Savannah était en retard.

Ce n’était pas une nouveauté… Ça devait être un truc de rockstar. Une sale manie qu’ils avaient quand ils se rendaient compte que les gens étaient à leurs pieds. Comme s’ils étaient devenus une sorte de race supérieure qui leur permettait des choses que le commun des mortels ne se permettrait pas. Comme s’ils avaient une immunité qui leur permettait plusieurs choses comme : être en retard sans subir aucune conséquence mais, aussi, ne pas payer ses dettes sans qu’il n’y ait de conséquences.

Savannah croyait certainement à cette immunité. Parce qu’elle était en retard et qu’elle me devait un paquet d’argent. Des dettes qui s’accumulaient de plus en plus et dont j’avais fait les comptes.

Au total, Savannah me devait pas moins de 5000 dollars. C’était une raison suffisante pour que je la tue. Seulement, tout le monde sait qu’un cadavre ne peut pas rembourser ses dettes. Ce qui marche beaucoup mieux, par contre, c’était la bonne vieille intimidation.

Et ce n’était pas parce que Savannah était ma cousine que je n’allais pas utiliser ça pour qu’elle crache les thunes.

Parce que, oui, je tenais à ce qu’elle me rembourse. Parce que Savannah n’était pas réellement une cliente des Los Diablos. Elle n’était un de mes « clientes spéciales ». Cette partie des clients à qui je vendrais la drogue des Los Diablos pour plus cher qu’elle ne valait. Des clients qui n’avait jamais trainé dans l’Eastside et qui, donc, n’avait aucune idée que je les bernais pour me faire des bénéfices sur le dos de mon gang.

Ça aurait été une vraie cliente des Los Diablos, je m’en serais foutu qu’elle doive de l’argent. Parce que ce que je récolte des clients des Los Diablos va aux Los Diablos et, donc, à Jimmy Reed. Et il devait savoir, depuis un temps, que je ramenais de moins en moins d’argent pour ce qui passait, aux yeux des autres membres, par un manque de motivation ou bien, pour Alonso et Carlos, pour de la provocation.

Les deux étaient vrais.

Mais je m’en fichais. Parce que j’aimais, pour l’instant, provoquer Reed de cette manière tout en me faisant des bénéfices dans son dos sur les quelques ventes que je faisais.

Voilà pourquoi je voulais récupérer l’argent de Savannah. Et ce n’était pas notre lien familial qui allait faire en sorte que je sois magnanime avec elle. Pour moi, ça ne valait pas grand-chose. Savannah n’était rien d’autre que la fille de la soeur de mon père. C’était Savannah elle-même qui m’avait révélé qu’elle était ma cousine alors que je l’avais vu trainer dans un bar, qu’elle semblait en manque et que je lui avais proposé mes services de dealer. Si mon père ne m’avait jamais dit avoir une sœur, la mère de Savannah avait, apparemment, parlé à sa famille de son frère et de la famille de celui-ci.

Certainement pas en bien… Après tout, mon père est un serial killer. Quoique je ne savais pas ce que faisais la mère de Savannah pendant la nuit.

Du coup, je l’attendais en tapant de mes doigts sur l’accoudoir du fauteuil. Je tapais d’impatience jusqu’à-ce que j’entende toquer à la porte de mon appartement de l’Eastside.

-Entre.

Je dis ça d’une voix calme mais où on pouvait entendre mon impatience.

Quand Savannah entra dans la pièce, je levai le regard vers elle.

-Tu es en retard, Sav. Tu as l’argent ?

Parce qu’on s’était donné autant rendez-vous pour ses dettes que pour que je lui donne ses prochaines doses.

Mais je voulais l’argent d’abord.

@ Billy Lighter

Aujourd’hui, nous sommes le 185ième jour du calendrier grégorien, 186ième  si c’est une année bissextile. C’est en 1776 que,  un 4 juillet, c’est signé la déclaration d’indépendance de notre beau et grand pays. Les treize colonies britanniques d'Amérique du Nord ont fait sécession de la Grande-Bretagne pour former les États-Unis d'Amérique. Outre ce magnifique petit cours d’histoire c’est aussi le jour parfait pour faire la fête, boire jusqu’à plus soif, s’envoyer en l’air, faire de la musique, papillonner ici et là en distribuant de la joie, faire péter des fusée pour voir si elles ont plus d’étoile que notre drapeau.

