Les nouvelles déboulaient depuis le coup de fil de Finan et je n’en étais pas surprise. J’aurais espéré que la rumeur ne sortie pas aussi rapidement mais dans ce milieu-là, tout va tellement vite qu’on a pratiquement même pas le temps de penser à commettre un geste qu’il se retrouve à la une d’un tabloïd ! Je n’avais rien dit dans la voiture en ramenant Finan, après être allé payer sa caution, mais dans ma tête, je pensais à comment j’allais éteindre tous ces incendies.

Ça m’avait grugé toutes mes énergies pendant la soirée, et même la nuit et, au matin, d’entendre la nouvelle à la radio et la lire dans les journaux avait fait grimper mon anxiété et une certaine forme de colère qui grondait en moi.

Je n’étais pas en colère à proprement parler contre Finan mais contre la situation qui aurait tellement pu être évité ! C’était inscrit dans le ciel et dans les astres ! Cela pendait au bout du nez de Finan, je le lui avais dit lors de l’une de nos premières rencontres qu’il ne pourrait pas mener ses deux vies de front dans que l’une ne force le retrait de l’autre !

J’attendais donc le groupe, installée dans mon bureau, avec beaucoup d’appréhension. Je ne savais pas si Finan aurait parlé à Ivar et comment aurait réagit Tiffany. C’était très délicat mais en même temps, je ne pouvais pas broder de la dentelle autour de cette situation. Nous devions convenir d’une déclaration faite au nom du groupe et d’une marche à suivre qui permettra de faire oublier l’arrestation de Finan.

Il n’était pas le premier chanteur à se retrouver en mauvaise posture, le public pouvait se montrer indulgent. Howard Stone était le meilleur exemple pour ce genre de situation à la différence près qu’Howard Stone n’avait jamais eu un procès pour coup et blessure ayant entrainés des lésions permanente.

Ils arrivèrent, et je les laissais s’installer devant moi, les regardant l’un, puis l’autre, ressentant avec regret une certaine tension entre Tiffany et Finan. La jeune femme avait intentionnellement pris un fauteuil, obligeant Ivar à être assit entre Finan et elle. Je pouvais comprendre comment elle se sentait.

- Bon matin à vous trois.

Je me redressais sur mon fauteuil avant de me pencher et de sortir de mon porte document, un dossier duquel je sortis une feuille de leurs prochains engagements, une copie pour chacun d’entre nous.

- Alors… L’entrevue radio avec Kelly Brown, annulée. La prestation au McCarty Show, annulée. La performance chez Empire Records ainsi que la séance d’autographes sont aussi annulées en fait, je pourrais continuer la lecture de votre calendrier date par date mais le plus simple est de vous dire que tout a été annulé.

Je ne leur disais pas tout ça pour enfoncer davantage le couteau dans la plaie mais pour leur faire comprendre l’urgence de la situation. Le groupe devait rebondir et très rapidement et je comptais me servir du don que ferait Finan à un organisme venant en aide les familles de victimes d’actes criminels comme un premier pas vers leur rédemption car, même si Finan était le seul à avoir fauté, les répercussions retombaient sur le groupe au complet.

- Il vous faudra faire un communiquer de presse, parler d’une voix commune pour faire comprendre aux fans que vous êtes sincèrement désolés des derniers évènements et que vous prenez très au sérieux la situation.

Je posais la feuille sur mon bureau et je croisais mes bras, ne sachant comment les aborder. Tout ceci me désolait, je savais combien ils avaient travaillé dur et tout juste l’album sortit, cette énorme tuile leur tombait dessus.

- Écoutez… Moi mon job, c’est l’image, votre image. Mon travail c’est aussi de faire les relations, de dénicher des contrats et de faire en sorte que votre réputation n’entache pas votre renommée. Ce que vous faites dans vos vies ne me regarde strictement en rien sauf… et j’insistais sur le sauf quand ce que vous faites viens foutre en l’air le travail que nous faisons les quatre ensemble. Alors je suis là, et j’attends que vous me parliez de ce qui se passe. Qu’on y trouve des solutions, ensemble.

-Oh merde !

Je sautai hors du lit et ne pris même pas le temps de prendre une douche… J’allais être en retard au rendez-vous avec Samantha si je faisais ça. Alors j’avais enfilé les premiers vêtements à ma portée, avait embrassé Vanya qui rigolait, toujours dans le lit… Puis j’avais emporté la version de notre tout premier album que j’avais reçue hier chez MTI !

J’arrivais devant le bureau de Samantha, tout fier, un grand sourire aux lèvres et en brandissant l’album !

-Regardez ça ! Regardez ça ! C’est notre bébé ! Notre tout premier bébé ! On peut être fiers ! Moi je vous le dis. Tes chansons sont géniales Finan.

Mais mon sourire s’effaça un peu devant le manque de réaction du reste de The Warriors… Tout comme ils n’étaient pas assis l’un à côté de l’autre mais à distance…

-Hey… Ça va ? Y a de l’eau dans le gaz ? Dites-moi qu’il n’y a pas de l’eau dans le gaz.

Ce serait très mauvais pour le groupe… Et ce alors que l’humeur devait être à la fête !

Mais je n’eus pas le temps d’avoir la réponse à mes questions qu’on du entrer dans le bureau de Samantha… Samantha qui avait les traits tirés comme mes deux compagnons… Je n’avais aucune idée de ce qui se passait, je venais de me réveiller, je n’avais pas encore eu le temps de lire L.A.People.

Et moi et mon album sous le bras, fier comme Artaban, on commençait à déchanter.

Tiffany et Finan prirent place de sorte à ce que je n’aie pas le choix que de me retrouver entre eux deux. Je les regardai tour à tour mais ils ne se regardaient même pas… Ils avaient les yeux braqués sur Samantha.

-Bonjour Samantha… Quelque chose ne va pas ?

Elle sorti une feuille d’un dossier et commença à énumérer tout plein d’événements, tous annulés. J’ouvris de grands yeux.

-Mais… mais… Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ?

Samantha parla d’un communiqué de presse pour nous excuser.

-Pour nous excuser de quoi ?

Mais Samantha continua en disant qu’elle était là pour préserver notre image, même si ce qu’on faisait de notre vie privée de la regardait pas… Sauf si ça entachait le groupe.

Là, je me levai.

-Ok ! Stop ! Je veux comprendre. Qu’est-ce qu’on a fait de mal…

Je regardai Tiff puis Finan.

-Et pourquoi vous vous comportez comme si c’était fini entre vous ?

J’avais reçu un appel de Finan pendant que j’étais sorti. J’étais allé faire des courses avec Guillermo et il avait fallu que Finan choisisse ce moment-là pour me donner de ses nouvelles, quoi qu’en fait, ce n’était pas le coup de fil que j’espérais. Il ne faisait que me m’informer que nous avions rendez-vous avec Samantha Mancini, demain à 9heures.

Vu la une du dernier L.A.People qui m’avait sauté en plein visage à l’épicerie, je me doutais bien de quoi elle voulait nous entretenir et ça me rendait nerveuse. Je pouvais entendre d’ici le discours de notre manager mais ce que je redoutais, c’était la réaction de Finan parce qu’avec moi, ça n’avait pas été un succès.

Le pire là-dedans, c’est que nos mensonges allaient forcément nous éclater en plein visage et que je ne saurais pas regarder Ivar dans les yeux. Lui qui devait simplement jubiler de savoir notre album dans les bacs, il va vivre ça comme une véritable trahison. En tous les cas, ça risque pas de ressembler à un party de fin d’année.

Guillermo m’avait promis de rester très sage à la maison. Je me voyais pas demander un coup de main à Vanya pour le surveiller, puis je devais lui prouver que je savais lui faire confiance. Nous allions bâtir un tout autre genre de relation, il fallait commencer par mettre les bases et la confiance en faisait partie.

Je m’étais rendue en taxi chez MTI et étais arrivée pratiquement en même temps que Finan et Ivar. La joie de ce dernier brandissant notre disque aurait été contagieuse mais le fait était que j’étais complètement démolie par toutes les tuiles qui nous tombaient dessus à Finan et à moi, dernièrement que je ne savais même pas feindre un sourire.

- C’est bien, très bien.

C’est tout ce que je trouvais a lui répondre et j’évitais soigneusement de regarder Finan parce que, que je le veuille ou non, mon regard aura l’air de lui dire «Je te l’avais dit, mais tu n’as rien voulu entendre! ». Et Ivar de demander s’il y avait de l’eau dans le gaz…

- S’il n’y avait que de l’eau…

Ça s’arrangerait ! Mais là, il y avait pas que ça et je ne savais pas par où commencer pour simplement savoir si ça pouvait s’arranger.

Il fut temps d’entrer dans le bureau de Samantha et je fis en sorte de ne pas m’installer à côté de Finan, laissant à Ivar le soin de servir de bouclier, mon pauvre ami. Comme s’il le voyait venir, il prit parole pour demander si quelque chose n’allait pas à Samantha qui ne tarda pas à éplucher notre calendrier en énumérant tous nos engagements qui venaient d’être tout simplement annulés.
Je ne disais pas un mot.

Je regardais droit devant moi mais de grosses larmes coulaient silencieusement sur mes joues. Puis je posais ma main sur le bras d’Ivar qui demandait ce qu’on avait fait pour mériter ça.

- Tu n’as pas lu L.A.People ?

En même temps, j’étais surprise que Vanya ne soit pas déjà au parfum. Après tout, elle était journaliste culturel.

Samantha avait continué, comme si je n’étais pas intervenue, expliqua que nous devions faire un communiqué de presse pour demander platement à nos fans de les avoir déçus avec la bourde monumentale de Finan parce que, oui, elle lui appartenait à lui et lui seul mais c’était sur nous trois que cela retombait.

En dedans de moi, j’étais furieuse ! Quand j’avais dit à Finan que tôt ou tard, ça allait finir par éclabousser le groupe et qu’il m’avait accusé de m’en faire pour notre image, peut-être qu’il voyait ce que je voulais vraiment dire. Oui, l’image en prenait pour son rhume mais Ivar et moi avions rien à nous reprocher et nous risquions de tout perdre.

Ivar s’était levé, en colère de ne rien comprendre, et demanda aussi pourquoi Finan et moi nous comportions comme si nous avions rompu.

- Demande à Finan, je ne sais même pas quoi te répondre à ça.

Putain de Sørensen !!

C’est ce que j’avais pensé en lisant L.A.People ce matin… Un L.A.People qui soulignait à la fois ce que j’avais fait l’autre nuit mais, aussi, avait déballé mon affiliation aux Los Diablos. Il faisait même mention de la drogue que j’avais sur moi ! Alors que, finalement, je m’en sortais bien mieux que ce qu’Amon avait relaté. Un Amon qui allait m’entendre la prochaine fois que j’allais le voir !

J’avais frotté mes yeux devant l’article… J’avais encore très peu dormi cette nuit vu que, ce matin, j’avais rendez-vous avec le groupe et que, après avoir lu ça, je n’étais plus si sûr que les choses allaient si bien se passé.

