J'avais rigolé quand Samantha avait dit qu'elle irait regarder dans le jardin de Mitchell Austin si jamais je venais à disparaître. Je riais mais j'avais bien peur que ça ne soit plus proche de la réalité qu’il n'y paraissait.

Surtout que le père de Tiff n'était pas le seul obstacle pour vivre une vie heureuse et comme je l'entendais. Je devais aussi passer l'obstacle Jimmy Red auquel je devais remettre ma démission. Mais Samantha disait que si je parlais de ma famille, Reed pourrait comprendre parce qu’il tenait à la sienne aussi. Mes lèvres ses pincèrent.

-Je l'espère...

Mais je doutais, intérieurement, que ça change quelque chose. Certes, Reed à une famille et il y tiens. Ça ne fait aucune doute. Mais il se fiche complètement de la famille des autres sauf s'il en retire un intérêt. Si les choses en étaient autrement, il n'aurait pas décrété la guerre de gang avec Fleming... Mais il l'avait fait. Pour protéger sa famille, c'est vrai. Mais au détriment de plein d'autres.

Il était impitoyable et égoïste. Mais je devais lui rendre qu'il est aussi un très bon gestionnaire et que pendant tout le temps que j’étais Los Diablos, je n'ai jamais manqué de rien et il avait fait en sorte que la paix entre gang soit plus ou moins respectée.

Donc, malgré tout, je redoutais ma conversation avec Reed.

On parla, ensuite, brièvement, de nos futurs projets. J'avais vraiment hâte et je ne me cachais pas.

Puis, Livia commença une autre chanson et je ne pus m’empêcher de souligner le talent de la fille de Reed. Jusqu'à me demander si Samantha avait convoité la petite. Elle confirma et j’éclatai de rire quand elle disait qu'elle comptait bien la voler à Daniele.  Comme quoi, même mariés, les deux managers étaient quand même en compétition dans leur domaine et c’était assez drôle.

Après ça, Samantha s'éclipsa et je lui fis un clin d'œil avant de reprendre une bière et de chercher Tiff du regard tout en écoutant le reste du concert de Livia. Quand il fut terminé, je repérai Amon alors, que maintenant, tout le monde attendait la montée de The Lightening sur scène.

J’esquissai un sourire en coin à la vue du journaliste et décidai de m'approcher de lui par derrière. J'arrivai furtivement avant de taper amicalement mais un peu fort quand même le dos du journaliste.

-Amon ! Mon ami ! Comment tu vas ??

Mon ton était extrêmement ironique. Amon avait rapportés mon arrestation avec tellement de détails que ça avait fait le tour de Los Angeles en entier. Il avait ruiné ma réputation alors j’allais lui montrer tous mes griefs aujourd'hui.

-Alors ? On danse avec Sonne Moriarty ? Vous aviez l'air très proche tout à l'heure. Son mari sait que vous êtes aussi proche ?

Je n'avais aucune idée de la relation entre Sonne et Amon, ni entre Amon et Axel. Mais j’avais bien vu qu’Amon était très proche de la secrétaire de Ricci, tout à l’heure. Si ça tombaient, ils étaient simplement amis et Axel était tout à fait au courant de ça…  Mais bon, c’était le seul moyen que j’avais de potentiellement le mettre mal à l’aise et de pouvoir lui montrer que ça n’avait rien de drôle quand les gens exposaient au grand jour notre vie privée.

-Tu es là pour couvrir l’évènement ? J’imagine que ton flair est en quête de bon scandale, je me trompe ?

Mon ton était toujours bien ironique. Je voulais qu’il sente que je lui en voulais. Pourtant, j’ai toujours respecté Amon… Mais avant de devoir un début de rockstar, je ne connaissais qu’Amon, le boxeur, pas Amon le fouineur.

@ Billy Lighter

J’avais photographié la jeune Cortez sur scène, mais aussi ses amis qui l’acclamaient et Reed qui, cigarette en bouche, l’applaudissait lui aussi. Ça allait bientôt être le tour de The Lightening et ça, je ne pouvais pas le rater ! Ils avaient disparu des radars depuis trop longtemps pour que je les laisse me filer entre les doigts.

Mais je sursautai en sentant une lourde tape dans mon dos. Je me retournai pour voir Finan Quinn… Très bien habillé, rasé, il n’avait pas cet air de viking qu’il aimait arborer sur scène au Stryge. Il était grand, mais pas autant que moi. Je lui souris puis lui tendis la main pour qu’il la serre.

