Tiff me manquait…

Mais je ne pouvais pas encore revenir.

Ça faisait trois jours que je n’étais pas rentré. J’avais trouvé refuge chez Carlos où je créchais, depuis que je m’étais disputé avec Tiff… Loin de penser à une rupture, il fallait que je remette mes idées en place et je ne comptais pas revenir avant que ça ne soit le cas.

Et ça n’étais pas encore le cas…

J’avais pris une semaine de congé. Pas de Los Diablos mais de studio vu que le crime ne dors, hélas, jamais. J’avais prétexté que je devais me reposer et que, de toute façon, on avait bouclé l’album et que, du coup, un peu de vacances nous fera du bien à tous.

Surtout à moi… Pas sûr qu’il en soit de même pour les autres.

Je passai, donc, mes journées à me reposer et à essayer de savoir ce qu’il serait le mieux pour que Tiff et moi puissions vivre sereinement… Je savais que la réponse était simple : il suffisait que je quitte les Los Diablos. Mais les choses n’étaient, hélas, pas aussi simple qu’il n’y paraissait.

Pas simple du tout.

Surtout qu’il y avait Guillermo. Et peut-être que si j’arrivais à trouver une issue favorable à cette question-là, les choses seront déjà plus simples. Et l’issue favorable pour Tiff c’était de le garder chez nous, de le mettre à l’école, de l’enlever définitivement de la rue.

Avait-elle tort ? Non… Pas du tout. Je savais qu’un garçon de son âge devrait être à l’école, il devrait apprendre à lire, il devrait se construire un avenir loin des gangs. Et même si c’était injuste vis-à-vis des autres Pequeñas Manos est-ce que je pouvais réellement privé Guillermo d’éviter de finir comme un criminel juste par soucis d’équité ? Probablement pas… Parce que c’était tout aussi injuste de penser ça.

Il faudra que j’aille voir Jimmy Reed pour discuter de ça…

Mais en attendant… J’avais une guerre sur le feu… Une guerre qui prenait de plus en plus d’ampleur chaque jour qui passe. Pourtant, ce soir, on n’avait pas trop été emmerdé. Nous en tout cas… Parce que du côté de Jorge et Germano, ça avait été plus tendu. Bref, j’avais pu vendre plus ou moins en paix et, après avoir dealer, on s’est retrouvé au Dizzy Warhol pour décompressé. Une idée de Carlos… Et comme j’avais rien d’autre à faire et qu’il avait pas encore fait de foutu double des clés, je l’avais suivi avec Jorge et Germano…

On s’était installé à une table. On a commencé à boire. On causait de la guerre… Rien que de ça… Jorge expliquait que ce n’était jamais facile de savoir où les New Soldados comptaient attaquer. J’hochai de la tête. C’était bien ça le problème. Ils ne suivaient aucun plan… Faire le plus mal possible, c’était ça le plan. Peu importait quand, peu importait comment et peu importait où.

Et j’aurais dû me rappeler ça ce soir, d’ailleurs… Qu’ils pouvaient attaqué n’importe où, n’importe comment et n’importe quand… Parce qu’alors qu’on disait ça, quatre New Soldados entrèrent dans le Dizzy…

Germano me fixa et me dit à voix basse.

-La branche nazie des New Soldados est dans la place…

Je jetai un bref coup d’œil… Avant d’hocher la tête de m’en remettre à boire ma bière. Les New Soldados étaient un bon mélange de n’importe quoi… Ward recrutait souvent des membres déchus d’autres gangs. Fallait pas oublié que son gang était, à la base, des Los Diablos et des South Panthers qui n’avaient pas été heureux d’apprendre que les Los Diablos avaient mangé les South Panthers… Oui… Ce n’est pas des lumières, en effet. Et Ward, depuis, n’a cessé de recruter ce genre de gens… Ça et quelques jeunes adultes en manque de thunes ou autres psychopathes en manque d’action.

Et ici, on avait quatre bon spécimen déchu de la Confrérie Aryenne. Pourquoi ils ont été déchu ? Aucune idée… Consommation de drogue ? Fort probable.

Carlos me fixa alors et dit à voix basse.

-On fait quoi ?

Oui… Juste… Je suis le troisième homme. C’est moi qui donne les ordres quand Alonso n’est pas là.

Et il n’était pas là…

J’haussai des épaules.

-Rien. On les ignores. On boit et c’est tout. Faites comme s’ils n’étaient jamais entrés.

Ils hochèrent la tête prêt à écouter les ordres. Ils se remirent, d’ailleurs, à parler de la nouvelle conquête de Jorge…

Jusqu’à-ce que Josh s’approche de notre table suivi, de près, par ses potes. Je ne les regardai pas. Je faisais toujours mine de les ignorer.

-Tiens, donc ! Des petits Los Diablos perdus.

Perdus ? C’est eux qui sont perdus. Leur territoire, c’est South L.A.. Mais je ne dis rien. Les ignorer. C’est tout. Et je voyais que ça démangeai Carlos. Mais je lui envoyai un regard et il ne dit rien.

-Alors Carlos… Toujours célibataire ? C’est pas étonnant… Il te manque des dents. Aucune fille voudrait d’un latino édenté comme petit-ami.

Je fixai Carlos… Il ne devait pas réagir à des conneries pareilles. Et je voyais bien qu’il allait exploser mais un regard de ma part suffisait à ce qu’il n’explose pas.

Pour l’instant…

Mais j’étais sûr que si on ne réagissait pas, ils allaient finir par se lasser. La dernière chose que je voulais, c’était une bagarre. A cette heures, les flics trainaient autour du Dizzy dans l’espoir de prendre des gens pour trafic de drogue. Donc, si une bagarre se déclenche, il ne faudra pas deux minutes avant qu’ils ne rappliquent.

Et, ça, Carlos, Jorge et Germano le savaient.

Du coup, voyant que la piste Carlos ne fonctionnait pas, c’est à moi que Josh adressa la parole.

-Et toi, Quinn ? Qu’est-ce que tu fous ici ? T’es pas avec ta petit-amie la fille de politicien ? Elle t’as déjà plaqué ? Ça serait pas étonnant, en fait.

Je ne dis rien… Il pouvait toujours causer, ça ne me faisait rien.