Je fais la fête depuis le matin, pour dire vrai, depuis que je me suis réveillée, à moitié échouée sur un vieux divan d’un appartement que je ne connais pas, il devait être dans les alentours de midi mais c’est le matin si je viens de me réveiller, pas vrai ?  J’ai attrapé une bouteille de ce que je pensais être de la vodka mais ça a un goût de chiotte, ce doit être du gin, de l’alcool de vieux crado ! Je me suis tapé un vieux cook et je ne m’en souviens même pas !  J’ai enfilé mes bottes, mon short, j’aurais dû faire l’inverse, puis je suis partis, bouteille à la main et j’ai erré ici et là en continuant de faire la fête parce que nous sommes le putain de 4 juillet, mon frère !

Je suis tombé sur Joy alors que je titubais jusque chez moi.  L’envie de la faire jouir en plein milieu de la rue m’a travaillé mais j’ai résisté jusqu’à ce que nous soyons bien cachées, toutes les deux, dans le confort de mon appartement puis je suis repartie en vadrouille. La fête va atteindre son apogée  dès que le ciel se voilera. Il y aura un immense feu sur la plage, on fera de la musique toute la nuit, on baisera sans se soucier d’être surpris, on va boire aussi et s’envoyer toute la came qu’on veut, parce que c’est ça le 4 juillet !

Avant, je dois passer voir mon cousin, le convaincre de patienter encore un peu parce que le fric qu’il prétend que je lui dois, je ne l’ai pas. Enfin si je l’ai mais il est aussi gelé que moi ! Je ne peux pas le sortir de mon compte de banque parce que c’est comme ça ! Il y avait des formalités en bas de la page du contrat que j’ai signé mais je ne les ai pas lu ce qui fait que je ne peux pas gérer moi-même mon pognon et que voilà, si j’en veux, faut que je le demande mais c’est si barbant de devoir demander ce qui nous appartiens que je n’ai pas envie de le faire.

Ward Fleming n’a pas besoin de mon argent pour vivre, il se fait plein de thunes avec tellement d’autres poissons que moi. Par contre, et ça, ça me fait un petit peu chié de le dire, j’ai besoin de lui pour continuer. Pas de lui à proprement parler mais de ce qu’il me vend. J’ai donc traînée ma carcasse jusque chez mon cousin et toquée à sa porte. Il ne daigna même pas venir m’ouvrir, mais quel accueil !

-  C’est relatif le temps, Ward ! Qu’est-ce qu’un retard de quelques minutes quand nous avons toute la vie devant nous et, au fait, moi aussi je suis si heureuse de te revoir ! Tu m’as l’air en forme, c’est bien !

Jouer avec sa patience n’est pas forcément une bonne idée mais pour ma défense je n’ai jamais eu comme première qualité la ponctualité alors d’être en retard de quelques  minutes qui au final forment des heures, ce n’est pas si mal. C’est même une victoire pour moi !

- Au moins je suis là. Tu veux qu’on fasse ça sur la table, comme la dernière fois ? Ah mais non, tu ne veux pas que je te rembourse de cette manière, c’est si dommage, tu sais que le dicton dit qu’une fois bander, adieu la parenté ? Tu devrais y songer.

@ Billy Lighter

Il n’était pas question que je me déplace jusqu’à la porte d’entrée pour accueillir Savannah. Elle ne le méritait pas. Et chaque minute de retard supplémentaire me donnait envie de la fracasser contre le mur. Chaque fois un peu plus fort. Si bien que quand elle toqua enfin, j’avais déjà visualisé son meurtre plusieurs fois.

Je lui dis juste d’entrer ce qu’elle fit sans vraiment se faire prier. Savannah avait l’air d’une dépravée… En fait, elle avait toujours l’air d’une dépravée si bien qu’elle aurait pu se fondre dans la masse des putes de l’Eastside. Pourtant, ma cousine était loin de venir des bas quartiers. De ce que je savais, elle avait grandi à Downtown dans une famille de la classe moyenne. Mais son statut de rockstar rebelle lui donnait un genre de dépravée… Sans compter les quantités massives de drogue qu’elle ingérait par jour.

Je déclarai qu’elle était en retard sur un ton neutre qui n’annonçait rien de bon. Mais elle se permit de répliquer que le temps était relatif. Qu’un petit retard n’était rien. Qu’elle était heureuse de me voir avant de constater que j’étais en forme.

-Je suis toujours en forme pour récupérer ce qui me revient.

Soit les 5000 dollars qu’elle me devait.

