Installé dans ce qui était mon tout nouveau et très temporaire bureau au Good Samaritan Hospital je grattais ma calvitie plus qu’avancé avant de soulever mes lunettes et de masser mes yeux et de mon index. Je sortais d’un marathon opératoire de plus d’une douzaine d’heure pour faire un miracle sur un miracle déjà existant. Heureusement pour moi, le Dr. Benton n’était pas un empoté de première catégorie, il était même un excellent chirurgien. Nous ne serions pas trop de deux pour sauver cette jeune femme.

Sky Fleming est une battante de haut niveau. Elle défi la mort tous les jours et s’accroche à je ne sais quel espoir mais elle s’y accroche de toutes ses forces ce qui fait que c’est réellement enrageant, même pour un médecin tel que moi qui en a pourtant vu d’autre, de voir une nouvelle embuche se jouer d’elle, comme pour la narguer.

Si elle s’en sort, elle aura été charcuter et rapiécée de tellement de façon qu’il est légitime de se demander si le jeu en vaut la chandelle.

Quand je suis arrivé au Good Samaritan Hospital, le Dr. Benton m’a fait un topo très clair de la situation.  Nous partagions les mêmes inquiétudes, nous avions les mêmes interrogations. Il avait fallu l’opérer a nouveau alors que son utérus ne reprenait pas sa taille initiale après la césarienne d’urgence et même si elle avait été parfaitement exécuter, l’état de la jeune femme avait fait en sorte qu’une infection s’y était logé et ma première intervention auprès d’elle fut de lui retirer complètement l’utérus. C’est une chance que de ses enfants, l’un d’eux aient survécu car plus jamais elle ne pourra avoir d’enfant.

Toujours sous respirateur, la jeune femme montre des signes encourageant mais l’infection est une épée de Damoclès et même avec toutes nos précautions, nous ne savons jamais si elle risque de sévir à nouveau.

J’ai fait demander son époux pour le rencontrer et discuter avec lui de la suite des choses, non pas que nous ayons beaucoup d’option mais nous ne pourrons pas continuellement réparer ce que nous avons déjà réparer. Vu l’état de ses reins, je crains qu’elle ne termine le reste de ses jours dyalisés. Le coma prolongé risque fort probablement d’amener des problèmes cardiaques qui eux, réduirons l’afflux sanguin au cerveau. Dans quel état elle sera quand elle se réveillera ?

Ward Fleming, le mari de ma patiente exclusive était arrivé et je l’avais fait patienter le temps de prendre connaissance des notes de mes ‘’nouveaux’’ collègues qui gardaient annexés au dossier les différentes réactions, ce qui aide à brosser un portrait du personnage.  Je survolais les notes, mémorisant qu’il venait régulièrement voir sa fille et que cette dernière pourrait bientôt recevoir son congé.

Je me levais et allais ouvrir la porte du bureau et invitais l’homme à entrer, le laissais s’installer selon s’il préférait rester debout ou prendre place sur l’un des chaises faisant face à mon bureau puis je me réinstallais, ouvrit le dossier devant moi, relus quelques notes puis je le regardais.

- Monsieur Fleming, merci d’être venu. Je suis le Dr. Floyd. On m’a spécialement fait venir pour m’occuper de votre femme.

Je le fixais quelques instants avant de poursuivre.

- En milieu d’après-midi hier, nous avons dû à nouveau l’opéré et j’ai le regret de vous dire que malgré notre acharnement à l’éviter,  nous avons dû lui retirer la totalité de l’utérus dans lequel s’était logé l’infection ayant provoqué une forte fièvre.

C’était là le premier point que j’avais à discuter avec lui.

@ Billy Lighter

Depuis la naissance d’Heaven, je n’avais pas souvent quitté l’hôpital. Hormis la nuit pour dormir et aller au QG, je revenais, souvent, le matin pour m’assurer que Quinn ou un autre Los Diablos n’allait pas tenter de venir éliminer tout ce qu’il me restait. Ça ne serait pas une bonne tactique de la part des Los Diablos mais, depuis que Sky s’était fait tirer dessus, j’étais incapable de réfléchir méthodiquement.

