J’avais raconté toute l’histoire à Nell… Je savais qu’à elle, je pouvais parler librement. Elle savait presque tout de moi et je savais que, en aucun cas, elle ne ferait quoi que ce soit qui pourrait me nuire. Et, en l’absence de tous les autres Los Diablos, elle était mon unique espoir.

Elle commenta disant que tout ça était horrible. J’avais encore les images en tête… Ce n’était pas mon premier drame… Mais c’était de loin le pire. J’avais, pourtant, déjà vu des Los Diablos mourir… Mais la différence c’était que, quand on devient Los Diablos, on sait que c’est dangereux. On connait les risques. On signe en connaissance de cause.

Sky, elle, n’avait signé pour rien… Elle était le dégât collatéral de mes actions, de celles de Fleming et des guerres de gangs. D’ailleurs… Ce n’était peut-être même pas qu’un dégât collatéral… Mais trois dégâts collatéraux parce que, comble de tout, elle attendait des jumeaux. Les enfants de Ward Fleming, certes, mais des enfants quand même… Dans enfants qui ne méritaient pas ça.

J’hochai de la tête… Ouais… C’était horrible. Il n’y avait rien de plus horrible.

Et peut-être que le nombre de morts allait encore augmenter cette nuit… Camilo était déjà mort… Sky et ses jumeaux allait peut-être mourir eux aussi si ce n’était pas déjà le cas… Quant à moi, Nell confirma qu’elle n’avait pas les compétences pour me soigner ici, avec les moyens du bord et je me sentais de plus en plus mal à chaque seconde qui passait…

Il me restait comme espoir le fait d’aller aux urgences… Mais si je faisais ça, je risquais la prison. Nell objecta déclarant que j’étais la victime.

-Je sais… Mais je vérifiais une cargaison de drogue, Nell…

La police sait que je vends de la drogue… Les flics savaient que j’étais un Los Diablos mais ils n’avaient pas assez de preuves tangibles pour concrètement me relier au gang. Quand je me faisais avoir, c’était toujours avec une toute petite cargaison… Pas assez pour m’envoyer en prison.

Mais la cargaison que je surveillais, elle, était assez grande pour me foutre en prison.

Et j’étais bien trop à l’ouest, pour l’instant, que pour réfléchir à un plan. Par chance, Nell était là. Elle ficela une histoire alors que je secouai la tête pour rester conscient.

Elle voulait absolument qu’on y aille… Je n’avais pas le choix.

-D’accord…

De toute façon, que j’accepte ou non, Nell était déjà partie vers le téléphone appelé un taxi. Je tenais tant bien que mal éveillé. La douleur me rendait dingue si bien que ce fut un calvaire d’aller jusqu’au taxi quand celui-ci arriva…  

Une fois installé dedans, Nell cherchait à me tenir éveiller. Je gémissais de temps en temps essayant de ne pas fermer les yeux. Ce n’était pas évident… Je voyais flou… Le visage de Nell commençait à disparaitre… Je secouai alors la tête essayant de ne pas sombrer…

On finit par arriver et sortir de la voiture fut aussi compliqué que d’y entrer. Le taximan passa un commentaire sur le sang… Ouais… La banquette arrière était ruinée mais je n’eus pas la force de répliquer…

Je gémis de douleur me soutenant à Nell alors que chaque pas renduisait de plus en plus ma vision.

-Je tiendrais pas…

C’est ce que je soufflai à Nell alors qu’elle appela de l’aide expliquant la situation. Une infirmière arriva mais je voyais tellement flou que je n’avais pas remarqué que Fleming n’était pas très loin.

Quand elle s’approcha de nous, je soufflai :

-Je sais pas si la balle est sortie…

C’est ce que je lançai à l’infirmière.

Finan venait de me raconteur une terrible histoire.  Je ne connaissais pas la nouvelle petite amie de Ward Fleming, ou alors si je la voyais, je saurais de qui il s’agissait, après tout, l’Eastside est un peu comme un monde à part dans Los Angeles, tout ceci pour dire que j’avais beaucoup de chagrin pour elle. Cette fille aurait pu être moi, si je n’avais pas fui ma relation avec Fleming.

Cette fille était une victime innocente du plus grand fléau de tous les temps et si Finan n’avait pas été si mal en point, je lui aurais fait la morale en lui demandant combien de fille comme elle il faudrait pour qu’il réalise que cela doit cesser ?  Malheureusement, tout ceci était bien plus puissant que Finan… Quand bien même mon ami faisait une prise de conscience, il resterait toujours autant de dealer prêt à se tirer dessus les uns les autres.

La blessure de Finan était beaucoup trop grave pour mes maigres connaissances médicales et le peux de contenu dans ma trousse de premier soin. Il avait besoin de voir un médecin et de toute urgence. Je ne lui laissais pas vraiment le choix en téléphonant un taxi et en échafaudant une histoire qui pourrait suffire à expliquer sa blessure.

Le taximan m’aida à sortir Finan de la voiture bien qu’il fût fort mécontent de l’état de sa banquette arrière. Il voulait quoi ? Que je passe la serpillère ? Je me contentais de lui lancer un billet de vingt dollars ce qui couvrait largement la course et un nettoyage des sièges, du moins je l’espérais.

À l’intérieur, une infirmière arriva presque immédiatement et je la laissais prendre en charge Finan qui se retrouva probablement sans même qu’il n’en eu connaissance, dans un fauteuil roulant et poussé vers une salle d’examen. Je les suivais de près et entrais derrière eux mais je restais discrète, près du mur, me contentant de répondre aux questions quand elles fusaient.

- Nous rentrions d’une balade au parc… un homme est arrivé par derrière et il a voulu voler mon sac et le portefeuille de Finan, il était armé… Finan a voulu nous défendre… il aurait dû tout simplement le laisser nous voler… le coup est partit avant qu’on ai pu dire ou faire quoi que ce soit…

C’était la version que je conserverais, et selon moi, celle qui pouvait le mieux expliquer cette blessure.

C’était le soir des blessures par balle, de toute évidence ! Je m’en serais bien passé, parce que ces pas surprise retardaient considérablement toutes les autres consultations et nous étions déjà certain de voir plus de la moitié de ces gens passer la nuit sur nos chaises inconfortable de la salle d’attente.

Je rejoignis donc rapidement le couple qui venait d’entrer et attrapais de justesse un fauteuil roulant avant que la jeune femme ne s’écroule au sol avec… Finan Quinn ! Tient donc ! Il semblait moins en forme que l’autre soir, à la télévision ! Je le poussais vers une salle d’examen dans laquelle nous pouvions soigner des cas plus lourd qu’une simple otite. Aidé de deux brancardiers, nous fîmes lever le nouveau chanteur pour l’installer sur le lit et commencer les soins.

- C’est arrivé comment ?

La jeune femme avait beaucoup d’aplomb dans sa réponse. Ils avaient été victime d’une petite frappe en rentrant d’une balade, c’était courant dans le coin, ça l’était moins de finir aux urgences avec une balle dans l’épaules.

- Restez calme, Monsieur Quinn, tout ira bien.

Il n’avait pas perdu conscience mais ça ne tenait qu’à un fil. C’était un battant, avec cette forte stature, je n’avais pas de mal à le croire. Il fallait tout d’abord stopper le saignement et nettoyer la plaie pour ensuite mieux y voir et récupérer le projectile.

- La police est déjà en chemin, c’est votre soir de chance. Une autre blessure par balle est arrivée tout juste avant vous.

Peut-être que les deux évènements étaient liés.  Si c’était le cas, la police aurait fort à faire pour retrouver ce bandit.  Je fis appeler le Dr. Carter pour qu’il nous rejoigne ici. Je savais la jeune femme entre de bonnes mains, celles du Dr. Benton et de son équipe, Carter pouvait donc redescendre et revenir ici-bas, parce que nous avions encore bien besoin de lui.

- Il a perdu beaucoup de sang ?

La jeune femme se rongeait les ongles et me répondit d’un signe de la tête.

- Ok ! Carter s’en vient, il faudra sortir la balle de là… Il a eu de la chance, je crois mais une radiographie en dira plus sur les dommages à son épaule.

