Les séances de psy de Samantha avaient – enfin ! – portées leurs fruits. Samantha dormait bien mieux même si à un moment, ça avait été encore pire qu’avant. Sa psychologue semblait avoir fait du bon travail malgré mon scepticisme à un moment donné. J’avais même dit à Samantha de tout arrêter à un moment où elle était au plus mal. Seulement, il semblait que l’adage, on combat le mal par le mal était celui de Litrell… Elle a de la chance que ça avait porté ses fruits.

Putain – j’étais content qu’on soit plus ou moins sorti de tout ça. Peut-être que maintenant, on allait pouvoir obtenir l’enfant qu’on désirait. Parce que pour le moment ce n’était pas très fructueux – ce qui touchait salement mon pauvre ego. Ce n’était pas faute de s’y mettre assidument, pourtant !

La nuit avait été calme et ce matin c’était déjeuner tranquille – c’était le week-end alors personne n’avait à quitter la villa aujourd’hui. Je commençais à aimer ce genre de journée – putain, c’est certainement un sale signe qui signifiait que je vieillissais.

Je buvais un Irish Coffee préparé par Erik tout en lisant le journal italien – j’étais abonné à la presse italienne et je lisais ça chaque week-end. Samantha et Tony étaient aussi attablés – ce qui n’était pas le cas d’Erik qui était déjà parti ranger les chambres.

-Mamma… Tony veut encore manger, dit la voix de bébé de Tony.

Putain, encore ?! Il avait déjà bouffé une tartine de choco entière ! Ce gamin est devenu un estomac sur patte et il savait à qui demander sa pitance. A ma pauvre Samantha – qu’il commençait à appeler « mamma » à tout va. Il savait comment faire pour que tout le monde soit à ses pieds. C’est une vraie vile créature de l’Enfer !

-Tu as déjà bien trop mangé, lâchais-je sans relever la tête de mon journal.

Seulement, Tony était très doué pour m’ignorer quand je ne voulais pas accéder à sa demande.

-Mamma ?, dit-il certainement en sortant son petit air de malheureux.

Putain, voudrait-il devenir gros ? Si son rêve est de devenir footballeur – ce qui serait un échec en soi – il devrait se mettre à la diète dès aujourd’hui !

J’avais laissé Samantha gérer le cas de l’estomac de Tony – ce gamin m’ignorait de toute manière. J’avais continué de lire jusqu’à arriver aux faits divers. Je commençais toujours par les pages sport.

Seulement, arrivé en deuxième page des faits divers, ma bouche s’était entrouverte.

-Putain !, m’exclamais-je surpris.

-Putain !, s’exclama – tel un perroquet – Tony.

Je n’avais pas prêté attention à ça – je m’en fichais que Tony puisse répéter tous les gros mots possible. J’étais trop choqué parce ce que j’étais en train de lire. Alice Conti, ma dernière cousine vivante, avait été tuée chez elle avec le reste de sa famille.

Putain, Jim !

C’était ma première idée – mais elle ne tenait en rien la route. Ça ne pouvait pas être Jim. C’était sans doute autre chose. Mais, putain, les Conti prenaient tous pour leur grade.

J’avais regardé Samantha. Dans l’article, il était inscrit que les enquêteurs pensaient à un règlement de compte. Ils faisaient même un lien avec le massacre qui avait eu lieu à L.A.. Seulement, ce n’était pas possible. Alice devait avoir d’autres ennemis.

-Lis-ça, dis-je en faisant glisser le journal à Samantha.

C’était inutile de le lui cacher – elle allait le lire juste après moi.

-Ça s’est passé il y a quelques jours à peine… Tous… Même les gosses, dis-je toujours un peu choqué.

@ Billy Lighter

Assise à la table de la cuisine, Tony sans sa chaise haute entre son père et moi, je bâillais tout en me passant une main dans mes cheveux et mon autre, dans ceux de Tony qui me faisait de beaux sourires, son visage couvert de chocolat.  Je me serais bien laissé tenté par un Irish Coffee moi aussi mais avec nos essais bébés, je préférais éviter l’alcool sous toutes ses formes et vu l’ardeur que nous mettions à réussir l’étape de la conception, sait-on jamais si je ne serais pas déjà enceinte ?

