-Putain, tu lui a simplement mis Ernesto comme garde ?!

J’étais dans le salon de Carlos à m’exclamer sur lui et en faisant les cents pas. Riley n’était pas encore revenue et ce n’était pas son genre de trainer. D’habitude, elle était entourée par deux Los Diablos parce que, d’après Quinn, Riley était précieuse et, surtout, elle était une ex-prostituée des New Soldados.

Et là, j’apprenais que Carlos, qui avait dispatché les équipes aujourd’hui, l’avait simplement protégée d’Ernesto, un gamin de 14 ans !! Un des Pequeñas Manos, la pouponnière des Los Diablos. Un endroit où leurs orphelins sont casés pour, un jour, devenir des grands Los Diablos et, ainsi, perpétuer le cercle vicieux dans lesquel ces gosses sont nés !

-Si… On manque vraiment d’effectif, Keenan. Tu crois quoi ?! Que je peux sortir deux Los Diablos de ma poche pour protéger une seule fille ? On vent de moins en moi à cause de cette guerre alors il faut bien répartir autrement.

J’étais énervé. Il fallait absolument que je retrouver Riley.

-Quinn va te tuer s’il lui est arrivé quelque chose. Et il sera pas le seul à le faire. Je te jure, que t’as intérêt à ce qu’elle ait rien. Et le gamin non plus. Tu l’as envoyé où.

Carlos me fila le secteur mais semblait trop shooté pour se rendre compte de mes menaces. Je m’en occuperais plus tard. Il fallait d’abord que je retrouve Riley.

Je fonçai, donc, vers le secteur indiqué qui se trouvait à la foutue frontière de South L.A…. Putain, Alonso avait eu la bonne idée de délégué le boulot à Carlos ! C’est n’importe quoi !

J’étais énervé et je regardais dans chaque ruelle en roulant lentement…

C’est là que je vis Ernesto prostré dans l’un des rue. Je me garai rapidement avant de rejoindre l’adolescent. Il tremblait… Il pleurait… Je l’avais jamais vu comme ça.

Je me mis à sa hauteur. Il étais assis par terre sa tête entre ses genoux et il sursauta quand je posai ma main sur son épaule. Mais quand il vit que c’était moi, il se détendit même si ses larmes coulaient toujours.

-Keenan ?

J’hochai de la tête.

-Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Où est Riley ?

J’essayai de pas m’énerver. Le gamin n’en pouvait rien. Mais vu son état, c’était clair qu’il s’était passé quelque chose. Et mon cœur battait plus vite malgré moi. L’ado pleura de plus belle devant mes questions mais finit par trouver ses mots quand même.

-C’est ma faute… J’ai fui… Je surveillais mais j’ai pas l’habitude de surveiller tout seul. D’habitude, il y a un de mes amis… Mais comme Alvaro n’est plus là j’étais tout seul… J’ai pas vu que quelqu’un approchai de l’autre côté et… Ils ont commencé à tabasser Riley… Et….

Il gémit…

-Et je suis pas intervenu. J’aurais dû, je sais… Je devais la protéger… Mais… J’ai fui et…

Il s’en voulait… Il s’en voulait de ne pas avoir rempli sa mission. Et ça me désolé de le voir comme ça. Qu’est-ce qu’il en pouvait ? Carlos avait envoyé Ernesto et Riley dans les rues à dealer seuls. Un gamin et une jeune femme. Qu’est-ce qu’il avait en tête. Et j’eus un pincement au cœur devant son histoire. Riley s’est fait tabassée !

-Tu n’en peux rien. Si tu étais intervenu, toi aussi ils t’auraient tabassés. Ils étaient plusieurs.

Je serrai des dents.

-Riley est où ?

Il m’indiqua la rue et je lui ordonnais de rentrer directement. Il s’en alla et je repris ma voiture jusqu’à la rue indiquée. Une rue où je retrouvai Riley allongée sur le sol. Je sortis de ma voiture et couru jusqu’à elle. Je me mis à genoux relevant légèrement sa tête. Elle respirait toujours mais était arrangée. Elle était pleine de coups et de blessures.

-Riley ? Réveille-toi.

Il y avait de l’inquiétude dans ma voix alors que je passai délicatement ma main sur son visage tuméfié pour écarté ses cheveux.

-Riley, tu m’entends ?

Elle semblait reprendre doucement ses esprits et je la portai doucement jusqu’à ma voiture pour l’installer doucement côté passager. Il valait mieux pas rester ici… Et je savais qu’on avait interdiction d’aller à l’hosto alors c’est vers chez nous que je conduisis.

-Riley, ça va ? Il s’est passé quoi ? Ernesto m’a dit que tu t’étais fait tabassé…

Je parlais toujours d’un ton inquiet.

@ Billy Lighter

En plus de devoir vendre tout ce que m’avait refilé Carlos, je devais faire du babysitting, parce que d’être accompagné d’Ernesto pour le protéger, je trouvais ça contreproductif. Mais Carlos ne voulait rien entendre quand je râlais que j’irais plus vite seule qu’avec un bébé dealer à trainer. Le manque d’effectif dû à la guerre des gangs avait enligné sa décision en ce sens et je n’avais pas mon mot à dire !

Alors c’est en rouspétant que je remplissais mon sac de sachets de poudre et de joints déjà roulés ou non et de tout ce qu’un potentiel client pourrait désirer avoir pour pimenter sa fin de soirée. Et quand tout mon barda fut dans mon sac, je continuais de ronchonner parce que le secteur où m’envoyait Carlos n’en était pas un où nous aimions aller vendre. Il était à la limite de South L.A. et, à première vue, ça ressemblait à une vengeance de Carlos pour le double affront que je lui avais fait soit, avoir refusé toutes ses dernières avances et d’avoir quitter le bar l’autre soir avec Howard Stone.

Quand je verrais Finan, il allait m’entendre et Carlos passerait un mauvais quart d’heure ! Ça n’allait pas en rester là ! Finan remettrait Carlos à sa place, fin de l’histoire.

- Amène toi ! J’ai pas envie d’y passer la nuit !

On marcha en silence, moi, bras croisé sur ma poitrine tenant la ganse de mon sac de mes deux mains et Ernesto, les mains dans ses poches, le regard baissé sur ses pieds et quand il passa près de se prendre une pancarte d’arrêt je me moquais de lui et lui suggérais de relever la tête, de tems en temps.

- On sait jamais quand on va se prendre un mur, c’est quand même pas moi qui t’apprends ça !

Un premier groupe de quatre jeune homme, début vingtaine à tout cassé, c’était approché de nous et je leur avais vendu des joints et un peu de cocaïne. C’était une bonne première vente satisfaisante mais il me restait encore pas mal à vendre et je n’avais pas l’intention de trainer longtemps dans le coin. L’envie de me faire voir par un New Soldados ou pire, par Ward, ne me tentais pas plus que ça. J’avais encore des comptes à régler avec moi-même dans ma tête et je préférais vivre dans le dénie que d’y faire face.

