Cela devait faire une heure, si ce n’est pas plus, que je fixais mon reflet au travers de la fenêtre de la chambre de Jesse. Ma chambre il n’y a pas un an de cela.  Il pleuvait averse dehors, un truc à vous transpercer jusqu’aux os et le vent, parfois, donnait l’impression que des vagues se formaient au sol, là où la pluie s’accumulait.

Je ne faisais pas grand-chose de plus de mes journées que de rester assise sur le bord de la fenêtre, à fixer dehors un point perdu dans le néant. Je me retrouvais dans ma tête, au travers de mes pensées, à jongler avec démons qui devenaient de plus en plus pesant, à force.

Toujours sans nouvelle de Ward, je commençais à craindre le pire. Jimmy Reed lui a tiré dessus, je l’ai vu, tomber au sol et son t-shirt s’imbiber de sang.  J’ai vu dans son regard, quelque chose que je n’aurais pas voulu voir.  Ce n’était pas de la peur, rien de peu lui faire peur. De l’incertitude et ça, c’est encore plus effrayant.

Ni Howard, ni Delfino n’étaient revenu me voir avec des nouvelles mais je n’en étais pas surprise. J’avais compris avec leurs attitudes et l’acharnement qu’ils ont mis à vouloir changer mon opinion sur Ward que je ne pouvais pas compter sur eux. C’était donc à moi de me débrouiller et trouver une solution.  Mes options étaient maigre, autant que mon espoir pourtant je m’entêtais à me dire que j’y arriverais. Ce n’était pas totalement impossible ! On devait le connaître dans l’Eastside, forcément.

Je ne me retournais pas quand la porte de la chambre s’ouvrit. Je ne bronchais pas non plus quand Jesse grimpa pour me rejoindre sur le bord de la fenêtre et s’appuya, son dos contre mon ventre.  Je passais mes bras autour de lui et je cachais un moment, mon visage dans ses cheveux.  C’est marrant parce qu’ils sentent le chewing-gum. Brooke lui a acheté du shampooing ultra moussant avec ce parfum et on dirait vraiment qu’il en a plein les cheveux et ça les rend encore plus doux et soyeux.

En ce moment, Jesse est le seul que je laisse entrer dans ma bulle, bien que je ne repousse pas systématiquement les gens, encore moins Jack et Brooke, disons que  je ne me sens bien qu’avec Jesse. Il est le seul qui ne me regarde pas comme si j’avais le mauvais œil au milieu du front, qui ne me regarde pas constamment comme si j’étais sur le point de me briser en milles morceaux.

Et il ne me parle pas de Julian.

- Ça doit être moche d’être un oiseau en ce moment…

J’ai dit hier à Jesse que je voudrais pouvoir être un oiseau et m’envoler ou bon me semble selon mon plaisir et mes envies. Ce serait chouette de survoler la ville et de se poser de fenêtre en fenêtre et voir les gens qui résident dans tel ou tel appartement.

Trouver Ward et me matérialisé devant lui.  Reprendre là où nous avons été forcés d’arrêter.

- Il pleut tellement et le vent est si fort qu’ils ne volent même pas là où ils veulent aller.  Je suis certaine qu’ils sont en boules, dans leur nid et qu’ils crèvent de trouille.

J’aimais marcher sous la pluie avant, je trouvais ça même apaisant de m’endormir en écoutant le son de la pluie tambouriner sur le plafond de ma maison à Tijuana. Et parlant de Tijuana…

- Je pense que je vais aller chez mon père un bout de temps. Tu sais, mon papa à Tijuana, tu te souviens de lui ?

@ Billy Lighter

Il pleut… Moi, j’aime trop pas quand il pleut. C’est pas beau la pluie et c’est mouillé. Moi, je préfère quand il y a un grand soleil dehors. C’est plus beau. Et puis, les gens sont tristes quand il pleut. Je sais pas pourquoi mais ils sont tristes.

