J'avais pris la direction de Santa Monica en ce début de soirée. Le plan était simple parce que je l'avais bien préparé. Des jours que j'analysais toutes les allées et venues d'Olivia Cortez, la supposée fille de Reed. Et je n'avais pas changé mes plans malgré qu'ils avaient démentis leur lien. Je savais que quoi qu'il en soit, toucher Cortez reviendra à toucher Reed plus ou moins fort. Il restait tout de même son patron  mais aussi son beau-père de par le lien qui liait officiellement Jimmy à la mère de Livia.

Donc je visais juste en visant Livia quoi qu'il en soit.

Les plus grosses difficultés étaient passées. Je m'étais débarrassé du garde du corps de Cortez plus tôt dans la journée. Ça avait été facile... Le type vivait seul dans une maison sur Hollywood. J'avais sonné à sa porte, je lui avais demandé s'il n'avait pas une clé à molette pour réparer un truc sur la voiture et quand il s'est retourné pour rentrer dans sa maison pour aller chercher ce qu'il me fallait, j'étais rentré aussi, j'avais fermé la porte et je l'avais descendu avant même qu'il ne puisse réagir. J'avais, ensuite, laissé le corps là et verrouillé sa maison pour faire croire qu'il était parti... Je comptais me débarrasser du corps cette nuit. Jamais je n’aurais eu le temps de le faire avant de mettre mon plan à exécution. Se débarrasser d’un corps demandait du temps… J’aurais toute la nuit pour le faire.

Mais avant... Cortez. Si je m'étais débarrassé du garde du corps c'était pour obtenir ses papiers. Des papiers qu'un de mes hommes avait parfaitement trafiqués cet après-midi pour faire en sorte que je passe parfaitement pour le nouveau garde du corps. Mon histoire était prête. Il ne me restait à la faire gober à Cortez pour qu’elle ne fasse entrer dans sa belle villa de Santa Monica.

Oui, parce que la gamine ne s’emmerdait pas. Elle vivait avec l’hériter de MTI, Julian Hughes, au bord de la mer. Un couple de gamin qui devaient sûrement croire qu’ils étaient déjà des adultes tout ça parce qu’ils avaient l’argent pour se payer une villa de luxe. Bref, des gens insouciant. Des proies faciles.

Je m’étais garé non loin de l’entrée de la villa. Pour avoir observé le petit couple un temps, je savais que le samedi soir, le gamin Hughes passait son temps dans son garage coupé du reste de la maison et qu’Olivia sortait peu, en général. J’avais, donc, tout le temps d’opérer parce que je savais que Julian ne sortait pas avec 21h voir même 22h.

Je sortis de ma voiture. J’avais mon éternelle veste en cuir. J’étais supposé être garde du corps mais, théoriquement, je venais pour me présenter pour une visite informelle alors à quoi bon mettre un costard. J’avais, de toute façon, le badge, ce qui était largement suffisant. L’avantage de ma veste c’est que je pouvais facilement y dissimuler un flingue. Ce qui était mon cas ce soir. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire à Cortez. Je n’avais que l’embarras du choix. Même si je pourrais simplement entrer chez elle et tirer au silencieux… Mais si j’avais voulu faire ça, je ne me serais pas donné tant de mal.

Non… Je voulais jouer avant. Parce que j’en avais envie.

Je m’avançai vers la porte et, sans hésiter, je sonnai attendant que Livia vienne m’ouvrir. Quand elle le fit, je souris et ne tardai pas à me présenter :

-Bonsoir, Mademoiselle Cortez. Désolé de vous déranger un samedi. Je m’appelle Ted Ward. Je suis votre nouveau garde du corps.

Je sortis mon badge qui légitimait que j’étais garde du corps et engagé par BSC. Mon nom n’était pas choisi au hasard. J’avais choisi Ted parce que c’était le nom que j’avais donné à Abel pour qu’il demande mon autographe à Samantha et j’avais choisi Ward parce que j’étais Ward. Tout simplement.

-Monsieur Russell, votre ancien garde du corps, a décidé de changé de voie et a donné sa démission un peu plus tôt dans la journée. Personne ne s’y attendait et Monsieur Reed a décidé qu’il devait être remplacé sur le champ… Ça sera, donc, moi votre nouveau garde du corps. Je venais pour vous prévenir et, aussi, pour faire connaissance. Pour vous protéger au mieux, je pense qu’on doit, avant tout, être sur la même longueur d’onde et accorder nos violons.

