Tremblant, j’avais conduit dangereusement la CRX à toute vitesse, slalomant et me faisant klaxonner sur tout le chemin… un chemin plus qu’improbable alors que je n’arrivais pas à me décider entre mes destinations : l’Eastside pour trouver Delfino ou n’importe quel passeur capable de me fournir ce dont j’avais besoin pour passer la frontière de ce monde… ou aller retrouver mon manager.

Mon vrai manager.

C’était finalement devant sa maison, une belle maison mais pas encore une villa, que j’avais fait déraper la CRX et crisser les pneus. Clope entre mes lèvres métis craquelée, l’un des innombrables signes du manque qui ressemblait pourtant à s’y méprendre à un indice de consommation, j’étais sorti de la voiture pour aller shooter à la porte de Lenny Knowles.

Je ne savais pas quel jour on était, ni quelle heure il était alors que je venais de quitter le lieu de tournage, l’appartement de Billy.

Mais ce que je savais, c’est que Samantha Mancini n’avait rien à nous dire.

C’était ce qui était convenu. Mancini était un appui pour Lenny, rien d’autre. C’était ce qu’elle avait dit aussi lors de notre premier entretien. Et il y avait un gouffre entre ce qu’elle avait dit ce jour-là, et ses réunions en comité restreint excluant The Lightening ! Un réalisateur, un scénariste, elle-même étaient peut-être nécessaires pour que le clip prenne vie, prenne forme dans cette réalité, pour qu’il sorte de la tête de Billy.

Mais nous aussi !

Je shootai contre la porte et hurlai, ma cigarette tombant de ma bouche sur la paillasson qui commença à noircir là où la cendre incandescente entra en contact avec la matière inflammable.

-LENNY ! LENNY ! MENTEUR ! ESPECE DE GROS MENTEUR !

Je shootai encore, n’en tremblant que plus, victime du parasitage de The Lightening.

-VIENS M’OUVRIR ! MENTEUR ! JE TE HAIS !

Où était-il alors que Mancini en profitait pour faire sa loi ? Où était-il ?!

-LENNY !

S’il ne répondais pas, j’irais droit sur l’Eastside, prendrait le large, direction le Désert, en sachant très bien que mon égo ne me permettrait pas de m’y perdre totalement.  

@ Billy Lighter

Lenny était allongé sur le fauteuil de son salon. La fièvre et les campes au ventre qu’il ressentait depuis hier soir ne semblaient pas vouloir le laisser tranquille. Pourtant, c’était vraiment mal tombé ! Le manager de The Lightening aurait dû être, aujourd’hui même, en compagnie de son groupe, de Samantha Mancini et de l’équipe technique pour le tournage du clip Be Mine…

Mais le Destin en avait décidé autrement au grand dam de Lenny qui aurait bien voulu être présent pour voir les acteurs à l’œuvre et le clip se jouer sous ses yeux. Il avait dû laisser l’entièrement responsabilité du management à Samantha Mancini, aujourd’hui. Il savait que le manager était à la hauteur et qu’elle fera du beau travail… Mais Lenny détestait ne pas être là pour son groupe. Il savait à quel point The Lightening pouvait être prévisible et avait peur que Samantha soit prise de court par un éventuel dérapage de Billy ou même de Cash. Lui-même pouvait parfois l’être par moment et c’est bien pour cela qui avait désiré manager The Lightening à deux.

Jusqu’ici, tout s’était très bien passé.

Lenny n’arrivait pas à se détendre pour autant surtout que les campes qu’il avait au ventre n’aidait pas au repos. Sa femme lui avait pourtant bien dit que tout ira bien… Elle était d’ailleurs sur la terrasse en train de s’occuper des potes de fleur dont elle aimait prendre soin. La porte fenêtre qui donnait sur le salon était grande ouverte laissant entrer le soleil dans la pièce où se reposait Lenny. La femme du manager chantonnait une chanson qui était très loin du rock n’roll qu’appréciait son mari.

Il faisait, donc, calme chez les Knowles en l’absence de leurs trois enfants qui étaient, pour l’instant, à l’école. La femme de Lenny savait qu’une fois qu’il serait quatre heures, leur moment de repos sera terminé.

Mais ils n’imagineraient pas que la tempête viendrait si tôt… Et pas de la part de leurs enfants…

-LENNY ! LENNY ! MENTEUR ! ESPECE DE GROS MENTEUR !

La femme de Lenny sursauta, laissa échapper un cri ainsi que la porte de fleur qu’elle tenait en main qui s’éclata au sol. Les martellements sur la porte d’entrée s’étaient entendus fortement jusque dans le salon et sur la terrasse. Lenny s’était redressé d’un coup sur le fauteuil malgré les nausées qui le prenait.

-VIENS M’OUVRIR ! MENTEUR ! JE TE HAIS !

-Mon Dieu ! Mais qui est-ce ?!

C’était ce que c’était exclamé sa femme apparemment effrayée qu’on s’adresse ainsi à son mari. Mais Lenny, lui, avait parfaitement reconnu la voix juvénile de Cash Izbel, le guitariste de The Lightening. Il poussa un soupire.

-C’est Cash…

Il ne savait pas ce qu’il prenait au guitariste mais sachant que le tournage était aujourd’hui, Lenny se doutait que ça avait quelque chose à voir avec ça et ça ne le rassurait pas vraiment. Cash semblait en colère et le manager savait à quel point c’était très rare. Cash était, la plupart du temps, derrière sa carapace et parlait très peu… Mais là, il semblait pris d’une explosion de colère.

