa voix est…glaciale mais grave.

Et amorça enfin la confidence en m’expliquant que le rôle que j’ai interprété était celui de son ex petite amie, un mannequin dont le nom ne me dit absolument rien.  Il s’est sentit utilisé par elle, pour faire mousser sa carrière et leur relation à dégénérée par la suite jusqu’à sombrer dans un pathétique patern de violence conjugale. Un vrai cas où ils s’en prenaient plein la gueule tous les deux, tous les jours jusqu’à ce qu’elle porte plainte et qu’il doive la dédommager.

Ma première réaction est de pleurer. Non pas à chaudes larmes mais silencieusement, en faisant le tri au travers tout ce qu’il vient de me dire.  Je n’ai jamais cru que la violence réglait la violence et, malgré son caractère difficile, je ne l’aurais non plus jamais cru capable de lever la main sur quelqu’un.  Cette histoire me trouve, me blesse. C’est comme si je découvrais le côté obscur de mon petit ami. En fait, ce n’est pas comme , c’est exactement ce qui vient de se produire.

- Elle t’utilisait pour sa carrière mais… est-ce que… est-ce que… tu lui avais dit pareil que ce que tu m’as dit ?

Billy m’a proposé son aide, puis de l’argent pour que ma carrière de ballerine prenne son envole. J’ai refusé son argent, ne voulais justement pas abuser de lui, mais il a insisté, il tenait, et tient toujours à ce que je me taille une place en danse, que je sois reconnue comme une ballerine d’excellence.

- Cash répétait sans cesse que j’étais la fille de Be Mine!, parce que c’est ce qu’il pense de moi ? Il croit que je veux t’utiliser pour ma carrière alors qu’en fait, je n’ai jamais rien demandé…

Je comprends maintenant son attitude, quand il est venu ici, le jour où j’ai accepté de prendre le rôle. Il répétait que j’étais elle. Que c’était moi. Parce qu’il croit que  ma seule intention est de profiter de Billy, de qui il est, pour qu’on braque les projecteurs sur moi. Il a peur que je détourne l’attention de Billy et qu’il se retrouve seul.

J’ai peur maintenant.  Qu’arriverait-il s’il faisait monter ma carrière, comme il m’a dit qu’il voulait le faire en me donnant les moyens pour y arriver et que notre relation devait en périr et s’essouffler ?  Croirait-il que j’ai fait une Savannah de moi ? Deviendrait-il violent avec moi ?

- Pourquoi ne pas avoir mis un terme à votre relation dès la première fois où il y a eu des gestes…  tu sais…

Pourquoi persister quand plus rien ne va ?  Je secoue la tête tristement puis je le regarde en essuyant mes joues.

@ Billy Lighter

Malgré la pénombre, je sentais qu’April pleurait. Je ne l’entendais pas le faire, je ne la voyais pas le faire mais je le sentais. Je savais que ce qu’elle apprendrait de moi ne lui plairait pas. Je savais que ça la ferait pleurer voir avoir peur de moi.

Mais je l’aimais ! Je ne voulais pas la perdre ! Pas pour ça ! Parce qu’elle n’était pas Savannah. Je ne voulais pas qu’elle soit Savannah !

Je n’étais plus ce Billy-là. Je ne voulais plus être ce Billy-là qui était bien trop semblable à mon père à mon goût. Mais Savannah m’avait poussé à bout pour me faire devenir ce que je ne voulais pas devenir.

Je regardai April droit dans les yeux. Je sentais sa voix trembler alors qu’elle me questionnait essayait de voir des similitudes dans ce qu’étais Savannah et ce qu’elle était… Non… Pire… Dans ce que j’avais dit à Savannah et dans ce que je lui avais dit à elle. Comme si elle essayait de voir si le schéma était le même et, donc, l’issue la même. Je serrai les dents hochant la tête négativement.

-Non. Elle avait déjà sa carrière de mannequin avant. Mais sa carrière a réellement pris son envol quand elle a commencée à se pavaner d’une fête à l’autre à mon bras. Toi… C’est différent. Tu es faite pour la danse. J’aime te voir danser. Je ne veux pas que tu sois malheureuse. C’est pour ça que je t’ai encouragé à reprendre.

Elle n’était pas comme Savannah. Je ne voulais pas qu’elle soit comme Savannah.

Puis, elle parla de Cash. Cash qui avait dit qu’elle était la fille de Be Mine. Cash qui, d’après elle, pensait qu’elle allait se servir de moi. Je ne savais pas ce que pensait Cash. Je n’arrivais pas toujours à le déchiffrer. Je n’étais même pas sûr qu’il pense ça d’April.

-Je ne sais pas ce que pense Cash !

C’est ce que j’avais dit en haussant un peu le ton. Qu’importe ce que pense Cash, en plus. Il pense ce qu’il veut. Je ne suis pas Cash !

Je regardai April.

-Je sais que tu ne m’utiliseras pas. Je sais que tu n’es pas comme Savannah.

Mais des questions, April en avait encore. Je détestais parler de ça. Je détestais remuer ça. Et quand elle me demanda pourquoi je n’avais pas mis fin à la relation malgré nos gestes l’un envers l’autre, je me figeai regardant April comme si sa question était totalement stupide.

Pour moi, elle l’était… Mais d’un point de vue extérieur, elle était totalement légitime. Je me tus un moment laissant le silence planer dans la pièce obscure avant de reprendre la parole.

-Parce que je l’aimais.

C’était aussi évident que ça. Ce n’est pas moi qui avais quitté Savannah mais Savannah qui m’avait quitté ruinant au passage ma réputation.

-Je ne voulais pas la quitter. Quand je la frappais, juste après, je me sentais mal. Je m’excusais…

Mais je recommençais à chaque fois. Je serrai les poings contractant mes muscles.

-C’est elle qui est partie en ruinant ma réputation et en m’envoyant en justice alors qu’elle rendait les coups. J’ai bien compris que notre amour était mort à ce moment-là.

Je ne pouvais pas me résoudre à me dire qu’il était mort quand les premiers coups étaient échangés. Parce que malgré que j’étais conscient qu’elle m’utilisait, je l’aimais toujours.

-Mais aujourd’hui, je suis différent. Tu n’es pas comme elle. Je ne suis plus ce Billy.

Je la fixai toujours.

-Et je t’aime.

Je l’aimais autant que j’aimais Savannah au début de notre relation.

@ Billy Lighter

Il me semble que la ligne est mince entre Savannah et moi. Du moins, c’est la première impression que j’ai. Sans l’aide de Billy, je ne pourrais pas espérer de voir ma carrière prendre son envol, n’était-ce pas ce qu’à fait son ex petite-amie ? Pour Billy, la différence réside du fait que je n’ai pas demandé son aide. C’est plutôt lui qui a voulu faire en sorte que je puisse renouer avec ma passion alors que pour l’autre, d’être vu au bras du chanteur n’était qu’un tremplin, une façon de faire parler d’elle.

Ça n’a jamais été mon intention, ça ne le sera jamais.

Peut-être, maintenant que je sais tout cela, que ce n’est pas l’opinion de tous. À commencer par Cash Izbel qui n’a cessé de répéter que j’étais la fille de Be Mine! sans pour autant démontrer qu’il pouvait être ravi du choix. En fait, à l’entendre le répéter, il me donnait plus l’impression de me narguer avec ça que d’approuver.

Ça ne plaît pas à Billy, de toute évidence, puisqu’il me répond en haussant le ton, ce qui me fait me raidir et ramenez mes mains sur mes cuisses.  C’est stupide, je sais mais je ne l’ai jamais vu encore dans cet état et avec tout ce que je viens d’entendre,  mon corps agit, ma tête réfléchie ensuite.

