J’étais monté dans l’ambulance avec Michael qui était toujours inconscient. Dans le véhicule, j’avais sifflé comme un serpent enragé quand le médecin avait flanqué sa petite lampe dans mes yeux dont les pupilles ne produisaient plus aucun mouvement. Ce qui permit au docteur d’en déduire que j’étais presque aussi shooté que mon ami en pleine overdose.

Je tremblais, j’étais nerveux ! Je sifflais entre mes dents que moi ça allait, qu’il s’occupe de notre guitariste rythmique ! L’effet combiné de la peur et de la cocaïne me rendait agressif et on me menaça d’appeler la police pour me mettre en dégrisement pour le reste de la nuit, puisque je n’avais pas besoin de soin, mais juste de redescendre.

Ça suffit à ce que je me tienne aussi tranquille que je pouvais.

On arriva à l’hôpital… Michael fut emmené dans une chambre avec plusieurs spécialistes sensés le stabiliser.

Moi, je fus invité à attendre près du poste des infirmières pour qu’elles puissent garder un œil sur moi. Savannah devrait bientôt me rejoindre, elle me l’avait promis.

Mais avant, il fallait que je mette Billy au courant.

Alors je me dirigeai vers le téléphone public de la salle d’attente… ça me pris au moins dix minutes pour que mes doigts tremblants fouillent dans toutes les poches de ma veste de cuir pour y trouver quelques pièces pour passer mon coup de fil.

Quand j’eus réussi à faire le numéro que je connaissais par cœur, je fermai les yeux, rêvant à mon Désert, là où j’étais le Roi Serpent… Mais la cocaïne ne m’ouvrait pas les portes de la perception comme le faisait l’héroïne… C’était même plutôt le contraire.

On était en pleine nuit… Peut-être que Billy dormait… Non… Quand je tombai sur le répondeur, je savais qu’il écoutait. Je le sentais.

Il y avait cette sorte de connexion entre Billy et moi… Sauf que Billy avait une peur bleue du téléphone. Il allait peut-être répondre en plein message en entendant ce que j’avais à dire… Ou peut-être pas.

Quand le répondeur eu fini sa litanie et qu’il y eu le « bip », je pris une grande inspiration.

-Billy… je suis au Good Samaritan. Michael a fait une overdose… Ils sont en train d’essayer de le  ravoir…

Je marquai une pause avant d’ajouter d’une voix tremblante.

-J’ai besoin de toi, Billy.

Puis je raccrochai, espérant qu’il aurait ce message… Si pas en direct, dans quelques minutes.

Quand je raccrochai et me retournai, j’aperçus Savannah et lui ouvris les bras. J’avais envie de la serrer dans mes bras, ce que je fis, peut-être un peu fort parce que la drogue décuplait mes forces.

-Ils sont en train de s’occuper de lui… j’ai sonné à Billy…

Je sifflai comme une prière.

-Pourvu qu’il s’en sorte…

@ Billy Lighter

Cash avait grimpé à bord de l’ambulance et je l’avais regarder fendre la nuit avec ces gyrophares d’urgence, inquiète. Depuis que je voyais l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête, je comprenais mieux la valeur de la vie et de la chance que nous avions d’en avoir une. Michael avait prit une ligne de trop, plusieurs même et je ne l’avais pas arrêté. Qui étais-je pour le faire alors que je salivais d’envie de me rabattre sur la table pour sniffer la poudreuse restante.

C’est en taxi que je me rendis à l’hôpital. Il y avait quelques photographes à l’entrée, à croire qu’ils y dormaient dans le but de croquer sur le vif des moments comme cette nuit. J’entrais dans l’hôpital sans les regarder, en ignorant leurs questions sur mon état de santé. Je ne me retournais même pas quand un agent de sécurité de l’hôpital raccompagna un paparazzi vers la sortie, un peu brusquement.

On m’indiqua le couloir à prendre pour trouver Michael. Je suivais les point bleu sur le plancher et j’aperçu Cash qui m’ouvrit les bras. Je franchis les derniers mètres me séparant de lui et le serrais tout contre moi, très fort, aussi fort qu’il ne me serrait lui.