J’avais suivi la civière de la jeune femme jusqu’au bloc opératoire et j’avais moi-même donné les détails à Benton sur son état et sa grosse et le fait que Ray n’avait détecté qu’un seul battement de cœur ce qui était hautement inquiétant. Je n’étais cependant pas dupe. Une balle en plein ventre pendant une grossesse, déjà que même sans être enceinte ce n’était pas gagné d’avance, ne laissait que très peu d’espoir qu’en à la survie du bébé.

Des bébés dans ce cas-ci.

Benton était surnommé le magicien puisqu’il avait fait des miracles, un terme peu apprécié dans le monde médical, mais c’était un petit peu comme ci. Il avait réchappé des gens dont nous ne donnions pas beaucoup d’espoir à la famille pour ne pas dire que nous n’en donnions aucun.

J’aurais aimé assister à l’intervention mais Benton allait en avoir pour plusieurs heures. Il devait tout d’abord procéder à une césarienne pour extirper les bébés qui, s’ils étaient encore en vie, serait prit en charge par l’équipe de néonatalogie, pour ensuite s’occuper de la mère et d’essayer de la garder en vie pour ses petits.

On m’avait cependant fait demander à l’urgence.

Anne était une excellente infirmière en chef, elle avait même l’intention de passer le concours pour devenir médecin. Je la savais en plein contrôle en bas seulement, elle n’avait pas l’autorisation de signer les congés et prescrire les médicaments.

Je descendis donc en prenant l’escalier plutôt que l’ascenseur, ce qui était beaucoup plus rapide et j’entrais dans l’urgence toujours aussi bondé.

- Victoria ? Où est Anne ?

- Une autre blessure par balle, salle C !

C’était bien ma chance !

- Quelle soirée de merde !

Je me dirigeais vers la salle C et je vis non loin, l’homme qui avait amené la jeune femme enceinte, assit sur une chaise dans le corridor, le corps semi penché vers l’avant et les bras toujours tachés de sang.

- Monsieur Fleming ?

J’attendis qu’il m’accorde son attention avant de m’adresser à lui.

- En ce moment, votre femme subit une césarienne, d’ici quelques heures, nous en saurons plus sur la santé de vos bébé et le Dr. Benton fera tout en son pouvoir pour sauver votre femme. Il faut garder espoir, d’accord ?

C’étaient les seules nouvelles que j’avais, malheureusement. Cependant, une césarienne d’urgence se faisait plutôt rapidement. Dès le moment où il y a rupture des membranes et que l’ouverture était faite, il ne lui faudrait que 90 secondes pour sortir le premier bébé, probablement que l’action serait plus délicate et prudente dans les circonstances mais l’homme serait très vite fixé sur l’état de ses bébés.

- Je ne peux vous parler plus longtemps, je suis demandé dans une autre salle mais je vous promet sur mon honneur des nouvelles aussi souvent que possible.

Je le plantais pour ainsi dire là parce qu’Anne devait être sur le bord de la crise de nerf et que je n’avais aucune idée de l’état de l’autre blessé.

- Je suis là, Anne ! Alors, qu’avons-nous ici ? Oh ! Finan Quinn en personne !

Ça c’était plutôt intéressant. La plaie avait été bien nettoyé et irrigué je pouvais retirer moi même la balle sans passer par le bloc opératoire. Il suffisait que d’une petite injection pour le désensibiliser et je pouvais procéder.

- Voilà le trophée ! , que je laissais tomber dans un sac qui serait remis aux policiers, procédures oblige. Amenez-le pour des radiographie, je le veux sous tous ses angles et ensuite, il faudra le recoudre ! C’est votre soir de chance, Quinn ! Anne à des doigts de fée pour la couture délicate !

Puis je me tournais vers le fond de la salle pour retirer mes gants de plastique et les envoyés dans la poubelle et je vis cette ravissante jeune femme que je saluais d’un petit clin d’œil et d’un sourire charmeur.

- Vous n’êtes pas blessée, mademoiselle ?

Je donnais toutes les informations que je pouvais non sans le dire sèchement à l’infirmière. Cette situation m’agaçait. Rien n’était allé comme je voulais et, maintenant, j’étais en passe de tout perdre.

Et si je perdrais Sky, je jure que j’allais réduire les Los Diablos en cendre. Je le tuerais tous sans exception. Absolument tous. Alonso, Quinn (si ça n’était pas déjà fait), tous les Pequeñas Manos, Reed et toutes leurs familles ! Tous.

Mais avant tout ça, je devais attendre… Je n’avais pas vraiment le choix. L’avenir de Sky n’était plus entre mes mains ce qui rendait la situation d’autant plus insupportable. Je n’aimais pas ne rien contrôler. Et j’arrivais à peine, à cet instant, à me contrôler moi-même alors que l’infirmière parla des flics, du protocole… Je répondis à nouveau sèchement.

-D’accord ! Je répondrais à leurs questions !

Je finis par remplir sa fiche à la con dont chaque question augmentait ma colère parce que je n’arrivais presque pas à y répondre. Après ça, je rendis les feuilles à l’infirmière la menaçant presque si je ne recevais pas les nouvelles en temps réel. Elle affirma qu’elle me donnera des nouvelles essayant de me rassurer au passage.

-Ils ont tous intérêt à tout faire pour les sauver !

C’est ce que je crachai entre mes dents avant qu’elle ne confirme que la police avait été prévenue. J’hochai de la tête sans rien dire alors qu’elle déclara ne pas encore avoir de nouvelles avant de me désigner tous les endroits où je pouvais aller.

-Ok !

C’est ce que je dis sèchement alors que j’essayais de contenir en moi toute ma colère… Chose qui faisait extrêmement mal.

L’infirmière me quitta alors parce que de nouveaux blessés venaient d’entrer. Je regardai vers la porte des urgences.

Et je vis Quinn.

Il vivait toujours et était soutenu par Nell. Mon ex. Ils ne regardaient pas dans ma direction. Mais moi, je les avais vu. Quinn s’en était sorti ce qui augmenta ma colère.

J’aurais dû mieux visé ce cafard d’Irlandais !

Furieux, je me retins d’aller l’achever sur le champ. A la place, je me dirigeai vers le corridor me laissant tomber sur une chaise.

Je fermai brutalement les yeux me remémorant tout ce qu’il s’était passé.

J’aurais dû faire plus attention. J’aurais dû vérifier que Sky ne m’avait pas suivi. J’aurais dû vérifier que Quinn était bel et bien seul. Je n’aurais pas dû me contenter des certitudes d’un gamin de 11 ans !

Je soufflai essayant de ravaler mes envies meurtrières. Il fallait que je me concentre. Il fallait que je garde mon calme. Il fallait que je réfléchisse méthodiquement.

Sky était entre les mains des médecins… De ce côté, je n’avais plus qu’à attendre.

Restait les flics. Je devrais inventer une histoire. Ils connaissent ma réputation et je vais l’utiliser pour tout justifier.

Et je savais que Quinn ne prendra pas le risque de dire la vérité, de son côté. Il risquait autant la prison que moi, sur le coup.

Je pensais à tout ça alors que le Docteur e tout à l’heure m’interpella. Mon regard, qui était perdu dans le vide, se leva vers lui. Il m’expliqua où en était Sky qui était toujours en vie. Elle subissait une césarienne… J’essayais de capter l’information. J’aurais, visiblement, des nouvelles des deux gosses avant d’en savoir plus sur Sky. J’hochai de la tête mon regard était à la fois sur le médecin mais, en même temps, assez absent.

-D’accord… Merci…

Je n’aimais pas attendre. Mais j’allais devoir prendre mon mal en patience !

Je soupirai me redressant sur ma chaise le regard toujours dans le vide. Je visualisais tous les pires scénarios… Le pire étant que les deux bébés s’en sortent et que Sky ne s’en sorte pas. C’était le pire scénario. Si Sky mourrait, mieux valait qu’il en soit de même pour les gosses.

Je pensais à ça, jusqu’à-ce que Nell arrive dans le corridor. Je la fixai, l’air toujours à moitié absent. Je ne savais pas ce que Quinn lui avait dit. A vrai dire, je n’avais aucune idée de la nature de sa relation avec Quinn…

Personne ne prêtai attention à nouveau. Les infirmiers passaient de temps en temps dans le corridor mais étaient bien trop pressé que pour nous écouter.

Et je lâchai d’un ton à moitié absent, à moitié sarcastique.

-Tu sors avec Quinn ?

C’était évident… Il était allé chez elle… Ça voulait tout dire.