-Et le temps n’est pas relatif Sav… Le temps, c’est de l’argent. Si tu n’étais pas une petite rockstar dépravée, tu le saurais.

Elle jouait avec mes nerfs. Elle le savait. Et elle savait que ce n’était pas vraiment recommandé.

Je voulais mon argent. Et je le voulais maintenant. Ce que je lui fis comprendre par des mots et par un regard sans équivoque. Et elle lança qu’elle pouvait très bien payer en nature. Ce n’était pas la première fois qu’elle me faisait ce genre de proposition. Comme si j’étais un de ces dégénérés consanguins des bas quartiers qui baise entre membres de leur famille.

Non. Je n’étais pas comme ça.

Je me levai faisant face à Savannah et lui lançai de ma voix calme qui n’annonçait rien de bon.

-Je t’ai déjà dit que je n’étais pas un dégénéré, Sav. Je ne suis pas comme toi.

Elle, elle était prête à tout pour rembourser sa dette sans dépenser un rond.

-Et puis, je n’ai pas besoin de filles. Des filles, je peux en trouver autant que je veux dans un claquement de doigts. Et des bien plus belles que toi, par ailleurs.

Sav n’était pas laide… Elle était plutôt bien foutue. Mais il y avait mieux ailleurs. Des plus belles et des moins grandes gueules, surtout.

-Moi, ce que je veux, c’est mes 5000 dollars. Tu ne les as pas, c’est ça ?

Si elle les avait, elle les aurait déjà sorti. Et je détestais la façon qu’elle avait de me faire attendre pour rembourser ce qu’elle me devait.

-C’est dingue comme les plus riches sont ceux qui prennent le plus de temps à rembourser… C’est certainement parce que, contrairement aux pauvres, ils n’ont pas peur des représailles.

Je dis ça en coinçant le menton de Savannah entre mon pouce et mon index. Je serrai assez fort que pour lui faire comprendre qu’elle allait passer un sale quart d’heure.

-Alors, Sav ? Tu crois que tu vas encore t’en sortir avec quelques mots ? Si c’est le cas, j’attends… Comment tu vas justifier que tu n’as pas l’argent, cette fois ?

J’attendais… Même si je savais qu’aucune justification ne me conviendra.

@ Billy Lighter

L’argent mène le monde, c’est bien connu ! Pourtant, qu’est-ce que c’est que l’argent, réellement ?  Du papier, des pièces rien de vraiment  précieux mais qu’il l’est parce que nous acceptions bien de lui donner une valeur.  Pourtant, la vraie richesse est ailleurs, au cœur même de l’humain, mais ce serait un peu con et compliqué que de payer en s’arrachant un bout de l’âme.  Le talent est là et suffirait, dans un monde idéal, à satisfaire tout le monde. Je vais chez l’épicier, je prends stout ce dont j’ai besoin pour me nourrir et je le paie avec un concert. Le menuisier paiera en faisait de petites réparations ici et là, bref ce serait beaucoup plus simple et merveilleux de vivre sans dépendre de bout de papier.

Ward se laisse dicter la voie par l’argent, il en a de besoin, il en veut toujours plus et de toute évidence, il n’est pas plus heureux ce qui est très triste.

- Le temps c’est du sable qui coule entre nos doigts.  Referme un peu tes doigts, il va s’écouler moins rapidement, tu verras.

Je m’allumais une cigarette et tirais dessus avant de laisser aller la fumée.

- Une petite rockstar dépravée ? Pourquoi tant de haine, mon cousin ? C’est le 4 juillet aujourd’hui, paix et amour !

Je prônais la liberté du corps ! J’aimais mon prochain quel qu’il soit, l’amour n’avait absolument aucune frontière pour moi, même pas de sang, quoi que je me gardais quand même une petite gêne avec ma famille très immédiate, cela va de soit mais au stade de Ward Fleming, ça n’avait plus aucune signification à mes yeux alors, pourquoi ne pas régler cette puéril question d’argent de cette manière qui était en prime très agréable !

- Je sais ! Je sais, tu es un tombeur. Avec une gueule comme la tienne, ça se bouscule à ta porte, j’ai d’ailleurs dû me frayer un chemin parmi la cohorte de femme qui se languie de toi.

De mémoire, je ne me souviens pas d’avoir vu beaucoup de femmes au bras de mon cousin, à l’exception d’une belle grande blonde avec beaucoup de mordant. Une femme comme je les aime, moi aussi !

- Non je n’ai pas ton argent. Oui je vais te rembourser et de quelles représailles parles-tu ?

