C’était normalement mon tour d’avoir Lucky chez moi, si j’imaginais dans mes rêves les plus fous qu’elle me l’avait laissé une semaine complète la semaine d’avant. Mais plutôt que d’aller la voir chez elle pour réclamé ce droit, j’avais annoncé les choses autrement au téléphone, quand je lui avais laissé un message :

"Salut, Carolyn. Je viendrai voir Lucky aujourd’hui… Je crois qu’il faut qu’on parle. J’ai des trucs à te dire. A tantôt."

Je n’étais pas arrivé à ne pas boire mais ce n’était pas grave parce que je savais que je ne repartirais pas avec Lucky. Même si ce n’était pas l’envie qui me manquait. Daniele m’avait fait comprendre que même si on gagnerait à tous les coups, valait mieux ne sortir les avocats qu’en dernier recours. Et comme je sentais que j’allais rien y piger si on commençait à se battre en justice, j’étais pour la paix.

Je m’étais donc ramené avec ma Porsche que je garai légèrement de travers. Et ça me fit repenser à son foutu coloc. J’espérais qu’il était pas là parce qu’il serait le genre à me faire monter dans les tours alors que c’était justement ce que je voulais arriver.

Je voulais dire à Lynn pour le coach de vie et que j’allais aussi être patient et attendre que Lucky puisse rester toute une semaine loin d’elle. Quand il pourrait manger autre chose que du lait maternel.

Mais si son coloc était là, je sentais que ça allait finir en pugilat. Parce que j’étais vraiment jaloux de ce gars-là. Pas parce qu’il se tapait Carolyn… Il aurait fallu pour ça que j’aie eu des  sentiments pour la jeune femme et je savais maintenant, avec le recul, que ça n’avait jamais été le cas. Une amitié complice ouais, peut-être qu’il y avait eu ça à un moment donné. Mais de l’amour, non. J’avais aimé Zoey et je n’avais pas ressenti la même chose. J’avais quelque chose pour comparer.

Non, j’étais jaloux qu’il puisse jouer les pères de substitution.

Je sonnai à la porte de chez Lynn puis me reculai pour qu’elle puisse me voir de sa fenêtre à l’étage.

-Carolyn !... Ouvre… S’il te plait. Je viens en paix.

Ma voix déraillait un peu parce que j’étais plein. Ce qui était étrange, c’était que quand je chantais, elle ne déraillait jamais pourtant, j’étais parfois dans des états bien pires que maintenant sur scène.

Je marmonnai dans ma barbe.

-Et j’espère que l’autre est pas là…

Ça me tuerait de le voir jouer avec Lucky qui, lui, n’avait probablement même pas eu le temps d’imprimer que j’étais son père… Non, il était encore trop petit. Si ça se trouvait, il ne se souvenait même plus de moi.

@ Billy Lighter

Quand on devient maman,  on nous offre un petit manuel qui vise à répondre aux questions les plus fréquemment posées par les jeunes parents souvent trop rapidement inquiets. Ce petit livre est devenu, sans mentir, ma bible ! Je m’y refaire pour tout et pour rien, je le connais presque par cœur, du moins, les passages concernant les bébés âgés de quelques mois comme mon fils.  Nul doute que je saurai les prochains chapitres par cœur, eux aussi !

Cependant, j’ai eu beau le feuilleter ce petit guide pour parents nerveux, nulle part il est mentionné la charge incroyable de lessive que peut générer un bébé ! Déjà, les couches lavables c’est tous les jours un fardeau incroyable, mais les petits pyjamas, camisoles, bonnets, couvertures et j’en passe…  !  

Depuis que je suis levée ce matin, je ne vais que ça ! La lessive de Lucky,  parce que sa peau délicate préfère une lessive délicate et sans parfum alors qu’Ed et moi sommes abonnés à ce bon vieux Tide en poudre.  Tant que ça lave, je ne me plaindrai pas et, non, je ne ferai pas mon lavage avec le savon pour Lucky. Le prix de la petite boîte me donne envie de pleurer chaque fois que j’en achète une !

Je suis donc installée en tailleur au salon, un panier de vêtements fraîchement lavé à côté de moi et pleins de petites piles de vêtement que je plis et dispose ici et là pour pouvoir les ranger plus facilement plus tard dans les tiroirs, jadis les miens, de mon fils.  Pendant ce temps là, Lucky est confortablement installé dans sa balançoire pour bébé et babille joyeusement tout en découvrant qu’il a des orteils !

