Keenan O’Connor…

C’était mon nom d’infiltration. Un nom auquel je devais rapidement m’habituer. J’avais construit mon personnage au FBI avant d’être lancée dans la jungle de L.A.. Donc, Keenan O’Connor était un jeune drogué complètement paumé qui vient de débarquer en ville en provenance de New York. Il était Irlandais d’origine et j’avais travaillé mon accent ce qui m’était pas spécialement difficile étant donné que mon père adoptif était Irlandais et que, donc, je maitrisais plus facilement cet accent-là que celui de New York.

J’avais un appartement miteux dans l’Eastside… J’étais, donc, au cœur de l’action. L’appartement n’avait pas été choisi par hasard parce qu’il se trouvait dans le même immeuble que Carlos Martinez, un Los Diablos.

J’avais lu tous les dossiers des Los Diablos présumé, des Los Diablos affirmé et des ex-Los Diablos… Carlos était un Los Diablos affirmé. Le genre que les flics attrapaient de temps en temps pour des faits mineurs et qu’ils renvoyaient, ensuite, dans la mêlée dans l’espoir qu’un jour ce même Carlos puisse nous conduire à de plus gros poissons. D’après son dossier, il n’était pas des plus dégourdis. C’est ce que disais aussi son casier…

J’avais des informations sur plein d’autres de l’acabit de Carlos qui étaient soit supposé Los Diablos, soit Los Diablos pour de bon. Mais il y en avait d’autre qui étaient des plus gros poissons… Comme Finan Quinn… Lui aussi était un Los Diablos dont on était sûr et certain qu’il l’était sauf que, lui, était plus malin et bien plus haut dans la hiérarchie. Il semble être le second du chez, Alonso. Et si Quinn avait toujours été pris pour des faits mineurs, lui aussi, sa nouvelle position de rockstar en devenir changeait la donne ce qui faisait que, désormais, absolument toute la ville savait ce qu’il était. Quelque chose me disait qu’il n’allait pas tardé à être complètement hors-jeu. J’espérais que non… Parce que je voulais en partie miser sur nos origines en commun (enfin, celle qu’il a en commun avec Keenan) pour monter dans la hiérarchie.

Et puis, il y avait aussi Alonso… Alors, lui, il était un total mystère. Jamais arrêté… Enfin. Qu’on sache ! Parce que Alonso peut très bien être un simple pseudonyme. Ce qui fait que, finalement, la police pourrait être tombé dessus, l’avoir eu en détention sans savoir qu’ils avaient le fameux Alonso. Ce qui fait que ça peut-être n’importe quel Los Diablos présumé ou non… Tout ce qu’on savait de cet Alonso c’était qu’il était redouté par les Los Diablos. Sauf par Quinn, qui, d’après les auditions était son ami…

Donc, c’était un part de ma mission : savoir qui était cet Alonso. Parce que, si j’étais ici, c’était pour obtenir un maximum d’informations sur les Los Diablos. Mais pas que… Je devais aussi en apprendre sur le gang rival, les New Soldados et, si possible, obtenir l’identité du dénommé El Lider. Je devais aussi identifier tous les fournisseurs. Bref, j’avais du pain sur la planche.

Mais je devais y aller pas par pas… Je devais d’abord entrer dans le gang et, pour ça, il me fallait des contacts. Je ne suis pas allé voir Carlos directement mais un autre jeune de mon immeuble : Monty Guerra. C’était un drogué. Je l’avais vu plusieurs fois se shooter dans l’entrée de l’immeuble comme s’il était pas foutu d’attendre d’être chez lui. Donc, je l’avais approché demandant où je pouvais trouvé de la came pareil et il m’avait renseigné Carlos.

Donc, je suis allé voir Carlos. Il m’a vendu de la came… Je suis revenu en acheter quatre fois avant de revenir, la cinquième fois, vers lui en disant que j’avais plus de thunes mais que je ferais ce qu’il voudrait pour obtenir une foutue dose de plus !

C’est là qu’il m’a dit qu’il y avait bien un moyen. Et ce moyen, c’était de vendre quelques heures pour lui.

J’acceptai avec comme paiement une dose de came. Il m’envoya, donc, au skate-park de Santa Monica…

Ouais… Santa Monica. La police avait défini le territoire des Los Diablos comme étant dans l’Eastside… Mais ils vendaient, aussi, au skate-park de Santa Monica.