-Oh mais ! Comme tu n’es plus avec elle, je devrais peut-être aller la voir ! Je me ferais bien la petite rouquine. On y va les gars ? Direction Hollywood !

Hollywood… Il savait où j’habitais… Il savait… Et cette simple information suffit à ce que je me lève d’un bond et que j’envoie mon poing dans la gueule de Josh. Ses amis s’écartèrent avant de crier « bagarre ! », comme si ils n’avaient attendu que ça.

Mais moi, j’étais tellement en colère. Une colère que j’avais continue depuis des jours que je ne pouvais plus m’arrêter de frapper Josh qui se protégeant de ses mains en affichant un large sourire malgré les coups que je lui envoyais.

Et j’entendais Carlos dire :

-Finan, arrête putain ! Les flics vont débarquer !

Mais je n’arrivais pas à m’arrêter et j’avais l’impression que Josh n’essayais même pas de se défendre. Juste de se protéger pour ne pas être trop amocher.

Ses amis, eux, faisait mine de supporter Josh alors que les autres client commençaient à soit encourager l’un ou l’autre, soit à quitter les lieux.

Carlos, Germano et Jorge, sachant qu’il serait impossible de me raisonner et sachant qu’ils avaient encore quelques doses de drogue et des flingues sur nous finirent par partir par la sortie arrière. Pour ma part, il me restait uniquement une dose… Et j’avais laissé mon flingue dans ma caisse.

Et moi, je frappais encore… Ne me rendant même pas compte que les flics étaient, désormais, dans la place.

@ Billy Lighter

Nous étions trois patrouilles stationnées discrètement aux alentours du Dizzy Warhol. Trois voitures donc 6 policiers en tout. Il fallait bien ça car la guerre des gangs commençait à prendre de l’ampleur. Les Los Diablos, on les connaissait, en général tous par leur nom… Souvent, ils étaient pris pour vente de drogue et ne prenaient que de petites peines mais on les connaissait tous, tout comme on savait qu’ils avaient une pouponnière qu’on avait encore jamais découverte, quelques part dans l’Eastside, mais les orphelins des Los Diablos étaient trop malins pour nous, fallait croire.

Ceux qu’on connaissait moins, c’était les New Soldados qui avaient à leur tête un certain El Lider. Si les Los Diablos étaient en majorité composés de latinos, les New Soldados étaient un melting pot de toute la racaille qu’on pouvait trouver dans South L.A.

Je fis un signe du menton à Conrad.

-Regarde, voilà Finan, Germano et Jorge…

Les trois Los Diablos entrèrent dans le bar. Je soupirai.

-Je ne comprends pas comment Finan prend encore part à toutes ces conneries. Il peut être célèbre ! Avoir une carrière ! Tu as déjà entendu sa musique ? C’est de la magie, tout simplement !

Conrad hocha la tête.

-Peut-être qu’il est trop bon et qu’Alonso ne veut pas le perdre. Tu sais que c’est pas toujours évident de quitter un gang. Il pourrait se faire tuer pour ça.

Je me renfrognai.

-Delfino y est bien arrivé, lui.

Conrad fit la moue.

-Ouais… C’est vrai… je me demande bien comment.

Soudain, quelqu’un sorti du bar, le gérant du bar en fait, et nous héla en faisant de grands gestes. On sorti tous les six de nos voitures et allâmes le rejoindre.

-Ils se sont mis à se battre ! C’est le foutoir à l’intérieur ! Faites vite !

C’est ce qu’on fit, traversant la foule qui s’était massée en rond autour des deux bagarreurs… Ou plutôt, de Finan qui mettait sa raclée à un membre de la Confrérie aryenne, Josh.

-Finan ! Finan arrête !

Mais il ne s’arrêtait pas. On du se mettre à deux, Conrad et moi, pour lui ramener les mains dans le dos et le menotter. Les autres flics, eux, s’occupaient des aryens…

Je fouillai Finan une fois qu’on l’eu remis debout, il n’avait pas d’arme sur lui, mais je découvris dans sa poche arrière une petite boulette de cocaïne… Je regardai autour, mais les autre Los Diablos avait pris la poudre d’escampette… Restaient les aryens dont s’occupèrent nos collègues.

Autour, la foule faisait beaucoup de bruit et je parlai fort dans l’oreille de Finan en le tirant par les menottes pour qu’il me suive.

-Finan Quinn, je t’arrête pour coups et blessures volontaire et possession de drogue… Tu connais le reste du blabla…

On sortit du bar où il y avait beaucoup moins de bruit et on installa Quinn à l’arrière de notre voiture. Quand je remis le contact, c’était justement son single qui passait. Je mis plus fort.

-Tu entends, Finan ? Tu entends ? C’est là-dessus que tu devrais te concentrer ! Tu as un vrai talent ! Tu crées du rêve ! Même le petit Jesse a réussi à se sortir des Pequeñas Manos ! Pourquoi tu ne fais pas pareil ?

@ Billy Lighter

Mes coups ne cessaient de s’écraser sur Josh… Souvent sur ses bras qu’il utilisait pour se protéger et, parfois, sur sa tête qui, maintenant, était amochée. Mais je n’arrivais pas à arrêter. C’était comme s’il n’y avait plus rien autour de moi. Juste moi et Josh. Et je l’imaginais s’introduire chez moi pour faire du mal à Tiffany.

C’était ma hantise… Mais j’avais réussi à contrôler cette peur jusqu’à-ce que tout ça devienne un peu trop réel avec les paroles de Josh.

Alors, j’avais péter un câble et tout ce que je gardais en mois depuis quelques jours venait de ressortir d’un coup sur Josh.

J’entendais des gens me dire d’arrêter. Des gens dont je connaissais la voix, mais je n’arrivais vraiment pas à arrêter.

Jusqu’à-ce qu’on m’arrête, en fait…

Je sentis qu’on me tirait en arrière. On me ramenait les bras dans le dos d’une façon tellement violente que ça me fit mal à l’épaule.

-Putain !

C’est ce que je dis avant de comprendre que ceux qui faisaient ça étaient les flics, Jordan et Conrad.

Putain ! C’était bien ma veine…

Ils me redressèrent et j’entendis Jordan parler fort à mon oreille ce qui me fit plisser des yeux. Il me lu mes droits… Enfin, il se foula pas trop, hein ! Et si j’avais été bien luné, je me serais marré en remerciant Jordan pour son vice de procédure.

