-Tu me crois pas quand je te dis que je ferais un bon second ?

Carlos semblait vraiment outré… Il tirait une tête jusque par terre alors que je buvais une bière dans son divan défoncé. J’avais commencé mes recherches pour trouver le parfait second aux Los Diablos. Enfin, le troisième homme mais ça, c’était le titre non-officiel. Depuis que j’avais rendu ma démission à Reed, je n’avais pas chômé. J’avais, d’abord, dû tout dire à Alonso concernant ma décision. Je crois que c’est ça qui avait été le plus difficile. J’avais redouté sa réaction. Pas parce que je pensais qu’il allait me détester mais parce que j’avais peur de le décevoir surtout en pleine guerre de gang.

Il n’avait pas été déçu… Il m’avait dit qu’il comprenait. Qu’à ma place, il aurait agi de la même façon mais qu’il n’avait pas la chance d’être à ma place. Je savais que ce qui comptait le plus pour Alonso, c’était sa famille et que, du coup, il comprenait ma décision. Bref, il n’y avait aucun ressentiment entre nous et savoir notre amitié intacte était tout ce qui comptait pour moi.

Mais je tenais à lui donner un second digne de ce nom et Carlos, lui, pensait bien être celui-là. J’étais loin d’être du même avis mais j’avais pris le parti de les voir tous avant de rendre ma décision. J’avais déjà vu Valerio et il était clair que ça ne serait pas lui.

-Je n’ai pas dit ça, Carlos… Mais je préfère aller voir tout le monde pour être sûr de prendre la bonne décision.

Il fit une petite moue avant de rendre les armes.

-D’accord. Oh et, tu oublieras pas de jauger les deux nouveaux, hein. On a besoin d’effectif, surtout depuis que tu as décidé de te faire la malle.

Je tiquai et plissai des yeux devant sa remarque. Si Alonso avait bien pris les choses, il n’en était pas de même pour tous les Los Diablos et je ne pouvais pas vraiment leur en vouloir. J’avais quand même abandonné le navire en pleine tempête…

Je fis la moue à mon tour.

-Ouais… J’irais les voir. Mais avant je dois aller voir mon avocat…

Je dis ça en me levant. J’avais rendez-vous avec l’avocat que m’avait déniché Samantha et je n’avais aucune envie d’être en retard. Après, je fixerais des rendez-vous aux deux nouveaux. Un certain Keenan O’Connor, un Irlandais et une certaine Riley dont Carlos avait oublié le nom de famille mais qui était une ex-prostituée dont Carlos savait peu de choses hormis qu’elle était bien foutue… Vous voyez pourquoi je n’ai pas trop envie qu’il soit second ?

Après ces deux rendez-vous je pourrais, enfin, profiter de Tiff et de notre voyage de noce en Irlande qu’on avait préparé avec soin. J’avais envie de me retrouver avec elle. On avait pas mal de chose à se dire et, pour ça, il fallait qu’on soit à deux. On avait une vie à quatre à planifier et ça se faisait pas sur un coup de tête.

Je quittai, donc, l’appartement de Carlos avant de me rendre sur Beverly Hills où se trouvait le bureau de l’avocat. Il s’appelait Aaron Louis et je ne savais rien de lui hormis qu’il travaillait pour Lola, la chanteuse diva. J’imagine que c’est une preuve de rigueur et de qualité…

Je n’avais pas pensé à véritablement bien m’habillé. Aucun costard… Juste des habits normaux. Après tout, j’allais pas devant le juge mais juste discuter avec mon avocat de tout ce qu’il y a à discuter pour ne pas finir en taule.

J’arrivai au bureau et entrai pour me retrouver face à une secrétaire aux cheveux blond et à la poitrine siliconée. Je levai un sourcil tellement cette femme ressemblait plus à une top modèle ratée qu’à une secrétaire.

Elle me souriait et je m’avançai vers elle.

-J’ai rendez-vous avec Maitre Louis… Je suis Finan Quinn.

Elle se leva avec un grand sourire au lèvre alors que sa poitrine rebondissait à chacun de ses mouvements lascifs.

-Suivez-moi, Monsieur Quinn. Maitre Louis vous attend.

Je la suivi et elle toqua à une porte avant d’ouvrir quand on lui en donna l’autorisation.

-Maitre Louis, voici Finan Quinn.

Elle nous laissa et j’entrai dans le bureau attendant qu’il me donne l’autorisation avant de m’asseoir.

-Bonjour, Maitre Louis.

Je lui tendis la main pour qu’il puisse la serrer avant de regarder autour de moi pour remarquer que ce bureau était grand mais aussi qu’il respirait la richesse propre au quartier où on était. En gros, Aaron Louis s’emmerdait pas et devait avoir une certaine fortune.

@ Billy Lighter

Heureusement que Samantha Ricci était une très, vraiment très belle femme parce que jamais ne j’aurais accepté de représenter Finan Quinn. C’était une cause emmerdante sur laquelle je n’avais pas envie de me casser le cul mais comme la belle Italienne avait insister et que je ne savais pas résister à son charme, j’avais promis d’arranger la situation de Quinn dans le meilleur intérêt de ce dernier.

Glenda, ma secrétaire, m’avisa que mon client était là mais je pris tout de même le temps de me servir un double cognac avec glaçon avant de le laisser entrer. Je contournais mon bureau et lui serrais la main quand il me salua.

- Finan Quinn ! L’éborgneur de l’Eastside ! Assied-toi. Tu veux un cognac ? Une bière ? GLEEEENDA ! Une bière pour Monsieur Quinn !

Je me réinstallais dans mon fauteuil en cuir hors de prix et j’ouvris le dossier posé devant moi en attendant que Glenda se pointe le bout des tétons avec une bière. Je l’avais choisi pour ses deux belles grosses qualités qu’elle arborait fièrement, d’ailleurs parce que le reste, je savais le faire moi-même !

- Alors, toi, quand tu te mets dans la merde, tu ne fais pas les choses à moitié ! Bagarre, voies de faits, blessures permanentes irrémédiables, mouais, pas mal ! Tu voulais être certains que je gagne mon salaire, y’a pas de doute ! GLENDA, ELLE VIENT CETTE BIÈRE, OUI OU MERDE ???