Daniele était plongé dans son journal et moi, dans mes pensées, jouant distraitement avec ma fourchette au travers de mes œufs brouillés.  Tony se tourna vers moi, en réclamant encore à manger.  Ce petit nous fait une poussée de croissance de toute évidence. Il mange pour deux et plus encore. J’étirais mon bras pour attraper une tranche de pain frais mais Daniele, sans même relever les yeux de son journal, grommela qu’il avait déjà suffisamment mangé.  Tony et moi, malgré l’avis de son père, échangeons un regard complice et je trempais mon couteau dans la tartinade chocolaté et l’étendis généreusement sur le pain puis la repliais en deux avant de la lui déposer sur sa tablette. Croyez-le ou non, ce petit développe une aversion profonde pour les choses que l’on lui tend. Il aurait été capable de refusé cette tartine pour en réclamer une autre juste parce que je la lui aurais tendue… je me demande bien de qui il tient !

- Daniele !

Daniele était encore caché derrière son journal mais il s’était vivement redressé. Tony n’avait pas laissé passé l’occasion de répéter le vilain mot de son père ce qui m’avais fait lever le ton. Il ne semblait pas voir à quel point le petit le p renait en exemple et que de plus en plus, il répétait tout ce qu’il pouvait entendre.

- Je n’ai pas envie qu’il jure comme un Ricci quand il ira à une fête de gamins ou… tu écoute ce que je te dis, Daniele ?

Il avait abaissé son journal et il était aussi blanc que la crème que j’avais versé dans mon café sans alcool. Avant même que je ne prenne connaissance des écrits du journal, mon cœur battait déjà très vite. J’appréhendais… je ne sais pas quoi mais certainement rien d’aussi horrible que ce que je lisais. C’était plus fort que moi, je gémissais de douleur à la lecture de l’article. Leonardo, Damiano et Sandro venaient de rejoindre la liste interminable de victimes innocentes.  Je tremblais tellement que je ne pu lire la fin de l’article et laissais tomber le journal.

Tony ne mangeais plus. Il tenait sa tartine, son regard passant de son père à moi, puis de moi à son père. Je ne pouvais plus parler, ne serait-ce que pour le rassurer, je ne savais même pas comment réagir, quoi penser.  Je savais trop bien qu’il s’agissait d’un règlement de compte mais je doutais que ce soit en lien avec une quelconque menace Italienne.  Je restais muette, regardant Daniele droit dans les yeux, comme si je sondais ses pensées et, quand Erik réapparu dans la salle à manger, je pris Daniele par le bras et nous dirigeais vrs le salon.

- Je ne veux plus que ma mère reste là-bas ! Je ne sais pas quand exactement elle comptait s’en venir mais je veux que les dispositions soient prises pour qu’elle soit dans le premier avion possible à partir de maintenant !

Je faisais les cent pas dans la pièce puis je finis par venir me blottir dans les bras de Daniele et me laissais aller. Je ne portais pas Alice dans mon cœur pas plus qu’elle ne m’appréciait mais son époux, ses enfants… je ne peux pas concevoir que la folie meurtrière puisse  s’étendre jusqu’à tuer des innocents.  J’ai mal pour eux, des gens que j’ai côtoyés.

- Mario et moi prenions souvent les enfants chez nous, les week end et nous bâtissions des châteaux forts de coussins et de couverture dans le salon avec eux. Il n’y aura jamais de fin, Daniele… ça ne finira jamais.  

@ Billy Lighter

Samantha s’était exclamé quand j’avais juré – Tony avait juré à son tour par pur mimétisme. Cette vile créature de l’Enfer avait l’art de répéter tous les gros mots que je disais juste pour que je me fasse engueuler après. J’étais sûr qu’il faisait ça exprès !

Seulement, mes pensées étaient loin du vocabulaire de charretier de Tony contrairement à Sammy qui n’avait pas envie que le gamin jure comme un Ricci. Mais je ne l’écoutais pas – j’étais encore sous le choc par ce que je lisais dans le journal italien. Quelqu’un avait assassiné toute la famille d’Alice et n’avait pas épargné les enfants. C’était assurément un règlement de compte – le journal était clair bien que ça avait été maquillé en autre chose. Ma cousine était une Conti et je savais qu’elle trempait dans le même genre d’affaires que son père. Ce n’était pas possible que ça ait un rapport avec Jim – du moins, je l’espérais. Je ne pouvais pas croire qu’il soit du genre à tuer des gamins, surtout qu’Alice n’était pas une menace pour lui étant donné qu’elle croyait que celui qui avait tué les Conti était Fleming.

