Ces derniers temps, j’étais toujours épuisée. Le médecin disait que c’était à cause de ma grossesse, que c’était normal et que je ne devais pas m’en faire et surtout, que je devais écouter mon corps. Tu parles, Charles ! Écouter un corps qui ne m’appartenait même plus, ça me faisait plus chier qu’autre chose ! J’avais l’habitude de bouger, sans être une grande sportive, je ne tenais pas en place et voilà que je me retrouvais limiter dans tous mes mouvements parce que j’avais cru faire une bonne affaire en monnayant mon utérus !

Je faisais donc des siestes.

Des siestes le matin.

Des siestes l’après-midi.

Des siestes même après le souper avant d’aller dormir pour la nuit.

Je faisais pour ainsi dire que dormir depuis quelques temps et ça me tapais royalement sur les nerfs d’avoir aussi peu d’énergie alors que Monty lui, semblait plus en forme que jamais. En fait, je le soupçonnais de consommer plus qu’il ne le prétendait et ce, depuis que je lui avais avoué toute la vérité me concernant.

Ça l’avait troublé, inutile de prétendre le contraire. De toute façon, n’importe qui aurait été troublé après ce genre de révélation, il n’y avait donc rien de surprenant dans la réaction de Monty. Il pouvait m’en reparler s’il en jugeait nécessaire mais comme il ne le faisait pas, je ne cherchais pas à relancer le sujet. Il m’était assez pénible de vivre avec alors inutile d’en parler encore et encore, surtout avec mes hormones de femme enceinte qui faisaient en sorte que je réagissais toujours plus que nécessaire pour la moindre petite peccadille.

La sonnerie du téléphone m’avait réveillée peu avant le diner et j’avais ronchonné avant de me lever et de répondre.  Ça arrivait si peu souvent qu’il réclamait de l’attention celui-là que je me disais que ça devait être un des nombreux spécialistes qui me suivaient pour ma grossesse qui appelait pour me donner un rendez-vous pour un je ne sais plus combientième test.

- Oui, c’est moi.

L’infirmière au téléphone avait demandé à me parler et j’avais roulé des yeux avant de mes les frotter puis d’ouvrir grand la bouche, surprise, alors qu’elle m’expliqua qu’on avait amené mon petit ami aux urgences et qu’il était soigné pour une overdose.

- Le con ! Non, je veux dire… En fait non c’est exactement ce que je voulais dire ! Il va bien ?

J’écoutais le peu de ce que l’infirmière était autorisée à me dire au téléphone et je notais sur un bout de papier les informations nécessaires et, quand elle me demanda si j’allais passer le voir, je lui répondu sèchement que je n’avais pas l’intention de me déplacer pour plaindre Monty qui avait déconné.

- je suis enceinte et sans transport ! Alors qu’il prenne un taxi quand il aura son congé.

Et j’avais violement posé le cornet du téléphone sur son socle avant de me frotter le visage à deux mains en me répétant que ça ne se pouvait pas d’être aussi crétin, irresponsable, irréfléchi et… et… et je manquais de qualificatifs pour dire ce que je pensais de lui !

- Heureusement qu’il est mignon et qu’il baise bien !

Parce qu’il y avait longtemps que je lui aurais donné son congé !

C’est en fin de soirée, pour ne pas dire en début de nuit qu’il rentra, son bracelet d’hospitalisation encore au poignet. Je l’enlignais du regard, les bras croisés sur ma poitrine et appuyé sur mon ventre rond.

- Tu parles d’une heure pour rentré à la maison ! Tu as eu une grosse journée, Monty ?

@ Billy Lighter

Le noir… C’est dans le noir que je pensais resté coincé à tout jamais… Pourtant, petit à petit, le noir se fit plus clair. Je commençais à voir des formes indistincts… Je commençais à entendre des sons qui virent doucement  remplacer le silence total.

Jusqu’à-ce que tout soit vraiment plus clair et que je pus comprendre que j’étais allongé dans un lit. Un lit que, je constatai, un peu plus tard que c’était un lit d’hôpital. J’étais relié à un baxter incapable de me rappeler ce qu’il s’était passé et pourquoi j’étais ici… Je secouai légèrement la tête ce qui me donna un rien la nausée.

Je vis une femme qui s’affairait près de moi. Une infirmière vu sa tenue… Je gémis avant de demander d’une voix pâteuse.