Ernesto surveillait les alentours pendant que je procédais à une autre transaction, puis une autre et que nous continuions à nous déplacer pour vendre le plus possible et le plus rapidement possible.

- Vas te placer là, je vais aller sur ce coin. Y’a un groupe qui s’amène je suis presque certaine que je peux vider mon sac. Comme ça, on pourra rentrer.

Ernesto s’éloigna de quelques mètres pour faire le guet, c’était quand même un coin passant et on ne savait jamais qu’une bagnole de flic pourrait passer. Dans le groupe, il y avait un latino et je ne le lâchais pas du regard. Tous les latinos n’étaient pas forcément dans un gang mais lui, je pensais l’avoir déjà vu rôder autour du QG d’El Lider. Ça me rendait nerveuse et je perdais ma concentration tellement que je ne vis pas le premier allonger le bras pour tirer sur mon sac et me l’arracher des mains.

- HEY ! RENDS MOI MON SAC !

Je tirais sur mon sac et c’est là que tout dérapa. Je ne faisais pas le poids contre la bande qui me poussèrent vers la ruelle et qui m e ruèrent de coups de pieds et de coups de poings. Ils me laissèrent là, inconsciente et couverte de mon propre sang. Je n’arrivais plus à bouger, ni même à parler.

Combien de temps s’était écoulé avant qu’on vienne et qu’on le soulève, je l’ignorais. Des minutes ? Des heures peut-être. Mais je reconnu Keenan uniquement à sa présence et je me fis la réflexion que je n’allais peut-être pas crever dans cette ruelle. Je poussais une longue plainte de douleur quand il me souleva, tout mon corps me faisait mal. Il m’amena dans sa voiture alors que je gémissais toujours de douleur.

- Ils ont tout pris. Putain, ils m’ont tout volé !

Keenan me parla d’Ernesto, j’en avais rien à foutre de lui.  Il n’était même pas intervenu !

- Achève-moi, ça ira plus vite.

@ Billy Lighter

Riley était arrangée comme pas possible. Elle était bleue de coups et d’égratignures. D’après Ernesto, elle avait été attaqué par plusieurs gars et ça se voyait. J’en voulais à Carlos pour ça. Il savait que Riley était une cible pour les New Soldados en quête de vengeance et il ne lui avait donné qu’un gamin de 14 ans comme protection. A la limite, Riley était plus à même de protéger Ernesto que l’inverse. Résultat, Riley était sonnées et Ernesto s’en voulait.

J’étais rassuré quand je vis Riley réagir un peu. C’était difficile de voir si elle avait quelque chose de cassé mais, dans tous les cas, l’hôpital n’était, hélas, pas une solution. Dans d’autre circonstance, c’est le premier endroit où je l’aurais emmené.

Elle gémissait de douleur et, une fois dans ma voiture, je démarrai alors qu’elle gémit qu’on lui avait tout volé. Elle parlait sûrement de la drogue voir de tout son argent. C’était Alonso qui n’allait pas être spécialement content mais quand il apprendra que Carlos a envoyé Riley à la mort, c’est Carlos qui prendra. En réalité, je ne savais pas bien comme Alonso allait réagir… Je ne lui avais encore jamais parlé en face. Mais je savais que Finan Quinn, lui, engueulera Carlos.

-C’est pas ta faute ! C’est celle de Carlos. Il aurait dû te mettre un autre Los Diablos avec toi au minimum et pas un gamin. Comme il voulait que le gosse te défende ? Il se serait fait défoncé aussi.

On pouvait entendre de l’énervement dans ma voix. Pas contre Riley mais contre Carlos et toute cette putain de situation. La voir comme ça, couverte de bleus parce qu’une bande de lâche s’était attaqué à plusieurs à elle, ça me révoltait.

Je conduisais direction notre appartement alors que Riley me somma de l’achever, je levai un sourcil.

-Dis pas n’importe quoi… Je vais te soigner… Et, demain, je parlerais à Quinn. Il faudra que Carlos paye.

Moi qui était toujours cool, ce n’était pas du tout le cas ce soir.

-Qui t’as attaqué ? Des New Soldados, j’imagine ? Cet enfoiré de Carlos t’a envoyé à la frontière… Ils en ont profité pour te faire morflé et prendre ta cargaison.

C’était évident que c’était sans doute des New Soldados… Ils rôdaient souvent à la frontière pour nous défoncer la gueule quand ils le pouvaient par pur plaisir. Ils ne volaient même pas toujours notre came. C’était juste pour le plaisir de faire mal. Je ne sais pas à quel jeu joue El Lider mais c’est un jeu à la con.

@ Billy Lighter

Je ne savais pas comment il avait fait ça, mais Keenan m’avait retrouvé et m’amenait loin de cette ruelle dans laquelle je gisais, dans mon propre sang. Il n’y avait pas une seule partie de mon corps qui ne me faisait pas mal et je préférais crever que de continuer d’endurer la douleur et d’avaler mon sang.

À mesure que Keenan roulait, les lampadaires de rues qui venaient sporadiquement éclairer mon visage me faisaient passer de souvenir en souvenir sans qu’il n’y ait de suite logique entre eux. Je voyais tantôt mon père, tantôt Carlos. Puis il y eu El Lider et Bailey et Howard Stone qui me surplombait en me baisant comme un déchainé qui avait quelque chose à se prouver.

J’eu la nausée mais rien ne sortit sauf un long gémissement de douleur avant de dire qu’ils m’avaient tout prit ! Tout ce qui me restait à vendre et l’argent que j’avais fait. J’avais plus rien et Finan allait m’en vouloir à mort pour ce que j’avais perdu !

- Ernesto !

Il était vivant ? Avait-il subi le même sort que moi ? Putain je ne parvenais même pas à réfléchir, ni même à enligner mes pensées ! Il n’y avait que des souvenirs qui se chevauchaient comme une ritournelle machiavélique. Je ne pouvais lutter contre ça, je n’en avais pas la force.
Je voulais mourir !

- Non, ne fais pas ça… laisse moi crever j’t’en pris !

Keenan conduisait furieusement, je ressentais les coups de volant alors que j’étais étendue sur la banquette arrière et que lentement, je perdais un peu plus conscience.

‘’ Qui t’as attaqué ? Des New Soldados, j’imagine ? Cet enfoiré de Carlos t’a envoyé à la frontière… Ils en ont profité pour te faire morflé et prendre ta cargaison.’’

J’étais enveloppée d’un épais brouillard alors que la voix de Keenan ne cessait de me répéter cette même et stupide phrase. Une bonne centaine de fois dans la dernière heure. Ou était-ce la dernière nuit ? Journée ?