Putain – ça n’en restait pas moins choquant.

J’avais donné le journal à Sammy pour qu’elle puisse lire. Je lui avais tout de même fait un petit préambule mais la lecture semblait la faire quand même souffrir. J’étais navré pour ça – je pensais que tout ça était derrière nous. Putain, je n’aurais jamais dû ouvrir ce journal. Parfois, il valait mieux ignorer certaines choses… Bien que j’étais sûr qu’on aurait fini par l’apprendre.

Sammy tremblait et Tony s’était arrêté de manger sa toute nouvelle tartine. Elle avait déposé le journal et nous allions certainement commencer à en parler quand Erik était revenu dans la pièce. Samantha m’avait tiré jusqu’au salon dans le même temps.

Je l’avais suivi et Erik n’avait pas posée de questions – il allait sûrement s’occuper du reste du déjeuner de Tony.

Une fois au salon, les premières inquiétudes de Samantha étaient allées vers sa mère qui était toujours à Rome. On ne savait pas qui s’était débarrassé d’Alice et de sa famille pourtant Samantha semblait croire qu’il y avait un rapport avec le massacre qui avait lieu ici – alors qu’on savait très bien que le coupable ne ferait pas de mal à Sammy ou même à sa mère.

-Sammy, je ne pense pas que ta mère soit en danger, dis-je en la regardant faire les cents pas alors que j’étais planté au milieu de la pièce. La mort d’Alice n’a rien n’à voir avec ce qui a eu lieu ici. Ce n’est pas possible. Toi comme moi, on sait tous les deux qui est le coupable et il n’aurait jamais été assassiner Alice et encore moins le reste de sa famille. Il n’aurait aucun intérêt à ça. Alice n’était pas un danger pour lui. Je pense que ce règlement de compte a plutôt à voir avec toutes les affaires dans lesquelles trainait Alice. Les Conti ont beaucoup d’ennemis à Rome. Tu le sais autant que moi, dis-je en essayant de nous remettre les idées en place.

Seulement, je savais que tant que sa mère ne serait pas en sécurité ici elle allait y penser tout le temps.

-Mais si ça peut te rassurer, je peux prendre mes dispositions pour que ta mère puisse venir le plus rapidement possible, me résignais-je avant d’accueillir Sammy dans mes bras où elle s’était blottie.

Dans tous les cas c’était prévu qu’elle vienne – j’aurais seulement voulu que ça soit bien plus tard.

Samantha était accablée et les souvenirs des enfants d’Alice lui étaient revus en tête. Elle les avait connu – ce qui n’était pas mon cas.

-Si, ça finira un jour, lui assurais-je. Ta mère sera en sécurité ici et plus aucune menace ne pèse sur nous.

Seulement, rien ne ramènera les enfants d’Alice. Jim et moi ne savions que très bien – désormais – que chaque choix qu’on faisait dans le monde obscure dans lequel on avait mis les pieds tous les deux, lui par envie et moi par héritage, était un pas à réfléchir.

-Je suis désolé pour les enfants d’Alice, dis-je en passant ma main dans ses cheveux. Ils ne méritaient pas ça. Aucune gosse ne mérite de prendre pour ce que font leurs parents.

Je n’aimais pas m’occuper des gosses mais ce n’est pas pour ça que je ne voyais pas en eux des gamins innocents qui ne méritaient pas le sort que les enfants d’Alice avait reçus. Surtout que le journal n’avait pas été avare en détail.

-Dans tous les cas, ce n’est pas ta faute… Les seuls fautifs c’est Alice, celui qui a tiré et celui qui a commandité, dis-je pour que Samantha ne culpabilise pas.

@ Billy Lighter

Bien sûr, ma réaction ne pouvait qu’être irrationnelle. J’ai vu une partie de ma famille se faire assassiner sous mes yeux et j’apprends à l’instant que ceux qui survivaient toujours viennent de connaître le même sort et, bien que ma mère n’ait aucun lien avec quoi que ce soit de ce dans quoi les Conti trempaient, je veux qu’elle me rejoigne le plus rapidement possible ici.

