Parce qu’il avait facilement rattrapé son retard dû à sa grande prématurité et que son père et moi ainsi que mon petit ami ne pouvions pas toujours passer nos journées avec lui bien que nous en avions grandement envie, Eddy et moi avions décidé d’inscrire Lucky à la garderie à raison de trois journées mobiles par semaines. Il n’y avait pas d’obligation de l’envoyer une journée complète ou même d’utiliser nos trois journées mais c’était au moins rassurant de savoir que nous avions un plan de secours en cas de besoin.

C’était exactement le cas aujourd’hui alors qu’Eddy avait des obligations avec Roadtramp, que Jake était occupé à la radio et que moi, j’étais de service pour les déjeuners au Canter’s Deli. J’avais remarqué que depuis qu’il fréquentait d’autres enfants, Lucky était plus autonome, façon de parler bien sûr ! Il n’avait toujours qu’un an et demi, mais il était plus facile à amuser, plus patient et il s’endormait plus rapidement le soir aussi !

Je ne détestais pas cette nouvelle facette de la personnalité de mon fils parce qu’elle me permettait de prendre plus de temps pour faire des choses à la maison que je mettais généralement de côté, ou de pouvoir prendre un bain le soir parce que j’avais eu besoin de moins de temps pour le bercer.

Cependant, il y avait l’autre côté de la médaille, celle qui me faisait croire qu’un jour, mon fils serait rendu assez grand pour ne plus avoir besoin que je passe derrière lui, qu’il ne voudrait plus d’attaque de bisous avant d’aller au lit et même qu’il ne traînerait plus sa vache partout avec lui !

Bon, ce n’était pas pour demain la veille mais ce jour viendrait et je n’étais pas prête de le voir se pointer le bout du nez !

En attendant, je servais des assiettes d’œufs et bacon, de pancakes et de salade de fruits à une vitesse effrénée ! Les déjeuner au Canter’s étaient succulent et notre restaurant de prêtait tout aussi bien au déjeuner d’affaire où au tablée familiale. Je passais de la salle à manger à la cuisine tellement de fois que je ne remarquais que lorsqu’on m’avisa que j’étais demandé au téléphone que j’avais vraiment mal aux pieds.

- C’est Carolyn, qui me demande ?

- Madame Adam ? Vous êtes bien la maman de Lucky Cort ?

- Oui… Qu’est-ce qui se passe ?

Mon cœur s’était arrêté nette de battre et tout mon sang, de tourner dans mes veines quand la voix au téléphone se présenta comme étant un médecin du Good Samaritan Hospital et qu’il avait en charge mon fils qui venait d’y être admis.

- J’arrive tout de suite ![/i]

Je n’eue même pas besoin d’avertir mes patrons qui avaient déjà saisie l’importance de la situation au ton de ma voix et je saurais dans le premier taxi, complètement en panique et le cerveau figé.

À l’hôpital, on me dirigea vers le service pédiatrique où l’on me fit attendre. Tout ce qu’on me dit c’est que m on fils était tombé et qu’il avait perdu connaissance brièvement et qu’on lui faisait passer des examens. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas être présente dans la salle avec Lucky qui devait être terrorisé.  Je m’approchais du poste des infirmière et je demandais la permission d’utiliser leur téléphone. Je devais prévenir Eddy, car Lucky avait autant besoin de son papa que de sa maman.

- Eddy ? C’est Lynn… Tu peux venir me rejoindre au Good Samaritan ? C’est Lucky, il a fait une chute mais on ne me dit rien de plus. Je suis terrorisée, on a besoin de toi.

On était dans un des jours où personne ne savait s’occuper de Lucky. Moi j’étais avec Roadtramp au studio en train de travailler sur un nouvel album, Carolyn était au Canter’s et Jake Snyder à la radio… On avait donc du, pour les jours où ça arrivait, trouver une garderie pour lui… Et comme j’avais l’argent maintenant pour lui offrir le meilleur, on avait trouvé une garderie magnifique avec des éducatrices sympathiques et des jouets partout.

