<< Précédemment

J’crois que j’avais laissé sans trop d’explications un Dave inquiet sur scène. J’aimais pas vraiment le lâcher là mais j’avais décidé de saisir l’occasion de me retrouver seul avec Peyton. Tant qu’elle était prête à parler, j’crois pas que j’pouvais passer à côté de l’occasion…

J’espérais que Collins saurait rassurer David et lui dire à quel point il avait géré.

J’savais pas ce qu’il se passait dans la tête de Peyton. J’savais pas si elle avait apprécié ça ou si elle avait vu derrière ça une façon de ma part de lui forcer la main. Ok… C’était un p’tit peu ça. Mais c’était aussi la seule façon que j’avais trouvé de pouvoir lui dire que je l’aimais et que j’étais désolé.

On avait quitté le restaurant pour s’engouffré dans l’ascenseur. On avait rien échangé comme mot… J’voulais attendre d’être dans sa suite et de rassembler mes idées pour ça. Dans l’ascenseur, y’avait le silence… Un silence qui amplifia mon acouphène. C’était toujours pire dans le silence. Je n’entendais plus que ça. J’devais me faire à l’idée que plus jamais j’aurais la paix avec ça. Cette idée me fit frissonné d’effrois… J’avais bu un tas de vodka mais j’avais l’impression que mes idées étaient claires quand même. Trop claires p’t-être pour le flux d’émotions qui allaient pas tarder à me tomber dessus.

Peyton avait pleuré. J’avais pleuré aussi… Mais on ne se questionna pas là-dessus.

Finalement, l’ascenseur arriva a destination dans une montée qui m’avait parue carrément trop longue. On sortit et je suivis Peyton jusqu’à sa suite. Une fois à l’intérieur, j’fermai la porte… J’m’avançai dans ce qui avait plutôt la taille d’un appartement que d’une chambre d’hôtel avant de faire face à ma femme.

Par où j’commence ?

-J’suis désolé, chérie… J’suis désolé pour ce qu’il s’est passé à Milan… J’aurais dû être avec toi ce jour-là et pas à cette fête… J’suis désolé de pas t’avoir suivi ici… J’suis désolé de t’en avoir voulu pour mes parents et…

Ma voix se brisa un p’tit peu. Ce que j’venais de vivre pendant le concert et tout ce qu’il s’était passé à L.A. juste avant que j’vienne ici, c’était beaucoup à supporter comme foutu stress. J’crois que j’avais jamais vécu pire… Pourtant, j’en avais déjà vécu des trucs.

-A L.A., sans toi, c’était horrible. J’me suis rendu compte que j’pouvais plus vivre sans la femme que j’aime et la femme que j’aime c’est toi. Aucune autre… J’viens de passée les pires semaines de ma vie…

@ Billy Lighter

Je n’arrivais pas à statuer si j’étais touchée ou contrariée par ce qu’avait Howard mais une chose était certaine, nous n’allions pas en débattre devant une salle pleine de gens. Je m’étais donc levée de table et je m’étais dirigée vers la scène improvisé pour ce plaidoyer déguisé en concert et j’avais intimé à mon mari de me suivre ‘’ailleurs’’.

C’est en silence qu’on se dirigea sans se consulter à ma suite. Je me doutais que mes beaux-parents ne viendraient pas nous rejoindre avant un bon moment. June avait été confidente malgré elle de ce que je voulais au plus profond de moi. Elle espérait sans nul doute que je donne son congé définitif à Howard mais s’il avait pris la peine de mettre en scène pareil stratagème pour attirer mon attention, il méritait que je la lui accorde tout entière.

Nous devions être bien triste à regarder, stoïque dans l’ascenseur, l’un à côté de l’autre, sans parler ni se regarder. Je fixais les chiffres s’allumer les uns après les autres au-dessus de la porte en angoissant de plus en plus au fur et à mesure que le témoins lumineux s’approchait du dernier étage, là où j’avais établi résidence. Puis, les portes s’ouvrirent et j’inspirais profondément en essuyant les dernières traces de mes larmes sur mes joues et je sortis la première de la cabine pour me diriger, tête haute et d’un pas assuré jusqu’à ma luxueuse suite.

Howard referma la porte puisqu’il entra derrière moi et avant de lui faire face, je balayais la pièce d’un regard en me demandant si j’aurais vraiment la force de vivre cette conversation, si elle nous mènerait vraiment quelque part ou si ce serait comme toutes les autres fois, un coup d’épée dans l’eau.

C’est Howard qui prit la parole en premier et je l’écoutais, sans l’interrompre, assise sur l’immense divan de l’un des deux salons de cette suite. C’était le plus petit, celui qui servait de salle de rencontre, dans lequel je m’installais pour passer mes coups de fils à Maitre Louis. Là où j’avais passé des heures à réfléchir aux détails de mon divorce.

Je baissais les yeux en écoutant Howard qui était désolé pour Milan, qui avouait avoir manqué à son devoir d’époux en n’étant pas avec moi et de m’en avoir voulu pour ses parents. Je portais mes mains en prière contre mon front et je ne retenais pas mes larmes quand il enchaîna sur ses sentiments pour moi et que les dernières semaines furent les pires de sa vie. Elles n’avaient pas été meilleures pour moi, au contraire mais je me gardais bien de le lui dire, ce n’était pas un concours pour savoir qui souffrait le plus, il n’était pas question de ça mais de notre couple qui, malgré notre amour, n’allait nulle part.