Enfin, ma secrétaire se pointa avec la bière pour Quinn qu’elle décapsula avant d’en verser dans un verre alors que j’ouvris une belle boîte à cigares qui était posé sur mon bureau et j’en pris un avant de la tourner en direction de mon nouveau client pour qu’il puisse se servir. J’en taillais le bout du mien et l’allumais avant d’en tirer quelques grandes bouffées.

- Merci Glenda, ce sera tout !

Ma secrétaire retourna à son poste en roulant des hanches et referma la porte derrière elle.

- D’homme à homme, ça t’a fait du bien de lui défaire la gueule à se salopard ?

Mouais, ça avait dû être satisfaisant sur le coup que de lui refaire le portrait. J’en avais démonté des gueules, dans ma vie, mais à coup de mots et d’injonctions, jamais à grand coup de poings malheureusement mais ce n’était pas l’envie qui manquait ! Les types comme moi étions fort de la gueule et c’était tout à notre avantage.

- Dans le pire des cas, tu risques la prison, quelques choses comme entre cinq et dix ans puis une mise à l’épreuve dans une maison de transition avec des loosers de merdeux incapables de quoi que ce soit. Dans le meilleur des cas, tu auras des travaux communautaires, selon la bonté du juge, une centaine d’heures mais dans les deux cas, un casier criminel t’empêchant de voyager à l’extérieur du pays, c’est sympa compte tenu que tu es chanteur et que tu iras à l’étranger.

Je tirais sur mon cigare en le regardant, tout en faisant tourner mon cognac dans mon verre avant de souffler ma fumée et d’en chasser le goût avec l’alcool.

- Tu es béni du cul, cela dit ! Tu as une manager qui tient vraiment beaucoup à toi et qui est prête à sortir un paquet de fric pour te sauver le cul et tu as une lettre de reconnaissance signée de la main de Mitchell Austin lui-même, se portant garant de ta tête. Il doit aimer beaucoup sa fille !

Cela allait jouer gros en notre faveur, restait qu’un point crucial à obtenir.

- Le seul truc qui cloche c’est que le juge Campbell tient à présider ta cause et ça, on ne veut pas ça ! Je vais travailler pour le faire récuser et reporter ta cause le plus longtemps possible pour que le juge Lewis prenne le siège. Il est en ce moment à la barre d’un gros procès, le scandale financier chez WEST Industry, tu en as entendu parler comme tout le monde, je suppose ?

Finan Quinn devait gérer beaucoup d’information mais il était intelligent, je l’espérais mais en tous les cas, il n’avait pas besoin de faire beaucoup pour l’instant, je travaillais pour lui et moi, je ne ressentais aucunement le stress.

@ Billy Lighter

La blonde siliconée m’avait fait entré dans le bureau de Aaron Louis. Il m’attendait dans son bureau avec son verre de cognac et tiré à quatre épingle. Je le saluai le plus poliment possible alors que lui vint me serrer la main en m’appelant l’éborgneur de l’Eastside et en me tutoyant. Ok. Je ne m’attendais pas à tant de familiarité venant d’un avocat… Il faut dire que, dans ma vie, je n’avais eu que des avocats commis d’office et ils n’avaient certainement pas les thunes de Maitre Louis qui montrait sa richesse à travers à peu près tout ici.

Je ricanai à ce surnom.

-Ouais… L’éborgneur de l’Eastside… Et je veux bien une bière…

Même si, ça ne servait à rien de demander parce qu’il avait déjà envoyé sa secrétaire me chercher une bière alors que je m’étais installé. Autrefois, j’aurais sûrement apprécié me faire appelé comme ça mais maintenant ça faisait plutôt tâche dans ma nouvelle vie…

Je ne dis rien de plus alors que Maitre Louis parcourait mon dossier. Je savais précisément ce qu’il y avait dedans. Je connaissais les charges qui pesaient contre moi mais je devais avouer ne pas vraiment savoir ce que la justice me réservait. Je savais ce qu’on pouvait prendre pour possession de drogue parce que j’avais déjà été condamné pour ça. Je savais, aussi, ce qu’on prenait pour coup et blessures réciproques. Mais je ne savais pas ce qu’on prenait pour coup et blessure volontaire ayant engendré des blessures permanentes… Et, même si j’avais des circonstances atténuantes à mettre sur le tapis, je savais que mon affiliation au Los Diablos au moment des faits n’allait pas joué en ma faveur.

Donc, quand Maitre Louis énuméra les charges, je restais impassible alors qu’il demandait à sa secrétaire de se presser. Je levai un sourcil. Waw… Ça doit être super drôle de bosser pour lui.

-Ouais… J’aime pas faire les choses à moitié…

Je dis ça en haussant les épaules avant que Glenda ne revienne avec une bière qu’elle me servi dans un verre. Je la remerciai alors que Aaron Louis me présenta, lui, des cigares. Je refusai d’un geste poli. Je préférais largement les cigarettes mais les riches semblaient, eux, vraiment accro aux cigares. Jimmy Reed aussi m’en avait proposé à notre dernière entrevue.

Il renvoya alors sa secrétaire qui s’en alla non sans rouler des hanche. Pas de doute que Glenda avait été engagé pour son physique et pas pour autre chose… Ce qui voulait dire que Maitre Louis aimait les femmes aux seins anormalement gros.

Par contre, je ne m’attendais pas à ce qu’il me demande si j’avais aimé défaire la gueule de ce nazi de Josh. Je levai un sourcil avant d’esquissai un sourire en coin.

-Oui. C’était bien fait pour sa gueule et je ne regrette rien. Mais je doute que dire ça devant le juge plaide pour ma cause, n’est-ce pas ?

Bon, il semblait s’en foutre qu’on parle de façon peu polie alors je ne me gênais pas. Aaron Louis semblait être un sacré numéro en tout cas.

Puis, il me donna le pire des cas… Et, à vrai dire, je ne m’attendais pas à autant ce qui me fit me frotter les yeux. Cinq à dix ans de prison, c’était long et ça me fit un pincement au cœur. Tiff était enceinte et si jamais je me tapais dix ans de prison je ne pourrais réellement voir mon enfant et vivre avec lui que quand il aura déjà 10 ans… Guillermo, lui, en aura 21… Et cette perspective me fila la nausée. Je ne pouvais pas laisser Tiff toute seule avec deux gosses.