-Finan ! C’est toujours un plaisir de te voir.

Mais je me doutais qu’il m’en voulait, même avant de sentir l’ironie dans sa voix.

-Je sais Finan. Tu m’en veux et tu peux m’en vouloir. Ce n’était peut-être pas mon mouvement le plus intelligent que de dévoiler ton affiliation aux Los Diablos dans L.A. People.

Je souris, carnassier.

-Mais ça va te forcer à changer de vie, non ? En plus, tu as une famille maintenant.

Mon sourire se fit plus doux.

-Sinon, je vais bien.

Il ajouta, toujours ironiquement, qu’il m’avait vu danser avec Sonne.

-Oh que oui son mari le sait ! Nous sommes amants, Sonne et moi. Et il le sait… Mais il n’est pas le dernier à aller vivre ailleurs. Je suis là pour mettre du piment dans la petite vie bien rangée dans laquelle a été piégée Sonne.

J’écartai les mains, mon appareil dans l’une d’elle.

-Tu vois ? Rien à cacher.

Sinon je n’aurais pas dansé avec Sonne de la façon dont je l’avais fait un peu plus tôt. Et si Axel s’était rangé entre temps, ce n’était pas mon problème.

Je hochai la tête quand Finan demanda si je cherchais le scandale.

-C’est mon métier, Finan… Alors ouais, c’est peut-être un métier de merde, un métier qui bafoue toutes les règles qu’on nous apprend à la boxe… Mais j’essaye parfois d’aider, par des moyens détournés…

Je marquai une pause.

-J’ai écrit cet article sur toi pour que tu n’aies pas le choix, pour tes fans, de quitter les Los Diablos. Je suis désolé si ça t’a mis dans la merde… Mais j’ai vu que tu avais une famille maintenant ? Peut-être que le juge te donnera une deuxième chance…

Je souris.

-Mais j’avoue que c’était un sale coup de pied au cul.

@ Billy Lighter

Toujours un plaisir de me voir ? Peut-être qu’aujourd’hui, Amon changera d’avis au fur et à mesure de la conversation. Car s’il était content de me voir, moi, j’allais être content de pouvoir lui dire ses quatre vérités.

D’ailleurs, mon ton ironique était un avant-goût de ce que j’avais envie de lui dire et il ne tarda pas à faire les liens lui-même comme un grand. Il savait que je lui en voulais. En même temps, difficile de ne pas lui en vouloir sur le coup. N’importe qui, dans ma situation, lui en aurait voulu. Il déclara même que ça n’avait pas été un mouvement intelligent. J’affichai un sourire jaune.

-Non, ça n’était pas intelligent du tout !

Mais il déclara que ça me forcera peut-être à changer de vie… Il mis en avant ma famille pour donner une cause vertueuse à son coup bas. Je levai un sourcil. Mais de quoi je me mêle, hein ? Il me balance à L.A. en entier et il n’a aucun regret ? Pire, il espère que ça allait me faire changer de vie ? Que, du coup, il a bien fait ? Mais ce n’était pas à lui de me forcer la main de la sorte !

Mais je ne dis rien me contentant d’attaquer autrement en mettant en avant ce que j’avais vu tout à l’heure… Soit, Amon qui dansait avec la femme d’Axel Moriarty, lui aussi journaliste. Un journaliste qui aimait, aussi, bien me critiquer… Mais je savais que c’était uniquement parce que j’étais chez MTI et que Moriarty était, sans conteste, pro-BSC…

Seulement, mon attaque tomba à l’eau parce qu’Axel semblait bien au fait que Sonne et Amon étaient amants. Je roulai des yeux quand Amon ajouta qu’Axel n’était pas mieux de son côté. Amon était, en fait, le jouet de Sonne et ça semblait parfaitement lui convenir.

-Putain, les famille de riches, c’est vraiment n’importe quoi !

Et il sembla assez fier de dire qu’il n’avait rien à cacher. Je fis la moue en le fixant droit dans les yeux.

-Ouais… C’est ça… Tout le monde a des secrets, Amon… Le seul qui n’en a plus à L.A., c’est moi !