-Cash Izbel ?! Je pensais que Mancini s’occupait d’eux aujourd’hui !

Lenny avait bien entendu les reproches dans la voix de sa femme… Avant que Lighter ne remplace Lenny par Watson il y a quelques mois, leur mariage battait de l’aile à cause de l’investissement trop important de Lenny envers son groupe. Quand Lenny avait repris le groupe dernièrement, il avait promis à sa femme que The Lightening ne viendrait jamais plus perturber leur vie de famille.

Voilà que Cash Izbel venait le faire mentir…

Il se leva de son divan le stress s’ajoutant à la fièvre.

-Il devrait être avec elle… Je vais voir ce qu’il se passe…

Sa femme soupira et Lenny se dirigea vers la porte d’entrée que ne cessait de marteler le guitariste. Lenny ouvrit alors la porte espérant que le guitariste ne soit pas sous l’emprise d’une mauvaise drogue.

-Cash… Que ce passe-t’il ? Pourquoi tu m’insultes et martèle la porte comme ça ? Il y a eu un problème avec le clip ?

Lenny parlait calmement mais son stress commençait à monter alors qu’il transpirait déjà à cause de la fièvre.

@ Billy Lighter

Je fus déstabilisé et sifflai furieusement entre mes dents quand la porte s'ouvrit. Je récupérai un équilibre bancal et, à défaut de pouvoir fuir dans ce qui était mon véritable chez-moi, je me protégeai de mes deux bras crispés autour de moi. Les tremblements ne s'étaient pas calmés, ma voiture était garée complètement de travers dans l'allée, comme si elle était tombée du ciel pour atterrir devant chez notre manager. Notre vrai manager. Mon guide dans ce monde, celui de Billy aussi.

Mes yeux injectés de sang cachés derrières mes lunettes noires qui dissimulaient également mes traits tirés, je regardai Lenny avec une agressivité que je ne me connaissais pas à moi-même. Mais j'arrivai à ne plus crier, pour juste siffler, comme si je forçais la transformation...

Mais le fait était que... J'avais perdu mon sang froid.

Et il m'ébouillantait de l'intérieur. Mancini n'était peut-être pas la plus grande cause de mon problème... Mais au moins était-elle tangible. Beaucoup trop à mon goût, d'ailleurs. J'aurais voulu échanger les rôles. Que le Désert redevienne tangible et Samantha un vague fantôme gênant qu'il m'aurait suffi d'ignorer.

-Tu m'as menti. Elle t'a menti. Tu l'as cru. Et tu nous as menti. Elle a dit qu'elle resterait en retrait. Qu'elle aiderait. Elle n'aide pas.

J'écrasai furieusement d'une de mes santiags la cigarette qui était en train de noircir le paillasson sur lequel elle était tombée.

-Le clip... Ce foutu clip... N'est pas un problème. Le problème...mon problème...Mes problèmes... Ce sont tous ces vautours qui n'attendent que notre agonie pour nous dévorer. Et Mancini est la pire... Manicini ne nous laisse pas faire... Mancini change les choses, bouge ce qui ne doit pas être bougé et quand on les remet à leur place, fais la moue et justifie son choix comme étant le meilleur.

Je secouai la tête, frottai encore plus fort ma chaussure sur le paillasson, jusqu'à ce qu'il ne reste que des miettes de la cigarette et un filtre sale roulant sur la pierre de l'entrée.

Je relevai mon regard sur Lenny.

-Je ne veux pas de perfection sauf celle de Billy, je ne veux pas d'organisation ou de comité restreint. Je veux The Lightening.

J'attrapai le visage bouffi de Lenny entre mes deux mains tremblantes.

-The Lightening, c'est Billy et moi.

The Lightening, c'est mon seul lien avec ce monde.

@ Billy Lighter

Lenny restait extérieurement calme devant un Cash visiblement en proie à la colère. Le guitariste se mettait rarement en colère de cette façon. Il avait, d’habitude, une autre façon de montrer sa frustration mais là, c’était une véritable explosion de laquelle était témoin le manager de The Lightening.

Lenny était attentif à ce que disait Cash malgré la fièvre et la douleur. Le guitariste était persuadé que Lenny lui avait menti. Pourtant, Lenny avait toujours été franc avec The Lightening et ce depuis le début de leur première collaboration. Mais le manager compris vite que le problème de Cash n’était pas tant lui mais Samantha Mancini. Une aide précieuse pour Lenny qui aujourd’hui avait dû se débrouillée seule pour le tournage du clip.

-Cash…

C’est ce qu’avais commencé à dire Lenny avant de changer de stratégie et de laisser le guitariste s’exprimer jusqu’au bout. Il ne fit pas de commentaires sur la cigarette que Cash écrasait rageusement sur le paillasson. Nul doute que la femme de Lenny n’allait pas apprécier ça quand elle le verrait. Mais le manager s’occupera de la mauvaise humeur de sa femme plus tard. Là, il fallait d’abord essayer de calmer le guitariste qui s’en prenait à Samantha Mancini. Il disait qu’elle changeait les choses. Visiblement, il s’était passé des choses pendant le tournage. Des choses qui n’avaient pas plu à Cash et il venait les exprimer à Lenny avec rage. Le problème, c’est que Lenny n’avait pas été présent et qu’il ne pouvait pas juger du travail de Mancini uniquement sur les dires de Cash qui, déjà le premier jour, avait bien montré à tous qu’il n’était pas heureux qu’un second manager vienne épauler Lenny.