Mais pas là.

Pas là… Parce que je savais où j’allais finir pour des charges pareilles… Et je savais que ça risquait de faire du bruit. Tout ce que j’avais évité depuis quelques mois.

Je me laissai emmener jusqu’à la voiture de flic qui me firent m’asseoir à l’arrière. Inutile de résister… J’avais même pas envoyé une feinte à la con… Je m’étais juste laissé faire comme si j’étais en pilote automatique.

Jusqu’à-ce que toutes les portes se ferment et que la musique démarre…

Ma musique…

Comme si le destin s’acharnait contre moi… Ou qu’il m’envoyait un message, ça dépend comment on le voit…

Et Jordan se permis de faire les sous-titres de se message en m’envoyant la même ritournelle que tous les autres m’avaient servi jusqu’ici…

Et je me laissai doucement tomber vers l’avant posant mon front contre le siège face à moi avant de me redresser d’un coup et de rire... Tout simplement.

Ça dura quelques secondes avant que je m’arrête d’un coup et que je regard Jordan à travers le rétroviseur principal.

-Putain, tu compares ma foutue position avec celle de Jesse ? T’as débarqué dans l’Eastside quand, Keller ? Hier ?

Je crois n’avoir jamais été d’aussi mauvaise humeur face à Keller et Greenly. D’habitude quand je me faisais arrêter, je prenais les choses avec philosophie et humour.

Pas là.

-Jesse est un enfant. Il va là où on l’emmène. Et j’en ai vraiment marre que tout le monde me serve les mêmes foutues questions comme si tout ça était facile ! Tu as été à l’armée, Keller ! Est-ce que tu aurait quitté tes foutus coéquipier en pleine guerre ? Non ! Alors, réponds à la question que tu viens de poser toi-même !

J’étais de mauvaise humeur, j’étais tendu et je me rendais compte petit à petit dans quelle merde je m’étais foutu tout seul.

-Eteint cette putain de musique !

Oui… Parce qu’elle me rappelait Tiff… Tiff que je venais, par la même occasion de foutre dans la merde aussi… Et en m’en rendant compte, je me laissais, à nouveau, retomber le front contre le siège de devant avant de dire :

-Putain de merde… Enfoiré d’aryen… Vous auriez pu, au moins, oublier la dose dans ma poche…

Ouais… Parce que rajouter « possession de drogue » à « coups et blessures volontaires », ça n’allait pas aider.

@ Billy Lighter

Une fois les menottes passées à ses poignets, Finan arrêta de se débattre…. Et il nous suivit sans rien dire jusque dans la voiture. J’avais espéré qu’il en aurait fini avec tout ça quand j’avais vaguement lu quelque part qu’il était fiancé à la fille d’un politicien…

Mais il fallait croire que je m’étais trompé.

On ne change pas un Los Diablos en trois coups de cuillère à pot.

Une fois dans la voiture, une drôle de coïncidence fit que c’était justement la musique de Finan qui passait. Et je m’emballai un peu… Je ne comprenais pas comment il ne prenait pas sa carrière musicale comme un tremplin pour se sortir de toute cette merde.

C’était ce que je lui demandai… Et il se mit à rire… Un bon rire bien gras qui s’arrêta d’un coup.

Apparemment, comparer sa situation à celle de Jesse était un peu réaliste. Je soutins son regard dans le rétroviseur alors que Conrad allumait feux bleus et bitonal et que je démarrais en trombes.

-Bon, d’accord. Et Delfino Alvarez ? Il s’en est sorti lui. Il est roadie chez MTI maintenant.

Puis ce fut à lui de comparer sa situation à la mienne. Il ne voulait pas abandonner ce qu’il considérait comme des frères d’arme. Parce que c’était bel et bien la guerre.

-Ça n’a rien à voir Quinn !

Si, peut-être un peu… Je comprenais le sentiment qui devait l’envahir.

J’éteignis la musique quand il le demanda, parce que ça avait vraiment l’air de lui faire mal.

Finan, lui, râla qu’on aurait pu oublier la dose dans sa poche.

-C’est la guerre, comme tu dis… Et nous, on est pris dans cette guerre. C’est nous qui devons veiller à ce que l’Eastside et South L.A. ne deviennent pas des zones de non droit. Alors tout est bon à prendre… Et c’est pas comme si tu avais en ta possession quelques grammes de cannabis. C’est de la drogue dure que tu vends.

On arriva au commissariat et on escorta Finan jusqu’en cellule… Je me tournai vers Conrad…

-Tu t’occupes de la paperasse ? Je vais lui expliquer ce qu’il va se passer ensuite.

On enferma Finan et je m’assis sur une table face à lui. Je pris le temps, calmement, de m’allumer une clope avant de regarder Finan.

-Tu vas passer la nuit ici… Demain, tu seras envoyé devant le juge. C’est lui qui décidera du montant de ta caution. Si quelqu’un la paye, tu pourras comparaître libre à ton procès. Sinon, tu resteras avec nous jusqu’au dit procès.

Je soufflai la fumée de ma clope.

-Et tu as droit à un coup de fil. Choisis bien.

@ Billy Lighter

Keller avait osé comparé ma situation de Los Diablos à celle du petit Jesse. Or, ça n’avait strictement rien n’à voir. C’était comme comparé une foutue pomme à un ananas ! Mais comme Keller était un foutu borné qui n’aimait pas lâcher l’affaire, il me compara plutôt à Delfino Alvarez… Cette comparaison prouvait qu’il n’avait aucune idée de qui était Delfino Alvarez et aucune idée de qui j’étais. Parce que la différence était grande !

-Delfino n’avait pas réellement d’attache aux Los Diablos. Il n’était pas loyale. Il nous a rejoint parce qu’il avait besoin d’argent étant ado. Et il a chier pour en sortir, crois-moi !

Jusqu’à-ce que Jimmy Reed intervienne en sa faveur. Avant, j’avais simplement cru qu’Alonso avait simplement lâché l’affaire et nous avait ordonné de ne plus harcelé Delfino… Mais j’ai appris récemment que Reed avait de la sympathie pour Delfino et l’avait laisser quitter le gang pour l’utiliser autrement.

