La rédaction m’avait envoyé à Copenhague, sur le « In Your Head Tour », la tournée de la jeune et talentueuse Livia. Je devais absolument obtenir une interview cette fois. Parce que quand j’avais été sur la tournée de Lola, je n’étais pas parvenu à interviewé la diva et je me l’étais fait dire par mon patron qui, cette fois, pour que je reste concentré, ne m’avait pas fait la fleur de payer aussi le voyage pour un accompagnant, qui aurait été Carolyn.

Carolyn, ma Carolyn… Nous vivions bien, une histoire d’amour calme, sans gros heurts… Elle m’apaisait et j’avais une très bonne relation avec Eddy Cort qui m’acceptait totalement dans le rôle de beau-père pour son fils.

Que rêver de mieux ?

Mais là, je devais penser boulot.

Du coup, je me retrouvai à l’entrée de l’hôtel où Olivia devait se rendre pour son court séjour dans la capitale scandinave. J’étais au milieu d’une foule de journaliste certains avec des micros, d’autres avec leurs appareils photos prêts à mitrailler la jeune femme quand elle arriverait.

Moi, je n’avais rien, juste un petit enregistreur cassette dans la poche de ma veste (car il faisait ici nettement plus frais qu’à L.A.)… Et je ne le sortirais que quand Livia aurait accepté de me rencontrer.

Je m’étais attendu à voir, dans toute cette foule que représentait la presse, Amon Sørensen… Mais aucune trace de lui. Pourtant, c’était une bonne occasion pour lui de revenir dans sa terre natale, de voir sa famille ou quelque chose comme ça, non ?

Mais mon questionnement cessa dès que la limousine qui avait été passer prendre Livia à l’aéroport se stationna devant l’hôtel.

Je jouai un peu des coudes pour mieux voir mais surtout en espérant que la chanteuse puisse m’entendre quand elle passerait à ma hauteur. Il fallait se battre pour avoir sa place, quand on était journaliste, dans ce genre de situation.

Une chose était sûre, Livia n’était plus une adolescente au balbutiement de la célébrité. Elle avait maintenant largement fait ses preuves au point de faire paraître Lola bien pâlotte à côté d’elle. Et pourtant, elle restait accessible, quelque chose d’étonnant quand on savait qu’elle était la fille du magnat de BSC, Jimmy Reed.

La jeune femme restait simple, prenait le temps de prendre la pose pour les photographes, échangea quelques mots avec les uns et les autres.

Et bientôt, elle fut à ma hauteur.

-Livia ! Livia ! Une petite interview pour L.A.ROCKS, s’il vous plait ! Je ne prendrai pas beaucoup de votre temps !

Ce que je pouvais détester faire ça mais bon… J’avais un peu ma rédaction au cul…

@ Billy Lighter

Je baillais alors que l’avion venait de se poser en sol scandinave. Je n’avais jamais mis les pieds dans ce coin du monde, même avec le Sanitarium Tour. J’espérais avoir le temps de découvrir ces nouveaux paysages et cultures. C’est ce que j’adorais le plus dans l’aspect mondiale de ma tournée. En général, j’avais le temps de prendre mon temps. Aussi, les gens chargés de m’accueillir en leur beau pays me partageaient des informations intéressantes, ils étaient un peu comme des guides touristiques.

Je me faisais toujours un point d’honneur de goûter à la gastronomie locale, de me prendre en photo devant l’attrait touristique le plus connu de la région, de parler avec des commerçants du coins. Je trouvais important de le faire, ne serait-ce que pour enrichir ma culture personnelle.

Je m’étirais avant de me lever et d’attraper mon sac que je prenais toujours avec moi dans l’avion. Il contenait mon walkman et une cassette de mes chansons préférées, un livre de lecture, un cahier pour écrire si toutefois l’inspiration me passait en tête et des bonbons, parce que malgré tout, j’avais toujours la dent sucrée et qu’il y avait rien comme le sucre pour me tenir réveillée lors de long trajet.

Après l’avion, les voitures et camions nous attendaient le long du tarmac de l’aéroport de Copenhague. En tête de peloton, une belle limousine blanche allait me conduire à l’hôtel. Julian était rentré à Los Angeles le temps de quelques rendez-vous et ne me rejoindrait qu’en Nouvelle-Zélande. Ce devait être notre plus longue séparation mais le temps passait tellement vite en tournée que nous n’aurions pas vraiment le temps de s’ennuyer l’un de l’autre.

Quand la valise de la limousine fut chargée, le chauffeur se mit en route. J’avais appuyé ma tête contre la portière et je fermais les yeux le temps du trajet. Je n’étais pas épuisée mais j’avais hâte d’être à l’hôtel et prendre une longue douche chaude avant de m’écrouler dans mon lit. Le concert avait lieu le lendemain soir ce qui était une bonne chose.

Le trajet se termina et je pouvais voir la foule massé à l’extérieur de l’hôtel. Chaque fois, j’étais surprise de toute cette attention. On n’imagine jamais vraiment qu’on puisse nous connaitre en dehors de notre petit patelin et qu’on puisse même espérer nous approcher d’assez près pour obtenir une photo ou une signature. Mon petit patelin serait et resterait à jamais Tijuana.

Le chauffeur ouvrit la porte de ma limousine et je me retrouvais vite encadrée de garde du corps cependant, ils ne repoussaient pas brusquement les gens. Je voulais prendre le temps de les saluer, de poser pour eux, de signer leurs magasines avec ma photo en première page, d’accepter les cadeaux qu’ils m’avaient apporté. Je ne pouvais malheureusement pas parler à tout le monde mais je faisais mon maximum avant d’être aux portes de l’hôtel. Je saluais les gens, je leurs envoyais des baisers puis j’entrais dans l’hôtel où m’attendait plus ou moins le même cirque, avec des journalistes cette fois.

Je devais m’armer de patience pour ne pas paraitre impolie bien que je mourrais d’envie de me retrouver dans ma chambre. Je m’arrêtais à tous les deux ou trois pas pour répondre à une question ou pour prendre une photo.

- L.A.ROCKS!! Salut !

Je m’approchais de la voix familière de l’animateur Jake Snyder et lui tendis la main.

- Je suis heureuse de te voir ici ! Tu as fait un bon voyage ?

C’était lui le journaliste mais c’était moi qui posais les questions, ça me fit rigoler alors que le reste de la presse c’était massée autour de nous pour placer leur micros les uns par-dessus les autres pour s’assurer de capter tout ce que je pouvais dire.