Alors, j’essayais de pas regarder par la fenêtre… Je jouais aux petites voitures dans le salon. Je faisais « vroum vroum » en les faisant bouger. Puis, je toussais un peu aussi. Moi, j’ai pris froid… Alors, Maman veut que je reste à l’intérieur. Boh, de toute façon, il pleut alors j’ai pas envie d’aller dehors. Moi, quand il pleut, ça me rappelle quand je devais surveiller dehors et qu’il pleuvait. Moi, j’aimais pas ça. Alors, je voulais bien rester à l’intérieur.

J’aimais pas tousser… Mais c’était quand même un peu bien parce que, quand je suis malade, Maman, elle dit que je suis pas obligé de travailler sur les calculs et les mots. Alors, c’est bien quand même, non ? Boh, moi, j’aime pas trop travailler sur les calculs et les mots. En plus, c’est trop trop difficile. Moi, je sais toujours pas compter sans les doigts. C’est trop dur. Maman essaye d’expliquer mais j’arrive à rien comprendre.

Moi, je préférais faire de la musique et jouer aux petites voitures.

Je faisais faire des courses à mes voitures mais, chaque fois, elles finissaient sous le fauteuil parce que je les faisais aller trop vite. Alors, à la fin, toutes les petites voitures étaient sous le fauteuil. Boh… J’en avais plus… Je fis une moue triste avant qu’un gros frisson ne passe dans mon corps. Je mis mes bras autour de moi.

-Brr… Fait froid.

Oui… Trop froid… Moi, je voulais avoir chaud… Et puis, je voulais voir Livia aussi. Livia était souvent dans notre chambre. On partageait la chambre. J’aimais bien dormir dans la même chambre que Livia. Livia qui était tout le temps triste comme le temps dehors. Moi, j’aimais pas voir Livia triste alors j’essayais de la consoler souvent.

Je voulais encore aller la consoler maintenant.

Je me mis debout et j’ouvris la porte de la chambre. Livia était devant la fenêtre. Elle regardait la pluie. Je voyais qu’elle était très triste. Je grimpai alors sur le bord de la fenêtre pour me coller à Livia. Moi, j’avais plus chaud comme ça surtout qu’elle passant ses bras autour de moi.

Je disais rien. Je regardai la pluie dehors. C’était pas beau la pluie. Et Livia disait que ça devait être moche d’être un oiseau. Oh… Oui, les pauvres oiseaux… Ils vivent dehors. Ils doivent être tout mouillés. Livia disaient que beaucoup devaient être en boule dans leur nids. Oui…

-Oui… Comme nous. On est comme les oiseaux.

Oui, on est dans notre nid. Le nid, c’est la maison des oiseaux. Et nous, on est dans notre maison.

Je frissonnai.

-Moi, je voudrais pas être dehors comme eux. Moi, j’aime trop pas être dehors quand il pleut.

Je regardai par la fenêtre en faisant une moue triste et en pensant aux oiseaux. Mais aussi à mes amis… Oh, j’espère qu’ils ont congé aujourd’hui…

Mais Livia parla à nouveau. Elle disait qu’elle allait aller chez son père à Tijuana. Oh oui, je sais trop où c’est ! On y est allé avec Papa et Maman pour enterrer le grand-père de Livia. C’était triste… Mais j’avais quand même rencontré Maximo et c’était mon ami. Moi, j’aimerais bien revoir Maximo…

-Oui, moi, je me souviens.

Mais… Oh ! Elle a dit qu’elle voulait aller là-bas ?

Je me décalai un peu pour lever la tête et voir Livia. Je pris un air surpris et triste.

-Oh mais… Tu vas partir ? Oh… Pourquoi ? Oh… Tu veux pas rester avec Jesse ? Tu es fâchée sur moi ? Oh… Pourquoi tu veux retourner chez ton Papa à Tijuana ? Il te manque ? Oh, il peut peut-être venir ici… C’est mieux non ? Moi, je veux trop pas que tu partes.