- D’accord… D’accord… C’est bien d’avoir prévenu Billy.

J’espérais que Billy rapplique vite et surtout, j’espérais qu’il ne viendrait pas avec sa poupée de chiffon. Je ne l’aimais pas, April pourtant, je ne lui avais jamais vraiment adressé la parole. Elle m’inspirait que des choses morbides comme si elle dégageait une aura de peur, de tristesse et toutes ces choses funestes.

Je replaçais les boucles de Cash derrière ses oreilles mais, indisciplinées qu’elles étaient, elle retombèrent sur son visage.

- Vient, allons nous assoir là.

Il y avait une salle d’attente tout près de là où était Michael. Ce serait plus intime et confortable que de rester debout devant la porte à faire le pie de grue.

- Il faut y croire.

Je ne voulais pas lui dire que Michael allait s’en sortir, ne sachant pas dans quel était il était exactement. J’avais perdu le compte de tout ce qu’il avait consommé, en fait, je n’avais pas vraiment calculé, ça ne me regardait pas. Je savais simplement qu’il en avait pris beaucoup et si j’avais été alerte ne serait-ce qu’un peu, je lui aurais au moins conseillé de ralentir.

Assise aux côtés de Cash, je tenais sa main dans la mienne et j’attendais qu’il se passe quelque chose. Un médecin sortirait bientôt de la salle pour  nous donner l’heure juste ou bien Billy allait arriver et  nous serions trois à partager l’inquiétude. Si Élizabeth n’était pas en voyage, je lui aurais passé un coup de fil, bien qu’elle ne travail pas à cet hôpital. Y travail-t-elle ? Je ne savais plus ! Puis aurait-elle pu faire quelque chose ?

Je relevais la tête chaque fois que des bruits de pas se faisaient entendre, chaque fois qu’une porte ouvrait puis se refermait. L’attente serait longue et lourde mais je ne lâchais pas la main de Cash.

@ Billy Lighter

Je n’arrivais pas à dormir. April était au lit mais je n’avais aucune envie d’être dans la même pièce. Il y faisait trop noir. Il y régnait une ambiance morose. Je ne voulais pas y aller et m’imprégner de mes cauchemars et des siens. Nos démons dansaient ensemble la nuit. Je ne voulais pas de ça.

J’étais, donc, dans le fauteuil. Il faisait noir dans la pièce et le silence était totale. Je fumais une cigarette ma tête légèrement en arrière sur le dossier du fauteuil.

Je pensais à la prochaine tournée. Elle était devenu mon objectif et mon espoir. Elle me permettrait de sortir de cette obscurité et de revivre à nouveau. Je fermai les yeux m’imaginais sur la scène fasse à des milliers de personne. Quand j’étais là, je n’étais plus faible et torturé par mes démons. J’étais fort et tout puissant.

Je voulais revivre ça. Car j’avais l’impression que la dernière fois que j’avais vécu ça, c’était dans une autre vie.

J’essayais de m’y transporté par la pensée… Je nous voyais sur scène, Cash et moi. Je nous voyais faire ce qu’on savait faire de mieux : être The Lightening. En totale symbiose.

J’étais bien.

Jusqu’à-ce que le téléphone sonne…

Je grommelai.

Il était tard pourtant le téléphone sonnait.

Je fermai plus fort les yeux comme pour en faire abstraction.

Et ça cessa… Laissant place au répondeur.

A la voix de Cash.

J’ouvris les yeux.

Michael était à l’hôpital. Il avait fait une overdose. Rien dans le message ne disait s’il allait vivre ou non. Cash n’en savait rien. Les médecins essayaient de le faire revivre.

Je me levai d’un bond.

La drogue… J’avais mainte fois mis en garde mon groupe. Mais Michael avait abusé et maintenant il compromettait tout. Le disque, la tournée et, surtout, sa vie.

Mon cœur se serra.

Je sortis alors de la maison sans laisser un seul mot. J’embarquai dans ma Lamborghini direction le Good Samaritan.