Pourquoi endurer une telle situation quand on sait que l’être aimé n’est pas complètement honnête envers nous ?  Je n’ai pas besoin de voir le visage de Billy plongé dans la lumière du jour pour comprendre sentir qu’il me regarde comme si un troisième œil venait de me pousser dans le front. Et ça fait mal, pour dire vrai, qu’il puisse même sans dire un seul mot, me faire sentir comme si j’avais un retard entre les deux hémisphères.

Il restait avec elle par amour. Il n’y a rien de plus à dire pour expliquer tout ce qu’ils se sont mutuellement fait endurer, sauf l’amour. Un amour noir, vil, toxique.  Ce n’est pas de l’amour, mais une dépendance à l’amour, à leur situation. De dire qu’il demandait pardon après l’avoir frappé revient au même que de casser un vase et de lui parler doucement ensuite pour le recoller. Il va demeurer au sol, brisé. Savannah et Billy se sont mutuellement détruits jusqu’à ce qu’elle parte définitivement non sans lui faire payer pour ses actes.

Je ne sais pas quoi lui dire, comment je dois comprendre la situation.  Il lui en veut d’avoir ruiné sa réputation avec une accusation de violence domestique alors qu’elle-même se défendait.  Ils ont eu chacun se qu’ils méritaient, non ? La carrière de la jeune femme à coulée à pique, Billy a vu sa réputation terni.  Ils étaient aussi coupable l’un que l’autre, je crois que c’est de bonne guerre.

Par contre, je veux bien le croire, quand il dit qu’il n’est plus le même, qu’il a changé. Je ne l’ai vraiment connu que tout récemment mais  je le sens très bien en moi. Sauf en ce moment où nous parlons de quelque chose de très sensible pour lui, jamais je ne l’ai sentis aussi tendu.

- Je t’aime aussi, Billy.  

J’ose un geste vers lui, en prenant ses mains dans les miennes, en mes amenant sur mes cuisses.

- J’avais besoin de savoir, de comprendre… c’était confus dans ma tête et de te voir toujours refuser de me répondre me faisais plus peur que ce que tu m’as avoué.

L’inconnu faire peur. Il engendre une hystérie cérébrale qui fait naître autant d’hypothèse qu’il puisse en être possible. J’ai imaginé bien des choses, ne sachant rien de ce qui se passait vraiment. Était-ce pire, ou moindre, je n’en sais rien, je crois en avoir trop imaginé que pour m’en souvenir d’une seule.

- Il faut que l’on se promettre  de se parler Billy. De tout se dire et ne pas attendre de vivre ce que tu as vécu avant de réagir.

Parce que de ce qu’il a vécu, j’y vous une accumulation qui a fini par faire sauté le couvercle du bocal. Une fois là, impossible de faire machine arrière.

@ Billy Lighter

Expliquer tout ça à April n’avait rien de facile. Ça faisait remonter différentes émotions en moi. La haine, la colère, la tristesse, l’incompréhension… Des émotions fortes. Bien trop fortes pour moi. Des émotions que je n’arrivais pas à refouler, ni à évacuer de la bonne manière. Des émotions que seul le lithium arrivait à faire taire.

Mais je détestais le lithium.

J’essayai de ne pas exposer en parlant et en répondant aux questions d’April qui me faisait comme l’effet d’un coup de poignard. Je confirmai qu’elle n’était en rien comme Savannah. Les deux femmes n’avaient rien en commun. Elles étaient même des opposées sur certains points. Je savais qu’April ne m’utilisait pas. Je ne voulais pas qu’elle croit que je reproduisais inconsciemment ou non le même schéma.

Je ne voulais pas que ce qu’il s’était passé avec Savannah se passe avec April. Je ne voulais plus être ce Billy-là ?

Mais en avais-je vraiment le contrôle ?

L’idée même me fit frissonner avant que je ne me reprenne pour répondre à une autre question d’April, à savoir pourquoi je n’avais pas simplement quitté Savannah avant que tout ne dégénère.

Parce que je l’aimais comme j’aimais maintenant April. C’était aussi évident que ça. Aussi basique que ça.

Elle déclara m’aimer aussi avant de prendre mes mains dans les siennes qui étaient toutes fêles et elle les ramena sur ses cuisses. J’avais regardé le geste avant de remonter mon regard sur April.

Elle voulait savoir… Maintenant, elle savait. J’hochai doucement de la tête.

-Je ne voulais pas te faire peur… C’est juste que je n’aime pas parler de ça.

Parce qu’à chaque fois que j’avais frappé Savannah, ça m’avait détruit à l’intérieur me ramenant, inévitablement, à mes pires souvenirs d’enfances.

Mais April voulait continuer de parler. Pas forcément aujourd’hui mais en général. Réagir avant de devoir guérir. Les muscles de mes mains se contractèrent alors que mon regard était planté dans celui d’April.

-C’est n’est pas si facile… Je ne contrôle pas tout… Quand les émotions s’accumulent, je n’arrive pas à parler… J’agis, c’est tout. Je ne peux rien faire contre ça...

Mon visage était toujours sombre et mes muscles toujours aussi tendus.

-J’ai été voir des médecins pour qu’ils trouvent une solution mais tout ce qu’ils m’ont donné c’est une étiquette et du lithium.

Et l’étiquette c’était celle de bipolaire…

-Et je hais le lithium. Ça m’empêche de réfléchir. Ça m’empêche de créer.

Je levai une main pour replacer des mèches de cheveux derrière les oreilles d’April me rapprochant un peu d’elle.

-Mais avec toi, ça n’arrivera pas… Jamais je ne lèverais la main sur toi. Jamais.

Je ne le voulais pas et, pour le moment, l’idée même était inconcevable.

-Et la promesse de se parler… On est valable aussi pour toi… Quand tu ne vas pas bien, je veux le savoir.

Je veux qu’elle me le dise. Parce que le sentir, je le sentirais.

@ Billy Lighter

Plus Billy s’obstinait à ne pas me répondre, plus je m’imaginais les pires scénarios. Ce qu’il me raconte n’est pas dignes d’un roman à l’eau de rose, c’est même terrifiant et  me laisse même avec une drôle de sensation au ventre.  Ce qui s’est passé entre Savannah et Billy est tristement horrible et aurait pu être évité si l’un comme l’autre avait agit avant qu’il ne soit trop tard. Ils se sont entêtés, par amour, du moins pour Billy, puisque Savannah n’est pas ici pour s’exprimer, je ne peux rien prétendre pour elle.

Jamais je n’aurais su vivre dans un tel climat. J’aurais plié bagages bien avant et jamais je ne serais revenue. J’ai bien compris qu’il n’aimait pas parler de cette mauvaise période de sa vie et que c’est pour cette raison qu’il évitait de répondre à mes questions.

- Je m’en doute… nous n’en parlerons plus après ce soir.

Je ne suis pas du genre à ramener sur le tapis des confessions pour justifier une éventuelle querelle ou pour le simple plaisir de raviver des plaies. Quand cette conversation sera terminée, elle sera à jamais derrière nous.

Ce sera probablement plus facile à dire qu’à faire. Billy explique que, quand il ressent des choses, quand les émotions le submergent, il répond à l’impulsion, c’est comme ça, il est comme ça. Cette confession là fait bien plus peur qu’il ne peut le croire.

- C’est toi qui décide de porter l’étiquette, ou pas. Le médecin t’a diagnostiqué quelque chose ? Pour tes… accès de rage ?