Ward coinça mon visage en me tenant par le menton, me forçant à le regarder et je soufflais ma fumée entre nous deux. Il serra alors plus fort, je savais qu’il était en colère et qu’il allait péter un câble, il l’avait fait la dernière fois, je savais de quoi il était capable.

- Geler. À la banque. Parce que je suis sous tutelle, tu le sais !

‘’ Tu dépenses trop, Sav ! Tu brûle la chandelle par les deux bouts ! Tu vas te retrouver les pieds devant avant tes 25 ans !’’ On me servait tellement d’avertissement que je pourrais bien passer la nuit à les énumérer. Je devrais en faire une chanson tient ! Je suis certaine qu’elle aurait beaucoup de succès.

- Je dois trouver une façon de faire sortir le blé de mon compte, justifier un achat de 5000$ ce n’est pas facile ! Je n’ai même pas de permis de conduire !

J’aurais pu prétendre vouloir une belle voiture de l’année ! Ça aurait été la classe avoir une belle bagnole !

- On me donne que 300$ pour tenir la semaine, j’ai ça, je peux te donner ça !

@ Billy Lighter

Le temps, c’est du sable… Parfois, je me disais que Savannah ferait bien d’arrêter de carburer. Mais c’était une rockstar et les rockstars vivent sur une autre planète. Donc, je n’en avais strictement rien n’à foutre de ses métaphores stupides. Ce que j’en avais un peu moins rien n’à foutre, c’était qu’elle osait s’allumer une cigarette chez MOI en sachant très bien que je détestais ça.

Le seul endroit qui à la droit de sentir la clope, c’est les vestiaires de la salle de sport, le seul endroit au monde où j’en grille une avant un combat.

C’est certainement ça et les idées stupides de Sav qui me firent la traité de ce qu’elle était : une rockstar dépravée. Et encore, j’avais été sympa sur les termes.

-Je me fiche complètement du 4 juillet.

Et je n’avais aucune envie qu’elle me paie en nature. Aucune ! J’avais d’autres moyens d’avoir des filles bien plus belles et bien moins stupides que Sav dans mon lit. Même si elle se permit de sous-entendre qu’il n’y avait pas une seule femme à l’horizon ici. Je penchai légèrement la tête sur le côté ce qui, dans ce genre de conversation, était très mauvais signe.

-Ne me pousse pas à bout.

Je ne voulais qu’une seule chose : les 5000 dollars. C’est ce que je dis posant la question de savoir si elle les avait sachant déjà très bien la réponse. Une réponse qui n’allait pas me plaire. Elle ne les avait pas. Elle avait osé se pointer ici sans un rond.

Quant aux représailles, je fixai Savannah droit dans les yeux alors que j’avais coincé son menton entre mes doigts. Elle osa souffler sa fumée vers moi.

-Tu sais très bien de quelles représailles je parle.

Elle avait déjà eu un avant-gout la dernière fois. Mais je pouvais aller plus loin. Beaucoup plus loin.

Et elle se mit enfin à causer plus sérieusement. Son argent été gelé, à la banque. Pourquoi ? Parce qu’on l’avait mise sous tutelle parce qu’elle faisait partie de ces rockstars incapables de se gérer eux-mêmes. Je les savais. Mais j’aurais pensé qu’elle était assez maligne que pour trouver un moyen d’obtenir le montant de sa dette.

-Je sais. Mais je te pensais assez intelligente que pour trouver la somme autrement.

Elle disait qu’elle devait trouver une autre façon d’avoir son fric et justifier un achat de 5000 dollars. Parce que, jusqu’ici, elle ne recevait de 300 dollars par semaine.

Je serrai plus fort son menton.

-Je ne veux pas 300 dollars. Je veux 5000 dollars. Et je les voulais pour aujourd’hui. Tu le savais Sav.

Et je détestais qu’on se pointe chez moi sans avoir ce que je voulais. Surtout que, dans son cas, ce n’était pas la première fois.

-Tu me déçois beaucoup.

C’est ce que je dis avant de la plaquer contre le mur dans un geste violent. Quand ce fut fait, je lui fauchai sa cigarette.

-Et je t’ai déjà dit de ne pas fumer ici.

J’écrasai la cigarette sur son bras la brûlant au passage avant de lancer le mégot dans la poubelle qui se trouvait à côté du bureau un peu plus loin.

-J’ai été trop gentil la dernière fois parce que, apparemment, on dirait que tu n’as pas compris.