- PAPAAAAAAAAAA ! NE ME FRAPPE PAS !!

Ce n’était pas moi qui avais déchiré le coin de sa bible ! C’était Bailey ! Je l’avais vu faire et elle l’avait refermé en me faisant signe de ne pas le dire avant de cacher le livre contenant les Saintes Écritures sous la jaquette du lutrin de la petite chapelle voisine de notre maison de Mont Dora, en Floride.  Ce fut tout de même moi qui fus puni et qui avait reçu autant de coup de ceinture que le temps de réciter un Hail Mary le permettait. Bailey avait pleuré et imploré notre père de ne pas me battre et qu’elle avait dit qu’elle était la coupable.

Keenan était assit près de moi sur le lit et je sursautais en le voyant si près. Je me protégeais même le visage et me réfugiais à nouveau dans le brouillard épais. C’était rassurant, même si je ne voyais rien. Le bout de mes doigts frottait sur un interminable mur de béton et, tout au bout, il y avait une lumière qui éclairait un coin de rue.

- El Lider ! Pourquoi tu as donné cet ordre ? ne te suis-je pas fidèle ?  N’ai-je pas avancé dans notre plan ?

Il avait envoyé ses hommes pour me tuer mais je suis plus coriace qu’une blatte, il semblait l’avoir oublié ! Je marchais tout autour de lui et je le questionnais, je devais savoir pourquoi il avait fait ça ! Puis je le poussais violement à deux mains dans le dos pour qu’il me réponde !

- WAAAAARD ! RÉPOND MOI !

Le sol sous mes pieds se rompit et je tombais en chute libre. Une longue et interminable chute qui sembla durer une éternité et pendant laquelle je tentais tant bien que mal de me raccrocher à la parois mais mes ongles se prenaient aux encoches, se cassaient et déchiraient la chair de mes doigts, je ne parvenais même pas à attraper une racine de moins en moins profonde. J’étais aspirer vers l’enfer, je savais que c’était ce qui m’attendais pour tout ce que j’avais fait. Mais, n’avais-je pas fait un peu mieux, dernièrement ? Je pouvais encore m’en sortir ?

Je ne voulais pas mourir !

- KEEEEEEEEEENAN !

@ Billy Lighter

-Ouais. Il va bien, t’en fais pas… Il est rentré chez les Pequeñas Manos.

C’est là-bas que je l’avais renvoyé en tout cas. Le pauvre gosse devait toujours s’en vouloir à l’heure qu’il est. Mais avant ça, il fallait que je ramène Riley et que je la soigne avec les moyens du bord en espérant que ça suffise. Si ça ne suffisait pas, j’allais l’emmener à l’hosto, quoi qu’il arrive et peu importe le règlement des Los Diablos.

Riley était mal en point et j’en voulais à Carlos pour ça. C’était lui qui avait fait les équipes et qui avait envoyé Riley et le gamin à la mort. Mais ça n’empêcha pas Riley de vouloir que je l’achève. Je refusai catégoriquement de le faire. Il lui prenait quoi ? Pourquoi elle voulait crever ? Tout ça n’était pas sa faute.

-Non, je te laisserais pas crever.

Je dis ça d’un ton sévère alors que je roulais vers notre appartement. C’est là que je commençai à poser un tas de questions sur ce qu’il s’était passé pour comprendre la chronologie des actions même si je soupçonnais que tout ça ne soit un fait supplémentaire dans cette foutue guerre de gang qui faisait rage dans l’Eastside et à South L.A..

Mais au lieu de me répondre de façon cohérente, Riley se mit à crier demandant à son père de ne pas la frapper. Je levai un sourcil surpris par cette réaction ?

-Riley ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Mais elle semblait ailleurs. Elle avait les yeux à moitié ouvert et regardait dans le vide. Comme si elle rêvait éveillé et parlait tout haut dans son sommeil. Et elle sembla comme s’évanouir à nouveau ce qui me fit accélérer jusqu’à-ce qu’on arrive à mon appartement. Riley gémissait dans son sommeil et je la portai jusqu’à l’appartement et notre lit où je l’allongeai. Carlos allait m’entendre mais pas avant demain. Là, je devais d’abord m’occuper de Riley.

Je filai chercher de la pommade et commençai à doucement en mettre sur ses ecchymose. Je ne savais pas si quelque chose était cassé… Je n’étais pas médecin même si j’avais appris quelques trucs de survie au FBI. Riley ouvrit alors les yeux avant de sursauter.

-Calme, Riley, ce n’est que moi.

Mais elle sembla à nouveau perdre connaissance… Comme si elle ne voulait pas se réveiller ou comme si sa tête l’aspirait. Et, encore une fois, elle se mis à parler dans son sommeil fiévreux.

Elle parla d’El Lider… El Lider qui lui avait donné un ordre. Elle parla d’un plan me faisant plisser des yeux. Je savais qu’elle travaillait, avant, pour El Lider mais en quoi une prostituée avait à voir avec un quelconque plan d’un chef de gang. La question était à creuser…

Puis, elle cria le nom de Ward me figeant sur place… Je connaissais Ward. Il était dans mes dossiers. Edward Fleming. Le fils de Thomas Fleming. Ex-Los Diablos dont les occupations actuelles sont inconnues d’après le dossier. Il est suspect dans plusieurs enquête pour meurtre qui, malheureusement, stagnent par manque de preuve au point que certains sont désormais des cold case. C’est le fils du Boucher de Los Angeles et, accessoirement, mon cousin de par ma mère. La mère de Ward et la mienne sont sœur mais je n’ai jamais vu Ward. J’étais trop jeune quand ma mère a coupé les ponts avec Colleen, sa sœur. C’est arrivé quand Colleen a eut la bonne idée, après avoir marié un sérial killer pendant plusieurs années, de se mettre en couple avec le chef des Los Diablos de l’époque.

Donc, de Ward, je connaissais les vagues récits de ma mère mais, surtout, ce qu’il y avait dans son dossier. Et j’avais bien l’impression que Riley venait de m’avouer, dans son délire, que Ward n’est autre qu’El Lider.

-Riley ? Réveille-toi…

Je dis ça doucement avant qu’elle ne crie mon nom. Je la secouai alors doucement avant de changer de tactique et de passer de l’eau sur son visage.

-Réveille-toi, ok ? Tu es avec moi. Tu es en sécurité. Personne ne te fera de mal ici. Ni Ward, ni ton père, ok ?

Je caressai son visage essayant qu’elle reprenne doucement ses esprits.

