Mes craintes quant à ma démonstration de haine vis à vis des psys a se sont bien vite dissipées, avec un bel éclat de rire de Daniele. C'était déjà cool parce que j'aime faire rire les gens autour de moi, mais par rapport au scénario catastrophe que je me faisais, le voir rire était vraiment libérateur. Il avait cherché mon regard lorsque j'avais baissé les yeux, inclinant un peu sa tête du côté pour me rassurer, avant de me dire que j'avais raison. J'hochai alors simplement la tête.

Enfin, si y'avait que les psys encore, y a tellement de gens qui bossent que pour l'argent et se foutent du reste.

Je citais pas de corps de métiers ou autre, je voulais pas critiquer ouvertement, donner l'impression que je me sentais au dessus de tout ça, mais je comprenais pas certaines personnes. Rien que certains roadies qui se contrefichaient de la musique, des sportifs venus à en détester le sport, des acteurs tournant dans des films dont ils n'étaient après coup pas fiers, mais continuaient pour soutenir leur train de vie. Je sais pas, à quoi ca mène de faire un boulot qu'on aime pas en essayant de compenser par un gros salaire, de pas pouvoir se regarder dans le miroir en se disant qu'on fait un travail dont on est fier ? Après, je suis peut être de mon côté trop consciencieuse, mais ça reste un grand mystère pour moi.

Enfin. Daniele semblait avoir compris mon compliment et l'avoir apprécié. Comme prenant ce rôle très au sérieux, il continuait de chercher à me rassurer avec une bouteille de scotch, il a essayé de comprendre ce qui s'était passé, en lançant des théories, pour le coup fausses mais loin d'être incohérentes, montrant une fois de plus qu'on pouvait aider les gens sans avoir fait psycho. On avait apparemment le même avis sur les gens sérieux puisqu'il hochait la tête, j'avais parfois peur d'être trop pessimiste vis à vis des gens, mais Daniele me semblait l'être encore plus, dans le sens ou il semblait refermé sur lui même et je n'avais bien sur pas résisté à l'idée de lui poser la question. Ca a semblé franchement le surprendre, mais il acceptait quand même de me répondre mais buvais un peu avant, il me répondait alors qu'avoir confiance en lui même lui suffisait. J'hochais un peu la tête avec un petit sourire compréhensif, et même si je fonctionnais pas franchement de la même manière, je concevais parfaitement qu'il voit les choses ainsi, cependant ma question semblait le faire réfléchir, ce qu'il faisait sans me quitter du regard avant de me dire qu'il n'en avais jamais parlé, et que personne ne l'avait jamais interrogé la dessus.

Ooh.. je savais que c'était pas un reproche, loin de là, mais ça m'avait surpris les banalités c'est pas franchement mon fort. Ceci expliquant ma question inattendue, il faisais tourner les glaçons dans son verre, comme continuant à réfléchir à tout ça, m'évitant ainsi de me reperdre dans des justificatios aussi absurdes qu'inutiles, il concluait alors en souriant, qu'il venait peut être de trouver un ami. Il faut un début à tout. Je lui rendais alors son sourire en lui adressant un petit regard complice.

Nos petits jeux nous avaient amené à parler de notre propre vie. C’est souvent ce que l’on attend de tels jeux, qu’ils finissent par nous faire parler sans qu’on passe par des questions comme « comment je vais faire pour aborder ce sujet ? », « est-ce que je peux lui dire ça ou est-ce que je dois le garder pour moi ? ». Les jeux permettaient de passer au-dessus de ça et de mieux se connaitre, de mieux se faire confiance.

Et on en était arrivé à parler des psys. Utiles pour certains, inutiles voir charlatans pour moi et Ivy. Mais Ivy ne s’arrêta pas aux psys, pour elle, il y avait bien d’autres personnes qui ne travaillaient uniquement que pour l’argent en se foutant du reste. C’était vrai et ça dans tous les métiers, dans tous les secteurs. Travailler pour vivre, c’était la devise de ces gens-là. Certains choisissaient un métier uniquement pour gagner un max de thunes et d’autres n’avaient tout simplement pas le choix et devait faire un travail qui ne leur plaisait pas pour pouvoir nourrir leur famille. Moi j’avais la chance d’aimer mon travail et de gagner un max de thunes.

-Oui, mais certains n’ont pas le choix. La vie n’est pas toujours rose. Mais le principal c’est qu’elle le soit pour moi.

Mais Ivy pointa du doigt le fait que je n’avais ni vraiment de famille, ni vraiment d’amis. Cela détonait totalement avec le fait que je voyais ma vie en rose. Je voulais qu’elle soit rose et donc je m’efforçais de croire qu’elle l’était. Mais au fond, je n’avais pas à me plaindre et c’est ce que j’exposai à Ivy. J’avais pas besoins d’amis qui ne penseraient qu’à me voler mon fric. Mais je devais lui avouer que c’était la première fois que l’on se préoccupait de mes relations. Son « ooh » de surprise me fis sourire. Elle ne savait pas vraiment quoi dire alors que je lui avouai que j’avais peut-être trouvé un ami. Plutôt une amie en la personne d’Ivy. Je plongeai mon regard dans celui de ma collègue.

-Enfin plutôt une amie. Je crois que je peux te faire suffisamment confiance pour t’appeler comme ça.

J’avais fini mon verre. Ce n’était pas le moment de tomber dans le romantisme.

-Mais passons… Je m’égare… Tu sais maintenant le plan, tu sais que je te fais confiance et on semble sur la même longueur d’onde. Alors, on check ?

Je lui tendis la main pour conclure notre marché.

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