Je demandai, alors, s’il était en quête de scandales sur un ton toujours bien ironique et il confirma. Il avoua que c’était un métier de merde… Sans blague !! Mais il ajouta qu’il pouvait, à travers ce métier de merde, aider les gens de manière détournée. Parce que, ce qu’il m’avait fait était, pour lui, de l’aide ! C’était ça qu’il essayait de me faire comprendre. Il l’avait fait pour que je n’aie pas d’autre choix que de quitter les Los Diablos… Il espérait que le juge me donnera une seconde chance ! En fait, plus Amon se justifiait, plus j’avais envie de lui foutre mon poing en pleine gueule. Mais je me retenais me contentant de boire une très longue gorgée de bière avant de rire ironiquement…

-Un sale coup de pieds au cul…

Je relevai de regard sur Amon. Un regard dur.

-Tu as vraiment cru que ça m’aiderait ?

J’hochai négativement de la tête.

-Je venais de me faire arrêté après qu’un foutu aryen ait menacé de mort ma fiancée avec qui je m’étais disputé quelques jours plus tôt très précisément sur le sujet des Los Diablos. Les flics m’ont foutu en cellule. Le juge, le lendemain, a foutu ma caution à 100 000 dollars… J’ai dû sonner à Samantha pour la payer sinon j’étais bon pour rester là jusqu’à mon procès dans quelques mois… Alors, tu crois vraiment que, en plus, j’avais besoin, pour réfléchir, qu’un petit journaliste de merde raconte à tout L.A. que je suis un Los Diablos ? Pour ma famille, ils étaient déjà au courant. Je n’avais pas besoin que la terre entière le sache et que ça mette en péril mon groupe. J’avais déjà assez avec la probable destruction de ma famille, tu ne crois pas ? Tout ce que tu as fait, Amon, c’est de faire jubiler mes ennemis qui ont dû se délecter de mon sort. C’est tout ! Le reste, je n’avais clairement pas besoin de « ton aide » !  Je pensais que, en tant qu’ami, tu aurais pu passer ça sous silence… D’ailleurs, je ne sais même pas où tu as eu vent des charges qui étaient contre moi… Tu as des espions dans la police ? Ne me dis pas que ce Greenly, sinon, je serais vraiment déçu…

Je fixai, ensuite, Amon.

-Et tu peux bien prier pour moi pour le procès… Parce que je n’ai pas envie de me retrouver en prison. Des amis à moi y sont mort. La guerre de gang est encore pire en prison… Et il y a plein de  New Soldados en prison… Et si je vais en prison… S’il te plait. Pas d’articles. Passe ça sous silence ou dit que j’ai simplement de la prison avec sursis parce que je n’ai aucune envie que Fleming le sache et ordonne à ses petits sbires de m’éliminer… Ok ? Merci. Là, tu m’aideras ! Mais jusqu’ici, tu n’as fait qu’ajouter une couche de merde à celle qu’il y avait déjà et ça n’a strictement servit à rien. Je n’avais pas besoin de toi pour quitter les Los Diablos. C’est fait… Enfin presque fait… Faut que je le dise à mon boss… C’est tout. Ah et ne le dis pas à la presse non plus, ça. Je m’en chargerais… Ok ? D’ailleurs, ne dis plus rien sur moi, c’est mieux. Voilà.

Après tout ça, je bus une autre longue gorgée de bière.

@ Billy Lighter

J’essayais désespérément de me rattraper auprès de Finan, de lui expliquer la manœuvre, douteuse, certes, mais qui partait d’une bonne intention, comme quand je publiais les frasques de Stone pour lui ouvrir les yeux. Pour provoquer une prise de conscience.

Mais sur ce coup-ci, ça n’avait pas été intelligent et je l’avouai à Finan…

-Je n’imaginais pas que ça aurait autant de conséquence.

Comme pour Karen Felberbaum… Jamais je n’aurais cru que mon article l’aurait poussée au suicide… Mais apparemment, je n’apprenais pas de mes erreurs…

-Je ne savais pas que tu avais une famille au moment où j’ai publié l’article… Je pensais juste que tu étais un trop bon gars, trop talentueux aussi, pour rester dans un gang…

Il essaya de m’attaquer sur Sonne et ma relation avec elle, le problème, comme je le lui expliquai, c’était que ce n’était pas un secret pour Axel… Et il soupira que les familles de riches étaient vraiment n’importe quoi.

Il me fixa droit dans les yeux pour me dire que le seul qui n’avait plus de secret à L.A., c’était lui.

-Je suis désolé… C’était non seulement un scoop, mais j’ai vraiment cru bien faire.