Je fis des yeux très tristes. J’étais très triste maintenant.

@ Billy Lighter

J’ai toujours aimé me blottir avec mon petit frère et ma petite sœur, quand maman nous lisait une histoire ou simplement en regardant la télévision. Il arrivait parfois que Maximo vienne me rejoindre dans mon lit quand il avait fait un cauchemar ou parce qu’il ne trouvait plus sommeil et que tout le monde dormait encore.  Ce sont des moments précieux qui passent beaucoup trop vite et qui, malheureusement, ne reviennent jamais.

Avec Jesse, c’est un petit peu comme ça depuis que nous partageons sa chambre.  Il est l’être humain de qui je me sens le plus près en ce moment et le seul que je veux bien laisser entrer dans la petite bulle même si moi-même je m’y sens à l’étroit. En fait, en ce moment, je ne me sens bien nulle part, sauf quand ma tête quand je parviens à vraiment y entrer et assez longtemps pour que le sentiment de bien être puisse m’envahir. Ça ne dire jamais vraiment, la réalité revient toujours trop rapidement à mon goût.

Jesse est venu me rejoindre et s’est blottit contre moi et moi, j’ai passé mes bras autour de lui comme pour le protéger de la pluie qui tombe dehors.  Ce n’est pas un temps pour sortir, même les oiseaux se cachent, je n’en ai pas vu un seul passer depuis que je fixe l’extérieur. Ils doivent attendre patiemment que le temps se calme pour voler d’arbres en arbres.

- Tu n’as pas besoin d’aller dehors, heureusement. Mais pense à Jack qui a dû sortir et probablement courir jusqu’à sa voiture pour aller travailler.

Ce ne devait pas être super de conduire et de devoir faire aller les essuie-glaces à plein régime pour voir la route devant.  Je me souviens qu’une fois, au retour de vacances avec Enrique, il pleuvait tellement que nous avions perdu un essuie-glace, celui du côté passager heureusement ! Mamita avait eu peur mais Enrique disait que tout irait bien, tant que lui, il voyait où il allait.

Depuis ma sortie de l’hôpital, je pensais souvent à Enrique et au fait que, depuis que ma mère était revenue ici pour s’installer avec Jimmy, je n’avais plus ou presque plus de nouvelle de mon beau-père ainsi que de Maximo et de Rosalyn.  Je ne les blâmes pas. Je n’ai pas prit le combiner pour leur passer un coup de fil non plus.  Bref, je pensais de plus en plus à me rendre à Tijuana et de passer du temps là-bas avec cette partie de ma famille.

Cette idée là sembla  ébranler Jesse qui pensait que c’était parce que j’étais en colère contre lui ce qui me fis le regarder tendrement tout en passant ma main dans ses cheveux.

- Oh, mais non Jesse. Je ne suis pas en colère contre toi ça c’est impossible !  C’est simplement parce qu’Enrique, Max et Rosy me manquent vraiment beaucoup. Tu sais, il y a longtemps que je ne les ai pas vu.

Et il me demanda si eux ne pourraient pas venir plutôt, ce à quoi je haussais les épaules avant de replonger mon regard par la fenêtre.

- Enrique n’a pas beaucoup d’argent et de venir ici, avec mon frère et ma sœur c’est surement beaucoup.

Sans doute que je pourrais m’arranger avec Jack pour envoyer ce qu’il faut à Enrique pour qu’il puisse payer son voyage mais ça ne réglerait pas mon problème de mal être.  J’avais besoin de changer d’air, de ne plus voir les mêmes arbres, entendre les mêmes oiseaux, respirer les mêmes odeurs.

- Ce serait comme des vacances, Jesse.  On revient toujours, quand les vacances sont terminées.

Je n’aurais pas trop le choix de rentrer à un moment où un autre, puisque je n’ai toujours pas de nouvelles de Ward, notre projet de recommencer une vie ailleurs ne tient plus, j’imagine.