L’infirmière n’avait pas tardé à s’approcher de nous constatant les dégâts et demandant ce qui était arrivé après m’avoir amené, en chaise roulante, vers une salle où on m’installa sur un lit. Je n’avais pas assez les idées claires pour répondre mais Nell s’en chargea très bien pour moi. L’histoire était simple, crédible et efficace. J’essayais de bien retenir chaque mot qu’avait dit Nell, non sans rire aussi ironiquement que faiblement.

-Ouais… C’est tout moi ça… Toujours à vouloir jouer les héros.

Ce n’était pas totalement faux… Pas totalement vrai non plus. Dans l’Eastside, j’étais rarement le héros de l’histoire. J’étais plutôt l’un de ses fléaux. C’est certainement ce que Nell pensait. Les dealers étaient, pour elle, l’un des plus grands fléaux de l’Eastside.

L’infirmière me demandait de rester calme et m’appela par mon nom de famille. Je fus un rien déstabilisé sur le coup. Ok… Nell m’avait appelé Finan mais pas Quinn… Puis, je me rendis compte que j’étais passé à la télé il y a peu, lors des AMA… Que j’avais un single à mon actif. Bref, je me rendais seulement compte que j’étais connu et que, ce soir, ça n’allait pas forcément jouer à mon avantage.

L’infirmière se mit alors à stopper l’hémorragie avant de commencer à nettoyer. Je serrai les dents. Ce n’était pas du tout agréable. Et ça le fut encore moins quand elle parla de la police.

Oh ! Super ! La police ! C’est vraiment, vraiment notre jour de chance ! Merveilleux !

La soirée ne pouvait pas être plus merdique !

Mais je dis tout de même sur un ton faussement heureux.

-Ouais… C’est une chance…

Non, ça ne l’était pas… Heureusement, Nell avait une histoire qui tenait la route.
Quant à l’autre blessure par balle, je ne pus m’empêcher de penser à Sky. Et si c’était elle ? C’était possible. Tout comme ça pouvait être quelqu’un d’autre. Alors, je lançai :

-Vous avez beaucoup de blessures par balle par nuit ?

C’était une façon détournée d’en savoir plus. Mais je ne dis plus rien après ça parce que j’avais l’impression que chaque mot me demandait une énergie monstre. C’est, donc, à Nell que l’infirmière s’adressa. Elle demanda si j’avais perdu beaucoup de sang ce que Nell confirma.

Un médecin allait arriver, c’est ce que l’infirmière disait… J’avais eu de la chance. C’est ce qu’elle disait mais j’allais quand même passer par la case radio… J’aurais trouvé que j’avais vraiment eu beaucoup de chance si je n’avais pas été guitariste… Or, je suis guitariste et une blessure à l’épaule n’était pas vraiment une bonne nouvelle…

Le médecin arriva alors. Il savait qui j’étais lui aussi. Je ne dis rien me contentant d’un maigre sourire.

Il s’occupa de la balle et je grimaçai malgré qu’il ait endormit la zone. Ça restait désagréable mais, très vite, la balle fut extraite et mise dans un sac. Certainement une preuve qui sera donnée au flic.

Après ça, je n’avais plus qu’à passer à la radio, à me faire recoudre et à déballer mon histoire aux flics…

Je fus donc amener non sans regarder une dernière fois Nell qui était questionné par le médecin.

Jamais avant je n’avais assister à ce genre de scène. En fait, je ne me souvenais même pas avoir un jour visiter les urgences d’un hôpital. J’étais bien allé chez mon médecin de famille pour un rhume ou une angine mais rien de plus vilain. J’étais impressionnée par la valse des infirmières autour de Finan et de leur finesse malgré la brutalité de la blessure.

L’une d’entre elle, celle qui semblait être la chef, en tous les cas, c’était elle qui dirigeait les opérations et qui donnait des ordres. Ce fut elle aussi qui se retourna vers moi et qui me questionna sur le comment Finan s’était retrouvé avec une balle dans l’épaule. Je ne pouvais pas lui dire la vérité, j’avais promis à Finan que je trouverais une histoire crédible. J’imaginais alors une histoire de vol de sac à main et de portefeuille à la pointe d’un révolver, que Finan avec voulu me protéger et jouer les héros et que s’il avait réussit à sauver nos avoirs, il s’était malheureusement prit une balle dans l’épaule.

Mon histoire sembla passer comme une lettre à la poste. Finan parvint même à dire que c’était tout lui, de vouloir jouer les héros et l’infirmière, Anne Lockhart tel qu’inscrit sur son badge, annonça que nous avions de la chance et que la police était en route. Là, cependant, les genoux fléchir légèrement et une autre infirmière me conseilla de sortir m’assoir mais je ne voulais pas quitter Finan des yeux.

Après un petit moment, un homme entra dans la salle d’examen. Le Dr. Carter. Je soufflais de soulagement, le calvaire de Finan allait prendre fin, du moins, il deviendrait plus facile à supporter. Je tournais les yeux pour ne pas regarder, je n’appréciais pas spécialement le sang alors la fouille archéologique dans la plaie à la recherche de la balle perdue, non merci ! Elle fini tout de même par être extirpée et à être conserver comme pièce à conviction, j’imaginais. Pouvions nous relier une balle au propriétaire de l’arme ? J’espérais que non, parce que cela voudrait dire que la police pourrait remonter jusqu’à Ward et ils n’achèteront jamais mon histoire. Ward Fleming avait passé le stade des petits larcins depuis avant son entrée au jardin d’enfants !

- Quoi ? Je… Non, je ne suis pas blessée. Je vais bien, merci.

J’avais été un peu choquée par la façon dont le Dr. Carter s’était adressé à moi, avec un sourire charmeur et un clin d’œil coquin. C’était le moment pour flirter ? Surtout qu’il n’en savait rien, j’étais peut-être en couple avec Finan, après tout, nous étions arrivés ensemble ici.

Je me dirigeais vers une petite salle d’attente privé plus loin dans le corridor alors qu’on amenait Finan pour des radiographies avant d’être recousu. Dans cette salle, un autre homme attendait. Un homme que je connaissais et dont je me serais bien passé de revoir mais un homme qui avait mal parce que sa petite amie était blessée et enceinte. Je ne pouvais qu’être triste pour Ward, malgré tout.

- Non, je l’ai accompagné, c’est tout.

Je lui avais répondu tout en m’asseyant en face de lui, sur une autre chaise. Il me semblait qu’ici, tout était plus calme que n’importe ou ailleurs dans l’hôpital et si, tout à l’heure, je trouvais assourdissant voir même étourdissant tout le brouhaha autour de nous, maintenant, le calme et le silence quasi-total me pesait, m’inquiétait.

- J’ai su… As-tu des nouvelles ?

Je le regardais avec une tristesse infinie dans les yeux. Ils ne comprendraient jamais que beaucoup trop de victimes innocentes tombaient, combien encore en faudrait-il pour que tout cela cesse ?

- Tu vas certainement m’envoyer sur les roses mais, si je peux faire quoi que ce soit pour t’aider, je suis là.

Ce n’était pas tant pour lui que pour sa copine qui luttait contre la vie et la mort.

Je fixai Nell, l’air absent alors que mon discours, lui, ne l’était pas du tout. Elle avait amené Quinn ici alors je supposais légitimement qu’elle se tapait Quinn. Mais elle réfuta ma supposition disant qu’elle n’avait fait que l’accompagner. Je ricanai mais d’un ricanement qui n’avait aucune force… Plus un ricanement qui trahissait mon épuisement.

-Il est quand même venu chez toi et chez personne d’autre… Je doute que tu l’ais croisé dans la rue.

Et je doutais que Nell traine près des entrepôts des Los Diablos. Non. J’étais sûr que Quinn était allé la chercher. Donc, ça supposait qu’ils étaient proches d’une certaine façon. Et je savais que Quinn ne pouvait pas être proche d’une fille sans se l’être tapée. Il s’était tapé presque toutes les Los Diablos de sexe féminin, hormis celle en couple parce que l’Irlandais avait un soi-disant code d’honneur qui l’empêchait de se faire les filles qui étaient en couple.

Enfin, à quelques détails près… Il s’était tapé A.J., une fois. Il l’avait payé. Même si, en y repensant, j’aurais dû le tuer en 74. Je l’aurais fait, Sky ne serait pas où elle en est aujourd’hui.