- Je sais Daniele, je sais tout ça mais…  je ne saurai être tranquille que lorsqu’elle sera ici, faute de quoi, je crains signer pour ne nouvelles nuits d’insomnie !

Ce n’était pas une menace mais plutôt un fait.  Je n’arrive plus à me contenir et faire la part des choses dès que ça touche d’un petit peu trop près ma famille. Daniele aura beau me faire la preuve qu’Alice n’était pas un ange, ce que je sais déjà, et qu’elle trempait jusqu’au cou dans des affaires encore plus tordu que celles de son défunt père, ça aussi je le sais!

Daniele garde son sang froid, c’est exactement ce dont j’ai besoin. Bien évidement, Jimmy Reed n’aurait pas poussé le vice jusqu’à se rendre à Rome assassiner Alice, son mari et ses fils pour compléter son tableau de vengeance.  Je ne peux qu’hocher de la tête pour me ressaisir mais il m’est difficile de m’enlever de la tête que ma mère pourrait subir le même sort que mon père, lui aussi assassiné par la mafia. Et si c’était un nouveau chapitre de vengeance qui venait de s’enclencher avec l’assassina d’Alice et de sa famille ? Si ça se trouve, ce n’est pas ma mère qui est la prochaine sur la liste… mais le père de Daniele.

Je ne cessais d’aller et venir que lorsqu’il me rassura en me promettant faire tout ce qui était en son pouvoir pour que ma mère puisse nous retrouver ici, le plus rapidement possible.  Je me laissais aller dans ses bras, alors, sans pleure à fendre l’âme mais quand même chavirée par la triste nouvelle. Je ne portais pas Alice dans mon cœur et sa mort, pour être bien honnête ne me faisais ni chaud, ni froid mais les enfants… c’était insupportables, surtout avec les détails de l’article, c’était comme si j’avais pu ressentir leur détresse, l’horreur de leur derniers instants. Ils ont du faire face à la mort alors qu’à leur âge, le plus difficile à vivre devrait être à savoir s’ils mangent ou non une seconde part de dessert.

Pleins de souvenirs remontent dans ma tête, rendant encore plus difficile la tragique réalité. Je me laissais bercer par la voix réconfortante de Daniele qui se disait lui aussi désolé.  Il avait raison sur tous les points et je ne pouvais que reprendre le contrôles de mes émotions en me disant que tout irait bien, que je n’avais plus aucune raison de craindre qui ou quoi que ce soit et que bientôt, ma mère serait ici.

- Tu as totalement raison mon amour.

Je passais mes mains sur mon visage puis replaçais mes cheveux avant de regarder Daniele puis de l’embrasser.  Il savait toujours trouver les mots pour me réconforter et m’aider à faire la part des choses.

- Si ça se trouve, je suis enceinte et ça expliquerait pourquoi je suis une véritable bombe à retardement niveau émotions…

Je baissais le regard sur mon ventre caché dans mon peignoir puis y plaçais la main de Daniele que je regardais avec tout l’amour que j’ai pour lui.

- Tu penses que c’est possible ?

@ Billy Lighter

Samantha était inquiète pour sa mère – réaction irrationnelle mais compréhensible. L’assassinat d’Alice et de toute sa famille ne pouvait pas avoir de rapport avec ce qu’il s’était passé avec les Conti de Los Angeles et donc Samantha – et par extension, sa mère – n’avait rien n’à voir avec ça. Seulement, son inquiétude ne sera complètement éteinte que quand sa mère sera en sécurité ici.

C’est ainsi que j’avais cédé et que j’avais dit à Samantha que je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour qu’elle puisse venir ici rapidement et dans les meilleurs conditions. Ça serait arrivé un jour – avec ou sans les tous récents meurtres.

Samantha avait du mal d’encaisser l’horrible nouvelle. Je ne pouvais rien faire d’autre que de la rassurer. Il fallait faire la part des choses entre ce qu’il s’était passé avec la Casa Nuova et les affaires douteuses dans lesquelles trainaient Alice et qui l’avait mené à sa mort. Elle n’était pas la plus blanche des Conti – très loin de là. Je crois même qu’elle était un lien entre les Conti de Los Angeles et certaines mafias romaines.  Alice se faisait beaucoup d’argent en jouant sur différents fronts mais elle se mettait en danger dans le même temps – ça avait dû la mener à sa perte. Elle avait toujours voulu voir trop grand.