- On se téléphonera. Le soir, je te raconterai une histoire comme je le fais depuis que je suis ici, ça ne changera pas. Et quand je reviendrai j’aurai des tas de trucs à te raconter.

Si je le pouvais, je l’amènerais avec moi mais ce n’est pas vraiment réalisable comme projet. Je doute que Jack et Brooke acceptent comme ça, tout bonnement parce que j’en fais la demande, par contre, ils ne diront pas grand-chose si je demande de partir seule. Peut-être même qu’ils trouveront que c’est une bonne idée que je change d’air un peu.

@ Billy Lighter

La pluie tombait encore… Moi, j’aimerais trop pas être dehors. Il faisait froid et il faisait mouillés. J’aimerais pas être un oiseau. Mais Livia disait que j’aurais pas à aller dehors. J’hochai de la tête. Oui. Moi, je suis pas obligé d’aller dehors. Pas comme avant quand je vivais avec mes amis. Là je devais même aller dehors quand il pleuvait. Je frissonnai en pensant à ça. Moi, je me rappelle bien comment c’est quand il pleut beaucoup sur moi. Mais Papa, lui, avait dû aller travailler. Je pris un air triste.

-Oui. Pauvre Papa. Il sera tout mouillé en rentrant et il devra enlever ses chaussures sinon Maman sera pas contente.

Oui Maman aimait pas qu’on rentre à l’intérieur avec des chaussures sales surtout quand on avait nettoyé. Isabel était comme ça aussi. Elle aimait bien que tout reste propre. Ce n’était pas facile avec Guillermo… Il oubliait tout le temps d’enlever ses chaussures… Oh Manuel aussi parfois ! Oh et Jesse aussi !

Mais Livia parla vite d’autre chose. Elle voulait rentrer chez son père à Tijuana. Oh… Moi, ça me rendait très triste. Je croyais qu’elle était fâchée sur moi et que c’est pour ça qu’elle voulait partir. Mais elle était pas fâchée sur moi. Son papa et ses frères et sœurs lui manquaient beaucoup. Je levai le regard sur elle.

-Oh… Oh oui, je comprends. Moi aussi mes amis me manquent souvent.

Oui, moi, parfois, je voulais aller dans l’Eastside les voir. Moi, je voulais revoir Isabel parce qu’elle me manque. Moi, je comprenais Livia mais je ne voulais pas qu’elle parte parce qu’elle allait me manquer aussi. Moi, je n’aime pas dire « au revoir ». Moi, j’aime que les gens restent près de moi. Alors, moi, je dis à Livia que son Papa pouvait venir ici. Mais elle disait qu’il avait pas beaucoup d’argent. Je pris un air triste. Oui, quand on a pas beaucoup d’argent, on peut rien faire… Moi, je sais bien ça. Mais, moi, maintenant, j’avais de l’argent parce que j’étais une rockstar. Alors, je souris un peu.

-Jesse a de l’argent. Moi, je veux bien en donner pour qu’ils viennent. Ils peuvent tout avoir l’argent de Jesse pour venir.

Mais Livia voulait quand même partir. Elle disait que ça serait comme des vacances et qu’elle allait revenir. Je pris quand même un air très triste.

-Oui… Je te crois. Tu vas revenir. Mais… Tu vas me manquer trop beaucoup.

Livia disait qu’on se téléphonera. J’hochai de la tête. Oui, je voulais bien. Je voulais entendre Livia tous les jours. Et puis, quand elle reviendra, elle me racontera tout.

-D’accord. Moi, je veux bien que tu téléphones tous les jours. Moi, je te raconterais toutes mes journées. Et quand tu reviendras, moi, je passerais toute la journée avec toi pour que tu me racontes tout. Moi, je suis pressé d’être le jour où tu reviendras.

Oui. Elle me manquait déjà beaucoup alors qu’elle était encore là… Mais moi, je comprenais pas pourquoi Livia était toujours très triste… Moi, je savais qu’elle avait eu mal… Mais maintenant, elle était bien ici avec nous, non ? Pourquoi Livia était toujours triste ?