Je regardais toujours Nell alors qu’elle demanda si j’avais des nouvelles. Elle savait tout. Quinn ne lui avait rien caché.

-Elle est au bloc opératoire. Ils vont faire une césarienne… J’attends. Je ne sais pas qui s’en sortira…

Mon ton était neutre… Du moins sur la forme… Parce que, dans le font, on pouvait entendre une légère pointe de colère et d’inquiétude. Quelque chose que je n’arrivais pas à maitriser.

Nell, elle, était triste. Pour moi ? J’en doutais. Pour Sky ? Sans doute. Nell était le genre de faire à avoir trop de compassion. C’est ce trop point de compassion qui l’avait entrainé dans mes filets il y a quelques années d’ici avec qu’A.J. ne me l’arrache.

Et elle voulait m’aider… Je lâchai un rire ironique.

-Comment veux-tu m’aider ? En m’amenant chez le psy ?

C’était une référence à sa proposition qu’elle m’avait fait il y a des années d’ici.

-Tu m’aurais aidé en laissant crever Quinn. Tout ce qui est arrivé, c’est sa faute. Il n’avait pas à se mêler de mes affaires et de ceux de Sky.

Je fixai Nell.

-Il voulait l’aider… En faisant ça, il l’a peut-être tué.

Mes mots étaient froids. J’en voulais à Quinn. J’en voulais à tous ceux qui s’étaient mis en travers de mon chemin et qui vivait encore. Et je continuais de fixer Nell.

-Alors, je te repose la question… Comment tu vas m’aider, Nell ?

Mon ton n’avait rien d’amical. On pouvait y entendre toute la colère que je ressentais pour chaque individu en dehors de moi et Sky.

Ils étaient bien mon livre au temps des chevalier et ma tisane à la camomille. Ça me semblait remonter à il y a une éternité surtout depuis que je m’étais retrouvé dans la même petite salle d’attente réservée à la famille des accidentés, si je pouvais le dire ainsi, assise en face de Ward Fleming.

J’étais loin de me sentir confortable dans cette situation mais d’un autre côté, je ne pouvais pas abandonner Finan et rentrer tout bêtement chez moi. Je préférais l’attendre et le raccompagner chez lui ou peu importe, là où il voudra et se sentira le mieux. Mais en attendant qu’il revienne de ses radiographies, j’étais seule avec Ward et sa colère.

Il me demanda d’entrer de jeu si j’étais je sortais avec Finan et je lui répondis que non, je l’avais accompagné ici, et rien de plus.

- Il est allé là où il a cru trouver de l’aide. Il ne faut pas chercher au-delà des apparences.

S’il y avait eu un début de quelque chose entre Finan et moi, il n’y avait plus rien aujourd’hui. Tout comme pour mon histoire avec Ward, ça avait été très vite classée dans les histoires à ne pas répéter, bien qu’avec Ward, ça avait été plus loin qu’avec Finan.

Finan m’avait raconté les grandes lignes de cette tragédie. Je savais donc que Ward était ici parce que sa petite amie luttait pour sa vie, et pour celle de leur enfant. Ce devait être horrible de devoir attendre, sans pouvoir ne rien faire. Il m’expliqua brièvement et sur un ton frôlant l’exaspération que les médecins allaient procéder à une césarienne et qu’il ne pouvait rien faire de plus que d’attendre.
C’était d’une tristesse infinie.

Attendre un enfant est synonyme de réjouissant. Accueillir une petite vie qui résulte d’un don d’amour pour finalement, faire face à la mort, il n’y avait rien de plus inhumain à mes yeux. Je me sentais impuissantes face à la tristesse et colère de Ward alors je lui offris mon aide.

J’aurais dû me douter qu’il ne le prendrait pas forcément pour ce que c’était. Il émit une espèce de ricanement, ce fut plus sinistre que drôle puis il me demanda si j’avais l’intention de l’envoyer chez le psy. Il n’avait pas oublié mon conseille offert quelques années plus tôt. Puis il me blâma en quelque sorte en disant que je l’aurais bien plus aidé en laissant Finan mourir, qu’il était responsable de son malheur.

Ward me fixait et ça me glaçait le sang.

Et je n’arrivais pas à ne pas le fixer à mon tour.

- Je ne peux pas faire le temps revenir en arrière. Je ne m’excuserai pas non plus d’avoir aidé Finan. Mais je peux rester là avec toi pour te soutenir et soutenir Sky.

Rien qui pouvait vraiment le soulager mais il devrait s’en contenter ou bien simplement refuser.

- Elle était beaucoup avancé dans sa grossesse ?  

Je pourrais peut-être l‘aider avec le bébé si Sky restait longtemps hospitalisée… je refusais de penser à une autre possibilité, comme si le fait de le penser pouvait rendre la chose réelle. L’infirmière de tout à l’heure passa dans la salle d’attente et m’informa que les radiographies étaient terminées et qu’il pourrait bientôt avoir son congé. J’étais soulagé de l’apprendre mais j’évitais de trop l’exposer, ne voulant pas montrer à Ward mon bonheur alors qu’il était au plus profond de son malheur.  Je me contentais de la remercier et d’attendre le retour de mon irlandais barbu préféré… Il ne devait pas se montrer trop près de cette salle d’attente, faute de quoi, il risquait d’avoir à nouveau du grabuge.

Nell décréta que Finan était allé chez elle parce que c'est là qu'il pensait trouver de l’aide et non pas parce qu'il y avait quelque chose entre eux. En réalité, je me fichais bien de savoir si c'était vrai ou non. J'avais juste dit ça pour la mettre mal à l'aise. Simplement ça.

Mais ça n'avait pas réellement fonctionné. Nell était Nell et je la savais pas simple à déstabiliser. Et si j'avais trouvé cette résistance intéressante il y a quelques années, aujourd'hui elle m'agaçait. Parce que je me sentais tellement mal que le seul moyen d'aller mieux était que les autres souffrent tout autant.

Et elle me proposa son aide. Beaucoup aurait trouvé ça triste pour Sky et bien fait pour l'horrible Ward Fleming mais Nell ne pouvait pas s'empêcher de ne pas faire comme tout le monde.

Je ricanai en me demandant bien de quelle manière elle pouvait bien m’être utile. Elle l'aurait été en laissant crever Quinn. Mais le fait est qu'elle l’avait sauvé en l’amenant ici.

Elle ne s'en excusera pas mais disait qu’elle pouvait être là pour moi et pour Sky. Elle voulait me soutenir. En quoi ça allait me servir ? Je n'avais pas besoin d'elle. Je la fixai droit dans les yeux.

-Je n'ai pas besoin de soutient. Ni contribuer à ton quota de B.A. quotidien.

Je dis ça sèchement. Je n'étais pas l'un des pensionnaires de St-John. Je n'étais pas quelqu'un qui avait besoin de Sainte Eleanor. Si elle voulait remplir son quota, elle n'avait qu'à retourner dans la merde de l’Eastside.

-Je n'ai jamais eu besoin de personne.

Sauf de Sky. Et il fallait qu'elle vive.

Sinon... J'allais foutre L.A. à feu et à sang. Je le sentais en moi. Cette envie irrépressible de détruire.

Nell parla alors de la grossesse de Sky et je répondis simplement :

-Six mois. C'est des jumeaux.

Ou c'était. Si ça tombe, ils étaient de l'histoire ancienne. Et, bizarrement, cette idée me donnait une désagréable envie de vomir. Encore quelque chose que je ne contrôlais pas et qui m’agaçais.

L’infirmière revint alors donner des nouvelles. Je croyais que c’était pour moi mais non c’était pour Nell. Quinn allait pouvoir bientôt sortir... L’injustice que je ressentais ne fit que grandir et quand l’infirmière s'éclipsa, je dis sur un ton mauvais pour que seul Nell entende :

-J’ai vraiment mal visé.

Quinn n'avait pas assez eu de dégâts que pour rester à l'hôpital. Alors que Sky ne s'en remettra peut-être jamais.

Je fixai Nell.

-Si Sky ne s'en sort pas, Nell... Dis à Quinn qu'il est mort.

Même si c’était superflu de le lui dire. Il le savait.

Je me levai alors pour m'éclipser un moment le temps d’aller chercher un café. J'en bus deux avant de revenir à l'endroit où Nell se trouvait.