Je regardais la jeune Cortez. Elle ressemblait vraiment à Jimmy Reed. Je ne parlais pas seulement des yeux bleus et des cheveux blonds. Non… Elle avait aussi ses expressions. Je commençais à me dire que, pour une fois, peut-être que L.A.People disait moins de mensonges que Guitar&Pen.

@ Billy Lighter

La gamine avait ouvert et j’avais introduit les choses en me présentant comme son nouveau garde du corps. J’avais le badge et je pensais bien que ça serait suffisant pour me légitimer auprès de la jeune Cortez.

Mais non… Elle fronça les sourcils d’une façon qui la rendait tellement Reed que j’avais balancé, dans ma tête, au feu tous les démentis de Guitar&Pen. Et elle déclara qu’on ne l’avait pas informé de ça. Je restais calme. Il me fallait de meilleurs arguments.

-C’est certainement parce qu’on est samedi… Je pensais qu’ils vous auraient prévenus quand même…

Et le samedi, les fonctionnaires de BSC ne travaillaient pas. Donc, n’avait pas eu le temps de passer des coups de fils… Ils avaient par contre eu le temps de t’engager, Ward, alors ton excuse était un peu stupide.

Bref, Livia était méfiante. Méfiante au point que je m’en voulais de ne pas avoir pensé que la gamine pourrait être aussi méfiante que ne l’avait été sa mère quand je l’avais approché pour la descendre. Je pensais qu’une gamine de 17 ans serait bien plus insouciante et que le badge suffirait.

J’avais fait une erreur. Une erreur qui me sera peut-être fatale vu que la gamine me laissa sur le pas de la porte pour aller téléphoner à qui de droit. Quand elle la ferma, je tiquai fronçant les sourcils. Si elle arrivait à avoir quelqu’un à l’autre bout du fil, elle saura que mon histoire était une invention totale.

Putain, t’es con, Fleming !

Je reculai d’un pas cherchant du regard, au rez-de-chaussée, une fenêtre ouverte pour pouvoir entrer malgré tout et faire le travail en vitesse. Cette perspective me plaisait à moitié mais je n’avais pas fort le choix.

Mais aucune fenêtre ouverte… Si… Une seule… A l’étage. Je me mordis la lèvre de rage. Je savais qu’il suffisait d’escalader. Ça semblait simple… Mais je savais que ce n’était même pas envisageable ce qui me frustra d’autant plus.

Et le temps que je réfléchisse, la porte s’ouvrit à nouveau sur la gamine qui reprit son air de petite fille trop sûr d’elle pour dire qu’elle trouvait ça bizarre. Elle demanda à revoir mon badge que je sortis. Et j’eus à peine le temps de lui tendre qu’elle me le pris des mains.

-Le voilà…

Petite princesse qui se croit tout permis… Une Reed en plein. C’est ce que je voyais en elle alors qu’elle inspectait mon badge. Son attitude me donnait encore bien moins de remords pour ce qui allait suivre.

A considéré que j’en avais à la base ce qui n’était pas le cas. Livia n’était rien pour moi. Je n’avais rien contre elle… Mais je devais faire ce que j’avais à faire pour toucher Reed. C’était comme ça.

-Je suis désolé. Je pensais vraiment vous aviez été prévenue.

Elle me rendit alors mon badge et finit par me faire entrer alors que je pensais bien qu’elle allait me laisser dehors et que j’aurais dû me résoudre à escalader…

J’entrai à sa suite alors qu’elle déclara qu’elle téléphonera plus tard au bureau de son père.

-Merci. J’espère que vous arrivez à avoir quelqu’un à l’autre bout du fil pour vous rassurer. Je sais, pour être garde du corps, que ce genre de situation peut être stressant pour quelqu’un de connu comme vous.

Je la suivis jusqu’à la cuisine où Livia était, avant que je ne sonne, en train de faire ses devoirs. J’avais lu dans le Guitar&Pen que la gamine, malgré son rang de star, continuait à cirer les bancs de l’école ce qui, pour moi, était un non-sens total.