Je préférais largement le meilleur des cas… Je voulais bien faire autant d’heures de travaux d’intérêts généraux qu’ils voulaient si c’était pour éviter la prison. Et j’avais à peine encaisser le pire des cas qu’il me parla de mon casier qui pourrait m’empêcher de voyager à l’étranger.

Ouais… Ça c’était très problématique. Mes lèvres se pincèrent alors que Louis ne s’arrêta pas là et disait que j’avais de la chance que Samantha payait le prix pour que je sois défendu au maximum… Sans compter que Mitchell Austin avait mis son grain de sel aussi. Ça, par contre, je ne le savais pas… Je levai un sourcil.

-C’est vrai ? Il a fait ça ?

Mais ce n’était certainement pas pour moi mais pour Tiffany. Parce que je savais qu’Austin adorait sa fille même s’il n’était pas toujours d’accord avec ses choix.

-Oui… Il l’aime beaucoup. Et je crois qu’il aurait préféré qu’elle sorte avec un politicien démocrate…

Je dis ça sur un ton un peu amer même si c’était plutôt une bonne nouvelle d’avoir Austin complètement de son côté.

Je bus une longue gorgée de bière alors que Louis ne parle d’un autre point noir : le juge Campbell. Je soupirais à ce nom. Si c’était lui qui présidait aucun doute que j’allais faire de la taule. C’est écrit dans le ciel, ça… Du coup, Aaron Louis voulait temporiser le temps que Lewis puisse prendre sa place. Un Lewis qui était occupé sur un autre gros procès…

-Ouais… J’ai entendu à la télé… Mais j’ai pas fait attention que c’était Lewis le juge de tout ce bordel. Du coup, j’imagine que je ne serais pas jugé avant un moment c’est ça ?

En somme, ça m’arrangeait. Et, en même temps, ça ne m’arrangeait pas. Parce que tant que je n’étais pas jugé, je pourrais vivre plus ou moins normalement. Mais, en même temps, j’aimerais que tout ça soit derrière moi.

Je soupirai et bus d’une traite le reste de ma bière avant de sortir une cigarette et de l’allumer.

-Je veux bien attendre autant qu’il faudra si c’est pour éviter Campbell. Parce que c’est certain que, lui, il va essayer de me crucifier sur place.

Je soupirai à nouveau.

-Et pour le casier… Vous croyez qu’il n’y aura pas moyen de que je voyage à l’étranger ? Même si je déclara sur l’honneur ne plus faire partie des Los Diablos ? Si je ne peux pas partir en tournée, mon groupe ne risque pas de gagner en notoriété…

Je ricanai ensuite par rapport à mes propres paroles.

-Il faut dire que si je me tape de la prison, cette question à pas vraiment d’intérêt… Je peux pas aller en taule, je vais avoir un enfant. Mais j’imagine que vous êtes suffisamment doué que pour m’éviter ça, non ? C’est quoi votre plan ?

Après tout, c’était lui qui devait m’empêcher d’aller en taule. Samantha le payait cher pour ça…

@ Billy Lighter

L’éborgneur de l’Eastside venait d’entrer dans mon bureau et de prendre place dans le fauteuil placé devant ma table de travail. À première vue, il avait le profil de l’emploi, c’est ce que je dirais sans hésiter si on me posait la question, mais mon job à moi est de donner l’air d’une putain de Saint à un type qui a la tête d’un éborgneur ! Des comme lui, j’en avais vu un et un autre et des bien pire même et, en survolant son dossier, je ne m’en faisais pas plus que ça. Ce serait une petite joute verbale entre moi et le juge.

- Tant mieux ! Je ne les fais pas à moitié moi non plus !

Nous allions bien nous entendre, ça coulait de source. Il fallait tout de même faire un peu plus ample connaissance avant de passer aux choses sérieuses et quand il eu sa bière en mains, je lui demandais si ça lui avait fait du bien de défoncer la tronche de l’autre mec. Il me répondit par l’affirmative et ça me fit sourire.

- Vaut mieux que tu ne le mentionne pas devant le juge mais entre nous, pas de secret.

J’aimais connaitre les pensées les plus obscures de mes clients, ça m’aidait à peindre un portrait plus juste du truand que je défendais.

Selon les charges retenues contre Quinn, la peine pouvait s’étendre jusqu’à dix année de pénitencier pour un scénario des plus grave. Dans le meilleur des cas, des heures de travaux d’intérêts générales pouvaient être envisagées. Le truc qui me faisait tiquer le plus demeurait la tache à son dossier qui l’empêcherait de voyager hors du pays pour une période indéfinie et, pour un chanteur en début de carrière, c’était emmerdant.

Quinn pouvait quand même compter sur sa manager qui déployait des efforts conséquents pour le tirer d’affaire et, à ma plus grande surprise, arrivée ce matin même sur mon bureau, une lettre signée de la main de Mitchell Austin lui-même, dans laquelle il disait se porter garant des actions de Quinn dans le futur.

- Voit par toi-même, tu sais lire ?

Il n’avait pas à être offusqué de ma question, plusieurs de mes clients ne savaient pas lire, c’était encore courant. Je lui plaçais donc la lettre d’Austin à plat devant lui et le laissais la lire s’il en avait envie.

- Je buterais n’importe quel type qui toucherais ma fille, surtout s’il était un politicien démocrate !

Mais je n’avais pas de fille, du moins pas que je sache, alors la question ne se posait pas.

Notre premier point à gagner était celui d’obtenir un juge qui serait favorable à notre cause. Il nous fallait donc éviter de voir Campbell s’installer sur le siège de juge car en ce cas, ce serait impossible pour Quinn d’éviter la prison. J’avais joué au golf la semaine dernière avec le juge Lewis et ce dernier s’était dit intéressé par la cause mais il faudrait lui laisser le temps d’en finir avec le scandale financier de la WEST Industry.

- Bien !

Je tirais sur mon cigare, satisfait d’entendre Quinn dire qu’il était prêt à attendre le temps qu’il faudrait pour que le juge Lewis soit disponible. Ensuite, il eu une question assez pertinente qui me fit prendre une gorgée de cognac.

- Ça, c’est le point sombre, même avec Lewis comme juge. Ce qui va jouer en ta faveur est l’appuie de tes proches, le fait que tu avais un casier vierge avant cet évènement, d’ailleurs ça dû te coûter la peau du cul pour effacer ton précédent dossier ! Nous plaiderons qu’il t’est nécessaire de voyager dans le cadre de ton travail. Tu pourrais avoir un allégement qui te permettrait de voyager uniquement pour remplir les engagements de ton groupe ce qui impliquerait que tu aurais des conditions extrêmement pointues à observer pendant tes déplacements.