Je me rassis sans plus croiser son regard. Je n'avais plus rien n'à lui dire.

J'étais épuisé... Mais la nuit n’était pas prête d’être finie. C'est ce que je pensais alors qu'on faisait les radios de mon épaule. J'avais encore les flics à voir mais aussi Reed...

Il fallait que je le vois au plus vite espérant pouvoir sortir de l'hôpital cette nuit. Il fallait que je lui raconte absolument tous les événements et lui évoquer ma conclusion. Cette dernière était simple : il y avait une taupe chez les Los Diablos.

Ce n’était pas possible autrement. Ward savait où j'étais. Il savait qu'il n'y aurait que moi, en théorie. Or, les seuls qui avaient l'information étaient Alonso et le groupe de Los Diablos qui était sous mes ordres.... Et je n'arrivais vraiment pas à savoir lequel pouvait être la taupe. Surtout pas avec la fatigue et les émotions liées à tout ce qui s’était passé.

Après les radios, on me fit recoudre avant d'immobiliser mon épaule. Je devais rester comme ça jusqu’à-ce qu'ils aient analysé les radios pour savoir l'étendue des dégâts et s’il fallait faire plus qu’une immobilisation. Mais, pour l’instant, je devais rester comme ça.

Un peu après on déclara que je pouvais rentrer chez moi et que le temps qu'il fasse mes papiers de sortie et que la police passe, je pouvais aller rejoindre Nell.

Je me traînais alors jusque-là, complément shooté que j'étais aux anti-douleurs.

Je souris à Nell avant de voir Fleming.

Mon cœur rata un battement avant que je ne me reprenne.

L'autre blessure par balle, c’était bien Sky...

Je le fixai un moment en silence. Il me regardait aussi. Mais contre toute attente, il ne me sauta pas au cou pour me démolir.

Non, il me fixait simplement avec un regard à faire froid dans le dos.

Et je lançai :

-Je suis désolé pour Sky.

Pour elle. Pas pour lui.

-Ils s'en sortiront?

Fleming ne me répondit pas... Il me fixait simplement. Je fixai alors Nell.

-Tu as des nouvelles?

Parce que si Fleming semblait utiliser son énergie pour ne pas me tuer ce qui semblait le rendre muet, Nell, elle, avait peut-être su le faire parler.

Parce que je n’avais pas envie de rester dans l’ignorance.

Ward n’avait pas besoin de mon aide. Il me le faisait comprendre avec ses remarques ironiques et son regard froid et assassin. Je pouvais comprendre et respecter son choix. Après tout, nous n’étions pas amis, seulement des ex et je ne peux même pas réellement dire d’ex amoureux tant notre relation fut brève et incertaine.

- Ce n’était pas une B.A. mais d’accord, je respect ton choix. Mais si tu change d’avis, ma main te sera toujours tendue.

Je n’allais pas lâcher prise, non pas pour Ward, mais pour sa petite amie qui luttait pour sa vie et pour les bébés à naitre qui auront besoin de soins et d’amour. Sans vouloir être méchante, je doutais que Ward soit un papa à la hauteur mais… s’il avait tenté l’expérience, alors peut-être qu’il s’était senti prêt à franchir ce cap dans sa vie.

Parfois, l’amour donne de drôles d’envies.

L’infirmière passa me donner des nouvelles de Finan. Il allait bientôt revenir de ses radiographies et qu’il aurait son congé et je la remerciais avant qu’elle ne tourne les talons en vitesse reprendre un autre cas. Ward ne pu s’empêcher d’émettre un petit commentaire digne de ses plus bas instincts et je me retenu de le plaquer au mur, oh oui croyez-moi, malgré ma faible stature j’aurais très bien plus l’y clouer, et lui cracher au visage qu’à maugréer sur le sort de Finan, il allait se faire entendre et alors personne croirait qu’il n’est pas responsable de l’agression contre Finan.

C’était le chaos dans ma tête.

Est-ce que je pourrais inventer une histoire voulant que Ward n’ai jamais pris que je flirt avec Finan après notre rupture mais si cela eu lieu bien après ? Est-ce que la police se dirait simplement que Ward est assez cinglé pour tirer sur Finan uniquement parce que ça lui démangeait de tirer sur quelqu’un ?

- Tu devrais mettre ton énergie à prier pour leur vie, plutôt qu’à souhaiter la mort des autres ! Peut-être que pour une fois tu ferais un truc bien !

Et Finan arriva presque aussitôt et je me précipitais vers lui pour voir de plus près, m’assurer qu’il était en un seul morceau. Il regardait vers Ward et ce dernier le fixait avec une telle intensité que je cru un moment qu’il serait capable d’arracher le cœur de Finan avec la force de sa pensée. Et Finan osa lui demander des nouvelles de Sky, sans obtenir de réponse de la part de Ward, bien évidement.

- Ils lui font une césarienne pour sauver les bébés mais nous n’en savons pas plus pour l’instant…

Il me semblait que pour faire une césarienne à six mois de grossesse, c’est que l’état de la mère devait être assez préoccupant pour risquer de sortir les bébés de là… Ils ne pouvaient peut-être pas la maintenir artificiellement en vie parce qu’elle était déjà morte…

Je ne savais pas ce que voulais faire Finan… Attendre des nouvelles de la jeune mère ou bien rentrer mais le Dr. Carte, celui qui avait extirpé la balle de l’épaule de Finan arriva et demanda à parler à Ward seul à seul.

- Finan… vient… allons dans le corridor.

Aucune chance que j’aille piquer un petit roupillon dans la salle de repos avec une soirée comme celle que nous vivions ce soir ! Deux blessures par balle consécutives, des accidentés du travail, intoxication alimentaire – à mon avis ils ont tous mangés au nouveau restaurant chinois Chow Māo – et je ne sais plus quoi d’autres comme cas.

J’avais plus que je pouvais en prendre et je devais continuer de passer au travers tous ces cas, soigner tous ces gens qui avaient besoins d’être vu et qui ne méritaient pas d’attendre aussi longtemps. Je réunissais donc mon équipe en ramassant la pile de dossiers et je la plaçais au centre sur la table.

- Ok ! La fête à assez durée ! Il est temps de vider cette salle d’attente et d’envoyer tout ce petit monde au lit ! Je veux un triage serré, envoyé tous les petits cas à Roxanne, les autres, dirigez-les aux salles d’examen A, B et C. Nous ferons une rotation aux 10 minutes ! On y va ?

Il fallait que ça roule, il fallait que l’on s’en sorte !

Et cela fonctionnait plutôt bien, plusieurs cas parvinrent à avoir leurs congés, d’autres allaient l’avoir sous peu et pour certains, ils furent envoyés vers les lits puisque des tests plus approfondis étaient nécessaires.  

Avec tout ça, je n’avais pas le temps de songé à la jeune femme arrivée un peu plus tôt et à ses bébés.  En fait, ils m’étaient sortis de la tête jusqu’à ce qu’Anne me dise de prendre l’appel provenant du bloc opératoire. La Dr. Kerry qui assistait le Dr. Benton avait des nouvelles pour moi.

- Carter. J’écoute, Kerry ! Alors ? …

J’inspirais profondément en passant ma main sur mon visage jusque dans mes cheveux avant de la ramener et de masser mes yeux clos de mon pouce et de mon index. La nouvelle était à moitié bonne, à moitié triste. Je ne savais pas comment la prendre. Anne décoda par ma simple expression que ce qu’avait à me dire Kerry n’allait pas réjouir le futur papa qui attendait dans la salle d’attente.

Je me levais, lentement et confiais à Anne la prise en charge de ma salle, le temps que je m’absente et je me dirigeais d’un pas lourd jusqu’à la petite salle d’attente réservée à la famille pour ces cas comme celui-ci. Le père n’était plus seul, peut-être que le couple étaient des amis à lui, si tel était le cas, c’était un putain de gros hasard que les deux aient été victime du même genre d’agression… ou alors… il y avait quelque chose qu’ils ne nous disaient pas.

Mon expérience de médecin me permettait de me faire ce genre de scénario, hélas.

- Monsieur Fleming ? Je viens d’avoir un appel du bloc.

Je dû m’éclaircir la gorge alors que je regardais l’homme droit dans les yeux

- Vous avez une petite fille vivante et en santé malgré sa naissance plus que hâtive. Elle a été conduite en néonatalité. Je pourrai vous y conduire si vous désirez la voir.