Je m’installai à la cuisine quand elle m’en donna l’autorisation et je pris la parole pour commencer à jouer avec Livia comme j’avais prévu de le faire avant qu’elle ne fasse sa Cortez.

-Je ne vous dérangerais pas longtemps. Je ne voudrais pas perturber vos révisions.

Mais j’allais quand même le faire un petit moment. De toute façon, mes plans futurs n’impliquaient pas qu’elle révise.

-Je venais juste me présenter. Je trouve ça normal pour établir un lien de confiance. C’est comme ça que je travaille.

Je souris à Livia pour commencer à établir ce pseudo lien de confiance.

-Je suis garde du corps depuis 5 ans. J’ai déjà protégé des gens connus principalement à New York mais aussi ici à L.A. où je vis depuis 1 an. Je vous savoir comment vous voudriez qu’on procède. Je sais que les stars ont toutes leur raisons personnelles d’engager un garde du corps. Je voudrais savoir quelles sont les vôtres. Quand un garde du corps connait les raisons, son travail devient toute de suite plus simple et je saurais, comme ça, comment vous protéger efficacement.

Livia n’avait pas engagé un garde du corps pour rien. Je voulais savoir si c’était juste pour faire fuir les paparazzi ou si c’était pour tout autre chose.

@ Billy Lighter

La gamine était irritée… Mademoiselle, aurait préféré être prévenue avant. Elle parlait comme si elle était la reine d’Angleterre et pensait, de ce fait, être dispensée d’être un minimum sympathique. Et si elle continuait à me traiter comme si j’étais un indésirable, je sentais bien que ce qui ne devait pas être une attaque personnelle risquerait de l’être un peu plus que prévu.

-Je comprends votre irritation.

Je pense surtout que la célébrité avait fait d’elle une petite pimbêche qui se croit tout permis. Un peu comme Reed qui pensait qu’il pouvait faire absolument tout ce qu’il voulait.

Je vais contenir un peu ma frustration, le temps de jouer un peu… Après ça, je pourrais lui montrer que je n’aimais pas spécialement qu’on me traite comme si j’étais inférieur à elle.

J’entrai quand même dans la cuisine déclarant que je n’allais pas la déranger longtemps en ajoutant que je ne voulais pas perturber ses révisions. Mais elle me renvoya, encore, une remarque me faisant bien comprendre que ma visite l’emmerdait profondément. Rien que le fait que ça m’emmerdait.

Je me mis, donc, à parler inventant un passé à Ted Ward. Cette couverture ne sera qu’éphémère alors je n’étoffe pas trop. De toute façon, j’avais bien compris que Livia n’avait pas autant envie de causer que Ted.

Ce qui m’intéressait, par contre, c’était de savoir ce qui avait poussé Cortez à prendre un garde du corps. Elle déclara que c’était à cause d’un fan un peu trop insistant… Et ce n’est pas elle mais BSC qui avait décidé de lui fournir un garde du corps. Procédure habituelle ou tentative de protection de la part de Reed ? C’était une très bonne question…

-Ils ont bien fait. Ce genre de fan peut être imprévisible.

Demandez à John Lennon. Il dira que j’ai raison. Même si, techniquement, il ne pourra pas vraiment témoigner.

La jeune fille ajouta que Russell devait aussi veiller sur Julian… Et avant que je ne puisse répliquer, elle se levant disant qu’elle devait aller le chercher. Elle posait la question mais son mouvement prouvait que, quoi que je dise, elle était déterminée à aller chercher son petit-ami.

Non… C’était trop tôt.

Mais il fallait que j’agisse. Je ne pouvais pas la laisser aller chercher Hughes, ça rendrait la suite trop incertaine. Je devais rester maitre de la situation et je devais aller jusqu’au bout. Seulement, la descendre maintenant risquerait de laisser bien trop de traces. Et avec Hughes tout près, je risquais de valider mon ticket pour Saint-Quentin.

Or, ce n’était pas ce que je voulais.

Il fallait que je passe au plan C…

J’avais décidé de la suite en quelques secondes alors que Livia passa derrière moi. Une fois qu’elle me tourna le dos, je mis ma main dans ma veste avant de dire.

-Non… Ça n’en vaut pas la peine.

Et avant qu’elle n’ait eu le temps de se retourner, je me levai d’un seul coup frappant la crosse de mon flingue contre l’arrière de sa tête. Suffisamment fort que pour l’assommer sans qu’elle n’ait le temps de crier.