@ Billy Lighter

La douleur écrasait mon cerveau, mes poumons et mon estomac. Elle me broyait le cœur, les bras et les jambes. J’avais des spasmes que je ne pouvais pas contrôler et qui faisaient se tendre ma colonne vertébrale puis elle donnait l’impression de se scinder en deux et de vouloir partir en direction opposée. J’étais semi consciente, plus près du délire que de la réalité, comme si je n’appartenais ni à l’un, ni à l’autre. Je stagnais entre les deux sphères, comme une âme perdue.

Keenan me souleva encore pour me porter jusque dans notre lit, ça, c’était la réalité. Mais par-dessus ce que je savais réel, s’empilaient des évènements, des visages, et je ne pouvais pas jurer qu’ils étaient bien le fruit de mon imagination ou s’ils ne me surplombaient pas tous aux abords de mon lit, à attendre que je me réveil pour me tomber dessus.

Mon père, ma sœur, El Lider, Keenan.

Ils étaient tous là à me veiller, chacun avec ses propres intentions. Parfois, l’un eux devenaient plus clair que les autres et me ramenait là où nous nous étions laissés la dernière fois. C’était ça qui faisait le plus peur. Je ne voulais pas retourner à Mont Dora, chez mon père. Je ne voulais pas non plus que Ward me ramène à son quartier général.

Je luttais fort pour qu’ils ne s’approchent pas de moi, pour qu’ils ne m’agrippent pas. Je luttais tellement que je dépensais mes dernières énergies avant de sombrer à nouveau dans le brouillard dans lequel je lévitais, comme si je n’étais qu’une plume en suspendue dans le temps.

Puis j’entrouvris les yeux et Keenan se tenait là et me parlais doucement tout en appliquant de l’eau sur mon visage. Je réalisais qu’il n’y avait que lui et moi ici et personne d’autre. Personne pour me faire du mal, sauf moi-même. Je fronçais des sourcils, du moins, j’essayais de le faire, quand il me rassura en disant que ni mon père ni Ward n’étaient ici pour me faire mal.

- Mon père est en Floride soufflais-je entre mes dents serrées alors que j’essayais de me redresser en vain, dans le lit. Et je ne connais pas Ward.

Je fermais les yeux alors que je me sentais étourdis et très nauséeuse après avoir fait un effort aussi stupide qu’inutile et je respirais lentement parce que je sentais mes poumons s’enflammer si je respirais trop profondément. Au fond de ma gorge, il y avait un goût amer et ferreux. Je ne devais pas être belle à voir !

- Ils m’ont tout prit, j’ai rien pu faire.

J’essayai de me rappeler combien ils étaient, si je les avais déjà vu. Il n’y avait qu’un visage dans le lot qui se démarquait des autres. Il pouvait bien être un New Soldados même que j’étais certaine qu’il était l’un d’eux. Était-ce qu’un hasard ou bien un avertissement que m’avait servi Ward pour prendre trop de temps à accomplir ma mission ?

- Finan va vouloir me tuer. Carlos aussi, mais lui, je vais le tuer avant, si je ne crève pas dans ce lit.

Je pourrais bien trouver la force de ressusciter uniquement pour lui faire la peau moi-même !

- Ernesto était trop nerveux. C’est quoi qui devais le surveiller.

Et ça m’avait rendu nerveuse et ça m’énervait parce que je n’avais pas été assez prudente pour garder une distance avec le dernier groupe venu vers moi.

@ Billy Lighter

Le délire de Riley était intense au point où il y avait des moments où elle criait carrément dans son demi-sommeil. Elle parla de son père qui la frappait… Était-ce réellement ce qui était arrivé ? Est-ce que le père de Riley avait l’habitude de frapper sa fille ? Rien n’était moins sûr mais rien n’était impossible… On ne peut pas finir dans la rue à se prostituer en ayant eu une enfance comblée et heureuse. Non. C’était souvent que quelque chose n’allait pas et ce n’est pas rare de trouver des familles avec des pères violents, hélas.

Puis, il y eut cette histoire de plan et d’El Lider. Avant qu’elle ne parle de Ward me faisant faire une association d’idée peut-être erronée comme quoi Ward Fleming était El Lider… Même si… Il pouvait il y avoir un autre Ward et j’accusais mon cousin au casier judiciaire bien rempli à tort. Même si la coïncidence valait le coup d’œil.

Je tentai de doucement ramener Riley à la réalité en épongeant son front avec un linge mouillé. Je clamai alors qu’elle semblait revenir à elle que ni Ward, ni son père ne pourrait lui faire du mal ici.

Il n’y avait que nous.

Elle le remarqua parce qu’elle sembla d’un coup plus calme. Elle déclara alors que son père était en Floride. J’imagine que ça veut dire qu’il était trop loin pour lui faire du mal. Elle tenta alors de se relever.

-Ne bouge pas. Il va falloir que tu restes au lit quelques temps… Tu es arrangée.

Elle ajouta qu’elle ne connaissait pas de Ward. Mais elle mentait. On ne lançait pas des noms comme ça sans connaitre le porteur du nom. Puis, elle m’aurait dit les choses autrement si elle ne connaissait réellement pas de Ward.

-Moi non plus… Mais c’est ce que nom que tu criais dans ton délire. Alors, je me disais que tu devais connaitre quelqu’un avec ce nom et que ce quelqu’un t’avais fait mal. Comme ton père, apparemment.

Pourquoi niait-elle ? Parce que si Ward est réellement El Lider, ça pouvait se comprendre qu’elle ne voulait rien en dire.

J’épongeai toujours son front et ses blessure alors qu’elle clama qu’on lui avait tout pris et qu’elle n’avait rien pu faire. Elle avait peur que Finan veuille la tuer ainsi que Carlos bien qu’elle comptait tuer Carlos avec ce qui m’arracha un sourire en coin. Elle déplora avoir été laissé seule avec un enfant.

Je dis sur un ton dur :

-Carlos n’aurait jamais dû t’envoyer à la frontière de South L.A. avec comme seule escorte un gamin timide. Il aurait pu faire deux morts en agissant comme ça. Je doute que Finan t’en veuille. Il comprendra. Il en voudra à Carlos. Personne ne te tuera pour ça. Tu es la victime dans l’histoire, Riley. Tu as fait ton job. Tu n’aurais jamais pu te défendre seule contre plusieurs gars. Finan le sait, ça.

J’étais sûr que l’Irlandais allait en vouloir à Carlos et pas à Riley. Parce qu’il n’était pas stupide. Je lui avais déjà parlé et après notre conversation, j’avais pu comprendre qu’un type comme lui n’avait rien n’à foutre dans un gang.

-On ira lui parlé demain. A Finan. On lui expliquera. Il comprendra.

Je tentais de la rassurer mais je devais éclaircir un truc…

-Par contre, tu as déliré. Tu as parlé d’El Lider et d’un plan… Riley… C’est quoi ce plan ? Tu sais que tu peux tout me dire. On se serre les coudes toi et moi…

Je dis ça sur un ton inquiet et plus doux.