Je m’y rendis, donc, suivant les instructions de Carlos. Je devais me tenir à un endroit précis du skate-park. Un endroit qui permettait aux consommateurs de savoir qu’un dealer était là. C’était une information que j’ignorais. Ce qui voulait dire que le FBI et la police de L.A. ne le savait pas non plus.

Je m’y plantais donc, m’allumant une cigarette, attendant des potentielles clients… Ou autre chose… On ne savait jamais et je devais rester sur mes gardes.

@ Billy Lighter

J’avais promis de rester clean… Et Billy m’avait promis qu’on repartirait sur les route avec Be Mine ! et Bitch ! en poche… mais j’attendais toujours… j’étais clean, et j’attendais que mon meilleur ami soit prêt à partir… ou s’il ne voulait pas partir, au moins rentrer dans une nouvelle période créative.

Mais le Shaman en moi commençait à s’impatienter… Et mes aventures sexuelles avec Savannah Prescott ne me suffisaient pas.

J’avais besoin de voyager… Ou tout du moins, de savoir que je pourrais retrouver mon désert quand je le voudrais.

C’étaient toutes ces pensées qui me trottaient dans la tête alors que j’étais en train de faire des figures sur mon BMX… Au moins, on m’applaudissait, même si ce n’était pas pour mes accords de guitare… Je la grattais encore, tous les jours, espérant par-delà les collines de Malibu, parvenir à ses oreilles, appeler Billy à ma façon… Qu’on se retrouve.

Mais il y avait cette April… April qui le tirait vers le bas avec son aura noire comme le charbon. April n’était pas une femme pour Billy… Ce qu’il fallait à Billy, c’était une mère.

Et cette mère, j’avais bien peur qu’il ne la trouve en Samantha Mancini… Mais pour l’instant, April lui prenait trop de temps, l’étouffait aussi sûrement que le python étouffe sa proie avant de l’avaler toute entière.

J’étais clean.

Mais pas dit que je le resterais encore longtemps avec cette attente qui me tenaillait… Et sans Billy pour me soutenir.

Alors je le vis… L’homme assis à la place des dealers… D’habitude, c’étaient de petits latinos… mais celui-ci était blanc, grand… Pas un Los Diablos.

Et c’était ce qui m’attirait chez lui… Parce que les Los Diablos vendaient principalement de la cocaïne alors que ce qu’il me fallait, c’était de l’héroïne.

Je fis encore quelques figures sous les applaudissements des ados présents et quand je m’arrêtai, ce fut pour signer quelques autographes… Nos fans, eux au moins, ne nous oubliaient pas… mais beaucoup se demandaient où était Billy…

Et je répondais toujours : « Trop loin »…

Trop loin de moi en tout cas.

Puis, je repris mon BMX pour rouler jusqu’à l’homme que j’avais aperçu.

Je me plaçai à côté de lui, mais sans le regarder.

-Hey… T’aurais pas du Brown Sugar ?

Puis, le regardant.

-Tu es nouveau, je ne t’ai jamais vu ici.

@ Billy Lighter

J'attendais... J'attendais en regardant Cash Izbel faire des figure au guidon de son BMX. Je devais avouer que de voir Cash Izbel d'aussi près était assez impressionnant. Le guitariste de The Lightening était, pour moi, un poster avant que je ne le vois en vrai aujourd'hui. Parce que je n'avais encore jamais été voir The Lightening en concert. Il faut dire qu'ils ne sont pas souvent sur les routes et jamais là où je suis.

Le regarder me faisait passer le temps mais je ne m'attendais pas à ce qu'il s'arrête de faire des figures pour s'approcher de moi...

Il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'une rockstar prenne de la drogue. Rares étaient ceux qui étaient clean, j'imagine. Mais que Cash Izbel qui en demandait à un parfait inconnu rendait moins étonnant le fait que certaines rockstars crevaient après avoir ingéré des mauvaises drogues.

Parce que j'étais un parfait inconnu. On ne pouvait pas me relier aux Los Diablos parce que je n'avais pas la tête de l'emploi et que je n’en faisais pas encore partie mais le fait, certainement, que je sois là où se trouvaient les dealers devaient mettre en confiance Izbel.

Il demanda du Brown Sugar... Comme ça. Sans plus d'état d'âme. Comme s'il achetait un paquet de bonbons. Mais moi, je sifflai d'admiration me mettant dans mon rôle de gamin des basses classes un peu nonchalant.

-Waw, le grand Cash Izbel vient acheter chez moi !!  Trop cool !

Je tirai sur ma cigarette alors qu'il déclara que j'étais nouveau ici preuve qu’Izbel était un habitué de ce point de vente.