Je cherchais Daniele du regard mais je ne le vis pas alors c’est vers mon garde du corps que je me tournais et lui donnais ma directive.

- Jake Snyder de L.A.ROCKS va monter à ma chambre pour une petite interview, puis je regardais Jake qui risquait de se noyer dans cette marée journalistique, Dans cinq minutes à ma chambre, ça te convient ?

@ Billy Lighter

Ma tentative d’attirer l’attention de la jeune chanteuse avait, je l’avoue, quelque chose d’un peu désespéré. Mais il me fallait absolument cette interview. Je ne pouvais pas revenir bredouille. Oh ma carrière n’en aurait pas été ébranlée, j’aurais tout juste une remontrance du rédacteur en chef, mais c’était surtout aux fans de mon émission que je pensais. Je leur avais promis une interview de Lola et je ne l’avais pas eue…

Il me fallait quelque chose à leur mettre sous la dent.

Mais heureusement, dans tout ce parterre de journalistes venus du monde entier et qui parlaient anglais avec différents accents, voire pas du tout l’anglais, Livia reconnu le nom de la radio que je représentais. Une radio qui sentait peut-être bon la maison, pour elle.

Elle me salua… Elle semblait avoir carrément reconnu ma voix et s’approcha pour me saluer avec une simplicité qui me fit à la fois honneur et sourire.

Je lui serrai la main… Elle avait une toute petite main dans la mienne, mais elle avait une poigne assurée. Quelque chose qu’elle devait tenir de son homme d’affaire de père.

Son sourire était rayonnant. Une femme dont la beauté était littéralement en train de s’épanouir.

-Je suis heureux de vous voir aussi.

Elle avait employé le tutoiement pour moi et ça ne me dérangeait pas. Mais comme elle était une star et moi pas, je n’osais pas faire de même, par pur respect pour elle.

-J’ai fait bon voyage, merci. Et l’air ici est beaucoup plus respirable qu’à Los Angeles ! Faites attention à ne pas prendre froid et abîmer votre voix.

Elle s’adressa à son garde du corps en disant qu’elle me donnerait une interview dans sa chambre. Puis c’est à nouveau à moi qu’elle s’adressa, me donnant rendez-vous dans cinq minutes. J’avais mon interview !

-Parfait ! Merci infiniment !

Elle disparut dans un ascenseur et un de ses gardes du corps resté là m’invita à passer sous le cordon de sécurité sous les regards jaloux de mes confrères. Je remerciai l’homme qui m’escorta à travers ascenseurs et couloirs et me retrouvai bientôt devant la large porte à double battants d’une suite.

Je regardai ma montre, trépignant et quand cinq minutes furent passées, je frappai à la porte.

-Livia ? C’est Jake Snyder, pour l’interview.

Elle me fit entrer et je regardai tout autour de moi en entrant dans la suite.

-Et bien ! Très belle suite ! Vous êtes gâtée, chez BSC !

Puis je lui souris.

-Merci pour l’interview, vraiment ! Je l’ai promise à mes fans et aux vôtres aussi, par la même occasion. Je ne prendrai pas beaucoup de votre temps, c’est promis.

Et tout en disant ça, je sortis l’enregistreur de ma poche.

@ Billy Lighter

Ce fu tune agréable surprise que d’entendre une voix familière bien de chez nous, m’interpeller au travers toutes les autres voix qui s’élevaient. Étant fan de son émission, je reconnu sans même être présenté, qu’il s’agissait de Jake Snyder, l’animateur de Let There Be Rock sur les ondes de L.A. ROCK, la radio la plus en vogue à Los Angeles. Je m’étais donc dirigé tout naturellement vers lui pour le saluer.

Je lui avais serré la main en le tutoyant alors qu’il me vouvoyait. C’était toujours très étrange pour moi de me faire vouvoyer par un adulte. C’était flatteur mais pour moi, c’était toujours moi l’enfant qui devait le respect et qui devait montrer tout le respect qu’un adulte était en droit de s’attendre de moi.

Jake avait fait un bon voyage pour arriver ici et je fus de l’entendre. Ça devait être exténuant de faire le tour du monde pour suivre un ou plusieurs artistes sur la route. C’état étourdissant pour moi, ça devait l’être pour eux.

Je levais la tête comme pour regarder un ciel que je n’aurais su voir depuis l’intérieur du hall de l’hôtel quand Jake avoua que l’air ici était bien plus respirable qu’à Los Angeles. Il devait faire référence à la pollution, à la chaleur parfois intense alors qu’ici, c’était vraiment plus frais.

- Je ferai bien attention, c’est promis !

Jake était ici pour faire son job et je décidais donc de lui accorder une interview en l’autorisant à monter à ma chambre afin de mieux discuter. Ce serait plus tranquille qu’ici alors qu’il fallait parler par-dessus toutes les voix qui réclamait ne serait-ce que quelques secondes de mon attention.

- Le plaisir est pour moi ! À tout de suite, alors !

Je saluais, tout en me dirigeant vers l’ascenseur, les journalistes et photographes toujours massés qui tentaient encore d’avoir quelques déclarations de ma part. Un jour, je serais totalement habitué et peut-être même blasée par ce genre d’évènement. Lola ne semblait même plus les voir alors que moi, j’étais impressionnée.

J’espérais en fait que je n’en viendrais pas à être blasée et que je n’oublierais jamais que sans eux, je ne serais pas là où je suis.

Pendant que je discutais avec les journalistes, on avait déjà monté mes valises à ma chambre, une immense suite dans laquelle mes frères et sœurs auraient pu volontiers jouer à la cachette sans manquer d’idée où se planquer ! J’allais me sentir bien seule là-dedans pour une nuit !

Je n’eu que le temps de me prendre un Sprite dans le réfrigérateur bien garni de ma chambre que Jake frappa déjà à la porte. Je déposais ma cannette et j’allais lui ouvrir. Sa première remarque fut sur la chambre que j’occupais. J’acquiesçais d’un signe de la tête avant de mettre des mots sur ma pensée.

- Effectivement, nous ne pouvons pas nous plaindre.

Jake me remercia pour l’interview que nous allions faire. C’était une promesse qu’il avait faite à ceux qui écoutent son émission, ses fans autant que les miens.

- Ça me fait plaisir, sincèrement. Assied-toi, je peux te servir une boisson gazeuse ou de l’eau, c’est tout ce qu’on met dans mon réfrigérateur !

J’avais dit ça sur un ton moqueur. Je n’étais pas encore majeur et, célèbre ou non, mon réfrigérateur était garni que de boisson soft. Quand Jake fut servi, je m’installer sur le même divan que lui question de pouvoir parler plus facilement.