Cash ne voulait que The Lightening qui se résumait à lui et Billy. C’était un discours que Lenny avait de nombreuses fois entendu. C’est ainsi que le groupe fonctionnait, il le savait. Mais il savait aussi qu’un groupe ne pouvait pas fonctionner sans des gens autour pour les épauler et prendre parfois des décisions comme Lenny avait dû le faire dans sa carrière avec The Lightening.

-Cash. Entre… Je pense que pour discuter on sera mieux à l’intérieur.

Lenny avait fait entrer le guitariste dans le salon. Sa femme travaillait toujours sur la terrasse mais avait fermé la porte fenêtre sûrement par mécontentement. Lenny était, donc, seul avec Cash dans le salon.

Le manager avait pris place dans un fauteuil. Assis, il ressentait moins les nausées. Il invita Cash à faire de même.

-Samantha Mancini était avec vous aujourd’hui et sans moi parce que je suis malade, Cash. J’aurais été en forme, je serais venu pour l’épauler. Mais étant donné qu’elle était seule, c’était elle le manager en chef, aujourd’hui.

Lenny savait que Mancini était une professionnelle qui travaillait bien et ce malgré ce qu’elle avait vécu et ce que Lenny avait lu dans les journaux.

-Quelque chose ne s'est pas bien passé ? Raconte-moi Cash… Est-ce que Billy a dit quelque chose et Mancini n’était pas d’accord ? Ou toi ? Tu sais, Cash… Chacun devait avoir un rôle sur le tournage. Le réalisateur, le metteur en scène, les techniciens, les acteurs,… Samantha n’est là que pour faire son travail qui est de superviser et de favoriser la communication entre chacun des personnes sur le plateau… Qu’a fait Mancini pour que tu sois autant en colère ?

Lenny essayait juste de comprendre. Il était patient et Samantha que brusquer Cash, qui n’avait pas l’air en forme lui non plus, serait contreproductif.

@ Billy Lighter

J'entrai dans la demeure de Lenny quand celui-ci le proposa. Une maison propre, un cadre rassurant, loin du monde hippie dans lequel j'avais grandi avec ma mère... Loin aussi du Désert dans lequel j'aspirais à retourner malgré les dangers qu'il recelait. Malgré qu'il m'avait pris Gaïana... J'avais eu peur d'y rester coincé moi aussi, juste après sa mort. Mais ce monde-ci était bien pire encore...

Dans ce monde-ci, il y avait Samantha Mancini et ses vautours qui voulaient nous enchaîner pour mieux nous dévorer.

Alors que The Lightening était un trait d'énergie pure, une explosion dont jamais personne ne savait quand elle se produirait.

The Lightening, c'était Billy et moi. Les autres n'avaient qu'à attendre et voir.

Mancini ne voulait pas attendre et elle ne voulait voir que ce qu'elle déciderait de voir pour nous.

Je me laissai tomber sur le fauteuil face à Lenny, allumant une nouvelle cigarette nerveusement au point que j'eus du mal à faire jaillir la flemme de mon briquet.

Lenny annonça calmement qu'il était malade, d'où son absence. Je tiquai, le regardai et baissai les yeux quelques secondes sur mes mains entre lesquelles ma cigarette tenait en équilibre.

-Je suis désolé que tu sois malade...

Puis, je le regardai dans les yeux, relevant mes verres fumés.

-On pouvait reporter... On pouvait encore attendre... Ou commencer avec seulement Robin North et April et le réalisateur.

Parce que Billy était prêt... Je l'avais senti. C'était aujourd'hui... Mais si nous aurions bien eu besoin de Lenny, nous nous serions bien passé des directive castratrices de Samantha Mancini.

Je pointai Lenny de l'index, ma cigarette entre mes doigts.

-Et The Lightening n'a pas de chef. Tu le sais. Tu n'as jamais fait le chef avec nous.

Lenny me demanda de lui expliquai. Je frottai mes yeux de ma main libre, mes lunettes presque enfouies dans mes boucles de cheveux qu'elles tenaient relevées, dégageant mon visage et mon regard injecté de sang.

-Elle a demandé notre avis sur le décor. Billy lui a dit que le divan n'était pas à sa place. Elle ne l'a pas déplacé... Elle n'a pas écouté l'avis de Billy. Elle a cherché à imposer le sien plutôt que de faire ce que Billy disait.

Je tiquai et sifflai entre mes dents, furieux.

-Elle est là pour exécuter ce que nous, on dit... Pas l'inverse. Toi, tu aurais fait comme Billy disait.

Je pris une inspiration bourrée de poison et de nicotine.

-Moi, j'ai déplacé les choses comme Billy les voulait. Et puis elle m'a toujours parlé ensuite comme pour me mettre au défi de dire encore quelque chose... Avec cette... Cette ironie dans la voix.

Pour ne pas dire qu'elle se foutait clairement de ma gueule en réclamant un commentaire constructif.

-Elle avait déjà tout décidé avec son comité restreint, de toute façon... Alors quoi qu'on ait pu dire, ça n'aurait pas eu d'importance.

Je soufflai longuement la fumée, en silence, en regardant Lenny.

-Je veux que tu la calmes.