Ce qui était le plus triste ce n’était pas la mort d’Alice – c’était celle de son mari et de ses gosses. Sammy les connaissait ce qui rendait le choc plus dur à encaisser. Putain – elle venait à peine de terminer sa psychothérapie que ce nouveau drame venait s’ajouter à l’ancien. Le sort n’arrêterait-il pas de s’acharner sur ma petite amie ?

Seulement, mes paroles avaient fait leur petit effet. J’avais été récompensé par un baiser. Sammy avait dit que c’était peut-être les hormones qui la faisaient réagir de la sorte. Moui – c’était possible. Seulement, j’avais bien peur que ça soit surtout à cause du choc de la nouvelle. Bien que maintenant qu’elle en parlait, je trouvais que c’était une bonne façon de penser à autre chose qu’à ce nouveau drame.

-Je crois que c’est plus que possible que tu sois enceinte, dis-je avec un sourire en caressant son ventre. Ça serait bien en tout cas… Mon ego commence à ne plus savoir encaisser les échecs.

Tony avait été fait malgré moi et, quand j’avais décidé d’en faire un, ça devenait toute une épreuve – c’était quand même mal fait.

-Après tout ce qu’on a vécu, je suis sûr qu’on va bientôt avoir une récompense pour avoir tenu le coup. Surtout toi, dis-je en continuant de caresser son ventre.  

Je l’avais embrassé. Ça faisait du bien un peu de légèreté – et d’espoir – après ce qu’on venait encore de lire.

-Si tu tombes enceinte, j’imagine que tu ne vas pas prévoir de tournée mondiale avec The Lightening ?, dis-je avec une envie soudaine de la garder auprès de moi au moins une année entière. Bien que Knowles pourrait y aller seul si c’est le cas…

On ne parlait jamais travail ensemble – à cause de nos ego respectifs et de la rivalité entre nos maisons de disques. Seulement, ici, c’était toute autre chose.  

@ Billy Lighter

Daniele me calme, comme lui seul sait le faire. De nous deux, il est celui qui a le meilleur contrôle de soi même.  J’ai perdu des plumes à ce niveau depuis le massacre des Conti et tout ce qui s’en ai suivi. Il faut des années pour gagner en confiance en soit et un seul événement de quelques secondes pour tout anéantir. Je crains que, même si ma psychothérapie avec la Docteur Litrell ait apporté des résultats, jamais plus je ne serai la même.

Ma réaction fut donc essentiellement irrationnelle, dictée par ma peur viscérale de voir encore une personne innocente qui  m’est cher tomber sous la folie humaine.  Ma mère est loin et en cas de besoin, je ne saurai réagir rapidement avec la distance qui nous sépare. Je suis rassurer que Daniele ne s’objecte pas à ma demande bien que je sois conscience qu’il ne saute pas de joie. Peut-être qu’à force de se côtoyer, ma mère et lui deviendront en meilleurs termes. N’était-elle pas plus encline à être sympathique envers mon fiancé, quand elle fut au fait de nos projets ?

Ces derniers temps, je suis épuisée, un rien me rend émotive et je pleure facilement.  Il me semble évident que je vis un trouble  hormonale dû aux émotions contradictoires que j’ai connu ces derniers temps. Le tournage de la vidéo, la friction entre Cash et moi, mes fiançailles plus ou moins officielles avec Danielle, l’annonce qu’il a fait à ma mère au sujet de notre mariage, notre projet bébé qui  tarde à se concrétisé, ma thérapie qui a ravivé tellement de souffrances.  Ma culpabilité envers Edward Flemming…  mon Dieu ! La question devrait être comment ai-je fait pour ne pas vraiment craquer et maintenir ma tête en dehors de l’eau.

C’est à Daniele que je dois ça. Lui qui m’a soutenu tout le long, qui m’a démontré à sa façon son appuie  et le fait qu’il veuille bien agrandir notre petite famille. Jamais je n’aurais pu continuer sans lui.