@ Billy Lighter

Il ne devait pas y avoir un moindre centimètre de mon corps qui ne me faisait pas souffrir. Je serrais même des dents lorsque je voulu me redresser dans le lit et j’abandonnais cette idée alors que Keenan disait que, arrangée comme j’étais, j’allais avoir besoin de quelques temps pour m’en remettre.

Je ne comprendrais jamais l’intérêt de laisser une personne dans un si piteux état ! Faut aller jusqu’au bout ou s’en abstenir dans ce cas là ! Ils n’étaient donc que des lâches qui s’en étaient prit en bande contre une seule fille ! Qui plus est, je suis toute menue, je n’aurais même pas su tenir tête à l’un d’entre eux.

Apparemment, pendant mon coma-sommeil, je n’avais pas que déliré. J’avais parlé aussi. De mon père et de Ward. Je résumais asse brièvement la situation en disant que mon père était trop loin pour que ça vaille la peine d’en parler et que je ne connaissais pas de Ward. Keenan cependant n’était pas dupe et tout dans son regard me faisait comprendre qu’il ne me croyait pas du tout.

- Des tas de mecs m’ont fait du mal, à commencé par mon père, ouais. Si ça se trouve, j’ai eu un Ward comme client et dans mon délire je me suis souvenu de lui. Comment ils disent à l’émission de medium à la radio ? Le subconscient ?

Ouais, c’était effectivement le subconscient qui m’avait fait parler de mon amant et chef de gang, pendant que je délirais sous les yeux de Keenan. Je me sentais coincée, là et j’espérais bien m’en sortir avec ce truc de subconscient. Puis pour être certaine qu’on passe à autre chose et malgré que je n’avais pas vraiment envie de discuter parce que ma tête menaçait d’exploser, je ramenais la décision de Carlos sur le tapis. Ce con mal engueulé aurait voulu se débarrasser d’Ernesto et moi qu’il ne serait pas mieux pris ! Puis on m’avait tout volé ! Finan allait être fou de colère, j’allais passer, encore, un foutue mauvais quart d’heure ! C’est ce que faisait un chef de gang non ? C’est ce que ferait El Lider !

- J’aurais pu mieux me protéger ou refuser de me rendre là dès le départ.

Ouais j’aurais pu argumenter et remettre en question la décision de Carlos. Au lieu de ça, j’avais empoigné Ernesto et je l’avais entrainé dans un guet-apens bien malgré moi. Keenan s montrait confiant sur la réaction de Finan et même, il voulait qu’on aille lui parler demain pour lui expliquer ce qui c’était passé.

- J’crois pas être en mesure d’aller ou que ce soit, demain !

Je tournais la tête pour regarder par la fenêtre sans rien voir d’autre que le ciel et quelques building aussi haut que le nôtre. Je soupirais ensuite en me disant que le mieux serait de faire venir Finan ici et si Carlos pouvait être là en même temps, ce serait bien ! je voudrais bien assister à ce spectacle.

- Il viendrait ici, tu pense ?

Je devais me reposer, maintenant. De toute façon, je n’avais plus la force de continuer cette conversation, ma tête menaçait d’exploser, mon corps en entier était douloureux et puis mes yeux me donnait l’impression d’être exorbité. Mais Keenan n’en avait pas fini. Il avait encore des questions et je ne pourrais pas y échapper.

- Tu veux un vrai mensonge ou une fausse vérité ?

Malgré la douleur, je me redressais, non pas sans gémir, presque hurler de douleur je dirais même. Valait mieux cracher le morceau, du moins une partie du morceau maintenant, alors que j’étais a moitié morte dans notre lit que d’attendre d’être rétablie et subir à nouveau le même genre de traitement. Il avait beau dire qu’on se serrait le coudes, quand il apprendrait qu’El Lider m’a placé chez les Los Diablos pour détruire Finan, mes heures allaient être comptés.

- Promets- moi qu’ensuite, tu vas me laisser chez ma sœur ? Tu vas me conduire chez Bailey, après ?

Je pouvais bien négocier une petite faveur, comme la dernière cigarette du condamné.

- J’suis là à la demande d’El Lider. Il compte sur moi pour gangréner le gang de l’intérieur et mener Finan à sa perte. Le truc c’est que tu es là toi aussi et crois moi ou pas, tu fou le bordel dans ma tête et à cause de toi, je fais tout pour pas nuire à Finan.

@ Billy Lighter

Malgré ce qu’elle avait dit dans son délire, Riley niait connaitre un dénommé Ward. Elle pensait que ça pouvait bien être un client et… Quelque part, c’est possible, oui. Elle parla du subconscient mais je ne savais pas si je devais la croire ou non… Alors, je répliquai simplement, sur un ton un peu sceptique :

-Ouais… Le subconscient.

Mais je laissai ça de côté parce que Riley se disait coupable de tout ce qui était arrivé. Elle pensait que Quinn allait la ramasser ainsi que Carlos. Qu’elle avait échoué. Mais, moi, ce que je voyais, c’était que Carlos avait complètement merdé en faisant des équipes à la con pour la vente de ce soir. Mettre une femme qui est dans le viseur des New Soldados avec pour seule protection un gamin de 14 ans, c’était complètement stupide et c’était les envoyer à la mort. Pour moi, Carlos était entièrement responsable et j’étais certain que Quinn sera de notre côté sur ce coup-là.

Mais Riley cherchait toujours à se rendre coupable en disant qu’elle aurait dû mieux se protéger ou refuser les ordres de Carlos. Je secouai de la tête.

-Carlos est ton supérieur. Il t’aurait ramassé si tu avais contesté ses ordres. Tu n’y peux rien, Riley.

Je lui fis comprendre que le mieux était de parlé à Finan. Il n’était pas là aujourd’hui d’où, certainement, le fiasco de ce soir. Mais Riley me dit qu’elle ne serait pas en mesure d’aller où que ce soit ce qui n’était pas faux. Elle ne pourrait pas sortir de son lit avant un moment. Je soupirai confirmant, d’un signe de tête, qu’elle avait raison mais elle offrit une autre idée. Celle de faire venir Quinn. Ouais. C’était encore le mieux à faire.

-Possible qu’il viendra. On le fera venir. Je lui téléphonerais demain matin.

Soit, dans quelques petites heures, en fait.

Mais il y avait autre-chose que j’avais entendu dans le délire de Riley et dont je demandai des éclaircissements. Ça concernait El Lider et que sentais qu’il y avait réellement quelque chose de louche quand Riley demanda si je voulais un vrai mensonge ou une fausse vérité. Je levai un sourcil.

-La vraie vérité, c’est bien aussi.