-La différence entre Delfino et moi c’est qu’il voulait quitter les Los Diablos… Moi…

Moi, il était clair que non ! Et, d’ailleurs, j’expliquais pourquoi en parlant de la guerre et en comparant ma situation à celle de Jordan lorsqu’il était soldat. Là, c’était un comparaison plus juste ! Mais lui clamait que « non ».

Ah non ?

Je ricanai.

-On dit souvent que je me voile la face… Mais je ne suis pas le seul. Parce que c’est strictement pareil !

Et j’en ai marre que les gens penses que certaines choses sont différentes de ma situation. Parce que, si je ne suis pas si différent de Ward Fleming, d’après certains, alors Jimmy Reed et Daniele Ricci ne sont pas si différent que moi. Et Jordan Keller non plus. Parce que, voyons les choses en face… La guerre, c’est mal ! Aussi mal que le trafic de drogue ! Jordan a dû tué des gens, aussi ! Probablement bien plus que moi ! Quoi que le patriotisme américain n’en dise ! Moi, je n’ai jamais été sensible à ce foutu patriotisme… Très certainement parce que mes parents m’ont élevé autrement vu qu’ils n’étaient pas américain.

Bref, ça m’énervait qu’il n’y ait que moi, dans ce petit monde, qui doive impérativement changer alors que les autres, eux, peuvent continuer à se voiler la face !

Sous ma demande, Jordan finit par couper la musique et ça fit du bien ! Je culpabilisait déjà de m’être fait prendre comme un débutant alors pas besoin d’en rajouter une couche !

Et je finis par dire qu’ils auraient pu oublier la dose dans ma poche… Mais là, c’est Keller qui s’emballa un peu en disant que c’était la guerre et que dès qu’ils arrivaient à nous chopé alors, il n’allaient pas se priver. Je soupirai avant de relever le regard sur le rétroviseur central.

-Si vous voulez que ça ne devienne pas une zone de non droit alors, il faut arrêter les bonnes personnes…

Ward Fleming, par exemple. Ça serait une putain de bonne idée !

Mais je n’en dis pas plus. Je ne dis, d’ailleurs, plus rien du trajet. Je ne faisais que regarder par la fenêtre voyant défiler les immeubles de plus en plus haut à mesure qu’on arrivait sur Downtown.

Je ne dis toujours rien quand on me sortit de la voiture une fois arrivé au commissariat. On pris mes lacets, comme d’habitude… Je connaissais la procédure, de toute façon. Et si j’aurais voulu que ça soit Greenly qui me fasse la causette, c’est Jordan qui voulait cette tâche.

Quelqu’un a dû me maudire, c’est pas possible autrement…

Je fus enfermé dans une cellule et ne tardai pas avant de me laisser tomber assis sur la banquette en soupirant. Je frottai mes mains qui étaient douloureuses tellement j’avais frappé fort sur Josh.

Jordan s’alluma une clope et je ne le regardais pas lui mais le sol quand il m’expliqua la suite. Juge, caution, procès… Je connaissais la chanson… J’avais déjà eu des condamnations mais uniquement de la prison avec sursis et je devais payer des cautions abordables… En général, on se mettait à plusieurs, entre Los Diablos, pour payer les cautions des autres. Et, je devais avouer que je faisais un peu d’excès de confiance en pensant que ça serait comme les autres fois. Voir même mieux parce que, désormais, je partais d’un casier vierge. Sauf que je n’avais encore jamais été pris pour coups et blessures volontaires mais pour coups et blessures volontaires réciproques. Ce qui n’était pas pareil, en réalité…

J’haussai alors des épaules.

-Je connais la chanson, Keller… Je payerais la caution comme d’habitude…

Et il dit que j’avais le droit à un coup de fil… Comme d’habitude, aussi. Et, d’habitude, j’appelais Alonso… Sauf que… Là… Je n’avais vraiment aucune idée de qui appeler…

Je pensai à Tiff en premier mais… Je n’avais pas envie de raviver une dispute… Je n’avais pas, non plus, envie de l’inquiéter. En réalité, j’étais tellement à côté de mes pompes que j’en oubliait que ma notoriété pouvait, cette fois, me jouer un sale mauvais tour.

Donc, pas Tiff…  Samantha ? Si j’appelais Samantha, Tiff allait m’en vouloir de ne pas l’avoir prévenu… Alonso alors ? Non… Sinon, Samantha et Tiff vont là, rééééééellement m’en vouloir d’avoir appelé mon gang avec elles…

Je soupirai. Est-ce que j’avais vraiment besoin d’un coup de fil ?

-Personne. Je m’en fiche de ton coup de fil. Je serais sorti demain… Ni vu, ni connu…

Je soupirai à nouveau regardant Jordan qui fumait. Il fumait tout le temps, le Keller, au point que le commissariat était toujours rempli de fumée. Même si, c’était pas que la faute de Keller si c’était rempli de fumée.

-Tu me file une clope ? Je pense avoir été assez sage.

Je n’avais pas réellement résister à mon arrestation…

-Alors ? Je risque quoi ?

C’est là question que je posais à chaque fois aux flics quand ils me foutaient dans leur petite cellule. D’habitude, je le disais d'une façon plus enjouée prenant, parfois, limite les paris entre les flics pour savoir qui aurait raison sur ma peine.

@ Billy Lighter

D’habitude, quand on arrêtait Finan Quinn, on se retrouvait avec un prisonnier rigolard qui savait qu’il n’avait pas grand-chose à perdre. En général, on le prenait pour possession de drogue, coups et blessures réciproque ou vente de drogue… Toutes des peines relativement petites et une caution raisonnable à payer.

Mais aujourd’hui, Finan ne rigolait pas. Peut-être parce qu’il savait qu’il avait bien plus à perdre maintenant qu’il était dans un groupe de musique et qu’il était fiancé à la fille Austin. Pas dit que son beau-père intercède à sa faveur. Moi, j’avais déjà été surpris qu’il accepte les fiançailles.

J’essayais de raisonner Finan, de lui faire voir que c’était possible de s’en sortir, comme Jesse, comme Delfino… Mais il me fit comprendre une chose alors qu’on était encore en voiture :

Il ne voulait pas s’en sortir, sa loyauté l’en empêchait.

Il comparait ça à mon engagement dans l’armée… mais je trouvais que ce n’était pas pareil. D’ailleurs, je n’avais tué au Vietnam que lorsque je n’en avais pas le choix.