Le rêve pour un petit d’un an et demi.

On aurait plus su dire qu’il était prématuré tant il avait rattrapé son retard en poids et en taille. Heureusement, à la limite, qu’il n’était pas allé à terme sinon Lynn aurait du accoucher d’un bébé XXL !

Bref, je chantais, je jouais et je pensais à Lucky...

C’est quand l’ingénieur du son de l’autre côté de la vitre qui me fit signe que j’avais un coup de fil que je commençai à m’inquiéter… En tant que jeune parent, je m’inquiétais vite.

Et en effet, quand je pris le combiné, je me rendis compte que c’était Lynn en pleur, qui me suppliait de venir à l’hôpital, que le petit était tombé et qu’on ne voulait pas qu’elle le voit.

Je fis en vitesse le message aux autres qui, très compréhensifs et inquiets maintenant eux aussi, me dirent de filer. Clepto me lança les clés de sa vieille Jeep.

Et je fus parti.  

Je pestai contre les embouteillages au centre-ville qui me ralentissaient ! Mais finalement, j’arrivai à l’hôpital…

Là-bas, à l’accueil, quand je me présentai, on me dirigea vers le service de radiologie où je retrouvai Lynn dans le couloir. Et sans hésiter un instant, je marchai droit vers elle et la serrai dans mes bras. Tout son maquillage avait coulé à cause de ses larmes et elle se plaignait qu’on ne pouvait pas aller avec Lucky dans la salle d’examen.

-Ne t’en fait pas… ne t’en fait pas, je suis là maintenant… Tu sais comment c’est arrivé ? Tu sais si c’est grave ?

Je l’embrassai sur le front.

-Attends…

Je défis mon étreinte et allai jusqu’à la réceptionniste de la radiologie.

-Excusez-moi ? Je peux savoir pourquoi on ne peut pas voir notre fils ? Son nom, c’est Lucky Cort.

Elle me sourit, bienveillante.

-Parce que votre petit Lucky est en train de faire une IRM… Mais ne vous en faites pas, il est bien pris en charge et c’est juste pour vérifier qu’hormis la grosse bosse et la petite coupure qu’il a sur le front, il n’a pas de mal plus grave et interne qu’on ne verrait pas sans radio…

Elle marqua une pause.

-Ils devraient bientôt avoir fini et vous pourrez récupérer votre fils. Croyez-moi, je suis maman moi aussi et je sais qu’il ne faut que quelques secondes d’inattention pour que les tous petits se fassent mal.

Je me tournai vers Carolyn…

-Tu as entendu ça ? A première vue, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Et je la repris dans mes bras puis, un bras autour de son épaule, la ramenai sur les chaises de la salle d’attente.

-Lucky est un combattant depuis même avant sa naissance… Ce n’est pas une petite chute qui va lui faire peur hein… allez, arrête de pleurer.

@ Billy Lighter

Je faisais les cent pas dans le corridor de l’hôpital en attendant que quelqu’un vienne me dire que mon bébé allait bien. Je ne comprenais rien de ce qui s’était passé, non plus pourquoi je ne pouvais pas entrer dans la salle d’examen. L’infirmière avait dit que c’était pour que ce soit plus facile autrement, Lucky voudrait que je le prenne, il serait content de voir ses parents et ils bougeraient alors qu’il doit être immobile.

Oui, mais non !

Je comprenais mais ce n’était pas satisfaisant pour la mère anxieuse que j’étais. Dans ma tête, la courte conversation que j’avais eu avec la personne de l’hôpital m’ayant contacté ne cessait de repasser en boucle. Mon fils était tombé alors qu’il s’amusait à la garderie et apparemment, c’était une bien vilaine chute, assez pour que son éducatrice n’ait recours à l’ambulance. Mon fils avait-il perdu connaissance ? Avait-il une blessure qui avait saigné abondement ? Un bras cassé ?
Je ne savais rien et ça me rendais complètement folle !