-Qu’est-ce que je fous ici ?

L’infirmière s’approcha de moi. Elle parlait d’une voix douce et m’expliqua que j’avais fait une overdose mais que j’avais directement était pris en charge. Une overdose ? La coke… Je gémis… Les images revenaient petit à petit. Celle de Livia, de sa guitare et puis du bad-trip qui a suivi… Je gémis encore. J’avais pas forcément pris beaucoup de coke… Mais pas sûr qu’elle était tellement bonne. Putain de New Soldados ! Ils vendent moins cher mais ils vendent de la merde !

C’est la première chose que je pensais mais je ne dis rien me contentant d’écouter l’infirmière expliquer qu’elle avait appelé le numéro de mes parents qui était dans mon dossier médical mais que mon père avait répliqué qu’il n’avait plus rien n’à voir avec moi. Je ricanai mais sans aucune conviction. Ce n’était pas étonnant…

Puis, je pensai à Faith… Faith, qui, finalement, était la seule personne sur cette planète qui ne devait sans doute pas s’en foutre de ce qui venait d’arriver… Alors, je demandai à l’infirmière si c’était possible de prévenir ma petite-amie… Elle accepta et je lui donnai le numéro. En fait, je préférais que l’infirmière lui explique posément les choses plus que ça soit moi qui doive m’en charger en rentrant.

L’infirmière revint après le coup de fil m’expliquant que ma petite-amie ne viendra… Je vis de la compassion sur son visage alors que, moi, je roulai des yeux. Ouais… Elle m’en voulait sûrement… Elle allait pas payé le taxi pour moi, c’est clair.

J’expliquai que c’était rien avant qu’elle me laisse me reposer…

Je ruminai, donc, dans mon lit jusqu’à-ce que, quelques heures plus tard, on me file mon congé après m’avoir conseillé un centre de désintoxication. Pas question de payer des thunes pour ça ! J’avais simplement qu’à plus acheter ma came chez ses connards de New Soldados. Au moins, la came des Los Diablos, je sais que c’est pas de la merde.

Je pris, donc, le taxi jusqu’à chez BSC pour reprendre ma voiture et filer à Beverly Hills… J’étais crevé et c’est d’un pas là que j’entrai dans l’appartement faisant vite face à Faith et son air d’Italienne sévère. Elle demanda si j’avais eu une grosse journée et je ris d’un rire jaune.

-J’ai eu une journée de merde… Et tu sais très bien pourquoi vu que l’infirmière t’a téléphoné. Je crois que ma journée a déjà été assez merdique pour que t’en rajoute pas une couche.

Je passai à côté d’elle pour me laisser tomber dans le fauteuil.

-Les New Soldados vendent de la came de merde… J’en ai pris d’une ligne et j’ai complètement déconné devant Olivia Hughes.

Ouais. C’était la faute de la came… Bien que je me rappelais bien de mon délire et rien que d’y repenser, je grimaçai alors que mon cœur s’emballa un peu rien que d’y repenser.

-J’achèterais celle des Los Diablos à partir de maintenant. C’est de l’Italienne. Tout le monde sait que c’est meilleur.

En fait, c’était une sorte de compliment assez mal foutu qui lui était destiné.

@ Billy Lighter

Monty était réellement furieux parce que je l’avais laissé rentrer par ses propres moyens ? Il voulait vraiment me faire la gueule alors que c’était moi qui avais toutes les raisons de lui en vouloir ? Il me regarda à peine en rentrant et passa à côté de moi pour se laisser tomber dans le fauteuil du salon et ajouta que ce n’était pas la peine que j’en ajoute une couche. J’avais toujours les bras croisés contre ma poitrine et je le crucifiais du regard.

Immédiatement, j’avais des envie de meurtre, et c’était peu dire !

- Que moi j’en ajoute une couche ?

Ensuite, ce fut sur la piètre qualité de la dope vendu par les New Soldados qu’il rejeta la faute. En dedans de moi, je bouillais encore plus et si je ne portais pas le précieux bébé d’un couple de richards qui n’hésiteraient probablement pas à m’écraser comme une vulgaire coquerelle s’il arrivait quelque chose à leur progéniture, je me retenue de foncer sur Monty et de le secouer pour savoir s’il y avait encore un peu de lucidité dans cette belle grande tête vide.