Et ça m’énervait. Beaucoup de choses m’énervaient. Et tout ce qui m’apaisait un peu était de regarder Heaven dormir et de préparer, dans ma tête, toutes les manières de tuer Quinn.

Parce que si Sky ne s’en sortait pas. Quinn allait souffrir et puis mourir. Il pourra fuir à l’autre bout de la planète, je le poursuivrais et je le tuerais.

Parce que c’était SA faute. Uniquement la sienne. Et quand j’en aurais terminé avec Quinn, je me charger des Los Diablos, de Reed, de Ricci et, bien sûr, de Samantha qui, elle non plus, n’allait pas pouvoir m’échapper.

Si jamais Sky mourait, eux aussi allait vivre un enfer.

C’est à tout ça que je pensais alors qu’une infirmière m’expliqua que le Docteur Floyd voulait me voir. Le Docteur Floyd était le nouveau chirurgien qui épaulait le Docteur Benton. On m’avait dit que Benton pouvait faire des miracles mais il parait que le Docteur Floyd pouvait faire encore plus de miracle. Je m’en fichais un peu de qui allait faire le miracle tant qu’on le faisait.

Je quittai, donc, Heaven pour rejoindre le bureau de Floyd. Je n’avais pas peur. Bien que, si on m’annonçait le mort de Sky, j’allais certainement exploser.

Je le savais. Je le sentais. Mais j’avais préparé cette éventualité.

Je toquai à la porte du bureau et Floyd me fit entrer. Je m’installai sur une chaise face à son bureau alors que le Docteur s’était, lui aussi, installé. J’essayais, en le regardant, de savoir, à l’avance, ce qu’il allait me dire. Mais je ne pus rien décrypter.

Et je détestais ça !

Il m’expliqua être le Docteur Floyd et avoir été amené ici rien que pour s’occuper de Sky.

-Oui. On me l’a dit.

Je parlais avec ma voix monocorde. J’attendais de savoir ce qu’il avait à me dire.

Et il se lança parlant d’infection… Je plissai des yeux et il finit par dire qu’il avait dû enlever l’utérus de Sky. Je pris le temps de comprendre l’information. Je n’étais pas stupide. Je savais que ça signifiait qu’elle ne pourra plus avoir d’enfant. Pour moi, ça n’était pas grave. On avait une fille. C’était largement suffisant.

Pour Sky… Je savais que l’information allait lui déplaire.

Je n’avais toujours pas changé de ton.

-Elle ne pourra plus avoir d’enfants. C’est ça que vous essayer de me dire. Elle va détester ça. Ne lui dites pas pendant qu’elle est dans le coma. Il parait que les gens dans le coma entendent tout.

Je ne laissais transparaitre aucune émotion. En fait, depuis que Sky s’était fait tiré dessus, j’étais passé par une phase où j’étais dans un telle colère que je contrôlais plus rien. Une colère qui se voyait. Une colère qui avait transpiré dans toutes mes paroles.

Mais depuis quelques jours, ça s’était calmé à mesure où j’avais tué Quinn plusieurs fois dans ma tête et… Tué tout court une nuit, au QG, lorsque j’avais pris un New Soldados en train de sniffer la marchandise.

-On a une fille. C’est déjà un miracle. Le principale, c’est que vous la sauviez. Quels sont, maintenant, ses chances de s’en sortir ? Vous l’avez opérer plusieurs fois. J’imagine que vous n’avez pas fait ça pour rien. Dites-moi que ça s’améliore et que ce foutu coma va bientôt cesser. Vous êtes le foutu médecin « miracle », il parait. Je l’attends votre miracle.

Je dis ça d’un ton un peu plus ferme.

@ Billy Lighter

En tant que médecin, nous sommes amenés à rencontrer toutes sortes de gens. Nous ne jugeons pas qui ils sont, ce qu’ils font, ce qui les ont conduits à consulter. Nous sauvons des vies jour après jour et prions pour que chaque drame traversé soit le dernier. J’ai devant moi un homme qui a dû accueillir la vie ne même temps que le deuil, un homme marié qui ne sait pas s’il sera veuf dans les prochaines semaines ou s’il pourra élever sa fille avec sa femme comme ils avaient dû le planifier quand ils ont appris l’heureux évènement, si heureux était l’évènement pour eux.