Pour la suite…

Je devais rassembler mon courage à deux mains. Je n’avais jamais eu la facilité des mots pour annoncer un décès. C’était mentionné dans les livres mais la réalité n’avait rien à voir. Vraiment rien à voir.

- Le second bébé n’a pas survécu. Je suis sincèrement désolé. Pour ce qui est de votre épouse…

Nous avions bien des notions de psychologies mais là encore, quand venait le temps de plonger dans le drame humain, toutes les belles phrases dans les bouquins n’avaient plus de sens à mes yeux.

- Votre femme a perdu énormément de sang. Son cœur n’a pas tenu bon pendant la césarienne. Le Dr. Benton à procédé à la réanimation et pour le moment, un respirateur l’aide à rester en vie. Elle se bat de toutes ses forces et nous allons tout faire pour l’aider à y parvenir.

Dans le corridor, la jeune femme accompagnant Finan Quinn avait émis un gémissement à peine étouffé avant de se cacher contre le chanteur et de pleurer.

- Dès qu’elle sortira de la salle d’opération et sera installée dans sa chambre, vous pourrez aller la voir. En attendant, souhaitez vous aller voir votre fille, Monsieur Fleming ?

Nell n'en démordait pas. Malgré que je l’avais presque envoyé paître, elle continuait à dire que si j'avais besoin, elle était là. Et je ne savais que faire de cette obstination de sa part. Je ne voyais pas du tout en quoi cette ex que je n'avais plus vu depuis des lustres et qui semblait largement bien liée à un de mes ennemis pouvait bien m’être utile.

Je ne dis rien en réponse. Et infirmière arriva pour donner des nouvelles de Quinn. Quinn qui avait plutôt bien encaissé la balle... Quand l’infirmière s'en alla, je ne pus m'empêcher d'en vouloir à Quinn et de souhaiter sa mort si jamais Sky venait à mourir.

Mes mots ne plurent pas à Nell qui me montra, maintenant, autre chose que de la pitié. Elle me disait d'utiliser mon énergie à prier plutôt qu'à souhaiter la mort des gens. Le fait était que prier ne servait à rien alors que tuer, même si ça n'allait pas ressusciter Sky, allait me passer largement les nerfs.

Parce que, dans ma tête, tout ça était la faute de Quinn.

Je foudroyai Nell du regard.

-Comme si prier servait à quelque chose. Tu appelles ça faire quelque chose de bien ? Tu confonds le bien avec l'inutilité maintenant?

Mon ton était froid...

Puis, Quinn s’amena.

Je le fixai mon regard exprimant toute la colère que je ressentais pour lui. J’avais envie de le démolir sur place. Une telle envie qu'il était extrêmement difficile pour moi de ne pas y céder. J’utilisai toute mon énergie pour ça alors que, dans ma tête, je me voyais clairement le frapper à mort.

Mes muscles étaient tendus accentuant ma douleur que je ressentais déjà prix que j'étais dans ce tourbillons d’instincts et d'émotions extrêmement fortes.

Et il osa me parler. Et il osa demander pour Sky.

Si j’ouvrais la bouche, j'allais le tuer. Alors je me contentai de le fixer et me taire.

C'est Nell qui lui répondit.

Et le médecin arriva.

Je me levai quand il m’interpella. Il voulait me parler seul alors Nell vira Quinn de mon champ de vision pour le foutre, avec elle, dans le couloir.

Il voulait me parler seul. Je savais que c'était mauvais signe. Et je savais que si les nouvelles étaient vraiment mauvaises, tout allait s'écrouler à commencer par ce qui me restait de self-control.

Je fixai le médecin attendant le verdict.

Et il tomba.

J’avais une fille... Elle allait bien. Je pris, un instant, un air d’incompréhension comme s'il m'avait parlé en chinois avant de capter.

-Une fille?

Heaven.

Je secouai la tête mais n’émis encore aucun sourire parce que si Sky était morte, cette nouvelle risquait de devenir mauvaise. Qu'est-ce ce que je ferais seul avec un bébé ? Le filer à Jordan Keller?

Le médecin n'avait pas fini et je n'eus pas vraiment le temps de gérer toutes les questions liées à cette première information que la seconde arriva.

Le second bébé était mort.

J'hochai de la tête... Bizarrement cette info ne me fit rien... Un avait survécu... Le second pas... Moi je voulais savoir pour Sky..

-D’accord...

Moi, je voulais savoir pour Sky. Les deux premières infos n’avaient aucune importance sans Sky...

Et il le la donna…

Les nouvelles n'étaient pas bonnes...

Mes muscles se contractèrent à nouveau... Sky était sous respirateur... Entre la vie et la mort.

J'entendais Nell pleurer dans le couloir mais je lui faisais à celui-ci.

Je tremblai de rage.

Je fixai le médecin sans rien dire. J'avais envie de tout démolir autour de moi. Il y avait un trop de tout.

Et j'envoyais mon poing dans le mur... Un coup assez fort que pour légèrement déformer le mur bien que ça m'avait certainement fait plus mal qu'au mur.

Je fixai le médecin avant d’avancer vers lui et de le prendre par le col.

-Faite tout. Absolument tout. Mais je la veux en vie. C’est compris ?!

Ça sonnait comment un ordre alors que mon ton s'était élevé et que continuais à tenir fermement le col du médecin.

Ward me regardait comme s’il allait me dévorer tout cru mais il ne répondit pas à ma question. Alors, c’est vers Nell que je me tournais espérant qu’elle avait réussi à avoir des informations. Je savais que Nell n’était pas une fille facilement impressionnable et je pensais qu’elle était bien capable d’avoir tenté de parler à Ward.

Et elle l’avait fait. Parce qu’elle avait des nouvelles… Des nouvelles qui ne donnaient pas vraiment un état de santé de Sky et de ses bébés mais plutôt de l’état d’avancement des tentatives des médecins pour sauver trois vies. J’hochai de la tête avant de soupirer.

-J’espère qu’ils s’en sortiront tous les trois…

Parce qu’ils ne méritaient pas de mourir. Sky ne méritait pas de mourir parce qu’elle était tombée amoureuse du mauvais gars et parce que j’avais été assez stupide que pour jouer les héros en tentant de ma mettre en garde. Mes conneries et celle de Fleming allaient peut-être rafler trois vies, aujourd’hui, et je m’en voulais plus que je ne le voudrais.

Le médecin de tout à l’heure arriva alors. Il interpella Fleming… Je me mordis la lèvre alors que le médecin voulait uniquement parler à Fleming. Je ne me fis pas prier et me laissai entrainer par Nell dans le corridor.

On s’était, donc, éloigner mais pas assez loin que pour ne pas entendre. Je lançai à Nell, la gorge nouée alors que j’espérais que le médecin n’allait pas donner de mauvaises nouvelles :

-Il faut attendre les flics… Quand ça sera fait, on rentrera…

Parce que si je restais dans le champ de vision de Fleming, il allait me tuer ici. Je le sentais. Ça se voyait dans son regard.

Après ça, je ne pus m’empêcher de tendre l’oreille… Et d’entendre les nouvelles. Mon cœur battait vite… Et j’eus comme un léger sourire de soulagement que le médecin annonça que la petite fille de Sky avait survécu...

Mais cette joie ne fut que temporaire et mon léger sourire disparu complètement quand j’appris que le second n’avait pas eu cette chance.

Mais le coup de grâce fut l’état de Sky… Elle était sous respirateurs… JE fermai les yeux d’un coup soupirant de dépit alors que Nell, elle, craqua carrément. Je rouvris les yeux alors qu’elle se mit à pleurer contre mon torse. Je passai la main de mon bras valide dans ses cheveux tentant de la consoler alors que j’étais, moi-même, abattu par la nouvelle.

Fleming, lui, finit par perdre le contrôle. Il frappa d’abord le mur… Avant que je ne l’entrevoie prendre le médecin par le col.

-Merde…

C’est ce que je soufflai mais, si j’intervenais, c’était clair que ça allait dégénérer…

Je ne savais pas quoi faire…

Mais, heureusement, c’est à cet instant que l’Inspecteur Keller et Greenly arrivèrent dans le corridor.

Je me décalai de Nell et croisai le regard des flics avant de leur faire signe de faire vite montrant du doigt l’endroit où se trouvait Ward et le médecin.