Et pour lui faire comprendre, je lui envoyai un poing en plein figure.

-Alors… C’est mieux ? Le coup vient de t’éclaircir les idées ? Parce que si tu manques d’idées pour avoir ces foutus dollars, je peux t’en donner.

Ça n’allait pas lui plaire… Mais je me fichais complètement de ce qui lui plaisait ou non.

@ Billy Lighter

Nous pouvions se foutre de bien des choses dans la vie mais nous ne pouvions pas cracher sur un jour comme le 4 juillet ! C’est la base de notre fibre patriotique, le moment de célébrer notre beau et grand pays mais pour Ward, ce n’était qu’un jour comme les autres, pas de quoi fouetter un chat, quoi !

Mon cousin n’entendait pas à rire, surtout pas quand il était question d’argent, aussi, je sentis la soupe devenir de plus en plus chaude alors qu’il  penchait la tête sur le côté, avec lui, un signe que rien ne va plus.

- D’accord, d’accord, du calme !

Je ne voulais pas non plus lui faire péter un câble, je savais que trop bien de quoi il était capable mais j’espérais toujours qu’il soit un tout petit peu plus clément avec moi, après tout, je suis de sa famille, et avec la famille, on peut se permettre une certaine souplesse, non ?

Apparemment non parce qu’il se leva pour coincer mon menton entre ses doigts et réclamer son dû que je n’avais bien sûr pas.  J’avais cherché à sortir l’argent mais je n’arrivais pas à trouver la bonne explication pour qu’on me donne mon propre blé, putain que c’est frustrant, il est à moi ce pognon mais je n’avais droit qu’à 300cents misérables dollars par semaine ! Où voulez-vous bien que j’aille avec si peu pour subvenir à mes besoins ? Mais on me répondait qu’on payait les charges de mon appartement, ainsi que ma bouffe et que ce 300$ devait donc suffire à me payer les restos, les cinés et les fringues que je voulais, ouais, mais pas ma drogue !

- Oui je le savais, chéri mais je ne les ai pas, pas faute d’avoir essayer, j’te jure !

J’avais trop parlé parce qu’il me plaqua durement contre le mur avant de m’écraser ma cigarette sur le bras tout en rageant qu’il avait été patient, trop gentil et tout et avant même que je ne finisse de me lamenter pour ma brûlure, il me frappa en plein visage, faisant mon nez pisser le sang.

- Paix ! Paix !  Ce n’est pas en me tuant que tu vas récupérer ton argent !

Je ne voyais plus clair parce que mes yeux s’embrumaient de larmes et que j’avais remonté mon t-shirt jusqu’à mon visage pour éponger le sang. Je respirais par ma bouche, mon nez complètement congestionner par tout ce sang.

- C’est bon ! Je vais trouver toute seule. J’ai des amis.

Je pourrais emprunter ici et là, et certains me devaient quelques thunes, Howard m’en doit, ah oui c’est vrai ! Une fois que j’en avais de côté je le lui avais prêté, tiens je pourrais commencer par là, pour voir.

- T’as de la glace, dis ?

Le sang coulait dans ma gorge, je devais stopper l’hémorragie puis je réalisais que je ne pourrais absolument pas sniffer quoi que ce soit de bonne came ce soir ! Putain il venait grave de me gâcher mon 4 juillet !

- Je vais trouver, laisse moi quelques jours d’accord ?

@ Billy Lighter

Savannah commençait à comprendre qu’elle ferait bien de faire en sorte de ne pas me pousser à bout. Elle savait les limites. Ou, du moins, elle connaissait les signes qui indiquaient que j’étais sur le point de perdre réellement patience. Même si, chaque fois, elle essayait que je sois plus indulgent avec elle qu’avec tous les autres certainement sous prétexte qu’on était de la même famille.

Sauf que, pour moi, et dans certaines circonstances, les liens familiaux ne signifiaient rien. Surtout en ce qui concernait l’argent.

C’était tout un préambule avant qu’elle ne me dise qu’elle n’avait pas l’argent. Et elle avait eu l’audace de se pointer ici sans avoir, une fois de plus, les 5000 dollars qu’elle me devait. C’était une erreur. Une grave erreur. Parce que ce n’était pas la première fois qu’elle me faisait le coup. Tout comme ce n’était pas la première fois qu’elle me sortait la même excuse comme quoi elle ne pouvait pas sortir une grosse somme de son compte bloqué.