J’ai devant moi un homme aux traits tirés, aux yeux cernés, au visage marqué de violence mais aussi, impassible, insondable.

Déstabilisant.

Et puis qu’il semblait tenir le coup, je me lançais et amorçais la conversation en faisant l’éventail des dernières nouvelles. Elles n’étaient pas réjouissantes et toujours aussi incertaines et précaires.

- Chaque médecin à sa théorie sur le sujet. Je suis de ceux qui croient que les patients entendent. Mon équipe est avisée de faire attention à leurs commentaires en la présence de votre femme.

Alors que je n’étais qu’un jeune interne, mon superviseur de stage ne croyait aucunement à cette théorie pourtant, j’ai vu des gens sortir du coma avec des souvenirs précis de visites de proches alors qu’ils étaient inconsistants. Une dame m’avait marqué en particulier. Elle m’avait reconnu en disant avoir senti mon après-rasage, que cette odeur la rassurait alors qu’elle était plongée dans un profond sommeil. Chaque fois que je raconte cette histoire, on me parle d’une coïncidence.

- Trois fois. Nous l’avons opéré trois fois monsieur Fleming.

Et chaque fois, nous avions cru que c’était la bonne. Le fait est que cette putain de balle a fait beaucoup de dommage, plus qu’elle ne semblait en avoir fait lors de son arrivée à l’hôpital. Les craintes du Dr. Benton se sont malheureusement révélées véridiques et maintenant, les dommages font l’effet d’un jeu de domino.

- Le Dr. Benton a procédé à la priorité à son arriver : la césarienne puis stopper l’hémorragie. Il voulait à tout prit éviter un hémopéritoine. Une infection s’est logée dans l’utérus de votre femme suis à la nécrose de certains tissus ce qui nous a conduit à l’ablation complète. J’ai pratiqué moi-même cette intervention, j’ai pris soin de vérifié qu’il n’y a pas de nécrose intestinal ou d’autres tissus, les dernières analyses de ses reins sont assez satisfaisantes mais pas suffisante pour ne plus craindre.

Probablement que l’on le lui avait déjà dit, j’allais alors répéter les paroles de mes confrères et consœurs.

- Les prochaines heures seront déterminantes pour votre épouse, monsieur Fleming. Si la fièvre tombe, cela voudra dire que l’infection s’est complètement résorbée ce qui pourra l’aider à sortir éventuellement du coma, cependant…

Cependant, dans quel état allait-elle s’en sortir ? C’était la question qui tue !

- Un coma prolongé provoque  de l’instabilité cardiaque ce qui diminue l’afflux sanguin au niveau du cerveau. À savoir comment sera Sky, à son réveil, Dieu lui-même n’a pas cette réponse, Monsieur Fleming.

Rare dans ma carrière je m’étais trouvé dedans autant d’incertitude. Je n’avais que très rarement posé cette question, même lorsque j’ai eu à opérer Maritza Reed et veiller à ce qu’elle s’en sorte, je n’avais pas manqué autant d’assurance. Cette fois, j’avais la nette et très désagréable impression de jouer aux dés à chaque fois que j’entrais dans sa chambre.

- A-t-elle de la famille, autre que vous ?

S’il fallait recourir a une transfusion où peut-être même une greffe, il serait bien d’avoir une banque de donneur potentiel sous la main avant de devoir aller à la pêche au travers tout le pays.

- Alors pour répondre franchement à votre question, Monsieur Fleming... J'évaluerais ses chances à une sur dix

@ Billy Lighter

Les premières révélations du médecin allaient déplaire à Sky alors je demandai à ce qu’on ne dise rien devant elle et ça même si elle était dans le coma. La légende disait que les comateux entendaient ce qu’il se passait autour d’eux. Je ne voulais pas que l’information la tue. Le médecin semblait du même avis et avait déjà donné des instructions à ses collègues. J’hochai de la tête, satisfait.