-Livia… C’est parce que ton Papa et tes frères et sœurs te manquent que tu es si triste ? Moi je vois bien que tu es très très triste. Moi, je peux peut-être aider ? C’est parce que tu as toujours mal ?

Moi, je voulais comprendre pour aider Livia.

@ Billy Lighter

Cette pluie semble interminable. Il pleuvait hier et avant-hier. On dirait que le ciel est aussi triste que moi et qu’il a décidé de nous priver du soleil pour se venger. Pour chaque goutte de pluie, j’aurais versé une larme mais en dedans, je suis complètement asséchée. Je n’ai jamais eu de nouvelles de Ward ni par Delfino, ni par Howard mais je savais que ça finirait ainsi.  Je dois me faire une raison et trouver comment me débrouiller par moi-même.

Jesse et moi trouvions dommage que Jack ait dû affronter cette pluie pour se rendre au boulot. Personne n’aime être trempé jusqu’aux os en tous les cas pas quand ce n’est pas sur le bord d’une piscine avec des copains.

J’en ai marre de cette pluie, d’être ici et triste, sans but, sans pouvoir tourner la page. Je me sens comme constamment tiré vers l’arrière, comme si quelque chose de beaucoup plus fort que moi grugeait toute mon énergie pour me laisser vidée, désillusionnée.

Depuis un jour ou deux, je caresse le désir de me rendre à Tijuana et passer du temps avec trois quarts de ma famille y demeurant toujours. Je n’ai pas vu Enrique, Maximo et Rosalyn depuis mon mariage… Peut-être que de passer du temps avec eux… Ward viendrait m’y rejoindre, s’il pouvait savoir que je m’y trouve ! En dehors des USA, il n’aurait rien à craindre.

Jesse n’aime pas l’idée que je m’en aille et tente de me convaincre de rester en proposant même de donner de l’argent à mon ex-beau-père pour payer son séjour à Los Angeles.  Le problème est un petit peu plus complexe, et je tente de lui faire comprendre sans que ce soit compliqué, que ce n’est pas parce que je suis fâchée contre lui, puisque ce n’est pas le cas, mais parce que j’ai besoin d’aller un peu ailleurs. Comme pour des vacances.

- Tu vas me manquer aussi, tu sais combien je peux t’aimer, petit garnement !

J’aimais trop le taquiner ! Il est vif d’esprit et a toujours quelque chose à redire.  Ce doit être pour cela qu’on s’entend si bien lui et moi, en plus de la musique. Quoi que pour moi, la musique ne semble plus du tout faire partit de ma vie.  Quand j’y pense je ne ressens plus du tout la même chose, comme pour Julian.  Yang a brisé quelque chose en moi qui ne pourra jamais se ressouder.

Pour éviter qu’il s’en fasse trop avec mon éventuel départ, je promets de téléphone tous les jours, de même lui raconter des histoires avant d’aller au lit.  Il pourra ainsi me raconter ses journées. Nous garderons contact, ce sera moins difficile pour lui comme pour moi. Et Jesse me questionna ensuite, à savoir si je j’étais triste parce que mon père, mon frère et ma sœur me manquaient à ce point. Il ne perd pas le Nord, on ne lui en passe pas comme on le voudrait.

- En fait, je suis triste parce que… j’ai envie d’être avec quelqu’un qui ne peut pas s’approcher de moi.  Et je ne sais pas comment je peux faire pour être à nouveau avec lui.

Une idée venue de nulle part commença à germer dans mon esprit. C’est assez tordu pour que ça puisse fonctionner.

- Tes amis, ils sont bien dans l’Eastside, tu m’as dit, hein, Jesse ? Tu crois qu’ils sauraient trouver quelqu’un pour moi, mais, en gardant le secret ? Il faut vraiment que ça demeure le plus gros secret de tous les temps.