Peut-être aussi que mon cocktail émotionnel est amplifié par une autre nouvelle. Une bonne nouvelle que nous espérons et attendons.  Daniele lui-même croit que ça pourrait bien être possible, sa main sur mon ventre.

- Ton ego en a prit pour son grade en effet… mais si je monte et que je fais un test, et qu’il est encore négatif, je crois bien que c’est moi qui ne supporterai pas le résultat cette fois.

Et comme à chaque fois ou nous croyons que c’est la bonne, je ne peux m’empêcher de rêver à cette petite fille que nous espérons tant et du bonheur qu’elle nous apportera.  Je l’imagine avec Tony, ce dernier en fier grand frère. Que pourrais-je demander de plus que d’être la maman de deux enfants merveilleux ?

Daniele me ramène brusquement à la réalité en me parlant de The Lightening.

- Hein ?

J’ai un temps de retard, ou bien il est neuf mois en avance, peu importe.

- Je vais commencer par faire un test avant de planifier mon agenda mais, mon amour.

Façon de dire que nous traversons la rivière une fois devant.

Je grimpais donc à l’étage pour m’emparer de l’un de ces tests maison, peu fiable à mon avis, mais qui demeure quand même la première étape avant de savoir si on repeint une chambre avec du pastel ou si on réinvente le Kama Sutra pour un nouveau mois d’essais.  Je commence à bien savoir comment cela fonctionne… Je tambourinais des doigts sur la porcelaine de l’évier de la salle de bain, attendant que la minute d’attente s’écoule. Il ne fallu qu’une fraction du temps pour que le petit ‘’ + ‘’ apparaisse sur le bâtonnet de plastique.

-  C’est positif !  DANIIIIIIIIIIELE  !

Je sautais de joie, je pleurais de bonheur et je sortis de la salle de bain avec mon échantillon d’urine positive dans les mains.

@ Billy Lighter

Assez parlé de massacre – Samantha avait subtilement changé de conversation. Ce n’était pas plus mal. On devait faire en sorte que toutes ces heures sombres restent derrière nous – les fantômes des Smith, de Luigi, d’Angelo, de Fleming, d’Alice et encore beaucoup d’autres ne devaient plus venir pourrir notre quotidien. Ce qu’il venait de se passer chez Alice Conti sera – je l’espère – le dernier malheur dont on entendra parler avant longtemps.

Ma Sammy était envahie par l’émotion mais elle voulait espérer que ça soit le fruit d’un dérangement hormonal dû à une grossesse – ça serait une putain de bonne nouvelle pour Samantha et mon putain d’ego. Ça faisait quelques mois qu’on essayait de le faire ce gosse – sans succès jusqu’ici. Samantha commençait à s’impatienter elle aussi. Les échecs successifs pesaient sur sa conscience.

-S’il est négatif, il ne faudra pas perdre espoir pour autant, dis-je avec le sourire. Ça finira bien par prendre.

J’avais eu un gosse et Samantha aussi – il n’y avait pas de raisons que ça ne fonctionne pas un jour. Surtout qu’on y mettait tout ce qu’on avait, ça je peux vous le garantir !

Seulement, si Samantha tombait enceinte, il ne faudrait pas que The Lightening parte en tournée – à moins que Knowles s’en sorte tout seul comme un grand comme il le faisait avant. Je ne savais pas pourquoi je me prenais tant à l’avance pour ce genre de conversation. Certainement parce que Sonne m’avait bien montré qu’une femme qui aimait beaucoup son travail avait l’art de prendre peu de congés pour ses enfants – ce qui dans le cas de Sonne m’arrangeait grandement ! Seulement, pour Samantha, ça allait beaucoup moins m’arranger.

Sammy trouvait que c’était un peu tôt pour planifier tout ça.

-Moui, tu as sans doute raison, dis-je d’un air pensif.

Surtout qu’elle comptait le faire ce test. Elle avait grimpé à l’étage très rapidement – j’avais grimpé aussi mais d’une façon bien plus lasse. De toute façon, elle n’avait pas besoin de mon aide à la salle de bain pour faire ça. Seulement, j’étais quand même impatient d’avoir le résultat. Bien qu’essayer de concevoir un enfant n’avait rien de désagréable…

J’avais attendu contre le mur faisant face à la porte de la salle de bain et en étant de plus en plus tendu à mesure que les secondes s’égrainaient – bien trop lentement à mon goût.