- Tu vas te foutre ton gros orteil dans l’orteil si tu continu, Kyky ! Regarde, ta chaussette est pleine de bave, déjà !

Il n’en a clairement rien à foutre, il est tout simplement trop captivé par sa découverte de ce matin. Et ça c’est quand il ne pousse pas un grand cri et qu’il se surprend lui-même.  Ça, ça me fait vraiment trop rigoler. Même Ed, avant qu’il ne parte ce matin avec son bagage puisqu’il doit faire plusieurs jours sur les routes, a semblé trouver ça drôle.  Depuis notre souper au Canter’s Deli, on dirait qu’Ed essaie de porter plus attention à mon fils ou du moins, il s’implique d’avantage.  Je me redresse et marche à quatre pattes au travers des piles de linges pour lancer l’enregistrement que m’a fait Jake, celle de la petite chanson qu’il a chantée à Lucky au restaurant et qui a fait un miracle sur l’humeur de mon garçon.

J’essais de me la passer aussi souvent que possible pour apprendre la phonétique, puisque je n’ai aucune idée de comment écrire les mots que j’entends.  J’ai hâte de pouvoir mieux l’apprendre puisque Jake m’a proposé de me l’apprendre. En attendant, je me forme l’oreille en écoutant en boucle l’enregistrement.

J’étais à ce point concentré que je sursautais quand la sonnette de l’entrée résonna.  Eddy m’a laissé un message un peu plus tôt pour me prévenir qu’il passerait pour que l’on puisse se parler.  C’est quand même drôle les hasards de la vie… il devait préférer me dire ça sur répondeur et moi, je n’ai pas su prendre l’appel parce que j’allaitais Lucky.

Je me levais donc pour déverrouiller la porte de l’entrée et ouvrit ma porte pour l’attendre.  Il ne prit pas longtemps pour rejoindre mon étage et entra après que je l’ai invité à le faire.

- Salut Eddy ! Je suis contente de te voir, pas tant que ça mais il est inutile de relancer les hostilités. Lucky est dans sa berceuse au salon, si tu veux aller le prendre, il préférera être dans tes bras, sans aucun doute.

Et comme ça, je pourrai continuer de plier ses vêtements tout en attendant de voir sur quelle avenue Eddy désire lancer la conversation entre nous.

@ Billy Lighter

Lynn daigna m’ouvrir et je grimpai les escaliers quatre à quatre avec la discrétion d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Je frappai à sa porte et elle m’ouvrit en affirmant qu’elle était contente de me voir.

-Ouais… Moi aussi…

Sans plus de conviction, mais j’étais là pour des réconciliations, au moins pour un point de vue purement logistique.  

Lynn était jolie, l’air un peu fatiguée, mais jolie. Après tout, elle avait quelqu’un pour qui être jolie, hein, maintenant. Même si quand j’entrai dans l’appartement, je ne vis nulle trace du « coloc ». Par contre, mon fils était dans sa berceuse dans le salon. Alors c’est vers là que je me précipitai pour voir ce petit qui me semblait avoir bien grandi et grossi depuis la dernière fois que je l’avais vu.

-Il est plus grand, non ? Et plus gros aussi.

Je dis ça en souriant à Lynn, ravi de voir que toutes les ombres qui planaient sur Lucky se dissipaient à vue d’œil.

-Hey Lucky ! Tu te rappelles de moi ?

Aussi doucement que possible, je le détachai puis le pris dans mes bras alors qu’un lecteur de cassettes lui diffusait de la musique. Ou plutôt, la voix de quelqu’un qui lui chantait une chanson dans une langue étrange.

-C’est quoi, la musique que tu lui passes ?

En tout cas, le petit avait l’air d’aimer ça. Il était tout calme. Mais il me semblait avoir plus de force comme pour bien soutenir sa propre tête. Je le plaçai contre mon épaule, sa joue contre ma joue, comme Sonne m’avait appris à le faire.

Puis, je me tournai vers Carolyn…

-J’ai parlé avec Daniele. Je ne vais pas aller en désintox’, on ne peut pas, pas maintenant…

Lucky gazouillait contre moi et ça me faisait sourire, malgré que ce que j’avais à dire à Lynn n’avait rien de drôle.

-Mais je vrai avoir un coach de vie pour pouvoir à la fois modérer ma consommation d’alcool et que tu me laisse au moins venir voir Lucky ici le temps qu’il soit assez grand pour pouvoir venir passer toute la semaine chez moi.