L’éborgneur de l’Eastside allait être papa ! C’est ce qu’il me révéla quand ensuite il avait réalisé que s’il allait en prison, la question sur ses déplacements ne se posait même pas.

- Je suis assez doué, en effet. Si je ne l’étais pas, tu crois que j’aurais pu payer de si gros obus à ma secrétaire ? Quinn, fait moi confiance, j’ai ma stratégie !

Je posais mon cigare dans le cendrier et je repris le dossier devant moi. Il avait besoin d’être rassuré et j’étais payer pour le faire.

- Tout d’abord, tu vas plaider coupable, nous n’avons pas bien le choix, tu t.es improvisé chirurgien plastique en plein milieu de bar remplis. Ensuite, nous allons soumettre les faits qui vont venir adoucir ton image. Tu n’as pas de famille, tu as été recruté jeune dans un gang qui a toujours été là pour toi, tu devais affronter un sentiment de déloyauté, tu étais perdu, tu ressentais de la pression vis-à-vis de ta nouvelle célébrité, tu es devenu tuteur d’un jeune de la rue, Samantha a oublié de me dire quelque chose ? On va te rendre sympathique, un putain d’enfant de chœur qui a fait un pas de travers. Tu vas dire que tu regrette et tu peux même verser une petite larme ça fait toujours son effet. Tu piges ?

J’allais mettre l’emphase sur son côté bon gosse et toutes les actions qui pourront jouer en sa faveur. Il devait bien y avoir quelques bonnes actions dans son placard.

- Autre que les Los Diablos, tu as des amis qui peuvent témoigner de ton grand cœur, de ta droiture ? De bonnes actions que tu aurais pu faire ? Une ex petite copine ? C’est toujours gagnant les ex petites copines !

@ Billy Lighter

L’avocat était spécial. Mais ça ne voulait pas dire qu’il n’était pas efficace. Je faisais confiance en Samantha mais je ne m’attendais pas à autant de familiarité de sa part. Je ne savais pas si je détestais ça ou si j’aimais bien ça. Tout ce que je savais c’était que c’était un rien déstabilisant.

Mais je ne me laissai pas décontenancer et lui annonçait que je ne regrettais en rien ce que j’avais fait à Josh mais que je me doutais bien que ce n’était pas la chose à dire devant le juge, quel qu’il soit. Il confirma mais disait que, entre nous, il n’y avait pas de secret. J’imagine que c’était sa façon à lui d’affirmer qu’il était mon allier dans l’histoire. Je savais que les avocats aimaient gagner leurs procès. Que, pour certain, c’était comme un jeu. Personnellement, je me fichais de comment ce type prenait les choses tant qu’il défendait ma cause corps et âme.

Il entama alors notre discussion en parlant des pires et meilleurs scénario. Je devais avouer que celui qui était qualifié comme « le pire » était vraiment un scénario catastrophe. Mais, malgré tout et, peu importait le scénario, il y avait quand même un gros point noir au niveau des voyages. En tant que musicien, je ne pouvais pas ne pas voyager.

Mais avant d’argumenter là-dessus, j’eus la surprise d’entendre que Mitchell Austin avait fait une lettre pour plaider ma cause chose que je ne savais pas et à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Louis me présenta la lette demandant, avant, si je savais lire ce qui me fit froncer les sourcils.

-Ouais, je sais lire… Je sais même écrire des chansons… C’est pas comme si je l’avais pas prouvé…

Ouais, je le prenais un peu mal. Je sais que je suis un ex-Los Diablos mais ça ne veut pas dire que je n’ai aucune éducation. D’ailleurs, beaucoup de Los Diablos savaient lire. Pas tous mais beaucoup. Mais bon, dans l’univers de Maitre Louis, c’était différent, apparemment.

Je posai mon regard sur la lettre en levant un sourcil n’en revenant pas de ce que j’étais en train de lire avant de reposer mon regard sur Louis qui disait que, lui, il butterais n’importe quel type qui approcherait sa fille surtout si c’était un politicien démocrate. Ça me fit un peu rigoler.

-Je vois que vous n’êtes pas fan des démocrates. Ça prouve bien que vous êtes un vrai avocat pour défendre le gendre d’un démocrate.

Les avocats se fichaient de leur croyance tant qu’ils récupéraient la gloire et l’argent, non ? Mes clichés sur les hautes classes et fonctions étaient ceux qu’on voyait dans les films mais quand je voyais Maitre Louis, je pouvais me dire que les clichés sont bien tiré d’une certaine vérité.

Il me parla, ensuite, du juge Lewis. Je voulais bien attendre tout le temps qu’il faudra pour que ça soit lui le juge qui préside. C’était le meilleur choix à faire. Je n’avais aucune envie que Campbell me démolisse. Ainsi, je validai la stratégie de Louis.

On revint, alors, sur les voyages parce que,  pour moi, c’était un point problématique. Il m’expliqua alors qu’il sera possible d’alléger ça en me permettant de voyager uniquement dans le cadre de mon travail. Je soupirai me disant que, finalement, c’était pas si mal et que, je suppose, il ne pourrait pas faire mieux.

-Heureusement que j’ai prévu mon voyage de noce avant le procès…

J’allais devoir en profiter. Je le savais… Même si j’aurais l’occasion de voir du pays pendant les tournées. Je devais me centrer là-dessus.

-Et cette condition… Ça sera pour toute ma vie ? Et sous quels genre de conditions je pourrais voyager en tournée si on réussi à avoir un allègement ?

Dans tous les cas, je savais que, avant toute chose, je devrais éviter la prison. Que le chapitre sur les voyages, ça sera utile d’en parler que si je ne vais pas en taule. Mais Louis disait être doué, la preuve étant les gros implants de sa secrétaire ce qui m’arracha un sourire en coin alors qu’il me disait de lui faire confiance.

-D’accord…

Je n’avais pas vraiment le choix… Il était le meilleur d’après Samantha et je n’avais pas forcément d’autres solutions. Puis, il semblait connaitre son sujet alors je n’avais aucune raison de le remettre en doute.