- Est-ce que tu t’écoute raisonner parfois ? Tu n’as pas pensé que c’était une ligne de trop et que c’était pour cette raison que tu t’es retrouvé à l’hôpital ?

Exaspérée de l’entendre, je levais les bras au ciel avant de moi aussi, me laisser tomber dans un fauteuil puis de me pencher vers l’avant en me prenant la tête entre mes deux mains.

- Ça ne fera aucune différence, de où tu achète ta drogue, Monty ! Tu carbure trop souvent et en trop grande quantité ! Je te vois aller, putain tu viens d’entrer dans un mur, ça te suffit pas ? Ce n’est pas encore assez gros comme alarme pour que tu prennes au moins deux minutes pour t’introspecter ?

J’avais eu peur de le perdre, je m’attachais, mine de rien, à cette petite bête-là ! C’est par orgueil que j’avais refusée d’aller le retrouver même si en dedans de moi ça avait été un dur combat entre mon entêtement et mon désir.

- J’ai déjà perdu ma famille, je n’ai pas envie de te perdre en plus ! Tu sais même pas la trouille que ça fait, en dedans, Monty !

Je vivais plein d’émotions contradictoires en ce moment, un autre cadeau hormonal de la grossesse, sans aucun doute. En temps normal, je l’aurais laissé se démerder, je n’aurais même pas sourcillé, toute cette histoire n’aurait été rien de plus qu’une banale mésaventure que nous aurions balayé du revers de la main après une bonne nuit de repos.

- Je ne sais pas quoi te dire ! Je ne sais vraiment pas quoi penser ! On s’est embarqué tous les deux dans cette histoire et je te sens même pas capable de faire un tout petit effort pour que ça fonctionne.

C’était injuste et pas tout à fait vrai. Monty avait quand même sacrifié des trucs pour venir s’installer avec moi ici quoi qu’il gagnait quand même en confort et qualité de vie, dans cette appartement de luxe.

@ Billy Lighter

J’étais entré dans l’appartement et Faith m’attendait avec un air accusateur. Je savais parfaitement qu’elle savait ce qu’il s’était passé étant donné que l’infirmière l’avait appelé pour lui expliquer. Alors, quand elle me posa la question, je dis simplement qu’elle savait déjà tout en me laissant tomber dans le fauteuil et en ajoutant qu’elle ne devait pas rajouter une couche.

Elle s’offusqua et je soupirai en roulant des yeux alors qu’elle me foudroyait toujours du regard. Je connaissais parfaitement se regard. C’est pas la première fois qu’elle me le servait depuis le début de notre relation. Et c’était pire depuis que ses hormones lui foutait son humeur en l’air.

Moi, c’est sur la qualité de la drogue qu’on m’avait vendu que je m’offusquai. Pour moi, c’était la seule et unique raison de pourquoi j’avais fait une overdose. Sinon, j’avais pris qu’une ligne alors c’était pas possible que ça vienne de la quantité que j’avais pris. Donc les coupables étaient les New Soldados, ce qui me fit dire que j’allais acheter chez la concurrence la prochaine fois.

Mais mes explications plurent pas à Faith qui, elle, pensait bien que c’était la quantité. Je fis la moue en la regardant.

-J’ai sniffé qu’une ligne ! Pas de quoi tuer quelqu’un, hein !

Elle se laissa tomber dans un fauteuil, visiblement autant exaspérée que désespérée. Elle disait que là où j’achetais la drogue, ça changerait rien. C’est mal connaitre la came, ça ! Bien sûr que ça change ! La qualité change, putain ! Mais elle persistait à dire que je carburais trop. Elle disait que je devais travailler sur moi. Que c’était une alarme cette overdose.

-M’introspecter de quoi ?! J’ai pas le droit à ma foutue petite ligne ? Toi aussi tu va me parler de désintox comme les médecins ?! Putain…

Je ne haussais pas le ton. J’étais trop fatigué par ma journée pour ça. Mais on sentait quand même l’exaspération dans ma voix. J’en avais marre qu’on me fasse la morale. Qu’est-ce que tout ses gens en avaient à foutre ? Si je crevais, ça ferait pas de différences de toute façon.