Je soupirai…

-Il est loin le temps où je voulais être le journaliste le plus craint de Los Angeles…

J’avais changé… au contact de Sonne, en rencontrant Robin North et en recevant son pardon… Et par plein d’autres rencontres encore.

Je hochai la tête quand il demanda si j’avais vraiment cru que ça l’aiderait. Mais j’étais maintenant tout penaud.

Alors il me raconta toute l’histoire… Et plus il parlait, plus je baissais les yeux. Parce que maintenant, Finan risquait la prison.

-Ce n’est pas à cause de l’article que tout ça t’arrive… Tu serais dans la même merde même si je n’avais pas publié l’information. Ce ne sera pas ma faute si tu vas en prison.

Je relevai le regard.

-Mais pense au bon côté des choses ! Grâce à l’article, justement, tout le monde le sait ! Tes fans vont manifester pour ta libération, pour la clémence du juge… Tu auras toute une populace derrière toi pour te soutenir !

Je pinçai les lèvres…

-Mais d’accord, plus d’article… Mais pourquoi Fleming chercherait à te faire tuer en prison ? C’est juste un gars de la boxe, non ?

Je le regardai en fronçant les sourcils, interrogateur.

-Et mon contact dans la police n’est pas Greenly… Ni Keller d’ailleurs… Ces deux-là sont trop droits dans leurs bottes pour donner des miettes à un gars comme moi.

@ Billy Lighter

Je ricanai jaune quand Amon déclara qu'il n'imaginais pas que son article aurait pu avoir tant de conséquence. Ça me faisait bien rire.

-Après tant d'années dans le journalisme, tu ne sais pas encore que tu as bien plus d'influence que tu ne l'imagine ?

Il ajouta qu'il ne savait pas que j'avais une famille ce qui le fit lever un sourcil. Il pensait simplement que j'étais top bon que pour être dans un gang... A croire que les gens me trouvaient des vertues que je n'avais pas... Ou qu’ils croyaient tous que les gangs étaient remplis de gens impitoyables, ce qui était totalement faux .

-Tu devais savoir que j'étais fiancé. C'est pas comme si c'était un secret. Quant au reste... Tu crois que les gangs ne sont composé que de psychopathe impitoyables ? Non.. La majorité des gens qui sont dans le gangs sont juste des gens qui veulent nourrir leur famille et qui pense n'avoir que les gangs pour ça. Mais je ne vais pas te faire un cours sur ce qui mène aux gangs et ce qui y fait rester... Ça serait trop long.

Et je n'en avais pas la patience. Pas devant Amon qui se cherchait des justifications à un acte qu'il voyait comme un coup de main de lui envers moi.

Il s’excusa tout de même. Il disait qu’il avait pensé bien faire et qu’il ne voulait plus être le journaliste le plus craint de L.A. Je soupirai.

-Ben tu t'y prends mal pour effacer cette réputation-là. Mais j’imagine que je vais avoir le même problème de mon côté. Il en faudra beaucoup pour faire oublié mon appartenance aux Los Diablos…

Et je lui expliquais à quel point son coup de main n'en avait pas été un. Je n'avais pas besoin d’Amon Sørensen pour me faire réfléchir. J'avais eu assez avec ma propre famille, mon propre groupe...

Et Amon dit enfin une vérité. Oui, ce n'était pas la faute de son article si je risquais la prison.

-Ça je le sais... Mais si tu n'avais rien publié j'aurais tout de même quitté le gang et je n'aurais pas eu, en plus, la pression de perdre mon groupe et tous nos fans...

Mais lui disait que ça pourrait être positif. Que les fans pourrons mettre la pression sur le juge. Je ricanai.

-Certains juges se fichent complètement des fans. Ils ne sont pas élu, je te rappelle. Ils se fichent de l'opinion publique... Et je t'assure que certains seraient heureux de faire un exemple et que cet exemple fasse la Une.

Alors, je lui demandai de ne rien publie si jamais j'allais en prison. Pas pour mon image mais pour Ward. Et Amon, bien entendu, ne savais qu'en surface qui était Ward Fleming. Et ça me fit rire d'un rire désabusé.

-Qu’un gars de la boxe...

Je rigolai encore un peu avant de me reprendre.

-Non..  C'est un ex Los Diablos recyclé aujourd'hui en chef des New Soldados... Ward Fleming de la boxe a au moins avec une bonne cinquantaine de meurtres à son actif... Et encore, c'est qu'une estimation à la louche. Donc, ça aussi évite de le dire sur tous les toi sinon, toi et moi, on est mort et jamais personne retrouvera notre corps...

