Il était minuit quand le téléphone retentit dans l’appartement. Je m’étais levé en quatrième vitesse de mon lit dans lequel j’étais en train de rire avec Brooke. Il ne fallait pas que la sonnerie du téléphone réveille Jesse qui, lui, dormait dans sa chambre.

Et puis… je me demandais bien qui pouvait appeler à cette heure-ci et j’avais peu qu’il soit arrivé quelque chose à un membre de ma famille ou à Livia… Ou ça pouvait tout simplement être Stone ou McAvoy qui avait oublié l’heure qu’il était et sonnait pour une connerie.

Mais quand je décrochai le combiné, ce fut la voix paniquée de Maritza Cortez qui me parvint… j’avais l’impression que j’étais en train de cauchemarder quand elle déclara que Livia avait disparu ! Je fis dès lors ni une ni deux quand elle proposa que je la rejoigne à la villa Reed, sur Malibu, en disant qu’elle allait aussi contacter Julian pour lui proposer la même chose.

Je m’habillai donc, expliquant en vitesse à Brooke ce qu’il se passait alors que j’attachais mes chaussures. Je voulais qu’elle reste ici pour veiller sur Jesse. Cette histoire d’enlèvement me rendais complètement parano alors qu’il n’y avait aucune raison qu’on vienne aussi enlever Jesse.

Je pris la voiture et roulai vite, contrairement à mon habitude, dans les collines de Malibu.

Le trajet était relativement long et me laissait largement le temps de me faire, dans ma tête, tous les scénarios possibles et imaginables : demande de rançon et autres choses bien plus gores que je cherchais à chasser en secouant régulièrement la tête.

Arrivé à la villa Reed, j’avais déjà l’impression de ne plus en pouvoir. L’angoisse me rongeait les sangs au point que j’en suai à grosse goutte. Je descendis de la voiture, pour ne pas dire que je sautai hors de la voiture, et me précipitai vers la porte d’entrée.

Ce fut un majordome qui m’ouvrit la porte et m’invita à la suivre jusqu’au salon où je trouvai Maritza Cortez en peignoir, mais aucune trace de Reed. Je m’approchai d’elle et la pris dans mes bras en signe de compassion… C’était même plus que de la compassion ! Je pouvais clairement imaginer ce qu’elle ressentait, moi qui vivait avec Livia une relation père-fille plus authentique que celle que vivait Jimmy Reed avec la jeune femme… Si toutefois on pouvait appeler ça une véritable relation père-fille.

-Martiza… Avez-vous eu des nouvelles ? Par Julian ? Par la police ?

Je regardai autour de nous et serrai les dents.

-Et où est Monsieur Reed ?

@ Billy Lighter

Sous le choc et blessée du rejet qu’eue Jimmy à mon égard, je dû prendre le temps de calmer mes tremblements. L’inquiétude amenée par cette terrible nouvelle et la froideur avec laquelle mon fiancé m’a repoussé pour quitter la pièce, puis notre demeure m’ont anéanti.  

Je réalise qu’avec Jimmy, les choses se terminent généralement de cette manière.  Moi, laissée seule dans une incompréhension total alors que quelques instants avant, je nageais littéralement en plein bonheur.  La main sur la rondeur de mon ventre ne suffit plus à me dire que notre couple est soudé. Il est en fait plein de fissures colmaté et la venue de notre enfant n’assure en rien ma place dans sa vie. Il m’a fait comprendre une fois de plus, que je ne suis qu’un pion qu’il peut mettre hors jeu à sa guise, quand bon lui semble.

Tremblante et nauséeuse, je me levais et me dirigeais vers la salle de bain, me passer un peu d’eau froide sur la nuque et le visage.  Je devais me calmer et reprendre le contrôle de mes émotions, le temps de réfléchir à ce que je devais faire. Jimmy est partit chercher notre fille.

Comment va-t-il s’y prendre ? Je crains le pire mais  en ce moment, c’est le cadet de mes soucis. Tout ce qui m’importe, c’est que quelqu’un me ramène ma fille, vivante et en santé.  Je crains d’entendre le téléphoner sonner et qu’on m’annonce la pire des nouvelles pour une mère. Je ne survivrai pas s’il devait arriver malheur à Olivia. Aucun parent ne devrait survivre à ses enfants.

Qu’importe ce que Jimmy en pense, je me décide finalement de prévenir Jack et de téléphoner à Julian. Je crois encore que ce dernier sera plus en sécurité chez moi que seul chez lui. Jack répondit plutôt rapidement et, bien que je faisais tout pour rester calme, ma voix se brisait un peu plus à chaque de mes mots.

Le manager de ma fille ne mit pas très longtemps avant d’arriver et, une fois près de moi, il me prit dans ses bras ce qui me fit craquer. Je ne pu contenir mes sanglots.

- Aucune nouvelle, dis-je après avoir lutté pour reprendre mon calme, mais… Julian aurait apparemment trouvé du sang dans la cuisine.

Elle ne peut pas s’être blessée et décidé, sans prévenir Julian, de se rendre d’elle-même aux urgences, c’est insensé.  Je n’osais pas regarder Jack franchement dans les yeux, parce que je craignais qu’il ne finisse pas poser trop de question, et je savais que j’allais devoir lui mentir. Je sais que Jimmy à parlé à Olivia, quand ils sont allé démentir la nouvelle de leur lien, ce que j’ignore, c’est si ma fille s’est confié à Julian.  

- Jimmy est partit, il ne pouvait pas rester ici et attendre.

Ce qui pouvait être large d’interprétation. Peut-être était-il entrain de rouler à tout hasard dans Los Angeles à la recherche d’une voiture suspect, ou d’une Olivia désorienté déambulant dans les rues de la ville. Ou alors, Jimmy serait allé presser les policier directement sur place, donner des ordres comme s’il leur était supérieur. Je n’allais pas dévoiler à Jack comme ça que mon fiancé était probablement partit réunir ses Los Diablos afin d’élaborer un plan blindé pour trouver Olivia et, inévitablement, régler son compte une bonne fois pour toute à celui qui lui en veut tant.