-Ouais, je viens de débarquer en ville et mon pote Carlos m'a demandé un service alors, je lui rends ce service.

Je regardai autour, me frottant le nez avant de sortir, discrètement, la came que m’avait filé Carlos.

-J’ai pas de Brown Sugar mais de la coke. Carlos m'a assuré que c'était la meilleure de la ville et si tu veux un avis de consommateur, c'est le cas.

Vendre à Izbel ne me faisait pas plaisir mais ça faisait partie du job. De plus, il était adulte.

Je pris alors un air intéressé.

-Et où tu achètes du Brown Sugar, d'habitude ? Comme je viens d'arriver, ça m'intéresse de savoir où je peux en avoir...

Toute infos était bonne à prendre.

@ Billy Lighter

Je rigolai devant l’enthousiasme du dealer… Apparemment, il était nouveau et même plus que nouveau ! Il était en train de fumer une clope et ça me donna envie de fumer ici alors, campé sur mon BMX, je m’allumai une clope à mon tour avant de souffler une bonne bouffée de fumée.

-Tu sais, je chie et je pisse comme tout le monde…

Je parlai un peu plus bas.

-Et je me drogue aussi… C’est une façon pour moi de m’évader… Tu sais comment on m’appelle…

Le Shaman… Et comme les véritables Shaman, je m’aidais de substances pour voir au-delà des limites.

Car je l’avais pas de limite ! The Lightening n’avais aucune limite. Tout n’était qu’excès ! Le caractère de Billy n’était qu’excès… Mes consommations n’étaient qu’excès.

-Tu t’appelles comment ? Même si j’ai des thunes, hein, je compte pas t’acheter avec un autographe… En plus, je sais que les temps sont durs pour les Los Diablos en ce moment.

Et il était bel et bien nouveau. Il me dit qu’il venait de débarquer en ville et qu’il dépannait Carlos.

-Oh… j’espère qu’il va bien Carlos.

Puis il me dit qu’il n’avait pas de Brown Sugar mais de la coke… je pris un air dépité.

-Ah merde… je prends que du Brown Sugar, mec… Carlos et les autres qui viennent ici en ont toujours une petite quantité pour moi quand ils viennent vendre ici… ça vient pas du stock des Los Diablos mais d’un autre dealer… Carlos me le vend un peu plus cher, mais au moins, je suis sûr de la qualité.

Je souris…

-Donc tu peux en avoir auprès de Carlos…

Je descendis de mon BMX pour m’asseoir à côté du gars.

-T’as pas une tête de dealer… Je veux dire, ils sont presque tous latinos les autres…

Je tirai sur ma clope en tremblant un peu…

-En plus ça fait quelques mois que je suis clean… Billy m’avait dit qu’on reprendrait la route ou qu’on irait en studio si je l’étais… Mais je suis clean et… rien…

Je sifflai comme un serpent furieux…

-C’est sa putain de femme, elle ne l’aide pas.

@ Billy Lighter

Cash s’alluma, lui aussi, une clope bien campé qu’il était sur son BMX. Et, alors que je m’étais exclamé parce que j’avais, en face de moi, le grand Cash Izbel, il déclara qu’il pissait et chiait comme tout le monde. Je rigolai.

-Ouais. C’est vrai.

Il avait de la répartie, le grand discret de The Lightening. Enfin, discret… Tout est relatif tant sa guitare est présente et quasi centrale sur leurs titres. Cash était l’une des âmes du groupe même si, de mon avis, aucun groupe n’arrivera jamais à la hauteur de The Army.

Il déclara, plus bas, qu’il se droguait aussi. Ce n’était pas un scoop. Il demanda, ensuite, si je savais comment on l’appelait… Cash ? Non, j’imagine qu’il parlait d’un surnom… Et je finis par retomber sur un que j’avais lu dans un média ou l’autre.

-Le Shaman ?

Je parlais tout aussi bas que lui avant qu’il ne me demande mon nom à moi avant de dire qu’il comptait bel et bien payer en disant que les temps étaient durs pour les Los Diablos, en ce moment. Je notai ça dans ma tête. Pour l’instant, je tentait d’entrer dans les Los Diablos alors je n’étais pas encore très bien aux faits de leur situation économique. Je savais que c’était la guerre de gang. C’est pour ça, en partie, que j’étais là et j’imaginais que c’était ça qui impactait les Los Diablos.