Je haussai les épaules, espérant que ça la convaincrait.

-Qu’est-ce que t’en penses ?

@ Billy Lighter

Plier toute la lessive propre ou me ter une discussion avec mon ex ? Le choix me parait évident; je choisis la tâche ménagère sans hésitation. Pourtant, j’ouvre la porte à Eddy et l’invite à entrer et à retrouver notre fils au salon en ajoutant même que je suis contente de le voir. Ce n’est pas si vrai que ça mais si ça peut éviter une prise de tête, peut-être que ça peut valoir la peine.

Je me réinstallais au sol pour continuer ma besogne et je souriais en retour à Eddy qui s’extasiait de voir que notre garçon semblait avoir grandit depuis la dernière fois. Il le voit malheureusement moins souvent que moi et, si je me end moins compte facilement en le regardant qu’il grandit, de passer de pyjama  newborn à ceux de trois mois et plus est un bon indice sur la courbe de croissance de Lucky.

- Oui, il fait une belle remontée. Le médecin le trouve encore petit mais en considérant d’où il part, c’est quand même satisfaisant.  

Lucky a une sacrée pente à remonter, il ne fait pas se leurrer, cependant, il ne recule pas et c’est là qu’il faut se réjouir.

- Oh c’est…  c’est Jake Snyder, tu sais l’animateur radio ? C’est une chanson qui calme Lucky a tous les coups. Il m’en a fait un enregistrement.

Et je fais volontairement l’impasse sur le fait qu’il m’apprend aussi à la chanter parce que les mots sont à la fois incompréhensibles et imprononçables.  Au moins, en attendant que je métrise correctement la chanson, je peux passer l’enregistrement et j’avoue que ce n,est pas désagréable a entendre.

J’empilais petits pyjamas par-dessus petits pyjamas alors qu’Eddy sortait Lucky de sa berçante pour le prendre contre lui comme s’il s’agissait  de son bien le plus précieux, puis il me lança comme ça, comme si c’était quelque chose qui me concernait, enfin, si peut-être un peu, qu’il n’irait pas en désintox. J’écoutais chacune de ses paroles en me disant que c’était quand même ce que je lui avais proposé, enfin sans appuyer vraiment sur sa consommation d’alcool.

- L’important c’est que tu prennes soin de toi, Lucky n’aura jamais un autre papa que toi, tu sais.

C’est quand même cool qu’il ait prit le temps de venir ici pour me l’annoncer. Ça me laisse croire qu’il a fait un cheminement dans sa tête, peut-être assez pour que je puisse lui répéter encore quelles étaient mes intentions.

- Tu sais, Eddy, je n’ai jamais eu l’intention de t’exclure de la vie de notre fils.  C’est normal, je crois… je me sentais comme si j’avançais à l’aveuglette  sur un tapis d’œufs, qu’au tout début, rien ne soit facile.

Pour lui comme pour moi, c’est une toute nouvelle aventure qui n’a pas de règles définies. Les gens en général foncent dans la parentalité à deux alors que nous, nous faisons chacun notre  chemin sans savoir ce qui nous attend après chaque tournant. Peut-être, et je dis bien peut-être, que c’est plus facile pour moi et qu’Eddy mène sa barque comme sur un lac en pleine tempête mais  nous ne perdons pas de vu notre fils, au centre de tout ça.

- C’est ce que je veux aussi. Que tu puisses avoir Lucky avec toi une semaine sur deux et qu’en attendant, tu puisses le voir aussi souvent que tu en as envie. C’est ce que je t’expliquais la dernière fois.  C’est simplement que rien ne se fait comme par magie et qu’il faut procéder par étape.  

Ma pile de petits pyjamas complétée,  je passais aux petites chaussettes. Depuis qu’il a découvert ses orteils, il ne fait que sucer ses chaussettes et je passe mon temps à lui en remettre des secs et qui n’ont pas l’odeur de vomit.

- Si tu veux, j’ai mon horaire du restaurant pour la prochaine semaine. Jess Kurtz vient le garder normalement mais si tu veux tu pourrais venir pour le garder ici ou l’amener chez toi, comme tu veux et moi je passe le prendre après le boulot ? Ça serait un truc qui te convient, Eddy ?

On parle quand même de trois, parfois quatre jour par semaine ce qui est quand même  beaucoup et ça lui permettrait de développer son lien avec notre fils avant de le prendre vraiment à temps plein.