@ Billy Lighter

Lenny avait fait rentrer Cash dans sa demeure. Le manager savait que tout ça n’allait pas vraiment plaire à sa femme qui s’était enfermée dehors sur la terrasse du jardin mais il savait qu’elle sera toujours ouverte à la discussion par après. Si ce n’était pas le cas, ça ferait bien longtemps que le couple Knowles serait déjà divorcé.

Lenny avait justifié son absence à Cash par le fait qu’il était malade ce dont le guitariste était désolé. Mais Cash aurait bien voulu reporter ou, au moins, pouvait faire le clip sans une manager à leur côté. Lenny voyait très bien que le guitariste avait une dent contre Samantha mais jusqu’ici Lenny pensait que ça se passait très bien entre les deux.

-Tu sais que reporter aurait pu être dangereux. C’est Billy qui a fixé la date… Si on avait reporté, nous n’aurions jamais su quand il serait à nouveau prêt.

Lenny n’avait pas besoin d’expliquer à Cash comment Lighter fonctionnait. Le manager savait que Cash connaissait bien mieux que lui le chanteur.

-Et je désirais qu’il y ait quand même un manager sur place pour coordonner les choses et avoir un représentant de MTI parmi vous.

Il y en aurait eu deux si Lenny n’avait pas été malade. Mais étant malade, c’était à Samantha de faire son travail en plus de celui de Lenny.

Le manager expliquait les choses calmement pour que Cash comprenne pourquoi les choses s’étaient faites comme ça. Le guitariste ajouta que The Lightening n’avait pas de chef. Lenny savait que The Lightening se résumait, pour bien des gens et Cash et Billy en tête, à Cash et Billy. Même les autres membres du groupe semblaient déconnectés du duo. En général, ils se contentaient de faire de la musique, de profiter de leur célébrité et de vivre avec leur gros compte en banque sans contredire le duo fondateur du groupe. Les autres groupes ne fonctionnaient pas comme ça.

-Je sais que The Lightening n’a pas de chef. Les choses n’ont pas changées, Cash. Vous êtes toujours maitre de ce groupe.

Mais Lenny voulait entendre ce que Cash avait à dire sur ce qu’il s’était passé lors du tournage. Il voulait comprendre ce qu’il n’allait pas et ce qui avait fait que Cash soit dans cet état jusqu’à venir l’insulter et frapper à sa porte entrainent l’exaspération de sa femme.

Le guitariste le lui expliqua. C’était une histoire de divan qui n’était pas à la place où Billy l’avait demandé. Samantha n’avait pas voulu le bouger. Lenny fronça les sourcils. Il était certain que s’il n’y avait pas eu une raison, Samantha aurait fait les choses telles que Lighter les voulait. Elle n’aurait aucun intérêt à faire le contraire, le manager en était sûr. A aucun moment dans l’histoire de Cash, Lighter ne semblait avoir bronché. Mais le guitariste, lui, avait bougé le fauteuil entrainant, par la suite, un froid entre lui et Samantha. La partenaire de Lenny avait peut-être pris en grippe le guitariste et inversement ce qui avait fait ressortir, peut-être, un mauvais côté de Samantha. Même si Lenny savait que tout ça n’était que la version de Cash et que Samantha n’était pas là pour se défendre.

Lenny était dans un position délicate n’ayant pas été là pour voir ce qu’il s’était passé. Il transpirait un peu plus son stress montant encore surtout quand Cash déclara qu’il fallait que Lenny calme Samantha. Des propres qui ne choquait pas Lenny parce qu’il avait bien entendu l’album de The Lightening. Il savait que chaque mot sur cet album, bien que fait sur le coup de la colère, était pensé et qu’aujourd’hui, Cash était en colère.

Lenny tentait de garder son calme et d’être le plus objectif possible.

-Je suis certain que si Samantha avait une objection concernant le positionnement du fauteuil, c’est qu’il y avait une raison. Une raison qui a sûrement été communiqué à Lighter. Sinon, ça aurait été le premier à exploser parce qu’une de ses exigences n’a pas été remplie. C’est ce que je pense mais, comme tu le sais, je n’étais pas là-bas.

Lenny avait sorti un mouchoir propre de sa poche et avait épongé son front brûlant de fièvre et de stress.

-Je comprends que l’attitude de Samantha suite à ton geste ait mis un froid entre vous. Je lui parlerais pour comprendre son point de vue et que nous accordions nos violons pour que ce genre de désagrément ne t’arrive plus. Elle ne devait pas te parler sur ce ton si elle c’est ce qu’elle a fait. Je me chargerais de lui passer le message. Mais ce que nous volons tous, toi, Billy, Samantha et moi c’est que vous puissiez sortir tous vos projets dans les meilleures conditions.

C’était le travail de manager. Celui de promouvoir et diffuser ce que faisaient les groupes qu’ils avaient à leur charge.

-Et qui est ce comité restreint ? J’ai beaucoup parlé du clip avec Samantha et notre but a toujours été de faire passer toutes vos exigences à l’équipe de tournage employée… Elle t’a dit de qui il s’agissait ? Quelles sont les autres décisions qui ne t’ont pas plu ?

Lenny commençait à se dire que ce qui n’avait pas plus à Cash, c’est simplement la personnalité de Samantha. C’était une femme qui savait ce qu’elle voulait et qui n’hésitait pas à donner son avis avec toute la force de son caractère. Ce n’était pas vraiment le genre de femme que fréquentais Cash. Lui et elle vivaient dans deux mondes différents.