Je n’arrivais même pas à me réjouir de la sortie de notre album… Pas du tout. Pourtant, ça aurait dû être un jour de fête.

Mais il avait suffit d’un insulte de la part d’un abruti d’aryen pour que les choses en soient tout autrement…

Hier, j’avais téléphoné à Tiffany pour lui faire part du rendez-vous sans en dire plus. J’avais envie de la revoir mais m’était d’avis que tout ce que j’avais fait n’allait faire qu’empirer les choses. Alors, j’avais préféré ne rien lui dire sachant très bien que ça n’était pas une meilleure tactique.

Et, avant de lire L.A.People, je pensais que je n’aurais que la colère de Samantha et Tiffany a gérer… Mais j’aurais aussi celle d’Ivar… Parce que, si j’étais sûr qu’il aurait pu me pardonner pour ce que j’avais fait à cet aryen, il me pardonnera certainement beaucoup moins de faire partie des Los Diablos.

C’est, donc, avec une boule au ventre et de la fatigue accumulée que je m’étais présenté devant le bureau de Samantha un rien avant Tiffany et Ivar qui ne tardèrent pas à arriver eux aussi.

Un Ivar qui avait un grand sourire aux lèvres et notre album en main. Je n’osais pas croiser le regard de Tiffany… Quant à Ivar, vu son enthousiasme, j’étais quasi sûr qu’il n’avait pas lu L.A.People et qu’il ne savait, donc, rien de ce qu’il se tramait.

Du coup, je n’avais même pas le cœur à répondre à tant d’enthousiasme… Je dis juste un vague et sans réel motivation :

-Merci, Ivar…

Vu qu’il m’avait fait un compliment. Mais Ivar était très loin d’être un idiot et il remarqua bien vite que quelqu’un chose n’allait pas. Il demanda, donc, s’il y avait de l’eau de la gaz.

J’allais répondre…

Mais Tiffany déclara qu’il y avait plus que de l’eau. De quoi me faire soupirer de fatigue et d’exaspération.

Je n’eus pas le temps d’extrapoler qu’on entra dans le bureau de Samantha. J’avançai vers un chaise et Tiffany se mit clairement à la chaise opposée laissant une seule chaise à Ivar : celle entre nous…

Comment on en est arrivé là, en fait ?

A cause de l’aryen…

Non, je n’aurais pas frappé l’aryen si je n’avais pas décidé de partir… Et si j’avais décidé de partir c’est parce qu’on s’est disputé avec Tiffany suite à ma conversation avec Sky…

Sky, donc… C’est la faute de Sky. Non. La mienne. Parce que je suis un Los Diablos.

En tout cas, quoi qu’il en soit, on en était là.

-Salut, Samantha…

Je répondis, à nouveau, sans aucun enthousiasme. Et Samantha se mit à nous énuméré tous les interviews annulées… Et il y en avait un paquet. Je soupirai. Pourquoi ? Parce que j’avais frappé un aryen ? Non… Certainement parce que j’étais un Los Diablos et que la réputation des Los Diablos n’était plus à faire.

Bref, tout était annulé…

Et Ivar ne sachant absolument rien se demandait bien pourquoi on avait mérité ça. Lui, n’avait pas mérité ça. Tiffany non plus… Quant à moi… J’avais visiblement merdé de bout en bout.

Tiffany demanda alors si Ivar n’avait as lu L.A.People. C’était évident que « non ». Mais Samantha continua à nous expliquer ce qu’on allait faire. D’abord, communiqué de presse pour s’excuser…

S’excuser de quoi ? Ce que Ivar avait dit tout haut, je le pensai tout bas… On va dire quoi ? « Finan Quinn s’excuse d’avoir frappé cet aryen qui avait menacé sa petite-amie. Ça ne se reproduira plus… Et pour montrer notre bonne foi, nous allons faire un don à ces pauvres petits suprématiste. Ah et au New Soldados aussi qui, ont, eux aussi, été lésé dans l’aventure ». Parce que, si j’étais désolé que tout ça se soit fait aux yeux de tous et que ça impact à ce point le groupe, je ne regrettais pas que Josh ait eu la monnaie de sa pièce.

Sauf s’il fallait que je m’excuse pour mon appartenance aux Los Diablos… Là, ça serait encore plus bizarre et ça sonnerait faux.

Samantha disait que son job c’était de gérer notre image. Et elle rappela que ce qu’on faisait dans nos vies privées ne la regardais pas… Sauf si ça impactait le groupe.

Or, là, ma petite virée au Dizzy impactait le groupe. Mais je savais bien que Samantha voyait les choses plus largement… Ce n’est pas tant ce qu’il s’est passé au Dizzy, le problème, mais mon appartenance même aux Los Diablos… Et on aurait pas tant d’annulation si Amon n’avait pas précisé ce fait.

Je me frottais les yeux alors que Samantha était en quête de solution. Mais Ivar, lui, avant toute chose, voulait comprendre. Il s’adressa alors à Tiff et moi demandant pourquoi on agissait comme si c’était fini entre nous.

Ce n’est pas fini entre nous.

Pas que je sache…

Mais Tiff déclara alors qu’elle ne savait quoi répondre et qu’il fallait mieux me demander à moi.

Très bien !

J’ai compris !

Je fixai Ivar d’un regard à la fois fatigué, agacé et désabusé.

-Ce qui se passe, c’est que Tiffany et moi, on s’est disputé. Que j’ai décidé de prendre du recul, que j’ai fais une virée au Dizzy Warhol avec mes amis, qu’un aryen nous a abordé et à menacé d’aller faire du mal à Tiffany, que j’ai pété un câble et lui ait massacré sa figure, que les flics m’ont arrêté pour coup et blessure réciproques, que je passe au tribunal dans quelques mois et que…

Je fixai Ivar, me débordai à son regard un petit moment avant de le fixer à nouveau et trouvai, finalement, le courage de lui dire :

-Je fais partie des Los Diablos… Détail, qui, je l’imagine, a provoqué toutes les annulations. Vu que L.A.People s’est pris un malin plaisir à le dire à tout le monde en exagérant aussi, les raisons pourquoi j’ai été arrêté.

Non. L.A.People n’avait rien exagéré du tout… Mais je n’avais pas envie d’entrer dans les détails de comment ma peine n’avait presque plus rien n’à voir avec ce pourquoi j’ai été arrêté.

Je fermai les yeux brièvement avant de les rouvrir…

-Je suis désolé, Ivar…

Qu’est-ce que je pouvais dire, d’autre, en fait ? A part m’excuser… Je fixai, ensuite, Samantha n’osant, toujours pas, regarder Tiff…

-J’ai merdé… Je sais… Mais je t’avoue que je ne sais absolument pas comment est-ce que tu veux faire une lettre d’excuse sans que ça paraisse un peu hypocrite…

Très hypocrite…

J’avais devant moi, le trio de l’heure dont seul Ivar portait fièrement le sourire. Malheureusement, et je dois bien avouer que cela me fendit le cœur, son sourire ne dura pas très longtemps. Déjà, la tension entre Tiffany et Finan était palpable mais je n’avais pas la meilleure des mines et cela devait se lire sur mon visage que j’étais porteuse de mauvaises nouvelles.

Je commençais donc en énumérant les engagements qui s’étaient vu annuler dans les dernières heures. Ça n’avait pas été long que le calendrier bien garni de The Warriors avait fini par ressembler à une page vierge, comme s’ils s’étaient tous donner le mot.
C’était désolant !

Finan, Tiffany et Ivar avaient travaillé très fort pour sortir un album magnifique et tant attendu après le premier single du chanteur, alors solo.

Ivar était consterné, il ne comprenait pas ce que le groupe avait fait pour mériter cela, alors que Tiffany elle, fixait droit devant en encaissant la nouvelle. Elle devait s’y être mentalement préparée, elle qui étant fille de politicien savait mieux que les deux autres qu’un fallait des années à bâtir une réputation et une fraction de seconde pour la faire s’écrouler comme un château de cartes. Finan, lui, avait le regard fermé. Il m’était difficile de dire si c’était parce qu’il encaissait tout ce qui lui tombait dessus ou bien s’il ruminait en se disant qu’il n’avait rien fait de mal.

J’expliquais aux trois moineaux ce que j’envisageais. Ils devaient émettre un communiqué de presse dans lequel ils allaient offrir leurs plus plates excuses et s’engager à adopter un comportement irréprochable. Finan avait merdé, pas Tiffany, non plus Ivar mais ils formaient un groupe et, malheureusement pour eux, le public allait les associés tous les trois.

Puis Ivar s’emporta et demanda qu’on lui dise exactement de quoi il en retournait avant d’ensuite questionner ses amis sur l’état de leur relation. Ce n’était pas à moi de lui faire un dessin, alors je me reculais dans mon fauteuil et attendit pour voir qui de Finan ou de Tiffany plongerait, je ne m’attendais cependant pas à ce que Tiffany laisse Finan de jeter seul à l’eau. Elle m’avait sembler être une fille plus téméraire qui n’avait pas peur de dire les choses comme elles se devaient de l’être. Peut-être avait -elle trop de difficulté à percuter la situation, surtout si son couple s’en ressentait.

J’écoutais Finan déballer toute l’histoire et je sourcillais non sans résister de taper de la main sur ma cuisse quand il aborda son affiliation aux Los Diablos comme un détail!

- Un détail ?! UN DÉTAIL !? Un détail Finan c’est quand on oublie d’apporter une bouteille de vin à un repas chez des amis ! C’est quand on décide de ne pas prendre le temps de se coiffer avant de sortir ce sont de petites choses insignifiantes qui peuvent se solver d’elles-mêmes ou très rapidement. Faire partit d’une organisation criminelle ce-n’est-pas-un-détail ! Je sais de quoi je parle !

Oui, j’étais grimper sur mes grands chevaux ! Et plus encore quand il ajouta que de faire une lettre d’excuse serait hypocrite.

- Faire amende honorable n’est jamais hypocrite ! Tu n’as pas non plus envie de demander pardon à Ivar et Tiffany qui paient pour tes choix ? Tu ne te sens aucunement responsable de ce qui arrive ? Ah mais non parce que ce n’est qu’un détail !!!! Et l’œil qu’à perdu l’homme que tu as tabassé est loin d’être un détail aussi, soit dit en passant, non plus une exagération de L.A.People !

Je passais mes mains dans mon visage en réprimant une envie féroce de pousser un hurlement de rage.  J’inspirais, puis expirais pour reprendre mon calme. Finan avait besoin d’un petit tête-à-tête avec sa conscience !

- J’étais de la Casa Nuova. Ce n’est pas un secret pour personne, je pense. Mon défunt mari, Mario Conti avait caressé le rêve de quitter sa famille pour me protéger moi et notre fils. Je m’y suis férocement opposé. Avec le recul et tout ce que je sais aujourd’hui, je sais que c’était la pire décision de toute ma vie ! Je ne pouvais pas me résoudre à quitter une famille qui nous avait tout donné. Un toit. De l’argent. Un sentiment puissant d’appartenance. Pourtant c’est aussi cette famille, ou plutôt à cause de cette famille que mon mari et mon fils ont été assassiné. Je serais morte moi aussi si un contre temps ne m’avait pas retenu à la maison.