Je me perdis dans mes pensées, me remémorant les paroles de Jimmy ’’ Et les menaces qui planaient sur nous ne sont plus.’’ Les menaces qui planaient sur nous planent toujours et la tentative de meurtre dont j’ai été victime n’était rien de plus qu’un avertissement. Hier ce fut moi, aujourd’hui Olivia et demain, qui sait.

Instinctivement, je portais la main sur mon ventre puis relevais la tête, surprise par le carillon qui se fit entendre.

- Ce doit être Julian, je ne voulais pas qu’il demeure seul chez lui !

@ Billy Lighter

La police était encore chez moi quand j’ai reçu le coup de fil de Maritza. Reed avait dû la mettre au courant de ce qui était arrivé à sa fille. J’en tremblais toujours. La police, elle, prenait les choses au sérieux notamment à cause du sang mais aussi du fait que Livia était célèbre et que ce qui avait été mentionné dans la presse pourrait, selon eux, attirer des kidnappeurs en manque d’argent. Et puis, Livia étant mineur, il ne pouvait pas laisser les choses coulées et attendre qu’elle rentre d’elle-même.

Ils avaient pris tous les indices et mon témoignage. Ils m’ont dit de rester près de mon téléphone pour une éventuellement demande de rançon… Même si… C’était sûrement Reed qui devrait rester près de son téléphone pour ça. Parce que je savais que, si Livia avait été enlevée aujourd’hui, c’était à cause de lui. Et apparemment, pour une chose bien pire qu’une demande de rançons…

Ses mots me tournaient toujours dans la tête et ne rien savoir renforçait d’autant plus mon angoisse qui faisait que je ne pouvais plus m’exprimer sans que tous mes tics se manifestent en même temps. Ça avait rendu la conversation avec les policiers très difficile. Et celle avait Maritza aussi alors qu’elle voulait, tout aussi affolée que moi, que je vienne chez elle et Reed pour ne pas que je reste seul à la villa. J’acceptai sans hésiter… Je n’avais pas envie de rester seul… Et j’avais aussi envie de tirer les choses au clairs avec Reed et qu’il m’explique ce qu’il n’avait pas voulu me dire clairement au téléphone. Quand je pensais à lui, la colère ne faisait que monter en moi. Jusqu’ici, il n’avait rien donné à Livia hormis des montagnes russes d’émotions alors qu’il semblait vouloir se rapprocher d’elle pour, ensuite, faire chaque fois dix pas en arrière…

Maintenant, quelqu’un s’en était pris à elle et c’était entièrement sa faute à lui.

Quand les policiers furent partis, je me dirigeai dans le garage et dû me reprendre à deux fois avant d’arriver à mettre le contact de ma voiture tellement je tremblais d’angoisse. Mon esprit ne cessait de se faire des films imaginant Livia torturée par son ravisseur…

Je conduisis rapidement jusqu’à Malibu me garant dans l’allée de la villa Reed. Je sortis de la voiture et sonnait à la porte sans hésiter. J’avais froid… Sans qu’il y avait vraiment de raison à ça vu que la température extérieure était raisonnable. Mais l’angoisse me faisait trembler malgré moi.

Maritza vint alors m’ouvrir et je ne lui dis pas bonjour. La seule chose qui sortit de ma bouche en premier fut :

-Je suis désolé…

J’aurais dû remonter bien plus tôt de mon garage. Si j’avais fait ça, Livia n’aurait pas été enlevée. Je m’en voulais mais j’en voulais à Reed aussi.

Maritza me fit entrer et je la suivis commençant à parler.

-J’étais dans mon garage… J’aurais dû être avec elle… Je n’ai rien entendu…

Et si je n’avais rien entendu c’était parce que j’avais de la musique dans mon garage. J’aurais dû être plus attentif.

Une fois au salon, je vis Jack. Je me raclai la gorge alors que le manager de Livia semblait aussi inquiet que Martiza.

-Bonsoir Jack…

Je me laissai tombé dans le divan, fatigué que j’étais par l’angoisse et tout ce qu’il s’était passé ce soir.

-Je… La police est venue. Elle prend l’affaire au sérieux. Ils m’ont dit de les appeler si jamais il y avait un coup de fil du potentiel ravisseur…

Je tremblais et je dus sortir une cigarette et l’allumer pour me calmer un peu.

-Je ne comprends pas… Livia n’aurait jamais fait entrer un inconnu. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé…

Je regardai autour de nous fronçant les sourcils :

-Où est Reed ?

Il avait des explications à me donner !

@ Billy Lighter

Une fois dans mes bras, Maritza craqua littéralement, se mettant à sangloter. Je la gardai contre moi, tâchant d’être aussi réconfortant que possible malgré les faits : Olivia avait été enlevée, et aucun de nous ne savais pourquoi…

Je demandai si elle avait eu des nouvelles le temps que je fasse le trajet mais elle n’avait aucune. Ou plutôt, elle n’en avait qu’une : Julian avait trouvé du sang dans la cuisine. Je sentis alors un grand frisson me parcourir l’échine. Et si Olivia était déjà morte ? Non. Non, si elle l’était, les ravisseurs auraient laissé là son corps sans vie… Sauf si peut-être ils espéraient encore le versement d’une rançon contre un corps mort dont ils pouvaient prétendre qu’il est vivant.

Bref, je me perdis en scénarios du plus probable au plus improbable. Je n’en parlai pas tout haut, cependant, ne voulant pas, par des suppositions, mettre Maritza dans un état d’inquiétude encore pire que celui dans lequel elle était déjà.

Alors à la place, je lui demandai où était Reed et la réponse me laissa quelque peu perplexe. Il était parti chercher Olivia ?... Je n’osai pas, pour l’instant, en demander plus, sachant très bien que Jimmy Reed faisait partie, d’une façon ou d’une autre, du gang qui faisait rage dans l’Eastside : les Los Diablos. Cela avait déjà valu une balle presque en plein cœur pour Maritza… Est-ce que cet enlèvement avait aussi à voir avec les guerres de gangs… Ou était-ce l’article de L.A. People qui avait donné des idées à des personnes mal intentionnées ?

Alors je ne fis que hocher la tête aux dires de la latina… Reed était parti chercher Livia, il ne pouvait pas attendre. C’était un fait. Point à la ligne.

-Je suis tellement désolé de ne pas pouvoir faire plus. Mais mieux vaut rester ici, près du téléphone au cas où les ravisseurs tenteraient d’établir un contact.