@ Billy Lighter

Je hochai la tête quand Lenny souligna que nous n'avions pas vraiment le choix de reporter le clip. Ou plutôt, de le faire aujourd'hui. Parce que Billy avait choisi la date.

-Ouais. Je sais...

Je le regardai, faisant la moue, rabattant mes lunettes de soleil devant mes yeux noirs.

-Une chance que Mancini, elle, ne l'ai pas fait.

Mais vu la tendance à l'impatience de la pseudo-manager, elle n'allait sûrement pas faire ça. Elle avait bien laissé entendre que, selon elle, il était grand temps de s'y mettre, depuis le temps qu'on en parlait. Et forcément, elle voulait s'attirer la gloire d'avoir été celle qui aurait réussi à nous faire pondre ce clip.

Je n'en voulais pas à Lenny, malgré ce que j'avais hurlé à sa porte. J'aimais bien Lenny. Ce qui n'était pas le cas de Samantha. Je n'aimais pas Samantha.

Selon Lenny, nous étions toujours maîtres de notre groupe. J'étais sceptique et eus le réflexe de regarder mes poignets, mes mains tremblantes.

-Pourquoi j'ai l'impression d'être enchaîné alors?

Je pouvais presque voir les maques de mes entraves sur mes poignets, mes veines qui pulsaient d'envie que je leur fasse goûter une nouvelle fois au voyage dans le Désert... Mon corps réclamant de pouvoir se prélasser les écailles au soleil, dans le sable brûlant. Loin de tout ça.

En attendant... Je voulais que Lenny fasse quelque chose. Il devait faire quelque chose. Avec moi, ça ne fonctionnait pas. Mancini m'avait muselé, forçant The Lightening dans la direction qu'elle voulait qu'il prenne.

Lenny voulait comprendre. J'allais l'aider à comprendre.

-Elle disait que...

Je frottai nerveusement mon visage d'une main.

-Elle disait que c'était parce que c'était mieux... Pour ne pas qu'April se fasse mal.

Je regardai Lenny dans les yeux.

-On tournait Be Mine! je ne voyais pas où était le problème. La chanson parle de ça. La fille de Be Mine! doit souffrir.

Et si je n'avais pas eu aussi peur de River Moriarty... Si ça avait été lui et pas North, j'étais sûr que peu importe où aurait été mis ce foutu divan, April aurait eu mal.

Je repris une cigarette et en tapai la bout sur mon paquet en haussant les épaules.

-Elle va souffrir, de toute façon. Ce ne sera qu'un juste retour des choses. Elle fait souffrir Billy. Je peux le voir, ça.

Lenny avait encore des questions...Qui était le comité restreint...? Quels autres décisions ne m'avaient pas plus.

-Faire passer nos exigences? Elle nous faisait passer ses exigences à elle... Et elle prend tout le monde de haut. Nous ne sommes pas des membres de sa mafia.

Je marmonnai, comme essayant de retenir les mots qui voulaient sortir de ma bouche.

-Pas étonnant que quelqu'un ait essayé de l'assassiner.

@ Billy Lighter

Lenny avait remarqué très vite que Cash n’avait que des critiques pour Mancini. Il savait que le guitariste était rarement indulgent et qu’il avait l’habitude d’être déstabilisé quand il y avait des changements. Pourtant, son partenaire et meilleur ami, Billy, n’était que changement constant. Ce qui expliquait peut-être la relation spéciale et schizophrénique entre les deux artistes. C’était cette énergie dévastatrice qui provoquait les chansons qu’il faisait.

Lenny avait appris à jongler avec cette énergie se brûlant à de nombreuses reprises. Il était normal que Mancini s’y brûle de temps en temps et subisse des échecs dans la relation avec certain membre de The Lightening. Par exemple, Lenny n’avait jamais eu d’ennuis avec Cash mais bien avec Billy. Pour Mancini, ça semblait être le contraire. C’est pour ça que Lenny restait convaincu qu’à eux deux, il pouvait faire un travail très respectable.

Mais Lenny n’avait pas été là aujourd’hui laissant Mancini gérer seule les choses. Ce qui n’avait pas entièrement fonctionné.

Lenny essayait de rassurer Cash sur le fait que The Lightening avait tout pouvoir et que ce n’était ni Knowles, ni Mancini qui prenait les décisions artistiques. Mais Cash disait avoir l’impression d’être enchainé. Il regardait ses poignets et Lenny eut vite faire de remarquer les tremblements des mains du guitariste. Knowles n’était pas dupe. Il était très au courant de la consommation de drogue de Cash. Mais les symptômes qu’il présentait semblaient plutôt être ceux du manque. Une bonne chose et à la fois une mauvaise car cela pouvait faire en sorte que le guitariste replonge parce que Lenny était quasi certain que Cash ne prenait plus de drogue depuis un moment d’où la bonne entente avec Billy qui, lui, avait en horreur les drogues dures.

-Ce n’est qu’une impression Cash. L’impression que tu as eue aujourd’hui. Mais je te donne ma parole que jamais ni moi, ni Mancini n’interviendront dans une décision artistique.

Lenny s’en tiendra garant même si la force de sa phrase était réduite par la maladie qui le rendait faible ce qui l’empêchait de bien gérer son stress qui le mangeait de l’intérieur depuis l’entrée de Cash dans sa maison.