-Je m’appelle Keenan… Et je suis pas vraiment un Los Diablos…

J’expliquai que je dépannais Carlos, tout simplement. Et ça, en échange de drogue. C’était le système qu’utilisais aussi mon voisin Monty. A croire que Carlos était vraiment un foutu paresseux.

A moins qu’il nous testait, tout simplement. Peut-être que c’était sa façon de recruter. Je l’espérais, en tout cas.

Cash connaissait Carlos parce qu’il me demanda s’il allait bien. J’haussai nonchalamment des épaules.

-Il avait l’air, la dernière fois que je l’ai vu.

Mais Cash, il voulait du Brown Sugar. Visiblement, Carlos avait l’habitude de lui en vendre d’un stock autre que celui des Los Diablos. Tiens tiens… Carlos aurait un fournisseur personnel, alors ? Et il se ferait des thunes avec ? Je me demandais si ça se savait au sein des Los Diablos et si c’était accepté. En tout cas, je notai ça, aussi, dans ma tête. Et je pris un air dépité.

-Putain, il m’a rien dit… Il faut dire que je lui en ai pas demandé. Il m’a dit qu’il avait que de la coke pour moi…

Je fis une petite moue.

-Je lui demanderais…

Cash vint alors s’asseoir à côté de moi. S’il ne comptait pas acheter la coke de Carlos, on dirait qu’il avait envie de parler. Il commença par dire que j’avais pas une tête de dealer parce que je n’étais pas latino. C’était un cliché… En fait, pas tellement. Tous les Los Diablos, à l’exception de Finan Quinn, étaient latinos… Mais ce n’étaient pas les seuls dealer de la ville et j’avais quelques dossiers de gens qui dealaient et qui n’étaient pas latinos. En fait, si parce qu’il y avait beaucoup de dealer latino c’était parce qu’il y avait énormément de latino dans l’Eastside et que c’était une catégorie de gens qui était défavorisé. Tout simplement.

-Ouais… Mais il y a des exceptions, tu sais… T’as lu ce qu’on dit sur Finan Quinn. Il est aussi latino que moi.

J’écrasai ma clope pour en allumer un autre avant que Cash ne commence à me parler de son addiction. Je l’écoutai me dire qu’il était clean depuis quelques mois et qu’il attendait désespérément que son chanteur lui fasse un signe pour une tournée… C’était une promesse. Une promesse que Billy Lighter ne semblait pas tenir. Parfois, l’addiction de quelqu’un tenait simplement à ça… Et c’était assez triste pour Cash… Un Cash qui était, malgré sa célébrité, simplement paumé… Il lui fallait simplement le soutien de son ami.

Mais il ne semblait pas blâmer Billy mais la femme de celui-ci. Ouais, j’avais lu que Billy Lighter était en couple dans les people.

-Ouais, cette fille-là. Avril, c’est ça ? Un truc dans le genre ?

Je crois que c’était ça. Je fixai Cash.

-C’est naze, ça, mon vieux. Moi, j’aimerais bien pouvoir entendre à nouveau votre musique aussi. Elle lui fait quoi, sa femme ? Elle l’empêche de tourner ? Elle a pas envie qu’il se casse sur les routes ? Les femmes c’est des sources à ennuis. Pour ça que je me case jamais…

Bon… J’allais peut-être en apprendre plus sur les déboires de The Lightening, aujourd’hui. Mais ça valait le coup quand même. Une bonne information, ça peut sortir à n’importe quel moment.

@ Billy Lighter

-Ouais, c’est ça… le Shaman… Ou le roi Serpent… je suis maître de mon propre univers.

Lui se présenta aussi et je lui tendis la main du haut de mon BMX, ma clope coincée entre mes lèvres.

-Enchanté, Keenan ! T’es Irlandais ?

Et il n’était pas vraiment un Los Diablos.

-Je l’avais compris, tu serais latino sinon… mais peut-être qu’à cause de la guerre des gangs, ils sont obligés de recruter plus large et de se faire plus discret…

Je tirai sur ma clope.

-Ça explique pourquoi tu n’as pas de brown sugar pour moi… Tous les vrais Los Diablos en ont toujours un peu pour moi… Avant c’était Delfino Alvarez, maintenant Carlos…

Et en parlant de Carlos, je demandai comment il allait… et Keenan me répondit qu’aux dernières nouvelles, il allait bien.

-Tant mieux ! Enfoirés de New Soldados…

Je n’aimais pas les New Soldados parce que je savais par les Los Diablos que je connaissais qu’ils n’avaient ni foi, ni loi… Et qu’aux dernières nouvelles, ils s’étaient mis au trafic d’êtres humains en recrutant des putes et en leur prenant presque tout ce qu’elles gagnaient.