Heureusement qu’Eddy arriva rapidement, avant que je ne ronge les bas des murs !

- Tout ce que je sais c’est qu’il a fait une chute. Il faudra aller à la garderie et rencontrer son éducatrice pour savoir le fin mot de l’histoire. La pauvre ! Elle doit être dévastée !

Je n’en voulais aucunement à la responsable du service de garde de mon fils. Pour être aller porter et chercher mon fils, j’avais constaté que d’avoir des yeux tout le tour de la tête ne suffisait pas toujours et que je ne ferais pas son métier, même pour tout l’or du monde.

Ça me fit du bien qu’Eddy me serre contre lui pour me rassurer. C’était exactement ce don j’avais besoin pour me calmer. Comme je me plaisais souvent à le penser, nous n’avions peut-être pas réussit notre couple mais nous gérions comme des As notre séparation ! Mon ex alors s’éloigna pour s’informer au comptoir des infirmières et quand il obtenu ses réponses, je hochais positivement de la tête.

- Ouais, j’ai entendu.

J’avais entendu et j’étais soulagée, un peu. Je ne le serais vraiment que lorsque je pourrais serrer mon fils dans ses bras et qu’il me ferait son plus beau sourire. J’essuyais mes larmes alors qu’Eddy avait tout à fait raison en disant que notre fils était un battant.

- Heureusement ! Il ne s’en laisse pas imposer ! Mais j’ai si hâte de pouvoir le prendre dans ma bras pour constater moi-même qu’il va bien, tu comprends ?

Il fallait encore attendre un peu mais pas longtemps. Je pouvais être patiente, surtout qu’à deux, ce serait moins stressant.

- Eddy ? Ça t’embête si je dors chez toi ce soir ? Comme c’est ton soir avec Lucky, après tout ça, je ne saurai pas le laisser et je ne veux pas te priver de lui non plus. Je sais que tu dois avoir autant hâte que moi de le prendre dans tes bras.

Quand j’ai su que j’étais enceinte et qu’Eddy en a fait l’annonce, je crois que personne n’aurait misé sur lui comme le père de l’année. Pourtant, il assurait comme père et malgré tout ce qui s’était passé entre nous, je n’aurais pu choisir meilleur homme comme papa pour mon fils. Il avait tout l’amour du monde pour Lucky et il en prenait soin avec précaution et affection.

- Je sens que je me réveillerai à chacun de ses soupirs et…

Et je n’eu pas le temps de dire la suite de ma pensée qu’on s’approcha de nous pour nous signifier que nous pouvions enfin entrer dans la pièce pour voir notre fils !

@ Billy Lighter

Si Carolyn était inquiète, elle était suffisamment lucide pour ne pas en vouloir à l’éducatrice de Lucky. Quand le petit était chez moi, j’étais tout le temps derrière lui, pour ne pas qu’il tombe, se fasse mal ou ne fasse d’autres conneries (parce que croyez-moi, il avait de qui tenir pour les conneries !). Non, au lieu d’en vouloir à l’éducatrice, elle compatissait. Normal pour une maman qui sait pertinemment qu’il ne faut pas quitter son bébé des yeux. Et à la garderie, ils étaient plusieurs ! Alors c’était un peu compliqué.

-On ira la voir, pour la rassurer… Je suis sûr que Lucky va bien.

J’allais quémander plus d’information à la réceptionniste de la radiologie. On faisait un IRM à Lucky ce qui expliquait pourquoi on ne pouvait pas rentrer dans la salle d’examen avec lui. Ma réponse obtenue, je revins vers Carolyn pour la rassurer d’un bras protecteur avant qu’on aille s’asseoir dans la salle d’attente.