Pourtant, je lui avais pourtant dit, la dernière fois déjà, de trouver une solution. Solution qu’elle n’avait pas trouvée ou qu’elle n’avait pas envie de trouver même si elle disait avoir essayé tout de même.

-Tu n’as pas assez essayé.

Et moi, j’avais, sans doute, était bien trop gentil la dernière fois. Ce qui fait qu’elle n’avait pas encore assez peur que pour mettre tout en œuvre pour obtenir l’argent qu’il lui fallait pour me payer.

Alors, je décidai de lui montrer un avant-gout de ce qu’il lui attendait en la brûlant avec sa cigarette avant de lui envoyer mon poing en plein figure.

Son nez commença à pisser le sang alors qu’elle déclara que ce n’était pas en la tuant que j’allais récupérer mon argent.

-C’est vrai… Et c’est pour ça que tu vis toujours. Uniquement pour ça.

Parce que sinon, je me serais déjà fait le plaisir de me débarrasser de cette grande gueule définitivement.

Le visage de Savannah était rempli de sang alors que ses yeux étaient, maintenant, embrumé de larmes. Ne plus la voir fanfaronner était déjà une très bonne chose.

Et, à mes idées de propositions, elle répondit qu’elle allait se débrouiller seule. Qu’elle avait des amis. Je penchai légèrement la tête sur le côté mon poing à côté de sa tête contre appuyée contre le mur.

-J’espère qu’ils sont meilleurs payeurs que toi.

Parce que j’imaginais bien que son plan était d’aller quémander de l’argent chez ses amis.

Savannah se reprenait doucement demandant de la glace. Je m’éloignai pour ouvrir le congélateur au-dessus du frigo pour en sortir un pack de glace. Je lui lançai. Pas pour lui faire plaisir mais parce qu’elle allait foutre du sang partout et que je n’avais pas envie de nettoyer.

-Ne bouge pas de ta place. Sinon, tu vas foutre du sang partout.

Elle réclama alors quelques jours pour payer sa dette. Ils faisaient tous ça. Réclamer un sursit alors qu’ils en ont déjà eu des milliers.

Mais ça sera le dernier pour Savannah.

Je croisai les bras toujours planté devant elle.

-Trois jours. Pas un de plus. Si tu ne m’as pas donné les 5000 dollars dans trois jours, tu souffriras bien plus et d’une toute autre manière que tu as souffert aujourd’hui sans même que je te touche. C’est compris ?

Je savais que Savannah avait de la famille et des amis. Ce n’était pas les cibles qui manquaient.

-Je serais toi, j'irais tout de suite commencer à faire les tours de mes amis pour voir si l'un d'eux à pitié de toi ou non.

Parce qu'elle faisait pitié. Comme tous les drogués, elle faisait pitié.

@ Billy Lighter

On me l’a souvent répété, on ne rigole pas avec Fleming et, je peux en donner l’impression mais je le prends au sérieux c’est simplement que nous n’avons pas la même perception des petites choses de la vie. Je n’eu pas le temps de lui dire que pourtant si, j’avais bien essayé de trouver des solutions à notre petit soucis monétaire mais que je n’étais pas encore parvenue à trouver LA solution miracle.

Son poing en pleine figure me fait comprendre que je devrai chercher un tout petit peu plus fort encore. Le sang coulait de mon nez comme l’eau de la champelure et la douleur irradiait jusque derrière mon crâne, même mes genoux avait pliés.  Ça n’allait pas l’avancer de me tuer, il ne récupérait pas son argent plus rapidement  et à ça, il répondit que c’était uniquement pour ça que je vivais encore.

- Ça, c’est un très bon point, quand même ! Et je t’en remercie !

J’ai des amis qui me doivent du pognon, qui devaient me payer les doses que je leur filais des miennes, bien évidement que je ne fait pas toujours de cadeaux, moi aussi j’ai besoin de vivre, et pas que pour la drogue. Jocelyn me doit de l’argent pour la réparation de sa voiture qu’elle a fait réparer en cachette de son père pour couvrir son accident. C’est un exemple, il y en a plein d’autres.

- C’est relatif… je l’espère… j’en sais rien en fait. Mais je vais trouver hein ! T’inquiète pas !

J’attrapais au vol le pack de glace qu’il me lança, fière de voir que malgré la douleur, j’ai encore de bons réflexes puis je l’appliquais sur mon nez.

- Ben fallait me cassé le nez au dessus de l’évier, ou dehors ! Tu vois que tu ne penses pas toujours à tout !

