La pâte s’étendait sur le plan de travail et mon rouleau à pâtisserie dansait dessus jusqu’à ce que j’aie obtenue l’épaisseur que je voulais pour faire mes fonds de tartes.  Je cuisinais depuis tôt le matin, avec la radio en fond sonore.  Je me faisais aller en envoyant de la farine, en retournant la pâte, en allant à mes casseroles remuer mon bœuf aux haricots qui mijotaient doucement.

- What a feeling, Bein's believin', I can have it all, Now I'm dancing for my liiiiiiiiiiife !! Take your passion, And make it happen, Pictures come aliveYou can dance right through your liiiiiiiiife

La jeune Izabel ne faisait plus de cas de me voir danser devant mes chaudrons, utiliser mes spatules comme micro.  J’étais dans une forme resplendissante et cuisiner me rendais encore plus de bonne humeur.  La maison embaumait les parfums de la cuisine mexicaine à laquelle j’avais reconvertis Rachel et Jimmy, de gré ou de force, je ne leur avais guère laissé le choix, il faut l’avouer.

Les journées, sinon, étaient trop longue et me tourner les pouces, ne me ressemble pas. Je me faisais discrète à l’extérieure de la maison puisque nous n’avions pas annoncé ma grossesse et sept mois, il était simplement impossible de dissimuler mon ventre sous mes vêtements. Il avait pour ainsi dire doublé de volume, peu après notre mariage.

Mon médecin nous attendait, un peu plus tard dans la journée, pour une troisième échographie puisque, pour les deux précédentes, notre petit trésor avait gardé le mystère pour lui et nous ne savions pas encore ce qui se cachait en moi.  Oh, bien évidement, mon mari ne démordait pas de son impression et était plus convaincu que jamais que nous allions avoir un fils. Je le souhaitais, moi aussi, Après tout, j’avais déjà deux filles, nous pouvions égaliser la chose avec un fils. Et puis j’espérais donner un héritier légitime à Jimmy, puisque je ne pensais pas retenter l’expérience de la maternité pour une cinquième fois.  Malgré le fait que mon médecin louangeait ma forme physique, le compteur tournait, je ne rajeunissais pas.

Ce bébé allait être le dernier, fille ou garçon.

La fiesta mexicaine battait donc son plein dans la cuisine. Après avoir cuisiné des heures pour Olivia et Julian qui tentaient de ressouder leur couple,  c’était pour nos propres appétits que je faisais aller les pages de mon livre de recettes. Et puis, lorsque j’aurais accouché, je n’aurais pas envie de cuisiner, nous allions apprécier ma prévoyance ! Qu’importe que nous ayons un chef à la maison !

- Karma, karma, karma, karma, karma chameleon, You come and go, you come and go, Loving would be easy if your colors were like my dreams, Red, gold, and green, red, gold, and green ARGHHHH ! Seigneur ! Jimmy !

J’étais à fond dans mon interprétation que je n’avais pas entendu mon époux entrer dans la cuisine, probablement décourager de voir dans quel était je l’avais mise et tout ce qu’il y avait en préparation sur les différents plans de travail.

- Tu veux manger un morceau avant de partir ?

J’allongeais le bras pour éteindre la radio puis j’allais l’enlacer, autant que mon gros ventre me le permettait puis je l’embrassais.

- Oh tiens… Mets ta main ici… Tu le sens ?Il adore danser avec sa mère !

@ Billy Lighter

J’avais dû faire des concessions…

Et lesdites concessions embaumaient jusqu’ici, dans mon bureau dans le divan duquel j’était allongé pour une petite sieste, au point que je ne le regrettais pas… Ça sentait le ciel (comme dirait Maritza), dans toute la villa…

C’était d’ailleurs la bonne odeur qui m’avait réveillé, faisant gargouiller mon estomac. Je ne voulais pas que Maritza, enceinte ou non, prenne part aux tâches ménagères de la villa car c’était indigne de son nouveau rang.