Et je lui fis remarquer que notre fils était un battant ! Qu’il allait s’en sortir sans problème. Mais elle avait hâte de constater par elle-même qu’il allait bien.. Je lui frottai le dos d’une main.

-Encore un peu de patience et tu pourras le tenir dans tes bras.

Puis elle me demanda si elle pourrait venir dormir chez moi cette nuit. Je souris. Elle disait ça parce qu’elle ne voulait pas me priver de mon temps avec Lucky mais qu’elle ne saurait pas le laisser direct après ce qui venait de se passer. J’essuyai une de ses larmes du pouce.

-Bien sûr que tu peux venir ! Le manoir est grand ! On a plus de chambres qu’il nous en faut. Même Jake peut venir si tu en as envie.

Elle formait un beau couple avec le journaliste et en plus, celui-ci s’occupait de Lucky comme s’il avait déjà eu dix enfants alors que ce n’était pas le cas. Je me demandais comment il faisait. Ça devait être une question de maturité. Après tout, Jake était bien plus vieux que Carolyn et moi.

Carolyn allait dire quelque chose mais fut interrompue par une infirmière qui déclara qu’on pouvait enfin entrer dans la pièce pour voir notre fils. On se précipita tous les deux pour trouver Lucky, bien campé sur ses deux petites jambes, sa tutute en bouche et sa vache dans une main tandis que l’autre tenait fermement sa vache.

-Maman ! Papa !

Un grand sourire se plaqua sur mon visage… Mon fils avait une bosse grosse comme une balle de golf sur le front et des petits pansements pour refermer la petite blessure en son sommet… Mais il avait l’air gaillard et les yeux bien ouverts.

-Bah alors mon grand ! Qu’est-ce qui s’est passé ?

J’avais dit ça en le soulevant délicatement dans mes bras et Lucky m’expliqua.

-Ky boum aïe…

Je regardai sa bosse.

-Oh ouais, je vois ça.

Puis, je le passai à sa mère…

-Tiens, va voir maman… Elle a eu beaucoup peur pour toi, tu sais…

Puis l’infirmière s’adressa à moi.

-Il n’a rien de bien grave, tout juste une légère commotion… Gardez le dans des pièces pas trop lumineuses et ne faites pas trop de bruit. S’il vomit, ne vous alarmez pas, mais hydratez-le bien pour éviter une déshydratation.

Je hochai la tête, caressant celle de mon fils qui avait passé ses petits bras autour du cou de sa mère.

-Ok, bien compris.

@ Billy Lighter

Eddy était d’accord pour qu’on passe à la garderie rencontrer l’éducatrice de Lucky. C’était une perle comme femme et je me doutais qu’elle devait s’en vouloir énormément pour l’accident mais, le mot le disait, justement. C’était un accident, rien de plus et ça ne servait à personne que de se faire des scénarios rocambolesques pour expliquer l’inexplicable. Je savais que Lucky était rendu à un âge où il ne tenait plus en place et que même avec huit paires de bras et des yeux tout le tour de la tête, ça ne suffisait pas pour le surveiller.

En attendant, il fallait attendre et ça me rendait folle ! Heureuse qu’Eddy était là pour m’aider à me calmer. Il eu un bon réflexe en allant demander à la garde au poste d’accueil pour savoir où ça en était. Ensuite, il pu me rassurer en me disant ce qu’il en était. Je me répétais que notre fils était un véritable petit guerrier, il l’avait été depuis le jour un.

Eddy était d’accord pour que je passe la nuit chez lui, même que Jake pourrait venir m’y rejoindre, c’était vraiment sympa de sa part. Je savais que je ne saurais pas me séparer de mon fils pour la nuit, après la panique que nous venions de vivre mais je n’avais aucune envie non plus de privé Eddy, à qui c’était le tour, d’avoir Lucky. Heureusement que nous avions une très bonne relation, ça facilitait tellement tout pour notre fils qui avait tout à y gagner, d’avoir ses parents séparés, certes, mais unis plus que jamais.