Il m’envoya alors sa stratégie qui sera de plaider coupable avant de me faire passer pour le mec paumé qui avait fait une faute. Il savait beaucoup de chose sur moi, même le fait que Guillermo était sous ma garde. Toutes des informations qu’il tenait de Samantha. Mais j’imagine que pour qu’il plaide ma cause comme il faut, il fallait qu’il en sache un maximum. Je soupirai frottant mes yeux avant de tirer sur ma cigarette.

-Ouais… Je pige. Je devrais bien montrer que je regrette. Et je mettrais en avant tout ce qui pourra me faire passer pour le paumé gentil. Et, non, Samantha n’a rien oublié, apparemment. Sans compter que j’imagine que le casier de Josh plaidera en ma faveur aussi. Il a fait partie de la Confrérie Aryenne et c’est un New Soldados… C’est un enfoiré de raciste et il a menacé ma femme.

Quant à mon casier, lui, il était vierge mais Louis n’était pas dupe, il savait que le casier avait été nettoyé. J’esquissa un petit sourire.

-Et pour mon casier, c’est un coup d’Austin. Encore…

Je crois que, à la fin, je vais lui en devoir une… Et je savais que ce n’était jamais bon d’en devoir une à un politicien. Je naviguais à l’aveugle dans ce monde qui était plutôt celui de Reed. Moi, je savais comment ça fonctionnait dans la rue et pas dans les hautes sphères. Pourtant je devais m’adapter à ce nouveau monde. Et vite…

Maitre Louis demanda alors si j’avais des amis, en dehors des Los Diablos, qui pourraient plaider ma cause. Il pensa à une ex-petite-amie. Je levai un sourcil.

-La seule ex avec qui je suis resté plus d’un mois est morte dans un accident de voiture.

C’était faux… J’avais aussi passé quatre mois avec Bailey North… Mais on était pas vraiment ensemble. Enfin… Avoir mes relations, ça a jamais été toujours très claire. Je soupirai.

-En dehors de ma femme, d’Ivar Miller, mon bassiste, de Samantha Mancini et de Vanya Kournikova. J’ai bien quelques liens de mon passé qui pourrait plaider ma cause. Bailey North, la femme d’Hank North. On s’est fréquenté alors que…

Je fis la moue.

-Alors qu’elle était encore une prostituée. Et comme bonne action…

Est-ce qu’elle m’avait vraiment vu faire des bonnes actions ? Oui et non… Je pris un temps de réflexion, avant de soupirer.

-Qu’est-ce que vous voyez comme potentielle bonne action ? Parce que, quand on est dans un gangs presque toute sa vie, on a pas vraiment l’occasion d’en faire. J’ai empêché Bailey North de se faire zigouillé par un meurtrier mais j’imagine que ça se plaide pas à la court parce qu’il n’y a aucune preuve de tout ça.

Ni que Bailey North était réellement poursuivie, ni que Ward Fleming est un meurtrier, d’ailleurs. Je soupirai.

-Mais elle pourra avoir de bons mots pour moi.

Il y a Nell Harris aussi… Mais… Est-ce que après le mensonge que je l’avais forcé à dire, j’avais vraiment envie de l’embarquer encore dans une affaire qui pourrait la mettre mal à l’aise. Je me mordis la lèvre.

-Il y a aussi une femme nommée Eleanor Harris. Elle est bénévole à St-John… On se connait bien. Et…

Je fis la moue.

-Je sais pas si elle voudra vraiment plaider. J’ai pas envie de la mettre mal à l’aise même si on est en bons termes. Je pourrais lui parler pour voir…

Il y en avait d’autres ? Je réfléchissais sans réellement en voir. Ah si !

-Et Leia O’Reily. Elle me connait aussi. Elle est serveuse au Crazy Ginger.

Que des femmes… Mais ça me représentait bien, j’imagine. Du reste, tous les hommes de mon passé n’était pas forcément plus vertueux que moi, alors…

@ Billy Lighter

C’est qu’il me semblait un rien susceptible, l’éborgneur de l’Eastside ! Je m’imaginais un peu mieux comment il en était venu à récolter ce titre s’il prenait au premier degré la moindre petite remarque.

- Il est vrai qu’aucune maison de disque n’a d’auteur pour composer des tubes au nom de ses artistes, mon erreur !

Finan devait voir les failles, les détours obscurs dans lesquels le procureur qui sera nommé pour le faire condamné s’insinuera pour le prendre à revers. Je venais de lui en donner un avant-goût et tout en douceur et il ne l’avait pas vu venir. J’estimais donc que j’allais avoir de la préparation mentale à effectuer pour que le protégé de Samantha Mancini ne passe pas ses prochaines années à l’ombre à coudre des caleçons pour homme !

- Je ne suis pas fan des politiciens. Ils sont tous véreux, pire encore que les avocats tel que moi !

C’était drôle ! En tous les cas moi ça me fit beaucoup rire !

- Je suis un vrai avocat parce que je n’ai pas froid aux yeux et je n’ai pas peur d’aller devant le juge avec une cause comme la tienne qui pourrait semblé perdue. Tout est dans l’attitude, garde ça en tête, fiston !

Beaucoup de préparation mentale, même, mais nous en étions pas encore là. L’heure était à parler des options qui s’offraient à nous et des stratégies à adopter. Dans le meilleur des monde, Quinn aura des heures d’intérêts générales à accomplir et probablement une thérapie de la gestion de l colère à suivre, cependant, il verrait fort probablement son passeport révoqué mais à cela, j’avais confiance d’obtenir une dérogation dans le cadre de ton travail.

- Non, pas toute ta vie. Ce serait proportionnel à la peine encourue. Dans le cas d’une mise à l’épreuve avec des travaux, tu serais soumis à ce genre de restriction pour une période minimal pouvant aller de deux à cinq ans.

Ce n’était pas si terrible mais moi, je visais l’absolution inconditionnelle, et rien de moins, j’allais lui en parler un peu plus tard, après avoir discuté des différentes stratégies que j’envisageais. Finan allait devoir démontrer ses regrets, montrer qu’il est un bon garçon, jouer la carte de l’enfance difficile l’ayant conduit dans le gyrons du crime organisé, du conflit de loyauté qui pesait sur lui, de son désir de bâtir une belle vie avec celle qui était désormais sa femme et qui portait son enfant en plus du gamin qu’ils avaient recueillis chez eux. Il devait en somme, charmer le juge et offrir toutes les raisons de croire qu’il n’a été qu’une victime de plus dans cette histoire. Combien d’hommes souffrent en silences du poids qui pèse sur leurs épaules ? Ça allait faire pleurer les petites femmes dans le jury et celles qui liraient les articles dans les journaux.