Mais Maritza avait son caractère bien trempé de latina et j’avais du lui concéder la cuisine, au grand dam de notre cuisinier qui se retrouvait sans emploi. Je l’avais donc gentiment mis dehors, avec une belle lettre de recommandation, le priant d’excuser ma femme pour son licenciement.

Je me levai de mon divan, les cheveux légèrement décoiffés et me traînai jusqu’à la cuisine où je découvris que, s’il n’y avait plus de travail pour notre cuisinier, il y en avait encore suffisamment pour Isabel au vu du carnage qu’il y aurait à nettoyer et à ranger.

Je m’appuyai dans l’encadrement de la porte, souriant… Je souriais non seulement de voir Maritza aussi en forme, avec ces belle joues rose, mais aussi parce qu’elle laissait libre court à son talent de chanteuse… Un talent qu’elle avait transmis à notre fille, Livia.

Quand elle se tourna vers moi et me vit, elle hurla comme si je lui avais fait la peur de sa vie et ça me fit rire… Elle était toute rouge, probablement gênée d’avoir été prise en flagrant délit d’amusement. Nous étions loin de la Maritza qui ne savait pas comment se comporter. Je crois qu’elle avait désormais compris qu’en privé, on pouvait faire ce qu’on voulait, laisser libre court à tout ce que nous avions envie de faire ou dire… Mais qu’à l’extérieur, nous étions en représentation et nous avions une réputation à tenir.

Sa première surprise passée, Maritza s’approcha de moi et je la pris dans mes bras, son ventre contre le mien et elle me demanda si je voulais manger quelque chose avant de partir.

Oui, parce qu’aujourd’hui, j’espérais bien que J.R. allait nous montrer qu’il était bien l’héritier que j’attendais.

-Ça sent tellement bon que ça m’a réveillé. Mon ventre crie famine. Qu’est-ce que tu as à me proposer ?

J’avais bien vu la pâte à tarte mais ça n’était pas terminé… Ce serait pour ce soir après le souper, très certainement.

Puis, contre mon ventre, je sentis un coup, puis deux coups. Je baissai la tête sur le ventre de Maritza, impossible à cacher maintenant, et souris en y posant la main. Maritza disait qu’il aimait danser avec elle.

-Je vois ça… Mais j’ai autant envie que J.R. devienne danseur que Daniele n’a envie que Anthony devienne footballer…

J’embrassai mon épouse.

-J.R. sera le meilleur, dans tout ce qu’il entreprendra…

Je caressai son nez du bout du mien.

-Mais d’abord, mangeons… Puis nous pourrons aller vérifier que J.R. est bien en route et que ce ne sera pas une fille… J’en ai déjà une et je tiens à ce qu’elle reste unique dans mon cœur.

@ Billy Lighter

J’avais sursauté lorsque, en me retournant et bien à fond dans mon interprétation de Karma Chameleon des Culture Club, je m’étais rendu compte que Jimmy était là, à m’observer, bien appuyer dans l’encadrement de la porte.  Je m’étais sentis gênée, je n’aimais pas qu’on m’entende chanter, mais je m’étais rapprocher de mon homme, essuyant mes mains farineuses sur mes hanches recouvertes de mon tablier et je m’étais avancée pour l’enlacer puis l’embrasser.

J’avais éveillée son appétit avec les parfums épicés de la nourriture que je préparais en abondance.  De ça, j’en étais fière, sachant qu’il avait dû remercier notre cuisinier puisque je ne démordais pas de mon intention de préparer moi-même les repas. Je n’avais que ça pour occuper mes journées, ça et bientôt notre fils de qui je prendrais soin moi-même, sans aide sauf celle du père, bien évidement.  J’avais abdiquée sur tout le reste, à contre cœur mais au fond, j’aimais bien ne pas avoir à récurer une si grande demeure.

- Il y a du chili de prêt, je t’en sers un bol avec du guacamole.