Si… Apparemment si… Parce que Faith déclara qu’elle avait pas envie de me perdre. Ça me reclapa un peu et je la regardais dire qu’elle avait perdu sa famille et qu’elle voulait pas me perdre. Qu’elle avait la trouille et que je faisais pas d’effort pour que notre vie ensemble fonctionne.

Après ça, je dis plus rien. Je regardai Faith avant de passer ma main sur mon visage en soupirant. Quand j’étais sur mon lit d’hôpital, tantôt, on m’avait dit que mes parents et ma petite amie ne voulaient pas venir me voir… Moi, j’avais compris qu’ils s’en foutaient. Mes parents s’en foutaient, particulièrement mon père…

Mais je savais pas que Faith s’en foutait pas à ce point.

-Je fais des efforts !

C’est ce que je clamais un peu plus fort. J’avais fait des putains d’efforts. Je m’étais abstenu et j’avais pas été voir ailleurs que Faith s’est retrouvé privé de sexe. Je l’ai suivi ici. J’ai jamais sorti ma coke ici. J’ai même fait attention à pas bouffer ou boire de l’alcool ici pour pas la tenter. Bref, j’ai fais des efforts et elle le sait !

-Je veux que ça fonctionne ! Je…

Je l’aimais… Je crois que c’est ça qui est pas simple à vivre surtout depuis que je savais qu’elle risquait de se faire zigouiller par la mafia.

-Je t’aime et je tiens à toi aussi…

J’avais finis par le dire bien que ça sortait bizarre de ma bouche parce que j’aimais pas réellement faire ce genre de déclaration que je trouvais un peu mièvre.

-C’est le stress qui m’a fait carburé à ce point à la coke… A cause de la mafia. Me fallait cette ligne, putain… Je suis désolé de ce qui est arrivé. Je ferais attention la prochaine fois…

@ Billy Lighter

Monty était sur la défensive, évidement. Il prétendait qu’il n’avait sniffé qu’une seule ligne et que ce n’était pas ce qui l’aurait tué mais plutôt la piètre qualité de la cocaïne qu’il avait achetée. Je n’étais pas prête à croire ça, du moins pas en totalité. Il brûlait la chandelle par les deux bouts et ça venait de lui éclater au visage, voilà la seule explication à ce qu’il avait vécu aujourd’hui.

- Visiblement cette simple ligne a failli te tuer, alors continu de croire qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat !

Il n’en avait sniffé qu’une et s’était retrouvé à l’hôpital pour une overdose alors soit sa ligne était longue comme son insouciance, soit il voulait dire qu’il n’en avait sniffé qu’une à ce moment là et qu’il ne parlait pas de toute les autres sniffé dans la nuit.

Monty devait faire pause et se questionner sur ce qui ne fonctionnait pas dans sa vie, présentement. C’était peut-être nous le problème. Peut-être que toutes les obligations que mon contrat nous imposait étaient beaucoup trop lourd pour lui et qu’il n’arrivait pas à se gérer en plus de devoir gérer tout le reste.

- Je n’en avais pas l’intention mais là que tu en parles, ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée.

Je n’allais pas l’envoyer en désintoxe. Ça ne me regardait pas et je ne sentais pas que j’étais en droit de le lui exiger. Cependant, nous étions deux dans cette prison doré et ça nous pesait à tous les deux, toutes les restrictions qui venaient avec. Et si notre barque prenait l’eau d’un côté ou de l’eau, nous finirions tous les deux dans le fond du lac. C’est ce qu’il devait comprendre !

- J’ai assez à penser sans avoir en plus à m’en faire pour toi, Monty ! J’ai stressée à mort quand j’ai eu l’appel de l’hôpital !

Et parait que le stress c’est pas bon pour le bébé, que ça peut nuire à son développement et le faire naître prématurément. C’est écrit sur toutes les putains d’affiches de la salle d’attente de la clinique où je vais passer mes examens. À force de les avoir sous les yeux, que je le veuille ou non, ça fini par se graver dans ma tête.

En prime, avoir peur de perdre Monty avait remué la douleur encore vive de la mort de mes parents. Je ne voulais pas vivre avec la peur au ventre chaque putain de journée parce que je ne savais pas si Monty serait assez raisonnable pour se passer de se faire une ligne. Il était au travail quand c’est arrivé, avait-il vraiment besoin de se défoncer pour être en mesure de travailler ?