@ Billy Lighter

Lucky me semblait faire le double de sa taille et de son poids de quand je l’avais vu la dernière fois. Et Carolyn de confirmer que, si les médecins disaient qu’il était encore un peu petit, il remontait bien la pente étant donné d’où il partait.

-Tu vas voir ! Il va déjouer tous les pronostics et devenir un géant. Je suis content de ça.

Il avait de qui tenir, non ? Et question d’être têtu et d’en vouloir, il pouvait hériter ça de sa mère qui s’était battue corps et âme aussi contre de mauvais pronostics. Je n’en démordrai pas que c’était surtout un sacré coup de bol qu’ils soient passés tous les deux par le chat de l’aiguille mais je devais bien m’incliner, et heureusement, devant ce que je voyais et qui était la preuve que ça avait valu le coup de se battre… Enfin, Carolyn s’était battue, pas moi. Moi, j’étais en tournée et je n’avais vu que par ça et quand je pensais à Lucky et Lynn, ça me rendait nerveux, malade ou anxieux tellement j’’avais peur que l’un deux, voire tous les deux, y laissent leur peau.

Mais c’était de l’histoire ancienne. Là, tout le monde était vivant et Lucky avait plein de petits habits que sa mère s’efforçait de replier et de trier.

Je demandai alors à Lynn quelle drôle de musique qu’elle lui passait. C’était le chant d’un homme a capella dans une langue que je n’arrivais même pas à identifier. Lynn m’informa que c’était Jake Snyder sur la bande, l’animateur radio.

-Waw… mais comment tu fais pour rencontrer tout du beau monde ? C’est au Canter’s Deli ou quoi ?

J’avais passé un cap…. Je n’allais pas l’accuser de coucher à tout va parce que même si c’était vrai, ce n’était plus mon problème. Ça ne l’avait jamais été. Mais pour ce qui était de rencontrer des stars, à mon humble avis, c’était plutôt à son travail. En effet, le Canter’s Deli était reconnu pour être le repère de nombreuses stars venant s’y ravitailler en pleine nuit.

J’expliquai ensuite à Lynn que je n’irais pas en désintox’, mais que j’allais prendre un coach de vie… Enfin, Daniele allait m’en trouver un. Parce qu’on ne pouvait pas disparaître de la circulation comme ça. Pas maintenant, pas après une tournée, pas alors qu’on était en pleine phase d’écriture d’un nouvel album.

Et je crois que Carolyn approuva… Elle était contente tant que je prenais soin de moi.

-Bah c’est ce que je vais faire avec le coach de vie… C’est comme une désintox mais à la maison.

Et ça tombait bien parce que je ne me sentais pas suffisamment alcoolique que pour entamer une vraie désintox’… Ouais, allez, je buvais un peu plus que la moyenne, mais c’était parce que je faisais plus de fêtes que la moyenne des gens. Mais de là à en faire une maladie…

Carolyn disait qu’elle n’avait jamais voulu m’écarter de la vie de notre fils. Ouais ben c’était pas l’impression qu’elle m’en avait donné la dernière fois. Ce n’était pas l’impression qu’elle m’en avait donné quand je lui avais expliqué que, même si elle était la mère de mon fils, elle n’aurait rien. Tout ce que je ferais, ce serait pour Lucky et non pour elle… Comme ce compte en banque sur lequel on pouvait verser de l’argent pour Lucky mais qu’aucun de nous ne pourrait en retirer. Le seul qui pourrait, ce serait Lucky, quand il aurait 21 ans. C’est-à-dire presque mon âge à moi.

-Ouais… Je sais que je ne suis pas encore à la hauteur pour m’occuper d’un si petit gars. J’ai du appeler la secrétaire de Daniele à la rescousse la dernière fois parce que je n’arrivais pas à le calmer.

Donc, en gros, j’étais d’accord d’attendre encore avant de le prendre chez moi une semaine sur deux.

-Elle m’a montré deux ou trois trucs.

Lynn, elle, voulait bien que je le garde quand elle travaillerait. Et mes yeux s’illuminèrent.

-Je veux bien le garder avec Jess Kurtz.

Comme ça, en cas de problème, je ne serais pas tout seul. Et en plus, la file de Sniper avait l’air super sympa. Dommage qu’elle soit si jeune…

-Ouais, ça me convient…

Je regardai autour de nous…

-Et ton coloc ? Il est où celui-là ?