Mais avant de le servir, notre fils se manifesta entre nous et je voulais que Jimmy place sa main, pour mieux le ressentir bien que je ne me doutais pas qu’il devait l’avoir perçu contre son propre ventre. Ce petit dernier avait de la fougue, il n’y avait pas de doute. Je disais que c’était car il aimait danser avec sa mère. Jimmy répliqua qu’il ne tenait pas plus que ça que notre fils devienne un danseur que Daniele Ricci avait envie de voir son fils devenir footballeur.

- Notre fils fera ce que bon lui semblera, tant que cela le rend heureux. Mais ne t’en fait pas, il a du Reed dans le nez, je le sens et il marchera dans les traces de son père, à sa façon, comme sa sœur.

Je serai fière de mon fils qu’importe ce qu’il décide de faire de sa vie, tant que c’est honnête, et sans aucun doute, il sera le meilleur dans ce qu’il entreprendra.

Je laissais Jimmy aller s’installer à la table de la cuisine et allais lui servir un bol de chili que j’accompagnais de guacamole et de pain fait maison. Il pourra tremper son bain dans son bol et manger à la bonne franquette. Je lui apportais quand même des ustensiles,  sachant qu’il ne se prêtait pas toujours au jeu. Je me servis moi aussi, cuisiné, chanter et danser donnait faim ! Je regardais l’horloge au passage et m’excitais légèrement. J’avais hâte d’avoir la confirmation de ce que nous attentions impatiemment de savoir, d’autant plus que le couple Ricci avaient eu le bonheur d’apprendre qu’ils attendaient a fille qu’ils voulaient tant.

Nos bols vidées et nos estomacs remplis,  je me levais et desservis la table pour uniquement laisser le tout dans l’évier de la cuisine, éteignis les ronds et rangeais tout ce qui avait eu le temps de refroidir avant de monter a notre chambre et me mettre prête pour notre rendez-vous.  J’optais pour une tenue sobre qui ne cachait plus autant que je le souhaitais mon ventre, je devais tout de même me résigner et comprendre qu’en entrant dans le dernier trimestre, j’avais tout de même été chanceuse de pouvoir cacher mon ventre tout ce temps.

- Je suis prête, Jimmy. Nous pouvons y aller.

En vérité, je devais être encore plus impatiente que Jimmy pour ce rendez-vous.  J’espérais toujours entendre le médecin me complimenté sur ma forme physique, me dire que mon bébé se développait  de façon satisfaisante et, depuis peu, j’espérais qu’il dise que le bébé s’était retourné pour se préparer pour ’’la grande descente ’’.

Je souriais, une fois  assise devant le médecin, c’était non sans me rappeler le jour où j’ai appris que j’étais enceinte et que je me croyais sur le chemin de la ménopause.  Je ne pensais pas se jour là vivre un si grand bonheur.

@ Billy Lighter

Mon ventre qui criait famine répondait aux coups de pieds de mon fils. Je me demandais si, à l’œil nu, on pouvait voir le ventre de Ritza se bomber aux endroits où il shootait. Maritza, très prévenante, me proposa un bol de chili avec du guacamole.

-Ce sera avec plaisir… Sentir sans pouvoir goûter est une véritable torture, mon amour.

Le petit se manifesta encore et sa mère affirma qu’il ferait un bon danseur. Hors de question. Alors Maritza de dire qu’il ferait ce que bon lui semblerait tant que ça le rendait heureux. Je secouai négativement la tête.

-Pas dans notre monde, ce n’est pas possible et tu le sais.

Quant à sa sœur, je me passai de commentaire… je ne savais pas encore si elle marchait dans mes traces. Si elle voyait les mêmes opportunités que moi, ce qu’allait lui offrir un jour la mort de Don Hughes et le fait que Julian voulait faire administrer MTI, alors là, oui, nous pourrions dire qu’elle marchait dans mes traces. Pas avant.

Je m’installai à table après un dernier baiser à ma bien-aimée et le chili fut servi, avec son guacamole et son pin maison. Et ce fut un vrai régal. Je dégustai le tout avec mes doigts, priant intérieurement pour que ma mère ne débarque pas pour me faire la remarque, mais non. Et Maritza, elle, admirait mon appétit et mangeait elle aussi mais avec un air rêveur. Elle devait être trop excitée par notre rendez-vous de tout à l’heure… Malheureusement, je ne savais pas faire avancer les aiguilles de l’horloge plus vite.