C’était bien évidement pour Finan que je disais tout ça, pour qu’il se rende compte que je savais dans quelle position il se trouvait, que le conflit de loyauté qui pesait sur lui le poussait à mal évaluer ses options.

- Je comprends que les Los Diablos sont ta famille et tes amis, mais ce que tu bâtis ici avec Tiffany et Ivar devrait compter suffisamment pour que tu prennes une décision. Sois-tu quitte ta famille et tu vole de tes propres ailes, soit tu reconnais t’être tromper et tu dissous le groupe que tu viens de fonder. Le fait est qu’en se moment, tes deux vis viennent de se percuter et qu’elles ne peuvent pas co exister surtout depuis que le fait que tu sois un Los Diablos soit devenu public. Il va m’être extrêmement difficile de faire voyager le groupe en dehors du pays sans que tu sois constamment fouiller et retenu aux douanes. Chaque fois que tu iras dans un bar, que tu emprunteras une ruelle, tu risque d’être suivis, épié mais pas comme une célébrité l’est en étant déjà sous les spotlight, non ! Mais par les forces de l’ordre, par des journalistes fouille merde de la trempe de Sørensen qui n’attendront que ton prochain faux pas.

Je m’étais adressé beaucoup plus à Finan qu’aux deux autres mais il fallait que je remettre les pendules de Finan à la bonne heure. Surtout quand il avait parlé de détail, ça m’avait fait grincer des dents à un point tel que je n’avais pu faire autrement. Je regardais ensuite Ivar qui devait encaisser vraiment beaucoup, et Tiffany qui ne retenait plus ses larmes.

- Tout ce que je demande, c’est d’unir nos forces pour rebondir ! Vous êtes talentueux vous avec un album absolument magnifique entre les mains. En agissant méthodiquement et consciencieusement, nous pouvons rattraper le coup, j’en suis certaine ! Mais… Aidez-moi à vous aider !!

J’étais le seul à être enthousiaste à l’idée que l’album soit sorti quand je fus arrivé ! Moi, je croyais que Samantha nous avait convoqués pour nous féliciter pour ça ! Parce qu’on le méritait ! Parce qu’on avait travaillé dur !

Mais l’ambiance… c’était comme s’il y avait eu un mort. Et puis Finan et Tiff agissaient comme si c’était terminé entre eux… Ce qui la foutrait mal pour le groupe.

Mais quand je demandai s’il y avait de l’eau dans le gaz, je n’eus qu’une vague réponse de Tiffany… une réponse qui ne voulait rien dire.

Quand on entra dans le bureau de notre manager, elle non plus n’avait pas l’air contente… Et Tiffany regardait droit devant elle, mais je ne ratai pas les grosses larmes qui coulaient sur ses joues et qui me laissèrent bouche bée.

Elle me demanda si je n’avais pas lu L.A.People… Je hochai négativement la tête.

-Ben non ! Je viens de me lever… J’étais à la bourre et Vanya était aussi encore au lit… J’ai à peine eu le temps de prendre une douche… Alors lire L.A.People !

Je regardai Samantha.

-Pourquoi ? Qu’est-ce qu’ils ont raconté sur nous ? On a rien fait… Sauf sortir un super album !

Et quand je demandai qu’on m’explique, me levant de ma chaise sous l’effet de l’émotion, on me renvoya à Finan.

Finan qui avait mis une raclée à un aryen. Finan qui avait été arrêté et devrait passer au tribunal.

Mais surtout…

Finan qui était un Los Diablos.

Je me rassis.. Ou plutôt, me laissai retomber sur mon siège, bouche bée… D’abord, je ne savais pas quoi dire… Puis finalement, je retrouvai ma langue.

-Mais… Tu ne vas pas aller en prison, quand même ?! Les flics vont t’arrêter s’ils savent que tu es un Los Diablos.

Je frappai mon front d’une main.

-J’en reviens pas.

Finan était désolé il disait qu’il savait qu’il avait merdé mais que de rédiger une lettre d’excuse serait hypocrite.

-Pourquoi ? Tu aimes être un Los Diablos ? C’est hyper dangereux ! Puis c’est mal ! Et puis… Tu ne vends quand même pas de la drogue ! Et puis on a le groupe maintenant ! Tu n’as plus besoin de ça pour survivre !...

J’avais les yeux mouillé mais me retenait de pleurer.

-Puis tu vas te marier, Finan…

Samantha était offusquée que Finan prenne son affiliation aux Los Diablos comme un détail… Elle s’emporta même un peu… Et elle faisait peur quand elle s’emportait. Je passai ma main dans le dos de Tiff pour la consoler pendant que Samantha racontait comment ça s’était passé pour elle avec la mafia.

Mais c’était surtout à Finan qu’elle s’adressait…

Je l’écoutai jusqu’au bout… Et elle termina en disant que nous devions unir nos forces pour rebondir. Je hochai la tête avec détermination.

-On fera tout ce que tu voudras, Samantha…

Je me tournai vers Finan, ma main caressant toujours le dos de Tiff.

-Pas vrai, Finan ? Je n’ai pas envie que tu finisses en prison ou encore pire ! Mort dans une ruelle… Et puis… je serais triste qu’on doive démanteler le groupe. Tu es quelqu’un de bien, Finan, je ne comprends pas comment tu as pu finir là-dedans.

Ivar ne comprenait rien de ce qui se passait, c’était crève-cœur que d’entendre son bonheur se dégonfler aussi rapidement. J’aurais voulu le prendre dans mes bras et le consoler mais je n’arrivais même plus à me gérer moi-même alors je me voyais très mal essayer de réconforter Ivar, ça aurait probablement eu l’effet inverse.

Mon ami avait beaucoup de questions et je n’avais que très peu de réponses car elles ne m’appartenaient pas ! C’était à Finan de crever l’abcès et de tout révéler. Et il le fit. Seulement, il trouva encore une façon de minimiser ses actes, en fait, en l’écoutant, c’était comme s’il fallait en vouloir à L.A.People pour avoir sortit son histoire.

Quand je l’entendis dire qu’il se voyait mal rédiger une lette d’excuse, que ce serait même hypocrite de le faire, je ressentis une vive douleur dans l’âme. Je l’interprétais comme une trahison envers moi et Ivar. Il refusait de demander pardon pour ses choix mais ne se sentait pas désolé pour ce que tout cela nous faisait, à Ivar et moi !

Ivar posait de bonnes questions à Finan, des questions légitimes auxquelles Finan n’avait plus le droit de se défiler et, quand il ajouta qu’en plus, il allait se marier, je laissais échapper un sanglot. Était-ce encore d’actualité ?

Je commençais à en douter. De toute évidence, Finan ne retrouvait pas avec moi le bonheur que lui procurait le fait d’être un Los DIablos.

Samantha s’emporta et heureusement qu’elle le fit parce que j’étais sur le point d’éclater et ça aurait été beaucoup moins contenu qu’elle. Notre manager exprima cependant exactement le fond de ma pensée et c’était réconfortant de voir que je n’étais pas la seule à avoir ce discours, autant que de senti la main d’Ivar dans mon dos. Je le regardais, complètement désolée. J’aurais voulu avoir la force de le soutenir lui aussi !

Samantha était la mieux placée ici pour comprendre Finan. Elle raconta qu’elle-même avait refusé que son mari quitte la ma fia pour elle parce que pour elle, abandonner une famille, ça ne se faisait pas. Seulement, elle avait dû se rendre à l’évidence que c’était exactement ce qui avait coûté la vie de son mari et de son fils.

Elle avait raison en disant que ses deux vies venaient de percuter et qu’elles ne pouvaient coexister. Sa célébrité serait une entrave pour ses activités de criminel et sa vie de Los Diablos viendrait toujours se mettre dans les roues du charriot de The Warriors. Finan ne semblait pas comprendre qu’un choix s’imposait.

Je fis glisser ma main jusqu’à celle d’Ivar et la serra doucement dans la mienne. Nous étions dévastés et sous le choc et moi, contrairement à Samantha, je voyais mal comment nous pourrions récupérer le coup. Surtout que j’avais eu une conversation avec mon père qui croulait déjà sous les demandes d’interviews et les attaques de ses adversaires politique.

Samantha montra un petit peu d’espoir en disant que, si nous unissions nos efforts, nous pourrions rebondir et nous sortir de ce merdier mais que pour cela, nous devions l’aider à nous aider. Autrement dit, elle ne pourrait pas faire d’effort si nous, de notre côté, ne bougions pas.

Je ne voulais pas me montrer pessimiste ni enfoncer le clou mais, si pour Ivar et moi ça semblait évident, ce que nous devions faire, notre sort demeurait néanmoins entre les mains de Finan et si je me fiais à ma conversation qui avait menée à notre querelle, je ne miserais même pas un vieux dollar sur l’avenir de notre groupe.

- Je veux faire en sorte que cela fonctionne, mais je ne sais pas si ça compte vraiment pour Finan.

Ivar espérait que Finan lui dise qu’il était d’accord car il craignait qu’il ne finisse en prison ou pire. Je ne pu m’empêcher de repenser à ce que Ward et sa femme m’avaient dit et même répéter. Pour quitter les Los Diablos, Finan devra mourir car autrement, ce n’est pas possible.

- On m'a dit que le seul moyen de quitter les Los Diablos, c'était en mourant. J'ai donc bien du mal à exprimer de l,espoir, en ce moment.

Je n’avais pas regardé Finan bien que je m’adressais à lui.

Ivar n’avait pas lu L.A.People et était donc complètement perdu. Il ne comprenait pas d’où venait toutes ces annulations. Et il réclamait, bien entendu, des explications. Et c’est à moi qu’on renvoya la balle. Tiffany n’avait, visiblement, pas envie de s’étaler sur le sujet.

Alors, je me lançai. Je balançai tout. Sur l’aryen que j’avais démoli et sur mon affiliation aux Los Diablos. De toute façon, il suffirait à Ivar d’ouvrir L.A.People pour le savoir. Alors autant tout lui dire.

Et ça le fit retomber sur sa chaise. Il était abasourdi et je me dérobai à son regard. Sa première question fut de savoir si j’allais aller en prison. J’hochai négativement de la tête.

-Non. Ni pour l’aryen, ni pour mon affiliation aux Los Diablos. Pas de prison ferme, en tout cas. Les flics ne peuvent pas m’arrêter sans preuves. Ils savent que je suis un Los Diablos mais n’ont pas de preuves tangibles. Puis, pour attraper des plus gros poissons il faut laisser les petits dans la mare.