Je roulais vite. J’avais mis la musique à fond pour ne pas entendre ma propre inquiétude. C’est après un moment que je me rendis compte que la musique était le dernier single de Fireworks. Je le mettais simplement en boucle. Encore et encore. Un cris de rage.

Parce que j’étais en rage. L’inquiétude me mettait en colère.

J’arrivai alors à l’hôpital garant ma voiture dans le parking. Je filai jusqu’à l’entrée où, déjà, s’était amassé quelques journalistes. Ils étaient déjà là. Ils sentaient la mort et était attiré.

-Que s’est-il passé ?

-Est-ce que Michael Willis va s’en sortir ?

-L’album sort quand ?

-Vous allez faire une tournée ?

-Cash Izbel a aussi le SIDA ?

Je ne répondis à rien. Je n’eus même pas un regard pour eux. Je m’engouffrai dans l’hôpital, demandai rapidement où se trouvait Michael et j’atterri dans une salle d’attente où se trouvait Cash et Savannah se tenant la main.

Je les fixai.

-Il va mieux ? Il va s’en sortir ? Il faut que je sache.

Je voulais savoir.

-Vous étiez où ? Vous êtes shooté aussi ?

Je m’adressais aux deux. Je voulais tout savoir.

@ Billy Lighter

Dans l’état où j’étais, tant par la cocaïne qu’à cause de l’inquiétude que je ressentais pour Michael, je n’avais pas conscience que les journalistes pouvaient déjà faire le pied de grue devant l’entrée de l’hôpital… D’autant qu’avec l’ambulance, je n’étais pas entré par là, mais par les urgences, donc, je n’en avais croisé aucun.

Savannah finit par arriver, pour mon plus grand soulagement… Et elle me prit dans ses bras et serra bien fort. Je pus sentir nos battements de cœur se répondre, bien que le mien battait très vite. Bien plus vite que celui de Savannah.

Elle me rassura, me dit que j’avais bien fait de prévenir Billy… Elle essaya de dompter mes boucles de cheveux sans succès et je fis pareil avec les siens, sauf que les siens tenaient derrière ses oreilles.

Elle me proposa d’aller m’asseoir et je la suivis sans un mot… J’étais terrorisé à l’idée que Michael y passe… Moi-même, j’avais déjà fait une crise cardiaque à cause de la drogue. Mais on avait beau faire, chez The Lightening, on apprenait jamais de nos erreurs…

On s’enfonçait, toujours.

Je pensai à la tournée… Celle qu’on planifiait avec Billy… A l’album aussi…

Je pris la main de Savannah, mes jambes étaient prise de spasmes nerveux et n’arrêtaient pas de bouger. Soit je laissai nos mains jointes sur ma cuisse, soit je me penchai à nouveau et portait sa main à ma bouche comme pour réprimer un cri d’effroi.

Puis, après quelque chose comme une heure ou une heure et demi, Billy arriva, descendant droit de son antre de Malibu. Il était seul. Et c’était tant mieux. Je n’avais pas besoin de l’aura de mort que transportait April partout avec elle. Michael n’avait pas besoin de ça.

Je sautai sur mes pieds et allai prendre Billy dans mes bras, lui répondant tout en le serrant contre moi.

-On ne sait pas encore… Ils sont en train d’essayer de le stabiliser… Je suis désolé, Billy…

Je le desserrai et fuis son regard.

-On était au Rainbow… On faisait la fête…

Je pinçai les lèvres.

-Savannah est sobre.

Moi, je ne l’étais pas… ça se voyais à mes mouvements sporadiques, à mes tics et à ma force qui était décuplée sans m’en rendre compte.

Je portai mes paumes à mes yeux.

-Putainnnn comment on va faire pour la tournée… ??

@ Billy Lighter

Les paparazzis étaient déjà massés devant les portes de l’hôpital à mon arrivée. À croire qu’ils y avaient un billet de saison pour s’assurer de mettre la main sur un scoop bien juteux. Je refusais de croire que leur présence était qu’une coïncidence. Rapidement, j’avais retrouvé Cash qui n’en menait pas large, mort d’inquiétude qu’il était. Je pouvais le comprendre puisque je n’étais pas non plus très rassurée.