- Merci ! Dès que j’aurai vu Lucky, j’irai passer un coup de fil à Jake pour le prévenir.

Nous pouvions enfin entrer dans la salle d’examen pour voir notre fils qui avait une bosse immense sur le front ! Le pauvre, ça avait frappé fort, de toute évidence ! Eddy fut le premier à le prendre alors que moi, en mère anxieuse, je vérifiais le reste de son corps, du moins ce que je pouvais en voir parce que dans les bras de son père, Lucky était pratiquement complètement camouflé.

- Oh, tu as frappé ta tête, mon pauvre amour !

Eddy me le passa ensuite et j’embrassais Lucky sur sa tête en faisant très attention à sa bosse sur laquelle se trouvait de petits pansements puis j’écoutais ce que l’infirmière disait. C’était important de bien écouter, ne sachant pas s’il y aurait des soins particulier ou des signes à surveiller. Lucky pourrait vomir mais si c’était le cas, nous devions bien l’hydrater, éviter le bruits et la lumière vive.

- On va prendre soin de toi comme un petit Gremlin !

Lucky cacha son visage dans sa vache puis il me regarda avec un grand sourire. Plus de peur que de mal, c’est ce que je devais me répéter.

- Est-ce qu’il serait plus sage de lui administrer de l’ibuprofène pour enfant tout de suite en rentrant à la maison ou il serait plus sage d’attendre avant l’heure du dodo ou s’il démontre des signes de douleur ?

L’infirmière expliqua que pour les première 24h, nous ne devions rien donner mais qu’ensuite, de simplement suivre la posologie normale sur l’emballage, selon les symptômes mais de ne pas dépasser cinq jours. Je la regardais comme s’il venait de dire une plaisanterie ! Parce que moi, au bout de deux jours, si mon fils a toujours mal à a tête, je vais revenir ici pour passer des tests, hein !

- Ok, d’accord, nous allons être très attentifs aux signes.

Je me sentais mieux maintenant que nous avions le congé de Lucky et que nous pouvions rentrer chez Eddy. Lucky ne se reposerait jamais mieux que dans ses affaires.

- On va rentrer chez papa, Lucky d’accord ?  Oh, Eddy ? Tu pourrais arrêter au Canter’s en passant ? Je vais ramasser des pizzas pour tout le monde ! Congé de cuisine ce soir !

@ Billy Lighter

J’acceptai, bien sûr, que Jake vienne lui aussi passer la nuit au manoir. J’aimais bien le journaliste même s’il avait tendance à être très stressé pour une raison qui m’échappait. Mais en tout cas, Carolyn l’apaisait et lui, il apaisait Lucky, ce qui était un peu contradictoire, mais ils allaient bien ensemble.

Carolyn accepta et dit qu’elle allait sonner à Jake dès qu’elle aurait vu Lucky.

Et justement, on nous annonça qu’on pouvait y aller. La blessure de Lucky était impressionnante, mais le petit souris en nous voyant et courut vers moi. Un Lucky qui m’expliqua avec ses mots qu’il s’était fait mal à la tête… Mais apparemment, il y avait plus de peur que de mal.

Je Le passai à sa mère qui crevait de besoin de le tenir dans ses bras, comme pour savoir s’il était bien réel… Elle l’avait regardé sous toutes les coutures mais à part sa bosse, il n’avait rien.

Je rigolai quand Lynn dit qu’on allait prendre soin de lui comme un petit Gremlin.

Lynn demanda encore conseil à l’infirmière qui nous rassura, mais on devait tout de même faire attention aux signes.

Je souris à Lucky.

-On dira à Tonton Clepto de pas faire de la batterie à la maison, hein… Il te faut du calme, mon petit gars !