La suite de mes gestes furent un peu plus méthodique. Je rangeai mon flingue, pris les cours de Cortez sous le bras, pris la gamine en passant mon bras autour de sa taille pour pouvoir la soutenir jusqu’à ma voiture sans que sa paraisse trop suspect. J’éteignis les lumières avant de sortir de la maison embarquant la gamine à l’arrière de ma voiture avant de prendre place à l’avant et de démarrer. Le kidnapping n’était pas mon plan A… C’était le plan que, au fond, j’avais très envie de faire mais qui n’était pas simple niveau logistique.

Et surtout. Il était dangereux.

Mais je savais qu’il ferait bien plus mal à Reed que l’overdose que j’avais prévue pour Livia. Parce qu’il va douter ne sachant pas si Livia est morte, vivante ou simplement partie loin de lui.

Je sortis des limites de Santa Monica m’arrêtant dans un coin peu fréquenté. J’ouvris la boîte en gant et en sorti une petite boite avec une seringue et un sédatif. J’avais tout prévu pour tous mes plans… Je me retournai vers Olivia, encore inconsciente, pour le lui injecter le sédatif histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise pendant le trajet jusqu’à l’une de mes planques.

Je redémarrai ensuite direction la San Fernando Valley. Là-bas, je fis un autre arrêt à une cabine téléphonique pour appeler d’abord Gonzalez qu’il envoie une de mes hommes à ma planque. Il me faudra quelqu’un pour surveiller Livia le temps que je me débarrasse du corps de Russell. Je ne donnai pas de détails à mon second qui accepta sans broncher. Je téléphonai, ensuite, à Cooper. Il avait envie d’un nouveau genre de mission, non ? Il allait être servi. Je lui expliquai qu’il devait aller chez Russell et me le ramener à la planque. Je lui donnai toute les adresses qu’il avait besoin avant de lui dire d’être discret. Je n’expliquai pas qui était Russell… Histoire que Tobby croie que ce n’était rien d’autre qu’un dealer paumé.

Après ça, je continuai mon chemin vers ma planque située dans un lieu reculé de la San Fernando Valley. C’était une petite maison abandonnée où je venais me réfugier de temps à autre quand j’étais soldat de la Casa Nuova. Je ne savais pas qui en était le propriétaire. Tout ce que je savais c’était que personne n’y avait mis les pieds depuis des années. Le lieu était parfait pour stocker Cortez.

Une fois arrivé, je démarquai la gamine la portant jusqu’à l’intérieur et grimpant à l’étage avant de l’attacher fermement à un tuyau qui passait dans la chambre à coucher délabrée de la baraque.

Après ça, je m’assis face à elle, le dos appuyé contre le lit. Je sortis mon flingue que je gardai en main attendant que la gamine se réveille ce qui ne devrait sûrement pas tarder.

@ Billy Lighter

Je regardai la jeune Cortez et uniquement elle alors que le silence régnait dans la maison qui me servait de planque. J’attendais son réveil uniquement pour voir si elle allait encore jouer à la petite princesse dans son château ou bien si elle allait redescendre sur Terre. Je voulais voir son visage quand elle comprendra où elle était et pourquoi. Parce que le « pourquoi ? », elle ne pourra obtenir la réponse que de ma bouche. Personne d’autre ne pourra lui répondre hormis moi.

Après un moment, je vis la gamine bouger doucement dans la pénombre de la chambre seulement illuminé par les rayons de la lune. Le soleil s’était couché tôt en ce mois de décembre, du coup, il faisait déjà nuit depuis un moment. Je ne dis rien. Je la laissai reprendre ses esprits et se rendre compte, tout doucement, dans la merde dans laquelle elle était. Parce qu’elle était dans la merde. Je ne comptais pas la faire sortir d’ici de sitôt. Je voulais que Reed souffre longtemps sans savoir si sa fille est vivante ou non.

Je vis la gamine porter sa main à l’arrière de sa tête là où je l’avais frappé pour l’assommer. Et le premier mot qu’elle dit fut le prénom de son petit-ami. Non… Julian ne sera pas là pour la sauvé. Personne ne viendra la sauvé parce que personne ne saura où chercher.