La sonnette retendit, me faisait presque sursauter. J’avais cru qu’il s’agissait du téléphone, mais non. Maritza s’écarta de moi, annonçant que cela devait être Julian dont elle n’avait pas voulu qu’il reste seul…

-Oui, voilà qui est bien pensé… Vous avez bien fait de nous appeler… Vous non plus ne devez pas rester seule.

Et pourtant, Jimmy Reed l’avait plantée là pour aller faire on ne savait quoi avec on ne savait qui. Je pensais surtout que si c’était une affaire de gang, et que si Maritza, dans la manœuvre, perdait aussi Jimmy, je resterais plus d’elle qu’une femme dévastée avec deux des personnes les plus cher à son cœur manquant à l’appel…

Elle se précipita vers la porte d’entrée, devançant le majordome pour aller accueillir Julian. J’entendis la voix du jeune homme avant de le voir. Une voix pleine de culpabilité, pleine de « si »… Mais avec des « si », on mettrait Paris en bouteille.

Ils entrèrent dans le salon et le jeune Hughes me salua.

-Bonsoir Julian.

Le terme « bonsoir » était très mal choisi étant donné les circonstances mais il faut croire que même dans les pires moments, les réflexes restaient…

Julian raconta alors que la police prenait les choses au sérieux, qu’ils lui avaient dit de rester près du téléphone au cas où, ce qu’il n’avait pas fait puisqu’il était ici.

-Je crois que si appel il doit y avoir, ce sera ici que la demande de rançon sera faite…

Je pris place dans un divan, près d’une petite table où trônait justement un téléphone.

Julian, lui, disait que Livia n’aurait jamais fait entrer un inconnu.

-Je sais… Alors ça veut dire que ce ne devait pas être un inconnu. Ou tout du moins quelqu’un qui aura su la mettre en confiance… Le seul nouveau venu dans votre entourage, c’est votre garde du corps, pas vrai ? Qui sait dans quoi cet homme peut trainer… Qui sait aussi pourquoi Olivia a ouvert la porte à quelqu’un si tard…

Je jouai les enquêteurs d’opérette, mais parler me rassurait moi-même… Je n’avais pas l’impression de rester tout à fait impuissant tant que je me creusais les méninges pour savoir qui et ou on avait emmené Livia.

Le jeune Hughes, lui, se demandait où était Reed…

-Parti chercher Livia. Il ne pouvait pas attendre…

J’avais répété ce que Maritza m’avait dit… Alors je regardai cette dernière.

-Est-ce que Monsieur Reed sait par où commencer ?

@ Billy Lighter

La présence de Jack me rassure, je me sens moins seule avec mes pensées et de l’entendre me dire que j’ai fait ce qu’il fallait, me retire un poids de mes épaules, bien que ce soit une infime et très subtile sensation.  Le reste pèse encore suffisamment pour me sentir écraser.  Jimmy a ridiculisé mon besoin de m’entourer, alors que de toute évidence, Jack et Julian, qui ont répondu à mon appel, en avaient tout autant besoin que moi.

Et quand le carillon se fait entendre, je préfère accueillir moi-même Julian, plutôt que de laisser John s’en charger. Mon beau-fils doit être rongé par l’inquiétude et c’est du réconfort d’une mère dont il a le plus besoin, bien que je sois  dans le même état que lui.  Il se dit désolé, à peine ai-je ouvert la porte et je peine à contenir mes larmes devant sa mine abattue.

Il avait commencé à me raconter son histoire; il se trouvait au garage, il n’a rien entendu.  De ce qu’il me dit, je retiens surtout le sentiment de culpabilité quand il mentionne qu’il aurait dû être avec elle. Je pris ses mains dans les miennes après m’être installée  dans le divan à ses côtés et qu’il eu salué Jack.

- Tu ne dois absolument pas te sentir responsable, Julian.  La personne qui a fait ça aurait agit à un tout autre moment, te sachant avec elle.

Il fallait donc que cette personne connaisse bien les habitudes de vie de ma fille et de son époux, autrement, elle aurait pu tout aussi bien tomber sur Julian et s’en prendre à lui.

Julian a fait ce qu’il avait de mieux à faire et je ne peux qu’approuver, n’osant pas le regarder franchement dans les yeux. Je n’ai aucune idée de ce que peut lui avoir dit Olivia sur les activités secrètes de Jimmy et, bien que je sache que Jack connait plus de détails de Julian, je ne peux m’avancer sur absolument rien, et je n’en ai pas l’intention.

Jack se pose la même question qu’on se demande tous : Pourquoi Olivia a laissé entrer un inconnu chez elle ! Je connais ma fille, elle  n’aurait pas agit de la sorte, surtout pas avec ce qui m’est arrivé et sa propre frousse avec un admirateur un peu trop insistant. C’est d’ailleurs suite à ça que Jimmy lui a accordé la présence d’un protecteur.

- Russell est un homme digne de confiance c’est pour cette raison que c’est précisément lui qui a obtenu la mission de suivre Olivia et Julian.  Jimmy n’aurait pas placé quelqu’un de peu fiable ou avec un passé trouble.

Julian demanda ce que m’avais demandé un peu plus tôt Jack et ce dernier lui répondit ce que je lui avais répondu, un peu de redondance n’a jamais tué personne. Puis Jack demanda si Jimmy savait où commencer ses recherches.

-  Jimmy n’improvise pas. S’il a dit qu’il partait chercher sa fille, c’est qu’il savait ce qu’il faisait.

Il avait un point de départ que la police n’a pas et n’aura pas de si tôt.  Je fixais Jack, comme pour le sonder.  Je sais qu’il pense un peu à la même chose que moi, mais je ne suis pas prête à l’avouer.
Ce soir, je n’ai aucune idée de si je reverrai ma fille et mon fiancé vivants.

- Julian, avez-vous  remarqué un véhicule suspect rôdé près de votre demeure ? Reçu des coups de fils anonyme ou, peu importe, rien de différent que d’habitude ? Et à l’école ?  Et vos amis ?  