Elle se redressa un peu et je lui fis signe de ne pas bouger alors qu’elle venait de gémir de douleur. Elle déclara, ensuite, qu’après m’avoir parlé, je devrais aller la conduire chez sa sœur. Je savais que Riley détestait sa sœur. Elle détestait même qu’on évoque sa sœur. Alors, je compris que ce qu’elle avait à dire devait être vraiment grave pour qu’elle ait recours à Bailey.

-Je te le promets mais… C’est si grave que ça ?

Oui, ça l’était… Enfin, de mon point de vue, pas tellement parce que je n’étais pas réellement un Los Diablos. A vrai dire, mon secret était encore pire que celui de Riley qui était, en fait, infiltré chez les Los Diablos par El Lider afin de mener Finan Quinn à sa perte. Pourquoi spécifiquement Quinn ? C’était un très bonne question. Peut-être qu’El Lider en voulait plus à Quinn qu’à n’importe quel autre Los Diablos. Ou alors, par qu’El Lider sait que Quinn est un des membres les plus important et que, sans lui, rien ne va sur le terrain. La preuve, ce soir.

Mais ce qui m’inquiétait dans son discours c’est que Riley avoua s’être attaché à moi… Que c’était pour moi qu’elle n’avait encore rien fait contre Finan. C’était tout le problème de l’infiltration. Un problème longuement discuté pendant ma formation au FBI… Il ne fallait pas s’attaché. Je l’avais fait mais j’arrivais toujours à faire la part des choses. Mais je n’avais pas pu empêcher Riley de s’attacher.

Je restai silencieux quelques instants, avant de reprendre :

-Donc, tu es infiltré par les New Soldados…

Je soupirai…

-El Lider t’as utilisé pour son propre compte… Il t’as obligé ? C’est quoi le deal avec lui ? Tu fais ça et finit la prostitution ?

Je ne m’emballais pas. J’essayais simplement de comprendre. Je me mordis la lèvre.

-J’avoue que je n’ai aucune idée de ce que Finan ferait si jamais il l’apprenait… Mais… Il doit le savoir, Riley. Parce que, si ça se trouve, il en a infiltré d’autres. Peut-être des gens que tu ne connais pas et qui sont infiltré depuis plus longtemps.

Je passai ma main sur mon visage. La situation était délicate à bien des niveaux.

-Et si Finan t’en veux, je protègerais et te conduirais chez ta soeur…

Je pouvais peut-être résonner Quinn même si je savais que la trahison signifiait la mort. Mais si on arrive à faire comprendre que Riley n’avait pas le choix alors il comprendra peut-être.

Je fronçai, ensuite, les sourcils.

-Mais alors… Si tu es infiltrée… Pourquoi les New Soldados t’ont tabassé ? El Lider n’a aucune intérêt à faire ça… Ça n’a pas de sens.

Non, ça n’en avait aucun.

@ Billy Lighter

Pendant mon délire, j’avais parlé de beaucoup de chose apparemment, de choses que je préférais laisser en dessous du tapis comme mon père et Ward. Je mis ça sur le compte du subconscient qui m’avait probablement ramené un ancien client en mémoire. C’était, dans l’immédiat, le truc le plus crédible que mon cerveau embrumé me permettait d’inventer.

Ensuite, je parlais de la réaction qu’aurait Finan et probablement Carlos quoi que ce dernier ne méritait même pas que je me soucis de lui ! Il m’avait envoyé à la mort et en connaissance de cause qui plus est ! Il devait savoir qu’un truc du genre allait se produire ! Ernesto n’avait pas la carrure pour me protéger et, de ce fait, j’ai joué à la baby-sitter plutôt que de me concentrer sur mes ventes et ma propres sécurité. Finan, lui, aurait tous les droits de me tomber sur la tête et pas qu’un peu ! Non seulement je m’étais fait voler tout ce qui me restait de drogue mais en plus, tout l’argent de mes ventes de la soirée.

J’avais un talent inné pour décevoir mes chefs de gangs !

- Le mal est fait, de toute façon.

Ça ne servait à rien de ressasser les évènements de la soirée.

Keenan suggérait que l’on parle rapidement à Finan mais dans l’état où je me trouvais, le mieux demeurait que Finan vienne ici plutôt que l’inverse. Keenan accepta de lui passer un coup de fil dès demain matin. Je tournais péniblement la tête pour constater que demain était à nos portes.

La conversation aurait pu en rester là mais Keenan avait encore à dire. Je voulais dormir ! Pourquoi je ne pouvais pas dormir ? Pourquoi il fallait encore discuter ? Parce que j’en avais trop dit sans m’en rendre compte et que ce n’était pas sortit de par la seconde oreille de Keenan, malheureusement. C’était resté dans sa tête et pour un bon bout de temps.

- Toute vérité n’est pas bonne à dire il parait.

Avant de déballer mon sac, je lui demandais de me promettre de m’amener chez ma sœur ensuite. Je ne voulais pas rester ici, entouré de Los Diablos qui en auraient tous après moi et qui n’auraient aucune autre envie que de me faire la peau. Keenan probablement le premier.

- Tu verras bien si c’est si grave que ça, ou pas.

Je lui déballais mon histoire, non pas sans souffrir. Mon corps me faisait extrêmement mal mais ce n’était rien à comparer ma tête qui allait éclater d’un instant à l’autre. Je ne cachais pas avoir infiltré les Los Diablos à la demande d’El Lider et que ce dernier attendait de moi que je ruine l’existence de Finan. Je ne me cachais pas non plus pour dire qu’à cause de lui, je n’avais pas pu mener à bien ma mission parce qu’il me jouait dans la tête. Ça voulait dire ce qu’il avait dû comprendre.

- Ouais, et ouais. Et le deal c’est que si je réussissais, je pourrais coucher avec lui, être mieux traité, en finir avec la prostitution. C’est cher payé finalement, parce que chaque fois qu’on a couché ensemble, il en a profité pour passer ses frustrations.

Keenan voulait absolument que l’on dise tout à Finan ne serait-ce que pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autre taupe que moi. J’aurais refusé vigoureusement de la tête si mon cou n’était pas si endolori.

- Non, si on parle à Finan, il va me tuer ! Et s’il ne me tue pas, c’est El Lider qui me tuera ! Putain je vais crever de toute façon !

Là je commençais à paniquer, à hyperventiler. J’en avais rien à foutre qu’il dise que peut importait la réaction de Finan, il allait me protéger. Nous ne ferions pas le poids contre deux gangs ! Parce qu’il ne fallait pas se leurrer ! Ce qu’il disait revenait au même qu’une mutinerie envers nos gangs respectifs.

- Pour me passer un message. Pour que je bouge plus vite. Pour me faire comprendre qu’il commence à s’impatienter et à en avoir marre d’attendre.