J’étais sûr de ma planque, j’étais sûr de mes hommes, j’étais sûr de mon plan.

Je ne dis toujours rien alors que son réflexe fut de bouger son bras se rendant compte, après coup, qu’elle était attachée. Je la vis tirer plus fort ce qui m’arracha un petit sourire. Elle n’arrivera à rien en tirant hormis à se blesser le poignet.

Livia se demanda alors ce qu’il se passait. Je ne dis toujours rien attendant qu’elle ouvre bien les yeux sur moi. Ce qu’elle finit par faire me reconnaissant assez vite. Au moins, mon coup ne lui avais pas fait perdre la mémoire. J’avais plutôt bien dosé. Pas facile de doser sur des si petit gabarit.

Et elle demanda ce qu’elle faisait ici. Je ne souris plus penchant légèrement la tête sur le côté. « Pourquoi ? »… La réponse était vaste. Et elle l’aura. Je n’allais rien lui cacher.

Mais elle enchaina les questions se demandant où était Hughes avant de tenter, encore, de se détacher en tirant.

C’est à ce moment-là que je pris la parole :

-Si tu tires plus fort, tu vas te faire mal.

Simple conseil. Elle ne devrait pas utiliser ses forces en faisant pire que mieux.

-Julian est certainement chez vous à mourir d’inquiétude en se demandant où tu es… Si et seulement si, il est sorti de son garage.

Je parlais d’une voix calme sans laisser transparaitre quoi que ce soit.

-Et je ne m’appelle pas Ted. Appelle-moi Ward.

Ceci étant dit, il restait le « pourquoi ? ». C’est bizarre comme le « pourquoi ? » est arrivé avant le « où ? ». Mais c’était tant mieux pour elle parce que je n’aurais pas concrètement répondu au « où ? ».

-Tu es ici parce que je t’ai enlevé. Et je t’ai enlevé parce que tu es la fille de Jimmy Reed. Tu l’es, n’est-ce pas ? Pas besoin de nier, j’ai eu le temps de voir que tu es son portrait tout craché. Même mimiques, même regard… Sans compter la manière très sympathique que tu as eu de me recevoir chez toi.

J’avais mis toute l’ironie que possible sur le mot « sympathique ».

-Je n’ai rien contre toi. Par contre, ton père… Je le hais. D’où ta présence ici. Tu es ici pour que je puisse lui faire très mal.

Voilà le « pourquoi ? » dans les grandes lignes alors que je ne lâchai pas Livia du regard une seule seconde.

@ Billy Lighter

La gamine s’était réveillée et avec son réveil était arrivé un flot de questions auquel je répondis sans réellement cacher quoi que ce soit. Pour moi, pas besoin de me faire un dessin : c’était bien elle la fille de Reed. Elle lui ressemblait bien trop pour que l’article de L.A.People se trompe. Je ne savais pas qui avait fourni cette information. Mais je devais avouer que je lui en devais une. Pendant longtemps, Reed avait été intouchable. Aucune attache… Rien... La seule chose que j’aurais pu faire et qui lui aurait fait mal c’était de le tuer lui. Mais il n’aurait pas souffert assez à mon goût.

Mais maintenant, il en avait des attaches. Et si j’avais déjà touché sa petite-amie, je crois avoir trouvé encore mieux en touchant sa fille.

La gamine semblait avoir encore assez de culot que pour défendre son attitude de toute à l’heure. Elle disait qu’elle avait des raisons d’être méfiante. Pourquoi ? A cause des fans qu’elle m’avait parlés tantôt ? Ou bien elle savait d’autres choses ? Elle disait, en tout cas, que ça n’avait rien n’avoir avec moi. Je levai un sourcil.

-Maintenant oui.

En fait, j’étais probablement celui dont elle devait le plus se méfier. Mais c’était trop tard maintenant et elle m’avait quand même fait entrer chez elle. Je l’avais eu assez facilement… Encore plus facilement que sa mère avec qui j’avais quand même dû toucher une corde sensible pour qu’elle m’accorde un minimum de confiance.

Même si j’avoue que comparer à d’autres, les Cortez étaient méfiantes. Ça doit être à cause de leurs origines mexicaines. Le Mexique est très loin d’être l’endroit le plus sûr au monde.