Je me penchais pour regarder Jesse, yeux dans les yeux et avec un air assez sérieux pour qu’il comprenne la gravité de ma demande.

- Quand j’étais avec le Monsieur méchant qui m’a fait du mal, il y avait un autre homme mais lui, il était gentil avec moi et il a tout fait pour m’aider et je voudrais le retrouver pour lui dire merci de m’avoir aider.

Je pris les petites mains de Jesse dans les miennes sans cesser de le regarder dans les yeux.

- Jimmy Reed ne veut pas que Ward, c’est comme ça qu’il s’appel Ward Fleming, s’approche de moi car tout le monde croit que c’est lui qui m’a fait du mal et ce n’est pas vrai. Les injustices, c’est vraiment moche.

Tout en me redressant, je délaissais d’une main les siennes et je portais mon index devant mes lèvres.

- C’est un secret, Jesse. Il ne faut pas que nos parents l’apprennent. Tu crois que tu saurais m’aider a entrer en contact avec tes amis de l’Eastside ?

@ Billy Lighter

Livia allait partir mais ça sera comme des vacances. Puis, elle me téléphonera tous les jours alors j’étais un peu plus rassuré. Même si elle allait quand même me manquer. Moi, j’aime bien dormir dans la même chambre que Livia. Moi, avant d’être avec Papa et Maman, je dormais toujours avec Alvaro et Guillermo. Avant ça, je dormais tout seul mais je préfère dormir avec quelqu’un.

J’allais manquer à Livia aussi alors je lui fis un tout beau sourire alors qu’elle disait qu’elle m’aimait.

-Moi aussi je t’aime trop trop beaucoup.

Mais Livia était quand même triste tout le temps. Moi, je voulais comprendre pourquoi pour aider Livia. Jesse était toujours là pour aider Livia. Moi, je voulais savoir et comprendre. Je me demandais si c’était juste parce que sa famille lui manquait. Moi aussi mes amis me manque et je suis parfois triste mais pas tout le temps comme Livia.

Mais Livia était pas triste que pour ça mais parce qu’elle avait envie d’être avec quelqu’un mais qu’elle pouvait pas l’approché. Oh… Oh bah pourquoi ? Je me grattai l’arrière de la tête.

-Oh… Tu peux pas être avec lui ?

Moi, je comprenais pas pourquoi. Mais Livia continua à parler. Elle parla de mes amis. Elle demandait si mes amis pourraient trouver quelqu’un pour elle. Je lui fis un sourire. Mes amis, ils savent tout faire !

-Oui mes amis sont toujours dans l’Eastside. Et oui, ils savent trouver des gens. Mes amis savent faire beaucoup de choses. Ils savent aussi trop bien garder des secrets.

Oui, comme moi. Moi aussi, je sais faire beaucoup de chose. Et je sais garder des secrets aussi. J’en garde un avec Howard.

Moi, je voyais que Livia était trop sérieux alors je la regardais dans les yeux sans trop oser cligner des yeux. Elle raconta que quand elle était avec le méchant Monsieur qui lui a fait mal, il y avait un autre Monsieur qui l’a aidé et elle veut retrouver le Monsieur gentil. Elle voulait lui dire merci.

-Oh. Un Monsieur gentil ? Oh oui, je comprends.

Elle prit mes mains dans les siennes mais moi je regardais que les yeux de Livia. Elle parla de Monsieur Jimmy. Oh… C’est à cause de lui si elle pouvait pas voir le Monsieur gentil ? Oh boh, Monsieur Jimmy, il est méchant. Moi, j’ai déjà remarqué qu’il était pas trop gentil. Il voulait pas que Livia voit Ward.

Oh.

Oh moi, je connais ce nom. Guillermo m’en a déjà parlé. Guillermo parle pas souvent mais quand il parle et ben il parle beaucoup. Je regardais Livia qui disait que personne voulait qu’elle approche Ward parce que tout le monde croit que Ward va lui faire du mal. Oh boh… Si Livia dit qu’il est gentil, il est gentil, non ? Oh boh, parfois, les gens son bizarre…

Et oui, quand c’est pas juste c’est moche ! Moi, je fis « oui », quand Livia disait ça.