@ Billy Lighter

Je m’en voulais… Je m’en voulais de ne pas avoir été là pour Livia… Mais Maritza me disait de ne pas me sentir responsable. Mais c’était plus fort que moi. Je suis sûr que si j’avais été plus attentif, les choses auraient pu se passer autrement. Je n’arrivais vraiment pas à me défaire de ce sentiment qui me rongeait de l’intérieur.

-Peut-être… Mais j’aurais au moins dû être attentif.

Devant Jack, j’expliquai alors que la police prenait l’affaire au sérieux. La seule chose à faire, de mon côté, était de rester près du téléphone. Je n’y étais pas, c’est vrai… Mais après le coup de fil à Reed, j’étais maintenant quasi sûr que si appel il y aura, ça sera ici qu’il sera donné. Ici, entre les murs de la villa Reed. Et Jack semblait être du même avis. Je le fixai hochant de la tête alors que mes tics m’envahissaient sans que je puisse rien faire contre.

Je dis alors tout haut que je ne comprenais pas… Je n’arrivais vraiment pas à comprendre pourquoi Livia avait ouvert à quelqu’un si ce n’était pas quelqu’un qu’on connaissait. Jack avait la même hypothèse. Livia n’aurait ouvert qu’à quelqu’un de confiance. Il parla alors de Russell, notre garde du corps. Mes lèvres se pincèrent. Et si c’était lui ? Et si Russell n’était pas celui qu’il prétendait ? Ça expliquerait pourquoi Livia l’aurait laissé entrer. Même si Maritza ne semblait pas forcément d’accord. D’après elle, Jimmy n’aurait jamais engagé quelqu’un de douteux pour ce job. Je fronçais les sourcils.

-Alors pourquoi Livia a ouvert ? Ça ne peut être que quelqu’un qu’elle connaissait… Ou bien… Ou bien quelqu’un d’assez doué que pour gagner sa confiance ce qui n’est pas simple à faire. Livia est toujours prudente surtout après ce qui nous est arrivé avec Josh Smith.

Même si Reed, lui, était persuadé que ce n’était pas Josh Smith. Non… Lui voyait quelque chose de pire parce qu’il y avait, visiblement, des choses que je ne savais pas au sujet du père de Livia. Et je voulais savoir ! C’est pour ça que je demandais où était Reed.

Jack déclara qu’il était parti chercher Livia. Je fronçais à nouveau les sourcils. Ça voulait dire qu’il savait où commencer à chercher… C’était bien la preuve qu’il y avait anguille sous roche. D’ailleurs, c’est ce que Jack demanda… Si Reed savait où commencer. Et les insinuations de Maritza étaient plutôt claires : Reed savait parfaitement par où commencer.

Je ne dis rien pour l’instant me content de froncer toujours les sourcils de colère et d’angoisse. Martiza me questionna alors sur si j’avais pu voir des choses suspectes ces derniers temps.

-Non. Je n’ai rien vu de suspect. Rien qui sortait de l’ordinaire. Aucun coup de fil… Rien qui pourrait nous faire penser que Livia puisse être en danger. A part cet article, bien sûr… L’article qui fait état du lien entre Livia et Jimmy. Ça a pu donner des idées à certains en manque d’argent.

C’était ce que j’avais pensé mais Reed avait foutu le doute en moi. Je toisai alors tantôt Jack, tantôt Maritza.

-Mais Reed m’a dit, au téléphone, qu’une demande de rançon, c’était ce qui serait le moins grave… Reed sait des choses ! Il sait beaucoup de choses ! Je veux savoir quoi ! Je veux savoir qui il croit qui a enlever Livia ! Je veux savoir pourquoi Reed pense que c’est pire qu’une demande de rançon. Dans quoi il traine ? J’ai le droit de le savoir dans la mesure où maintenant, tout ça met la vie de la femme que j’aime en danger. Je veux des réponses !

Je m’emballai. J’étais tellement angoissé que je ne pouvais plus retenir mes questions. Il fallait que je sache quel genre de danger Livia pouvait encourir et jusqu’à quel point sa vie pouvait être en danger. Et je ne sortirais pas de cette villa avant d’avoir des réponses.

@ Billy Lighter

Maritza avait bien raison de déculpabiliser Julian. Ce qui venait d’arriver n’était la faute de personne présent dans cette pièce. Non… pendant que la maîtresse de maison étreignait Julian, moi, je serrais les poings. Le seul possiblement responsable de quelque chose, c’était Jimmy Reed… Soit de par sa richesse exubérante, soit de par ses fréquentations douteuses. Je savais que Jimmy Reed avait à voir avec les Los Diablos, je savais qu’il avait le bras long jusqu’à pouvoir rendre officielle l’adoption de Jesse alors que ce dernier ne venait pas d’un orphelinat.

Ce que je ne savais pas, c’était à quel point Jimmy Reed était proche des Los Diablos. Ce que je ne savais pas, c’était la place qu’il tenait parmi eux.

Mais quelque chose me disait que tout ça, c’était la faute de Reed, et de lui seul. Pas même de Sørensen qui avait rendu public le lien qui unissait ma protégée et le grand patron de BSC. Non. Parce que Sørensen ne pouvait pas imaginer, malgré qu’il ait une sacrée imagination parfois, que Reed trempait dans des trucs pas clairs.

Quand Julian et Maritza me rejoignirent, je pris place dans l’un des divans, essayant péniblement de me détendre. Dans ces circonstances, ce n’était pas facile.

Et la seule chose intelligente que je trouvai à faire était d’énoncer des hypothèses plus bancales les unes que les autres. Et ce n’était que par politesse que je ne pointais pas directement le doigt sur Reed pour le rendre responsable de tout ce qui arrivait…

Un Jimmy Reed qui, d’apèrs Maritza, était parti chercher sa fille et que Jimmy n’improvisait jamais.

Il savait donc par où commencer, ce qui me confortait dans l’idée que tout était sa faute.

Je serrai les dents.

-Il a intérêt à la trouver.

Maritza, elle, demanda à Julian s’il avait vu quelque chose de suspect. Mais le jeune garçon répondit que ce n’était pas le cas. En même temps, quand on croit vivre une vie paisible, je dirais même enfin paisible pour ce pauvre Julian, on ne pense pas à regarder, ni à faire attention aux détails.

Julian n’avait donc rien vu, il nageait dans le flou et était sous le choc, cela se voyait sur son visage.