Dans un espèce de cri du cœur, sans que je n’ai besoin de lever le ton ou de flirter avec le drame, je lui confiais en toute honnêteté que je crevais de trouille à l’idée que je puisse le perdre lui aussi. J’avais pas envie de revivre ça, pas là que je commençais à vraiment me sentir bien avec lui et qu’on pouvait même se permettre de rêver un peu.

Je faisais peut-être fausse route mais je cru que cette confession l’avait touchée. Peut-être était-ce le cas mais ma pique ensuite sur son manque d’implication le fit réagir et il s’en défendit. Je baissais les yeux, parce que je savais que ce que j’avais dit n’était pas vrai, il en avait fait des efforts et pas qu’un peu.

- Je sais, j’ai été injuste de dire ça, pardonne moi.

Je ne m’attendais pas cependant à ce qu’il ajoute qu’il voulait lui aussi que ça fonctionne parce qu’il m’aimait. C’était maladroit comme déclaration mais c’était quand même la première fois qu’on m’en faisait une que je sentais sincère. Alors je me levais et je me déplaçais pour me rapprocher de lui et le serre contre moi, front contre front. J’avais envie de pleurer, de l’embrasser, de gueuler, de lui faire l’amour et de l’étrangler tout à la fois.

- La mafia… Putain je n’aurais jamais dû te raconter ça ! Ça fait juste tout compliquer entre nous. Mais je me rends compte que c’était pas ma meilleure idée. J’t’en voudrai pas si tu décidais de partir… C’est peut-être même la chose la plus intelligente que tu devrais faire. Me quitter pour te protéger.

@ Billy Lighter

Je roulai des yeux quand Faith s’excita en parlant de la « ligne de trop ». Elle disait que je me voilais la face en pensant que ce n’était pas grave. Moi, je pensais toujours que ce qui était en faute, c’était la qualité de la drogue que vendait les New Soldados. Encore une autre affirmation qui ne plaisait pas à Faith.

Et son énervement m’énerva. Elle disait que je devais m’introspecter. Je croirais entendre les foutus médecins qui sont venus me voir tout à l’heure et qui m’ont proposé une désintox’. Une idée qui, pour Faith, n’était pas tellement mauvaise. Je roulai, à nouveau des yeux.

-C’est n’importe quoi ! Ce genre de centre, ça sert à rien. J’en ai pas besoin !

Je n’avais aucune envie d’aller là-bas. Je savais gérer ma consommation. Tout du moins, j’essayais de me convaincre que j’y arrivais. Je n’avais pas envie que Faith me voit comme un épave parce que j’étais certain que je n’en étais pas une. J’avais juste besoin de coke pour me motiver un peu, c’est tout ! Et je soupirai quand elle expliqua avoir subit un stress quand elle avait reçu l’appel de l’hôpital. Je ne dis rien. Je pensais simplement que c’était ses hormones de femmes enceinte qui l’avait stressé et pas une quelconque inquiétude pour mon état. Sinon, elle sera venue, non ?

Pas forcément…

La preuve, c’est que, après ça, elle déclara qu’elle tenait à moi. Qu’elle n’avait pas envie de me perdre comme elle avait perdu ses parents. Je sentis une boule dans mon ventre à ces déclarations. Je ne m’y attendais pas… Peut-être parce que j’avais jamais vécu ça avec personne. J’avais eu des petites amies mais je n’en avais jamais aimé aucune. Pas comme j’aimais Faith, en tout cas. Et apprendre que c’était à ce point réciproque me faisais à la fois plaisir et ça me faisais aussi pas mal peur.

Mais il y avait eu aussi des reproches. Celui que je devais faire des efforts. J’en avais fait ! Pour elle ! C’est ce que je dis ! Et elle avoua que c’était le cas et qu’elle avait été injuste. J’hochai de la tête avant de soupirer.

Je l’aimais aussi. Je le lui dis avant de dire que je voulais que ça fonctionne entre nous. Elle vint près de moi, se serra contre moi juste après que je n’avoue que j’avais carburé un peu plus ses derniers temps à cause de tout ce que m’avait raconté Faith sur son ancienne vie. Une vie qui pourrait la rattraper n’importe quand.

Elle s’en voulait alors de m’avoir raconté ça. Elle disait que je pourrais partir. Qu’elle m’en voudrait pas. Je ricanai un peu avant de prendre un air déconfit.