J’expliquai, ensuite, les raisons de pourquoi je l’avais enlevé. J’avouai détester son père sans entrer dans les détails. Et elle avoua le détester aussi me confirmant qu’elle était bel et bien la fille de Reed. Maintenant, il n’y avait strictement plus aucun doute. Je penchai légèrement la tête sur le côté. Elle jouait à la petite adolescente en crise que ça ne m’étonnerait même pas.

-Si tu le détestes tant alors tu n’auras aucun remord à rester ici un petit moment.

Je voyais dans cette déclaration plutôt une façon de me faire croire que sa vie à elle n’était pas importante pour Reed ce qui sembla se confirmer quand Cortez ajouta que son père n’en avait rien n’à foutre d’elle la preuve étant le démenti dans Guitar&Pen. Ah oui ? Le démenti était pour moi une preuve de l’inverse mais j’avais certainement plus d’informations qu’elle. Pas sûr que Jimmy Reed parle de sa double vie à tout le monde.

La gamine avait certainement peur mais elle continuait à me montrer son caractère bien trempé. La fougue de la jeunesse doublée des gênes Reed ça donnait ça. Et à Livia d’ajouter que si j’avais voulu faire mal à Reed, c’est sa secrétaire que j’aurais dû enlever.

-Non, je ne pense pas. Des secrétaires, il peut en engager à la pelle. Une fille, il n’en a qu’une. Et je crois qu’il en a bien plus à foutre que tes pensées d’adolescentes ne l’imagine. S’il a démenti c’est certainement pour te protéger des gens comme moi. Parce que des gens qui en veulent à ton père, il y en a à la pelle… Et je suis le pire.

J’appuyai sur ces dernières paroles.

-Crois-moi. Tu es sa faiblesse. J’en suis sûr. Parce que le gros problème de Reed, c’est qu’il a bien plus de sentiments qu’il ne le laisse transparaitre.

Et cet enlèvement allait lui faire mal. Je n’avais aucun doute là-dessus.

La gamine regarda alors autour d’elle avant de me demander si j’avais fait du mal à son cher Julian. Je venais de lui parler de Julian il n’y a même pas une minute.

-Je t’ai dit qu’à l’heure qu'il était, Julian est dans son garage ou quelque part d’autre dans votre maison à se demander où tu es…

Je parle dans le vide ou quoi ? Reste attentive, petite.

-Non… Je n’ai rien fait à Julian. Je ne l’ai même pas vu. Je n’aurais eu aucun intérêt à lui faire mal. C’est à Reed que je veux faire mal. Comme je l’ai dit, je n’ai rien contre toi. Tu es juste celle qu’il me faut pour lui faire mal à lui.

Je continuai de la regarder. J’attendrais ici jusqu’à-ce que Tobby et l’un de mes hommes arrivent. Il me faudra quelqu’un pour surveiller Livia quand je ne serais pas ici. Quelqu’un de fiable. Et je savais que Gonzalez m’enverra le plus fiable de nos hommes.

-Et, je serais toi, je me préparerais psychologiquement à passer un bon moment entre ces quatre murs.

Parce que je comptais faire languir Reed longtemps.

@ Billy Lighter

Livia semblait croire dur comme fer que son père ne tenait aucunement à elle. Elle était persuadé que j’allais faire bien plus de mal à son petit-ami et à sa mère plutôt qu’à son père. Pourtant, j’étais sûr et certain du contraire. Le simple fait que Reed ait démenti était ma preuve…

Puis, je connaissais Reed… Je le connaissais depuis que j’avais 14 ans… Soit depuis bien plus longtemps que Livia. Et j’étais certain de bien mieux le connaitre qu’elle. Je savais qu’il avait des faiblesses et que sa plus grande faiblesse résidait dans le fait qu’il tenait à des choses… A peu de chose mais à des choses quand même.

Il tenait à son meilleur ami, Daniele Ricci… Sinon, il n’aurait jamais envoyé ses Los Diablos en culotte courte surveiller le quartier où vivait Ricci quand Angelo voulait la tête d’Anthony.

Il tenait à sa petite-amie, sinon, il n’aurait pas envoyé ses Los Diablos décimer la Casa Nuova…

Il tenait même à la petite Isabel. Sinon, il ne lui aurait pas donné un job dans sa villa pour qu’elle soit à l’abri après que je lui ai cassé le poignet.