Mais quand il exigea des réponses, mon regard se tourna vers Maritza. En effet, la jeune femme en avait à la fois trop dit et pas assez et j’aspirais aux mêmes réponses que Julian.

-Jusqu’où Reed pourrait-il être impliqué là-dedans, Maritza ? Jusqu’où ?

@ Billy Lighter

Il était inutile de chercher un coupable pour l’enlèvement de Livia ! Ce n’était pas comme si elle avait commit l’irréparable et que nous cherchions des signes de sa part qui aurait pu nous donner une piste sur ses intentions.  Olivia a été kidnappée et personne présent ici n’aurait pu l’éviter puisque son ravisseur avait probablement son plan depuis un bon petit bout de temps et devait simplement attendre le bon moment pour agir. Comme ce fut le cas pour moi, quand on m’a tiré dessus…  

Cependant, je comprends parfaitement ce que ressens Julian. Si j’avais été  avec elle à ce moment là, mais occupé dans une autre pièce et que j’aurais découvert le drame, je serais incapable de ne pas m’en vouloir.

Je tente, par un geste tout simple mais réconfortant, de décharger Julian de son fardeau inutile de culpabilité.

Les questions demeurent, les hypothèses se multiplient.

Pourquoi Olivia a ouvert la porte à un inconnu. Pourquoi n’a-t-elle pas été cherché Julian quand plutôt que d’ouvrir seule ?  Qui était cette personne qui a su gagner la confiance de Livia ? Il ne faut pas écarter la possibilité que Livia connaissait peut-être très bien cette personne et qu’elle n’a pas pensé qu’elle courrait un danger.  Bien sûr, Jimmy est partit faire enquête de son côté et je le sais convaincue que cela à tout à voir avec ses Los Diablos et d’une vengeance contre lui mais non n’en avons pas encore la preuve.  Si ça se trouve, cela peut très bien être une personne dans notre entourage.  L’appât du gain peu donné des idées à des gens qu’on penserait droits.

C’est en ce sens que je questionne Julian à savoir s’il aurait pu remarquer quelque chose de suspect ces derniers temps, peu importe quoi, le moindre petit détail pourraient être intéressant.

Malheureusement, Julian n’a pas le souvenir de quoi que ce soit par contre, il se souvient que Jimmy lui ai dit qu’une demande de rançon serait le moins pire qui puisse arriver à Olivia, ce qui ne rate pas à me faire grincer des dents. Je me levais, légèrement énervée, surtout quand il me bombarde de questions insistante et que Jack, du même souffle,  demande jusqu’à quel point Jimmy pourrait être impliqué dans l’enlèvement d’Olivia.

Je reste face à la cheminée, mes mains posées à plat contre son manteau. Je cherche mon souffle, j’ai la tête qui tourne.  Julian ne sait pas grand-chose de toute évidence mais Jack, c’est autre chose, il me le prouve avec sa question lourde de sens et si je réponds, je ne pourrai pas me défiler et éviter de révéler ce que Julian n’a pas vraiment besoin de savoir.

Alors je me retournais pour regarder Jack en secouant la tête légèrement.

- Assez pour avoir des pistes sérieuses.

Jimmy  va la retrouver, en vie et nous la ramener, j’ai confiance en lui, il n’a jamais manqué à sa parole ! Et Jack devrait le savoir et lui en être reconnaissant.

- Il aime Olivia, à sa manière et il donnerait sa vie pour elle, pour moi, n’en doutez pas !

@ Billy Lighter

Reed était parti chercher Livia. C’était ce que clamait Maritza alors même que j’aurais préféré lâcher tout ce que j’avais sur le cœur à Reed lui-même. Reed qui était, apparemment, responsable de tout ce qui arrivait, ce soir, à la fille que j’aimais.

J’étais tendu, j’étais fatigué, j’étais inquiet, j’étais en colère et, surtout, j’étais tout à fait d’accord avec Jack quand il disait que Reed avait plutôt intérêt à retrouver Livia. Oui, il avait intérêt ! S’il ne la ramenait pas… Je ne sais pas ce que je lui ferais mais je lui ferais !

Je fixai Jack et hochai franchement de la tête pour confirmer ce qu’il disait. Mon regard passa de lui au téléphone qui semblait rester muet… Quelque part, j’avais envie qu’il sonne et qu’un type demande une rançon. Si Reed n’était pas prêt à la payer, moi oui… Je donnerais toute ma fortune pour sauver Livia. Absolument toute !

Mais quelque chose, au fond de moi, me disait qu’il ne sonnera jamais… Et je ne pouvais m’empêcher de ressasser les paroles de Reed. Celle qui disait qu’une rançon, ça serait le meilleur des scénarios.

Je n’osais même pas imaginer les pires…

Et je n’en pouvais plus au point qu’après avoir répondus aux questions de Maritza, j’envoyai les miennes en haussant le ton. Je voulais mes réponses comme en témoignait mon regard. Je ne sortirais pas de cette villa sans que quelqu’un ait répondu ! Et Jack aussi semblait vouloir des réponses même s’il les posait sur un ton plus calme et avec des mots plus choisis. Jusqu’où Reed pouvait être impliqué ? Je voulais le savoir aussi ! Je voulais savoir jusqu’à quel point il était coupable de ce que vivait ma Livia.

Maritza répondit à Jack disant qu’il était assez impliqué que pour avoir des pistes sérieuses sans en dire plus sur la nature des pistes. Le mystère qui entourait l’enlèvement de celle qui était ma femme ne me plaisait vraiment pas et Maritza semblait vouloir garder pour elle les petits secrets de Reed.

Mais moi, ça ne me convenait pas ! Pas plus cette phrase sortie de la bouche de Maritza qui disait que Reed aimait sa fille à sa façon et qu’il donnerait sa vie pour elle. Il avait beau soi-disant l’aimer, ça n’empêchait que, à cause de lui, elle est maintenant en danger et que s’il nous avait mis au courant du « je ne sais pas quoi » dans lequel il semble impliqué, on aurait pu se mettre sur nos garde !

Et devant l’absence de réponses à mes questions, je mis en grand coup de talon dans la table basse la faisant reculer de quelques bons centimètres avant de me lever, les larmes aux yeux et emplit de rare, en fixant Maritza.