La table fut vite débarrassée, la vaisselle laissée aux soins d’Isabel ou John. Puis, Maritza alla se changer et je l’attendis au bas de l’escalier… Je pris sa main pour lui faire descendre les dernière marches et nous allâmes jusqu’à la Cadillac.

Le trajet se fit sur les rythmes de Fireworks, la cassette que j’avais glissée dans le radio cassette. C’était bon, et j’espérais bien que Stone et McAvoy avaient encore d’autre pépites du genre en stock.

Très vite, Maritza se retrouva assise sur la table du médecin et j’attendis le verdicte, croisant les bras, mon cœur battant la chamade.

Quand il posa son truc bourré de gel glissant sur le ventre de ma femme, je ne pus m’abstenir de demander tout de suite.

-Alors ? C’est un garçon ?

Daniele avait eu sa fille ! Ce serait hautement malhonnête de la part de la nature de ne pas me donner un fils.

@ Billy Lighter

Il était trop tôt pour s’avancer sur ce que fera notre bébé plus tard. Nous ne savions même pas encore si je porte un fils ou une fille. Néanmoins, et n’en déplaise à Jimmy, j’encouragerai toujours notre progéniture à suivre sa voix, à privilégier son bonheur, avant tout autre chose aussi, je me contentais de sourire à mon mari et à hocher de la tête.

- J’en suis consciente, mon amour.

J’allongeais le bras pour caresser sa main de la mienne.

- Commençons par aller voir ce qui se cache dans mon ventre, si toutefois il daigne nous le montrer. Même pas né et déjà si entêté !

Ça me faisait rire, même si je devenais presque désespérée par ces dernières tentatives pendant lesquelles, notre précieux trésor croisait ses jambes et nous préservait de nous révéler ce que nous désirions tant savoir.

Je m’étais préparée, et nous avions ensuite prit la Cadillac pour nous rendre à la clinique privée, rencontrer mon médecin comme je devais le faire assidûment surtout maintenant que j’étais entrée dans le dernier trimestre.  Je n’avais plus 20 ans mais ma fleur d’âge n’était pas encore fanée.  Il fallait tout de même porter plus attention, mon cœur s’emballait parfois, conséquence qui demeurait du coup de feu que j’avais eu en pleine poitrine. Sinon, je me portais on  ne pouvait mieux !

Une fois installée sur la table d’examen, le gel fut appliqué sur mon ventre et cela me fit me contorsionner légèrement. De fois en fois, je ne m’habituais jamais à cette sensation mais dès qu’apparaissaient les premières images de notre bébé sur le moniteur, j’oubliais vite l’inconfort de la crème.  Jimmy me fit rigoler, par son impatience à peine contenue mais il parlait en nos deux noms.

Le médecin ménageait le suspens, il prenait son temps pour prendre toutes les mesures nécessaires, pour évaluer le développement de notre bébé, je m’en mordais le bout de l’index, fixant le moniteur, comme si je pouvais mieux voir que le médecin mais, au quatrième bébé, j’espérais quand même savoir un peu reconnaître certaines choses.

- Alors… Monsieur et Madame Reed…  Vous voyez, ici ?

Je faisais oui de la tête bien qu’en fait, je ne distinguais rien de très révélateur. Je restais suspendue  aux lèvres du médecin, presque sur le point d’exploser tant je ne pouvais plus attendre.

- C’est un garçon !

Je fermais les yeux, soulagée, heureuse, comblée puis je retournais pour voir la réaction de Jimmy qui espérait dans que la nature nous soit autant clémente qu’elle l’avait été avec le couple Ricci en leur accordant leur fille désirée.

- Notre vœux a été exhaussé, Jimmy !

Notre bonheur allait être complet !

L’examen terminé, je pu ensuite demander des renseignements sur les possibilités de donner naissance à la maison. Avec les derniers évènements, ceux me touchant moi et Olivia, je n’étais pas certaine de vouloir accoucher à l’hôpital et risquer je ne sais quoi comme autre tragédie.