Enfin bref, Keenan était désolé de pas avoir ma came. Mais je lui en voulais pas… je lui fis signe que ce n’était pas grave tout en crachant de la fumée.

-T’en fait pas… ça me forcera à rester clean plus longtemps… Et à donner une nouvelle chance à Billy.

Je fis encore la réflexion que Keenan n’était pas bien latino, mais il dit qu’il n’y avait pas que lui, en parlant de Finan.

-En effet… mais il ne restera peut-être pas un Los Diablos longtemps… Il fait de l’art cet homme-là… C’est un créateur de mondes… Son truc à lui, c’est la musique… Il faut qu’il continue… mais je sais que c’est dur de sortir d’un gang…

Puis on parla de Billy… Billy et sa petite amie…

-April… Elle a une aura noire comme j’en ai rarement vu, sauf peut-être chez Samantha Mancini, notre manager. Une harpie qui pompe toute l’énergie d’autrui… C’est une danseuse.

Je soupirai.

-Et je ne comprends pas pourquoi il reste attaché à une fille qui ne veut même pas faire l’amour avec lui.

Je fixai Keenan de derrière mes boucles et mes lunettes de soleil.

-Voilà ce qu’elle lui fait… Elle lui pompe son énergie, sa créativité… Ils restent cloitrés dans sa villa à se regarder en chien de faïence.

Je rigolai…

-Je ne me case jamais non plus… mais pour l’instant, je fréquente Savannah Prescott… Et on ne s’est même pas encore fait avoir par L.A.People.

@ Billy Lighter

Le Shaman, le roi Serpent. Tant de surnom qui allait à Cash et dont il semblait fier. Il se disait maitre de son propre univers… The Lightening, c’était ça : deux gros ego et des musiciens qui les suivent. Et si leur musique est brillante, leur façon de fonctionner avait toujours laisser tout le monde perplexe.

Je souris et me présentai et il demanda si j’étais Irlandais.

-Ouais. Enfin, je suis surtout New-Yorkais… Mais mes parents sont Irlandais.

J’expliquai que j’étais pas un Los Diablos et Cash disait qu’il le savait parce que j’étais pas latino. Les préjugés ont la vie dure à Los Angeles. Il expliqua alors que la guerre de gangs poussait, peut-être, les Los Diablos à engager autre chose que des latinos pour se faire plus discret… J’haussai des épaules.

-P’t-être bien…

Il disait que ça expliquait pourquoi je n’avais pas de Brown Sugar. Que les Los Diablos en avaient toujours. Carlos et, avant ça, Delfino Alvarez. Alvarez était aussi dans mes dossiers. Mais ce n’était plus un Los Diablos. Les sources étaient formels. Il s’était rangé. La question était : comment ? La rumeur courrait qu’il était quasi impossible de sortir des Los Diablos indemne. Mais peut-être que la rumeur était exagérée.

-Carlos aurait vraiment dû me le dire. C’est pas cool de sa part.

Je boudai un peu avant de dire que Carlos allait bien aux dernières nouvelles et Cash en semblait ravi preuve qu’il avait une certaine sympathie pour Carlos et les Los Diablos en général. Contrairement aux New Soldados, apparemment. Je levai un sourcil.

-Quoi ? Leur drogue est moins bonne aux New Soladados que tu les aimes pas ?

Je dis ça en rigolant un peu. Je suis censé débarquer et, donc, en savoir encore très peu sur la guerre qui agitait L.A..

Je finis par m’excuser de pas avoir sa came mais c’était pas tant une mauvaise chose vu que ça lui permettra de rester clean… Enfin, je me faisais pas trop d’illusion… Cash était au bord de replonger et ce n’est pas vraiment moi qui allait pouvoir l’aider…

Ce n’était pas mon rôle. J’haussai nonchalamment des épaules.

-J’espère pour toi qu’il finira par donner signe de vie.

Cash revint alors sur le fait que je n’étais pas latino et que ça ne collait réellement pas avec mon statut de dealer. Alors, je citai Finan Quinn pour montrer qu’il y avait un précédent. En fait, il y en avait plusieurs mais Quinn me semblait être assez connu que pour que mon exemple soit pris au sérieux. Il confirma mais déclara aussi que Quinn ne sera, sans doute, plus Los Diablos pour longtemps. C’était fort possible. Cash disait que, le truc de Quinn, c’était la musique. C’est vrai que sa musique était intéressante et qu’on pouvait se demander comment un type comme Quinn pouvait être Los Diablos.