Je m’en délectais déjà !

- Tu as vendu ton âme au diable en te laissant couver par Austin, j’espère que tu en as conscience !

C’était son problème et non le mien et la carte du beau-père bien puissant était un atout à conserver dans ma manche bien précieusement.  Avant de l’utiliser, je voulais qu’il me trouve dans ses histoires passées, des ex petites copines qui pourraient témoigner de combien bon et loyal il était et si à première vue, il me regardait comme si je venais de lui demander de me décrocher la lune, il parvînt à me nommer quelques-uns de ses amis. Je notais les noms avant de le regarder alors qu’il me parlait de Bailey North, l’ex-pute devenue bourgeoise épanouie. Le seul bémol avec cette femme-là était justement son passé de prostituée et ex camée et son mari pas très commode.

- Gardons Madame North dans la liste des possibilités mais si je pouvais éviter de l’amener à la barre des témoins, je serais satisfait !

Il attira mon attention quand il parla d’une certaine Eleanor Harris, une bénévole à St-John, aussi bien parler d’une Sainte !

- GLEEEEEEENDA !!! Trouve moi tout ce que tu peux sur Eleanor Harris, une sainte de St-John ! Je veux ça sur mon bureau au plus tard 17h ce soir ! Mon sourire était aussi large que le bonnet de ma secrétaire. Tu vas lui parler le plus rapidement possible et je me chargerai de la convaincre. C’est une putain de carte bonus que tu viens de me sortir là !

Il y avait encore une amie sur sa liste, pour un mec qui semblait pas être en mesure de m’en trouver, il s’en sortait bien. Cette fois, il était question d’une serveuse dans un bar. Le Crazy Ginger était réputé pour être une sacré fournaise, si ça se trouvait, elle pourrait témoigner que la présence de Quinn la rassurait, qu’il veillait sur elle et je ne sais quoi d’autre comme connerie, tant que ça pouvait aider la cause, je prenais ![/b]

- Tu la contact elle aussi ! Je veux rencontrer ta p’tite femme, ton copain Ivar et sa femme demain si possible. Je vais te monter un beau parcours sans faille à servir au juge. Je m’y mets dès maintenant, en attendant, toi, parle à Eleanor et Leia et ensuite, pars en voyage, pendant que le peux encore. A ton retour, nous amorcerons la phase deux.

Je coinçais mon cigare entre mes dents, mon verre de cognac d’une main et je lui tendis l’autre pour lui signifier la fin de notre entretiens. Il avait du boulot et moi aussi, si je voulais le rendre attendrissant !

Mais avant qu’il ne quitte mon bureau, une question me passa par la tête !

- Au fait, le gamin que tu as chez toi, il vient d’où ? J’aimerais bien qu’il témoigne pour dire à quel point il est heureux, soulagé et chanceux d’avoir été recueillis par toi, tu vois l’idée?

@ Billy Lighter

Maitre Louis n’avait pas manqué de souligné mon petit élan de susceptibilité et je fis la moue alors qu’il n’avait pas tort en disant que ça aurait très bien pu être quelqu’un d’autre qui avait écrit mes propres chansons. Mais bon, quand on sortait de l’Eastside, les gens qui n’en venaient pas avaient l’habitude de nous prendre pour des abrutis. Ce que la plupart n’étaient pas, en réalité.

On parla, ensuite, de l’appui de mon beau-père qui m’avait surpris. Pourtant, je devais me rendre à l’évidence que c’était bien réel vu que j’avais la lettre en face de moi. Louis, lui, disait qu’il n’était pas fan de politicien car ils étaient tous véreux et que c’était encore pire en ce qui concernait les avocats comme lui. Un peu d’autodérision qui m’arracha un rire tout de même.

-Ce n’est pas faux…

Je savais qu’il fallait autant se méfier des politiciens que des avocats. En fait, il fallait se méfier de tout ce qui avait un rien de pouvoir dans ce monde. Je faisais partie d’un gang. Je savais parfaitement ça.

Après ce coup d’autodérision, Louis déclara ne pas avoir froid aux yeux et disait n’avoir pas peur d’aller devant le juge avec une cause comme la mienne. Ça me fit faire la moue parce qu’il causait comme si mon cas était perdu d’avance… C’était pas vraiment pour me rassurer, ça.

-Super… C’est rassurant…

Mais bon, lui, il semblait réellement très confiant tout comme il l’était quand il me parla de mes possibilités de voyager après le procès. Il comptait faire en sorte que je puisse sortir du pays pour les tournées mais, moi, ce qui m’inquiétait c’était le temps que cette mesure durera. Là encore, Louis se voulait rassurant car cette mesure, si jamais j’évitais la prison, ne sera valable que cinq ans maximum.

-Je devrais y survivre alors…

Après ça, il m’expliqua la stratégie qu’on allait suivre et c’était celle de me faire passer pour un victime. En gros, il allait me donner toutes les circonstances atténuantes possibles pour attendrir le juge. C’était ça les cartes qu’il voulait jouer. Quant il parla de mon casier vierge, je ne manquai pas de dire que c’était encore un coup d’Austin et je fis la moue quand il déclara que j’avais vendu mon âme au Diable. Je soupirai…

-Ouais, j’en suis conscient. Mais il ne m’a pas laissé le choix. Il voulait que mon casier soit clean pour protéger sa propre image.

Une image que j’avais écorché en éborgnant un aryen… Mais, très sincèrement, la carrière politique d’Austin m’inquiétait moins que mon propre avenir. Bien que c’était peut-être égoïste de penser comme ça…

Donc, comme le but de Louis était de me faire passer pour un paumé sympathique, il fallait des témoins pour étaler que j’étais un type bien. Et le mieux, apparemment, était de pouvoir faire témoigner des gens qui m’avaient fréquenter avant que je connaisse la célébrité. J’avais cité Bailey North qui était quelqu’un qui pourrait parler de moi en bien. On était très proche à une époque mais Bailey ne semblait pas satisfaire Louis ce qui me fit faire la moue.