Livia mis son doigt devant sa bouche et demanda à ce que je garde le secret. Moi j’avais les yeux tout grands ouverts.

-D’accord. Moi, je garde le secret. Moi, je suis fort pour garder des secrets. Moi, j’ai gardé plein de secrets dans ma vie.

Je souris à Livia.

-Un de mes amis connait Ward parce qu’il vivait avec la Maman de mon ami il y a longtemps quand la Maman de mon ami était encore en vie. Guillermo a dit que c’est Ward qui lui a appris à utiliser son lance-pierre.

Oh oui, Guillermo a dit ça et c’est tout ce qu’il a dit sur Ward. Je souriais toujours très fort.

-Moi, je peux te montrer où mes amis habitent. Je sais pas l’adresse mais je sais m’y retrouver avec les bâtiments dans l’Eastside. Moi, si on va dans l’Eastside, je peux trouver la maison. Moi, je peux te conduire là-bas… Comme ça, je verrais mes amis.

Oh mais il fallait que ça soit un secret. Oh… Si on va dans l’Eastside, Maman et Papa le sauront. Je fis une moue.

-Oh mais… Il faudra pas que Papa et Maman le sache… Oh, il faudra qu’on soit nous deux pour y aller sans qu’il le sache. Oh boh, on va faire comment ?

Oh moi, je réfléchissais tout fort à ça.

@ Billy Lighter

J’avais opté pour une autre tactique et choisis de confier mon secret à Jesse en espérant qu’il puisse me guider vers Ward Fleming. De ce que j’en sais, l’Eastside est un peu comme un univers à part où tout le monde connait tout le monde.  Il n’est pas facile d’y entrer et encore moins d’en sortir.

Je lui expliquais, sans entrer dans les détails, que je voulais retrouver Ward mais que je ne savais pas comment m’y prendre parce que Jimmy Reed ne voulait pas qu’on se fréquente. Je sais ce que pense Jesse de mon père alors de jouer cette carte-là n’est pas laissé au hasard. Et pour mon plus grand bonheur, Jesse a encore des amis dans l’Eastside et pourrait me conduire à eux pour que je puisse retracer Ward.

- Parfait ! Je savais que tu saurais garder mon secret !

Il fallait ensuite trouver une façon de s’y rendre sans éveiller les soupçons de Brooke et de Jack. Ils m’en voudraient à mort s’ils savaient dans quoi j’entraîne Jesse. Mais comme je ne peux compter ni sur Howard, ni sur Delfino, je n’ai d’autre choix que de me débrouiller par moi-même.

- Nous pourrions planifier une sortie, et les parents n’y verraient que du feu. Ils seront contents de voir que je sors enfin de ta chambre… qu’est-ce que tu en penses ?

Nous prendrons un taxi, aller-retour, question qu’il me montre uniquement l’endroit et nous rentrerons, ni vu ni connu.

J’expliquais à Jesse ce que j’avais en tête, la sortie, le taxi, puis le retour à la maison. Je proposais tout de même un arrêt là où il en aurait envie.

- Manger une glace, aller au bowling, à la plage ou au parc d’attraction, tu choisis ! Mais tu me montreras avant la maison de tes amis et tu pourras me dire à qui je dois parler, d’accord ?

Je prenais un gros risque, j’en avais pleinement conscience. Mais je n’avais qu’un seul but en tête et plus aucune morale pour m’empêcher d’y parvenir.

Notre plan établi, je me sentais plus légère. J’avais pris les choses en mains en impliquant Jesse mais le moins possible. Je ne voulais pas lui faire courir de risques inutiles, je ne suis pas devenue cingle à ce point.

- Dis, est-ce que Brooke a cuisiné ses super brownies ?