-Ouais, c’est clair que sa musique vaut le coup.

Mais comme le disait Cash : c’est dur de sortir des gangs. Donc, il confirme la rumeur. Mais certains semble y arriver quand même. Il faut dire que « dure » n’est pas synonyme d’impossible.

Puis, Cash parla de ses déboires avec Lighter et la petite-amie de Lighter. Celle dont avait parlé L.A.People. Avril… Enfin, April, apparemment. Une femme que Cash semblait détester tout comme il me montra qu’il n’aimait pas sa propre manager, Samantha Mancini. Waw ! C’était l’ambiance chez The Lightening… Preuve que les journaux n’exagérait rien.

Je pouffai un peu de rire quand Cash déclara qu’il ne comprenait pas pourquoi Lighter restait avec une femme qui ne voulait pas faire l’amour avec lui.

-Ouais, là, c’est pas compréhensible. Moi, je saurais pas rester avec une fille pareille.

Donc, d’après Cash, April pompait l’énergie vitale et la créativité de Billy Lighter, ce qui expliquait pourquoi le chanteur ne donnait plus signe de vie… Mouais… Possible. Mais d’après ce que j’ai lu, The Lightening a toujours fonctionné comme ça, non ? Je poussai un soupire de dépit.

-J’avoue. C’est assez nul comme situation. Les femmes, elles aident jamais.

Pour ça que je me casais pas, moi ! Il y a rien de pire que de ce caser. Et j’avais trouvé le job pour avoir une raison de pas me caser !

Ma mère voudrait que je me case, pourtant… Dans son cas, c’était un peu l’hôpital qui se foutait de la charité vu le temps qu’elle a pris, elle, pour se caser. Faut dire qu’elle avait, pendant longtemps, craint la gente masculine pour tout un tas de raisons justifiées. « La malédiction des filles Scott »… Elle appelait ça comme ça, ma mère.

Des filles Scott, c’est elle qui s’en est le mieux sorti. On peut pas en dire autant des trois autres.

Et Cash suivait la même politique que moi parce qu’il se casait pas non plus. Il fréquentait juste Savannah Prescott. Je sifflai.

-Sérieux ? Savannah Prescott de The Burning Fire? Putain, moi qui croyait qu’elle flashait sur Stone… Aux AMA, on voyait qu’elle ! Elle était quasi à poil !

Et plutôt jolie à regarder !

-Et ben, mon vieux, t’en as de la chance… Tu devrais peut-être la présenter à Billy. Peut-être que ça le fera sortir de son trou.

Je rigolai un peu avant de tirer sur ma cigarette.

-Ou tu peux me la présenter à moi. Elle a pas besoin de drogue, Savannah Prescott ? Enfin, de la coke, quoi ?

Hey ! Je suis toujours partant pour allier l’utile à l’agréable, moi !

@ Billy Lighter

Ainsi, Keenan était un fils d’immigré… Je soufflai une bouffée de ma clope avant de jeter le mégot pour en rallumer une autre.

-Pas facile d’arriver dans un pays et de se faire sa place. Mais ici, t’as de quoi vivre le rêve américain.

Je regardai l’Irlandais dans les deux, de derrière mes lunettes de soleil et mes boucles de cheveux.

-Ici, tu réussis… Ou tu crèves.

J’essayais de m’expliquer pourquoi les Los Diablos recrutaient autre chose que des latinos… mais je savais qu’il y avait actuellement une guerre des gangs, surtout au sein de l’Eastside et de South L.A. mais Keenan ne m’aida pas, pour le coup, il n’en savait pas plus que moi apparemment.

Ou alors, il gardait ça pour lui.

Il en voulait surtout à Carlos de ne pas lui avoir dit pour le Brown Sugar…

-T’inquiète… peut-être qu’il a su par la presse que j’étais clean… Et que comme il veut voir une tournée ou un nouvel album de The Lightening, il ne t’en a pas donné. Je t’en veux pas, et j’en veux pas à Carlos non plus.

Keenan leva un sourcil quand je lui parlai des New Soldados… je tirai longuement sur ma clope.

-Non, je n’aime pas les New Soldados… ils sont violents et une partie d’entre eux sont des aryens… Tu crois que si un aryen me voit, il va me vendre quoi que ce soit ? Je vais plutôt finir dans le caniveau ouais…

On parla un peu de Billy et je soupirai quand Keenan me dit qu’il espérait que Billy me donne signe de vie…

-J’aimerais tant qu’il vienne juste regarder The Price Is Right avec ma grand-mère et moi, chez moi… Qu’on ait plus de contact. C’est mon ami, après tout.

