Mon histoire est à l’image du type que je suis : violente. Fils d’une mère célibataire dépressive, né dans l’Eastside… C’était plutôt mal parti d’entrée de jeu. Parfois, la vie décide que certains naitront dans la crasse et devront user de tout ce qu’ils ont en eux pour s’en sortir. Je faisais partie de ceux-là.

Ma mère m’a élevée « seule »… Ouais pas vraiment « seule » vu qu’elle a enchainé le petits-amis douteux. L’alcoolique violent qui ne faisait que lui taper dessus, le libertin qui ne faisait que lui piquer le peu d’argent qu’on avait et le drogué qui ne faisait que squatter le canapé. Bref, ma mère avait l’art de très bien choisir…

Moi, j’étais un enfant de la rue… Je passais le plus clair de mon temps à m’amuser avec les gamins du coin, des latinos pour la plupart… Des enfants de Los Diablos en majorité. Des petits cons du genre d’Alonso qui a commencé à dealer a même pas 12 ans. Entre Alonso et moi, c’était constamment la guerre. Il était violent… J’étais violent… Et on avait l’habitude de régler nos comptes à coups de poing. Il était plus vieux que moi… Mais j’étais plus grand… Ça équilibrait les choses.

J’ai donc grandi dans la violence la plus totale à provoquer, me bagarrer et gagner un peu d’argent en pariant sur des parties de billes… Rien qui pouvait me rapporter gros… En parallèle, j’allais à l’école mais pas besoin de préciser que ça n’a guère duré. Je me suis fait virer à 12 ans parce que j’ai tabassé un type qui m’a regardé de travers à la cantine. Après ça, je n’ai plus jamais mis les pieds dans un établissement du genre.

Ce n’est qu’à mes 13 ans que ma vie a radicalement changée… Ma mère s’est mise en couple avec Ricardo, le boss des Los Diablos. Si on vivait dans la pauvreté jusqu’ici, ça a radicalement changé quand elle a décidé de s’offrir à lui et devenir sa petite-amie officielle. Moi, j’ai commencé à travailler pour lui en échange d’argent. Je dealais, je tabassais, j’intimidais, je tuais... J’étais devenu l’un des meilleurs Los Diablos ce qui n’était rien pour arranger ma relation avec Alonso qui était un soldat comme un autre. Moi, j’étais un soldat… Mais aussi le chouchou de Ricardo grâce à ma mère. La part d’argent que je recevais était supérieure à celles de tous les autres Los Diablos.

Jusqu’à l’arrivée du petit m’as-tu-vu… Jimmy Reed… Le fils du patron de BSC. Il a longtemps trainé avec les autres Los Diablos jusqu’à être engagé par Ricardo. Un gosse de riche qui voulait jouer au caïd, c’était comme ça que je le voyais. Il rapportait bien plus d’argent que moi parce qu’il vendait dans son école de gros riches. Un avantage qu’aucun d’entre nous n’avions.

Mais le pire, c’est que les autres latinos ont tous commencé à l’admirer… Moi, je l’avais toujours snobé pensant qu’il ne ferait pas long feu et qu’un jour il finira par se prendre un revers ou être tué d’une façon ou d’une autre.

Mais ça n’arriva pas…

Au lieu de ça, c’est Ricardo qui succomba d’une overdose alors que j’avais 18 ans. Ma mère fut brisée et, déjà dépressive, elle mit fin à ses jours le jour suivant.

Ça ne me fit ni chaud ni froid…

Ce qui me fit quelque chose, ce fut que tout changea. La hiérarchie des Los Diablos fut revue complètement et, à la tête, se trouvait désormais ce petit connard de Reed. Personne ne le savait… Certains Los Diablos n’étaient même pas au courant de qui était le patron. La plupart pensaient que c’était Alonso…

Moi je savais parce que j’étais, avant la mort de Ricardo, dans les plus hauts gradés et que j’avais vu ma place revue à la baisse certainement à cause d’Alonso qui a fait le frotte-manche près du blondinet pour devenir son homme de main et une sorte de second. Je continuais de dealer, tabasser mais Alonso avait la part la plus sympa du travail…

Ça dura un temps où je ravalai ma haine pour lui et Reed… Jusqu’à-ce que je trouve de quoi augmenter mon salaire qui avait drastiquement baissé depuis le changement de boss. En dehors des couses de voiture et des combats de boxe, je sortais du quartier de l’Eastside pour vendre la drogue plus chère afin de me faire un bénéfice dessus... Ça me permettait d’acheter des meilleures voitures pour les courses.

C’est d’ailleurs l’une d’entre elle qui me rapporta gros en été 1980… En effet, je fis la connaissance de Luca Conti, un mafieux avec qui j’ai sympathisé. Il a tout de suite trouvé de l’intérêt quant à ma position de dealer chez les Los Diablos. Son père avait une mafia qui faisait dans le trafic de drogue. J’ai accepté de lui vendre des informations sur les Los Diablos pour permettre à la Casa Nuova de tout anticiper et de prendre le pas sur mon propre gang. Ça me permit de gagner un petit pactole.

Mais Alonso l’a appris... Et en tant que petit chien de compagnie de Jimmy Reed, il a rapporté la chose à son boss.

Mon arrêt de mort était signé.

Je me suis fait « descendre » dans une de ces ruelles puantes de l’Eastside. Une balle dans la poitrine tirée par Alonso lui-même. Je sentais, dans son geste, qu’il n’attendait que ça depuis longtemps. Il n’a pas eu le temps de nettoyer… Lui qui faisait toujours bien son travail, le fait que ça soit moi en face était tellement grisant pour lui qu’il s’est emballé… Et heureusement parce que sinon, il aurait pu voir que j’étais encore en vie. J’ai réussi à appeler Conti qui a tout mis en œuvre pour que je sois sauvé.

Depuis ? Depuis je suis devenu un membre de la Casa Nuova. Un soldat plus précisément chargé de dealer, tabasser, intimider, tuer… Le soldat numéro un d’Angelo. Tout ce que j’aimais faire, finalement.

Et le salaire est bien meilleur !