Cash expliqua alors ce qui avait poussé Samantha à aller à l’encontre d’un de leur choix. C’était pour la sécurité d’April, vraisemblablement. Lenny comprenait maintenant. Samantha avait voulu protéger les acteurs pour que les scènes se tournent au mieux et ça au détriment de l’artistique. Un choix logique mais pas pour Cash. Il disait que la fille de Be Mine devait souffrir… Que la chanson parlait de ça. Des propos légèrement choquant mais qui ne choquait pas Lenny qui connait le guitariste. Ça n’empêcha par le manager d’expliquer son point de vue.

-Je suis bien au courant que la fille du clip doit souffrir mais pas les acteurs. Ils sont là pour jouer et non se faire réellement mal. Je ne vais pas te faire l’insulte, Cash, de t’expliquer comment fonctionne un film… De plus, si April s’était blessée, le tournage du clip aurait encore dû être reporté ce qui n’aurait pas plu à Billy.

Lenny ne lui fera pas l’insulte. Il savait que le guitariste était intelligent.

-Samantha est une représente de MTI, comme moi… S’il arrive quelque chose à April Fox sur le plateau de tournage, c’est MTI qui en a la responsabilité. Elle ne doit pas intervenir dans les choix artistiques mais, en tant que représentante de MTI, elle doit parler pour MTI et c’est ce qu’elle a fait. Ce qui a provoqué ce conflit d’intérêt entre la sécurité et l’artistique.

Lenny ne voulait pas fâcher Cash mais il ne pouvait pas en vouloir à Mancini d’assurer la sécurité des acteurs. Lenny regrettait de plus en plus de ne pas avoir été sur place…

Cash déclara alors que la pauvre April allait souffrir parce qu’elle faisait souffrir Billy. Lenny détestait ce genre de propos. Il savait à quel point Lighter était instable et regrettais que ce que Savannah avait dit à la presse il y a quelques années ne soit malheureusement vrai. Le manager espérait qu’April aura une influence bénéfique sur Lighter et espérait que Lighter soit aimant avec elle et non une furie prête à tout détruire. Le visage de Lenny s’assombrit.

-J’espère que ça n’arrivera pas. Et je regrette que tu penses qu’April doit souffrir. Personne ne doit souffrir, Cash.

Mais Cash souffrait et ça Lenny l’avait remarqué. Et la cause n’était sûrement pas seulement Mancini. Il y en avait d’autres.

Lenny continua d’essayer de garder son calme et d’expliquer à Cash le rôle qu’avait Samantha lors du clip. Mais Cash n’était pas d’accord avec le manager et il fit allusion à la mafia dont faisait soi-disant partie Samantha. C’était la presse qui avait fait ses choux-gras de cette histoire de massacre et de mafia dont Samantha était la seule survivante. Les propres de Cash était violent et firent souffler Lenny.

-Cash… Tu ne penses pas ce que tu dis… Tu ne sais pas, tout comme moi, ce qu’a vécu Samantha. Ce que je sais d’elle, c’est qu’elle est très professionnelle et qu’elle a à cœur de faire du bon travail avec vous. La preuve, c’est qu’elle était là aujourd’hui pour vous malgré le récent massacre dont elle a dû en sortir traumatisé.

Lenny ne savait que faire pour essayer de calmer Cash et de résoudre le problème. Mais il voulait bien, malgré les nausées qui le prenaient, prendre le temps de comprendre.

-Cash, il y a-t-il un autre problème ? En dehors de Samantha, il y a un autre problème ?

Lenny savait qu’il y en avait un et que c’était sûrement lié aux tremblements de Cash.

@ Billy Lighter

Lenny donnait sa parole que ni lui, ni Mancini n’interviendraient dans des choix artistiques. Je secouai la tête sifflant entre mes dents.

-Pour toi, je sais. Pour Mancini, j’ai vu.

J’ai vu tout l’inverse. Et une attitude dirigiste qui ne donnait pas l’impression d’un simple aiguillage, puisque Lenny voulait jouer sur les impressions.

Je regardai Lenny dans les yeux.

-Donne du pouvoir à une femme et elle se transformera en monstre sanguinaire… Elle a besoin de toi… on a besoin de toi, Lenny.

Je voyais bien qu’il n’allait pas bien, que son absence était justifiée aujourd’hui. Tout comme je savais aussi que Billy n’aurait pas pu tourner le clip un autre jour que celui qu’il avait décidé. A mes yeux, Mancini avait bien profité de l’absence de l’un et de l’empressement de l’autre pour se loger dans la faille, y faire son nid, et commencer à nous gangréner de l’intérieur, étalant sa pourriture en espérant atteindre la moelle épinière de The Lightening et en aspirer l’énergie foudroyante.

Lenny voulait savoir pourquoi Samantha n’avait pas respecté notre souhait. Pour la sécurité des acteurs, disait-elle. Ce à quoi mon seul et unique et véritable manager répondit que les acteurs ne devaient pas réellement souffrir. Que personne ne devait souffrir.

Je ricanai.

-Elle a déjà bien souffert, cet April. Et ça n’a pas été la faute du divan.

Non, Billy voulait du réalisme. Alors il l’avait fait réellement pleurer. Et là-dessus, je n’avais rien à redire. Ce que Billy faisait, ce qui Billy disait, était parole d’Evangile. Parce que Billy est la moitié de The Lightening et que sans lui, je ne suis qu’une moitié de The Lightening.

Je rallumai une cigarette.