@ Billy Lighter

Nous avons créé un véritable petit guerrier, Eddy et moi.  Lucky n’a jamais cessé de se battre, alors même qu’il était dans mon ventre, et maintenant qu’il est au monde, il continu de donner tout ce qu’il peut chaque jour pour montrer qu’il est fort et qu’il sera un gamin comme les autres.

- Il en déjoue tous les jours, c’est incroyable. Les infirmières à l’hôpital le surnomment le petit héro !

Je me suis toujours dis que je lui ferais bien une cape, juste pour rigoler un peu puisqu’il a le surnom qui va avec.  Et puis avec les gênes qu’il a, pas le choix d’être têtu dans la vie ! En plus, je suis certaine qu’il va tenir d’Eddy pour la grandeur parce que ses pyjamas lui font toujours niveau de la taille c’est pour la grandeur… il grandit plus vite qu’il n’engraisse.

Je m’attendais à une remarque cinglante concernant Jake Snyder et la berceuse qu’il m’a enregistrée pour Lucky mais  non.  En fait, Eddy semble plutôt impressionné de comment je peux rencontrer facilement des gens connus.  

- Oui, au resto c’est facile vous venez tous là.  Et Jake est un grand ami de Mark, le propriétaire de l’endroit donc il y est souvent.

J’empilais les nouveaux pyjamas de Lucky en une pile qui irait dans sa chambre, puis je pliais aussi les vieux, ceux que j’irais porter à l’hôpital pour donner à des jeunes mamans qui n’ont pas beaucoup de moyen.  Je trouve ça important de donner au suivant.

Bref, je faisais ça tout en écoutant mon ex petit ami pour qui je ressens encore quelque chose, je m’en rends malheureusement compte chaque fois que je le vois, me dire qu’il n’irait pas en désintox, qu’il prendrait un coach de vie à domicile parce qu’avec son groupe ils ne peuvent tout simplement pas. La consommation excessive d’Eddy m’inquiétais mais je ne me sentais pas en mesure de lui en parler, cependant, mon rôle à moi était de prendre soin de notre fils et de le protéger.  Sachant qu’Eddy a fait une prise de conscience, je me sens moins stressée et je peux maintenant envisager de franchir certaines étapes avec mon ex, pour faciliter la transition avec Lucky.

- L’important, je crois, c’est que tu te sentes à l’aise avec le moyen que tu utilise. Ça sera plus facile  de cette manière que si tu le fais contre ton gré.

C’est mon opinion et j’espère qu’en la lui partageant, il se rend compte que je ne suis pas  fermée à lui, que je sais être heureuse pour lui et de ce qui lui arrive.  

- C’est super si tu as pu avoir de l’aide avec Lucky.  Tu as fait ce qu’il fallait, c’est chouette.

Il ne s’est pas laissé envahir par le stress et il a trouvé une solution. Moi, ça ne fait que me montrer que mon ex a agit en adulte en prenant une bonne décision. Je trouve ça bien et ça me rassure.  C’est ce qui m’amène aussi à lui parler des plages horaire où je dois faire garder Lucky par Jess Kurtz et qu’il peut, s’il veut, venir lui aussi.  Et puis quand il se sentira vraiment à l’aise, je pourrai peut-être dire à Jess que de temps en temps, Eddy gardera seul. Ma proposition semble vraiment lui faire plaisir.

- Super !  Je suis vraiment contente ! Sincèrement, Eddy, je crois qu’on peut y arriver pour notre fils. On lui donnera au moins ça.

Et Eddy de surfer sur la vague en  n’en profitant pour questionner sur Ed.

- Il n’est pas là pour le moment il est sur la route pour la semaine, peut-être plus longtemps ça va dépende des livraisons.  Mais je ferai en sorte que vous ne vous croisez pas, puisque c’est pas le grand amour entre vous deux.

Je me levais et allais chercher mon horaire affiché sur le frigo pour le donner à Eddy afin qu’il sache quand il voudra venir. Il peut aussi venir chaque fois que je serai au travail.

- Et tu peux passer aussi, même si je ne travail pas. Je veux dire, comme maintenant. Tu n’as pas à te priver de voir Lucky, d’accord ?

Et puis nous ne sommes pas obligés de se parler pendant qu’il vient voir notre fils. Je peux tout aussi bien en profiter pour faire tout ce que le petit ne me permet pas de faire dans une journée.