On obtint notre congé pour Lucky… Lynn passa vite son coup de fil à Jake depuis le téléphone de l’hôpital. Et Lynn me demanda si on pouvait passer par le Canter’s car elle comptait prendre des pizzas pour tout le monde.

-Super idée ! C’est moi qui offre !

On entra dans la vieille Jeep de Clepto, Carolyn gardant le petit sur ses genoux.

-Oh tiens, voilà une vieille couverture, au cas où Lucky voudrait vomir dessus.

Puis je regardai Lynn avec un sourire.

-On va faire plusieurs arrêts : d’abord à la garderie pour rassurer l’éducatrice, ensuite chez toi pour que tu prennes les affaires qu’il te faut pour la nuit et enfin le Canter’s… J’irai rechercher le reste du groupe aux studios après… A moins qu’ils ne décident de prendre un taxi… Ce serait le plus simple.

Je démarrai la Jeep.

-Pas de vomi dans la voiture s’il te plait, Lucky… On va aller voir madame Maggie, d’accord ?

Le petit me regarda avec des grands yeux.

-Ky jouer ?

Je rigolai…

-Ouais mais à la maison… Et quelque chose me dit que tu vas plutôt dormir que jouer…

@ Billy Lighter

Lucky allait bien, malgré l’énorme bosse sur sa tête et malgré ce que l’infirmière nous en disait, je n’allais être que totalement rassurée le jour où mon fils n’arborerait plus ce gros pruneau sur le front. Comme on disait dans le jargon parental, c’était le métier qui entrait ! Quoi qu’il avait fait pour se couronner de la sorte, Lucky avait probablement apprit sa leçon, du moins, je l’espérais !

Pour les prochaines heures, il fallait éviter de l’exposer à la lumière vive et aux bruits. Donc, Clepto devrait y aller molo avec sa batterie mais je n’étais pas inquiète. Tous les membres de Roadtramp étaient impliqué dans l’éducation de mon fils ce qui me laissais croire qu’en ce moment, plutôt que de continuer à bosser en studio, ils étaient tous à se languir d’impatience en attendant des nouvelles d’Eddy.

Nous pouvions quitter l’hôpital et rentrer à la maison. Je proposais à Eddy de faire un arrêt au Canter’s Deli pour que je prenne des pizzas pour tout le monde et bien sûr, il accepta. Je ne connaissais personne, de toute façon, qui aurait refusé une tournée de pizza du célèbre restaurant. Je me permis donc de passer un coup de fil en vitesse pour faire préparer ma commande et ensuite, c’est dans la vieille jeep de Clepto qu’on fit le trajet jusqu’au premier arrêt c’est-à-dire, mon appartement pour que je puisse prendre des vêtements pour moi et des trucs pour Lucky que je n’avais pas pensé de mettre dans son sac resté à la garderie.

Ensuite, c’est sur la garderie de Lucky qu’Eddy mit le cap. Il fallait absolument rassurer Madame Maggie qui devait s’en vouloir. Eddy se gara et je descendis de la jeep en tenant Lucky contre moi. Il était tout heureux de retourner jouer avec ses amis ! C’était une preuve assez criante selon moi que notre fils y était bien et qu’il n’avait pas vécu un traumatisme suite à de mauvais soins.

À peine avions nous refermé la porte de la garderie derrière nous que Madame Maggie s’approcha de nous, son regard trahissait son inquiétude. Lucky, en la voyant, tandis ses bras en s’exclamant :

- Mahame Mahiiiiiiie !

Elle semblait secouée, la pauvre, mais je ne pouvais que la comprendre. Elle avait plusieurs années avec la petite enfance derrière la cravate et elle aimait les enfants qu’elle accueillait comme s’ils étaient les siens. Elle devait craindre nos représailles.

- Nous voulions vous dire que Lucky va bien et qu’il a même très hâte de revenir jouer avec ses amis. Nous allons cependant le garder quelques jours à la maison mais il reviendra la semaine prochaine en très grande forme !