Je jouais avec les poignées de mon cercueil mais voilà, je suis ce type de personne qui ne peut s’empêcher de dire tout haut ce qu’elle pense tout bas.  Je me retournais et regardais mon reflet dans le miroir installé n’importe comment sur le mur. Mon cousin serait-il à se point coquet pour vérifier son look avant de sortir de son appartement ? Non en fait je le soupçonnais d’être à ce point paranoïaque qu’il devait avoir comme celui là, d’autres miroirs installés ici et là, stratégiquement, pour qu’il puisse constamment voir derrière lui, peut importe là où il se trouvait dans son appartement. Ça doit être lourd à la longue d’être Edward Fleming !

Je lui demandais juste un rien plus de temps pour que je puisse rassembler la somme, pas des mois mais, quand même et il accepta de me donner un délai de trois jours.

- Aujourd’hui ne compte pas, j’imagine, puisque c’est férié ? Est-ce que nous parlons de 3 jours ouvrables ou tu lance le compteur à partir de minuit ce soir ?

Valait toujours mieux se renseigner, question d’être certaine que nous étions sur la même longueur d’onde mais je pouvais voir sur son visage que la corde avec laquelle je jouait allait bientôt me péter en plein visage et comme j’avais déjà bien assez mal au nez, je ferais peut-être mieux de ne pas tirer dessus d’avantage.

- Ok… Dans trois jours !  Et… dis…  tu aurais de la came à me filer pour les trois cents balles que j’ai déjà ?

Bah tant qu’à y être et puis celle là, elle serait déjà payé, il devait noter le progrès dans ma démarche et non s’attarder aux failles.

@ Billy Lighter

Je n’allais pas tuer Savannah. Pas aujourd’hui en tout cas. Elle me devait 5000 dollars et j’allais faire en sorte qu’elle me les ramène quoi qu’il lui en coute. Le poing dans la figure c’était pour lui rappeler qu’elle n’était pas à l’abri de représailles si jamais elle me faisait un peu trop attendre.

Elle me remercia de la garder en vie. Elle faisait bien. Parce que l’envie de l’exécuter m’était passé plus d’une fois par la tête. Et il m’était parfois très difficile de me retenir de passer à l’acte.

Savannah déclara qu’elle allait trouver l’argent. Qu’elle allait aller le chercher chez ses amis. J’espérais pour elle que ses amis étaient des meilleurs payeurs qu’elle. Elle l’espérait aussi preuve qu’elle n’en était pas certaine du tout. Elle n’était pas sortie de l’auberge mais déclara qu’elle allait récupérer l’argent d’une façon ou d’une autre. J’hochai de la tête.

-Je l’espère pour toi.

Parce que j’en avais plus que marre de lui donner un sursis. Et que la prochaine fois qu’elle s’avisait de venir ici les mains vides, j’allais trouver un moyen de lui faire mal sans même la toucher.

En attendant, je lui filai un pack de glace pour la simple et bonne raison que plus elle pissait le sang plus elle ruinait le sol de mon appartement. Evidemment, ça la poussa, à nouveau, à ouvrir sa grande gueule alors qu’elle déclara que je ne pensais pas à tout et que j’aurais dû lui casser le nez au-dessus de l’évier ou dehors. Je penchai légèrement la tête sur le côté.

-J’aurais dû t’étrangler, plutôt, ça aurait évité de foutre du sang partout et de te voir encore ouvrir ta bouche pour dire des conneries.

Elle se mit à regarder son reflet dans le miroir alors que je lui laissais trois jours pour récupérer l’argent. C’est le seul sursis qu’elle aura avant que je ne lui fasse sérieusement mal. Mais la petite maligne essaya, justement, de jouer à la plus maligne. Pourtant, elle sait très bien ce que ça lui vaut de me pousser à bout en jouant à celle qui n’en a rien n’à faire et qui continue de balancer des conneries à qui voulait bien les entendre.

Je m’approchai d’elle ma toisant du regard.

-Le compteur est déjà lancé depuis le moment même où je t’ai accordé trois jours. Il n’y a pas de jours fériés pour Ward Fleming, c’est bien compris ?

Mais comme Savannah n’était rien d’autre qu’une petite droguée insatiable, elle me demanda de la came… Elle les voulait contre ses 300 dollars au lieu d’utiliser les 300 dollars pour la mettre dans sa tirelire et mettre plus de chances de son côté pour régler sa dette.