Michael avait rapidement été pris en charge par l’équipe médiale alors j’entrainais Cash un peu plus loin, dans une salle d’attente légèrement à l’écart. Nous allions y être tranquille pour attendre à la fois des nouvelles de Michael et l’arrivée de Billy, si pour autant il se pointait. Nous je pouvions jamais prévoir les réactions et le comportement du chanteur, cependant, pour quelque chose comme l’évènement de ce soir, je me doutais qu’il finirait par se pointer le bout du nez.

Je tenais la main de Cash entre les miennes autant pour le rassurer lui que pour me rassurer moi. Parfois, Cash levait sa main pour porter embrasser les miennes, parfois, il ne faisait que les laisser sautiller sur sa cuisse qui battait les secondes au rythme de son anxiété et de la trotteuse de l’horloge.

Au bout d’un moment, Billy arriva avec ses questions auxquelles nous n’avions aucune réponse. Cash avait bondit pour le serrer dans ses bras me laissant ramener mes mains sur mes cuisses sagement croisées. Tout ce que Cash pouvait lui dire était que le médecin était toujours avec Michael et déployait tout ses efforts pour le stabiliser. La grande inquisition de Billy ne tarda pas alors qu’il voulait savoir où nous étions, ce que nous avions fait.

Devant Billy, Cash ressemblait presque à un petit enfant qui se faisait grondé après s’être fait prendre la main dans le sac à bonbon et, presque d’un ton écrasé de culpabilité, il répondit  simplement que de notre trio, j’étais la seule sobre. Je n’avais bu que des shots de tequila et quelques bières.

- Il s’est fait des lignes pendant que nous bavardions, il n’a pas freiné de la soirée.

Je me sentais bien assez coupable de ne pas lui avoir au moins suggéré de ralentir le rythme. J’en avais vécu moi aussi des soirées intense comme celle-là qui avaient elles aussi mal tournées et qui auraient pu m’être fatale.

Cash eu ensuite toute autre préoccupation que la santé de Michael. La tournée le préoccupait vraiment beaucoup mais le moment n’était -as le bon pour en parler. D’un autre côté, je savais Cash beaucoup trop shooter pour réfléchir par priorité.

- Attendez de voir ce que le médecin va en dire.

Cette conversation ne me regardait en rien, The Lightening n’avait pas besoin qu’une personne en externe se mêle de ses états d’âme, je l’avais compris dès le début de notre relation, à Cash et moi. C’était donc plutôt inconfortable que de me retrouver entre Cash et Billy. Si je voulais me rendre utile, je devrais plutôt me lever et aller chercher du café.

Ou rentrer.

@ Billy Lighter

J’étais face à Savannah et Cash qui étaient assis dans la salle d’attente. Sur le visage, je pouvais déjà lire de l’inquiétude. Quand Cash finit par me voir, il se mit debout d’un bond et vint me serrer dans ses bras. Je le serrai à mon tour. J’en avais besoin. Il en avait besoin. The Lightening en avait besoin.

Mais j’avais des questions et je voulais des réponses.

Cash déclara qu’ils n’avaient pas encore eu de nouvelles. Que les médecins tentaient de le stabiliser. La drogue avait toujours été un problème pour The Lightening. Moi, j’avais arrêté cette merde à partir du moment où on avait commencé à être connu. Mais les autres n’avaient fait qu’augmenter leur consommation. Ils pouvaient tout s’acheter alors ils achetaient. Cash vivait encore chez sa mère. L’argent qu’il gagnait il le liquidait en héroïne.

Il se disait désolé.

-Je vous avais prévenus. Tous… Je voulais l’avais dit.

Plusieurs fois. Je l’avais dit. C’est la drogue qui tuera The Lightening. Un jour, elle fauchera Cash et s’il meurt, il n’y aura plus rien. Tout sera fini. Absolument tout. Mais il ne semblait pas prendre conscience de ça.