N fit un détour par le cas Quinn, puisque lui non plus n’était pas latino et faisait quand même partie des Los Diablos. Mais selon mon avis, plus pour longtemps… Et Keenan trouvait que sa musique valait le coup.

Je souris…

-Ce qui est con c’est qu’il ne me vendra plus de drogue.

Puis on en revint à Billy… Et aux femmes… mais pas toutes les femmes, seulement les harpies dévoreuses de vie et de créativité, comme April et Samantha. Et Keenan était d’accord pour dire que les femmes n’attiraient que des problèmes. Je rigolai avec lui.

Alors je lui parlai d’une nymphe, de Savannah Prescott qui n’était pas une harpie… juste une femme avide de vie et à deux, on célébrait cette vie… Keenan était impressionné.  Je tapai la cendre de ma clope.

-Elle couche peut-être aussi avec Stone, même si Stone est marié maintenant… On est pas exclusifs, elle et moi.

Je souris.

-Et sa tenue des AMA était trop tentante.

Quant à la présenter à Billy, j’éclatai de rire…

-Billy la détesterait, je suis prêt à parier… Savannah est trop grande gueule pour lui.

Puis Keenan demanda si je pouvais lui présenter Savannah… Que peut-être elle aurait besoin de drogue elle aussi.

-Ouais, je te la présenterai… Si tu traine souvent ici, tu as des chances de nous voir ensemble…

Je tendis mon paquet de clope à Keenan…

-Sinon, à part dealer, tu fais quoi dans la vie ?

@ Billy Lighter

J'avais déclaré être le fils d'immigré irlandais. La vérité était toute autre, bien sûr. J'étais natif de Los Angeles bien que j'avais vécu la plus grand partie de ma vie à Quantico. Pour Cash, je pouvais vivre le rêve américain et si ça sonnait comme une opportunité, c'était, en réalité, une obligation.

Tu réussis ou tu crèves.

Je ricanai.

-Putain, je vais crever alors.

C'est clair que Keenan n'allait pas réussir. Il n'était pas créé pour ça.

Je râlais, ensuite, sur Carlos qui m'avait pas parlé du Brown Sugar mais Cash chercha des excuses au Los Diablos. Il disait que Carlos avait sans doute envie de voir un nouvel album ou une nouvelle tournée de The Lightening. J’haussai des épaules.

-P’t-être bien.

Cash me montra, ensuite, à quel point il n'aimait pas les New Soldados et il m'en expliqua la raison. Les New Soldados étaient violents. Donc, il trouvait que les Los Diablos ne l'était pas ou l'était moins. Et il me parla des aryens qui semblaient être bien présent dans le gang de celui qui se faisait appeler El Lider... Contradictoire, non?

-Ça doit pas être de vrai aryens alors vu qu'il semblent travailler pour in latino... Mais ouais, les aryens, ça craint. Ils m’aimeraient pas non plus.

Les aryens n’aiment que ce qui est Américain… Enfin, leur conception « d’Américain » parce que, techniquement, les vrais natifs américains sont ceux qu’on appellent les Indiens. Mais il ne faut pas demander aux aryens d’être intelligent, ça serait trop leur demander.

Puis, Cash me raconta ses déboires avec Billy Lighter. Appartement, ce n'était pas une bonne période pour The Lightening et Cash et Billy semblaient plus distant que jamais. Pourtant, c'est pas faute que le guitariste aimerait passer du temps avec celui qu'il considérait comme son ami. Je pris un air compatissant.

-J’espère que ça s'arrangera vite.

On passa par le sujet Quinn et Cash se disait qu'il finira sans doute par ne plus être Los Diablos. Ça semblait être l'issue logique mais les criminels ne sont pas toujours logiques. Certains ont vraiment du mal à quitter la criminalité même une fois un certaine célébrité obtenue. Quinn ne serait pas la première célérité à crever dans un règlement de compte parce qu'il continue ses activités criminelles malgré un compte en banque bien rempli.

C'est comme une drogue pour eux. Et parlant de drogue, ce que Cash regrettait avec Quinn, c'est qu'il risquait de ne plus lui vendre de drogue. Je rigolai.

-T’en fais pas. Je suis là maintenant. Tu troques juste un Irlandais pour un autre.