Ça me paraissait assez clair.

Je forçais sur mes jambes pour sortir du lit même si j’avais probablement des côtes fracturées, des muscles déchirés, des ecchymoses grosses comme des pastèques sur tout le corps et que le moindre effort me donnait envie de gerber. Je devais partir et tout de suite ! Je ne pouvais pas attendre que Keenan prévienne Finan ! Je tombais en bas du lit en hurlant et pleurant de douleur mais je n’avais qu’une idée en tête : me rendre chez Bailey, tout de suite !

@ Billy Lighter

Ouais, le mal était fait. Riley avait perdu l’argent et sa cargaison mais j’étais certain que ce n’était pas elle qui allait s’en prendre plein la gueule mais Carlos et son manque de précaution. Et Riley ne semblait pas arriver à se foutre ça dans le crâne. Pour moi, il fallait en parler à Finan mais le mieux était de le faire venir ici parce que Riley était incapable de ce déplacer avec tous les coups qu’elle avait pris.

On se mit d’accord là-dessus avant que je ne demande franchement à Riley de m’expliquer tout ce que j’avais entendu dans son délire. Parce que ce qu’elle avait dit portait à confusion et c’était clair qu’il me fallait des éclaircissements. Elle lança que toute vérité n’est pas bonne à dire… J’hochai de la tête. Ce n’était pas faux mais elle semblait encline à la dire alors, je l’y encourageais.

Et elle se lança après que je lui ais assuré que si c’était réellement très grave, j’allais réaliser son souhait de l’emmener chez ça sœur. Et ça devait certainement l’être parce que je savais que la carte « Bailey » était le dernier recours de Riley tellement elle détestait sa sœur. Si bien que je me demandais si Bailey allait accepter Riley chez elle. Rien n’était moins sûr mais, en attendant, Riley était prête à dire la vérité.

Et la vérité c’est que Riley travaillait toujours pour El Lider mais comme infiltré dans le bute de détruire la vie de Quinn. Et en échange, Riley ne devrait plus se prostituée, pouvait coucher avec El Lider et être mieux traité. Même si, visiblement, coucher avec El Lider n’avait rien d’idyllique et je grimaçai.

-Fallait pas s’attendre qu’un chef d’un gang ultra-violent soit sain d’esprit… Il te prendre pour un pion, c’est tout.

Mais je comprenais qu’elle ait accepté. Sur le papier, ça augmentait sa qualité de vie, en quelques sortes… Parce que, pour les femmes, être prostituée c’est être en bas de l’échelle. Le rang de dealer ou de soldat est un cran plus haut…

Je soupirai pesant le pour et le contre avant de conclure qu’il faudra en parler à Finan aussi. Ça comportait un risque. Si je savais que l’Irlandais avait un cœur, je ne pouvais pas anticipé sa réaction là-dessus. Tout ce que je pouvais faire c’est promettre de protéger Riley et l’emmener chez sa sœur si ça tournait mal.

Et Riley s’emballa certaine que Finan allait la tuer… Et que s’il ne le faisait pas c’est El Lider qui la tuera… Je soupirai…

-On est pas sûr que Finan le prendra mal. Il n’est pas sans cœur. Il est intelligent. Je pense qu’il pourrait comprendre. Surtout que tu viens de me dire la vérité sans avoir encore rien tenter… Pour El Lider…

Je ne pouvais être sûr de rien. Je ne savais même pas qui c’était !

-Je n’en sais rien mais si Finan peut être convaincu, tu auras la protection des Los Diablos.

Parce que si je l’emmène chez Bailey ça n’empêchera sûrement pas El Lider de tenter de la retrouver. Et si elle s’aliène Quinn en fuyant, elle en aura deux au cul.

Je soulevai quand même le fait que ça ne faisait pas sens que les New Soldados l’ait attaqué mais Riley disait que c’était certainement une façon qu’avait El Lider de lui dire d’aller plus vite. Je fis la moue.

-Alors c’est qu’il n’est pas très malin… Tu ne vas pas aller plus vite si tu es fracturées de partout…

Ce qui ne correspondait pas au profil de Fleming… Donc, peut-être que ce n’était pas lui, El Lider, comme semblait l’affirmer le délire de Riley.

Je voulu rassurer Riley mais elle était angoissée au point qu’elle tenta de sortir de son lit mais elle tomba criant de douleur.

-Riley !

Je dis ça sur un ton à la fois inquiet et agacé de sa tentative. Je la pris délicatement dans mes bras pour la remettre dans son lit.

-La fuite n’est pas une option, ok ?

Pas tout de suite, en tout cas. Je soupirai alors que Riley pleurait. J’attendis qu’elle se calme légèrement avant de reprendre la parole repassant le linge mouillé sur son front. J'attendis un peu pour l'installer comme il faut en évitant de lui faire trop mal. C'est d'un hôpital qu'elle avait besoin... Mais on en avait pas le droit.

-Si on fuit maintenant, on risque tous les deux d’avoir les New Soldados et les Los Diablos sur le dos… Il faut réfléchir plus tactiquement, ok ?

Je parlai doucement.

-On parlera à Quinn. Parce que si El Lider t’en voudra pour ta trahison alors il faudra avoir les Los Diablos de ton côté pour assurer ta protection. S’ils n’en sont pas capables ou veulent ta mort, dans ce cas, je t’aiderais à fuir chez ta sœur… En espérant qu’elle voudra bien de toi… Parce que sinon, tu seras bonne pour fuir Los Angeles…

Je la fixai pensant que c’était le meilleur plan. Mes lèvres se pincèrent :

-Tu es d’accord ? Tu me fais confiance ?

@ Billy Lighter

Sans le vouloir, j’en avais trop dit pour reculer. Putain d’état de delirium qui m’avait fait la ramener ! Je n’avais pas le choix que de tout dire à Keenan parce que je commençais à le connaitre et je savais qu’il ne lâcherait pas le morceau. Quand il avait un truc qui le chicotait, il revirait le sol à mains nues pour en voir le fond !

J’y allais donc en toute franchise en dévoilant que j’étais infiltrée chez les Los Diablos à la demande d’El Lider et que si j’avais fait ça, c’était par amour pour lui et pour ne plus avoir à me prostituer. Keenan savait de toute façon que je n’étais pas voué à une grande carrière dans la rue, pour m’avoir ‘’essayé’’.

- La dernière fois qu’on a couché ensemble, ouais j’ai saisi que je n’étais qu’un pion. Mais je suis coincée maintenant ! S’il sait que j’ai viré ma veste de bord, il va me tuer. Et quand Finan apprendra pourquoi je suis vraiment ici c’est lui qui va me tuer !

Inutile d’avoir un diplôme universitaire pour faire ce calcul !