- Au fait, pourquoi tu m’as dit «  Je ne vais pas allés en désintox » ? C’est comme si c’était moi qui t’aurais poussé à aller vers un centre…

Si je lui ai donné l’impression que c’était ce que je voulais, c’est moche, parce que sauf quand il a notre fils, il peut bien faire ce qu’il veut… tout ce que je lui demandais s’était de prendre soin de Lucky.

@ Billy Lighter

-Ouais, je sais, elles me l’ont dit aussi, pour le surnom.

Et je me souvenais que j’avais été très fier quand on me l’avait dit. Malgré qu’il n’était pas né à terme, Lucky n’en était pas moins un magnifique bébé. Bon, ok, je suis peut-être pas objectif parce que c’est moi le père mais bon.

Pour l’instant, le petit était en train d’écouter une drôle de chanson sur une bande enregistrée. Lynn m’expliqua qu’il s’agissait de la voix de l’animateur radio Jake Snyder et je m’étonnai de la facilité avec laquelle Lynn nouait des liens avec des personnalités en tout genre… mais cette fois, je m’abstins d’insinuer qu’elle couchait avec tous ceux qu’elle croisait. C’était bas comme coup et de toute façon, au point où on en était, Carolyn pouvait bien coucher avec qui elle voulait. Ce n’était pas comme si nous étions encore ensemble.

Ni comme si j’avais encore un espoir de sauver notre couple qui, à mes yeux, était mort depuis un moment.

Mais ce n’était pas une raison pour être mesquin. Et bref, tout ça pour dire que le Canter’s Deli était juste le meilleur endroit pour voir passer toutes les stars de la ville.

Je berçais l’enfant contre moi, comme Sonne et les infirmières avant elle me l’avait montré.

Assise au milieu du salon, Carolyn continuait sa besogne…

-Je lui achèterai aussi des petits vêtements. Faudra juste que tu me dises la taille…

J’avais envie de lui en fournir quelques un à l’effigie de Roadtramp vu que maintenant, on avait plein de produits dérivés Roadtramp.

Je lui annonçai qu’on ne pouvait pas, le groupe et moi, aller en désintox’ mais que moi, sur le conseil de Daniele afin qu’on ait pas à recourir aux avocats, j’allais prendre un coach de vie. Et Carolyn de me répondre que peu importe comment je le faisais, tant que je le faisais de mon plein gré. C’était plus facile que je ne le croyais. Moi, je pensais qu’elle allait être furax que je n’aille pas en désintox’ comme Sonne m’avait dit de le faire.

D’ailleurs, en parlant de Sonne, Carolyn sembla rassurée que j’aie eu le réflexe de l’appeler. En fait, j’avais carrément paniqué et j’avais été pris au dépourvu pour une couche pleine mais aux yeux de Lynn, j’essayai que ça ne paraisse pas trop.

Je lui souris quand elle affirma qu’on allait y arriver, pour notre fils.

Je demandai pour le coloc’, mais il n’était pas là. Tant mieux parce que comme elle le disait, je ne le portais pas vraiment dans mon cœur.

-Ouais, non… je le sens pas ce type-là.

Elle alla chercher, du coup, son planning de la semaine en me disant que je pouvais venir quand je voulais. Je souris…

-Ok… Super, merci.

Je revins près de Carolyn pour que notre enfant soit bien calé entre nous deux. Pour qu’il ressente le contact de ses deux parents pour la première fois. Il était d’un calme qu’il devait probablement tenir de sa mère… En tout cas, ce n’était pas un de mes traits de caractère que d’être calme.

Et Carolyn d’attirer mon regard sur elle quand elle me demanda pourquoi je lui avais dit que je n’allais pas aller en désintox’.

-Ben… C’est que tu m’as dit que je devais être sobre la dernière fois, pour voir ou avoir Lucky. Et Sonne, elle, la secrétaire de Daniele, a carrément dit qu’il fallait que j’aille en désintox’… Mais on ne peut pas, pas maintenant.

Même si, encore là tout de suite, je n’étais pas plus sobre qu’à notre dernière rencontre. J’étais toujours saoul h24… J’étais juste pas furax. Mais je sentais toujours autant l’alcool.

-On a trop de projets avec Roadtramp que pour aller s’enfermer pour un temps indéterminé dans un centre. Puis même… Je veux pas aller là-bas… Un coach de vie sera suffisant, c’est pas comme si je buvais tant que ça.