@ Billy Lighter

La suite de Livia était magnifique, mais la jeune femme, si elle reconnaissait qu’en tant qu’artistes, ils étaient choyés par leur maison de disque, elle n’en fit pas des caisses non plus. En même temps, elle n’était pas née dans la jet-set mais avait au contraire été élevé à Tijuana, une ville pauvre et dangereuse à cause des trafiquants de drogue et de la proximité de la frontière.

Et être la fille de Jimmy Reed ne semblait pas lui avoir monté la tête ! Que du contraire ! Elle m’avait généreusement invité ici et j’en étais reconnaissant.

Elle me proposa de m’asseoir, ce que je fis sur son invitation et me proposa à boire.

-De l’eau, ce serait gentil… Merci.

Et pendant qu’elle me servait, je sortis l’enregistreur de ma poche et aussi mon paquet de cigarettes. Je ne demandais pas la permission, tout le monde pouvait fumer partout et il ne me venait pas à l’esprit que ça pourrait déranger la jeune femme.

Une sale habitude de fumeur, quoi.

Mais il fallait avouer que j’étais un peu nerveux. C’était la première fois que j’interviewais Livia, je ne la connaissais qu’au travers de ses chansons et de ses concerts. Et je me connaissais, je pouvais parfois être un peu direct… j’avais aussi un peu peur qu’au vu de son jeune âge, elle me trouve un peu vieux jeu sur certaines choses.

Je posai l’enregistreur sur la petite table et pris une gorgée d’eau.

-Je vais nous enregistrer et je passerai l’enregistrement dans ma prochaine émission.

Je lui souris, ma clope entre mes lèvres.

-Je suis prêt quand vous l’êtes !

Une fois qu’elle me donna le signal que c’était bon, j’appuyai sur le bouton « rec » et la bande de la cassette à l’intérieur se mit à tourner.

-Bonjour, Livia ! C’est un honneur de vous rencontrer ici, au cœur de la Scandinavie ! On peut dire que votre tournée a du succès jusqu’à maintenant… Qu’est-ce que ça fait de vivre sa première tournée mondiale à un si jeune âge ?

Je pourrais poser la question à Jesse Stark, il était encore plus jeune ! Mais aujourd’hui, la star, c’était Livia.

@ Billy Lighter

J’avais invite le célèbre animateur de Let There Be Rock à me rejoindre à ma chambre pour une petite interview. Ça faisait tant de bien de voir des visages de ‘’chez nous’’ que je l’avais priorisé au travers de tous deux qui auraient bien aimé avoir sa chance. Ma chambre allait être plus confortable et nous pourrions discuter tranquillement sans craindre d’être interrompu.

Jake trouva ma chambre très belle et disait même que nous étions gâtés chez BSC. Effectivement, nous n’avions absolument pas à nous plaindre, nous étions bordés dans le luxe et ne manquions de rien. Je lui offris à boire bien que je ne pouvais lui offrir de bière ou tout autre alcool. Jake se contenta de me demande de l’eau alors j’en pris une bouteille dans le réfrigérateur de ma suite et la lui offrit alors que moi, je m’étais déjà servis un Sprite.

Je m’installais près de mon invité qui allait enregistrer notre discussion pour facilité ensuite son travail.

- Parfait, ça me va.

J’allais tâcher d’oublier le petit enregistreur et faire comme si je discutais avec un ami, sauf que mes amis ne me vouvoyaient pas. Je n’en étais plus à ma première interview mais comme chaque fois, mon cœur battait plus vite. Je me rappelais toujours le précieux conseil que m’avait offert Jack Perry quand il était alors mon manager. Je devais marcher avant de prétendre savoir courir et malgré tout le chemin parcouru, j’avais encore l’impression d’en être au tout début.

- Je suis prête, nous pouvons commencer.

Jake y alla de sa petite introduction, on voyait qu’il avait ça dans le sang, interviewer des gens. Je souriais mais je jouais nerveusement avec mes mains sur mes cuisses.

- Bonjour Jake ! L’honneur est partagé, ce fut une agréable surprise que de te croiser ici !

L’interview commençait doucement alors que mon interviewer voulait savoir ce que cela faisait que de vivre une tournée mondiale a mon âge surtout qu’elle rencontrait beaucoup de succès, je ne pouvais pas le nier même si je voulais rester humble.

- C’est étourdissant mais agréablement étourdissant. J’ai beaucoup de chance de pouvoir vivre une expérience aussi formatrice qu’enrichissante. Je suis reconnaissante de pouvoir voyager et j’essaie d’en apprendre davantage sur les différentes cultures que je découvre.

Je ne savais jamais si j’en disais trop ou trop peu mais je savais que je ne pouvais me contenter que d’une réponse courte et peu construite. Je n’avais pas eu le temps de découvrir la Scandinavie encore, ça viendrait demain, je l’espérais du moins !

@ Billy Lighter

Bien installé dans la suite de Livia avec ma clope, mon verre d’eau et mon enregistreur, alors que la chanteuse buvait du Sprite, je me sentais plutôt à l’aise. C’était toujours un petit stress pour moi d’interviewer de nouveaux artistes… Ce n’est pas comme un Howard Stone que je connais assez bien ou encore un Sniper qui est naturellement accessible.

Mais cette accessibilité semblait aussi caractériser Livia qui, non seulement, avait accepté de se prêter au jeu de l’interview, mais en plus dans sa chambre et en offrant gracieusement à boire. Et puis, elle me tutoyait, ce qui la rendait encore plus sympathique, même si moi, j’avais du mal à passer au tutoiement parce que je ne la connaissais pas bien.

Mais il fallait quand même bien que je saisisse à un moment la perche qu’elle me tendait pour la tutoyer elle aussi.

On commença l’interview et elle répondit avec le sourire. Un sourire et une curiosité pour le monde qu’elle découvrait qui allait se ressentir dans sa voix quand j’allais passer l’enregistrement sur les ondes.

Livia, au premier abord, me donnait l’impression d’une jeune femme sympathique, épanouie et respectueuse.

Tout pour me mettre à l’aise. Alors je lui souris en retour tout en tirant sur ma cigarette en écoutant sa réponse à ma première question.

On était bien loin d’une Maria Watson que j’avais interrogée il y avait quelques années et qui se prenait pour je ne savais qui… Mais depuis, j’avais remarqué que j’avais beaucoup plus de mal avec les femmes qu’avec les hommes, en interview.