Je fronçai les sourcils et quittai la route des yeux pour regarder dans mon rétro.

-Je me voile peut-être la face… mais est-ce que tu es en train de me dire que tu as tué des gens, Finan ?

Ou est-ce qu’il voulait dire qu’il les tuait indirectement en leur vendant de la drogue ?

Tout ce qu’il ajouta, c’était que si on ne voulait pas que L’Eastside et South L.A. deviennent des zones de non droit, on devait arrêter les bonnes personnes.

Je ricanai…

-Je trouve que c’est déjà pas mal d’avoir eu le bras droit d’Alonso.

On ne parla plus jusqu’à ce que Finan soit en cellule. Alors que Conrad se mettait à la machine à écrire, moi, je m’assis sur la table en face de la cellule de Quinn… Et je lui expliquai ce qui allait se passer à partir de maintenant.

Mais il connaissait la chanson.

Quand je lui dis qu’il avait droit à un coup de fil, il sembla réfléchir longuement, avant de décliner. Je fis la moue.

-Tu es bien sûr de toi ? Personne ne va se demander où tu es passé ? Et ta fiancée ?

Je le regardai dans les yeux.

-Et qui va amener l’argent de la caution si personne ne sait que tu es ici ?

Pour lui, il serait sorti demain, ni vu, ni connu. Je descendis de la table, mon paquet de clopes à la main pour lui tendre le paquet.

-Prends-en même deux, va… Parce que je ne suis pas aussi sûr que toi que tu vas sortir demain. Pas cette fois, Quinn… Tu es multirécidiviste et c’est la guerre dehors.

Il demanda ce qu’il risquait.

-Si on additionne les deux faits, je dirais que tu en a au moins pour 6 mois de prison ferme. Sauf si tu fais un deal avec le juge en lui vendant de plus gros poissons… Comme Alonso et l’une de vos planques de drogue…

Je soufflai la fumée par mes narines.

-Ou l’identité d’El Lider.

@ Billy Lighter

Keller était un flic… Et un flic, ça ne perdait jamais le Nord… Ainsi, quand j’avais fait la comparaison de lui soldat et de, moi, Los Diablos, il finit par se dire qu’il se voyait peut-être la face mais en profita pour essayer de tirer des conclusions sur des possibles sous-entendus dans mes paroles. Alors, j’envoyai un regard noir au rétroviseur central où je pouvais voir que Jordan me fixait.

-Non. Je n’ai pas dit ça, du tout !

Je n’avais pas dit que j’avais tué des gens même si… Oui, j’avais déjà tué des gens… Pas des New Soldados, pas non plus des South Panthers… Non. J’avais tué des Los Diablos. Enfin, il avaient été déchus de leur rang juste avant que je ne les tues mais… Ça n’empêchait que, avant ça, c’était des Los Diablos. Des traites… Heureusement, ça n’était arrivé que deux fois sur 13 putains d’années…

Deux fois de trop… Mais je n’avais pas eu le choix.

Et quand Keller refusa de diminuer une charge en prétendant que c’était la guerre pour eux aussi et que tout était bon à prendre, je déclarai que s’ils voulaient diminuer la criminalité à South L.A. et dans l’Eastside, ils n’avaient qu’à attraper les bonnes personnes… Il rétorqua alors que prendre le seconde d’Alonso, c’était déjà pas mal… Parce que, pour les flics, le chef des Los Diablos, c’était Alonso. Ce qui, du coup, de leur perception revenait à me faire monter d’un cran sur la chaine alimentaire des Los Diablos alors que, en réalité, j’étais un cran plus bas.

Du coup, je ricanai :

-Ouais… Belle prise… Mais m’attraper moi ne changera rien à cette foutue guerre.

Seul deux hommes pouvaient y changer quelque chose et ils n’étaient pas prêt d’être pris… Surtout pas Jimmy Reed, ça c’était certain.

Et c’est tout ce que je dis avant qu’on ne poursuivre notre trajet jusqu’au commissariat… Une fois arrivé, je fus mis en cellule et Keller m’expliqua des choses que je savais déjà pour être déjà venu ici plusieurs fois par le passé.

Il me proposa aussi un coup de fil. Un seul. Je ne savais pas pourquoi la règle ne faisait en sorte qu’on ne puisse en passer qu’un seul… Quoi qu’il en soit et n’arrivant pas à choisir quel interlocuteur choisir, je finis par y renoncer ce qui surpris Keller qui ne tarda pas à me parler de ma fiancée… Je me frottai les yeux avec des doigts avant de soupirer.

-Non, elle dort et je n’ai pas envie de la réveiller avec toutes ces conneries…

Ça ne répondait pas au « personne ne va se demander où tu es passé ? », mais je n’avais pas vraiment envie de déballer ma vie sentimentale devant Jordan Keller.

Quant à l’argent de la caution, je dis simplement :

-Je la paierais moi-même. Et, au pire, je garde mon coup de fil pour demain. La nuit, les gens dorment, Keller, et ils ne pourront de toute façon rien faire avant demain matin !

Oui, voilà, ainsi, j’aurais tout le temps de réfléchir à qui téléphoner… De toute façon, très sincèrement, personne ne s’inquiètera d’où je suis… Tiffany s’inquiète sûrement de ça depuis que je suis parti l’autre jour et Carlos, chez qui je dormais, savait exactement où j’étais. Pas besoin de lui faire un dessin même si c’est pas avec ses neurones qu’il va s’étouffer.

De toute façon, ça sera comme les autres fois… Et les autres fois, j’étais toujours libre dans la journée du lendemain après avoir rassemblé la somme d’argent demandée par le juge. Mais Keller n’en était pas si certain… C’est ce qu’il dit en m’offrant deux cigarette à la place d’une. J’en mis une en bouche et lui fis signe de l’allumer avec son briquet, ce qu’il fit. Je gardai l’autre en main avant de souffler la fumée et de rire un peut à sa qualification de « multirécidiviste ».

-Multirécidiviste ? C’est pas ce que mon casier dit… Mon casier dit que c’est le premier crime de ma vie entière.

Oui. Je fanfaronnais. Oui, je savais que ça n’était pas malin. Mais, bon, c’est pas comme si j’avais beaucoup d’autres raisons de rire aujourd’hui.