Keenan était beaucoup plus optimiste que moi en disant que ce n’était pas écrit dans le ciel que Finan voudrait ma peau pour ça. Il n’allait certainement pas non plus me donner une petite claque sur les doigts en me disant un truc du genre : ‘’Tu as été une vilaine fille Riley, mais ne recommence plus, d’accord ? ‘’ Si Keenan pensait que ça se passerait comme ça, c’est qu’il vivait vraiment dans un putain de monde de licornes !

- On a vu ce soir ce que vaut la protection des los Diablos ! Carlos s’est vengé parce que j’ai couché avec Howard Stone l’autre soir, juste après avoir refusé ses avances ! Il porte un slip vraiment trop serré, du coup, son cerveau est mal irrigué !

J’étais convaincue avoir été punie par El Lider, qu’il avait cherché à me faire comprendre qu’il en avait marre d’attendre après moi, que je ne bougeais pas assez rapidement et là encore, Keenan avait son opinion. Il disait que si ce que je disais était vrai, El Lider était vraiment stupide car toute cassée de la tête aux pieds, je ne pourrais certainement pas faire avancer notre plan plus vite.

- Ouais ben c’est comme ça chez les New Soldados. Tu ne fais plus l’affaire, bam, t’es mort ! Je ne suis pas irremplaçable, c’est ce qu’il voulait que je comprenne et si la prochaine fois qu’il me fait venir je n’aurai rien à lui donner, c’est en pièce détachées que tu vas me retrouver.

S’il me retrouvait !

Ma seule option était de fuir et je voulais fuir maintenant ! Si Keenan ne voulait pas m’amener chez Bailey, j’irais par mes propres moyens même si pour cela, je devais ramper sur le trottoir jusqu’à sa grosse villa de riche !  J’avais surestimé mes forces et je tombais en bas du lit et j’hurlais de rage et de douleur alors que Keenan, irrité ou inquiet, ou les deux qui sait, me releva pour me remettre au lit.

- Non ! Je veux y aller tout de suite ! Y’a que moi qui suis dans la merde, pas toi, tu risques rien, toi !

Keenan restait calme alors que je fulminais autant que mon état me le permettait. Je comprenais ce qu’il me disait, et il avait forcément raison mais ça ne changeait rien dans ma tête que j’étais certaine de vivre mes dernières heures. Si tel était le cas, il voulait bien m’amener chez ma sœur en espérant qu’elle veuille bien de moi.

- Elle voudra, Sainte Bailey, parfaite en tout ! Crois-moi, elle sera trop contente de pouvoir faire sa petite action bénévole.

Ça me fit rire amèrement avant que je ne tousse en pleurant de douleur et que je ne crache un peu de sang.

- J’ai pas le choix de te faire confiance. Mais toi, promet moi que peu importe qui me tue, tu ne les laisseras pas m’enterrer dans un dépotoir ou me couler au fond de l’océan !

@ Billy Lighter

J’avais compris les motivations de Riley concernant son infiltration. El Lider lui avait fait miroité une meilleure position et Riley ne s’était rendue compte que trop tard qu’elle n’était qu’un pion pour lui. Elle était certaine d’être coincé. Pour elle, elle était morte d’avance tuée soit par El Lider, soit par Quinn. Je soupirai ne disant rien avant de faire tout de même part d’une touche d’optimisme en ce qui concernait Quinn. Il ne m’avait pas l’air d’être du genre à tuer sans réfléchir. Je n’étais même pas certain qu’il soit capable de tuer une femme. Il ne me semblait pas être de ce genre-là et son casier judiciaire ne faisait pas état d’un comportement totalement irréfléchi.

J’étais certain que si Quinn entendait raison, il protègera Riley mais elle avait pu voir, ce soir, que cette protection n’était pas optimale. Mes lèvres se pincèrent alors qu’elle pensait bien que tout ça n’était qu’une vengeance de la part de Carlos pour une histoire de cul. Je soupirai.

-Si c’est le cas, il va se faire ramasser par Quinn…

Oui, parce que je doutais que Finan approuve ça. D’ailleurs, c’était loin de l’éthique des Los Diablos que l’Irlandais avait essayé de me faire avaler. Là, visiblement, quand il s’agit de jalousie, tout le monde est prêt à foutre les autres dans la merde. Enfin, surtout Carlos.

Quant à ce qu’il s’était passé tout à l’heure, Riley disait qu’El Lider avait simplement perdu patience et lui avait envoyé une sorte de message pour la faire travailler plus vite ce que je trouvais contreproductif… Si elle ne savais plus marcher, elle ne pourrait pas avancer rapidement dans son plan… Mais elle disait que c’était comme ça chez les New Soldados et que, finalement, personne n’est irremplaçable. Je soupirai.

-De toute façon, tu n’iras plus chez lui. C’est clair et net. C’est trop dangereux.

Riley ne voyait qu’une issue : fuir chez sa sœur. Alors que, moi, je pensais qu’il fallait tenter d’abord sa chance avec Quinn. Mais Riley ne voulait en faire qu’à sa tête et tente de fuir ce qui était une tentative à la fois stupide et désespérée dans son état. Elle gémissait maintenant de douleur au sol et je la remis délicatement sur le lit lui faisant prendre conscience qu’elle n’irait nulle part dans cet état. Elle clama alors qu’il n’y avait qu’elle qui était dans la merde et pas moi. Elle y était mais si elle fuyait dans cet état, elle aura peut de chance d’arriver en vie à destination.

-Tu es dans la merde mais si tu pars dans cet état, tu n’arriveras jamais chez Bailey.

Je parlai calmement essayant de lui faire prendre conscience que notre meilleure issue était de d’abord parler à Quinn. Je voyais bien qu’elle fulminait alors j’ajoutai que si Quinn n’entendait pas raison, je l’emmènerais chez sa sœur. Elle confirma être sûr que sa sœur l’hébergera rien que pour se faire bien voir.

-Tant mieux alors.

Je grimaçai alors quand elle cracha un peu de sang preuve que son état était peut-être pire que prévu. Mais je ne pouvais pas vraiment faire mieux que d’essayer qu’elle bouge le moins possible…

Elle ouvrit alors encore la bouche pour me faire faire une autre promesse. Elle était, décidément certaine qu’elle allait crever. Je la fixai passant ma main sur sa joue.

-Je te le promet. Mais je te promet aussi que je ne laisserais plus personne te faire de mal.

Et je comptais la tenir. Flic infiltré ou non. Je ne pouvais pas laisser cette fille se faire tuer par qui que ce soit.

-Maintenant, reposes-toi. Je vais veiller sur toi. Demain matin, je téléphonerais à Quinn.

Ceci étant dit, je vins la rejoindre sur le lit pour pouvoir veiller sur elle.

@ Billy Lighter