-Je veux savoir, Maritza ! Dis-moi dans quoi Reed traine ! Je te jure que je ne quitterais pas cet endroit sans réponse ! Que ça vienne de toi ou de Reed, je veux des réponses ! Si Reed nous avait dit que Livia était en danger, on aurait pu être prêt ! Mais voilà où nous a mené ses petits secrets et ce soi-disant amour qu’il porte à Livia ! Parce que, jusqu’ici, il ne lui a jamais apporté rien de bon ! Juste des déceptions à répétition de par son attitude distante et, maintenant, sa vie est en danger à cause de lui !

Les larmes coulaient sur mes joues.

-Alors, je veux savoir, ok ?!

Je jetai un regard vers Jack avant de reposer encore mon regard sur Maritza en shootant encore dans la table à répétition.

-Je veux savoir !

Je ne m’arrêtai pas de shooter pleurant tout en même temps. Il fallait vraiment que je sache !

@ Billy Lighter

Je posai la question à Maritza… LA question, celle qui faisait peur, celle que personne n’osait poser. Jusqu’où les petites magouilles de Reed avaient-elles à voir dans l’enlèvement d’Olivia. Je voulais savoir, et je n’avais que faire que l’époux de ma protégée soit là. Que du contraire ! S’ils devaient vivre ensemble, ils devaient savoir quelle épée de Damoclès leur pendait au-dessus de la tête ! Ils devaient savoir !

Mais à ma question, il n’y eut pas de réponse concrète, peut-être parce que Maritza elle-même ne savait pas. Peut-être que Maritza elle-même n’avait pas la réponse à cette question. Je ne savais pas comment fonctionnait le couple Reed… Mais quelque chose me disait que j’avais mis là les deux pieds dans une mare de secrets, de non-dits et de codes…

Tout, chez Reed, était crypté… Et peu de personne avaient le décodeur.

Mais je voulais savoir.

Résultat, j’en avais trop dit et pas assez. Tout comme Maritza en avait trop dit et pas assez..

Mais suffisamment pour mettre Julian hors de lui… Complètement hors de lui. Il s’était levé et avait shooté une première fois dans la petite table basse du salon. J’en avais sursauté, surpris devant tant de colère subite… Et en même temps…

En même temps, était-ce vraiment si surprenant ? Non… Julian était tiqué jusqu’à la moelle… Il bouillonnait perpétuellement de l’intérieur… Mais là, c’était la goutte qui faisait déborder le vase.

Et il commença à crier après Maritza, réclamant des réponses.

Je me levai quand il shoota une deuxième fois dans la table Alors, je posai mes deux mains sur ses épaules, assez fermement pour qu’il puisse sentir ma présence, assez fermement pour qu’il sente que s’il recommençait, je le ceinturerais… mais là, tout ce que je voulais, c’était qu’il recoule de deux pas par rapport à Maritza.

-Hey… Julian… Du calme…  Du calme…

Puis, je fixai Maritza droit dans les yeux.

-Je sais que ce n’est pas à vous de nous donner ces réponses. Mais si vous les avez, ne pensez-vous pas que l’homme de la vie de votre fille devrait savoir de quoi il en retourne ? Ne pensez-vous pas qu’il a le droit de savoir comment quelqu’un comme Reed peut sortir de sa manche un papier d’adoption d’un orphelinat dans lequel l’enfant adopté n’a jamais mis les pieds ?

Je lâchai Julian pour avancer vers Maritza.

-Ne pensez-vous pas qu’il doive savoir comment pouvoir protéger votre fille à l’avenir ? Qu’il sache ce qui leur pend au nez de par les agissements de Monsieur Reed ? Je ne veux pas vous manquer de respect, Maritza… Mais la situation est grave ! Suffisamment grave que pour que le noyau dur, c’est-à-dire nous, autour de Reed, sache à quoi s’attendre.

@ Billy Lighter

Julian exige des réponses que je ne suis pas en droit de lui donner.   Jimmy seul peut décider de lever le voile sur ce pan de sa vie, je n’ai pas la légitimité de le faire. Le jour où il s’est ouvert à moi, j’ai fait le choix d’accepter cette facette de sa vie, de la garder pour moi, jusqu’à l’enfermer dans la tête jusqu’à ne plus la voir.  J’ai fait le choix d’aimer inconditionnellement  Jimmy peut importe que je sois en accord ou non avec ce dans quoi il trempe.

Aujourd’hui, et ce même après ce que j’ai moi-même vécue et qui était directement en lien avec ses activités  de chef de gang, je ne me sens pas en droit de répondre honnêtement à Julian, qu’importe la crise qu’il fera, comme il m’en fait la démonstration en ce moment même en  shootant dans la table basse et en se levant d’un bond, rageusement.

Je ne peux pas en vouloir à Julian de réagir de la force. En dedans de moi, je mène le même combat, dix fois… cent fois pire. Mais je me contiens. Parce que ça ne ramènera pas ma fille si je me laisse aller.

Julian ne se calme pas, pas tant que Jack ne le prenne dans ses bras, pour le maitriser.  Je voudrais moi aussi aller l’étreindre, le rassurer, trouver les mots justes, le réconforter comme il doit l’être, ce n’est qu’un enfant après tout. Un enfant qui mène une vie d’adulte et toutes les inquiétudes qui viennent avec.

Pourtant je restais là, sachant très bien qu’il me repousserait, et de toute façon, Jack gère la situation. Je fusillais cependant Julian du regard quand il clama haut et fort qu’Olivia était en danger par la faute de Jimmy.

- Jimmy ne voulait que protéger Olivia en démentant leur lien qu’a révélé Amon Sørensen !

La mettre en danger est bien la dernière chose qu’il cherchait à faire, je trouve cela absurde que Julian puisse croire que ce qui arrive soit  entièrement la faute de Jimmy.  J’aurais apprécié un peu plus de support de la part de Jack qui emprunte la même voie que Julian, avec plus de diplomatie cependant.  Je me sens persécuter, par son discours, par la façon dont il avance vers moi et qui me force à reculer.