Alors s’il tenait à une gamine des rues, à coup sûr il tenait à sa fille comme à la prunelle de ses yeux. C’était évident quoi que Livia puisse en pensé aveuglée qu’elle était par ses propres sentiments contradictoires d’adolescente en crise.

Et elle continuait d’être certaine. Qu’elle continue à le croire. Ce qui comptait pour moi ce n’était pas ce qu’elle croyait elle, c’était ce que je croyais moi.

-Tu verras bientôt qui de nous deux a raison. Mais, je serais toi, je prierais pour qu’il en ait quelque chose à foutre… Sinon, je serais obligé de faire du mal à quelqu’un d’autre pour arriver à mes fins.

Et je disais ça toujours sur mon ton calme comme si j’énonçai un fait tout à fait logique. Si ça ne fonctionnait pas avec Livia, ce que je doutais, je serais obligé de faire du mal à la mère de Livia. Parce qu’elle, j’étais sûr que Reed l’aimait profondément.

Si j’avais enlevé Livia c’est parce qu’elle était bien plus accessible de Maritza Cortez qui était protégé par sa méfiance qui devait être encore plus grande et les murs de la villa Reed.

Puis, elle voulait savoir comment allait Julian. Je n’avais pas touché à Julian… Je ne l’avais même pas vu. C’est ce que je dis me répétant un peu ce que je détestais… Mais il fallait, apparemment, répété les choses à Livia pour que ça imprime.

Alors qu’elle déclarait qu’elle entendait mais qu’elle était incapable de me croire, j’entendis le bruit, dehors, d’une voiture qui se garait. Certainement le soldat que m’envoyait Gonzalez.

-Pourtant c’est bien vrai… Je ne te mens pas. Je n’ai aucun intérêt à te mentir.

Puis, Cortez me demanda ce que j’allais faire si Jimmy Reed ne réagissait pas. Elle voulait savoir ce qui allait lui arrivé alors que je venais de lui certifié qu’elle restera ici un bon bout de temps. Je saurais très vite si Jimmy réagit ou non. Je savais qu’il allait penser qu’un de ses ennemis veut le toucher… El Lider faisait partie de ses ennemis. Alors s’il venait s’attaquer à la planque des New Soldados, je saurais que j’ai touché juste… Je perdrais des hommes… Mais à coup sûr les Los Diablos aussi. Et les hommes, ça se remplace. Quant à mon anonymat. Je ne payais pas cher de sa peau mais ce n’était pas trop grave.

Personne ne trouvera Livia, c’est tout ce qui compte. Je savais que Gonzalez ne dira rien… Et en dehors de lui il n’y avait que Cooper et l’homme que m’avait envoyé Gonzalez qui savait où était la planque. Les autres ne savaient rien.

Je regardai Livia.

-Je ne te dirais rien. Je ne veux pas tuer le suspense.

C’est ce que je dis alors que Yang se présenta dans l’encadrement de la porte. Yang, c’était un New Soldados. Gonzalez m’avait donc bel et bien envoyé le plus faible d’entre mes hommes. Je n’attendais pas moins de lui en vrai.

Je me levai.

-Salut Yang.

Il hocha la tête pour me saluer. Yang ne parlait pas beaucoup. Ça tombait bien, il me fallait quelqu’un qui ne causait pas beaucoup. Livia ne trouvera pas en lui un allié parce que Yang était du genre à faire son job sans broncher tant qu’il était bien payé. Et pour des thunes, il serait capable de faire des choses à la morale douteuse.

Et je comptais bien le payer.

-Surveille-là pendant mon absence. Ne lui parle pas. Et ne te laisse pas attendrir. Tu auras double salaire pour ce job.

Il hocha la tête et entra dans la pièce, prêt à commencer son tour de garde.

Je me tournai vers Livia.

-Je te laisse… J’ai encore du boulot. Mais je reviendrais te voir de temps en temps.

Je pourrais ne pas revenir et la laisser avec Yang… Mais je n’en avais pas envie. J’avais envie de voir à quel point tout ça allait la changer.

Je quittai ensuite la pièce fermant la porte avant de descendre dans la cuisine pour attendre Cooper qui ne devrait plus tarde à s’amener avec le corps de Russell.

@ Billy Lighter