Cependant, Livia semblait en bonne voie pour redorer le blason de son sexe à mes yeux… Je parlais des femmes de la jet-set, pas des femmes comme ma Carolyn qui me prouvait chaque jour que les femmes étaient intelligentes, fortes et pleines de ressources. Et pas tout le temps à la recherche de plus de pouvoir sur leur petit monde comme l’avait été Maria Watson.

Livia était reconnaissante pour ce qui lui arrivait et mettait à profit ses voyages pour ses concerts pour en apprendre plus sur les cultures qu’elle découvrait à travers le monde.

-Comme un voyage initiatique alors…

Je lui souris.

Et je passai au tutoiement.

-Tu as bien plus de matière à offrir lors de tes concerts, désormais ! Mais quelle est la chanson que tu préfères chanter en live ?

@ Billy Lighter

Quel plaisir que de me retrouver en tête à tête avec Jake Snyder dans un pays étranger duquel je venais tout juste de fouler le sol. C’était rassurant quelque part que de voir un visage ou entendre une voix familière. Ça avait dû me faire le même effet que, lorsque j’étais enfant, nous arrivions en voiture avec mamita et Enrique, dans une ville que je ne connaissais pas et que je voyais le grand arche doré de McDonald’s. Il y avait des repères comme ça dans la vie qui tombait pile au bon moment et Jake avait été l’un de ceux-là pour moi aujourd’hui.

Nous étions donc montés à ma chambre et nous étions installés maintenant sur l’un des divans de ma suite, le petit enregistreur de Jake prêt de nous sur la table basse pour capter notre échange. Je lui avais servit une bouteille d’eau et j’avais mon Sprite. J’aimais beaucoup l’effet des petites bulles qui éclataient sur ma langue et dans ma gorge, bien que je préférais et de loin celle du champagne.

Jake commença l’interview en douceur en me demandant l’effet que cela faisait que de vivre une première tournée mondiale à mon âge. C’était étourdissant mais agréablement étourdissant, comme un manège dans une fête foraine. Des vertiges comme celui-là, je voulais en revivre tous les soirs et j’avais cette chance incroyable de pouvoir le faire.

En plus, je pouvais m’imprégner des cultures et coutumes locales chaque fois que j’entrais dans un nouveau pays. C’était très formateur comme expérience. J’avais beaucoup de chance de vivre cela à mon âge et j’en prenais pleinement conscience.

- Oui, c’est le bon terme, un voyage initiatique.

Je souriais à Jake puis je pris une gorgée de mon Sprite pour m’hydrater la gorge avant de redéposer la cannette sur la table de mon salon provisoire.

Jake avait une nouvelle question, cette fois concernant mon concert. J’avais effectivement beaucoup plus de matériel pour cette nouvelle tournée que lorsque j’assurais la première partie de Roadtramp. Beaucoup d’eau avait coulé sous les ponts depuis et j’avais acquis beaucoup de maturité.

- C’est une excellente question.

Et je devais y réfléchir sans prendre trois ans pour donner ma réponse. Il y en avait une en particulier qui me semblait être tout indiquée pour répondre à Jake. C’était une chanson tiré de mon nouvel album qui suscitait toujours la même réaction des fans dans la salle.

- Je te dirais sans hésiter If I Fall head Over Feet.  Chaque fois que je la chante, vient un moment où les fans chantent à leur tour et je m’amuse à tendre mon micro vers la salle pour les entendre chanter en chœur. Ça me donne le frisson chaque fois. Je ne m’imagine jamais, quand je compose une chanson, qu’un jour on va la chanter avec moi.  

Ça devenait un moment magique avec mes fans et de loin celui que je préférais.

@ Billy Lighter

La conversation avec la jeune Livia commença bien. Elle semblait ravie que je sois là pour l’interviewer et, malgré que je lui aie dis que je prendrais peu de son temps, elle ne cherchait pas à l’expédier. Lola aurait peut-être été plus expéditive… Ou du moins était-ce ce que je pensais… Mais peut-être que j’avais tout faux et me faisait de fausse idée sur la diva.

Mais pour l’instant, le centre de mon monde était Livia… Elle avait quelque chose de très sympathique dans la voix et dans sa façon de bien réfléchir avant de parler, cherchant les bons mots pour répondre à mes questions. En ça, elle ressemblait beaucoup à Jimmy Reed qui ne parlait jamais à la légère.

Mais elle avait le sourire et le visage ouvert de sa mère… Ça avait donné un bon mélange et une jeune femme pleine de qualité : respect, intelligence et beauté.

Elle était d’accord avec moi pour dire que cette tournée était un voyage initiatique…

Je terminai ma première clope et l’écrasai dans le cendrier de la table basse mis à disposition par l’hôtel. Je pris un coup d’eau en la laissant réfléchir à la réponse à ma deuxième question qui portait sur la chanson qu’elle préférait chanter en live.

Je souris. Elle trouvait que c’était une très bonne question.

Je rallumai une clope et la réponse vint finalement assez vite.

Ce qu’elle aimait, c’était entendre le public chanter en chœur avec elle…

-C’est vrai que ça doit être grisant d’entendre toute une foule chanter ce qui n’a un jour été que quelques vers couchés sur le papier… C’est un bel achèvement…

Je tirai sur ma cigarette puis lançai la question suivante.

-Les thèmes que tu abordes dans tes chansons sont très intéressants. On peut parler de « quête de ton origine » dans ton premier single avec une chanson comme Always In My Mind ou encore du thème de la famille dans, par exemple, Does Anyone Care ?… Mais quels sont les thèmes que tu aimerais aborder à l’avenir ?

@ Billy Lighter

Jake était d’agréable compagnie et je me plaisais vraiment beaucoup à discuter avec lui car l’interview prenait davantage l’allure d’une conversation entre amis qu’une interview qui revenait toujours au même dans tous les différentes villes que je visitais. Je ne reprochais pas aux journalistes de poser ces mêmes questions mais j’en avais un peu marre de répéter que ma couleur préféré était le violer et que je détestais manger des lentilles. À la longue, ça devenait redondant et je ne parlais même pas du manque de profondeur.

Jake allait ailleurs et c’était rafraichissant.

Il démarra l’interview en me questionnant sur mon début de carrière et cette première tournée mondiale en tête d’affiche pour ensuite m’amener sur mes chansons. Ça me demandait un peu de réflexion, un délice pour le cerveau. Je ne pu m’empêcher de lui dire que d’entendre le public chanter avec moi mes chansons étaient pour moi une sensation incroyablement gratifiante.

- C’est comme une tape dans le dos qui me dit que j’ai fait du bon travail.