Je ne dis rien m’éloignant d’elle pour ouvrir un tiroir et en sortir un petit sachet de cocaïne. De la cocaïne qui n’appartenait pas au Los Diablos mais à un gamin qui avait osé vendre sur le territoire des Los Diablos. Je l’avais intimidé assez pour qu’il ne revienne plus en prenant, en prime, sa petite cargaison. Et, autant dire que ce gamin avait l’arnaque dans le sang parce que sa came n’était rien d’autre que de la coke coupée au lait en poudre. Une droguée comme Savannah d’arrivera jamais à se shooté avec ça mais elle ne le saura que quand elle sniffera cette coke et pas avant.

Je revins vers elle et lui tendit le sachet. Quand elle voulut le prendre, je retirai ma main pour tendre l’autre.

-Les 300 dollars.

Quand elle les sortit, on fit l’échange argent contre drogue. Je recomptai les billets avant de les foutre dans ma poche.

J’esquissai un petit sourire en coin avant de reprendre, d’un seul coup, le menton de Savannah entre mes doigts regardant son nez cassé.

-Je ne sais pas avec quoi tu vas sniffer ça. Ton nez est hors-service. Mais j’imagine que tu vas trouver. Les drogués trouvent toujours un moyen de sniffer leur dose, n’est-ce pas ?

Je disais ça sur un ton moqueur rabaissant Savannah à ce qu’elle était.

J’approchai alors ma bouche de son oreille pour lui souffler :

-Mais je serais toi, je garderais les idées claires… Trois jours, ça passe vite…

Très vite.

Je lâchai son menton le regardant à nouveau dans les yeux essayant d’y voir, derrière ses air désinvolte, une certaine peur.

@ Billy Lighter

J’allais trouver l’argent que me réclamait Ward, d’une façon ou d’une autre, je n’avais que besoin d’un petit peu plus de temps.  Et puis, je doutais que ma dette s’élève à autant, il me semblait lui en avoir donné, de temps en temps mais je n’étais pas en position d’argumenter à ce propos.

Mon visage irradiait de douleur, tout comme mon bras là où il avait écrasé ma cigarette.  C’était quand même deux moindres maux, il aurait pu me casser les doigts et j’aurais été incapable de jouer de ma guitare. Probablement qu’il savait que si je ne jouais plus de musique, je n’engrenais pas d’argent et donc, je risquais d’être encore moins en position de le payer.

Je bénéficiais donc d’un délai supplémentaire de trois jours mais je trouvais cette balise peu clair, parce que, s’il fonctionnait comme les banques, alors nous parlions de jour ouvrable et le férié d’aujourd’hui n’en faisait donc pas partie, je voulais être certaine que l’on se comprenais bien, et peut-être, que j’espérais pouvoir grappiller encore un peu de temps mais Ward tonna que le compteur était déjà en route.

- Ah ouais… Déjà… Ok !

C’était un peu court mais je n’avais pas le choix. Déjà ce soir, j’allais retourner faire la fête, dès que mon nez cesserait de pisser le sang ! Je dirais que je me suis prise un mur en plein tronche, de toute façon, avec tout l’alcool et la drogue que j’ingère, personne ne va douter du contraire !

De m’être fait remettre les pendules à l’heure a légèrement fait descendre mon high, c’est déprimant !  Puisque j’ai de l’argent, j’en profite pour demander à mon cher cousin, si à tout hasard il n’aurait pas un petit quelque chose pour me faire tenir plus longtemps, parait que je vais veiller tard ce soir, j’ai un téléthon à opérer pour trouver 5000$!

- Douterais-tu de moi, cousin ? , dis-je en lui tendant les 300dollars.

Il me tendit en contre partie le petit sachet de coke non sans me faire remarquer qu’avec mon nez, dans l’état qu’il était grâce à ses bons soins, j’allais avoir de la difficulté à en consommer son contenu ce à quoi je répondis par un haussement d’épaules.

- Je crois que ma narine gauche est fonctionnelle.

Je n’allais quand même pas lui donner la satisfaction de me voir abdiquer.  J’agitais le sachet entre mes doigts avant de le mettre dans mes poches.

- Dans trois jours, je serai là avec ton argent !

Ou pas.

J’étais certaine que je le trouverais mais bon, il se pouvait que j’oublie ce pourquoi j’avais besoin de cet argent ou que je tombe sur un truc en solde, un truc que je voulais depuis longtemps et dont je ne peux réprimer l’envie de posséder.

@ Billy Lighter