Même si… Comme me l’avait si bien rappelé Keller, je n’étais pas le plus petit poisson. Mais je n’étais pas le plus gros non plus. Eux, ils préféraient chopé Alonso ou Fleming. Quant au vraiment plus gros poisson, ils n’ont strictement aucune idée qu’il vit dans un palace à Malibu.

Ivar n’en revenait pas… Et si je m’excusai, je finis par dire que la lettre d’excuse serait clairement hypocrite… Du coup, Ivar demanda si j’aimais être un Los Diablos. Mais ce qui fit le plus mal c’est quand il souligna que j’allais me marier et que Tiff lâcha un sanglot qui, même si je ne la voyais pas, me prouvait qu’elle pleurait. Je fermai d’un coup les yeux avant de soupirer.

-Les choses, sont compliquées…

Pas pour le mariage mais pour son autre question. Est-ce que j’aimais vendre de la drogue ? Pas forcément… Est-ce que j’aimais devoir tuer, de temps à autre, des gens ? Pas du tout… Je détestais en arriver là. Ce n’était pas le job que j’aimais mais l’appartenance. Depuis que ma mère était morte, c’était la seule fois où j’avais appartenu à quelque chose. J’y avais trouvé ma place et on ne peut pas quitter 13 ans de vie sans un pincement au cœur.

Bref, c’était difficile.

Mais mes paroles eurent tôt fait de faire s’emballer Samantha. Je relevai le regard sur elle alors qu’elle ne voyait pas mon affiliation comme un détail. Elle parla des excuses que je devais à Ivar, de l’état de l’aryen, de toute un tas de chose qui faisait que rien n’était un détail. Je me frottai les yeux ne m’attendant pas à ce qu’un de mes mots puisse la faire fulminer à ce point.

Et elle prit son histoire personnelle pour illustrer ses paroles. Je ne connaissais pas toute son histoire. Tout ce que je savais c’était qu’elle avait été marié au fils ainé du parrain de la Casa Nuova. C’est tout. Mais je ne savais pas que Mario Conti avait voulu quitté la mafia pour Samantha et leur fils. Je ne savais pas que Samantha avait refusé et que Mario Conti ainsi que leur fils avait finit par mourir tragiquement. Et je savais exactement ce qu’elle essayait de me faire comprendre par là…

Je ne la coupai pas parce qu’elle n’avait pas fini. Elle me fit par de toutes les contraintes auxquelles j’allais devoir faire face en tournée si jamais je continuais à mener mes deux vies de fronts.

Bref, ce qu’elle voulait, c’était que je fasse un choix. Ce n’était pas dit clairement mais je l’entendais bien. Même si son discours final fut qu’on devait unir nos forces pour sortir du merdier dans lequel je nous avais mis en pétant un câble parce que cet aryen avait été plus malin que les autres. Il en avait perdu un œil mais j’étais sûr que Fleming allait bien le récompenser pour ça.

Ivar était prêt à faire ce que Samantha voulait. Il disait qu’il avait pas envie que je finisse en prison ou, pire, que je meurs. Il ne comprenait pas. Il disait que j’étais un type bien. Certainement pas aussi bien qu’il le pensait.

Tiffany aussi voulait faire en sorte que ça fonctionne… Mais elle pensait que ça ne comptait pas pour moi. Ce n’était pas juste. Elle savait que je tenais au groupe, à elle, à Ivar et même à Guillermo. Mais ce qui me fit me retourner, pour la première fois, vers elle, ce fut quand elle dit qu’on lui avait dit que c’était en mourant qu’on quittait les Los Diablos.

J’avais dit ça ? Non… Je ne pense pas. J’avais dit que j’avais du mal de les quitter parce que c’était mes amis…

-Qui t’as dit ça ? Guillermo ?

Peut-être bien… Quoi qu’il en soit, je soupirai avant de me frotter les yeux. Et c’est Ivar que je finis par regarder.

-J’ai finis là-dedans parce que, à ma sortie de l’orphelinat à 18 ans, j’étais paumé. Je n’avais pas de famille, aucune attache… Rien. Jusqu’à-ce que je tombe sur…

Je fis la moue… Envoyait un regard à Samantha avant de reposer mon regard sur Ivar.

-Le second des Los Diablos. Il m’a proposé un job. Celui de devenir Los Diablos. J’étais jeune et paumé alors j’ai accepté. J’étais doué pour dealer et j’étais plutôt baraqué par rapport aux autres latinos alors j’étais un bon élément. Il n’a pas fallu longtemps avant que je m’adapte et les Los Diablos sont rapidement devenu, pour moi, comme un famille. Je sais… Ça n’a rien de glorieux. Mais je n’avais rien d’autre. Et quand on est bien quelque part, on cherche rarement à s’en aller. Sans compter que, avec le temps, j’étais devenu un des membres les plus importants. Des gens comptaient sur moi…

Je relevai le regard.

-Des gens comptent sur moi…

Mais ici aussi. Ivar, Tiff, Samantha… Ils comptaient sur moi. C’était bien ça le drame. Et c’est vers Samantha que mon regard se tourna, ensuite.

-Je sais… Je dois faire un choix.

Dans les deux cas, ça sera abandonner des gens.

-Et le choix aurait été bien plus simple si certaines personnes n’avaient pas décrété la guerre de gangs en échange de la vie de leur famille. Même si je comprends… On ferait tout pour sauver sa famille, n’est-ce pas ? Même fracassé la tronche d’un aryen.

Je parlais de Reed et Ricci. Pour ça que je regardais Samantha droit dans les yeux.

C’est, ensuite, vers Tiffany que je me tournai.

-Et, non, si je quitte le gang, personne ne me tuera. Pas des membres de mon gang. Je te rappelle que le second est mon meilleur ami et qu’il comprendra. Là n’est pas le problème, chérie. Le problème c’est que vous semblez tous croire que le danger sera totalement écarté si jamais je quitte les Los Diablos. Mais ça ne sera pas le cas. En 13 ans, je me suis fait des ennemis. Dont un qui ne sera totalement satisfait que lorsque je serais mort…

Ward Fleming. Un Ward Fleming que j’avais donné à Keller en espérant, je dois l’avouer, un miracle.

-Et si je quitte le gang… Je devrais vivre avec un constant sentiment de trahison d’avoir abandonner mes amis en pleine guerre… Mais…

Je fixai Tiffany.

-Mais je t’aime… Alors… Pour ça, je verrais quels sont mes options avec mon boss.

Il faudra que j’aille voir Jimmy Reed pour ça. Ça me permettra de lui dire ce que je pense.

Je fixai, ensuite, Ivar.

-Et je peux pas abandonner le groupe. J’ai pas envie de ruiner le travail des autres.

Je soupirai et fixai, finalement, Samantha.

-Alors… Ce communiqué ? On met quoi dedans ?

Parce que je ne voyais pas vraiment quoi dire…

Ivar n’était pas au courant de pourquoi j’avais fait demander cette rencontre de groupe ce matin. Finan les avait donc informés sans leur dire la raison. Je ne pouvais faire autrement que de trouver cela un peu lâche.

Ainsi donc, Ivar venait de se prendre en pleine gueule, un revers qu’il n’avait pas anticipé. J’aurais pu me sentir mal d’avoir commencé la rencontre en énumérant toutes les annulations mais non. En fait, je me sentais mal parce que je pouvais voir dans le regard d’Ivar et dans celui de Tiffany, l’ampleur de leur déception.

Ivar voulait savoir ce qui allait arriver, si Finan irait en prison et ce dernier disait que non car la police n’avait pas de preuve.

- J’espère que tu t’es tout de même trouvé un putain d’avocat requin parce que je trouve ça cher demandé 100 000 $ de caution quand on n’a pas de preuve.

J’omis volontairement d’enfoncer le clou et de parler de l’aryen qui avait perdu son œil. Il s’agissait là d’une agression physique ayant causé des séquelles permanentes. Il ne risquerait pas la prison à vie pour cela mais un petit séjour de quelques semaines en prison pouvait lui pendre au bout du nez. Après ça, bonjour le casse-tête pour lui faire passer les douanes, avec un casier judiciaire dans ses bagages !

Pour Finan, rédiger un communiqué de presse pour faire amende honorable et s’excuser de ses gestes serait hypocrite. Je pu voir une certaine déception passer sur le visage d’Ivar, comme si pour lui, son ami venait de confesser que les Los Diablos étaient plu important que leur groupe. Quant à Tiffany, ses larmes ne laissaient aucun doute sur tout ce qu’elle ressentait, surtout quand le bassiste parla du mariage.

Ensuite, Finan me fit sortit de mes gonds en parlant des Los Diablos comme d’un simple détail. Je ne pus m’empêcher de lever le ton pour lui faire comprendre que ce n’était pas un détail ! Son affiliation aux Los Diablos n’était pas si différente de ma propre histoire. Mario avait voulu quitter la Casa Nuova et couper les ponts avec sa famille pour nous protéger, notre fils et moi, mais j’avais refusé parce que dans mes valeurs, couper les ponts avec sa famille, ça ne se fait pas ! À l’époque, je ne savais pas tout ce que je sais aujourd’hui et sauf pour regarder en arrière avec des regrets gros comme l’univers en voyant ce que cette décision m’aura coûté, je ne peux que continuer d’avancer et vivre tous les jours du reste de ma putain de vie avec un double deuil sur le cœur.

- Ce n’est toujours que trop tard que l’on réalise l’ampleur des conséquences de nos choix.

Finan était dans une impasse qui ne se réglerait certainement pas aujourd’hui mais si nous pouvions avoir une idée de piste, ce serait un début. Je savais que le gouffre dans lequel ses actes avaient fait glisser le groupe était immense. L.A.People avait fait une belle job de salissage, mais d’un autre côté, n’avions nous pas tous mis en garde Finan que c’était exactement ce qui lui pendait au bout du nez ? Il avait dit pouvoir concilier les deux, comme si quelqu’un pouvait véritablement garder un secret à Los Angeles ! Même Jimmy Reed n’y était pas arrivé !

Je n’avais pas beaucoup d’option sauf de proposer que nous unissions nos forces pour les sortir de là. Ensemble, nous pouvions faire le ménage dans ce merdier, toute seule je n’y arriverais pas et ce serait tellement dommage avec l’album qui venait de sortir. D’ailleurs, parlant de l’album, j’avais peur de voir le hitparade de la semaine prochaine et de constater combien d’échelons au niveau des ventes il aurait dégringolé.

Ivar voulait tout faire ce qu’il était possible et je lui répondis d’un sourire. Je reconnaissais bien là son enthousiasme caractéristique. Tiffany cependant, admit que si elle voulait que ça fonctionne, doutait que ce soit réellement le cas de Finan. Ça sentait la rupture, j’osais espérer que ce ne fut pas le cas, sinon j’aurais un autre dossier complexe et pas du tout amusant à gérer. Puis, dans un soupire, elle ajouta que le seul moyen de quitter les Los Diablos, c’était en mourant ce qui ne manqua pas de surprendre Finan qui supposait que Tiffany tenait cette information de la bouche de Guillermo.