Forcément ça me rendait fière, sans vouloir être prétentieuse.

Jake m’interrogea ensuite sur les sujets de mes chansons. Mon style avait évolué, Jack et Daniele me le disaient assez souvent. J’écoutais Jake attentivement, hochant de la tête comme si j’assimilais mieux ses paroles ainsi. Et je souriais ! La conversation me rendait heureuse, tout simplement.

- Il y a tant de choses à dire, sur lesquelles je veux écrire. J’affectionne beaucoup la famille, c’est quelque chose de très important pour moi. La famille dans laquelle on naît mais la famille que l’on se choisit aussi.

Mais il n’y avait pas que la famille qui m’interpelait.

- Après ce qui m’est arrivé, j’ai perdu plusieurs de mes repères mentales et affectifs, j’ai eu de la chance malgré tout parce qu’en étant bien entourée, j’ai été capable de retomber sur mes pieds et de me reconstruire facilement. Ce n’est pas le cas de tout le monde et j’aimerais leur dire qu’il y a toujours de l’espoir, il y a des ressources, qu’on est jamais totalement seul. La solitude, les peines de cœur, les conflits qui dégénères à l’école.

Je ne me sentais pas encore prête à camper mes opinions politiques en chanson par exemple mais de m’engager auprès de gens de mon âge et de leur dire que ce qu’ils traversent n’est pas la fin du monde, du moins de leurs monde, je pouvais le faire. Leur dire qu’ils ne devaient pas cesser d’avancer s’ils croyaient traverser l’enfer car ce n’était pas le bon endroit pour s’arrêter.

- Plus je vais avancer dans ma carrière, plus mes sujets vont se diversifier puisque je compose moi-même mes chansons.

J’aimerais tout de même trouver un sujet et offrir une chanson engagé à mes fans, dans le style de The Army. Un jour, avec plus de maturité et de sagesse, je trouverai les bons mots pour chanter mes opinions.

@ Billy Lighter

Je souris à Livia qui disait que c’était gratifiant de voir tout un public chanter avec elle. Je comprenais un peu la sensation qu’elle éprouvait, même si c’était à un tout autre niveau. Mais moi aussi, j’avais mes fans, certains fidèle depuis même la radio pirate qui m’avait propulsée sur les ondes il y avait des années de ça, avant que ladite radio soit démantelée par les autorités parce jugée subversive. Heureusement, feu Vintage Joe m’avait repéré et c’était comme ça que j’avais atterri sur L.A. ROCKS.

Bref, Livia était fière et avait toutes les raisons de l’être.

Je lui demandai ensuite les thèmes qu’elle voulait aborder en citant ceux qu’elle avait déjà pas mal exploités dans ses chansons.

Je la laissai parler et réfléchir à son rythme et elle parla à demi-mot de son enlèvement et de comment elle s’était relevée de cette épreuve. Elle voulait chanter l’espoir et le fait que la solitude n’existait pas…

Mais surtout, elle voulait s’adresser à sa génération, ce qui était très intelligent… Elle toucherait les jeunes davantage que les plus âgés comme moi parce qu’elle leur parlerait de leurs petites épreuves du quotidien.

Et elle ajouta qu’en vieillissant et en acquérant de l’expérience, ces sujets se diversifieront… Je n’en doutais pas, car elle vivrait certainement encore bien des choses.

-C’est un très beau projet… Aucun doute que ça marche.

Je tirai sur ma cigarette et laissai la fumée s’échapper par mon nez alors que je réfléchissais à ma question suivante. Je préparais toujours plus ou moins mes interviews pour ne pas avoir de blancs, mais j’aimais aussi m’adapter à ce que racontaient les artistes en face de moi et parfois, les interviews prenaient une direction un peu différente par rapport à ce que j’avais prévu.

-Justement, en parlant de carrière… Comment fais-tu « face » à ta notoriété montante ? Certains se plaisent à dire que tu es en bonne voie pour détrôner Lola en tant que chanteuse renommée. Qu’est-ce que tu penses de tout ça ?

@ Billy Lighter

Il n’y avait pas plus belle reconnaissance que celle venant du public. Les entendre chanter en chœur avec moi me faisait frissonner de fierté et de plaisir chaque fois. Je ne savais pas si j’allais m’habituer à ce genre de phénomène mais une chose qui était certaine, je comptais bien le vivre à font chaque fois que cela allait arriver. Alors, c’est ce que je répondis à Jake quand il me demanda quelle était la chanson que je préférais faire en live. Il y en avait plusieurs mais If I Fall Head Over Feet était celle qui provoquait tant de ferveur chez les fans.

Puis Jake voulu savoir quels thèmes j’aimerais aborder dans mes prochaines chansons. J’aurais pu répondre de manière engager et parler de la pollution, de la guerre dans le monde et de la famine. Ces sujets m’interpellaient et me touchaient mais je ne me sentais pas encore très outillé dans la vie pour prendre position sur ce genre de chose. Avant de chanter n’importe quoi sous prétexte que cela faisait un tube, je voulais savoir de quoi je parlais assez pour défendre les paroles et m’en montrer digne.

Ce fut donc humblement et en toute sincérité que je lui répondis que je préférais pour l’instant parler de choses que je connaissais. La famille, les amis, les problèmes adolescents, la quête d’identité. Je pouvais en parler longtemps pour le vivre et l’avoir vécue. Cependant, je voyais grand et j’allais gagner en maturité et acquérir des connaissances. Je pourrais alors écrire des textes plus engagés.

- Je regarde droit devant, vers l’avenir.

Jake fumait mais ça ne me dérangeait pas. J’avais grandi dans une famille où à Noël, les oncles et les tantes fumaient tellement qu’on pouvait littéralement voir le nuage de fumée bleu flotter au-dessus de nos têtes. Nous n’en étions pas là avec Jake, pas pour quelques cigarettes dans une aussi grande chambre.

La question suivante concernait ma notoriété et cela me rappela John Smith et la paranoïa qui s’était installer ensuite. Les gens pensaient souvent que d’être connue était parfait comme de vivre dans un rêve et ce serait mentir que de prétendre le contraire mais comme dans chaque chose, il y avait de moins beaux cotés.

- Détrôner Lola… Peut-on vraiment retirer son titre à une légende ? Lola est dans le métier depuis longtemps, elle a été l’inspiration de plusieurs dont la mienne et de pouvoir chanter dans les mêmes salles qu’elle me comble déjà.

Je m’arrêtais pour réfléchir quelques secondes.