@ Billy Lighter

Je souriais distraitement alors même qu’Eddy me répondait qu’il avait lui aussi été mis au courant du surnom que donnent les infirmières à notre fils. Depuis sa naissance qu’elles l’appellent le petit héro parce qu’il  remporte plus de victoires qu’il en était permis de le croire.

J’étais donc installée sur le plancher du salon au milieu de pile de petits vêtements, entrain de me dire si tel pyjama ne pourrait pas encore lui faire, puis de le mettre dans la pile des dons parce qu’il devra se retrousser les orteils, enfin bref, malgré que Lucky soit encore trop petit au goût du médecin, je devais quand même  passer une taille, voir deux, plus grandes pour ses vêtements.

- J’apprécie beaucoup Eddy.  En fait, il faut aller dans le 3 à 6 mois parce que les nouveaux nés  sont vraiment trop petits.

Et je plaçais justement un des pyjamas trop petit devant un qui lui fait pour lui montrer qu’il  a bel et bien prit en taille, notre fiston.

- C’est dingue ça, je ne me rends pas compte qu’il grandit pourtant… tu vois comme moi tout ce qui ne lui fait plus, déjà !

J’ai l’impression que je vais revivre ce choc  souvent pendant sa première année de vie, aussi bien me préparer et renforcir mon cœur de mère.

Et parlant de se renforcir, Eddy me lâcha sans prendre de détour ses intentions sur son mode de vie.  Il a l’intention de se prendre un coach de vie pour l’aider à améliorer certains aspect de sa vie. Ce que j’en dis, c’est que déjà, qu’il ait eu cette prise de conscience là, c’est formidable. Je n’ai pas de problème d’addiction mais j’en ai vu de tous les genres et je sais que ce n’est vraiment pas simple de faire le premier pas. Les autres non plus, d’ailleurs mais le premier va décider de la suite.

Alors je crois bien de le lui dire.  Qu’il sache que cette initiative là est une bonne chose et que pour moi, ça va faciliter beaucoup à lui permettre de passer du temps avec notre fils. La première fois, vu son état, je n’ai même pas voulu qu’il parte avec Lucky en voiture. J’ai stressé pour la suite, parce que même en pleine possession de ses moyens, ce n’est pas simple de prendre soin d’un si petit bébé.  En plus de ça, il a su trouver de l’aide en la personne de Madame Moriarty, la secrétaire de son manager.  Ça me rassure, quand même. Ça me laisse savoir qu’il sait faire preuve de jugement.

Nous n’avons pas réussis notre couple, mais au moins, nous aurons réussis notre séparation !

Quand Ed revint sur le sujet, je me sentis un petit peu nerveuse. Je ne voulais pas relancer les hostilités surtout que je ne pouvais pas définir sans aucun doute la relation entre moi et mon colocataire.  Nous avançons lentement et j’ai manifesté mon désir de bien prendre mon temps ce qui semble être parfait pour Ed. Rien ne sert de se précipiter, avec Eddy, c’est exactement, entre autre chose, ce qui a fait couler notre histoire.

J’allais ensuite à la cuisine lui chercher mon horaire de la prochaine semaine et la lui remis. Eddy pourrait venir quand je suis absente et que Jess Kurtz fait du babysitting, mais en lui remettant le papier, je lui confirme qu’il peut également venir aussi souvent qu’il en a envie.  Eddy s’était rapproché de moi et posé Lucky entre nous deux. Je chatouillais notre fils qui, de plus en plus, avait des réactions aux stimulis. J’adorais l’entendre rire, le voir sourire.

La discussion pouvait se terminer là, j’aurais continué ma petite corvée qui achevait pendant qu’Eddy  bercerait Lucky mais j’avais besoin de savoir pourquoi il m’avait annoncé ne pas aller en désintoxication, comme si c’était moi qui le lui aurait ordonné. J’écoutais  sa réponse, hochant docilement de la tête, un peu surprise de son cheminement d’idée mais pas  non plus renversée. Disons que l’un dans l’autre tout faisait du sens.

- En fait, ce jour-là…. Tu étais à ce point en colère, j’ai eu peur, Eddy.  Je ne t’avais jamais vu dans un état pareil et j’étais… je ne savais pas quoi penser. J’étais divisé entre mon désir de te voir prendre ta place dans la vie de Lucky et mon instinct hyper protecteur de mère.  