Je restait debout ma tête contre les barreau à regarder Keller et je finis par lui demander ce que je risquais.. Je tiquai un peu sur les six mois de prison ferme…

-Quoi ? Six mois ferme ? J’ai déjà fait des trucs semblables et j’ai jamais eu autant ! Putain !

Non… Je n’avais jamais fait de trucs semblables. Pas devant les flics… D’habitude, mon adversaire rendait les coups mais ça n’avait pas été le cas de Josh.

J’allais commencer à me lamenter réellement quand Keller alla plus loin dans sa réflexion. Il disait que je pouvais toujours faire un deal avec les juges et leur donner Alonso, une de nos planques ou…

El Lider…

Ils ne savaient pas encore qui était El Lider… Les flics étaient toujours dix guerres en retard…

Je fixai longuement Jordan.

-Donc, tu me laisse le choix entre six mois de prison ferme, la trahison et mon arrêt de mort. C’est ça ?

Je fixai toujours Keller.

-Je préfère crever que de trahir les Los Diablos. Je ne te donnerais pas mon meilleur ami, ni une de nos planques.

Quant à El Lider… Je savais que Ward Fleming allait au mieux me tuer, au pire tué un de mes proches… Et je n’avais aucune envie que ça arrive.

-Vous ne savez toujours pas qui es El Lider… Vous avez quand même bien une foutue petite idée, non ?

Je le laissais répondre avant de soupirer puis de tirer sur ma cigarette et d’ajouter :

-Je ne peux pas vous donner El Lider même si c’est pas l’envie qui manque. Si je vous le donne, je suis mort et ma famille aussi. Et ne me parle pas de protection policière ou ce genre de connerie, je sais que c’est jamais suffisant. Donc… Je ne passerais pas de deal. Pas avec le juge…

Je fermai fort les yeux… J’étais sur le point d’avancer un pion… Mais… C’était risqué… Seulement, je ne pouvais pas me permettre de choper 6 mois ferme. Je regardais alors autour de nous… Il y avait bien Greenly mais c’était tout. Pas d’autres oreilles qui trainaient.

-Si je te dis à toi et toi seul, qui est El Lider… Tu réduis mes charges ? Parce que si je passe un accord, ça se saura… Or, si je te dis l’information ici et que personne ne sait comment tu le sais ou depuis quand tu le sais, j’ai une chance qu’El Lider n’apprenne pas que la fuite vient de moi…

Je le fixai droit dans les yeux.

-Mon informations et tu rajoutes « réciproque » aux coups et blessures… Parce que c’était réciproque… Il a menacé ma fiancée, cet aryen de merde.

C’était mon deal… Ma stratégie… Et je devais avouer que, pour une des rares fois, je n’étais sûr de rien.

@ Billy Lighter

Finan n’était pas dans sa meilleure humeur… Et il s’était repris sur sa comparaison parce que ça aurait pu vouloir dire qu’il avait tué des gens, ce dont je ne doutais qu’à moitié.

Et je lui dis qu’attraper le second des Los Diablos était déjà pas mal, surtout en temps de guerre. Mais Finan pensait que ça n’allait rien changer.

Une fois arrivé et mis en cellule, je lui proposai son coup de fil. Mais il ne voulait même pas téléphoner à sa fiancée qui allait s’inquiéter. Il préférait attendre le matin pour son coup de fil.

Je tirai sur ma cigarette.

-Ouais, de toute façon, il faudra au moins que tu appelles un avocat, ou au moins quelqu’un pour venir payer pour toi parce que tu n’as pas cet argent sur toi.

Je proposai deux cigarettes au détenu avant de lui signaler qu’il était multirécidiviste, ce qui me fit crâner. Je fronçai les sourcils.

-Le premier crime de ta vie entière ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Quelqu’un a nettoyé ton casier ??

Je me tournai brièvement vers Conrad qui haussa les épaules, aussi perdu que moi. Puis, je regardai Finan.

-Austin… Tu as eu un coup de main d’Austin pour ça. Il n’aurait pas voulu que sa fille épouse un criminel notoire, même si c’est aussi une star de la musique.

Finan était maintenant debout, la tête contre les barreaux et fumait, comme moi. Il me demanda ce qu’il risquait et je le lui dis… Et ça ne lui plut pas… Tu m’étonnes ! Le second du gang qui disparaît pendant 6 mois en pleine guerre, ça ne le faisait pas. Il s’énerva quelque peu, mais je restai calme.

-Non, tu n’as jamais fait des trucs semblables, là tu as démoli cet aryen.

C’était l’occasion pour moi de profiter de sa panique pour lui proposer un deal avec le juge. Qu’il me donne Alonso et une de leur planque, ou encore mieux ! El Lider.

Mais c’était le mettre en danger lui et sa famille… Et j’en avais plus que conscience. Finan me fixait. Il s’exclama en demandant si on avait quand même pas une petite idée de qui était El Lider… Je pris une deuxième cigarette après avoir écrasé celle que j’avais fumée jusqu’au filtre.

-J’ai bien ma théorie… mais ce n’est qu’une théorie.

Ouais, moi je misais sur Edward Fleming.

Finan ne voulait pas passer de deal avec le juge, parce que c’était trop dangereux pour lui et sa famille. Mais il ferma fort les yeux et je pus presque voir la fumée lui sortir des oreilles tellement il réfléchissait fort.

Il finit par reprendre la parole et ce fut alors très intéressant. Il voulait qu’on allège ses charges en échange de l’identité d’El Lider.

-Si tu fais ça, je suis même prêt à oublier la dose que tu avais sur toi. Tu t’en sortiras avec un simple coups et blessures réciproques… Mais promets-moi de te concentrer sur la musique et pas sur le gang.

Je descendis de ma table et m’approchai.

-Alors ? Qui est El Lider ?

@ Billy Lighter

Ouais… Je savais que je devrais, tôt ou tard, finir par téléphoner à quelqu’un. Mais là, je n’avais pas encore assez les idées claires que pour savoir qui et puis, de toute façon, en pleine nuit, les gens ne pourraient pas faire grand-chose pour moi.