-Certaines blessures ne se voient pas vraiment. Mais font plus mal que celles qui se voient.

La fille de Be Mine ! devait souffrir et la fille de Be Mine !, c’était April.

Quant à Mancini… Comme j’en fis part à Lenny, elle n’avait pas encore assez souffert. Pas assez pour comprendre qu’elle devrait rester à sa place plutôt que de jouer avec le feu et de tenter de s’imposer dans un monde qu’elle ne comprend pas.

Lenny disait que je ne pensais pas ce que je disais. Je lassai tomber ma tête entre mes mains, ma cigarette seule pointant entre elles. Peut-être… peut-être ne pensais-je pas ce que je disais. Peut-être que si. Et quand il expliqua que le fait qu’elle ait été présente malgré le massacre prouvait son professionnalisme, je redressai brusquement la tête pour siffler encore furieusement, mais sans hausser le ton.

-Je l’ai remerciée pour ça. J’ai essayé, ok ?! Mais c’est juste une autre salope. Juste une de plus. Ma reconnaissance lui a donné de la confiance, la confiance lui a fait miroiter le pouvoir. Et maintenant, c’est ce qu’elle veut avoir.

Lenny transpirait… Et moi aussi. Face à face, nos deux visages étaient dégoulinants de sueur.

Lenny demanda s’il y avait un autre problème, en dehors de Samantha Mancini. Et instinctivement, je serrai mes bras autour de moi, pour dissimuler mes tremblements.

-Ce monde me tue…

Ma clope dansait entre les lèvres, tremblait entre elles… Je secouai la tête pour me reprendre, mais sans perdre ma cigarette.

-Calme-la, Lenny… Calme-la où je ferai ce que Billy et moi aurions dû faire depuis longtemps : aller là où ce genre de chose ne risquera pas d’arriver.

Je repris ma cigarette entre mes doigts et soufflai la fumée et les menaces qui allaient avec.

-Je te prendrai toi. Je prendrai Billy. Et nous irons voir Jimmy Reed.

Parce que lui ne laisserait pas ça arriver. Parce que chez BSC, les femmes sont des secrétaires utiles et décoratives.

@ Billy Lighter

Lenny tenait à rassurer Cash sur le fait que ni lui, ni Samantha n’interviendra dans des décisions artistiques. Mais le guitariste n’en était pas convaincu pour l’Italienne et Lenny savait que de le jurer ne convaincra pas Cash. Il était coincé sur la vision qu’il avait eu de Samantha aujourd’hui et le manque de drogue dont Lenny était témoin ne devait pas aider le guitariste à prendre du recul.

Le discours que Cash tenait sur les femmes ne surprenait pas Lenny. Il avait entendu plus d’une fois le dernier opus de son groupe et savait que les paroles écrites n’étaient pas en l’air et n’émanaient pas seulement de Billy. Le manager entendait bien les paroles de Cash qui disait qu’ils avaient besoin de lui (Samantha y compris).

-Samantha est loin d’être mauvaise, Cash et si vous avez besoin de moi, moi j’ai besoin d’elle.

Il voyait, d’ailleurs, maintenant plus clair sur le différent de tout à l’heure entre Cash et Samantha sur une histoire de fauteuil. Lenny comprenait les raisons de l’un et de l’autre. Et la conversation tomba ensuite sur April qui incarnait le personnage féminin du clip en plus d’être la petite-amie de Billy Lighter. Les paroles de Cash concernant April fit s’assombrir le visage de Lenny qui ne connaissait que trop bien les antécédents de Lighter. Mais là, les sous-entendus de Cash laissait dire qu’April avait souffert aujourd’hui. Il regrettait de plus en plus d’avoir été malade aujourd’hui.

-Qu’est-ce qui te fait dire ça, Cash ?

Il disait qu’elle avait souffert de blessures qui ne se voyaient pas. Lenny remettait les ricanements de Cash sur son humeur et ce qu’il pensait être le manque de drogue. Parce que Cash n’était pas méchant au fond et ça le manager le savait. Il était juste mal dans sa peau à cet instant ce qui le rendait méchant avec des gens comme Samantha et April… Mais ça n’empêchait pas Lenny d’être curieux et de s’en faire pour la jeune femme et petite-amie du chanteur.

Mais c’est, ensuite, sur Cash que se centra Lenny pour dire qu’il ne pensait pas tout ce qu’il disait. Et ses gestes et la façon dont il laissa retomber sa tête entre ses mains prouvaient que le manager avait visé juste. Et Lenny profita de ça pour souligner les points positifs de Samantha comme le fait qu’elle n’avait pas abandonné The Lightening malgré ce qui lui était arrivé avec ce qui s’avérait être, par la presse, un règlement de comptes entre mafias.

Mais encore une fois, ça ne suffisait pas pour faire changer d’avis Cash sur Samantha. Lenny soupira mais ne s’emballa pas sur Cash. C’était inutile surtout qu’il voyait bien que le guitariste souffrait et n’était pas dans son assiette.

-Laisse-lui encore une chance, Cash… C’est tout ce que je te demande. Ne la juge pas trop vite.

Lenny y tenais. Il était sûr qu’avec le temps Cash allait se faire à Mancini et inversement. Le manager voulait même bien jouer les médiateurs pour que tout ce passe au mieux.