-Pourquoi ? Elle a une vie rangée maintenant et c’est une bonne mère de famille…

Mais elle était prostituée à l’époque… Donc, j’imaginais que ça ne faisait pas bon genre. Je compris ça quand je citai Nell et que Louis appela sa secrétaire pour en savoir un maximum sur elle. C’est clair qu’un bénévole ça passait certainement mieux à la barre qu’un ex-prostituée… Mais encore fallait-il que Nell veuille bien encore me rendre un service. La dernière fois, ça n’avait pas vraiment été très beau quand je l’ai quasi contrainte à mentir à Keller et Greenly. Elle l’avait fait… Mais je savais qu’elle l’avait fait à contre-cœur. Mais Louis la voulait absolument alors je soupirai.

-D’accord… Je ferais de mon mieux pour la convaincre…

J’avais aussi Leia qui semblait satisfaire Maitre Louis. Je ne savais pas non plus comment elle allait prendre les choses car je ne suis pas sûr qu’elle savait que j’étais un Los Diablos avant que ça ne passe dans le presse. En tout cas, moi, je ne lui avais jamais dit. Mais j’allais devoir la voir aussi ce qui allait me faire un paquet de gens à voir avant de partir en vacances… Bref, j’avais du pain sur la planche et Maitre Louis aussi vu qu’il voulait voir tous mes proches aussi.

-Bien… Je ferais tout ça…

Je n’avais pas forcément le choix.

Et ça semblait être la fin de l’entrevue car Louis me tendit la main. Je la serrai et me levai, prêt à partir quand Louis me posa une question sur Guillermo. Je me retournai vers lui en riant un peu jaune.

-Vous voulez que le gamin mente à la barre ?

J’exagérais un peu… Guillermo était heureux, ça se voyait. Mais notre entente n’était pas encore optimale et je savais qu’il aimait surtout vivre avec Tiff. Il faudra encore pas mal de temps avant qu’il me voit comme quelqu’un qui pourrait le faire avancer.

-Non, j’exagère… Mais je ne sais pas si c’est une bonne idée. La situation de Guillermo est… Comment dire ? Illégale ? Oui, c’est le mot. En fait, c’est un Los Diablos. Quand un enfant de Los Diablos se retrouve orphelin on fait en sorte que l’Etat ne le récupère pas et il grandit au sein du gang pour aider lors de la vente de drogue. Je sais, ça n’a rien de joli. Mais vous avez dis qu’on pouvait tout se dire, non ?

Oui, il l’avait dit et j’espérais que cet endroit était aussi strict sur le fait de tenir les secrets qu’un confessionnal.

-Austin est en train de régulariser sa situation pour faire en sorte qu’il soit notre fils adoptif à moi et Tiff. Mais ça n’empêche que son passé est celui d’un gamin de rue élevé par un gang.

Et pas que par un gang, malheureusement. Parce que Guillermo n’est pas orphelin depuis qu’il est bébé.

-Maintenant, en dehors de ça, ouais, il pourrait dire qu’il est heureux et tout le bordel. Il sait qu’il ne peut pas m’envoyer en taule même si c’est pas l’envie qui lui manque. Mais il adore Tiff. Il ferait tout pour elle.

Comme le père de Tiff… Comme quoi ma possible libération tient surtout à Tiff…

-C’est à vous de voir… D’ici le procès, sa situation sera régularisée mais… Mais je ne suis pas sûr d’avoir envie que le juge adverse fouille dans le passé de Guillermo. Parce qu’il y a des cadavres dans le passé de Guillermo et ça reviendrait à mettre à mal les Los Diablos. Et je n’ai pas envie de ça.

@ Billy Lighter

Quinn allait se faire brasser la cage par le procureur alors s’il devait mal prendre une petite question comme celle que je venais de lui poser, il n’allait pas passer au travers le contre interrogatoire sans y laisser quelques plumes pour ne pas dire toute sa crédibilité. C’est un p eu ce que je lui fis comprendre en lui répondant que plusieurs artistes retenaient les services de paroliers pour composer leurs chansons.

Ensuite, je lui expliquais de quoi aurait l’aire la pire et la meilleure des issue pour lui en évitant de lui parler de ma véritable intention, celle de lui obtenir une absolution inconditionnelle. Nous visions les travaux d’intérêts généraux, c’est ce que je voulais qu’il garde en tête, des travaux qui seraient assortis de conditions sévères concernant ses déplacements hors du pays.

- Garde aussi en tête que si le procureur adverse accepte cette peine, il tiendra mordicus à ce que tu suive une thérapie de gestion de la colère. Bon princes, nous accepterons cette clause.

Avec les années, j’avais compris qu’il fallait parfois accepter certaines peccadilles quand on visait les plus gros gains et puis c’était de bonne guerre. Je tirais sur mon cigare alors que Quinn se contentait de ses petites cigarettes. Au moins, il ne semblait pas les avoir roulées lui-même.

Sommes toutes, il s’en sortirait assez bien malgré le fait qu’il avait de toute évidence vendu son âme au diable, son beau-père en personne. Heureusement pour lui, il en avait conscience. Il fallait espérer que Mitchell Austin gagne ses prochaines élections parce qu’autrement, il imputerait à Quinn sa défaite. Quelle idée que de s’amouracher de la fille d’un politicien quand l’on trempe dans un gang criminel jusqu’au cou !

Il me fallait plus de gras autour des os donc je demandais à l’éborgneur de l’Eastside de me donner des noms de gens qui pourraient venir pleurer à la barre des témoins sur les belles valeurs de Finan, sur les qualités qui faisaient de lui un homme bon et toutes ces merdes qui feraient pleurer les Martha assisent dans la salle. Des noms qu’il me donna, il me parla de Bailey North et ça me fit grimacer.

- Tu viens de le dire. Maintenant. Elle se prostituait et s’endormait avec une aiguille dans le bras quand tu la fréquentais. Elle va se faire démonter par le procureur adverse, un truc à la démolir complètement. On va éviter que North pète un câble en plein tribunal parce que le passé scabreux de sa femme est déterré par ta faute.

Nous pouvions éviter Bailey North parce que Quinn avait bien mieux qu’elle. Le nom d’Eleanor Harris venait d’entrer dans la pièce comme un faisceau de lumière venu des cieux ! Il ne pouvait trouver mieux qu’une femme ayant l’âme d’une Sainte, qui faisait du bénévolats à St-John, dans un cartier où régnait la misère et le crime !