Je demande ça, parce que, je me dis que pour prescrire quelque chose, il faut déjà avoir une idée de ce qui ne va pas. Le lithium brimait sa créativité, jusqu’à quel point ? A-t-il seulement essayé assez longtemps son traitement pour s’habituer au lithium et parvenir à développer sa créativité ? Puis je le regarde franchement dans les yeux, confuse, ne sachant pas quoi penser.

Comment peut-il affirmer que jamais il ne lèvera la main sur moi alors qu’il vient de m’avouer ne pouvoir absolument pas contrôler son impulsivité ? Je n’adhère pas à la pensée magique, je doute que ce soit aussi facile que cela mais en moi, j’ai confiance en Billy. Pourquoi il en serait autrement ? Il a été honnête avec moi en m’ouvrant cette partie de sa vie qu’il  n’aime pas.

Il n’y a qu’une chose qui me tourne encore en tête.

- Si tu n’aimes pas en parler de cette histoire avec Savannah, pourquoi as-tu tenu à ce que le clip reproduise fidèlement ce qui s’est passé entre toi et elle? C’est comme offrir l’occasion aux gens de pointer l’étiquette que tu tente d’effacer.

C’est comme crier aux gens ’’ Je veux que vous sachiez, mais je ne veux pas que vous en parliez !’’. Je suis certaine que dès la première diffusion public, les journalistes vont s’en donner à cœur joie et appuyer encore plus sur son passé.

De se promettre de tout se dire pourrait éviter que certaines choses reviennent nous hanter et être plus solide que jamais quand le clip sortira. Je veux le soutenir à la hauteur de ses attentes et faire face aux allusions possibles que nous entendrons.

Billy aussi veut que je lui promettre d’être plus transparente, de lui parler quand je ne vais pas bien. Et, ça aussi, ce sera plus facile à dire qu’à faire…

- Je te le promets !

@ Billy Lighter

April disait qu’on ne parlerait plus de ça après. J’hochai la tête. Je ne voulais en plus en parler. Elle savait maintenant. Et moi, je me promettais à moi-même et à elle que ce qui était arrivé entre moi et Savannah n’arrivera pas entre nous.

Parce que c’était différent. Savannah n’était pas April.

Mais April voulait que je me confie sur mes problèmes plus souvent. Le problème était que je ne contrôlais pas tout. Je ne pouvais pas prévenir une crise parce que, même pour moi, c’était imprévisible. Les changements d’humeurs étaient parfois tellement brutaux et indépendant de ma volonté que je ne pouvais pas anticiper.

J’avais été voir des médecins… Et leurs diagnostiques allaient tous dans le même sens. Mais, comme le disait April, c’était moi qui décidait ou non de portée cette étiquette qu’ils m’avaient collées. Et j’avais refusé de la porter tout comme je refusais de prendre le lithium qui réduisait à néant toute inspiration. Parce qu’il fallait des émotions fortes pour créer… C’était le fardeau des artistes. Souffrir pour mieux créer.

-Les médecins disent que je suis maniaco-dépressif… Ça expliquerait les changements d’humeur inattendus d’après eux…

Et les hallucinations… Celle que je voyais et entendait lors des pires crises. Celles qui me font entendre William.

-Mais je refuse de porter cette étiquette. Je ne suis pas fou. Et le lithium n’est pas une solution. Ce n’est qu’une façon de me garder calme par rapport aux autres. Ça ne m’aide pas moi.

C’était plus pratique pour tout le monde quand j’étais complètement anesthésié. C’est tout. Mais moi, je souffrais encore plus sous lithium que sans.

April posa alors une autre question qui me fit la regarder encore droit dans les yeux. Pourquoi avoir fait ce clip si je n’aimais pas parler de cette partie de ma vie ? Je ne faisais pas le clip pour les gens, je le faisais pour moi. Parce que j’en avais besoin.

-Je ne fais pas le clip pour les gens… Je le fais pour moi. Je le fais pour m’exorciser. Je n’aime pas parler de cette partie de ma vie et en faire un clip me permet d’évacuer tout ça. Ça me permet de prendre du recul par rapport à ça et de m’en défaire. Les gens pourront interpréter ce qu’ils veulent. Ils le font tout le temps de toute façon. Ils interprètent toujours comme bon leur semble. Ils me donnent les étiquettes qu’ils veulent.

Et je détestais ça. Autant de la part des fans que des journalistes. Ils croient que sous prétexte que je suis une rockstar, ils peuvent faire ce qu’ils veulent de moi et penser ce qu’ils veulent de moi. Comme si mon âme leur appartenait.

-J’ai fait ce clip parce que j’avais besoin de me dissocier de ça. De le sortir de mon corps.

Je venais de tout dire à April. De lui parler de moi d’une façon qui m’avait demandé beaucoup d’énergie. Et si elle voulait que je lui parle chaque fois que ça ne va pas, il en allait de même pour elle. Elle déclara qu’elle me promettait de le faire elle aussi. J’hochai la tête en la regardant avant de l’embrasser doucement sur les lèvres. Une fois le baiser brisé, je la regardai dans les yeux.

-Alors… Tu es sûre que tout va bien pour toi ?

Je savais qu’elle souffrait. Je le sentais… Elle souffrait d’une mal que je n’arrivais pas à expliquer sans les mots d’April. Et je lui laissais la chance de me dire ou non ce qui n’allait pas.

@ Billy Lighter

Billy a reçu un diagnostique de maniaco-dépressif et le traitement nécessaire l’handicap au quotidien. On voit bien de la façon dont il me l’explique qu’il n’adhère pas aux stéréotypes de cette maladie. Il a même une idée préconçue et erronée de sa situation.

- Être maniaco-dépressif ne veut pas dire être fou. Là c’est toi qui te colle une étiquette.

Pour les effets du lithium, je ne peux pas en témoigner, n’en ayant jamais prit, ni même connu des gens qui devaient en prendre. S’il dit que ça ne lui va pas, alors je veux bien le croire, lui seul sait de toute manière les effets néfastes que ça a sur lui.

De maniaco-dépressif à homme violent, je ne comprends pas pourquoi Billy tenait à faire ce clip qui a mit en scène un évènement  tragiquement violent de sa vie de couple avec son ex-petite copine  Savannah.  C’est comme donner aux gens le bâton pour le battre, mais ça c’est mon ressentis. Pour Billy, c’est tout le contraire. C’est une façon de se dissocier de tout ça, de tourner la page. Comme si offrir cette histoire aux gens et les laisser en faire ce qu’il voulait lui permettait de s’en exorciser.

- L’important c’est que ça fonctionne et que tu te sentes mieux.

Ça ne m’appartient pas de choisir le moyen pour y arriver.

Ses démons, ses solutions.

Nous échangeons la promesse de se parler en temps réel de ce qui ne va pas, justement pour éviter de répéter les erreurs du passé. Les siennes comme les miennes.  Il se pencha vers moi pour m’embrasser. J’aurais voulu que le baiser perdure plutôt que de le voir s’éloigner pour me retourner ma propre médecine.

Et à sa question, je réponds d’un signe de la tête.

Non, je ne vais pas bien mais je n’arrive pas à l’exprimer. Pourtant il faudra bien que je trouve comment et c’est tout de suite que je dois le faire.  Je me lève et fais quelques pas avant de me retourner et de regarder Billy en haussant des épaules.