Donc, Keller n’avait pas tout à fait tort. J’allais devoir ramener l’argent d’une façon ou d’une autre et ça devra passer par un intermédiaire. Idem pour l’avocat…

J’avais réclamé une cigarette et j’avais eu le droit à deux car Keller pensait bien que j’allais rester ici longtemps. Je n’étais pas du même avis étant donné que, aux yeux de la justice, tout ça était mon tout premier crime. Je fit un peu le malin, sur le coup. Et ça surprit Keller qui compris que quelqu’un avait nettoyé mon casier et je confirmai d’un sourire sans équivoque.

Il se tourna vers son collègue alors que j’appréciais un petit peu la scène, jusqu’à-ce que Keller ne comprenne que celui qui était derrière tout ça ne pouvait être que mon beau-père. Je fixai Keller prenant un attitude un peu nonchalante.

-Non, Keller… C’est le Saint Esprit qui a écouté mes prières et qui a nettoyé mon casier.

Et je fis mine d’être tout à fait sérieux de ce que je disais. Je n’allais pas dire à Keller que Mitchell Austin était derrière tout ça. Même si tout le monde s’en doutait.

Même s’il avait raison… Mitchell Austin détestait que sa fille sorte avec un criminel notoire.

Quant à savoir ce que je risquais, Keller fut clair… Un peu trop clair et je devais avouer ne pas aimer ce que j’entendais. Je clamai que 6 mois de prison ferme c’était bien trop pour un crime pareil. Mais Keller de me dire que je n’avais jamais fait de trucs semblables… Que j’avais démoli l’aryen. Je tapai légèrement ma tête contre les barreaux en grommelant :

-C’est parce qu’il s’est laissé faire ! Et qu’il m’avait mis à bout !

S’il ne s’était pas laissé faire, les choses auraient été largement plus équilibré. Mais il c’était laissé faire et m’est d’avis que c’était pour que je me retrouve dans une situation pareille !

Et je ne pouvais pas aller en prison 6 mois pour un tas de raison ! Déjà parce j’étais musicien et que je vais devoir partir en tournée, deuxièmement parce qu’Alonso ne pourra pas se passer de moi pendant 6 putains de mois et, enfin, parce que la prison, on est jamais sûr d’en sortir vivant, surtout si on fait partie d’un gang. Là-bas, il y a plein de New Soldados, d’ex-South Panthers ou autre Los Diablos déchus… Bref, un tas de gens qui me connaissent personnellement et dont beaucoup aimeraient bien me refaire le portrait.

Donc, la prison, je devais l’éviter… Même pour deux putains de semaines !

Mais Keller disait qu’il me suffirait de passer un accord avec le juge pour voir ma peine allégée… Un accord où je donnerais des informations, soit sur les Los Diablos, soit sur El Lider. Parce qu’ils n’avaient aucun idée de qui était El Lider même si Jordan disait qu’il avait sa théorie. Je soupirai.

-Juste une théorie ? Putain, il faut vraiment que vous enquêtiez mieux !

Mais je ne pouvais pas lui donner El Lider. Pas en passant par le juge sous forme d’un accord. Si je faisais ça, je signais l’arrêt de mort de ma famille et de moi-même. Ward aurait, à ce moment, toutes les raisons de me détruire. Absolument tout. Et, cette fois, ça n’est pas Sky qui arrivera à l’en dissuader.

Mais je ne pouvais pas, non plus, aller pourrir 6 mois en prison.

Alors, je décidai de donner l’information mais à Keller mais rien qu’à lui… Ainsi, ça me laissait une chance que Ward ne sache pas d’où venait la fuite. En échange, je voulais qu’il allège les charges…

Je savais que je jouais un jeu potentiellement dangereux mais ça restait ma meilleur option.

Et il accepta… Il voulait même bien enlever la possession de drogue à mes charges. Autant dire que Keller tenait vraiment à avoir cette information s’il laissait le second d’Alonso s’en tirer à si bon compte. Preuve que les flics se sentaient complètement largué dans cette guerre.

Il s’approcha, me fixa et demanda qui était El Lider… Je ne pu m’empêcher de regarder encore par-dessus son épaule… Et je dis à voix basse :

-Ward… Ward Fleming.

Je fixai alors Keller.

-Il a prit le contrôle des Los Soldados quand il a été mis au chômage technique après le massacre de la Casa Nuova… Il les as renommé pour bien montrer que c’est lui qui commandait et c’est lui qui a créé ce climat de guerre. Il dirige son gang par la peur et l’appât du gain. Et il se fiche complètement qu’il y ait des morts parmi ses rangs tant qu’il y en a deux fois plus dans le nôtre.

Je soupirai avant de me frotter les yeux et d’écraser ma cigarette au sol.

-Voilà… Tu l’as ton information… Maintenant, tu n’as plus qu’à me promettre que si tu le chope, ça sera soit pour le tuer, soit pour l’envoyer en taule jusqu’à la fin de sa foutue vie. Si tu veux un relatif calme dans l’Eastside et South L.A., c’est le seul moyen.

Et maintenant, je me rendis compte que mon mouvement n’était peut-être pas le meilleur. Parce que, c’était bien Keller qui était venu à l’hôpital quand j’avais pris une balle et Sky aussi… Mais je n’avais pas eu le choix… J’avais merdé aujourd’hui et j’en payais les conséquences.

-Alors… Ça rejoint ton pronostique ? Tu vas faire quoi, Keller ?

@ Billy Lighter

Finan fit un peu le malin avec son casier vierge… Et il ne me fallut pas longtemps pour déduire comment ça avait pu arriver… Je ne voyais que son futur beau-père pour avoir fait ça et rendre son gendre plus acceptable pour sa fille.

Mais c’était sans compter sur le fait que Finan ne changerait jamais et qu’il aurait de nouveau une belle tâche sur son casier tout propre.

Je fis la moue.

-Ouais, je serais toi, je ferais pas le malin. Tu viens de le salir à nouveau, ton casier, abruti.

Et il rigola moins quand je lui parlai de la peine qu’il encourait. Il protestait que l’aryen s’était laissé faire, ce qui alourdait sa peine. Il prétextait que l’aryen l’avait mis à bout.

-Tu devrais être habitué aux provocations. Tu as réagis comme le ferait un tout jeune Los Diablos ! Et tu t’es fait prendre comme le bleu en question.

Je lui expliquai ce qu’il encourait et il me dit qu’il ne pouvait pas risquer ça… Alors je lui proposai de faire un deal avec le juge, mais il préférait faire ce deal avec moi pour que j’allège sa peine à la source…

Alors je lui dis ce que je voulais : Alonso et leur planque ou l’identité d’El Lider.