Mais avant tout chose, Lenny voulait savoir. Il voulait savoir ce qui mettait Cash dans cet état en dehors de Samantha. Parce qu’il y avait quelque chose et Lenny le savait. Quelque chose qui se voyaient très fort dans l’attitude et sur le visage du guitariste. Et ce dernier réplique que le monde le tuait. Il tremblait, il transpirait… Ce monde le tuait parce que Cash était en manque et que le manque le rendait malade dans son corps mais aussi et surtout dans sa tête.

-Je sais, Cash… Le monde n’est pas facile mais tu sais que je peux faire en sorte de t’aider. Tu sais que je suis toujours là pour t’écouter si ça ne vas pas.

Et Lenny pouvait aussi conseiller des gens à Cash… Même s’il savait que le guitariste refusera toute sorte d’aide. En réalité, il espérait que Cash trouve à qui parler en la personne de sa mère qui était une femme avec plein de caractère mais aussi douce.

Cash n’en démordait pas… Il voulait que Lenny calme Samantha. Le manager allait tempérer mais c’était sans compter sur les menaces de Cash d’aller chez BSC. Lenny n’était pas fâché d’entendre ça mais déçu et un peu triste même si, encore une fois, l’état de Cash expliquait ce genre de menace.

Lenny secoua sa tête montrant sa tristesse au guitariste.

-Non Cash… Si tu décides et si Billy décide d’aller chez BSC, vous irez sans moi. Je ne changerais pas de maison de disques. Si vous faites ça, Cash, vous devrez trouvez un autre manager. Un de BSC. Parce que je ne vous suivrez pas là-bas.

Lenny n’était pas fan de la philosophie de BSC mais, surtout, il était fidèle à MTI qui lui avait tout donné depuis le début de sa carrière.

-Désolé Cash… Mais ça, c’est quelque chose qui ne changera pas. Je ferai toute ma carrière chez MTI. C’est comme ça.

Le manager regardait toujours le guitariste.

-Quant à Samantha… Je te demande simplement de lui laisser encore du temps. C’est tout ce que je te demande. Les prochaines fois, je serais là de toute façon.

Et il espérait qu’au final les choses s’arrangent.

@ Billy Lighter

Lenny disait avoir besoin de Samantha et moi, j’avais besoin de Lenny. Je n’aimais pas beaucoup cette idée. On avait toujours fonctionné rien qu’avec Lenny ! Pourquoi cela devait-il changer maintenant ? Je regardai mon manager qui transpirait et était pâle… Et je finis par hocher la tête. Je n’aimais pas Mancini. Mais j’aimais Lenny. Alors pour lui, je voulais bien accepter de voir Samantha graviter autour du monde de The Lightening. Mais ça ne se ferait pas sans conditions.

La conversation nous mena sur April et la fille de Be Mine !… Samantha avait voulu la protéger d’un pauvre divan, pensant que c’était la plus grande menace sur le plateau. Alors que Lenny aurait su, lui, qu’un bleu se soigne… d’autres blessures ne font que se rouvrir. Et Billy sait les trouver…

Je haussai les épaules quand Lenny me demanda ce qui me faisait dire ça.

-Elle a fait du mal à Billy. Elle fait du mal à Billy. Elle a une mauvaise aura. Billy ne va pas se laisser faire.

J’avais vu Billy entrer dans le studio pendant l’enregistrement de BITCH ! tous les jours, jour après jour… Et tous les jours, il était sali de ce que trainait April. Et tous les jours, il me revenait d’alléger la douleur de Billy par la musique. Et tous les jours, c’était à recommencer. Parce que lorsqu’il rentrait chez lui, il se frottait aux mauvaises ondes de sa compagne qui n’était pas foutue de garder ça pour elle.

Mais ce n’était pas tant après April que j’en avais qu’après Mancini. Mais Lenny n’en démordait pas. Il ne promettait pas de la calmer, il voulait juste que je lui laisse une chance et que je ne la juge pas trop vite.

-Elle ne m’a pas laissé de chance, à moi.

Elle m’avait aussi jugé directement, je ne voyais pas pourquoi les choses devaient aller dans un sens et pas dans l’autre. Pourquoi devait-elle avoir plus de chance que moi ?

Lenny demanda ce qui n’allait pas, en dehors de ça, qu’est-ce qui n’allait pas. Je lui répondis, avec des gestes nerveux et en fuyant son regard. Ce monde me tuait, j’en avais marre et je ne pouvais pas rester là. Je hochai la tête quand il affirma qu’il serait toujours là pour m’écouter. Alors je parlai, mais pas de cela… Je lui dis que nous pourrions tous, sauf Samantha, aller voir Jimmy Reed. Ne pas changer radicalement tout. Mais prendre les meilleurs et tous changer d’horizon.

Pas de risque de trouver des Samantha, des Maria ou autres du côté de BSC.

Mais Lenny refusa. Et je gémis de l’entendre refuser. Il voulait faire sa carrière chez MTI et cela, ce n’était pas négociable. Il réitéra aussi sa demande concernant Mancini. Je finis par me lever, à bout, mais pas à cause de Lenny.

-D’accord ! Ok ! On restera chez MTI ! Et je foutrai la paix à Mancini si elle me fout la paix. Si elle comprend qu’elle n’a rien à nous dire ! Elle peut t’aider toi ! Mais elle ne peut pas diriger The Lightening. Je veux qu’elle comprenne ça.

Je repris ses mots à lui.

-C’est comme ça.

Je regardai mes mains qui tremblaient.

-Il faut que j’y aille…

@ Billy Lighter