Je soupirais, sachant très bien que Tiffany avait raison, et que Finan mentait pour la rassurer, ou parce qu’il pensait vraiment et très naïvement que c’était possible. Oh, il y avait forcément des exceptions mais elles étaient rares ou alors, la vie faisait une fleur en vous laissant la vie sauve en plein massacre.

Ivar en revenait toujours pas de tout ce qu’il avait appris, non plus de comment un type comme Finan avait pu se retrouver là-dedans. Je regardais Ivar, tendrement, avec l’envie de lui dire que souvent, ça arrivait sans même qu’on s’en rende compte. Et que Finan ne s’était certainement pas levé un matin en se disant que ce serait chouette de vendre de la drogue et tabasser des gens qui lui devaient de l’argent. Finan expliqua sa propre histoire et l’acheva en disant que des gens comptaient sur lui.

- Nous comptons aussi sur toi, Finan… Je sais que la position dans laquelle tu te trouve est délicate, je le sais que trop bien !

J’étais de bonne foi jusqu’à ce qu’il me balance une pointe à peine camoufler qui se logea à la foi dans mon cœur et dans ma tête et qui passa près de me faire à nouveau monter sur mes grands chevaux.

- Je te demanderais d’être prudent dans ce que tu racontes, Finan. Ça ressemble presque à une accusation et si tu veux aller sur cette avenue, n’oublie pas que tu m’y entraine.

Je regardais Ivar et Tiffany, c’était moi maintenant qui devais des explications.

- Finan a dû assurer la protection de ma famille et celle d’une autre personne et je lui en suis reconnaissante. Cependant, Finan oublie de mentionner que je n’étais pas d’accord pour que ce soit lui et que je préférais nettement qu’il s’occupe de sa carrière. J’ai un ennemi commun au Los Diablos, quelqu’un qui ne rigole pas et qui a menacé de s’en prendre à ma famille entre autres.

Je ne voulais pas m’emporter, surtout que j’avais proposé il n’y avait même as deux minutes, de s’unir pour mieux rebondir.

Finan répondit ensuite à Tiffany en disant que personne n’allait le tuer s’il quittait les Los Diablos mais que ses ennemis collectionnés en treize ans au sein du gang. Il ajouta encore une couche sur son sentiment de trahison et des options qu’il reverrait avec son boss, avec Jimmy Reed, je comprenais bien le sous-titre ! Il n’avait pas envie de quitter le groupe non plus par soucis de respect pour le travail d’Ivar et Tiffany. Peut-être un peu du mien.

Je frottais mes tempes avec le sentiment ultra désagréable d’avoir été emporté dans un tourbillon chaotique. Je ne savais même plus quoi penser et encore moins quoi répondre à sa question sur le communiqué de presse que j’avais précédemment demandé qu’ils émettent d’une même voix.
- Finan… Écoute…

Je soupirais avant de lever mes mains en signe d’abandon.

- Puisque tu ne te sens pas capable de mettre toute ta sincérité dans ce communiqué de presse, je crois que le mieux est de t’en écarter jusqu’à ton procès. Ivar et Tiffany pourraient cependant en faire un et dire qu’ils te soutiennent dans cette épreuve, bien qu’ils soient attristés, tout comme les fans, par la nouvelle initialement publié par L.A.People et qu’ils ne cautionnent pas tes choix et tes gestes. Je crois qu’il serait bien de rassurer les fans en disant que malgré tout, le groupe demeure unis et toujours désireux d’offrir la meilleure musique à son public.

Honnêtement, je ne savais plus où nous en étions après tout ça. Finan ne cessait de répéter qu’il ne pouvait pas trahir les Los Diablos, qu’il ne pouvait pas les laisser, limite qu’il ne comprenait pas, encore, pourquoi sa vie de rockstar et de dealer de drogue ne pouvait pas se concilier. Comme s’il avait besoin qu’on lui pointe avec une flèche multicolore le fait que tous ses moindres gestes seront scrutés par les fans, par les journalistes, par ses ennemis qui allaient savoir exactement quoi faire pour lui faire du mal.

- Par curiosité, Finan, avant que ça arrive, ton altercation avec l’aryen, tu ne t’es jamais dit que tu pourrais dealer a un fan qui pourrait ensuite aller vendre l’info ? Tu sais que les gens qui achètent de la drogue ne sont pas tous des SDF complètement déconnectés de la réalité ?

Cette question m’avait toujours titillé l’esprit mais comme il n’y avait pas eu de vague, je n’avais pas cru bon de la soumettre à qui de droit.

- Si vous êtes d’accord, Ivar et Tiffany pour la formule du communiqué de presse, je le ferais rédiger rapidement et validé auprès des avocats de MTI. Tes paroles m’ont fait réfléchir Finan, et probablement pas dans le sens que tu voulais, mais ce que je comprends, c’est que tu n’as pas confiance en moi vu mon passé avec la Casa Nuova et notre problème commun avec Ward Fleming. Je ne vous lâcherai pas en pleine tempête mais je verrai à ce qu’on vous trouve un manager moins criminellement impliqué que moi. Il doit bien en reste run ou deux dans toute cette putain de ville !

J’étais abasourdi et bien content que Tiff vienne me prendre la main… Nous étions tous les deux en train d’encaisser quelque chose de grave. Quelque chose qui pouvait mettre fin au groupe mais surtout, quelque chose qui pouvait mener Finan en prison ou pire, à la mort !

Mais Finan me dit qu’il ne risquait pas la prison, pas pour cette fois. Ce à quoi Samantha s’exclama qu’il avait intérêt à avoir un bon avocat parce qu’une caution à 100 000$, ça revenait quand même cher.

Je pinçai les lèvres.

-Mais toi, Samantha, tu as pu payer sa caution, c’est ça ?

Finan disait que les choses étaient compliquées… Je passai une main sur mon visage mais ne dis rien. Et Tiffany affirma qu’il n’y avait qu’un seul moyen de quitter les Los Diablos et que c’était la mort. J’ouvris de grands yeux, regardant Finan, alors qu’il demandait à Tiff si c’était Guillermo qui lui avait dit ça…

-Guillermo ? Qu’est-ce que Guillermo y connait aux Los Diablos ?

Puis Finan me raconta comment il avait fini chez les Los Diablos. Il avait 18 ans, il était paumé et n’avait pas de famille. Je pouvais comprendre… Mais je le regardai dans les yeux.

-Mais maintenant ta famille, c’est nous ! Tu es comme un frère pour moi ! Et puis tu vas fonder une famille, ta propre famille, avec Tiff !

Mais Finan savait qu’il devait faire un choix. Mais que ça aurait été plus simple si certains n’avait pas déclaré la guerre des gangs pour protéger leurs familles…

-Je ne te suis plus là…

Mais Samantha parla et je compris que Finan avait du assurer la protection de la famille de Samantha. Je laissai tomber mon visage dans mes deux mains, lâchant par là même celle de Tiff.

-Mmmpff je n’y comprends plus rien…

Le reste de la conversation se déroula principalement entre Samantha et Finan qui semblaient savoir tous les deux de quoi ils parlaient. Moi, toujours caché dans mes mains, tout ce que je voyais, c’était la fin de The Warriors et un avenir funeste pour Finan.

Jusqu’à ce que Samantha parle du communiqué de presse… Un communiqué dans lequel Tiff et moi demanderions aux fans de pardonner à Finan… Et de préciser que nous le soutenions dans cette épreuve.

Je hochai la tête et repris la main de Tiffany.

-Je suis d’accord pour faire un communiqué de soutien à Finan… Mais on devrait le faire publier dans Guitar&Pen, si on veut être pris au sérieux.

Finan, lui, disait que ce n’était pas le gang qui allait le tuer, mais les nombreux ennemis qu’ils s’étaient fait en treize ans… Et Samantha parla d’un certain Ward Fleming, qui était un ennemi commun qu’elle avait avec Finan. Je fronçai les sourcils.

-Fleming ? Comme Thomas Fleming ? Le tueur en série ?

Je soupirai et regardait alternativement Finan et Samantha.

-Après toute cette conversation, je ne suis pas sûr que tu sois la personne la mieux placée pour faire la morale à Finan, Samantha… Mais par pitié, autant l’un que l’autre, faites attention.

Je me levai et invitai Tiff à faire de même en lui tirant doucement sur la main.

-On fera le communiqué de presse… Mais si on pouvait faire en sorte que le groupe survive, ça m’arrangerait.

Je passai mon bras autour des épaules de Tiff…

-Viens, on s’en va… je crois que Finan et Samantha ont encore des choses à régler entre membres de mafia/gang…

Tout ce qui sortait de la bouche de Finan revenait au même discours. Il ne pouvait pas laisser les Los Diablos, il leur devait trop, ça ne se faisait pas d’abandonner une famille, il ne pouvait ni ne voulait les trahir alors qu’en ce qui concernait nous, et quand je dis-nous, je parle du groupe, c’était comme le cadet de ses soucis. Je ne reconnaissais pas du tout l’homme de qui j’étais tombé amoureuse et j’avais peur de découvrir le véritable visage de mon fiancé. Je craignais que Sky et Ward aient eu raison sur toute la ligne.

Quand Ivar s’interrogea sur Guillermo, je décidé que le moment avait assez duré. Nous étions là pour se dire les vraies affaires ? Alors Ivar avait le droit de savoir.

- Guillermo est un orphelin Los Diablos. Ils élèvent ces enfants là dans le but de former leur relève. Guillermo n’est pas chez nous parce que sa maman est malade mais parce qu’il a posé un acte de trahison et que plutôt de le tuer, le grand chef du gang l’a placé sous la garde de Finan.

J’étais désolée de la manière dont Ivar apprenait toute la vérité. Ça faisait comme un tas d’informations à encaisser en peu de temps. Il allait certainement nous en vouloir de lui avoir mentit mais peut-être aussi qu’il comprendrait que nous n’avions pas forcément le choix.

Puis, parce que Finan avait été surpris que je puisse savoir, à tord ou à raison, qu’on ne quitte pas les Los Diablos sans en mourir, je lui répondis d’un ton froid de qui je tenais mon information.

- Non, ce n’est pas Guillermo qui me l’a dit, mais Sky . J’avais des questions, elle avait des réponses.

Ivar aurait voulu que Finan comprenne que sa famille, maintenant, c’était nous, The Warriors et celle que nous allions former, si Dieu le voulait, si Finan le voulait toujours. Moi, je ne savais sincèrement plus ce que je voulais. Une chose était certaine, si Finan et moi décisions de remonter cette pente, elle serait ardue et la confiance difficilement regagnée. Et il allait devoir aussi composer avec le fait que Guillermo avait choisi de resté avec nous, comme notre fils. En tous les cas, comme mon fils à moi.