L’attente avait pris fin quand j’avais entendu la voix émue de Samantha de l’autre côté de la porte. Putain, c’était réel ? Ce qu’elle disait était réel ? C’était vraiment positif ?! J’étais resté bouche bée jusqu’à-ce que Samantha sorte de la salle de bain pour me montrer le résultat du test.

-Putain ! On a réussi !, dis-je avec un grand sourire sur les lèvres.

Nous nous étions embrassé passionnément. Je savais que maintenant Samantha serait rassurée – et mon ego aussi…

-Il faut qu’on fête ça !, dis-je en me disant que ça valait bien un petit whisky tout ça.

Tous les motifs étaient bon pour faire la fête – c’était une philosophie à la Ricci, ça.

-Tu verras. Notre petite fille sera la meilleure !, dis-je sûr de moi.

Elle montrera quand elle sera grande de quoi les Ricci sont capables.
 

@ Billy Lighter

Je ne vois pas l’urgence de penser à si et à ça tant que je ne suis pas officiellement enceinte, et, même  en l’étant, je ne serai pas incapable de travailler pour autant. Je ferai peut-être plus attention à certaine chose voilà tout. Qui plus est, je ne suis qu’à cinquante pourcent responsable de The Lightening. J’ose espérer que si je dois faire un arrêt total, Knowles soit en mesure de tenir les reines un temps.

Quand je répondis à Daniele que je devrais peut-être faire un test avant de penser à ce que je ferai avec mon emploi du temps, il me répondit sur un ton dubitatif, comme s’il doutait que je puisse ralentir le rythme pendant la grossesse. C’est tout de même la grossesse de la dernière chance, je n’ai plus 20 ans alors il n’y a aucun doute que je prendrai férocement soin de moi pendant les 9 mois de ma grossesse.

Si je suis enceinte.  Parce que pour le moment ce n’est qu’une supposition qu’il faut valider avant de se poser trop de questions. Ça devient un tout petit peu  stressant que de faire tests après tests. La première fois, j’étais excitée et, quand le résultat négatif est apparu,  je me suis dit que ça ne pouvais pas fonctionner du premier coup. Mais la fois suivante et encore ensuite, c’est devenu un peu déprimant au point où j’ai commencé à me demander si nous allions y arriver. Et l’égo de Daniele qui commençait à en prendre pour son rhume… rien pour nous aider à garder un esprit positif.

J’ai donc grimpé l’escalier, Daniele derrière moi et je suis enfermée dans la salle de bain, le temps de faire mon test.  Je souhaitais de tout cœur que cette fois fut la bonne. Je détestais faire ce genre de test maison, souvent peu fiable. Cette fois-ci, le résultat ne se fit pas attendre. En fait, pour être parfaitement honnête,  les fois d’avant, je restais des minutes à espérer de voir apparaitre  un +  même si je savais qu’il ne viendrait pas. Aujourd’hui, il n’a suffit que d’un battement de cils pour que le miracle se produise, entrainant toute l’effervescence  possible face à la nouvelle.

Je m’étais exclamée de joie avant de sortir de la salle de bain, brandissant fièrement le résultat. Inutile d’en dire plus pour que Daniele comprenne qu’il allait être père à nouveau.  Je l’embrassais passionnément alors qu’il suggérait que nous devions célébrer la nouvelle.

- Oh oui ! Je n’ai pas envie de garder la nouvelle secrète. Je veux que tout le monde le sache ! Faire une annonce dans un magazine, envoyer des cigares à toutes nos connaissances… Je veux le dire à tout le monde !

J’ai envie de crier mon bonheur partout, d’appeler tout le monde du livre du téléphone pour leur communiquer ma joie.  Appeler ma mère ! Sa venue précipitée prend tout son sens maintenant puisqu’elle voulait  être présente pendant ma grossesse.  Puis Daniele qui ne voulait pas me demander en mariage pour faire comme Jimmy, ce serait normal de prendre ce coup d’avance sur lui…

Et Daniele de faire vibrer mon cœur en parlant déjà de notre bébé, notre fille, comme le futur papa fier qu’il est.

- Normal… c’est toi son père !

@ Billy Lighter