- Je n’arrive pas à accepter qu’elle ne soit plus là. C’est comme si chaque matin, quand je me réveil, je pouvais l’entendre encore  grogner depuis sa chambre pour me faire comprendre qu’elle m’attend et alors, je pose le pied sur le sol et je réaliser que c’est dans ma tête.

Je passe ma main sur ma poitrine, au niveau de mon cœur, là où je ressens  un froid glacial depuis que ma tante est décédée.

- Le pire c’est que, d’un autre côté,  je suis heureuse de pouvoir vivre ma vie à ma façon. De ne plus me soucier de ses soins, de me casser la tête avec les horaires. Sauf que sa présence me manque et je n’arrive pas à combler ce vide.

Même dans les bras de Billy, je n’y arrive pas. Pourtant les sentiments sont bels et bien là, ce n’est pas de cela dont il est question.

- Et ce sentiment là engendre des troubles… j’ai les miens tout comme tu as les tiens.

Je me rapproche de Billy jusqu’à me réfugier dans ses bras, ma tête contre son épaule, comme s’il me berçait.

- J’ai envie de faire l’amour avec toi, mais je ne veux pas que tu vois mon corps.

@ Billy Lighter

Je n’acceptais pas le diagnostic des médecins. Je n’acceptais pas l’étiquette qu’ils m’avaient donné, ni le traitement qu’ils m’avaient donné sous prétexte qu’il n’y en avait pas d’autres. Mais alors que je déclarai ne pas être fou, April déclara que maniaco-dépressif ne signifiait pas être fou. Je fronçai légèrement des sourcils croisant le regard de ma petite-amie.

-Ça ne veut peut-être pas dire « fou » mais ça veut dire assez pour qu’on croie que quelques cachets vont résoudre le problème.

Or le lithium ne résolvait rien. Il empirait les choses parce qu’il m’empêchait de vivre.

J’avais ma propre thérapie vu que les médecins étaient incompétents. Et ma thérapie c’était la musique. Et ce clip que j’avais fait et qui mettait en scène une des pires périodes de ma vie était une façon de me guérir de ça. April disait que l’important, au final, était que je me sente mieux. J’hochai la tête l’approuvant au passage.

Mais alors qu’on se fit la promesse de tout ce dire, j’essayai de pousser April à la confession. Parce que je sentais bien qu’elle n’allait pas bien. Je le sentais dans tous les pores de ma peau.

Elle se leva alors pendant que je restais assis sans la quitter une seconde du regard. Et April se dévoila parlant du décès de sa tante dont elle ne se remettait pas. Je l’écoutais sans l’interrompre. Oui… April n’était plus la même depuis que sa tante était morte. Elle était constamment triste me rendant triste à mon tour. Et même si sa vie, du coup, était plus facile à vivre sans les contraintes de la maladie de sa tante, elle gardait un vide en elle.

Un vide qu’elle n’arrivait pas à combler. Un vide que je n’arrivais pas à combler malgré ma présence. Je la regardais avec un mélange de tristesse et une colère lié à l’impuissance face à cette situation. Je ne pouvais pas ramener sa tante… Il fallait trouver une façon de combler ce vide.

Ses sentiments lui provoquaient des troubles… Elle se rapprocha alors de moi et je l’enlaçai de mes bras la serrant fort contre moi avant que la révélation ne tombe. Elle ne voulait pas que je voie son corps. C’est ce qui l’empêchait de passer le pas.

-Et j’imagine que dire que ton corps est parfait à mes yeux ne suffira pas…

Je le savais… Si c’était si facile ça se saurait. Mais rien n’était facile dans la vie de Billy Lighter.

-Pourtant, il l’est…

Je pouvais lui conseiller un psy mais ça serait bien hypocrite après tout ce que je venais de dire. Je ne voulais pas qu’April vive la même chose que moi. Je ne voulais pas qu’on lui foute une étiquette à elle aussi.

-Et ce vide… Est-ce que la danse pourrait t’aider à le combler ? Est-ce que toi et moi on pourrait le combler d’une façon ou d’une autre ? Je veux t’y aider ! Laisse-moi t’y aider !

Je la serrai plus fort comme si je voulais à travers mon corps lui montrer que je serais toujours à ses côtés. Que je ne la lâcherais pas jusqu’à-ce que le vide soit comblé.

@ Billy Lighter

Je peux comprendre la frustration de  Billy envers le diagnostique de ses médecin qui lui ont collés une étiquette de bipolarité tout en lui remettant un flacon de lithium avec une petite tape sur l’épaule comme si tout allait uniquement parce que ce qu’il avait  porte un nom. Je peux le comprendre parce qu’ils m’ont fait la même chose après m’avoir dit souffrir d’anorexique.  Ils m’ont gavés de force et ont suggéré à ma tante de me faire voir par un psy.

Billy a sa propre thérapie par la musique et moi, avec la danse ! Billy a encore sa musique mais moi, j’ai perdu pied quand ma tante à fait son accident cérébral.  J’ai tout mis de côté, sauf l’anorexie, parce qu’à force, c’est devenu plus fort que moi, sécurisant jusqu’à un certain point.

- Toi seul sais comment gérer ton mal, et non pas une blouse blanche.

Parce que les médecins ne le vivent pas. Ne le vivront peut-être jamais. Ils ne font que comparer nos ‘’symptômes’’ avec ce qu’ils ont lu dans leur livres. Ils m’ont regardés de haut, ils ont dit à ma tante que mon problème était dans ma tête.  Et chaque fois que j’y retourne, ils voient dans mon dossier l’étiquette qu’ils m’ont apposé et le résultat est le même.  J’irais avec un bras tranché qu’ils diraient que c’est l’anorexie qui est la cause.

Il faut que je lui parle, à mon tour. C’est fair-play, c’est ce qu’il faut faire, ce que l’on vient de se promettre. C’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. J’ai besoin de bouger, de marcher, comme si les mots allaient venir à chaque pas. Et je ne sais pas par où commencer, parce que tout ce que je vis, mis ensemble, fait un beau gros nœud. La danse, ma tante, mon corps dont je ne vois que les défauts et plus je regarde, plus j’en trouve.  Je ne suis pas à sa hauteur, je ne suis pas belle comme Savannah.

Et puis ça fini par débouler.

Les mots, je veux dire.

Et à former un tout. Un peu confus mais je parviens à lui expliquer ce que ça me fait par en dedans, ce que je ressens depuis le décès de ma tante.  Ça m’arrivais, avant, de me dire que, si elle venait à mourir, je retrouverais ma liberté, que je pourrais faire tout ce que je faisais avant et que je ne faisais plus. Puis je me trouvais égoïste de penser à ça, parce que ma tante, elle n’a jamais démontré que ma venue chez elle avait déranger ses habitudes.

Aujourd’hui, la liberté que j’ai m’enchaîne plus qu’autre chose.  Je dois réapprendre à vivre pour moi, à redevenir un individu autonome qui peut  dire oui à tous les projets qui lui sont proposés.
L’amour avant tout autre chose, mais je ne me le permets pas, pas totalement. Je ne me sens toujours pas capable de me laisser aller, même si je sais qu’avec Billy… j’ai confiance en lui.

- Pour toi il l’est, pas pour moi, il est là le problème.

Il aura beau dire, ou s’offusquer, comme ce fut le cas aussi de Samantha et Robin quand nous avons visionné les premières images de la vidéo.  Je vois ce qu’ils ne voient pas. C’est imprégné dans ma tête.

Je suis bien dans ses bras, la façon dont il me serre, fermement et tendrement.

- Je veux que tu m’aides. Que tu me montre quoi faire pour me sentir mieux, et peut-être que toi, tu me laisseras t’aider en retour.