Cash déclara qu’ils étaient au Rainbow quand ça s’est produit. Que Savannah était la seule sobre dans l’histoire. Preuve que Cash ne l’était pas. Même si, honnêtement, ça se voyait. Il était shooté à la coke. Et je le regardais d’un regard accusateur alors que Savannah expliqua que Michael s’était fait des lignes pendant qu’ils parlaient et qu’il n’avait pas freiné de la soirée. Je la fixai.

-Il aurait du freiné. Il le savait.

On dirait que Savannah et Cash se sentaient coupables. Je fixai Cash.

-Tu aurais dû être sobre aussi.

C’était notre deal pour la tournée. On part en tournée s’il arrête cette merde. Je fixai Savannah. Savannah qui était malade et souffrait. Savannah qu’Amon, à travers les dires de ce monstre de Ward Fleming, avait tenté de discréditer la faisant souffrir encore plus. Savannah qui, malgré tout ça, n’avait pas cédé à l’appel de la drogue.

Elle était forte.

Bien plus que Cash.

Bien plus que moi.

Bien plus que plein d’autres.

-Tu devrais prendre exemple sur Savannah. Elle s’est retenue. Elle connait la valeur de la vie. Et ça malgré tout ce que les médias disent sur elle.

Cash se posa des questions sur la tournée. Je ne voulais pas y penser. Il était trop tôt pour savoir. C’est ce que Savannah insinua.

-Elle a raison. On ne peut rien savoir… Et si Michael ne s’en sorte pas… Ou s’il n’est pas en état de partir. On partira et on fera cette tournée en son honneur.

Je ne voyais pas d’autres solutions. Ça n’allait pas plaire aux fans. Mais avait-on le choix ?

Je vins m’asseoir à côté de Savannah, je levai le regard sur elle.

-Merci… D’avoir soutenu Cash.

Je lançai un regard à Cash.

-Vu qu’il ne sait pas tenir ses promesses.

J’étais déçu… Mais surtout inquiet pour Michael.

@ Billy Lighter

J’étais désolé et terrorisé aussi. L’ombre de Gaïana, la façon dont elle était morte par overdose, me planait toujours au-dessus de la tête. Et si c’était le tour de Michael ? Je serrai mon chanteur contre moi un peu plus fort, avant de le lâcher doucement, presque à contrecœur.

J’étais désolé.

Mais Billy, lui, disait qu’il nous avait prévenus. Et c’était vrai. Il l’avait fait, plusieurs fois, tout le temps. Mais c’était plus fort que nous. Moi, j’avais besoin de la drogue pour voyager dans mon monde, pour masquer ma timidité maladive. Les autres avaient probablement leurs propres raisons.

-Je sais.

Quant à Billy… Il ne prenait pas de drogues…

Mais il prenait pas mal de médicaments pour éloigner ses démons, un peu en vain.

Savannah dit que Michael n’avait pas freiné pendant qu’on parlait et tout… Et on ne l’avait pas surveillé. D’un autre côté, qui était-on pour estimer quand c’était assez ? Nous-mêmes on en avait jamais assez.

Billy rétorqua que Michael savait très bien qu’il devait freiner… Je baissai les yeux, mes boucles cachant mon regard honteux et effrayé. Et je marmonnai que Savannah était sobre, parce que je ne l’étais pas. Billy rétorqua encore une fois très sèchement que j’aurais du l’être aussi.

-Je n’y arrive pas, Billy… L’album est terminé… J’ai besoin de partir sur les routes ! De retrouver notre public ! Ça, c’est la drogue que je veux !

Je haussai les épaules.

-En attendant, c’est la seule façon que je connais de ressentir les sensations que j’ai en tournée.

Soudain, je regardai Billy dans les yeux.

-Cette sensation de puissance ! Tu la connais toi aussi.

Mais Billy, lui, trouvait que je devais prendre exemple sur Savannah qui connaissait la valeur de la vie. Il n’y avait rien de plus vrai, mais j’avais ma propre façon de vivre ma vie.

-Live fast. Die Young. Je ne sais pas si je survivrai à Savannah.

Avais-je envie de survivre à Savannah ? D’un autre côté, je ne pouvais pas abandonner Billy.

Quant à la tournée… Savannah disait que ce n’était pas la priorité. Pourtant si, ça l’était. Mais je me sentis un peu soulagé quand Billy affirma que même si Michael n’était pas en état de partir, on le ferait quand même.