Je n’osais pas parler de peur que Fleming m’entende et ne change de cible pour venir achever ce qu’il avait tenté de faire tout à l’heure.

Nous étions en patrouille, dans le lower Eastside quand la radio grésilla.

-L.A.NORTH541 pour Dispatch… On nous signale deux blessures par balle au Good Samaritan… Vous pouvez aller voir ce qu’il en est ?

Conrad décrocha la radio et répondit après qu’on ait échangé un regard.

-Bien reçu, on fait route.

Je pris donc la direction du Good Samaritan… Les blessures par balle, c’était jamais folichon comme histoires… Soit c’était des histoires de gang, soit c’étaient des parents indignes qui avaient laissé leur coffre ouvert et l’arme à la merci de leur petit bout de 4 ans.

-Un paquet de clope que c’est une histoire de gang.

Conrad ricana.

-Ok, moi je mise sur un intra familial.

Ouais, parce qu’il y avait ça aussi… Les couples qui ne se supportaient plus et ne trouvaient rien de mieux à faire que de se tirer dessus.

Je me parquai tranquillement dans le parking de l’hôpital et on descendit de voiture pour entrer dans les urgences… Un infirmière nous indiqua un couloir dans lequel on trouva Quinn, le bras en écharpe, une fille en pleurs contre lui… Je ne reconnus pas tout de suite Nell et m’adressai donc à Quinn…

-Qu’est-ce que tu fais là, Quinn ? Qu’est-ce que tu t’es fait au bras ?

Mais j’entendis alors des cris dans la salle d’attente juste à côté et Quinn me la désigna discrètement. A l’intérieur, un médecin se faisait malmené par nul autre que Ward Fleming.

Tiens, le géniteur de mon pupille était toujours bel et bien en vie… Un peu trop en vie même… On se précipita à deux, Conrad sur le médecin et moi sur Fleming pour les séparer… Fleming n’avait pas l’air blessé, lui, contrairement à Quinn…

Mais ça puait l’affaire de gang à plein nez…

D’abord, il fallait qu’on désamorce la situation ici.

-Docteur, vous feriez mieux de partir, on s’en occupe.

Je tenais fermement Fleming en clé de bras.

-Voilà… là… Qu’est-ce qui ne va pas, Ward ?

Je savais qu’il détestait qu’on l’appelle Fleming et je voulais le calmer, pas l’énerver plus qu’il ne l’était déjà…

-Tu n’as pas l’air blessé… Qu’est-ce que tu fais ici ? Ça a rapport avec Quinn que j’ai vu dehors ?

Quand le médecin arriva et demanda à parler à Ward seul à seul, j’entrainais Finan avec moi à l’extérieur de la petite salle d’attente et attendis que le couperet tombe. Loin de moi l’idée d’écouter aux portes mais il nous était impossible d’ignorer la discussion et en toute honnêteté, bien que je ne connaisse pas Sky, j’avais besoin d’avoir de ses nouvelles. Elle avait été une victime innocente de la folie des hommes, folie à laquelle participe consciemment mon ami Finan.

Tout d’abord, le médecin annonça que Ward été papa d’une petite fille malgré tout en bonne santé et qu’il pourrait aller la voir, après leur conversation. Je fermais les yeux, et attendis la suite des choses. J’espérais de tout mon cœur qu’elle soit tout aussi réjouissante.

Ce ne fut pas le cas. Le second bébé n’avait pas survécu et je sentis des larmes mouillés mes yeux. Un pauvre petit garçon qui n’avait rien demandé venait de mourir avant même de naître ! Comment pouvions nous rester insensible à cela ?  J’en avais la nausée et malheureusement, ce n’était pas tout.

Sky, la petite amie de Ward Fleming, était maintenue artificiellement en vie, se battant de toute ses forces pour gagner ce combat.

Je pleurais, d’impuissance, de colère et de tristesse.

Je ne connaissais pas Sky mais je me disais qu’elle devait être forcément très forte car pour s’enrôler dans une histoire avec Ward Fleming, il fallait l’être. Je ne croyais pas cela parce que j’étais moi-même sortie avec Ward, que du contraire. J’avais cru stupidement que je pouvais le changer et j’avais fini par fuir.

Pour demeurer aux côtés de Fleming, il fallait être faite forte. Il ne fallait pas craindre d’être prise pour cible et finir avec une balle dans la tête. Sky devait être forte pour accepter cette éventualité, pour accepter moralement les activités de son homme, pour ne pas mourir de peur ne sachant pas ce qu’il pourrait advenir, quant à tout moment l’histoire pourrait tragiquement prendre fin.

J’avais eu trop peur de perdre Finan de cette manière. J’avais eu trop peur d’avoir mal et j’avais préféré ne pas m’engager dans cette histoire même si j’avais crevé d’amour pour lui, même si encore aujourd’hui, je ressentais plus que de l’amitié pour lui.

J’avais préféré avoir mal tout de suite aussi lâchement cela puisse-t-il paraître.

Ward s’en prit au médecin, l’empoigna par le col et lui ordonna de tout faire, absolument tout, pour sauver la femme qu’il aimait. J’aurais voulu m’interposer mais je restais figée là. Je restais muette et immobile, pétrifié par la colère et la douleur de Ward.

Jamais je n’aurais cru cet homme capable d’aimer aussi fort.

C’est l’inspecteur de police Keller, accompagné de son binôme, qui me sortit de mes songes alors qu’il prit les choses en mains immédiatement, c’est le moins que l’on puisse dire. J’aurais aimé profiter de cette diversion pour rentrer mais il fallait encore donner notre version. Je commençais un peu à stresser vis-à-vis de cette déposition. Imaginer une version crédible était une chose, la donner officiellement à la police en était une autre.

- J’ai peur de ne pas savoir mentir à la police, Finan!

Je le regardais, complètement chamboulée et terriblement désolée.

Il n’y avait rien dans mes livres de médecine qui pouvait concrètement m’aider à annoncer l’innommable à un Homme. Il n’y avait aucune bonne façon mais il y avait plusieurs mauvaises manières de le faire. Je devais me montrer compréhensif et anticiper toutes les réactions possibles de la part de l’homme épleuré.

Je décidais de lui annoncer la naissance de sa fille en tout premier lieu. Cela lui ferait, me semblait-il, quelque chose pour se rapprocher, un mince espoir, un petit rayon de bonheur.

La petite se portait bien malgré sa triste entrée dans la vie. Il n’y avait pas de raison de croire que son état de détériore et qu’elle ne survive pas malgré sa grande prématurité. Il en était tout autrement de son frère qui était mort avant même que n’ai lieu la césarienne.

Je le laissais encaisser les deux nouvelles, se faire à l’idée qu’il était maintenant papa dune petite fille, unique et que son fils, à notre plus grand regret, mais nous ne pouvions rien faire pour lui. Il est probablement décédé sur le coup de l’impact. C’était un miracle selon Benton que la fillette s’en soit tiré à si bon compte !

C’est ce que j’annonçais tout d’abord au père, avant de lui parler de sa femme. C’était elle qui inquiétait vraiment, maintenant, l’équipe soignant affairée autour d’elle.

Les nouvelles n’étaient pas bonnes mais il fallait garder espoir. Je me l ançais donc et révélais la vérité à l’homme qui encaissa très mal d’entendre mes paroles. Il tremblait de rage puis envoya un bon coup de poing dans le mur avant de m’empoigner par le col et de me cracher au visage que nous devions tout faire pour garder sa femme en vie. Je restais très calme en surface mais en dedans, j’avais peur, je l’admets.

- Monsieur Fleming, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, toujours pour les gens que nous soignons. Votre femme ne fera pas exception.

Je fermais à moitié les yeux, redoutant de recevoir un coup de poing mais il ne vînt pas. En fait, l’arrivé de deux policiers calma le jeu du moins en ce qui me concerne. L’un d’eux attrapa Ward et l’immobilisa alors que l’autre resta près de moi.

Je le remerciais et replaçais ma veste médicale puis j’informais les deux hommes que je serais à leur entière disposition au besoin. Je devais continuer de voir et soigner les gens. Je regardais encore vers l’homme en crise puis je passais par le corridor, devant Quinn et sa copine et je retournais aux urgences.

J’avais une fille… Mais les nouvelles sur Sky étaient mauvaises. Elle était sous respirateur. Je savais que ce n’était en rien bon signe. Je savais que ça voulait dire qu’elle ne se réveillera peut-être jamais.