Mais, maintenant que ça était dit, je voulais savoir. Je voulais savoir quels étaient ses chances de s’en sortir. Après tout, je savais qu’elle avait été opérée plusieurs fois. Le Docteur Floyd confirma que Sky avait été opérée trois fois. Je ne laissais rien transparaitre. Il me fallait plus d’informations que ça et le Docteur se lança m’expliquant, en détails, ce que lui et Benton avait fait et les conséquences que ça avaient eu. Il me parla de ses reins dont les dernières analyses semblaient satisfaisantes.

Jusqu’ici, j’avais l’impression qu’il était en train de me dire que les choses s’amélioraient. Même s’il restait, tout de même sur le réserve. J’avais déjà entendu les mêmes choses de la part d’autres médecins mais chaque fois d’une façon différentes. J’avais l’impression qu’il m’envoyait plein de mots du jargon médical pour noyer le poisson et me ménager.

Comme si me ménager allait changer quelque chose. Moi, j’aimais quand on va droit au but. Ça m’évite de devoir trop réfléchir.

Il finit par dire que les prochaines heures seront déterminantes. Tout dépendra de la fièvre. Si elle tombe, ils pourront, peut-être, la sortir du coma.

Je ne dis rien parce qu’il y avait un « mais ». Il me parla alors de flux sanguin en revenant à son jargon médical preuve qu’une mauvaise nouvelle allait suivre. Et elle arriva. S’ils la réveillaient, il ne savaient pas dans quel état elle se trouvera.

-Quoi ? Vous voulez dire qu’elle ne pourra plus parler. Tout ces genre de trucs ?

Je ne voulais pas ça. Je voulais Sky comme elle était avant. Pas quelqu’un qui sera coincé à l’hôpital jusqu’à la fin de sa vie ou dont il faudra que je m’en occupe jusqu’à la fin de sa vie.

Non. Je ne voulais pas ça. Si elle finissait comme ça, je la tuerais moi-même. Elle ne voudrait pas ça.

Mais je ne voulais pas qu’elle meurt non plus. Alors, il fallait qu’elle sorte du coma indemne.

Il demanda alors si Sky avait de la famille. J’hochai négativement de la tête.

-Non. Elle est orpheline. Elle n’a aucune famille connue. Elle n’a que moi. Pourquoi ? Ça change quelque chose ?

Mon ton était de plus en plus froid. Mais quand Floyd finit par dire que les chances de Sky étaient à une sur dix après tout son baratin, ce fut trop.

Je le foudroyai d’un regard froid. Et le silence s’installa pendant de longues secondes avant que je n’ouvre la bouche.

-Donc… Vous me dites que certaines choses s’améliore. Qu’on va, peut-être, pouvoir la sortir du coma et puis vous me balancer que ses chances sont à une sur dix.

Qu’est-ce qui m’empêchait de le tuer, là tout de suite ? Parce que c’est ce que tout mon corps demandait de faire et ça dû se voir, l’espace d’un instant, dans mon regard.

-J’ai dit de faire tout pour la sortir de là. Donc faites-le. Et prier, pour vous qu’elle sorte du coma sans séquelle. Compris ? Si elle meurt…

Je n’achevai pas ma phrase mon regard toujours planté dans celui du Docteur Floyd.

-Je vais faire quoi, hein ?

En fait, ce n’est pas tant ça que j’aurais voulu dire. Mais ce que j’aurais voulu dire ne devait pas arriver aux oreilles de Floyd. Parce que si Sky mourait, j’avais déjà un plan tout préparer. Pas vraiment le genre de plan qu’on dit à un médecin. Ni à quiconque, d’ailleurs.

Même là, je me retenais de dire ce que je pense, autrement qu’en parlant, au Docteur Floyd. Et me retenir me faisait me contracter tellement que j’en avais mal.

@ Billy Lighter

Le cas de Sky Fleming était lourd et épuisant. C’était ce genre de cas classique qu’on ne voulait jamais vraiment avoir en charge mais qui, d’un autre côté, offrait un véritable défi pour un médecin tel que moi. C’était un peu comme jouer au domino avec la vie des gens et qui me faisait me sentir comme un Dieu de la médecine.