Billy s’assit à côté de Savannah et la remercia. Je souris à mon amante.

-Ouais, merci Sav…

Mais mon sourire disparut quand Billy disait que je ne tenais pas mes promesses.

-Toi non plus. Tu m’avais promis un album. Il est où ? Et la tournée ? Elle est où ?

Je sifflai entre mes dents quand les pas d’un médecin dans le couloir attirèrent mon attention.

Il s’adressa à nous avec un grand sourire.

-Votre ami est sauvé. Il est stable et conscient. Vous pouvez même aller le voir, mais pas trop longtemps. Nous allons le garder deux semaines pour le sevrer.

Il me regarda alors dans les yeux.

-Mais après ça, je vous conseille de l’inscrire au Snow White. Et vous aussi Monsieur Izbel.

Je le regardai sur un air de défi puis mon regard pivota vers Savannah et Billy.

-On ira en tournée. Ce sera la meilleure des cures.

@ Billy Lighter

Billy arriva à l’hôpital et, dès qu’il fut près de nous, Cash bondit pour le serrer dans ses bras. Dans un moment pareil, ils avaient tous les deux besoin du support l’un de l’autre, rien de plus normal. Quand j’avais appris avoir le sida, j’avais trouvé réconfort auprès des mecs de The Burning Fire. Tous avaient été là pour moi, du moins tous sauf Zack.

Les questions de Billy ressemblaient à des accusations camouflées. C’était tout de même légitime qu’il cherche à comprendre mais, y avait-il réellement un coupable ? Je ne savais pas quoi répondre à ça ni pourquoi je me sentais coupable de ne pas avoir freiné Michael dans sa consommation. Si je l’avais fait, si je lui avais au moins dit qu’il y allait fort dans la poudre de fée, peut-être que la ligne de trop aurait été évitée.

Je ne m’attendais pas à ce que Billy rétorque à Cash qu’il aurait dû prendre exemple sur moi et être sobre. Je me voyais difficilement comme un modèle à suivre, surtout depuis la superbe interview de mon cousin menée de main de maitre par Amon Sørensen.


Je ne savais plus trop où me placer alors qu’ils étaient en cocus n’incluant qu’eux deux.  Je me reculais donc pour les laisser discuter, ne me permettant simplement de dire qu’avant de s’inquiéter pour leur prochaine tournée, ils devraient attendre des nouvelles de Michael. Ça me semblait être la priorité pour l’instant présent. Dans les prochaines heures voire journées, ils auraient bien le temps de se coordonner.

Billy  me remercia ensuite d’avoir soutenu Cash et ce dernier en fit de même. Je leur répondis d’un sourire sincère, ne trouvant pas les mots sous le poids de la culpabilité qui me rongeait.

- C’est rien… C’est… J’étais là.

Ça n’arrivait pas souvent dans ma vie les fois où je ne trouvais pas les mots.

Le ton de la conversation entre Cash et Billy s’envenima quand ce dernier accusa le premier de ne pas tenir ses promesses et que Cash retourna l’accusation à son chanteur en lui demandant où était l’album et la tournée promise.

Le médecin choisit ce moment pour entrer en scène et donner des nouvelles de ce cher Michael qui avait été un peu mit de côté entre tournée et rancœur. Je fut soulagée, certainement autant que Billy et Cash d’apprendre qu’il allait bien et qu’il était stable. Évidement, le toubib ne manqua pas de suggérer la désintox pour remettre sur les rails le guitariste, une suggestion qui allait fort probablement entre d’une oreille pour en ressortir de l’autre.

Quand le médecin s’en alla, Cash déclara que la tournée serait la meilleure des cures. Parlait-il pour lui ou pour Michael ?

- Bon bien, je vais vous laisser entre vous et rentrer. J’crois que vous avez besoin de vous retrouver entre vous.

Je caressais le bras de Cash pour le rassurer. Il savait qu’il me retrouverait chez lui, quand il rentrerait.

- À tantôt ? … Bye Billy.