-Ouais… Je pourrais… Sauf que, maintenant, je t’aime trop pour partir.

Je me frottai le nez pas réflexe avant de passer mes bras autour de Faith pour la serrer plus contre moi.

-Je ne saurais pas… Puis, s’il t’arrive quelque chose, je me prendrais pour un foutu lâche qui a fuit au lieu de protéger sa copine. Je suis pas un lâche.

J’avais des défauts. Je savais que je pouvais être un enfoiré. Mais j’étais pas lâche.

-Non. Je reste… Et je ferais attention. Je carburerais moins… Beaucoup moins.

C’était ce que je voulais, là sans savoir si j’y arriverai.

J’embrassai ensuite, Faith avant de la regarder dans les yeux.

-Je nous protégerais, ok ?

J’allais acheter un flingue, pour ça.

@ Billy Lighter

Monty ne comprenait pas qu’une simple ligne pouvait être une ligne de trop pourtant il venait d’expérimenter le plus gros avertissement qu’il pouvait avoir, non ? Il continuait de mettre la faute sur la qualité de la came et de dire qu’il irait l’acheter ailleurs à l’avenir, comme si ça allait régler son problème. Il était vraiment inconscient. Je sentais qu’aucun de mes arguments ne suffiraient à lui faire entendre un peu raison. Je ne lui demandais pas de devenir complètement sobre, moi-même je planifiais de fumer le plus gros joint de toute ma vie dès que j’aurais pondu le bébé. Mais il devait apprendre à se doser et éviter certaine chose. La coke, ça ne lui allait pas, pas du tout !

Ensuite, je lui avouais que j’avais terriblement peur de le perdre tout comme j’avais perdu mes parents. Ce que ça faisait en dedans était indescriptible et la douleur ne s’atténuait vraiment jamais. J’apprenais simplement à vivre avec alors si je devais en plus ajouter Monty sur le tas, ça aller dégringoler et je perdrais toute raison de vivre.

- La dernière fois, et ce fut la seule, qu’on m’a demandé de me rendre à l’hôpital pour quelqu’un, ce fut pour identifier le corps de mes parents. Après on m’a embarqué dans une voiture de police et toute ma vie a été effacée. Quand j’ai eu l’appel de l’infirmière pour me demander de passer, j’ai eu envie d’y aller puis j’ai pas pu. Je pouvais pas.

Je me serais effondrée avant même d’arriver à destination.

Je réalisais que maintenant que ma confidence sur mon ancienne vie avait été la goutte de trop pour Monty et qu’il ne savait pas comment gérer la nouvelle. C’était vraiment trop gros, même pour moi, à avoir sur la conscience et j’avais merdé en lui confiant tout ça. Alors avec un pincement au cœur, je lui suggérais de partir, je ne lui en voudrais pas ! Mais ce serait bien moins douloureux et difficile de le savoir loin de moi mais en sécurité qu’avec moi et mal dans ses baskets.

Contre toute attente, il refusa. Alors je le regardais surprise, ouais parce que je m’attendais déjà à le voir se lever et ramasser tout son barda. Il ne voulait pas partir car il m’aimait trop pour partir, et ça me fit tout drôle en dedans. Je l’aimais moi aussi, de plus en plus même. La peur de le perdre m’avait empêché jusqu’à ce soir, de prendre pleinement conscience de mes sentiments pour lui.

Il avait peur aussi de s’en vouloir s’il devait m’arriver un truc et qu’au lieu de rester avec moi pour me défendre, il aurait pris à clé des champs. Je le regardais et le voyais différemment maintenant que nous avions nommé nos plus grandes craintes et nos sentiments véritables.

- Je ne te demande pas de tout arrêter. Fais juste attention et choisis tes moments.

Éviter de se défoncer la gueule au travail ce serait bien si nous considérons que nous ne pourrons pas vivre éternellement de l’argent que j’aurai en banque à la fin de mon contrat de mère porteuse et que donc, qu’il garde son job serait un atout.

Monty m’embrassa et je prolongeais le baiser jusqu’à ce qu’il se brise naturellement et que je me blottisse contre lui, ma tête contre son torse et les yeux fermés. Ça avait été beaucoup d’émotion en peu une journée et tout ce que je voulais là, c’était de m’endormir dans ses bras et mettre tout ça derrière nous.

- Je sais. J’ai confiance en toi.

@ Billy Lighter