Je voulais commencer par lui dire ça pour qu’elle entende bien que nous n’avions pas l’intention de retirer notre fils de son service de garde. C’était un bête accident et rien de plus. Moi-même, lorsque j’étais seule à la maison avec Lucky, je n’avais pas assez de mes deux yeux pour le surveiller. Elle, elle en avait six qui avaient tous leur énergie et leur besoin.

- Comment vous sentez-vous ?

Il me semblait que l’éducatrice de notre fils était fragile en ce moment mais que notre présence la rassurait. Elle ne devait pas s’en vouloir pour quelque chose que nous n’aurions probablement pas su éviter nous non plus.

@ Billy Lighter

On s’était d’abord arrêtés chez Lynn pour récupérer quelques affaires de première nécessité pour elle et Lucky… Ce fut vite fait : Carolyn était une maman bien organisée et son appartement était toujours très en ordre, on ne pouvait pas vraiment en dire autant du manoir… En même temps, quand on vit à quatre mecs dans une maison de luxe, cinq mecs quand Lucky était là, il ne fallait pas s’attendre à un miracle… Fort heureusement, on avait une femme de ménage, une latina qui ne s’en laissait pas compter, qui venait deux fois par semaine remettre de l’ordre.

On se remit ensuite en route, après que j’aie aidé Lynn à mettre ses sacs dans le coffre, direction la garderie pour rassurer l’éducatrice de Lucky qui devait se faire un sang d’encre et culpabiliser à mort. Or, nous ne lui en voulions pas, ni Lynn, ni moi, pour ce petit accident. Le seul qui devait tirer une leçon de ce qui était arrivé, c’était Lucky lui-même, qui devait faire plus attention.

Et on était à peine entré dans la magnifique garderie toute colorée, toute prévue pour les petits comme Lucky, que notre bébé tendit les bras vers son éducatrice… Je souris à celle-ci et on laissa Lucky aller dans les bras de son éducatrice préférée… Rien que ça, je vis les larmes au bord des yeux de la dame qui en avait déjà vu passé, des générations de petits bouts et tous leurs petits ou gros bobos… Et pourtant, elle réagissait comme si c’était la première fois.

Mais Lynn la rassura tout de suite en laissant entendre que Lucky serait de retour dès la semaine prochaine.

J’ajoutai :

-Ouais pour l’instant il doit rester dans la pénombre et au calme… Mais ce n’est que l’affaire de quelques jours, rassurez-vous. On sait que les accidents, ça arrive.

Je rigolai.

-Quand il est chez moi, je passe mon temps à lui courir après depuis qu’il marche. On est quatre grands gaillards et pas encore foutus de surveiller le moindre faits et gestes de ce petit chenapan.

Lynn lui demanda comment elle se sentait.

-Beaucoup mieux maintenant ! J’ai eu tellement peur !

Puis, en s’adressant à Lucky.

-Hein que tu m’as fait une belle frousse, mon petit loup !

Puis à nous à nouveau.

-Je vous remercie de me faire encore confiance. J’ai bien conscience, pour avoir mes propres enfants, combien il est dur de confier la chair de sa chair à une tierse personne… e vous remercie de notre confiance.

Je souris et la rassurai.

-On ne pourrait pas trouver mieux. Bon, tu viens, Lucky ? On va aller chercher les pizzas puis on ira manger avec Tonton Clepto et les autres… Maman dort à la maison aujourd’hui…

Le petit tendit les bras vers moi.

-Ky Pizza !!!! Ky jouer avec To !

Je récupérai délicatement mon fils et on fit « au revoir » à Madame Maggie.

-Lucky va manger des pizzas puis Lucky ira se coucher pour ne pas avoir mal la tête.

Lucky fit la grimace et comme je l’avais contrarié, chercha les bras de sa mère à laquelle je le passai, je devais conduire de toute façon.

-C’est parti pour les pizzas !

@ Billy Lighter