- Je suis consciente que tout peu s’arrêter très rapidement, je ne veux rien prendre pour acquis et m’assoir sur mes lauriers, comme dirait ma mère. Je veux que ça demeure simple, que je puisse continuer de m’amuser comme c’est le cas en ce moment. Chaque fois que je monte sur scène, je m’éclate ! Et le jour où ça ne sera plus le cas, et bien j’accrocherai mon micro et j’enfilerai ma toge d’avocate.

@ Billy Lighter

On ne pouvait pas dire que Livia n’était pas intelligente, que du contraire ! Et elle était humble aussi, ce qui était très étonnant venant de la fille de Jimmy Reed, qui plus était quand tous les soirs elle était acclamée par des milliers de personnes.

Mieux encore, elle était d’une maturité étonnante ! Daniele Ricci ne devait pas avoir beaucoup de travail avec elle. En même temps, le manager italien avait l’art de se trouver des artistes et des groupes très productifs et qui, en plus, savaient presque se gérer tous seuls, si on oubliait (ce qui restait tout de même un gros travail), l’organisation des dates et des concerts.

Timmy Evans avait un peu plus de fil à retordre avec un groupe comme The Burning Fire… Ou encore Lenny Knowles et Samantha Ricci avec The Lightening.

Bref, Livia connaissait ses qualités, ses défauts et surtout, ses limites.

C’est ainsi qu’elle me confia que si elle avait bel et bien des opinions « politique », ou sur le monde en général, elle ne se sentait pas encore capable de coucher les bons mots sur le papier comme l’avait fait très tôt un groupe comme The Army.

Mais ne comparons pas ce qui n’est pas comparable : The Army avait beaucoup plus facile de parler des guerres comme ils le faisaient parce que leurs pères à tous avaient fait la guerre. Livia, elle, était une jeune adulte qui avait aussi vécu pas mal de choses, mais bien plus complexes à retranscrire que des opinions sur les guerres. Beaucoup plus intimes aussi.

Parce qu’en effet, sa vie, ça avait été quoi ? La recherche de ses origines, la rencontre avec son père et la reconnaissance tardive de celui-ci et un enlèvement dont on savait très peu de chose mais qui avait du être un événement traumatisant.

Et malgré tout ça, comme elle le disait, elle ne perdait pas l’avenir des yeux.

Quand je lui parlai des gens qui disaient qu’elle pourrait détrôner Lola, elle tempéra. Elle admirait la chanteuse et ne pensait pas pouvoir l’éclipser.

Je fis la moue.

-Savais-tu que Lola a reporté toutes ses dates à venir ? Qu’est-ce que tu penses de ça ?

Personnellement, je pouvais comprendre le choix de la diva, même si elle aurait du penser avant que sa grossesse (si telle était bien la raison de son report), allait « l’handicaper » pendant sa tournée…

Livia ne voulait rien prendre pour acquis et savait que la célébrité, ça pouvait s’écrouler sans prévenir. Mais elle avait un plan B, devenir avocate si jamais sa carrière de chanteuse prenait fin ou ne lui plaisait plus.

-Avocate ? Pourquoi avocate en particulier ?

@ Billy Lighter

Loin de moi était l’idée de détrôner Lola, la diva par excellence et encore moins de relancer les rumeurs de rivalités entre elle et moi comme l’avait fait Howard Stone. Je ne voulais pas publiquement dire que mon but était de me rendre au sommet et tant pis pour celles qui tomberaient au combat, mais je ne pouvais pas cacher non plus que je voulais briller à ma juste valeur et au-delà. Après tout, je ne ferais pas ce métier si ma volonté était de rester anonyme !

Jake m’apprit que Lola avait reportée toutes ses dates de concerts. Je ne pu cacher ma surprise, je l’étais ! Elle ne semblait pas avoir envie de freiner son train et c’était tout à son honneur, enceinte de jumeaux.

- Tu m’apprends la nouvelle. Je pense qu’il est sage dans ce métier de savoir écouter son corps et respecter ses limites. Si Lola à cru bon de mettre en suspend sa tournée c’est qu’elle avait de très bonnes raisons de le faire. Je lui souhaite une belle fin de grossesse et des bébés en parfaite santé, c’est tout ce qui compte.

La femme d’Howard Stone avait peut-être eu besoin d’une pause pour prendre plus que soin de sa grossesse. Sa santé mentale était à la source de plusieurs rumeurs depuis qu’elle avait promis de trainer devant les tribunaux Montgomery Guerra qu’elle accusait de tentative de meurtre. Je n’étais pas là au moment des faits mais tout le monde ne parlait que de ça et du renvoie temporaire du roadie. Si de ne plus avoir Guerra dans les pattes me faisait plaisir, je commençais à me poser de sérieuses questions sur la Diva.

Jake s’intéressa à comment je vivais au quotidien avec la célébrité. Si on oubliait les gens entreprenants du genre de John Smith et les commentaires désobligeants comme ceux de Monty sur mes supposés passe-droit pour entrer chez BSC, tout allait pour le mieux. J’étais choyées par mes fans et je tentais de le leur rendre en étant généreuse de mon temps. J’ajoutais que lorsque je ne ressentirais plus autant de plaisir à faire ce que je faisais, je troquerais mon micro pour ma toge d’avocate.

- Ma mère étudiait le droit lorsqu’elle a commencé à fréquenter mon père et je crois que cette passion s’est transmise d’elle à moi. Ça me passionne autant que de chanter, c’est difficile à expliquer. En ce moment, je poursuis mes études en droit des affaires en parallèle avec la tournée.

Je pris une gorgée de mon sprite qui ne pétillait plus autant que lorsque j’avais ouvert la canette mais le goût était toujours là et rafraichissant.

- Avocate c’est pour moi une façon de pouvoir prendre la parole et de faire la différence, comme avec un micro.

@ Billy Lighter

Livia ne savait pas pour le report des dates de Lola et je vis un grand étonnement sur son visage doux, mais son regard trahissait atrocement qu’elle était une Reed. On pouvait voir rien qu’à ce regard et aussi gentille qu’elle puisse être qu’elle avait de la suite dans les idées et qu’elle savait gérer son image.

Elle semblait d’ailleurs le faire tout naturellement, comme si c’était inné.

Et plutôt que de descendre sa « rivale » en pointant un éventuel manque de professionnalisme, elle lui souhaita tout le bonheur du monde.

Je souris.

-Espérons qu’elle écoutera cette émission… Mais je ne pense malheureusement pas que nos ondes aillent jusqu’à New York.

Là où la diva s’était réfugiée, sans son mari. Mais je n’étais pas là pour parler de ça, déjà, pour la simple et bonne raison que je ne m’appelais pas Amon Sørensen et que je ne faisais pas dans le sensationnel.