Je soupirais en haussant des épaules puis je le regardais.

- Tout ce que je te demande, c’est de faire attention quand tu as Lucky mais ta vie ne me regarde pas, je n’ai pas le droit de te dire quoi faire. Et pour Sonne… tu savais qu’elle était déjà sortie avec Atticus Fetch ?  Je crois que quand on a un ex comme ce type là, on doit être vite sur la recommandation de centre.

Une groupie telle que moi en sait assez sur ses stars pour faire des liens. Je regrette de ne pas l’avoir fait avant. Cependant, même si la désintox serait la meilleure des options, du moins celle qui a le plus de chance de réussite, avec les projets que Roadtramp ont un coach de vie semble être la solution gagnante.

- Il faut être déterminé pour  prendre cette avenue. Je crois en toi et je t’encourage de tout mon cœur Eddy. Je sais que tu peux réussir.

Je me retenais bien aussi de lui dire que, oui, il buvait tant que ça. Le coach de vie allait surement le lui faire prendre conscience. Je plaçais ma main sur la sienne, en tout bien tout honneur il n’y avait rien de plus dans ce geste qu’une démonstration de mon appuie. Je n’ai aucune raison de lui souhaite de malheur.

- Tu veux changer sa couche pendant que je range ses vêtements ? Il va bientôt vouloir boire, si tu veux, ensuite, tu pourras le bercer pour l’endormir.

@ Billy Lighter

Je notai dans mon esprit, bien que brouillé par l’alcool, que le petit avait besoin de vêtements taille trois à six mois ! Je regardai l’enfant dans mes bras et souris, plus que fier ! Surtout quand, en plus, Lynn illustra les choses en posant un petit pyjama sur tout le long du corps du bébé qui en dépassait effectivement les mensurations.

-Mon grand garçon ! Tu vas tous les faire mentir, ces vilains docteurs !

Je n’avais rien contre les médecins, mais j’aimais l’idée que Lucky soit parfaitement normal malgré sa naissance difficile. C’était déjà mieux de reporter la « faute » sur les médecins que sur Carolyn qui n’avait fait qu’être victime de la situation autant que moi… Avec un peu plus de recul (et une conversation avec mon manager et sa secrétaire), je voyais les choses d’un point de vue plus « adulte ».

De fil en aiguille, on en vint à une question que se posai Carolyn : comment j’en étais venu à croire qu’elle voulait que j’aille en cure ? Mais je lui expliquai que c’était moins à cause de ce qu’elle m’avait dit que ce que Sonne m’avait dit de faire.

Carolyn s’expliqua un peu sur sa réaction de ce jour-là…

Je pinçai les lèvres, gêné.

-Ouais… Je n’étais pas moi-même. Je suis d’un naturel colérique mais quand j’ai vu qu’il y avait un autre homme qui vivait avec mon fils, ça m’a fait péter les plombs. Mais c’est ta vie et je sais maintenant que personne ne pourra me remplacer dans le cœur de Lucky. Si j’ai eu des mots durs envers toi, je te prie de me pardonner.

Et Lynn, en bonne groupie qu’elle était, de faire les liens entre ce que m’avait dit Sonne et ce que la secrétaire avec vécu.

-Et on était chez Fetch puisque j’ai acheté son manoir, ça n’a pas dû l’aider…. Mais bon, Daniele nous a donné une solution qui me semble être un bon compromis.

Je souris à Lynn puis à Lucky qui riait quand elle le chatouillait. Et elle m’encouragea pour la suite, disant qu’il fallait être déterminé pour y arriver…

-On y arrivera. Je suis sûr que ce n’est pas si grave que ça…

De ça, j’en étais toujours persuadé.

-Merci, Lynn…

Tenant mon fils d’une main, elle put placer la sienne sur ma main libre en signe de réconfort et je l’embrassai sur le front.

-On y arrivera… même séparés, on offrira une belle vie à Lucky.

Lynn proposa alors que je change la couche de Lucky pour qu’en suite, il puisse boire au sec et enfin, le bercer pour qu’il s’endorme.

-Ok, ouais, je veux bien faire ça.

J’avisai la table à langer et répétai les gestes que Sonne m’avait montrés lorsque nous étions chez moi. J’avais des gestes un peu hésitants, un peu maladroits, mais j’arrivai à mes fins… Je lui remis son petit pyjama et revins près de Carolyn…

-A toi de jouer maintenant.

@ Billy Lighter