Samantha en avait gros à dire à Finan qui se risqua à l’entrainer dans son tourbillon. Je le trouvais en ce moment précis, plutôt stupide. Samantha n’était peut-être pas blanche comme neige mais ce n’était pas elle qui s’était fait arrêter pour avoir rendu demi aveugle un connard dans un bar. Les couteaux semblaient vouloir voler un peu bas, comme si Finan avait décidé que s’il montrait que Samantha avait aussi des squelettes dans son placard, ça nous ferait le voir un peu moins sous son mauvais jour, à Ivar et moi.

Ivar lâcha ma main pour frotter son visage, il ne comprenait plus grand-chose et je devais admettre que je commençais moi aussi à m’y perdre. Ce foutu communiquer de presse ne me semblait plus être une si bonne idée, cette fois, parce que ce serai moi qui me sentirais hypocrite de dire que je soutenais Finan. Comment soutenir quelqu’un qui nous a clairement mis au bas de sa liste de priorité au moins une demi-douzaine de fois en même pas une heure ?

- Guitare&Pen, oui, ça me semble être bien.

Finan ajouta une couche en disant que même s’il quittait les Los Diablos rien ne garantissait que ses nombreux ennemis cumulés depuis ses treize dernières années nous laissent tranquilles et je roulais des yeux.

- Non, pas Thomas Fleming mais son fils, Ward, répondis-je à Ivar avant de tourner la tête pour regarder Finan pour la première fois depuis le début de la rencontre, et selon Ward, tu n’aurais pas tant d’ennemis encore vivant.

Je sous entendais ce que Ward m’avait révélé sur mon fiancé, comme quoi il n’avait pas que dealer, mais tué aussi.

Finan disait m’aimer et que justement parce qu’il m’aimait, il allait vérifier quelles étaient les options, avec son ’’boss’’.

- Tu ne lui dois absolument rien Finan !  Lui, tout ce qu’il attend de toi c’est que tu vendes sa drogue et que tu le débarrasse de ses ennemis, ce que tu ne peux tout simplement plus faire, et que tu n’aurais jamais dû faire ! Mais fait comme tu veux, tu leur es si loyal !

Jimmy Reed allait peut-être lui accorder un congé sans solde, ou alors lui dire qu’il n’avait plus besoin de ses services, lui offrir une plaque pour ses treize années de services, un gros jambon glacé au miel et une boite de cigare. C’était, bien sûr, une pensée ironique.

Ivar se leva en m’invitant à faire comme lui, avant de dire que nous ferions le communiqué de presse puis en exhortant Samantha comme Finan de faire attention à eux. Cependant je ne compris pas pourquoi il sermonna notre manager au passage. Mais bon, ça n’avait aucune importance.

- En ce qui me concerne, je ne veux aucun autre manager que toi, Samantha. Je préfère une manager qui a du vécu sans avoir personnellement impliquée que d’être diriger par une maison de disque dont le grand patron est aussi à la tête d’un gang.

Parce que Samantha avait dit qu’il devait bien rester un ou deux manager clean dans toute cette ville, je doutais qu’on soit mieux servi ailleurs et puis ça ferait trop plaisir à Finan de lécher les bottes de Jimmy Reed.

Quand Ivar et moi fûmes à l’extérieur du bureau de Samantha, je lui demandais pardon pour tous les mensonges entourant Guillermo.

- Finan s’objectait férocement à l’idée de vous mettre au parfum, Vanya et toi-même si ça nous pesait. Et je voulais te dire aussi que j’ai prit la décision d’élever Guillermo, avec ou sans Finan. Mon père va m’aider à légaliser son adoption, du moins, si mon père a encore une carrière et de l’influences d’ici la fin de la journées !

Je rassurai Ivar sur la prison mais Samantha était bien moins optimiste que moi… Je soupirai.

-C’était le juge le problème… D’habitude, on se tape pas 100 000$ de caution pour ça.

Il y avait eu plusieurs facteurs qui avaient joués. Des facteurs que je n’avais pas pris en compte parce c’était de nouveaux facteurs. Quant à Ivar il se posa la question de savoir si Samantha avait pu payé ma caution. J’hochai de la tête pour confirmer. Bien que le problème n’était pas tant la caution mais le jugement qui aura lieu dans quelques mois. Si je tombais sur le même juge et étant donné que l’aryen avait un œil en moins, je risquais tout de même un légère peine de prison et ça malgré mon deal avec Keller.

Mais on en est pas encore là… Samantha c’était expliquée et j’avais fait de même. Mais je ne m’attendais pas à ce que Tiffany me lâche qu’on lui avait dit que, la seule façon de quitter les Los Diablos, c’était la mort. C’était faux. Plusieurs avaient quitté le gang. Tout dépendait du bon plaisir de Jimmy Reed. Mais je pouvais le convaincre. Là n’était pas le problème.

Je demandai, donc, à Tiff si c’était Guillermo qui lui avait dit une chose pareille. Du coup, évidemment, ça provoqua les questionnements d’Ivar. Je soupirai mais Tiff, qui en avait marre des mensonges, avoua tout sur la situation du petit. Je ne dis rien. Elle avait tout dit… Et elle finit par répondre à ma question sur la source de ses connaissances.

Sauf que ce n’était pas Guillermo qui lui avait dit ça mais Sky.

Elle avait été voir Sky…

Je fixai, là, Tiffany, droit dans les yeux avec un regard de reproche avant de lui dire :

-C’était dangereux. Et Sky n’y connaitre rien aux Los Diablos. Elle n’en a jamais fait partie.

Mais Ward, oui… Du coup, je me demandais si elle avait vu Ward aussi. Certainement. Je voyais mal Ward laisser Sky parler seule avec Tiff. Du coup, j’étais certain qu’il en avait profité pour remplir la tête de Tiff d’un tas de connerie.

Je m’étais alors expliqué… Il le fallait. Rien que pour Ivar aient toutes les données. Je parlai, donc, de comment j’avais rejoint les Los Diablos et dans quel dilemme j’étais aujourd’hui. Je ne cherchais pas à la attendrir. Juste à essayer qu’il puisse comprendre mon point de vue. Et je crus avoir un lueur d’espoir quand Samantha disait qu’elle savait que j’étais dans une position délicate. J’hochai de la tête. Très délicate.

Mais Ivar déclara que, ma famille, maintenant, c’était eux. Que j’étais comme un frère pour lui. Que j’allais fonder une famille avec Tiff. Je soupirai.

-Je sais ! Je suis conscient de ça ! Mais ce n’est pas parce que j’ai une nouvelle famille qu’il est facile de renier l’ancienne. On parle de gens avec qui j’ai passé 13 ans de ma vie. Avec qui j’ai partager des trucs. J’ai vu leurs gosses grandir. Parce que, oui, au cas où vous ne le sauriez pas les Los Diablos, c’est aussi des êtres humains qui ont envie du mieux pour leur famille mais qui sont coincés dans cet engrenage depuis l’enfance et qui n’ont pas l’argent pour en sortir. Ils n’ont pas la chance de pouvoir sortir un foutu album !

Je tenais à Ivar, Tiff et Samantha. Je tenais à tous ces gens que j’avais rencontré. Mais j’avais l’impression qu’il pensait que je pouvais faire une croix totale sur mon passé sans aucun remords pour vivre exclusivement dans ce nouveau monde qui c’était ouvert à moi. Ce n’est pas aussi simple.

C’est donc, un peu amer, que je fis part de la guerre de gang. Et j’ai dû mal formuler les choses parce que Samantha le prit personnellement. Ok… Je l’avais regardé et elle faisait clairement partie de ceux que je visais mais ceux à qui j’en voulais vraiment c’était ceux qui avaient négocié la guerre. Donc, plutôt Jimmy Reed qu’elle pour la cause… Sauf si elle avait fait partie des négociations ce que je doute vraiment.

Du coup, elle le prit mal. A raison, sans doute. Et elle s’expliqua, alors. Je soupirai et roulai des yeux. J’avais l’impression que de réexpliquer ce que je reprochais à Reed et non à elle n’allait faire qu’empirer les choses.

En attendant, Ivar disait ne plus rien comprendre… Il faut dire que j’avais fait beaucoup d’insinuations. Et, malgré ce que tout le monde semblait en penser, je ne m’en fichait pas de voir Ivar et Tiff aussi touché par la situation. Ça me faisait mal à moi aussi.

Du coup, je voulais en venir au communiqué de presse… Mais Samantha ne semblait pas avoir entendu que je comptais faire un effort et me détacher des Los Diablos et ça même si ça ne me faisait pas plaisir de le faire en période de guerre. Non. Elle trouvait qu’il valait mieux que Tiffany et Ivar fasse le communiqué en leur nom et que je n’en fasse pas partie. Je me frottai les yeux. Ivar proposa alors Guitar&Pen comme endroit pour le communiqué et Tiff confirma. Tiff qui, depuis quelques minutes était devenu froide dans sa façon de répondre et de me regarder.

Samantha demanda alors si je m’étais, un jour, dit que j’aurais pu me faire voir en train de dealer par un fan ou autre. Je me frottai les figure.

-Si… Bien sûr que j’y ai pensé. Mais comme un beaucoup de gens le savaient, Sørensen compris, et que l’information n’était pas encore sortie, je m’étais dit que ça irait.

Mon altercation avait l’aryen, on pouvait juste pas passer à côté. Même Sørensen n’a pas pu faire la sourde oreille.

Samantha poursuivis en disant qu’elle n’était peut-être plus la mieux placée pour être notre manager. C’est sérieux ça ? C’était vraiment le moment de dire ça ? Ce n’est pas ça le problème ! Pas du tout ! Le problème c’est que je suis un Los Diablos ! Déstabiliser encore plus les choses n’allaient strictement rien n’arranger.

Et comme je trouvais ça un peu agaçant, je répondis sur un ton ironique :

-Bon chance pour trouver ça !

Ouais, parce que ça ne sera pas Daniele Ricci, ni même n’importe quel autre foutu manager de BSC, en fait, si on va par là. BSC tourne surement en partie avec l’argent de la drogue. Quoi que, en fait, j’en ai aucune idée de ce que Jimmy Reed fout avec l’argent de la drogue. Peut-être que ça sert simplement à payer son foutu jardinier !

Et comme Samantha avait parlé de Fleming, Ivar demanda si ça avait un rapport avec Thomas Fleming, le tueur en série. Il était vif d’esprit, le petit Ivar. Mais c’est Tiff qui répondit que Ward était son fils. Je croisai les bras.

-Et les chiens font pas des chats…

Parce que si Thomas Fleming était un tueur en série, Ward était pareil. Exactement pareil. Il était juste plus diversifié au niveau des gens qu’il tuait. Parce que Ward tuait absolument tout le monde. Homme, femme, enfant… Tout.

Mais je ne m’attendais pas à ce que Tiff me rapporte que Ward lui avait dit que je n’avais pas tant d’ennemis vivants. Je la fixai d’un seul coup. Elle me prouvait qu’elle avait aussi parlé à Ward. Donc, qu’elle s’était clairement mise en danger. Mais ce qui me fit extrêmement mal, c’était qu’elle semblait croire plus facilement Ward et Sky que moi. J’avais tué deux personnes dans ma vie. J’aurais ça sur ma conscience jusqu’à la fin.