Et je finirais dans la pire des situations : seul avec une gamine sur les bras.

Et l’idée même de perdre Sky m’était insupportable. Il n’y avait qu’elle qui comptait. Rien d’autre. Personne d’autre. Juste elle. Et Heaven aussi… Peut-être. Parce que si Sky venait à se réveiller, il fallait qu’elle puisse savoir qu’Heaven est en vie. Sky tenait beaucoup aux bébés. Et je savais que, même si elle survivait, apprendre que les bébés n’ont pas survécu la tuera définitivement.

Et je ne voulais pas ça. Parce qu’il me fallait Sky.

L’idée de la perdre me tuait. J’avais mal. Le genre de mal que je n’avais ressentis qu’une seule fois : quand Sean est tombé de la falaise. Et les images de Sky en sang se mêlaient à ceux de Sean en sang et inerte sur les rochers, en bas.

C’était trop.

Et j’empoignai le médecin par le col le sommant de sauver Sky. Il resta calme. Je ne voyais pas de peur dans ses yeux ce qui ne fit qu’accentuer la tempête qu’il y avait en moi. Il clama qu’il ferait tout… J’allais en rajouter…

Mais les flics entrèrent en scène et l’un d’entre eux me pris par le bras pour le tordre. Je gémis d’un gémissement étouffé reconnaissant la voix de Keller dire au médecin qu’il s’en occupait.

De quoi ?

Il n’y avait plus rien n’à s’occuper. Camilo est mort. Je m’en suis occupé. Je suis bien plus efficace que tous les flics de cette putain de ville !

Il me demanda ce qu’il n’allait pas. Je ne répondis pas me débattant légèrement mais sa clé de bras m’empêchait de vraiment bouger sans me faire bien mal.

Je détestais ça !

Il constata que je n’étais pas blessé et il parla de Quinn. Je crachai entre mes dents mon ton ayant perdu de son calme habituel :

-Non, ça n’a aucun rapport avec cet enfoiré d’Irlandais ! Du moins, j'espère pour lui !

Si. Ça avait tout avoir avec cet enfoiré de Quinn. Mais je n’étais pas stupide. Je savais que si je pointais Quinn, j’allais tomber aussi. Et quand bien même, si quelqu’un devait s’occuper du cas de Quinn. C’était moi.

Si Sky ne s’en sortait pas, Quinn ne s’en sortira pas non plus.

Toujours sur le même ton empli de colère, j’enchainai :

-Je suis ici parce que ma petite-amie s’est pris une balle. Qu’elle est sous respirateur et que l’un de mes jumeaux est mort. Tu veux plus de foutus détails ou ça te suffit, Keller ? Maintenant, lâche-moi sinon je porte plainte pour violence policière.

Keller connaissait Sky mais j’étais trop loin dans ma colère que pour m’en préoccuper. De toute façon, qu’il sache ou non que Sky était avec moi j’avais plus aucune importance si Sky ne survivait pas.

Plus rien n’avait d’importance.

-Tu comptes me poser des questions ou je peux aller voir ma fille ? Parce que si tu veux savoir ce qu’il s’est passé, c’est simple : je rentrais chez nous, une fois dans l’escalier j’ai entendu un coup de feu, je suis monté, j’ai retrouvé Sky au sol. Le type s’est barré par l’escalier de secours. Je l’ai vu s’enfuir. Mais j’ai pas pu identifier qui était cet enfoiré sinon il serait déjà mort !

Je crachai ça entre mes dents d’un ton très froid et empli de colère alors que je foudroyai Keller et Greenly du regard.

La situation était dramatique… Jamais je n’aurais cru, ce matin en me levant, que je serais ici ce soir, Nell pleurant contre moi alors qu’on annonçait qu’une fille que j’avais considéré, autrefois, comme ma petite sœur était entre la vie et la mort… Jamais… Et j’aurais voulu que ça ne soit pas le cas.

Parce que Sky ne méritait pas ça… C’était une fille à la tête remplie de rêve. Je ne savais pas très bien ce qui l’avait conduit dans les bras de Fleming. Je savais que Ward était un grand manipulateur… Mais jamais je n’avais vu une fille rester au point de lui faire des enfants et de vouloir, malgré tout ce qu’elle semblait savoir sur lui. Parce qu’elle savait des choses sur lui sinon, elle ne serait pas venue tenter de le dissuader de m’assassiner tout à l’heure. Donc, Sky aimait Fleming. Elle l’aimait comme il était. Elle avait dû voir quelque chose en lui que personne ne pouvait voir.

Et elle l’avait payé. Elle qui était une fille tellement gentille, elle l’avait payé tout ça parce que j’avais ouvert ma gueule, que Ward était Ward et que Camilo était inexpérimenté. Un sale foutu concourt de circonstances.

La vie était injuste. Elle l’a toujours été et, ce soir, elle l’avait particulièrement été.

Et ça me faisait mal.

Et ça faisait mal à Fleming. Ça s’entendait dans sa voix. Et ça me déstabilisait. Je n’aurais jamais cru que Ward pouvait avoir la moindre considération pour une vie humaine. Pourtant, il en avait pour Sky. Ça se voyait… Il l’aimait. C’était clair et net. Est-ce que ça signifiait que Sky l’avait changé ? Non. C’était toujours un tueur. C’était toujours un manipulateur. On ne peut pas changer un psychopathe. Mais elle avait réussi à le faire aimer quelque chose. Et ce quelque chose, c’était elle.

Mais les nouvelles firent éclater la colère de Fleming qui s’en prit au médecin qui, pourtant, n’avait fait que son travail. Heureusement (pour le médecin, pas pour moi), Keller et Greenly arrivèrent.

Keller s’exclama en me voyant. Et je voulais répondre avec désinvolture mais le cœur n’y était pas :

-Je fais ce qu’on fait dans un hôpital… Et mon bras a pris une balle.

Ouais… D’habitude, j’étais un peu plus enjoué quand je parlais aux flics mais, là, j’avais la gorge un peu nouée.

Et les flics intervinrent… Pendant qu’ils le firent, Nell me fixa avec un air de panique disant qu’elle avait peur de ne pas savoir mentir aux flics. Elle avait parlé assez bas pour que ça n’arrivent pas aux oreilles de Keller et Greenly. Je passai ma main valide sur sa joue et tentait de prendre un air rassurant.

-Tout ira bien… Tu devras simplement dire exactement ce que tu as dit tantôt aux médecins…

J’avoue… Je devrais dire la vérité. Je devrais dire ce qu’il s’est passé. Ça conduira Ward à la case prison. C’était sûr et certain. Le corps de Camilo était toujours à l’entrepôt. Mon témoignage pourrait facilement faire tomber définitivement Fleming.

Mais…

Mais ça me fera tomber aussi. Et, je n’avais pas envie de tomber. C’était de l’égoïsme… Même si… Je sauvais aussi les Los Diablos en faisant ça. Donc, ma famille. Parce que je savais que Fleming, une fois en prison et avec la rage qu’il avait, fera tomber absolument tout le monde.

Bref, j’étais dans un énorme dilemme morale et ma conclusion était qu’il valait mieux ne pas mêler les flics à quelque chose qui était déjà bien assez complexe comme ça. Quelque chose qui allait avoir un tas de conséquences. Quelque chose, qui si Sky ne s’en sort pas, conduira très certainement à ma mort prochaine.

Mais une chose à la fois.

Je fixai Nell.

-Tout ira bien, Nell…

Je crois que j’essayais autant de la convaincre elle, que de la convaincre moi.

Et de la petite salle d’attente, j’entendis Ward crier que tout ça n’avait rien n’à voir avec moi… Il balança alors une histoire qui… Tenait la route tant que les flics n’allaient pas fouiller sa baraque… Je l’avais déjà vu trouver meilleure histoire.

Je fixai toujours Nell et lui soufflai tout bas tout en caressant toujours sa joue :

-Reste sur ta version… Sinon, ils feront les liens. Les flics ne sont pas stupides. Surtout ces deux-là… Rien que d’avoir un Los Diablos et un ex-Los Diablos ici pour des blessures par balle doit déjà leur faire penser qu’il y a anguille sous roche…

Reste à espérer qu’ils pensent réellement que ce n’était qu’une malheureuse coïncidence.

On pouvait toujours rêver…