Tout de suite, je criais à Glenda de me trouver tout ce qu’elle pouvait sur cette Jeanne d’Arc des temps modernes et ordonnais à Quinn de tout faire pour la convaincre, ce n’était pas une option, nous avions besoin de cette Eleanor !

- Tu trouveras les bons mots, ce n’est pas comme si tu avais le choix.

Il y avait aussi une serveuse du Crazy Ginger qui pourrait apporter quelques éléments positifs pour mon client. J’en voyais que du positif en tous les cas ! De toute façon, j’allais rencontrer ces femmes avant de soumettre leur nom au greffier à titre de témoins pour la défense.

La rencontre était terminée et j’offris une poignée de main à Quinn avant qu’une autre question ne me vienne en tête. Le gamin qu’ils hébergeaient sa femme et lui pourrait aussi service la cause pour autant qu’il sache se comporter devant un juge.

- Si je décide qu’il peut t’être utile, je le ferai témoigner à la barre.

Finan me raconta alors les grandes lignes sur cet enfant, comment Austin était en train de régulariser la situation pour que sa femme et lui puissent l’adopter, que le petit était un enfant des Los Diablos, élevé par le gang dans le but d’en faire une relève. Ça me donnait des idées que je préférais ne pas écarter pour tout de suite.

- Nous allons tourner ça à ton avantage ! Tu l’as recueilli parce que tu t’es reconnu en lui, l’orphelin que tu as été, prit dans la spirales d’un gang, tu t’es prit d’affection pour le gamin et tu as décidé de le tirer de là en lui offrant une meilleure vie en même temps que tu te sortais toi-même de là !

Et quand il ajouta que de faire ça risquait de déterrer des cadavres du passés de Guillermo et de le mettre en mauvaise posture vis-à-vis des Los Diablos je fronçais des sourcils.

- Tu n’espérais quand même pas que le procureur n’allait pas jouer les fouille merde et mal te positionner vis-à-vis ton ancien gang ? Tu vas passer pour le déserteur, tu vas devoir dire que tu regrettais tout ce que tu as fait pour eux, tu vas être interrogés sur tes activités ce qui va forcément intéresser la presse sur ce qui se passe vraiment. On est chanceux si ça ne brasse pas plus de merde que ça. Et je serais surpris que ton procès ne soit pas le premier coup de hache dans ton ancienne organisation.

Les Los Diablos survivraient à ce genre d’attaque mais perdrait du terrain, prendrait certainement du temps à se reformer et passerait probablement second dans la hiérarchie des gangs. Cela dépendrait du travail du procureur, comme il avait l’intention de mener sa barque.

- Va annoncer à ta femme que vous partez en voyage ! Je me charge des premières étapes pendant ce temps là ! File, Samantha me paie à l’heure !

@ Billy Lighter

Louis m'avait présenté le meilleur et le pire scénario possible au niveau des peines que je risquais. Si je redoutais les années de prison, j'acceptais totalement tout autre forme de peine même si ça revenait à réduire aux tournées les voyages que je pourrais faire. Je pouvais passer au-dessus de ça tout comme je pouvais facilement survivre à une thérapie. J’haussai des épaules.

-Va pour la thérapie de la gestion de la colère même si ça ne me servira pas à grand-chose. Tout le monde pète un câble quand on menace sa famille. Ça s'appelle être un être humain.

D'habitude je savais garder mon sang-froid mais la fatigue accumulée, la pression que je ressentais, ma dispute avec Tiff et les menaces de Josh m'avait complètement fait voir rouge.

Maitre Louis voulait aussi des témoins afin de me faire passer pour un homme bien vis-à-vis du jury et j'avais cité des noms dont Bailey North. Mais Louis préférait se passer d'elle à cause de son passé de toxicomane et de prostituée sans compter son mari qui n'avait pas bonne réputation. Ça me fit rouler des yeux mais je me pliai à ce que venais de dire Louis. C'était lui l'avocat, après tout. Mais ne pas voir que Bailey était l'incarnation même de la fille bien qui avait eu la force de s'en sortir montrait bien que ce monde avait un putain de problème.

Louis préférais les Saintes de naissance comme Nell... Une Nell que je devais convaincre ainsi que Leia chose que, d'après Maitre Louis, je n'avais pas le choix. Je soupirai en hochant de la tête

Et, alors que je cru que notre entrevue était terminée, il me posa une dernière question. Son intention était d’amener Guillermo à la barre alors je fus franc sur la situation du gamin en mettant en avant que ce n'était pas forcément une bonne idée... Mais, d'après lui, il était seule juge pour savoir si ça apporterait du positif ou pas...

Il voulait mettre en avant l'histoire de Guillermo en montrant que je m'étais pris d'affection pour lui et que je l'avais sauvé d’un destin de gamin des rues... J’affichai un sourire ironique.

-Et ça même si ce n'est pas totalement comme ça que les choses se sont passés, je suppose...

Ouais parce que ça ne s'était pas vraiment passé comme ça. Guillermo avait fini chez moi parce qu'on ne peut pas décemment tuer un enfant. Voilà tout... Mais devant le juge on allait devoir un peu travestir l'histoire...

Ça n'empêchait qu'il y avait toujours un hic. Je n'avais aucune envie qu’on fouille dans le passé de Guillermo. Je ne voulais pas que les Les Diablos soient touchés directement par ce procès... Mais Louis déclara qu'on ne pourra pas passer à côté de ça. Que les gens allaient creuser... Que j'allais passer pour le déserteur...

Et j'eus la nausée... Parce que si tout semblait aller jusqu'ici cette information me fit comme une douche froide.

Je ne savais quoi dire... A cause de moi, mes amis allaient peut-être se retrouver, eux aussi, devant le juge et ajouter à ça que j'allais devoir me faire passer pour le pire des déserteurs...

C'était pas simple à encaisser... Alors je restais totalement sans voix devant Maitre Louis…

Et c’est là-dessus que Louis me chassa presque en clamant qu'il était payé à l'heure... Je sortis de son bureau encore un sous le choc avant de rejoindre ma voiture.

Une fois  dedans je dû prendre une grande inspiration pour ne pas vomir...

Quand je me fut repris, je démarrai en me disant que ce procès allait être bien plus éprouvant que prévu.

@ Billy Lighter