Je continuai donc à m’intéresser à Livia et à ses projets d’avenir. Elle voulait apprendre à faire passer ses opinions dans sa musique comme avait su le faire très tôt quelqu’un comme Sniper. Mais elle avait aussi conscience que sa carrière pourrait être éphémère pour des raisons x ou y… Et elle disait vouloir, dans ce cas-là, devenir avocate.

Ça m’interpella, car les études de droit demandaient beaucoup de temps et une certaine abnégation.

Mais d’après ce qu’elle me disait, elle arrivait à gérer à la fois sa tournée, l’écriture de ses chansons et ses études en droit des affaires, une passion qu’elle tenait de sa mère, disait-elle.

J’ouvris de grands yeux admiratifs.

-Et bien ! Il ne te reste plus beaucoup de temps pour toi avec tout ça. Mais félicitations !

Je tirai sur ma cigarette…

-Quel est ton processus d’écriture ? Les chansons te viennent facilement ? C’est pour ça que tu as le temps à la fois d’écrire, composer, chanter et étudier ?

@ Billy Lighter

C’est par la bouche de Jake Snyder que j’appris que la femme d’Howard Stone, la diva Lola avait décidée de reporter les dates de sa tournée. Si cela représentait une belle occasion pour moi de briller et de me réjouir, j’adoptais une tout autre ligne de conduite devant mon interviewer. Loin de moi était l’idée de passer pour une opportuniste.

Jake doutait que Lola puisse entendre l’émission depuis New York, où elle se trouvait. En ce qui me concernait, je savais que la diva en ait quelque chose à faire vraiment de mes bons mots. Je n’allais pas courir à son chevet pour lui flatter le dos et la rassurer en lui disant de ne pas s’en faire. Howard devait être auprès d’elle en ce moment pour faire ça, elle n’avait donc pas besoin de mes souhaits.

- L’important reste qu’elle se repose en attendant le passage de la cigogne.

Je continuais de me questionner sur le pourquoi les gens continuaient de faire des bébés dans un monde tel que nous le connaissions en me disant que ça n’irait certainement pas en s’améliorant mais si cela rendait heureux Howard et que ce n’était pas une façon pour Peyton de l’attacher définitivement à elle, c’était tant mieux pour eux !

Ensuite, la conversation se dirigea sur mes études en droits des affaires. Ça avait visiblement surprit Jake d’entendre que je continuais mes études malgré ma tournée. C’était un peu fou et intense, je ne pouvais pas le nier mais j’étais passionnée par les deux ce qui faisait que finalement, ça ne me semblait pas être si difficile de tout concilier mais comme il me le faisait remarquer, il ne restait plus beaucoup de temps à côté.

- Effectivement !, rigolais-je, Il ne me reste plus beaucoup de temps pour tout le reste mais j’y arrive. Je suis bien entourée avec un manager solide et mes parents s’intéressent à mes études tout comme Julian qui est lui aussi investit à fond dans les siennes.

D’être bien entouré m’aidait beaucoup, surtout par mon père qui avait de grands projets pour mon futur si je parvenais à décrocher ma licence d’avocate.

- Merci, c’est gentil, Jake !

Il me félicitait, probablement pour ma rigueur ou mon ambition. Peut-être même pour les deux, quoi qu’il en soit, j’appréciais sa gentillesse.

Sa prochaine question concernait le processus d’écriture, quelque chose de très sérieux pour moi, autant que mes études.  

- Oui et non… Parfois, j’ai un sujet en tête et je le laisse mûrir quelques temps et ensuite il m’est facile de composer. La plupart du temps, je note absolument tout dans mon cahier d’écriture. Quand je dis absolument tout, c’est vraiment tout et c’est à partir de là que je trouve mon inspiration. Je m’accorde du temps d’écriture dans ma semaine mais si je ne le sens pas, je ne force rien. Il y a certaine période plus prolifique que d’autre selon ce que je vis, comment je me sens.

Comme après mon kidnapping.

J’avais composé tellement de chansons sombres et tristes que j’aurais pu fournir le tier monde en eau. Finalement, j’avais supprimé tous ces textes n’ayant pas voulu partager cette phase de ma vie avec mes fans.

@ Billy Lighter

Bien loin de se croire meilleure que Lola ou que quiconque, Livia souhaita tout le bonheur du monde à la diva… Je savais, par L.A. People notamment, qu’elle n’allait peut-être pas si bien que ça… On la disait dépressive, on disait que peut-être, Howard et elle allaient divorcer… Mais bon… C’était L.A.People et toute information venant de là devait être à prendre avec des pincettes.

Je ne m’intéressai pas à tout ça, mais à ma star du jour, Livia. J’apprenais tout doucement à la connaître et ce que je découvrais me plaisait beaucoup.

Même si la jeune femme était très réaliste, voire même s’empêchait de rêver de grandeur alors qu’elle aurait pu, j’étais certain qu’elle irait loin en tant que chanteuse et que, peut-être jamais, si elle obtenait son diplôme de droit, elle ne revêtirait une toge d’avocate.

Je soulignai qu’avec tout ça, elle ne devait plus avoir beaucoup de temps pour elle, ce qu’elle confirma. Mais ça ne semblait pas lui peser car elle se disait bien entourée.

Je la félicitai et elle me remercia puis je passai à la question suivante, voulant savoir comment elle écrivait… Quel était sa façon de fonctionner.

Et son truc, c’était de tout noter.

Je souris.

-Tu dois en remplir, des carnets de notes.

Tout dépendait de comment elle se sentait.

-Et tu écris mieux quand tu es dans quel état d’esprit ?

Etait-elle de ceux qui, comme Billy Lighter, avaient besoin d’une véritable décharge pour que le déclic se fasse ? Ou était-elle plutôt une compositrice optimiste, qui observait son environnement et s’en imprégnait pour offrir ensuite son ressenti en chanson ?

-Une dernière question et puis je n’abuserai plus te ton temps : Tu nous as fait quelques surprise sur cette tournée depuis son début, notamment avec des duos divers comme avec Sniper et Howard Stone, ou même encore ton manager, Daniele Ricci. Est-ce qu’on peut s’apprendre à d’autres surprises ?

@ Billy Lighter

Jake avait d’excellente question et je me plaisais beaucoup à lui répondre. C’était aussi facile que de bavarder avec un bon ami bien que je faisais tout de même attention à ne pas dire tout ce qui me passais par la tête. De ce que je pensais de la pause de Lola à mes études en droit des affaires, Jake revînt sur mes chansons et sur comment je fonctionnais pour les composer.