@ Billy Lighter

J’hochai de la tête. April avait raison. Moi seul savais comment tout gérer. La musique était la façon dont j’expulsais les choses. Le clip aussi était une façon d’expulser les choses.

Mais j’avais parlé de moi… J’avais tout dit à April… C’était à son tour maintenant. Parce que je savais que quelque chose n’allait pas. Elle ne pouvait pas me le cacher. Je voyais et sentais qu’elle n’était pas bien et ça malgré qu’on soit ensemble.

Elle me parla de la mort de sa tante qui, depuis, lui laissait un grand vide. Un vide qu’apparemment, je n’étais pas arrivé à combler. Si intérieurement, je le vivais comme un échec, je ne le dis pas à April me contentant de l’écouter me dire qu’elle détestait son corps ce qui expliquait beaucoup de choses.

Pour moi, elle était pourtant parfaite. Mais je savais que lui dire ne suffisait pas. Et c’est ce qu’elle me prouva en disant que pour elle, il n’était pas parfait. Je la regardais soupirant un peu me sentant du coup impuissant. Et je n’aimais pas ça.

Mais je n’étais pas vaincu !

Je serrai April contre moi assez fort pour lui faire sentir que j’allais prendre les choses en main. Je voulais l’aider et j’allais l’aider. Elle voulait que je l’aide. Elle m’en donnait l’autorisation disant qu’en retour elle m’aidera aussi.

Je la serrai encore plus fort.

-Je te montrerais quoi faire. Je te montrerais ce qu’il faut faire.

J’étais prêt à le faire. A prendre les rênes.

-On va combler le vide ensemble.

En commençant par la danse. La danse était la clé, j’en étais sûr. Cette idée, plus j’y pensais, devenait inébranlable.

Je posai un baiser sur son front.

-Bientôt, tu iras mieux.

Bientôt, on ira mieux.

@ Billy Lighter

Est-ce que je me sens vraiment mieux maintenant que j’ai parlé à Billy d’une partie de ce qui me ronge ?  Je n’en sais trop rien. Bien évidement, je sens un poids de moins sur mes épaules mais, est-ce assez pour prétendre que je puisse aller mieux ?

J’en doute.

Je me suis blotti contre lui, lui demandant de me montrer quoi faire pour que je puisse me sentir mieux. Et il me serre plus fort encore, assez pour que ça devienne inconfortable, assez pour que ça commence à faire mal, pourtant, je voudrais qu’il puisse serrer encore plus fort, comme pour nous souder l’un à l’autre.

Je murmurais contre ses lèvres que je n’attendais que ça, qu’il me le montre, qu’il me guide, puis je cachais mon visage au creux de son cou, y respirant son odeur alors qu’il m’embrassa sur le front, promettant que bientôt j’irai mieux.

Je veux le croire.

Je sais que je peux le croire.

- Et toi ? Tu me laisseras t’aider ?

Je nous ai mis de côté, suite au décès de ma tante. Je ne voyais plus la place du ‘’nous’’ au travers ce que je vivais. Je m’y perds encore, je l’avoue, incertaine de pouvoir un jour, vraiment  vivre sereinement. Mais au fond, qu’est-ce que vivre sereinement en 1983 ? Le monde va mal, le monde est malade. Pourtant, les gens continuent d’avancer, de mal s’alimenter, de s’injecter des merdes et de baiser les uns avec les autres.

Billy est mon oasis.

C’est tout ce que je dois retenir.

Je soulève les pans de son t-shirt, le forçant à briser son étreinte. Sans être allé jusqu’au bout, nous avons quand même fait certaines choses, je lui en ai fait, pour dire vrai. Je lui retire son chandail, presque timidement, prenant soin de ne pas lui retirer son bandana. J’en ai les mains qui tremblent, la fatigue, le stress, comme si tout ça retombait en même temps.

- Il faut que tu me le dise.

Je trace des lignes aléatoires sur bout de mes index sur ses épaules, le long de ses bras, puis ensuite sur son torse. Je sens la nervosité grimper en moi, mais de belle façon.  Je regarde ses tatouages comme si je les découvrais pour la première fois pourtant, je les ai embrassés, je les ai regardés. J’en ai tracé les contours alors qu’il dormait encore et que la frêle lueur du jour pénétrait notre chambre.

- Je ne veux pas te perdre, Billy.

@ Billy Lighter

La voix d’April n’était plus qu’un murmure contre mes lèvres alors que je la serrai contre moi lui promettant que je la guiderais. Je ne voulais plus qu’elle souffre, je voulais qu’elle comme moi soyons heureux.

On allait y arriver. J’en faisais ma nouvelle quête. Mon nouveau but. Le clip terminé, remettre April sur la bonne voie était ma nouvelle destinée.

Mais elle aussi voulait m’aider… Avec mes démons, avec mes sautes d’humeur, avec toutes ces choses qui me tuaient petit à petit. Est-ce que j’allais la laisser m’aider ? Je n’avais jamais refusé la moindre aide.

Jamais.

-Oui…

Oui, j’y étais prêt. Mais avant, c’était elle que je devais aider. Elle que je devais montrer à quel point elle était belle à mes yeux et qu’elle pourra l’être aux siens. Elle qui est le centre de ma vie. Je l’aimais. Je l’aimais plus que je n’avais aimé les autres avant.

Elle se dégagea doucement de mon étreinte étouffante pour lever mon t-shirt et l’enlever. Je l’avais laissé faire sentant ses mains trembler alors que j’étais maintenant torse nu. Elle disait qu’il fallait que je lui dise. Je ne savais pas vraiment quoi… Mais il y avait une chose que je voulais lui dire.

-Je t’aime…

C’est ce que je soufflai alors que son doigt traçait des lignes sur mon corps. Je frissonnai. Chaque fois qu’elle faisait ça, je frissonnais. Je m’étais toujours laissé faire sans jamais rien lui faire en retour aussi frustrant que ça soit. Parce que je lui avais promis que je lui laissais le temps…

Mais le temps était peut-être venu de guider April… Elle avait envie que je la guide. Alors je devais commencer maintenant.

Elle ne voulait pas me perdre.

-Je ne veux pas te perdre non plus…

Si je la perdais… Je n’osais même pas imaginer ça… Je n’osais pas penser à ce qui arriverait si je la perdais.

Je l’embrassai tendrement. Le baiser dura longtemps. Très longtemps. Jusqu’à-ce que le souffle nous manque. Quand il fut brisé, je regardais April dans les yeux.

-Tu veux que je sois ton guide… Laisse-moi te guider… Fais-moi confiance.

Mes mains descendirent sur son t-shirt que je relevai doucement jusqu’à lui enlever. Elle n’était pas totalement dénudée. Il lui restait son soutien-gorge. Je passai ma main sur son flanc. Doucement et en l’effleurant juste regardant ses courbe avant de la regarder à nouveau droit dans les yeux pour lui montrer en un regard que je la trouvais belle. Qu’elle n’avait rien à craindre.

J’embrassai ensuite le creux de son cou ma main caressant toujours son flanc doucement. Ma bouche descendis ensuite jusqu’à sa poitrine au-dessus de son soutien-gorge. Je la couvrais de petits baisers avant que ma main ne remonte jusqu’à son attache.

J’arrêtai alors mes baisers la questionnant du regard pour voir si je pouvais continuer… J’étais prêt à continuer… Prêt à aller jusqu’au bout.