Je dis ça sur un ton sérieux pour qu’Amon ne pense pas que je divaguais...

Puis, il avoua que ses contact dans la police n'était pas Keller et Greenly.

-Ouais... j'ai déjà essayé de les corrompre mais c’est impossible... Mais j’imagine que des flics prêts à vendre des infos a un journaliste, il doit il y en avoir des tonnes.

Je soupirai et achevai mon verre avant de regarder Amon.

-J’accepte tes excuses... même si je risque de te foutre une raclée à la boxe... Enfin, si tu veux encore y retourner...

Ouais, j'avais quand même dit que Fleming était un serial killer alors je comprendrais qu’il ne vienne plus.

@ Billy Lighter

Je pinçai les lèvres et fis « non » de la tête…

-Je crois que personne ne prend L.A.People au sérieux… C’est bon pour les jeunes filles ou les ménagères de plus de 50 ans… C’est aussi pour montrer un peu que vous êtes humains, comme tout le monde et non des dieux.

Puis, Finan m’expliqua que dans les gangs, il n’y avait pas que des gens impitoyables… Moi, je l’avais appris quand j’avais su que lui était un Los Diablos… J’étais même tombé des nues et c’était un peu ce qui m’avait fait écrire cet article.

-Je te jure que je ne savais pas que tu étais fiancé… Pas plus que je ne sais comment un gang fonctionne… Mais ce que j’aimerais savoir, c’est comment un gars comme toi, aussi… aussi talentueux et loyal, tu t’es retrouvé dans ce gang… ?

Je marquai une pause et marmonnai :

-En plus je pensais que les Los Diablos n’étaient composés que de latinos.

Je le regardai à nouveau dans les yeux.

-Mais toi, tu n’as pas que ça pour nourrir ta famille… Tu as la musique ! Et si tu t’y consacre, je suis sûr que même Axel Moriarty ne trouvera rien de négatif à redire.

C’était tout ce que je souhaitais pour lui et sa famille… Et maintenant qu’il m’avait dit qu’il était fiancé, je devinais que ce devait être à la jeune Tiffany Austin.

Je m’excusai auprès de Finan, mais ça ne dérida pas l’Irlandais. Je lui avouai ne plus vouloir être le journaliste le plus craint de L.A. Mais d’après lui, je m’y prenais mal. Et je m’en rendais compte maintenant, même si ce n’était pas ma faute si Finan allait avoir un procès sur le dos, même si ce n’était pas ma faute s’il s’était fait chopé par les flics.

-Je ferai en sorte que mes prochains articles sur toi ne parlent que de ta musique… Ou de tes fiançailles, de ton mariage ! Que des choses positives… Et tu deviendras un exemple pour les jeunes perdus qui risquent de finir dans les gangs…

Je le regardai à nouveau dans les yeux.

-Imagine, grâce à toi et à la musique, quelques destins peuvent changer… Et si on en sauve même qu’un, ce sera gagné !

Je lui fis quand même remarqué que ce n’était pas ma faute s’il était dans la merde à la base, il s’y était mis tout seul comme un grand. Là où j’avais fait mal, c’était qu’il pensait que ça allait porter préjudice à son groupe.

J’eus un sourire en coin.

-Tu parie combien que les ventes de Warcry vont considérablement augmenter ? Les gens adorent les âmes tourmentées… Regarde Billy Lighter…

Je lui parlai aussi des fans qui viendraient manifester devant la cour de justice… Mais il ne croyait pas au pouvoir d’un mouvement populaire…

-On voit que tu n’es pas encore habitué à être une star ! Ne sous-estime pas le pouvoir de la masse populaire.

Mais dans toute son histoire, Finan me parla de Fleming. Et je ne voyais pas bien ce qu’il venait faire là-dedans. Et ce qu’il me révéla était bien pire qu’une appartenance à un gang.

Je murmurai tout bas.

-Edward Fleming est un serial killer ?!

Mais je ne devais surtout pas publier ça parce qu’autrement, on était morts tous les deux. Je frottai d’une main ma barbe de deux jours…

On parla alors des flics incorruptibles et je lui fis un clin d’œil…

-Tous ne sont pas comme eux… Sinon comment tu crois que j’aurais eu cette info sur toi ?