Chaque fois que nous venions à réparer quelque chose, un autre problème surgissait et nous faisait reculer et perdre un peu plus espoir qu’elle ne finisse par s’en sortir. Nos craintes amplifiaient plus rapidement que les réjouissances, toujours trop courtes.

J’expliquais au conjoint de ma patiente, les enjeux, les possibles conséquences aussi. Il était trop tôt pour renoncer définitivement, nous ne pouvions pas la laisser tomber, elle qui se battait si ardemment pour sa survie ! Plus les heures passaient, cependant, plus il était permis de se questionner sur l’état dans lequel elle serait à son réveil, si réveil il y avait.

- Nous ne savons pas exactement quels pourraient être les conséquences sur votre épouse mais, oui, hélas, ce genre de trucs son envisageable. Pertes de mémoires a court et long termes, problèmes de coordination, perte de tonus musculaire sont sur la liste des possibilités.

Je jouais avec mon stylo plume puis je regardais l’homme qui, pour la première fois, laissa transparaitre dans son propre regard, une forme d’inquiétude, comme s’il analysait tout ce que je venais de lui dire et les lourdes conséquences que cela pourrait avoir.

Ensuite, je lui demandais si la jeune femme avait de la famille car si un nouveau problème venait qu’à se déclarer au niveau de ses reins, il faudrait envisager la greffe mais malheureusement pour nous, mais surtout pour elle, elle n’avait pas de famille. Je me frottais les yeux de mon pouce et de mon index après avoir déposer mon style sur mon bureau puis je pris notre mentalement de la mettre en priorité sur la liste des demandeurs. Je préférais avoir un coup d’avance que dis de retard.

- Ses reins ne tiendront plus s’ils devaient encore ralentir. Il faudra la mettre sous dyalisé et envisager la greffe ce qui est toujours préférable de faire avec un donneur dans la famille. Nous ne sommes pas encore là, Monsieur Fleming mais je préfère anticiper que de me faire tirer le tapis de sous les pieds.

Fleming voulait que je lui dise que sa femme allait sortir de son coma et que les choses allaient rentrer dans l’ordre. Je ne pouvais pas lui faire de faux espoirs, je n’en avais pas envie, ce n’était pas mon style. Je jouais donc franc jeu en lui disant que, malheureusement même Dieu ne pouvait rien affirmer et que, médicalement parlant, les chances de Sky étaient d’un contre dix.

- Si elle se réveillait tout de suite, elle ne passerait pas au travers, ça c’est une certitude. Si elle se réveille dans deux semaines, les dommages seront probablement trop sévères pour qu’elle n’ait aucune séquelle.  Je ne vous ai pas mentis en disant qu’il y avait de l’amélioration, il y en a. L’hémorragie est résorbée, il n’y a plus de trace d’infection, elle répond présentement bien aux antibiotiques.

Et je n’avais pas mentis non plus en disant que les prochaines heures allaient être déterminante parce que la dose de médication pouvait donner un surplus de travail à ses reins, c’était un coup de dés et nous ne pourrions qu’envisager la suite, qu’une fois devant ce nouveau problème.

Il exprima un semblant de menace à peine voilé mais il ne me faisait pas peur. Les gens placés dans des situations comme celle dans laquelle il se trouvait, perdait souvent leur jugement et dosait mal leur propos, je pu m’en rendre compte quand il demanda ce qu’il ferait sans elle.

- Je ne suis pas le premier à vous le dire, Monsieur Fleming, mais nous faisons vraiment tout ce que nous pouvons, possible comme impossible, pour elle.

C’était mon job.

Je fouillais dans les papiers sur mon bureau pour trouver mes papiers de prescriptions et quand je l’eu en main, je griffonnais dessus une ordonnance que je signais avant de la lui tendre.