@ Billy Lighter

D’une conversation pas très agréable ni pour lui, ni pour moi, nous en sommes venu à exposer certains troubles qui nous pourrissent la vie au quotidien, qui pourrissent notre couple.  Ce qui en ressort, à mon avis, c’est notre volonté de travailler sur notre couple, à se soutenir et à s’aider bien que, pour dire la vérité, je ne crois pas que Billy tout comme moi soyons près à travailler sur nous même.

Malgré tout, je sens que nous avons avancé, qu’il s’est passé quelque chose.  Billy parvient toujours à freiner mes impulsions négatives, peut-être en les prenant pour lui ou en n’en faisant des confettis, difficile à dire.  Mais là, tout de suite, j’ai envie de lui montrer combien je l’aime et que la peur de le perdre est bien là, me fait souffrir au même titre que ce dont je viens de lui parler.

Il a raison, quand il dit que je ne suis pas Savannah. Je ne profiterai jamais de lui pour obtenir ce que je veux, non plus que je sois prête à tout sacrifier pour arriver à mes fins.  Billy s’est montré patient, à chacun de mes refus, il n’a pas insisté même si je sentais bien que ça devenait de plus en plus lourd à accepter. Ou est-ce que ce n’est que dans ma tête ?

J’ai peur de franchir cette étape de ma vie, je ne l’ai jamais vu essentiel au bonheur, en tous les cas, pas au miens.  Alors, à l’inverse, j’ai tout fait pour combler mon petit ami autrement… en lui offrant les caresses les plus torrides, les plus intenses, n’importe quand, n’importe où. Parce que je me disais qu’en lui en donnant, ça comblerait ses attentes sans vouloir me rendre le change.

Une logique parfaitement illogique.

J’ose, je lui retire son t-shirt et caresse ses tatouages, son torse, du bout de mes index.

- Je t’aime aussi, Billy !

On s’embrassa, au travers des frissons que je lui procurais en caressant sa peau brulante, au travers l’émotion des confidences. Il tient à moi, je le savais, je n’en doutais pas, mais de l’entendre, de savoir qu’il a lui aussi peur de me perdre…  Le baiser prit fin et j’étais prête à ouvrir son pantalon mais ses mots stoppèrent tout, même dans ma tête, comme si mes pensées venaient de se figer.

Je ne réussis qu’à lui murmurer que je lui faisais confiance, mais ma confiance n’empêche pas ma peur.  Je respire plus fort, plus rapidement aussi quand je me retrouve en soutien-gorge et qu’il ose des baisers au creux de mon cou, puis à la naissance de ma poitrine.

- Billy…

Je me sens faible, entre ses mains, faible et fragile.  Nos regards se croisèrent et je ne freinais pas son  geste quand je sentis sa main dans mon dos, qui jouait avec l’attache de mon soutien-gorge. Je le laissais aller, prendre le contrôle en me disant que  j’ai confiance en lui, de toute façon.

Le tissu glissa de ma poitrine, dévoilant mes seins.  Je fermais les yeux, parce que je ne veux plus voir. Je préfère ignorer et deviner, ne rien anticiper et risquer de freiner Billy. Et là, je sais que je le perdrais…

Je n’ai pourtant qu’une seule demande…

- Amène moi dans notre chambre, s’il-te-plait.

@ Billy Lighter

Je voulais qu’elle me fasse confiance. Qu’elle me laisse la guider dans cette expérience qu’elle n’avait encore jamais expérimenté. Je voulais qu’elle me laisse faire. Elle-même avait dit qu’elle voulait que je sois son guide… Alors, j’allais être son guide.

Elle me murmura qu’elle me faisait confiance. Alors, je n’hésitais plus vraiment dans mes gestes même s’ils étaient doux. Je la sentais perdre pied. Je l’entendais murmurer son nom sans savoir si c’était pour me dire de continuer ou d’arrêter. Elle respirait fort et le simple fait qu’elle respire plus vite me faisait respirer plus vite à mon tour tout en continuant mes baisers dans son cou et à la naissance de sa poitrine. Je la découvrais pour la première fois… Elle, elle avait déjà eu l’occasion de la découvrir mais ne pas pouvoir faire de même avec elle avait toujours été frustrant.

Je voulais aller plus loin… Lui enlever son soutien-gorge. Et après un regard, elle m’en donna l’autorisation. Je le lui enlevai doucement et elle ferma les yeux. Je voulais découvrir sa poitrine. M’y attarder… Mais April vint avec un envie qui remettra à dans quelques petites minutes la suite de l’initiation.

-D’accord.

Je l’y emmenai grimpant les escaliers de ma villa immaculée. Je la fis se coucher sur le lit. Elle était toujours à moitié vêtue tout comme moi. Je l’embrassai sur les lèvres pour la remettre en confiance avant de passer ma main sur sa poitrine pour des caresses. Mes lèvres remplacèrent ma main et je couvris sa poitrine de baisers chauds que je rendis plus intense au fur et à mesure des minutes.

Je suis resté longtemps là, à la mettre en confiance avant de descendre doucement son pantalon, le lui retirant et retirant ensuite sa culotte. Je caressai son ventre mais plus j’avançais dans mon exploration, plus j’avais envie d’elle et plus c’était difficile pour moi d’y aller pas à pas.

Mais je me retenais quand même avec toute mon énergie d’aller trop vite et de lui faire peur. Je caressai ses cuisses doucement essayant de lui montrer par mon regard qu’elle était belle à mes yeux. Avec la pénombre de la pièce je ne voyais même pas si elle avait les yeux ouverts.

Après, je vins caresser son intimité doucement tout en l’embrassant sur les lèvres. Mon baiser s’intensifia comme mes caresses. C’est comme si en l’embrassant, je voulais éviter qu’elle n’hésite… Je ne voulais aller plus loin que si je sentais qu’elle en voulait plus.

@ Billy Lighter

Les confidences difficiles font place à quelque chose de plus tendre bien que très insécurisant pour moi.  Je ne me sens peut-être pas prête, peut-être pas assez en confiance de mon corps pour l’offrir à Billy qui pourtant, ne demande qu’à l’aimer, qu’à m’aimer.

Mon petit ami fait preuve d’une douceur à toute épreuve bien que je sente, par ses murmures, par ses gestes, qu’il se retient de brûler les stops pour arriver plus rapidement à la fin de la course.  Je ne suis pas certaine d’être la copilote qu’il lui fait, là, tout de suite. Il l’a dit, tout à l’heure, je ne suis pas Savannah. Malgré tous les démons qu’ils ont en commun, ils se sont aimé et, pas besoin de l’avoir explicitement tourné avec Robin pour comprendre que jamais notre relation n’arrivera à la cheville de ce qu’ils ont vécus ensemble, sentimentalement parlant. Je veux dire… notre amour sera aussi fort mais je ne saurai pas le combler comme elle a pu le faire, sur le plan intime.

Ce qui se passe maintenant me rend inconfortable et je désire que nous allions dans notre lit, croyant que ce serait plus facile et plus intime que le salon, là où nous accueillons des gens. Il me semble d’ailleurs voir Cash, fumer dans son coin avec toute l’ironie qu’il suggère imprimer sur son visage. Il n’a pas besoin de le dire pour me faire comprendre qu’il me sait ne pas être à la hauteur.

Parce que j’ai compris, en parlant ce soir avec Billy, le véritable sens des paroles de Cash Izbel.
‘’ Tu es la fille de Be Mine! ‘’ , qu’il a répété.  Il est certain que je vais faire du mal à Billy, comme Savannah l’a fait. Il croit que je suis néfaste pour le chanteur de The Lightening et que je vais répéter le même schéma et que par conséquent, je suis la fille parfaite, parce que j’en suis une de Be Mine! girl.