Finalement, Finan accepta mes excuses alors que The Lightening montait sur scène…

-Je retournerai à la boxe… Et tu auras le droit de te défouler, ce qui ne veut pas dire que tu vas gagner.

Je croisai les bras, me tournant vers la scène où les premiers riffs de Cash Izbel emplirent le chapiteau.

-Maintenant, regarde ce qu’un groupe égratigné est capable de faire… Ce que, j’en suis sûr, The Warriors sera capable de faire.

@ Billy Lighter

Amon était sûr que personne ne prenais L.A.People au sérieux. Il minimisait donc l'impact de ses articles disant qu'il se contentait de montrer que les stars étaient des humains, eux aussi... Je soupirai.

-Je viens de l’Eastside et, crois-moi. Plein de gens pense que L.A.People est une source fiable d'informations.

Lui, par contre, était mal informé sur les gangs... Et il se demandait bien comment un gars comme moi avait pu se retrouver dans les gangs en ajoutant qu'il croyait que les Los Diablos étaient tous latinos.

-Ils le sont en majorité... En réalité, il n'y a que moi qui ne le suis pas.

Avant, il y avait moi et Ward. Maintenant, juste moi et bientôt, le cliché sera vrai.

-Et comment "un gars comme moi" s'est retrouvé dans un gang ? Simple. Je suis sortis de l’orphelinat, j’ai enchaîné les boulots mal considérés et mal payés, j'étais tout seul... Puis un type m'a abordé, on a sympathisé, il m'a proposé un job mieux payé dans son gang... J'ai accepté. Et j'ai eu plus que de l'argent. J’ai eu une famille. Les Los Diablos, c'est une famille. Ça l'était pour moi.

Il disait que maintenant, j'avais ma musique et que même Moriarty n'aurais rien à retrouver à dire tellement ma musique était bien. Je ricanai à nouveau.

-Moriarty ne juge qu'en fonction de la maison de disques. Je pourrais être Mozart qu'il trouverait que c'est de la merde. Et, oui, j'ai la musique... Mais ce n'est pas pour autant que quitter ma famille d'adoption est chose facile. Tu l'as dit toi-même, je suis loyal. Et crois moi, ça peut vite devenir problématique, cette pseudo qualité.

Amon le présenta ses excuses mais je soulignais que ses actes avaient eu des conséquences. Il promit alors de ne dire que des choses positives sur moi... Il voulait faire de moi un exemple pour les jeunes qui risqueraient de finir dans les gangs. Que même si on en sauvait qu'un, c'était gagné. J’hochai de la tête.

-Fait ça. Je préfère ça.

Bien que je doute que ça empêche qui que ce soit d'aller dans les gangs. Par contre, ça permettra peut-être à certain d'en sortir... Peut-être... Même si j'étais certains que les gang allaient avoir encore de belles années devant eux.

Et si j'avais montré à Amon le coup dur qu'il avait porté à mon groupe, il voyait, lui, les ventes de notre album s'envoler parce que les gens avaient les âmes tourmentées comme Lighter. Je levai un sourcil.

-J'espère que tu as raison... Parce que, pour l'instant, on a eu que des annulations en chaîne depuis que ton article est sorti. On devait participer à plusieurs émissions et interviews... Mais tout a été annulé. Donc, les fans pense peut-être ça mais pas les télévisions et radios...

Quant au pouvoir des fans, d'après Amon, je les sous-estimais. J’haussai des épaules.

-Peut-être bien... Mais toi, tu sous-estimes l'indifférence des juges et leur intransigeance. T'as jamais rencontré le juge Campbell... Lui, il se fiche des gens. Ce qu'il veut c’est agrandir son tableau de chasse. Il adore la répression. Son but est de remplir Saint-Quentin de Los Diablos.

Évidemment, cette conversation nous mena à Fleming... Et Amon n'avait aucune idée de l'étendue des crimes de Ward. Il ne savait pas que c'était un serial killer. Maintenant, oui.

-Oui. Comme son père... Tu savais que son père était un serial killer dans les années 50, non ?

Je fis une moue. Peut-être pas... Après tout, Amon ne venait pas de L.A.. Il ne venait même pas des States.

Quant aux flics de L.A., tous n'était pas incorruptibles et je soupirai... Heureusement que Keller ne l'étais pas... Parce que je voyais bien Ward corrompre un flic ou l'autre. En fait, je le voyais bien tout faire...

Je comptais faire payer Amon sur le ring et il ne refusa pas le defi. J’hochai de la tête.