-Et tu préfères le croire lui que moi, c’est bien ça ?

Je dis ça, non plus sur un ton de reproches, mais sur un ton à la fois amer et déçu…

-J’en reviens pas…

Ward avait clairement joué dans sa tête. A l’heure qu’il est, il doit certainement jubiler de la tournures des évènements. Si jamais le groupe se sépare, si jamais Samantha nous quitte comme manager, si jamais quitte me quitte, ça sera plein de belles victoire pour Ward.

La guerre, il était en train de la gagner… Sur le terrain et psychologiquement. J’imagine qu’après m’avoir détruit, il s’empressera de détruire Alonso. Bien que tout ça risquait de faire un sale effet domino. Et ça, cet enfoiré en était conscient.

Quant à ce que j’avais dit sur le fait que j’allais en parler à mon boss, Tiffany disait que je ne lui devais rien. C’est vrai. A Jimmy Reed, je ne devais rien. Je le devais à Alonso. Sauf que je dois passer par Jimmy Reed pour rendre mon C4, non ?

-Ouais, et bien, si je veux que les choses avances sur mon dossier, je dois bien aller voir qui de droit, non ?

Ça parait logique !

Ivar intervint alors disant qu’il n’était pas sûr que Samantha soit le mieux placé pour me faire la morale. Sans doute… En réalité, je pense que faire la morale à quelqu’un est mortel. Je le sais d’expérience… Mais ce que voulait Ivar, finalement, c’était que personne ne meurt. Ni moi, ni Samantha, ni le groupe.

Quant à Tiffany, elle ne voulait pas d’un autre manager. Moi non plus… Mais je ne m’attendais pas à ce que Tiffany en profite pour révéler à Ivar l’identité du chef des Los Diablos. Je fermai brutalement les yeux avant de passer ma main sur mon visage. Si Tiffany n’aimait pas mon appartenance aux Los Diablos c’était parce qu’elle avait peur pour moi. Mais elle, elle peut se permettre d’aller voir Ward Fleming et de révéler à qui veut l’entendre la vraie identité du chef des Los Diablos.

C’était dangereux. Et ça risquait de faire en sorte de, finalement, donner raison à Sky. Parce que si les fuites continuaient de cette façon, je n’allais pas sortir des Los Diablos sans mourir. Et si aucun Los Diablos ne voudra m’éliminer, je ne connaissais pas assez bien Jimmy Reed que pour être certain qu’il en allait de même pour lui. Sans compter que, maintenant, Ivar le savait aussi et que, donc, il était aussi à risque maintenant.

Super !

Je ne dis rien… Que pouvais-je dire ? Ivar était, de toute façon, sur le départ et entraina Tiff avec lui dehors.

J’étais seul face à Samantha… Je soupirai… Je rassemblait mes idées… Avant de fixer Samantha.

-Je suis désolé…

Il fallait que j’extrapole…

-Je ne voulais pas te viser toi, tout à l’heure. C’est Reed que je visais. Je suis heureux que ta famille soit hors de danger. Mais ce qui me tue, c’est que ça soit au détriment de plein d’autres familles. Tu vas me dire que c’était le choix des gens de ces familles que de finir dans les gangs… Mais c’était le choix de Reed d’être chef des Los Diablos, celui de Ricci de blanchir de l’argent pour la Famille de Los Angeles. A la limite, toi, tu a juste aimé Mario Conti. L’amour, ça ne se commande pas… Mais tu as dit toi-même que tu avais poussé Conti à rester avec sa famille et que tu le regrettes… Donc, c’était tous des choix.

Je soupirai encore.

-Ce n’est pas une critique. C’est un choix que j’ai fait aussi. Ce que je veux dire, c’est que des gens souffrent dans l’Eastside. Pourquoi ? Parce que Ward et Reed l’ont décidé ainsi.

Mais était-ce vraiment ça le fond du problème ? Non… Le problème était plus vaste.

-Et je ne veux pas d’un autre manager. Je pense, finalement, que c’est mieux que ça soit toi. Justement parce que tu sais tout ça. Tu sais ce que c’est. Et si on renonce à travailler ensemble, Ward Fleming aura gagner. Déjà qui semble avoir fait en sorte de détruire mon couple plus qu’il n’était déjà détruit, je ne veux pas lui accorder d’autres victoires.

Je fixai toujours Samantha.

-Je vais faire en sorte de quitter le gang. C’est ce que j’ai dit tantôt mais que personne ne semble avoir compris. Sache aussi que, ce qu’à dit L.A.People est totalement vrai… J’ai été pris avec de la drogue et l’aryen ne s’est pas défendu. Mais j’ai passé un deal avec un des flics… J’ai donné Ward Fleming en échange. En espérant qu’il se fasse prendre. Maintenant, je verrais où ça mènera… Parce que, finalement, je ne sais pas tant si c’est Ward Fleming qui me tuera ou bien Mitchell Austin…

Ouais… Parce que je doutais que Mitchell Austin ait apprécié le L.A. People du jour.

La caution de Finan avait été très salé mais de faire perdre un œil à un homme dans une bagarre et être reconnu comme un membre d’un gang criminel ne devait pas aider un juge à vous voir comme un enfant de chœurs. Finan disait que c’était à cause du juge que d’habitude, on ne se prenait pas 100 000$ de caution.

- Je ne sais pas, je n’ai pas l’habitude, moi.

Il fallait donc croiser les doigts et espérer tomber sur un juge fan de The Warriors mais j’allais tout de même faire en sorte de trouver le meilleur avocat qui soit pour Finan, parce que malgré tout ce que je pouvais penser en ce moment, je ne le laisserais pas tomber, du moins pas tant qu’il ne me dira pas de lâcher l’affaire.

La conversation s’enlisa ensuite, parce qu’Ivar avait des questions ce qui était tout à fait légitime, mais Tiffany avait quant à elle des griefs qu’elle avait besoin d’évacuer, ou pas encore parce qu’elle n’allait pas tout à fait au fond de sa pensée et évitait de regarder Finan.

Je compris tout de même que la jeune femme avait été rencontrer la femme de Ward Fleming, ni plus ni moins et que ça ne plaisait pas à Finan. À moi non plus d’ailleurs ! Ma parole, ils avaient tous décidé de passer par la case de l’inconscience ? Enfin, tous sauf Ivar.

Après tout ça, et bien que je demeurais en désaccord avec la façon de penser de Finan, je ne pouvais qu’avouer que je comprenais très bien la position délicate dans laquelle il était pour l’avoir vécu, quand Mario était encore vivant. J’avais refusé qu’il quitte sa famille, non pas parce que cela me plaisait de le savoir frayer avec la mafia, je n’y trouvais pas mon compte, mais la famille, à la base, est tout ce que nous avons. C’était cette même famille qui, par de mauvaises stratégies, avait provoqué la mort de mon mari et de mon fils. Ensuite, je n’avais plus rien, sauf eux, comme Finan aujourd’hui mais lui, il vivait la même histoire en sens inverse.

Avant, il n’avait qu’eux.

Aujourd’hui, il a Tiffany et Ivar !

Ensuite, il nous fit un brillant exposé sur le fait qu’il ne pouvait pas balayer du revers de la main treize années de sa vie, que malgré tout ce que nous pouvions penser des activités criminelles des Los Diablos, il s’y était fait des amis et créés des liens qui n’allaient pas être facile à rompre.

- Qui a dit que tu devais couper tous les liens avec eux ? Comme tu le dis, ils sont humains a la base et des humains peu importe ce qu’ils font et qu’on ignorent, vivent leurs vies. Ce que j’essaie de te dire c’est que, par exemple, Ivar est allé peinturer ton appartement et tu étais Los Diablos ? Alors pourquoi un Los Diablos avec qui tu es si près ne pourrait pas continuer de venir encourager les Rams en buvant de la bière ?

Il me semble que c’était simple, non ? Tout ce que nous lui demandions c’était de cesser ses activités criminelles. Ne plus dealer de drogue, ne pas déclencher de bagarres, ne pas se faire prendre avec des armes et idéalement, ne pas tuer personne, même pas Ward Fleming quoi que dans ce cas-ci, nous serions un paquet de gens à fournir un alibi et parler de légitime défense !

Finan n’en finissait plus d’écorcher ! Décidément, il avait choisi de régler ses comptes et ne manqua pas de m’entrainer dans son tourbillon. Je n’allais pas le laisser faire sans riposter, je cru donc bon de remettre les pendules à l’heure car contrairement à lui, j’assumais très bien mes choix et je ne voyais vraiment pas ce que je pouvais me reprocher depuis longtemps !

Qui plus est, Finan avait eu l’imbécilité de croire à la pensée magique ! Il avait cru que, comme Sørensen savait pour tout ça, les autres ne diraient rien. Par les autres, je voulais dire les fans à qui il aurait pu vendre de la drogue, un soir dans une ruelle. Je dû me retenir très fort pour ne pas le traiter de pauvre imbécile et si je ne le fis pas, c’était bien parce que je l’aimais, ce pauvre imbécile !

Ivar, tout secoué qu’il était fini par dire qu’avec tout ça, je n’étais pas la mieux placé pour faire la morale à Finan. Ah bon ? Qui le serait alors ? Parce que j’avais nagés dans ces eaux-là, parce que je savais ce que cela faisait de se sentir coincé, parce que je m’en étais sortit et que j’avais ma vie bien en mains, oui, OH OUI, j’étais la mieux placé pour faire la morale ! J’aurais voulu replacer l’église au centre du village mais au lieu de ça, je ne fit que dire que finalement, je n’étais peut-être pas la manager qui leur fallait, peut-être allaient-ils trouver un manager qui n’avait pas d’os dans son parcours.

- Tout ce trouve,  mon cher !

Il y eu ensuite encore de la friction entre Finan et Tiffany quand cette dernière balança que Ward lui avait dit que Finan n’avait pas tant d’ennemi que cela. Cependant, Ivar avait fait lever son amie et l’entraîna vers la porte avant de dire qu’ils feraient le communiqué de presse. Je ne m’attendais cependant pas à ce que Tiffany lâche tout bonnement que de toute façon, la maison de disque adverse était dirigée par le chef des Los Diablos. Je m’en tapais le front de désespoir !

Ivar et Tiffany quittèrent donc mon bureau, nous laissant seuls, Finan et moi. Nous avions tous les deux besoins de rassembler nos idées et ce fut Finan qui commença en disant qu’il était désolé.

- Je le suis aussi.

Je l’écoutais ensuite m’expliquer le fond de sa pensée, pour sa remarque de tout à l’heure. Je comprenais mieux ce qu’il avait voulu dire, bien maladroitement.