Une fois dans notre chambre, je ne suis plus que contradiction. Je voudrais que tout s’arrête mais je veux aller jusqu’au bout, ne serait-ce que pour montrer que je ne suis pas une seconde Savannah mais une première April.  Les caresses de Billy sont agréables, je suis même avide de la prochaine. Je ne reconnais pas les sensations qui naissent dans mon corps, ici et là, comme des feux d’artifices qui implosaient, me faisant perdre peu à peu la raison. C’est pire encore quand il embrasse mes seins, jouant sur l’un puis sur l’autre, avec sa langue, avec ses mains.  Même ses cheveux qui retombent tout autour de son visage me chatouillent et rendent l’expérience encore plus… stimulante ? Agréable !

Je garde mes yeux fermés, préférant ne pas voir ce qui se passe pour ne pas prendre peur en anticipant. Je me dis que, si je ne sais pas, je ne peux pas avoir peur. Je me trompe ?  Je plaque une main sur ma bouche quand je devine que Billy s’apprête à me retirer mon pantalon, mais je ne le freine pas. Je le laisse faire, inspirant profondément bien que la peur de l’inconnu commence à m’envahir et que  je commence à calculer mentalement combien de pas il y a entre le lit et la porte de la chambre.  Puis je l’enlace alors qu’il pose à nouveau ses lèvres contre les miennes et que de sa main, il vient me toucher là où personne ne m’a jamais touché avant.

Maintenant, ça va beaucoup trop vite.

Je me tortille sur le matelas, comme pour me dégager de Billy puis, non, je me rends compte que je ne fais que suivre son mouvement, que mon corps cherche a amplifier plus que ma tête, les sensations que mon petit ami me procure.

Je l’ai dit, je suis tout en contradiction !

Il faut qu’il le fasse maintenant, sinon…

- Fais le maintenant…

… je risque de m’enfuir encore.

@ Billy Lighter

April se laissait faire. April me laissait seul maitre de notre première fois. Je voulais être son guide et lui montrer que non seulement elle pouvait le faire mais aussi qu’elle n’avait pas à avoir honte de son corps. Qu’il était parfait à mes yeux et que j’allais tout faire pour qu’il le devienne aux siens.

Je l’avais conduite dans notre chambre à sa demande. Je ne me rendais pas compte que dans l’esprit d’April les pensées se bousculaient d’une façon aussi contradictoire que pouvaient parfois l’être mon propre comportement. Je ne savais pas ce qu’il se passait dans sa tête. Je faisais juste tout mon possible pour qu’elle apprécie chacun de mes gestes. Je commençai à la caresser sachant qu’il serait très difficile de ne pas m’emballer. Je n’étais pas un exemple de contrôle même si j’adorais avoir le contrôle. Et celui que j’avais le plus difficile à contrôler c’était moi-même.

J’embrassai ses seins et je sentis le corps d’April réagir de la bonne façon au traitement que je lui offrais. Je restais là un moment le temps qu’elle s’habitue à mes caresses juste là. Mon corps demandait à ce qu’elle me rende la pareil mais c’était à moi de guider April et non l’inverse alors j’essayais de calmer mes ardeurs contractant mes muscles pour ne pas effrayer April en allant trop vite.

Je passai tout de même à l’étape suivante quand je descendis son pantalon. Elle plaqua sa main sur sa bouche. Je ne savais pas si elle retenait un gémissement ou un « stop ». Comme elle ne dit rien, je continuai sur ma lancée l’embrassant sur ses lèvres. Elle m’enlaça et je commençai des caresses très intimes. Je les amplifiai changeant de temps en temps de rythme alors que le plaisir grimpait aussi en moi. Rien que la caresser me provoquait déjà des petits chocs électriques à l’intérieur de mon corps.

April bougeait sous mes caresses et sous le plaisir que ça lui procurait. Il y avait un peu de retenue dans son chef mais je sentais quand même qu’elle en voulait plus.

Et elle voulait que je le fasse maintenant. Car si elle ne l’avait jamais fait, elle savait exactement ce qui l’attendait.

-D’accord…

Je soufflai ça à son oreille ajoutant :

-Détends-toi.

Je me positionnai comme il faut au-dessus d’elle et je vins l’embrasser sur les lèvres intensément tout en m’insérant en elle et couvant ses éventuels cris en appuyant le baiser. Une fois en elle, je commençai des vas et viens en douceur pour ne pas lui faire mal… Même si le mal était déjà fait. Il ne fallait pas que j’arrête là sinon elle allait détester.

Alors, je continuai menant la danse en bougeant en elle et en l’embrassant sur les lèvres les plus souvent que je pouvais. Et alors que je continuais, je lui soufflai à l’oreille :

-Ça va ?

Peu importait sa réponse, je n’allais pas arrêter… Je n’y arriverais de toute façon pas. Mon corps brulait d’envie de continuer et c’est ce que je faisais en intensifiant mes vas et vient.

@ Billy Lighter

Mon corps, mon canevas vierge, tremble de peur, d’excitation, d’appréhension au fur et à mesure que  Billy me découvre. Il me semble, de mon point de vu, que tout était si parfait quand nous nous en tenions à son corps, à son plaisir à lui.  J’aime l’embrasser, le caresser, le sucer, parce que oui, je m’autorise à lui offrir tous les plaisirs qu’il peut souhaiter obtenir de moi du moment où mon corps demeure en zone interdite.

Ce soir, tout change et je ne suis même plus certaine de quand, ni comment, nous en sommes venu à cet accord.  Mais nous y sommes. Je suis complètement nue,  et Billy me glorifie de caresses, là où personne encore n’a pu me toucher.

Est-ce que le plaisir peut faire mal ?

Je contracte mon corps en entier, comme si je ne voulais pas qu’il puisse trahir le plaisir, autant que la peur, que je ressens. Je voudrais pouvoir mettre ma tête en arrêt, cessé de penser, de réfléchir, d’appréhender.  

Je n’y arrive tout simplement pas !

Puis, dans un élan de confiance, ou d’arrogance, je demande à Billy de le faire. C’est maintenant ou jamais, parce que je suis à un demi-souffle de bondir hors du lit. Je ne pensais pas… je ne sais pas ce que je pensais en fait. Mais je croyais qu’il prendrait le temps de s’assurer que c’est bien ce que je veux. Peut-être qu’il l’a fait mais que dans la foulé, j’ai perdu un peu le contact avec la réalité.

Entre mes cuisses, son sexe frotte contre le mien. C’est un contact tellement absurde qu’il me met mal à l’aise. Je n’aime pas ce que je ressens c’est complètement obscène. Il a vraiment besoin de ça pour être comblé ?  Et pire ! Quand il entre en moi, ça fait si mal que j’en empoigne les draps, j’enfonce mes orteils dans le matelas, je retiens mon souffle en plus d’être muselée par ses baisers qui n’ont plus rien de romantique, ni même d’amoureux, je dirais. C’est un plaisir d’une bassesse dégoutante. De l’entendre aller et venir sur moi, une fois le choc passé, sans en ressentir le moindre plaisir, la plus minime satisfaction.

J’attends que ça passe, ne sachant pas si je dois gémir tout comme il le fait. Je devrais le caresser, lui dire des trucs pervers pour le stimuler d’avantage ?

Enfin ! Dites moi ce que je dois faire !