Il savait combien c’était dangereux, l’une comme l’autre solution, mais il semblait vraiment vouloirr se sortir de ce merdier et je lui en donnais l’occasion.

Il nous critiqua quand je dis que j’avais ma propre théorie sur El Lider. Il disait qu’on devait enquêter mieux que ça.

-Les enquêtes, ce n’est pas de notre ressort, Finan et tu le sais très bien. Mais donne-nous une clé pour avancer et demain matin, il y a de bonne chance que tu ressortes libre, même si tu devras passer devant le tribunal dans quelques mois.

Je tenais à avoir l’information sur El Lider… Et pour ça, j’étais prêt à oublier la possession de drogue. Ce n’était pas comme s’il en avait eu des kilos sur lui non plus.

J’écrasai mon mégot et repris une autre cigarette avant d’approcher Finan qui semblait vouloir coopérer. Je me tins à une distance de sécurité des barreaux et il regarda par-dessus mon épaule, comme s’il craignait d’être entendu.

Pui il me murmura le nom.

Ward Ward Fleming…

Je pensai à Grant… Voilà pourquoi il doublait le « Ward »… Parce que ce dernier était tellement craint que tout le monde prononçait son nom comme ça, moi y compris.

Ward Ward Fleming…

Je tirai un grand coup sur ma clope, regardant Finan dans les yeux. Je l’écoutai me balancer tout le parcours du criminel en question.

Maintenant, Finan voulait que je lui fasse une promesse… Celle de tuer Ward ou de l’envoyer en taule à perpète. Que c’était le seul moyen pour que règne un relatif calme dans la ville.

Je soufflai une longue et pensive bouffée de fumée.

-Je te le garantis.

Puis Finan me sortit de mes pensées en demandant si ça correspondait à mon pronostique et ce que j’allais faire maintenant.

-Ouais… Ouais, ça rejoint mon pronostique.

Je souris.

-Je vais commencer par détruire la dose que j’ai trouvée sur toi.

Je m’avançai vers le bureau, pris la dose et la balançai dans les chiottes pour la faire disparaître. Puis, clope au bec, je revins vers Finan.

-Quant à ce que je vais faire de cette information, tu verras bien. Mais sache que je tiendrai ma promesse.

Même si ça devait faire du mal à Sky.

-Maintenant, dors… Je crois que tu as intérêt à reprendre des forces pour faire face à ta fiancée demain… Puisque je suppose que c’est elle qui payera ta caution… Toutefois, si tu choisis de lui téléphoner à elle.

@ Billy Lighter

J’avais fanfaronné sur mon casier mais Jordan me ramena à la réalité en disant que je l’avais sali à nouveau ce qui me fit faire la moue. Je savais qu’il y avait toujours eu un risque de le salir à nouveau mais ce n’était pas moi qui avait demandé à ce qu’on le nettoie. C’est Mitchell Austin qui en avait pris l’initiative.

J’haussai des épaules.

-Il y a des choses qui sont difficiles à tenir propre…

Tant qu’à fanfaronner autant le faire jusqu’au bout…

Seulement, j’arrêtai vite de fanfaronné quand Keller déclara que j’encourais 6 mois de prison ferme… Je me défendis sur les raisons qui m’avaient poussé à massacré cet aryen mais je me sentais insulté quand Keller rétorqua que j’avais réagit comme un jeune Los Diablos.

Il n’avait pas tort. J’avais pété les plombs… Ça ne m’était jamais arrivé auparavant. J’étais loin d’être réputé pour ça… Je fixai Keller.

-On aurait menacé la femme que tu aimes, je crois que tu aurais pété un plomb aussi. Cet aryen m’a bien fait comprendre qu’il savait où j’habitais.

Il avait touché là où ça faisait mal… Et, sans m’en rendre compte, j’avais dépasser les bornes.

Mais tout ça n’allait pas alléger ma peine… Mais Keller avait des techniques pour la réduire. Des techniques que je refusais parce qu’elles étaient trop dangereuses. Ils voulaient El Lider et je savais qui c’était… Mais avant de réfléchir à un meilleur deal, je ne pus m’empêcher de critiquer le travail des flics qui, après tout ce temps, n’avaient pas encore capté que Ward était El Lider. Keller se défendit que les enquêtes n’étaient pas de leur ressort. Je savais que le gros problème des flics c’est qu’ils étaient limités dans leurs actions ce qui nous arrangeait la plupart du temps.  

Du coup, je finis par faire mon propre deal. Un deal dont je n’étais pas encore très certains des conséquences.

Mais je n’avais pas le choix.

Alors, je servis Ward Fleming sur un plateau. A Keller seul. Et il répéta ce que je venais de dire en doublant le Ward comme je l’avais fait. Comme si ce putain de nom était un sortilège de magie noire.

-C’est bien ça… Cet enfoiré de Ward…

Et je me fis assez bavard en expliquant comme Fleming en était arrivé là. Mais ce que je voulais, au final, c’était que Keller le tue ou l’enferme à tout jamais.

Il me le promis.

J’hochai de la tête avant qu’il ne me confirme que c’était bien ça son pronostique.

-Alors c’est que tu ferais peut-être bien de demander un promotion et de devenir enquêteur.

Je dis ça en affichant un sourire en coin avant de demander ce que Keller allait faire, maintenant, et il commença par se débarrasser de ma dose.

Une bonne chose de faite.

Quant au reste, il ne m’en dit pas plus…

-Au finale, je me fiche un peu de comment vous allez faire, tant que vous le faites bien.

Le mieux serait de le descendre, tout simplement… Parce que, le connaissant, je savais qu’il pourrait nous tourmenter même du fin fond d’une petite cellule.

Keller me conseilla alors de dormir avant que je ne fasse la moue quand il parla de Tiffany. Je me laissai alors tomber sur ma couchette les bras croisé derrière ma tête.

-Ouais… Ça va pas être beau à voir ça…

Tiffany allait m’en vouloir… Surtout si je lui téléphonais pour payer la caution… Mais je préférais garder ça pour demain…

Je laissai, donc, Keller vaquer à ses occupations alors que je tentai de fermer les yeux pour essayer de dormir…

@ Billy Lighter