Cette lueur d’espoir me redonnait soudainement l’appétit et pour le plus grand bonheur de Jesse, je lui désignais la fenêtre du bout du doigt.

- Regarde ! La pluie a cessé et il y a même quelques rayons de soleil qui percent au travers des nuages !

Peut-être était-ce un signe, en tous les cas, moi, je voulais le voir ainsi.

- On va prendre des Brownies ?

@ Billy Lighter

Moi, j’allais garder le secret de Livia. Moi, quand on me demandait de garder un secret, je le gardais. Je garde plein de secrets pour les autres, moi.

Je voulais bien lui montrer où se trouvait la maison de mes amis parce que le Monsieur à qui elle voulait dire « merci », l’un de mes amis le connaissait. Moi, je voyais pas trop pourquoi Monsieur Jimmy voulait pas que Livia lui dise « merci »… Boh, c’est sûrement parce que Monsieur Jimmy fait parfois des choses bizarres.

Puis, c’est un menteur, Monsieur Jimmy.

Moi, je voulais aider Livia pour qu’elle soit heureuse. Je voulais plus qu’elle soit triste alors j’allais tout faire pour l’aider. Mais… Boh… Ça va pas trop être facile d’aller dans l’Eastside sans que Papa et Maman ne s’en rendent compte. Et comme c’est un secret, comment on va faire pour sortir sans qu’ils le voient ? Oh boh, c’était difficile et moi, je réfléchissais tout fort. Mais Livia disait qu’on aura qu’à planifier une sortie. Oh… Mentir ? Oh boh, d’accord, si c’est pour que Livia soit heureuse, je veux bien mentir. Oh boh, de toute façon, je mens souvent depuis que je suis né et c’est pas ma faute. C’est la faute de la vie. Oh boh, Monsieur Jimmy serait d’accord, non ? Je fis un grand et beau sourire à Livia :

-Oui, je suis trop d’accord !

Moi, j’écoutais bien Livia qui m’expliquait le plan. On prendra le taxi. Oh moi, j’aimais trop bien les taxis. J’en avais déjà pris plusieurs fois. Mais le mieux, c’était de voyager avec la voiture de Sonny. Elle va très vite et j’aime bien ! Oh et puis on fera un arrêt où je veux et Livia proposa plein de trucs qui me mirent des étoiles dans les yeux. Oh. Moi, j’aimais tout. Oh, c’était top difficile de choisir.

-D’accord, je montrerais la maison avant et puis, on ira… Heu… Oh boh, il y a trop de choix. J’aime tout. Oh boh… Heu… Le parc d’attraction ! Moi, je veux trop ça !

Oh boh oui, on y allait pas souvent parce que Papa travaille beaucoup.

Moi, j’étais trop impatient de faire cette sortie. Boh, on fera ça quand j’arrêterais de tousser sinon, Maman voudra pas que je sorte. Oh boh, pour aller plus vite moi je pouvais éviter de tousser. Oh boh, oui, je ferais ça.

Livia demanda, ensuite, si Maman avait cuisiné des brownies. Je fais un beau sourire. Maman faisait des trop bons brownies.

-Oui, elle en a fait plein !

Je fis un plus grand sourire. Oh boh, j’ai envie de brownies maintenant. Heureusement, il y en a encore !

Livia me montra alors le soleil. Oh ! Du soleil ! La pluie avait arrêté et les oiseaux étaient sortis. Moi, j’en ai vu un voler plus loin. Je regardais un moment par la fenêtre avec un grand sourire.

-Oui ! Plus de pluie. C’est beau quand il n’y a plus de pluie.

Moi, après avoir regard, c’est Livia que je regardais. Elle avait un sourire maintenant. Elle était plus trop triste. Moi, j’étais encore plus content. Et je bondis du rebord de la fenêtre quand elle reparla de brownies.

-Oui ! Jesse a faim !

Je pris la main de Livia et la tirais vers la cuisine pour qu’on puisse manger TOUS les brownies qui restaient en rigolant tous les deux.

@ Billy Lighter