- La situation est grave, j’en ai conscience, figurez-vous, Jack ! C’est de MA fille dont il s’agit ! En ce moment, je souffre comme personne au monde ne peut douter, ne sachant pas où est ma fille, si elle va bien et même pire, si elle est encore en vie ! Et vous êtes là tous les deux à me persécuter pour que je vous dise des choses que je ne suis pas en mesure de vous dire parce que tout ce que je sais n’est probablement que la pointe de l’iceberg !

Je secouais la tête, entre mes deux mains, me retenant de fondre en larme, de hurler de rage, de peur et de tristesse.

- Tout ce que je sais, c’est que Jimmy a assez de pouvoir pour se procurer les moyens de retrouver Olivia et nous la ramener, même si pour cela, il doit mettre Los Angeles à feu et à sang !

Puis je regardais Julian, me doutant que ce dernier ne serait jamais pleinement satisfait de ce que je  pourrais lui dire.

- Julian, si une fois, ne serait-ce qu’une minime fois, Jimmy avait douté du danger que courrait Olivia, rien de tout cela ne serait arrivé parce qu’il s’est assuré, par Russell entre autre, que vous soyez protégé.  Il a fait ce qu’il pensait être suffisant, certes ce ne fut pas assez mais croit moi, jamais, au grand jamais, il n’aurait laissé au hasard  votre sécurité !

L’avenir, il est trop tôt pour s’en inquiéter, il faut penser au moment présent, aux heures qui s’écoulent en égrainant lamentablement lentement les secondes.

- Quand Olivia sera retrouvé, rien ni personne ne saura plus jamais nous faire du mal !

@ Billy Lighter

Les réponses ne venaient pas ! Maritza les gardait pour elle alors que j’avais le droit légitime de les avoir. Et tout ça me rendait dingue au point que je commençai à shooter avec rage dans la table basse du salon de Reed. Je voulais qu’elle me donne ces réponses et si je devais casser toute la maison pour les avoir, je le ferais !

Soudain, je sentais les deux mains de Jack se poser sur mes épaules. Il me disait de me calmer me faisant reculer un peu alors que j’arrêtai de shooter. Mes muscles étaient toujours très tendus et je regardai vers Maritza avec un regard noir. J’avais envie qu’elle me dise des réponses et je blâmai, tout haut, Jimmy de ce qui arrivait à Livia ce qui me valut une réplique de Maritza qui disait que Jimmy avait voulu protégé Livia en démentant leur lien. Je serrai les poings le regardant toujours avec le même regard.

-Et ben, c’est raté ! Il n’a pas su la protéger !

S’il avait réussi, elle ne se serait pas faite enlevée. Et ce qui me rendait fou dans cette histoire c’est que Jimmy semblait très conscient des dangers que courait Livia mais qu’il n’avait rien dit qui aurait pu nous faire nous préparer au pire. Non ! Il nous avait laissé vivre alors qu’on croyait naïvement être en sécurité.

Et Jack, qui lui gardait son sang-froid, disait que j’avais le droit à des réponses. Il semblait même lui-même se poser des questions sur le patron de BSC. Il demandait les choses avec bien plus de politesse que moi. Moi, je ne saurais plus être calme. Je ne saurais plus accepter le silence de Reed et de Maritza. Pas maintenant que Livia est peut-être morte…

Je regardai toujours Maritza qui répondit qu’elle souffrait aussi et probablement plus que quiconque. Et que ce qu’elles avait sur les agissement de Reed n’était peut-être que la pointe de l’iceberg. Je serrai les poings. Même la mère de Livia semblait dans le flou. Même si j’imaginais qu’elle l’était bien moins que moi.

Mais elle semblait se contenter de ce qu’elle savait. Et elle faisait confiance à Reed pour retrouver Livia.

Pas moi.

Quant à ce qui était de notre protection, Maritza disait que Jimmy s’en était occupé avec Russell. Oui et bien c’était vraisemblablement loin d’être assez ! De plus, si on avait su qu’un danger bien pire qu’un Josh Smith nous poursuivait, on aurait gardé Russell 24h/24 avec nous ! On ne l’aurait pas appelé que pour nos sorties !

Et, enfin, Maritza clama que quand Livia rentrera, plus personne ne lui fera de mal. Je la foudroyai du regard.

-Encore faudrait-il la retrouve en vie, pour ça !

Je serrai toujours les poings. Je n’en pouvais plus des secrets.

-Tu te contente peut-être de ce que Reed te donne comme réponse, Maritza. Tu as peut-être une confiance aveugle en lui. Mais c’est loin d’être mon cas. Si tu crois qu’il est capable de ramener Livia, grand bien te fasse, mais, moi, je ne vais pas me tourner les pouces ici en attendant que le « grand » Jimmy Reed retrouve sa fille grâce à ses « je ne sais quoi » qu’il sait et dans quoi il trempe ! Jamais je ne me reposerais sur un type qui a mis sa fille en danger sans même trouver important de lui en référer !

Je continuai de regarder Maritza.

-Jimmy et toi ne voulez rien me dire ? Très bien ! Je vais mener mon enquête de mon côté en partenariat avec la police que j’ai appelé. Je ne dirais rien sur ce que trafique Reed. Je ne suis pas comme ça. Mais jamais, je ne me reposerais entièrement sur lui pour trouver Livia. Ça, il n’en est pas question !

Je regardai ensuite Jack.

-Je ne saurais pas rester ici. Je vais rentrer chez mon père. Il a le droit d’être au courant aussi. De toute façon, j’ai appelé la police. La ville entière sera bientôt au courant. Il y aura des avis de recherche.

Je me tournai ensuite vers Maritza.

-Un jour, je viendrais ici et je demanderais à Reed des réponses. Qu’il se prépare à me répondre.

C’est tout ce que j’avais à dire… De toute façon, Reed n’était pas là.

@ Billy Lighter

Maritza prétendait ne savoir des agissements de Jimmy que la partie émergée de l’iceberg. Elle en savait certainement toujours plus que Julian et moi. Mais avoir les réponses allait-il vraiment nous aider. Pas sûr… Hormis nous faire haïr un peu plus Jimmy Reed peut-être… Mais aussi, nous aider à comprendre. Parce que c’était ça dont Julian avait besoin : de trouver une logique dans le chaos que provoquait cet enlèvement.

Maritza disait souffrir et ça, je ne pouvais pas en douter. Elle devait souffrir au moins autant que Julian et vu comment moi, je souffrais de cette disparition, je n’osais même pas imaginer ce qu’il en était pour eux.