@ Billy Lighter

Maritza ne fit pas de commentaire, ou plus ou moins pas… Elle disait qu’elle était consciente que dans notre monde, ce ne serait pas possible que notre fils puisse faire ce qu’il voudrait de sa vie. Que deviendrait BSC alors ? Hein ?

Mais elle me sourit et je lui souris en retour, la laissant prendre ma main et elle me rappela qu’après tout, on ne savait même pas encore ce qui se cachait dans son ventre. Je hochai la tête et j’étais de plus en plus impatient. Et le trajet, l’attente dans la salle d’attente, puis les préparatifs du médecin me semblaient interminables.  

Finalement, ma femme put se mettre en position et sur l’écran commencèrent à danser des ombres noires et grisée… Bref, on n’y voyait rien du tout !

Et le médecin qui prenait les mesures… Il ne pouvait pas faire tout ça après, non ? Non, il fallait bien évidemment le faire avant, pour bien ménager le suspense.

Finalement, il s’adressa à nous et mes yeux ainsi que ceux de Maritza se rivèrent sur l’écran… Un écran sur lequel ne m’apparaissait rien de bien concret jusqu’à ce que le médecin me montre exactement où je devais regarder en s’exclamant que c’était un garçon.

Je fis un geste de victoire.

-Yes ! Je le savais !

Et je pris Maritza dans mes bras, un peu comme je pouvais, pour ne pas me mettre du gel partout…

-Tu l’as fait, mon amour ! Tu l’as fait !

Je lâchai Maritza et serrai la main du médecin…

Quand Maritza fut rhabillée, elle fit une demande qui me surprise mais contre laquelle je n’avais aucun problème. Elle voulait donner naissance à Julius Rachel à la maison. Je ne m’y attendais pas, nous n’en avions jamais parlé…

Je la regardai, surpris, mais ne dit rien, me tournant ensuite vers le médecin pour connaître son avis sur la chose.

Si, je demandai juste une chose.

-Vous êtes sûr que c’est sans danger ?

@ Billy Lighter

Beaucoup d’eau avait le temps de couler sous les ponts avant que notre fils, si pour autant je donnais naissant à un fils, prenne le relais de son père à la tête de BSC et, j’espérais qu’il n’était question de rien d’autre que de BSC, le reste je ne voulais pas en entendre parler. Nous devions commencer par nous rendre à la clinique et, si le bébé le voulait, il nous dévoilerait ce que nous voulions tant savoir.

Nous n’avions pas tardés, après avoir déguster l’un de mes petits plats, pour faire le chemin et, une fois allongée sur la table, le ventre enduit de gel  horriblement froid et gluant, et après que le médecin eût prit d’interminable mais ô combien importantes mesures il nous dévoila le sexe de notre petit trésor et…

J’éclatais de rire sous l’explosion de joie de Jimmy. Rares étaient ces moments où ils se permettaient ce genre d’effusion et encore plus, en public ! Mais c’était beau à voir et je ne pu retenir une larme de joie quand il me prit dans ses bras.

- Oh mais je ne l’ai pas fait seule, mon amour !

Cet enfant là, bien qu’il fût une surprise, nous l’avions souhaité et fait tous les deux.

Je portais donc un fils, Julius Rachel Reed et il était en parfaite santé. Le médecin prédisait même à terme un 3.6 kilogrammes, j’avais toujours  mis au monde des bébés bien portant, j’étais prête à réitérer l’expérience bien que cette fois-ci je ne voulais pas accoucher à l’hôpital, mais dans le confort de ma maison.  J’avais déjà songé à transformé la chambre d’amis, mettre un drap de plastique sous le drap du matelas, prévoir tout le nécessaire et je savais que l’hôpital pouvait nous référer des sages-femmes dignes de confiance.