Je n’avais pas vraiment de méthode si ce n’étais que j’avais pris l’habitude de toujours tout écrire dans un cahier, un peu comme je le faisais avec mon journal intime. Je dirais même que ce cahier de note avait remplacer mon journal dans lequel je n’avais plus écrit depuis que j’avais accompagné Roadtramp en tournée.

- J’en remplis effectivement beaucoup et je les gardes tous au grand désespoir de Julian !

Je ne pouvais me résoudre à les jeter. Ils étaient remplis de souvenirs puisque plusieurs de mes notes étaient le miroir de différents évènements de ma vie, des états d’âmes, des bribes de mon parcours.

- Je crois que j’écris le mieux quand je suis sous pression. J’ai composé plusieurs de mes dernières chansons en période d’examens, c’était comme un moyen pour moi de relâcher un peu de stress. Je suis quelqu’un d’organisé dans la vie et je gère assez bien le stress mais il me faut quand même me détendre et c’est dans ces moments-là que j’écris le mieux.

Jake avait encore une question puis ce serait la fin de l’interview puisqu’il disait ne pas vouloir abuser de mon temps.

- Tu n’en abuses pas, c’est même le contraire. C’est super de pouvoir discuter avec toi, je passe un très bon moment.

J’écoutais, sourire aux lèvres, cette dernière question puis je rigolais avant de répondre.

- Mais, si je me confis à toi, ce ne sera plus une surprise !

Je n’allais pas terminer l’interview comme ça, j’avais quand même quelque chose de plus sérieux à répondre à Jake.

- J’essaie d’offrir à mes fans des choses différentes et certains duos reviendrons, d’autres s’ajouterons. Je prépare aussi pour la fin de la tournée, une nouveauté à mes fans mais je n’en dirai pas plus ! Il faut garder un peu de mystère !

@ Billy Lighter

Livia semblait apprécier ma façon de gérer l’interview. Je ne lui parlais pas de son mariage, qui ne me regardait pas, ni de ses parents même si son père était le big boss de BSC et qu’elle avait été la seule femme a pouvoir signer chez BSC.

Certain parlaient de piston… Mais il suffisait de voir Livia sur scène, comme c’était mon cas, pour se rendre compte que Jimmy Reed aurait fait une erreur en ne la faisant pas signer, qu’elle soit sa fille ou pas.

Je n’étais pas Amon Sørensen, moi, ce qui m’intéressait, c’était l’aspect purement artistique de la vie de la jeune Livia.

Et elle en avait des choses à dire ! J’aimais beaucoup ça.

Je rigolai quand elle affirma qu’au grand dam de son mari, elle gardait tous ses carnets.

Quant à écrire, elle le faisait mieux sous pression, comme, par exemple, en période d’examen. Cela me rappela brutalement que Livia était encore une étudiante… Alors qu’à l’entendre, elle était déjà une femme et une femme qui savait vers quoi elle allait tout en se laissant des plan B si jamais le plan A merdait.

Et c’était très intelligent.

Je passai à ma dernière question, ne voulant pas abuser du temps de la jeune femme qui venait tout juste d’arriver à Copenhague et devait encore probablement défaire toutes ses valise et se préparer pour son concert.

Mais je souris quand elle affirma passer un bon moment et posai ma question. D’autres surprises pour le reste de la tournée ? Elle n’en avait pas été avare, jusqu’ici.

Elle éclata de rire en disant que si elle révélait ses plans, ce ne serait plus une surprise. Mais elle déclara qu’il y aurait encore des choses à voir, tout en gardant le mystère sur ses intentions.

-Et bien ! Voilà qui donne envie ! Je crois qu’il reste des places pour les tous derniers concerts de la tournée, mais je ne doute pas que tu feras encore sold out au final.

Je souris.

-Sur ce, je vais te laisser défaire tes bagages… Merci de m’avoir reçu, au nom de L.A.ROCKS et de tous tes fans qui nous écoutent.

Je laissai Livia dire au revoir sur l’enregistrement puis éteignis mon enregistreur. Je me levai et lui tendis la main.

-Très sincèrement, merci beaucoup ! Tu m’as sauvé d’un savon par mon patron. Bonne chance pour la suite.

@ Billy Lighter

Cette interview tirait sur sa fin ce qui était bien dommage. J’avais bien aimé discuter avec Jake Snyder, moi qui aimais l’écouter à la radio aussi souvent que possible. Il n’était pas vicieux avec ses questions, au contraire c’était très détendu et le ton léger et après autant de voyagement, de passage d’une ville à l’autre sans prendre suffisamment de s’arrêter, ça faisait du bien.

Comme dernière question, Jake voulait savoir quelles autres surprises je réservais à mes fans puisque j’en avais offert plusieurs jusqu’à présent. Les invités surprises sur scène plaisaient toujours aux fans dans la salle et come j’avais quelques duos à mon actif, je pouvais me le permettre, du moins, quand c’était faisable.

Je jouais cependant la carte du mystère, ne voulant pas trop m’avancer puisqu’on ne savait jamais qu’un plan puisse changer à la dernière minute mais je promis cependant que mes fans ne seraient pas déçus, ils en auraient pour leur argent !

- Il en reste quelques-unes en effets mais elles partent rapidement. Je remercie pour ça mes fans qui me suivent partout dans le monde, ils sont extraordinaires !

Sans eux, je ne serais pas ici dans cette magnifique suite d’hôtel en compagnie d’une animateur radio vedette. Je ne vivrais pas cette belle aventure, un rêve rien de moins !

Jake donna le mot de la fin et me permis de faire quelques salutations pour conclure l’émission. Je passais donc un bonjour  à Los Angeles mais j'avais bien sûr
des salutations plus précises à faire.

- Salut Jess, Tyler et Arthur !  Vous me manquez les copains, j'ai hâte de vous revoir !

Puis Jake pus appuyer sur le bouton de son enregistreur portatif pour mettre terme à l’enregistrement.

- C’est moi qui te remercie pour cet agréable moment et j’aurai toujours un immense plaisir à discuter avec toi !

Si ça lui avait rendu service, moi, ça m’avait fait du bien alors nous y avions tous les deux trouvé notre compte. Je me levais pour le raccompagner presque déçue de le voir partir. Si je vivais un rêve avec cette tournée, ne me trouvais bien seule au monde quand Julian n’était pas avec moi, dans un pays que je ne connaissais pas, plantée au milieu de mes valises.

@ Billy Lighter