Selon elle, Jimmy avait les moyens pour retrouver Livia. Elle semblait y croire dur comme fer. Elle parlait même de mettre Los Angeles à feu et à sang. Je serrai les dents, serrai les poings… Si Reed était si dangereux alors ses ennemis devaient probablement être à sa hauteur et dieu seul savait ce qu’ils faisaient subir à Olivia.

Maritza ajouta que si Jimmy avait été au courant du danger que courait sa fille, il aurait tout mis en œuvre pour la protéger. Il avait donc péché par excès de confiance, la croyant hors de danger même après la publication de l’article de Sørensen, pensant qu’un démenti ferait l’affaire…

Et bien comme disait Julian, c’était raté.

J’étais coincé entre deux personnes qui criaient. Deux personnes qui partageaient pourtant les mêmes inquiétudes. Moi-même, j’étais inquiet, mais je n’estimais pas être en droit de considérer ma douleur comme égale à la leur… Ils étaient respectivement le mari et la mère de Livia. Alors je pensais que ma douleur, là-dedans, pesait peu dans la balance.

Julian avait arrêté de shooter dans la table basse, alors que je le retenais par les épaules, mais il n’en avait pas fini avec Maritza. Il déclara qu’il n’avait pas confiance en Reed et qu’il n’allait pas rester ici à attendre les réponses. Que du contraire, il allait aider les enquêteurs à faire leur job.

-C’est une bonne idée…

Peut-être que les enquêteurs ne seraient pas de mon avis mais en attendant, c’était la seule chose constructive, et non destructrice, à laquelle Julian pouvait penser. Il se tourna vers moi pour me regarder en disant qu’il allait rentrer chez son père. Je trouvais que c’était là une bonne idée : Julian ne devait pas rester seul sur les lieux de l’enlèvement, j’avais l’impression que ça le rendrait fou s’il faisait ça.

-Très bien… Je vais te suivre en voiture jusque-là.

Oui, parce que je tenais à ce qu’il ne disparaisse pas de la circulation, lui aussi. Ni à ce qu’il fasse un accident en route parce que son état d’énervement était suffisamment grave pour qu’il se mette tout seul dans le fossé par distraction.

Sa dernière phrase fut pour Maritza. Julian l’avait prise en grippe et affirma qu’un jour, il viendrait réclamer des réponses à Reed.

Moi, je m’approchai d’elle et la pris une nouvelle fois dans mes bras, comme une reconnaissance de sa douleur que je ne pouvais même pas imaginer… Je n’osai pas imaginer ce que ça me ferait si un jour, Jesse disparaissait. Déjà que je vivais très mal la disparition de Livia… Et puis… Elle n’avait peut-être pas le droit de révéler quoi que ce soit sur Reed. Je ne pensais pas que nous étions en droit de lui en vouloir pour ça.

-Elle reviendra… On la retrouvera.

Je lui flattai un peu le dos en signe de réconfort puis revins vers Julian pour lui poser une main sur l’épaule.

-On y va ?

@ Billy Lighter

La frustration qu’éprouvait Julian était plus que légitime. Je ressentais exactement la même chose que lui mais je ne pouvais pas me résoudre à lever le voile sur la vie secrète de mon futur époux. Ce n’était pas mon droit de le faire et… quand bien même je le ferais, ça ne nous ramènerait pas Olivia, non plus que ça puisse aider Julian dans sa quête de vérité.

Je l’entendais me cracher sa colère, je le regardais, lutter avec lui-même pour ne pas céder d’avantage a ses pulsions de rage, je me sentais impuissante et ô combien désolée.  J’aurais voulu le prendre dans mes bras, le serrer contre moi et lui promettre que tout irait bien mais j’en suis incapable.

De toute façon, Julian ne croira plus un seul mot qui sortira de ma bouche, parce que j’ai voulu protéger les secrets de Jimmy en refusant de répondre au mari de ma fille. Peu importe ce que je fais, je suis perpétuellement coincée entre Jimmy et quelqu’un d’autre, quand ce n’est pas Olivia, c’est Julian.

J’en viens à me dire que… J’aurais dû crever sous cette balle et ma fille serait sauve…

- Julian… si je pouvais tout te dire… je le ferais… je t’en supplie ne m’en veut pas… il faut qu’on tienne bon, pour Olivia !

Ça me tue un peu plus de voir la déception et la colère dans les yeux de Julian. Oui je fais confiance à Jimmy, il ne m’a jamais donné raison de croire qu’il ne tiendrait pas parole dans toutes les choses qu’il m’a dites.  Et moi j’ai supposé qu’il pouvait douter des intentions du kidnappeur parce qu’il ne savait pas s’il pouvait s’agir d’une question d’argent… ou pire encore…

D’un côté comme de l’autre, je blesse les gens.

En ce moment, je me déteste profondément.  Je me sens comme la seule responsable du chagrin de Julian comme si j’étais celle qui faisait la pluie et le beau temps alors qu’en fait, je suis tout aussi impuissante que lui, Jack et même Jimmy qui fait je ne sais quoi avec je ne sais qui. Qui sait si je le reverrai lui aussi, vivant ?

Julian  décida de partir, d’aller chez son père pour le mettre au courant et d’amorcer sa propre enquête, et Jack, de le suivre. Alors, je me retrouverais encore seule, avec deux fois plus d’angoisses sur les épaules.

Jack s’approcha de moi pour tenter de me rassurer. Je ravalais ma fierté en n’éclatant pas en sanglot et j’hochais la tête pour lui faire comprendre que ça irait.

- Soyez prudent, je sous en supplie, Jack !

S’il fallait qu’ils s’emmêlent dans des péripéties risquées et dangereuses, je ne m’en remettrais pas.  Je devais rester calme pour éviter de sombrer, penser au bébé que je porte et qui n’a pas besoin de ressentir mon stress.  

Une fois seule au salon, je regardais tout autour de moi, serrant mes bras autour de ma poitrine comme si je pouvais croire que ça suffirait à me réconforter.  En fait, j’espérais que par ce geste, Oliva, peu importe où elle se trouvait, puisse ressentir que sa maman l’aime plus que tout au monde.

@ Billy Lighter