Ce fut une surprise pour mon mari de m’entendre poser la question au médecin, mais je craignais qu’il ne m’en dissuade avant même que je ne m’en informe auprès de mon médecin. Ce n’était pas pour la beauté de la chose, donner naissance en toute intimité, préserver notre fils de l’œil curieux des vautours de la presse. Je nourrissais une peur plus grande que nature que notre fils, puisque maintenant je pouvais imager notre fils, soit la cible de Ward. Rien n’était à l’épreuve de ce fou, ne nous en avait pas suffisamment fait la démonstration ?  Je n’aurais jamais l’esprit tranquille, même si Jimmy plaçait des hommes pour notre protection partout dans l’hôpital.

Le médecin n’y voyait aucun problème et répondit par la négative à la question de mon mari. Il me trouvait en bonne forme malgré la balle que je m’étais prise en pleine poitrine, j’étais en santé et notre fils était déjà en position idéal. Il faudrait cependant rencontrer la sage-femme avant l’accouchement et se procurer le matériel nécessaire, il nous fournit d’ailleurs une liste. Il y avait beaucoup de choses auxquelles je n’avais pas songées mais rien pour me faire reculer.

- Je me sentirais plus à l’aise de donner naissance à la maison et puis c’est notre dernier, il me semble que ce serait une belle façon de vivre cette dernière fois.

La première et la dernière pour Jimmy et je croyais que c’était une belle façon de lui faire vivre cette expérience, de lui faire embrasser sa paternité. Cependant nous n’avions pas non plus discuté de comment il voyait l’événement, s’il comptait y prendre part ou s’il attendrait dans son bureau en fumant un cigare et en sirotant un verre de whisky. Certains hommes n’étaient pas à l’aise et c’était tout à fait concevable. J’espérais que Jimmy assiste à mon accouchement, qu’il me masse le dos et me tienne la main, qu’il m’encourage entre les poussées mais je pouvais tout à fait respecter son désir de rester à l’écart s’il le souhaitait ainsi.

- Te sens-tu à l’aise avec mon idée, Jimmy ? Nous avons encore le temps d’en discuter.

Son avis m’importait beaucoup. Nous aurions encore tout le temps d’en discuter et de bien nous préparer avant le grand jour.

@ Billy Lighter

Je ris avec Maritza quand elle annonça que ce bébé-là, elle ne l’avait pas fait toute seule. Et je la regardai avec un regard fier. J’aurais voulu passer ma main sur son ventre mais celui-ci était enduit de ce gel dégoûtant que le médecin avait mis dessus.

Julius Rachel Reed était en route.

Mais là où Maritza me pris de court, c’est quand elle annonça avoir envie de donner naissance à notre fils à la maison. Je n’y voyais pas d’inconvénient mais me renfrognai quand même… J’aurais préféré qu’elle m’en parle avant d’en parler à son médecin. Je ne lui aurais pas interdit mais je détestais quand Maritza faisait ce genre de chose.

Cependant, cela n’entama qu’un tout petit peu la joie que j’éprouvais d’avoir un fils à venir.

Maritza expliqua alors qu’elle serait plus à l’aise de mettre notre enfant au monde à la maison. C’était vrai que, du coup, on ne serait emmerdés ni par les paparazzi, ni par les New Soldados. Et comme elle le disait, ce serait une bonne façon de le vivre une dernière fois…

Et une première fois pour moi.

Et je serais fier de pouvoir dire que mon héritier était né au sein même de la villa qui nous appartenait. Symboliquement, c’était très beau.

Alors quand le docteur affirma qu’il n’y avait rien à craindre d’un signe de tête, je regardai Maritza et passai une main dans ses cheveux.

-Très bien. Je suis à l’aise avec l’idée. Mais je veux que ce jour-là, vos meilleurs sages-femmes soient à notre disposition.

Je me penchai pour embrasser Maritza sur le front.

-C’est un bébé fier et robuste auquel tu vas donner naissance, ma chérie. Un Reed. Comme Olivia.

A cela près qu’il sera élevé par mes soins et que donc, il saura ce qu’il voudra, et ne sera pas une girouette comme ma fille.  

@ Billy Lighter