- Effectivement, tout est une question de choix. Ces famille-là font les leurs, Jimmy et Daniele aussi. Tout comme j’ai fait les miens. Eh oui, j’ai profondément aimé Mario et si je n’ai pas voulu qu’il coupe les ponts avec sa famille ce n’était pas parce que j’étai confortable au sein d’une mafia. C’était parce que je savais quelle douleur cela faisait que de perdre un parent. Je me disais que si un jour Mario devait perdre son père ou sa mère et qu’il avait couper les ponts, il regretterait toute sa vie, les années passées loin d’eux. La mafia, je m’en serais bien passé, je te l’assure !

Finan continua en disant que si les gens dans l’Eastside souffraient, c’était parce que Jimmy et Daniele l’avaient décidé. Je trouvais exagérer de leur imputer tout le malheur des gens de l’Eastside.

- Mais si ces gens se levaient un jour et disait ‘’C’est assez !’’ Tu crois vraiment que Jimmy et Daniele pourraient y changer quelques choses ? Ils seraient réduits à rien, absolument rien, parce que les gens feraient le choix de se soulever. Comme tu l’as si bien dit, tout est une question de choix.

J’offris un petit sourire timide à Finan quand il ajouta qu’il ne voulait personne d’autre que moi comme manager. Tiffany avait elle aussi dit la même chose. Ça me soulageait, j’y tenais, à ma petite perle découverte dans un bar après une démo merdique. Et je l’aimais sincèrement Finan, comme un bon ami, peut-être un petit peu comme un fils. Je lui étais toujours reconnaissante pour ce qu’il avait fait pour moi et je n’avais pas l’intention de débaptiser ma fille pour une erreur regrettable.

- Il n’y a rien qui me ferait plus plaisir que de rester votre manager.

Pour ce qui était de Tiffany et de l’influence de Ward, je ne savais pas vraiment comment aborder la chose, ne sachant pas vraiment ce qui s’était dit entre elle et le psychopathe. Cela dit, je savais comment Finan pouvait s’y prendre, parce qu’il n’y avait personne de mieux placé qu’une femme pour en comprendre une autre.

- Va la trouver, prends la dans tes bras et promets lui que quoi qu’il arrive, tu l’aimes et qu’il n’y aura jamais rien de plus important pour toi que votre amour. Je te garantis qu’aucune femme ne saurait résister à ça. Ensuite, accordez-vous le temps de percuter. Tu ne passeras pas devant le juge avant plusieurs semaines, partez en week-end toi et elle, le temps de vous vider la tête et de vous éloigner de tout ça. Après, il sera encore temps de faire face à vos problèmes mais il sera plus facile de les surmonter une fois reposés, ne crois-tu pas ?

Je rigolais quand Finan affirma qu’il allait quitter le groupe mais que personne n’avait semblé l’avoir compris. Effectivement, personne n’avait compris cela parce que de toute évidence, Finan avait beaucoup de difficulté à s’exprimer aujourd’hui. Ensuite, je pris un air beaucoup plus sérieux et grave quand il avoua que Sørensen n’avait pas mentit dans son article mais que comme il avait passé un deal avec les flics en vendant Ward, les charges avaient été réduites.

- Tu as fait ce que tu avais à faire pour sauver ta peau. Ensuite, Ward n’aura aucun moyen de savoir que c’est précisément toi qui l’as vendu. Et puis pour savoir qui de Fleming ou de ton beau-père te tueras en premier, je n’ai aucun moyen de le savoir, j’en suis navrée.

Après tout cela, j’étais exténuée ! Je ne me souvenais pas avoir eu autant mal à la tête alors je me levais signifiant la fin de cette turbulente rencontre et, quand Finan fut lui aussi debout, je ne pus m’empêcher de le prendre dans mes bras et de le serrer très fort.

- Dis toi bien une chose, grand imbécile ! Si je ne tenais pas autant à toi, je n’aurais jamais fait une telle scène ! Au contraire, je t’aurais laissé te pendre avec ta propre corde. Maintenant, fait moi plaisir, retrouve Tiffany et prends soin d’elle et de toi ! Je vais gérer la suite des choses et te trouver l’avocat le plus balèze qui soit !

Je le lâchais ensuite et je replaçais mes cheveux comme pour retrouver de ma contenance. Je devais tout de même avoir une image irréprochable.

- Quant à moi, je crois que je vais aller me faire masser, tiens ! Je pense avoir mérité un bon massage !

J’essayais tant bien que mal d’expliquer à tous, ici présent, que mes amis Los Diablos étaient aussi des êtres humains… Que c’était mes amis, eux aussi… Et Samantha déclara qu’elle ne voulait pas, non plus, que je coupe les ponts avec eux. Je soupirai… Je sais ça. Je sais très bien que, même si je quitte le gang, je pourrais toujours les voir. Le problème, c’est de les abandonner tous en cette période troublée. Je me vois mal inviter Carlos chez moi pour boire une bière sachant que, le soir, il sera en prise avec des New Soldados enragé. Comment je pourrais le regarder en face, hein ?

Mais je ne dis rien… Parce qu’ils n’arrivaient pas à comprendre le sens de ma loyauté. Et j’avais l’impression que, en dire plus, ne ferait que remettre de l’huile sur le feu. Un feu qui brûlait déjà bien, de toute façon, surtout dans le chef de Tiff qui, visiblement, avait été chercher des réponses chez les Fleming. C’est clair que c’est le meilleur endroit du monde pour trouver des réponses intelligentes et objectives !! Non mais, sérieusement ! Un Ward qui, apparemment, avait semé la grain du doute (voir même plus que ça) dans la tête de ma fiancée.

Sans compter que, ensuite, Samantha déclara qu’elle n’était peut-être plus à même de nous manager étant donné ses liens avec Ward Fleming et son passé dans la mafia. Sauf que je doutais sincèrement que ça arrange quoi que ce soit ! Pour ça que je jouais d’ironie en disant que ça allait être, finalement, difficile de trouver un manager qui n’était pas criminellement impliqué. Par exemple, inutile de demander à son futur époux. Lui aussi a des liens avec la mafia ! Et pas la plus petit du lot !

Samantha répliqua que tout se trouvait. Je roulai des yeux avant que Ivar, complètement abattu et Tiff, complètement endoctrinée par Fleming, sortirent de la pièce.

J’étais seul avec Samantha… Seul et un rien abattu moi aussi alors que je présentai mes excuses à ma manager reformulant ce que j’avais voulu dire tout à l’heure et qui l’avait blessé. Ce n’était pas elle que je visais mais Jimmy Reed.

Et elle répliqua qu’elle était désolée aussi me faisant relever le regard sur elle. Elle confirma ce que j’avais dit. Qu’on en était tous là par choix. Qu’elle avait choisi la famille, elle-même, par le passé même si elle détestait tout ce qui avait attrait à la mafia.

-Je m’en doute… Tu n’as pas l’air du genre à aimer faire du mal aux autres même pour de l’argent…

Je n’aimais pas cet aspect-là de mon rôle de Los Diablos non plus. Tout comme je n’aimais pas spécialement vendre de la drogue. C’est des choses que je fais, c’est tout. Je le fais parce que ça m’a donné un sentiment d’appartenance. C’est tout.

Samantha était persuadée que si tous les Los Diablos décidaient d’arrêter, les Ricci et Reed ne pourraient rien y faire. Je soupirai… Si c’était si facile.

-Mais ça n’arrivera pas… Ils ne se soulèveront pas… Pourquoi le ferait-il ? Ce sont des gens qui sont tombé dans la délinquance très jeune soit parce que leurs parents y étaient déjà, soit par pauvreté. Les Los Diablos leur a donné un sentiment d’appartenance et un revenu. Reed est malin… Il ne dirige pas les Los Diablos par la peur. Pendant longtemps, il a toujours fait en sorte d’éviter les guerres de gangs. Les Los Diablos sont assez payé que pour bien vivre dans l’Eastside mais pas assez que pour en sortir. Parce que Reed ne veut pas, non plus, qu’ils finissent par avoir un assez bon niveau de vie que pour avoir d’autres perspectives. S’ils se soulevaient, il auraient quoi ? Rien… La plupart ont des casiers bien remplis… Personne ne voudra les engager et ils ont des familles à nourrir. C’est un cercle vicieux. Les cas comme moi… C’est de rares exceptions…. Reed sait tout ça.

Donc, oui, Reed était responsable du chaos dans l’Eastside. Fleming aussi… Ce qui m’attriste, finalement, c’est que cette guerre aurait pu ne jamais avoir lieu si jamais on avait éliminer Fleming plus tôt.

Quant à moi, je ne voulais pas d’autre manager. J’expliquai mes raisons. Déjà parce que j’appréciais beaucoup Samantha… Et puis parce que, finalement, elle était mieux placée que quiconque pour comprendre… Ça lui fit plaisir. Je souris un peu.

-Tu me rassure…

Parce que j’allais peut-être perdre ma fiancée alors je ne voulais pas tout perdre non plus. Mais Samantha me donna quelques conseils. J’esquissai un petit sourire. Je pouvais tenter le coup… Après tout qu’est-ce que je risquais de perdre ? Les choses ne pourraient pas être pires je pense.

-Je crois pouvoir arriver à faire ça… En espérant qu’elle réussisse à voir autre chose en moi qu’un meurtrier vendeur de drogue qui fait passer les Los Diablos avant sa future femme.

Parce que c’est, vraisemblablement, l’image que Ward avait tiré de moi… Et si j’avais bien tué, si j’avais bien vendu de la drogue, si je tenais aux gens qui composent les Los Diablos, je n’étais pas que ça.

Je fus, ensuite, sincère avec Samantha sur le fait que L.A.People avait dit entièrement la vérité. Mais que j’avais donné Ward à Keller pour l’alléger. Samantha essayait de me rassurer en disant que Ward ne saura jamais que c’est précisément moi qui l’ai vendu. Il fallait prier pour ça. J’hochai de la tête avant de faire une petite moue alors que Samantha ne savait pas qui de Ward ou de mon beau-père me tuera le premier.

-Ça sera la surprise, j’imagine… Je crois que je crains encore plus mon beau-père… Ward je sais comment il fonctionne… J’ai pas encore pu jauger entièrement mon beau-père.

Et il m’avait clairement dit qu’il pourrait m’éliminer en un claquement de doigt ce qui, je l’avoue, est plutôt effrayant. Même pour un Los Diablos.

J’étais crevé… Et j’avais une Tiff à consoler alors je me levai mais, une fois debout, Samantha me serra contre elle. Un geste qui me surpris mais qui me réconforta alors qu’elle disait tenir à moi, qu’elle allait gérer et qu’elle me trouvera un avocat.

Elle brisa l’étreinte alors que me cœur battait plus vite. Samantha était vraiment comme une mère pour nous. Et il m’a fallu tout ça pour m’en rendre compte. Je rigolai un peu quand elle déclara qu’elle allait, de son côté, se faire masser.

-C’est une bonne idée. Moi, je vais aller dormir une semaine…

En essayant que ça soit avec Tiff… Je fixai Samantha avant de lui envoyer un sincère :

-Merci pour tout… Pour l’avocat, la caution et tout le reste.

J’avais encore à faire, maintenant, avant d’aller dormir.