Billy se mit alors à aller plus vite, plus fort.  Et à force, je cru qu’il tentait de me projeter hors du lit, je refermais donc mes bras autour de lui avant de briser mon étreinte quand ses gémissements devinrent comme… une plainte ?  Je ne suis pas non plus inculte ! Sans l’avoir déjà fait, je sais quand même comment ça se passe, et ce qui devait arriver, arriva.  Je ne sais cependant pas si je dois être satisfaite de dire que c’est terminé ou déçue parce que je n’ai rien ressentis qui me donnerait l’envie de le refaire.  La sensation d’être poisseuse entre mes cuisses, dégoulinante du plaisir de Billy qui s’est rependu en moi  me donne envie de courir jusqu’à la douche et d’y rester pendant tout le reste e la soirée.

Pourtant, je l’aime. Ça oui, je l’aime, Billy.

- Tu… Je… Je veux dire… je n’ai pas assuré. Je suis désolée.

Je ne sais pas quoi dire en vérité. Comment pouvais-je assurer sur un truc dont je n’avais jamais fait l’expérience avant ? La prochaine fois… peut-être que…  la prochaine fois ?  Je ne réalise que maintenant que, là que nous venons de le faire, je viens d’ouvrir la porte à une suite illogique de copulation de couple.  On va se grimper dessus comme des lapins ?

- Je t’ai déçue ?

@ Billy Lighter

Quand elle m’avait donné l’autorisation, je n’avais pas vraiment hésité. J’avais peut-être peur qu’elle change d’avis ou qu’elle n’en veuille plus si j’attendais trop longtemps. Je ne savais pas vraiment quoi dire ou si je devais faire quelque chose de plus ou de différent… Je ne savais pas comment la rassurer autrement qu’en lui disant de se détendre.

Et j’avais fait le mouvement pour qu’on ne fasse plus qu’un. C’était peut-être trop brusque, je ne savais pas vraiment. Il faut dire que je n’avais pas forcément l’habitude de faire l’amour à quelqu’un qui semblait tellement avoir peur de la chose alors que, finalement, c’était quelque chose de tellement agréable quand les deux parties s’aimaient.

Pourtant et alors que j’allais et venait en elle, je la sentais se crisper… J’avais l’impression qu’elle souffrait mais qu’elle n’osait pas l’exprimer. Qu’elle ne savait pas quoi faire non plus alors qu’en moi le plaisir montait à grande vitesse malgré qu’April ne gémisse même pas. Elle restait presque muette et ses seuls mouvements étaient de crispations de douleur.

Mais je ne m’arrêtai pas pour autant. Si je faisais ça, elle allait quand même en garder un mauvais souvenir.

Mais je détestais être dans cette position. J’avais l’impression que je l’avais forcée à en arriver là et que, maintenant, elle souffrait en silence alors que tout ça semblait être une torture.

Je me sentais dans la peau du bourreau. Un bourreau que je ne voulais pas être !

Je me mordis la lèvre allant tout de même jusqu’au bout ne pouvant m’empêcher de gémir de plaisir quand l’orgasme me frappa. Et si d’habitude, je serais resté là à reprendre mon souffle et encore profiter de baisers mutuels, je me retirai le plus doucement possible pour m’allongé à côté d’April…

Ça n’avait pas été agréable… J’avais plus eu l’impression de lui faire mal qu’autre chose. Et c’était une sensation très désagréable ! Comme si j’avais fait quelque chose de mal malgré moi !

Je détestais ça ! Si bien que j’en avais les sourcils froncés tout en regardant le plafond. J’aimais April… Je l’aimais très fort. Plus fort que je n’avais aimé toutes les autres. Mais là, j’avais l’impression d’avoir fait tout le contraire que de lui montrer ça ! Et ça ramena en moi des émotions contradictoires qui se marquaient sur mon visage.

April ouvrit la bouche bégayant un peu avant de dire qu’elle n’avait pas assuré et qu’elle était désolé.

-Ce n’est pas ta faute…

C’est tout ce que je dis les yeux rivés sur le plafond. C’était une première fois. Je devais me convaincre que les autres fois seront moins humiliantes…

Mais April s’en voulait toujours demandant si elle m’avait déçue. Je tournai la tête vers elle et hochai de la tête négativement.

-Non… Mais c’était une première fois. Les suivantes sont toujours mieux.

J’essayai aussi bien la rassurer elle que la rassurer moi. J’esquissai un petit sourire.

-Tu ne m’as pas déçu.

Je passai une main sur sa joue.

-On ressayera… Quand tu le voudras.

Mais pas aujourd’hui. Car à l’instant présent, je n’en avais pas envie. Je ramenai même la couverture sur nous me tournant tout de même vers April.

@ Billy Lighter

J’ai repoussé mes limites seulement, je n’étais visiblement pas prête. Je ne regrette pas ou alors. Si je n’ai qu’un regret, c’est d’avoir été bien en dessous des attentes de mon petit ami qui est habitué à des femmes beaucoup plus chaudes et expérimentées que moi. J’aurais voulu lui offrir plus, mais la peur et la confusion de mes émotions prenaient beaucoup trop de place dans ma tête pour que je puisse profiter du moment à la hauteur des élans passionnels de Billy. Je suis resté là, sur le lit, à attendre que ça passe en priant pour qu’il ne m’en veuille pas trop.

Et quand tout s’est terminé, ajoutant une couche de plus à l’incompréhension, Billy se souleva de moi et je sentis son sexe s’extirper de moi avec une froideur. Ou alors est-ce simplement parce qu’entre mes cuisses, il y a cette sensation irradiante, comme une onde de chaleur douloureuse.  Non pas une douleur insupportable mais qui me fait comprendre que quelque chose s’est passé là, pour la toute première fois, comme pour ne pas que je l’oublie.

Je m’abstiens de lui demander si c’est normal.

Je me sens bien assez ridicule comme ça, pas besoin en plus de lire sur son visage à quel point je peux le décevoir.  Pourtant je sais qu’il y a mit tout son amour, qu’il a prit soin de moi et qu’il ne voulait que mon bien. Et je lui suis reconnaissante, même si dans l’immédiat, je peux projeter une image différente.

Je me retournais sur le flanc pour le regarder, ne sachant pas comment m’y prendre pour lui dire à quel point je m’en veux.  Je bégaie mais fini par lui dire que je suis désolée ce à quoi il répond que ce n’est pas ma faute.

- Quand même un peu… beaucoup même.  Mon cœur en avait envie, ma tête réfléchissait trop et on corps c’es retrouver coincé entre les deux.

Voilà, c’est le meilleur résumé que je puisse lui offrir…  Le plus près de la vérité en tous les cas.
J’ai été décevante mais il dit que c’est normal puisque les première fois ne sont jamais aussi bien qu’elles ne le devraient. Les prochaines…

- Oui… la prochaine fois…  Mais Billy….

S’il devait ne jamais en avoir une, de prochaine fois ? Si je n’avais simplement pas aimé ça et que je ne ressentais pas un besoin important à combler dans ce genre de gymnastique à deux ?  Et si pour moi, le plaisir ne consistait qu’à combler celui de Billy ?

-  Je t’aime, il n’y a rien de plus sincère que ce que je ressens pour toi.

Je vinsse me blottir contre lui, appréciant ce contact que je n’avais jamais perçu avant. Sa peau chaude et moite contre la mienne.

- Là, je suis bien. Ça, comme nous sommes là, ça j’aime ça !

L’affection avant le sexe. Peut-être était-ce là, le problème.  J’ai besoin que tout ce passe naturellement, sans être imposé, dirigé, décidé.  Que ça vienne tout seul sans y réfléchir.

- La prochaine fois, ce sera mieux.

@ Billy Lighter