- Ceci devrait vous aider, c’est un faible dosage mais je vous conseil tout de même de les prendre et de dormir un peu. Vous avez une fille qui a grandement besoin de vous en ce moment, ne l’oubliez pas. Prenez soin d’elle et de vous, nous allons nous occuper de Sky. En attendant, rentrer chez vous et n’hésitez pas à me faire demander si vous avez besoin de quoi que ce soit.

@ Billy Lighter

Le médecin me fit un petit résumé très bref et très vagues de l’état dans lequel Sky pourrait sortir. En gros, elle pourrait avoir tout un tas de séquelles mais, pour l’instant, personne ne savait vraiment lesquels, ni dans quelle mesures ils seraient importants.

C’était ce que je comprenais. Et ça ajoutais encore plus à l’énervement qui, depuis un moment, avait dépassé une telle limite que je n’haussai même plus le ton. Non, l’énervement classique avait fait place à autre chose.

Quelque chose de pire.

Et je me fis la promesse que, si Sky avait trop de séquelles, je m’occuperais moi-même de l’aider à ne plus souffrir du tout. Parce qu’elle ne voudrait pas ça. Et je ne voulais pas ça non plus.

Le médecin me demanda alors si Sky avait de la famille ce qui m’agaça un peu parce que je ne voyais pas bien à quoi servait cette question. Il m’expliqua alors que c’était au cas où ils auraient besoin d’un donneur. Je le fixai droit dans les yeux.

-Alors faites en sorte de chercher un donneur tout de suite. Je sais que pour ce genre de trucs, les riches sont toujours les premiers à être servi. Faites en sortes qu’on passe devant eux.

Je dis ça avec une touche de cynisme dans ma voix. Ouais… Les Jimmy Reed de ce monde étaient toujours les premiers servis sans se gêner de laisser crever les autres.

Je les détestaient encore plus.

Mais ce que m’annonça, ensuite, le médecin ne me plaisait guère. Il m’avait dit un tas de trucs qui allaient dans le sens que Sky était sur la bonne voie pour venir tout détruire avec sa statistique de chance. C’est pour ça que je lui servis mon pire regard noir. Parce qu’il le méritait !

Et il s’expliqua… Il y avait des améliorations mais si on réveille Sky tout de suite, ça risquait de mal tourner. Bref, il y avait des amélioration mais ils ne savaient pas si ça serait suffisant.

-Vous auriez dû commencer par me dire que les chances son presque nulle, ça aurait éviter les faux espoirs stupides.

Il y avait du reproche dans ma voix avant que je ne lui serve une menace bien sentie pour, ensuite, me demander, finalement, ce que j’allais faire sans Sky.

Sans elle, j’allais devoir élever Heaven tout seul.

Je ne voulais pas ça !

Je voulais Sky !

Et là, il n’avait, bien sûr, aucune réponse. Il disait juste qu’ils faisaient tous de leur mieux.

-Vous avez intérêt !

Quoi que même s’il faisait de son mieux, je ne payais pas cher de sa peau si Sky ne s’en sortait pas.

Parce que si elle ne s’en sortait pas… J’allais tous les tuer.

Il le fallait.

Pour Sky.

Il sortit alors une papier et griffonna dessus. Je fronçai les sourcils avant qu’il me le tende me disant de prendre ça. Il me conseillait de dormir… Comme si dormir allait réveiller Sky.

Puis, il parla d’Heaven.

-C’est quoi ? Des calmants ? Des somnifères ?

Je dis ça sur un ton méprisant.

-Sûr que ça va arranger mon cas !

Je me levai de ma chaise, enfoui l’ordonnance au fond de ma poche avant de jeter un regard au médecin.

-Heaven a besoin de Sky. Alors, oui, vous avez plutôt intérêt à bien vous occuper d’elle. Et si vous devez faire l’impossible pour la sauver alors faites-le. Parce que si j’apprends que vous n’avez pas fait l’impossible…

Je n’achevai pas ma phrase… Mais j’envoyai un dernier regard au médecin qui traduisait parfaitement ma pensée. J’avais dit ça d’un ton calme et froid persuadé qu’il avait très bien compris le message avant de quitter la pièce en claquant la porte.

@ Billy Lighter