@ Billy Lighter

J’avais prévenu les membres de The Lightening que la drogue allait finir par les tuer. Ils savaient que notre équilibre étaient fragiles mais il y en avait toujours un pour frapper sur nos fondations.

Aujourd’hui c’était Michael.

Demain, ça sera qui ? Cash ?

Certainement. Parce qu’il était clair qu’il avait consommé. Ça se voyait dans ses gestes et dans sa façon de parler.

Et il disait qu’il savait. Oui, il le savait mais rien ne changeait.

Rien ne changera jamais.

Savannah expliqua un peu ce qu’il s’était passé. En gros personne ne s’était freiné sauf elle qui avait réussi à se contenir. Moi, je blâmais surtout Michael qui n’avait pas su freiner la cadence. Quant à Cash, je le blâmais d’avoir été shooté. Ne m’avait-il pas fait une promesse ? On dirait que ça n’a aucune valeur à ses yeux !

Il disait ne pas y arriver. Qu’il avait besoin de partir sur les routes pour ça. Je fronçai les sourcils. Il parlait de la sensation de puissance. Celle que je connaissais et qui me manquait aussi.

-Ça arrive et tu le sais !

La tournée se fera. Il lui fallait juste un peu de patience.

-Mais si tu es mort alors elle n’aura jamais lieu !

C’était une évidence. Il le savait.

-Je connais ce sentiment ! Tu ne m’apprends rien !

Ça n’empêchait que, moi, je ne me shootais pas en attendant. Pourtant, c’est moi que les médias mettait en avant comme l’élément perturbateur de The Lightening. Alors que je suis celui qui essaye de tout tenir en un morceau.

Mais parfois j’échoue.

Comme aujourd’hui où l’incertitude concernant Michael me bouffait de l’intérieur.

Cash déclara alors qu’il ne savait pas s’il allait survivre à Savannah. C’était égoïste et je le foudroyai du regard.

-Tu as intérêt à vivre longtemps !

Sinon, je le tuerais moi-même. Car je savais que si Cash mourrait, je n’y survivrais pas. Il le savait aussi. Mais il persistait à jouer avec sa vie et, donc, avec la mienne.

Pour moi, l’exemple à suivre était justement Savannah. Elle s’était retenue ce soir. Depuis qu’elle avait appris pour sa maladie elle connaissait la valeur de la vie. Je la remerciai. Cash en fit de même et Savannah semblait ne pas trouver les bons mots pour nous remercier. Je lui souris un peu.

-Oui. Tu étais là. C’est tout ce qui compte.

Je blâmai, par contre, Cash de ne pas tenir ses promesses. Mais il disait que je ne tenais pas non plus les miennes en me parlant de l’album et de la tournée. Je fronçai les sourcils. Il se foutait de moi là ?

-L’album est presque terminé ! Et la tournée se fera après ! Je ne suis pas manager, Cash ! Tu n’as qu’à aller voir Samantha et Lenny !

Ce que je lui demandais c’était encore un peu de patience ! Je ne contrôlais hélas pas tout, bordel !

Le ton commençait à monter. Mais c’est là qu’un médecin s’approcha. On se tourna tous vers lui.

Et il donna des nouvelles de Michael. Des nouvelles rassurantes. A l’intérieur de moi, je sentis un vent de soulagement.

Michael n’allait pas mourir.

Pas aujourd’hui.

Le médecin préconisait la désintox’. Pour Cash et pour Michael. J’hochai de la tête.

-On fera le nécessaire.

Il fallait qu’on parte en tournée, surtout ! Et C’est comme si Cash avait lu dans mes pensées. On partira en tournée. Ça sembla plaire moyennement au médecin mais il ne dit rien. Sans doute qu’il reviendra à la charge plus tard.

Le médecin s’éloigna et Savannah se leva déclarant qu’elle allait nous laisser entre nous. Je me retournai vers elle alors qu’elle nous salua.

-D’accord. A plus, Savannah.

Je lui souris et elle s’éloigna. Je me tournai vers Cash.

-On va le voir ?

Après ça, je retournerais chez moi préparer cette tournée.

@ Billy Lighter