C'est de la femme de Billy qu'on parla, ensuite, et de Savannah que fréquentait Cash même s'il n'étaient pas exclusif. Il avait été aussi attiré que moi par sa tenue aux AMA mais il était persuadé que Billy la détestera. Je rigolai.

-Ah ouais ? Elle a une grande gueule la Prescott ?

Ouais, elle avait bien l'air d'être ce genre de fille, en effet.

Il disait qu'il me la présentera et que j'aurais des chances de les voir ensemble ici même. Je rigolai.

-Je viendrais plus souvent, alors.

Puis, c'est Cash qui se fit plus curieux. J’haussai des épaules à sa questions.

-Je vis de mes rentes. Non, je déconne. Je travaille au centre de tri de la poste... Ça paye pas et je vais certainement pas tarder à me faire virer. Mon boss n'aime pas que je me pointe en retard.

J’haussai des épaules.

-J’imagine que je vais devoir bientôt trouver autre chose à faire... Je verrais bien...

Je soupirai.

-J’étais venu ici dans l'espoir d'avoir du soleil. J'ai le soleil mais les jobs sont tout aussi nazes ici qu'à New York...

Je fis la moue.

-Enfin, sauf pour toi. Être rockstar, c'est la classe. Mais je ne sais absolument pas faire de musique...

J’haussai des épaules...

-Je devrais peut-être me caser avec une actrice célèbre et vivre de son salaire. C'est pas une mauvaise idée ça, tu trouves pas ?

Je rigolai.

@ Billy Lighter

Je haussai les épaules quand Keenan me dit qu’il allait crever, parce qu’il pensait ne pas pouvoir réussir. Je haussai les épaules.

-Peut-être bien… Mais avec de la chance, qui sait ? L.A. est une ville vivante, elle choisit ses enfants, ses élus.

Puis on parla des New Soldados que je n’aimais pas à cause des aryens. Et je rigolai, ma clope entre mes lèvres, quand il dit que c’était quand même con, une bande d’aryen qui bossaient pour un latino.

-Ouais… sont pas très malins… mais ils savent reconnaître un métis quand ils en voient un. Et crois-moi, j’ai pas envie de me frotter à eux.

Keenan dit qu’ils ne l’aimeraient pas non plus.

-T’es blanc, ça leur suffit à ces aryens-là.

Puis on parla de Billy, je ne pouvais m’empêcher de parler de Billy… Et de comment ça allait mal pour l’instant… Enfin pas que ça allait vraiment mal, mais Billy avait encore disparu de la circulation, probablement réfugié dans sa villa de Malibu.

Keenan espérait que ça s’arrangerait vite.

-Faudrait qu’il vire Fox pour ça.

Et puis on parla de Finan Quinn qui s’était fait avoir et du fait que je ne pourrai peut-être plus lui acheter de drogue, mais Keenan était optimiste et me fit sourire. Je ne faisais que troquer un Irlandais pour un autre.

Je jetai mon mégot et m’allumai une autre cigarette.

-C’est vrai, t’as raison.

Puis on passa à Savannah, ma nymphe… Libertine, comme moi, on attendait rien l’un de l’autre et c’était bien comme ça. Nous fusionnions de temps à autre comme une offrande à l’amour, mais c’était tout… Ce qui ne m’empêcherait pas de l’inviter à m’accompagner au mariage des Ricci… On avait été invité par Samantha, probablement pour qu’elle nous exhibe comme des trophées. Mais j’irais, parce que j’espérais que Billy serait là.

Je souris à Keenan.

-Ouais, c’est une fille qui sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Et qui ne me prend pas la tête. Si on a pas envie de se voir, on ne se voit pas, point.

Je demandai alors, hormis dealer, ce que Keenan faisait dans la vie. Il disait travailler au centre de tri de la poste mais plus pour longtemps. Il risquait de se faire virer à force d’arriver en retard, je posai ma main sur l’épaule de Keenan.

-Et bien si un jour on te vire, viens faire un tour du côté de chez MTI. Tu sais peut-être pas faire de la musique. Mais je suis sûr qu’il y a une place pour toi comme raodie… Comme ça, tu côtoieras le monde des stars.

J’éclatai de rire, me redressant pour me remettre sur mon BMX, quand Keenan affirma qu’il pouvait aussi se mettre avec une actrice célèbre et vivre de son salaire.

-Comme je t’ai dit, tout arrive à L.A. ! Demande à Bailey North !

Je lui fis un petit signe.

-A la prochaine.

@ Billy Lighter