-Ça va être un beau combat.

J’avais hâte d'y être ! Et de foutre sa raclée à Amon.

C'est The Lightening qui attira, à nouveau, mon attention sur la scène alors qu'ils entamèrent leur concert. Et Amon de me dire de regard ce que pouvait faire un groupe égratignés. Je fis une moue avant de sourire.

-Et encore... Tu ne nous as pas encore vu. Ouvre tes oreilles tantôt, parce qu'on mettra le feu!

Je me tournai entièrement vers Amon avant de lui tendra la main.

-Plus de coup bas?

Je voulais qu'il promette.

@ Billy Lighter

Finan disait que pour les gens de l’Eastside, L.A.People était une source d’information fiable. Je passai une main sur mon visage.

-Les gens croient vraiment n’importe quoi… Ce n’est pas moi, le problème, c’est eux.

Et leur manque d’esprit critique. Même si, pour ce qui était de Finan, je n’avais dit que la vérité que je tenais d’un flic à la langue bien pendue et au portefeuille avide de billets verts.

Je répliquai à Finan que je croyais que les Los Diablos n’étaient composés que de latinos, mais il démentit. Enfin presque… En fait, il n’y avait que lui qui ne l’était pas.

Je lui demandai alors de me raconter comment il en était arrivé là… Et son histoire m’émut. Mais je lui dis qu’il avait la musique maintenant et que personne ne trouverait à y redire tellement c’était nouveau, beau et majestueux comme musique.

Sauf Moriarty…

-On sait tous que Moriarty est vendu à BSC… Même les fans les moins dégourdis le savent.

J’avais dit de Finan qu’il était loyal et lui trouvait que cette qualité pouvait devenir gênante… En effet, s’il était loyal aux Los Diablos qu’il considérait comme sa famille, je pouvais comprendre…

-Je comprends… même si je n’ai jamais été loyal à ma propre famille… Je ne sais pas ce que c’est d’avoir une famille soudée… la mienne est dysfonctionnelle.

J’étais la pire déception de mon père et ma sœur… ma sœur m’aimait mais c’était un véritable requin… Ce que j’avais voulu devenir, en vain.

Bref, avec tout ça, je ne pus que présenter mes excuses à Finan qui les accepta.

Puis je lui expliquai que tout ça allait augmenter les ventes de leur album… Mais Finan regrettait que toutes les émissions de radio, de télé, avaient annulé leur passage… Je fis un grand sourire.

-Je n’ai rien annulé, moi ! Il faut que tu viennes chez L.A.People ! Vient raconter ton histoire comme tu me l’as racontée et tu verras comment tu gagneras la sympathie du grand public.

Quant au procès… Il redoutait le juge Campbell qui voulait remplir Saint Quentin de Los Diablos.

-Je te connais de la boxe, non ? S’il a besoin de témoin pour dire que tu es un être humain qui a juste fait des mauvais choix, je veux bien passer à la barre.

On se promit un beau match de boxe mais il me parla alors de Ward Fleming et me révéla qu’il était un sérial killer… Comme son père dans les années 50.

-Non, je n’en savais rien… Et pourquoi il ne s’est pas fait chopé, lui, hein ? Le monde est vraiment injuste !

La musique de The Lighteing attira notre attention et Finan me dit que ça, ça allait être rien à côté de ce que The Warriors préparait. Je posai ma main sur son épaule.

-Je m’en doute, vous allez tout donner. Et je serai aux première loges pour voir ça.

Il se tourna vers moi et me tendis la main.

Je la serrai.

-Plus de coup bas.  

@ Billy Lighter

Amon disait que les gens croyaient n’importe quoi. J’hochai de la tête. Ouais… Les gens pensent que tout ce qui est écrit dans les magazines et journaux sont vrais… Alors qu’il suffisait parfois de creuser un peu pour voir que certaines nouvelles étaient exagérés… Voire totalement fausse dans le cas de L.A.People. Mais de là à dire que le problème étaient les gens et pas Amon, il y avait un pas. Amon était tout de même responsable des conneries qu’il balançait en sachant très bien qu’une partie des gens étaient naïfs.

Mais je ne dis rien me contentant de ricaner un peu quand Amon déclara que je pourrais même convaincre Moriarty tellement j’avais du talent. Mais j’en doutais. Moriarty était pro-BSC et ne regarde que ce qu’il est marqué sur la pochette du disque. Rien d’autre. Ça n’était pas un secret et Amon le savait aussi. J’hochai de la tête confirmant que absolument personne ne pouvait douter de la mauvaise foi du mari de l’amante d’Amon.

C’est ensuite que je parlais de ma tendance à être loyale ce qui expliquait toutes les difficultés que j’avais à quitter mon gang. Être loyal, c’est bien. Mais quand tu dois être loyal à deux choses incompatibles, ça devient un véritable défaut. Je devais choisir entre ma famille toute nouvellement acquise et ma famille d’adoption.

J’avais fait mon choix.

Et Amon semblait comprendre. Je crois que c’est la première fois que me dis ça aussi directement. Peut-être parce que j’expliquais mieux les choses désormais. Je ne sais pas. Mais quand il évoqua sa propre famille, je pris un air tout de même désolé. Moi, j’avais eu la chance d’avoir des parents aimant… Mon malheurs c’est que je n’avais pu vivre avec ma mère que 4 ans et avec mon père que 12 ans. Ils me manquaient, c’était clair.

-Avoir une famille soudée, il y a rien de mieux. Je suis désolé pour toi. J’espère que, comme moi, tu pourras trouver ta propre famille.

Il pourrait se trouver une femme et fonder sa propre famille. C’était ça que j’avais choisi à la place de la vie de criminel.

Et si Amon pensait que mon passé de Los Diablos allait permettre une plus grosse vente des albums, moi, je lui mis en face la réalité que je vivais avec toutes les annulations qu’on avait eue à cause de ça. Mais Amon disait que j’étais toujours le bienvenu chez L.A.People. Il voulait même que je raconte mon histoire… Je fis une moue de réflexion.

-Ouais… Il faudra que je vois avec Samantha avant. Et il faudra que je fasse attention à ce que je dis aussi… Sur plein de niveaux. Faudrait ni que je fâche le public, ni mes potes Los Diablos, ni ma famille.

Ça allait être un exercice de funambulisme tellement ça sentait la casse-tête à plein nez. Mais j’allais devoir faire des déclarations. Je savais que je n’avais pas le choix.

Quant à mon procès, je n’étais pas aussi optimiste qu’Amon… J’avais bien peur de tomber sur Campbell. Campbell qui se fiche complètement de l’opinion publique. Mais Amon voulait bien se porter témoin pour dire que je suis juste un humain qui a fait un mauvais choix. Malgré tout ce que tout le monde en pensait, je n’étais pas sûr d’avoir fait un mauvais choix… Peut-être que je serais devenu pire sans les Los Diablos pour m’entourer… Ou j’aurais vécu dans la misère… Je n’en sais rien.

-Si tu veux… Ça sera toujours ça de pris.

Mais avant, je comptais bien lui foutre sa raclée à la boxe ce qui nous amena à parlé de Fleming dont Amon ignorait les trois-quarts de méfaits. Il ne savait pas non plus que, chez les Fleming, on est serial-killer de père en fils. Et, évidemment, il se demandait pourquoi Ward ne s’est jamais fait prendre contrairement à son père qui croupissait à Saint-Quentin…

-Parce qu’il est malin. Voilà pourquoi… Il sait comment ne pas se faire prendre. Sa vie est centrée là-dessus alors il a le temps de réfléchir à comment ne pas se faire avoir par les flics. Mais j’espère qu’un jour, il se fera avoir. C’est tout ce que je peux espérer.

C’est tout ce que tout le monde, à L.A., pouvait espérer. Ça ou que Fleming se fasse tuer. Il ne manquera à personne. Sauf peut-être à Sky… C’était bien ça le malheur. C’est que des gens l’aimait.

On porta, ensuite, notre attention sur The Lightening qui venait de sortir de quelques mois de silence radio. Mais j’étais certain que notre groupe fera encore mieux. C’est ce que je dis à Amon et je lui souris quand il déclara qu’il sera aux premières loges.

-J’en doute pas !

Puis, pour marquer une trêve entre nous, je lui tendis la main lui demandant de ne plus me faire de coup bas. Il serra ma main et promis. J’hochai de la tête.

-Parfait.

Je desserrai nos mains avant de sourire et de taper amicalement sur l’épaule d’Amon.

-Alors on se verra sur le ring, le Danois. Entraine-toi bien !

Je rigolai avant de tourner des talons pour le laisser apprécier le retour de The Lightening sur scène.

@ Billy Lighter