- Je…

Ma voix ne collaborait plus, un comble pour une chanteuse, pourtant, j’en avais moi aussi des choses à dire. Mon menton tremblait alors que je luttais pour prendre le contrôle de mes émotions. Je baissais encore plus la tête. Si ce n’avait pas été de mon ventre de plus en plus rond, mon front aurait très bien pu toucher mes genoux. Il me fallait rassembler mon courage et mes forces pour nous permettre d’avancer dans un sens ou dans l’autre mais il fallait le faire. Je me lançais mais je n’avais toujours pas la force de le regarder.

- Je ne vais pas bien en ce moment. Timmy ne voulait pas me laisser partir seule, il avait peur que je mette fin à mes jours et, tu vois, je crois que si ta mère n’était pas arrivée comme ça sans prévenir…

Ce serait déjà fait.

@ Billy Lighter

On était dans l’intimité de la suite de Peyton… J’venais de fermer la porte nous laissant seul face à face. L’ambiance était méga plombée… C’était loin de l’effervescence du concert.

Et j’savais que j’devais m’expliquer. J’savais que j’devais m’excuser. J’savais que si j’voulais recoller les morceaux, j’devais assumer. Parce que j’voulais recoller les morceaux. Si j’le faisais pas, j’perdais la fille que j’aime le plus au monde.

Et j’voulais pas la perdre.

Alors, je m’excusai… Pour tout. Parce que, j’savais que ce que j’avais fait à Milan était méga nul… J’savais que pas l’avoir suivi ici était égoïste… J’savais que lui en vouloir pour mes parents était totalement injuste. Alors, je m’excusais pour ça parce que j’avais plus que ça : des excuses. Comme d’habitude, j’pouvais pas revenir en arrière.

J’pouvais jamais faire ça.

Les larmes coulèrent à nouveau sur les joues de Peyton alors que j’disais que j’pouvais pas vivre sans elle. J’l’avais remarqué pendant mon clavaire à L.A…

Puis, j’dis plus rien. J’attendais de savoir ce qu’elle dirait. J’crevais que trouille qu’elle me dise que malgré tout rien pouvait fonctionner entre nous. J’m’attendais à ce qu’elle sorte les papiers de divorce. J’savais qu’elle avait sûrement déjà tout préparer avec Maitre Louis et que j’allais me faire manger tout cru. Les contrats, tout ces trucs-là, j’me faisais toujours baiser de toute façon.

Peyton avait du mal à parler… Sa voix tremblait… Mais elle réussit à trouver la force et ce qu’elle dit ce fut bien pire qu’un foutue coup de pieds dans les côtes de la part du pire enfoiré de Los Angeles.

J’déglutis devant sa déclaration. J’avais une boule dans la gorge. J’savais pas quoi penser. J’avais réussi à achever sa phrase moi-même dans ma tête. Que si ma mère aurait pas fait le chemin jusqu’ici, y’aurait plus de Peyton.

Ma boule dans la gorge fit par se serrer tellement que je ne pouvais plus retenir mes larmes. C’est moi qui arrivait plus à parler… J’pouvais juste souffler…

-Putain…

J’m’avançai dans la pièce. J’avais méga besoin de m’asseoir. Et j’le fis en m’laissant tomber sur le fauteuil les yeux dans le vide.

-J’savais pas que j’t’avais rendu malheureuse à ce point… J’savais vraiment pas… Je…

Ma voix se brisa. Peyton à New York, Moriarty, Fleming, l’hôpital, mon oreille et, maintenant, les confidence de Peyton… C’était beaucoup trop. J’cachai mes yeux fermés entre mes doigts.

-J’voulais pas que tu te sente mal. J’voulais le contraire en fait. J’voulais simplement que tout fonctionne mais, comme d’hab’, j’ai tout merdé.

J’réussi à relever mon regard embrumé de larmes sur Peyton. Même toute la vodka que j’avais bue pouvait pas me mettre assez dedans que pour que la pilule passe mieux. Rien passait là. Absolument plus rien.

-Ma mère a p’t-être raison finalement. Sur moi… P’t-être que c’est elle qui es celle que t’a besoin.

J’voulais pas que Peyton mette fin à ses jours à cause de moi. Alors, s’il fallait divorcé pour ça. S’il fallait que ma mère s’occupe d’elle pour ça alors, fallait p’t-être que j’retourne à L.A… Parce que Peyton déteste L.A., de toute façon.

-J’suis désolé…

J’savais pas quoi faire là… Vraiment pas quoi faire. J’étais trop choqué par ce que venais de dire Peyton.

@ Billy Lighter

Howard avait dit ce qu’il avait à dire et ça me touchait, sincèrement et je voulais y croire de toutes mes forces seulement, ça ressemblait plus à une tentative désespérée qu’à un désir profond. En même temps, je n’étais pas assez forte mentalement pour analyser les intentions d’Howard. Il y avait longtemps que je me savais instable et tous les efforts que j’avais déployé pour me maintenir la tête en dehors de l’eau avaient échouées.

Je n’avais pas la force de regarder Howard, je me sentais honteuse de ce que j’allais dire mais il fallait que ça sorte. Je ne tentais pas de culpabiliser Howard pour mes pensées suicidaires, il n’était pas question de lui dans cette histoire mais de nous. Nous étions un couple, nous avions agit délibérément de notre plein gré et voilà, nous avions échoués. C’était le constat le plus flagrant des derniers mois.

Ce fut Howard maintenant qui ne trouvait plus les mots pour dire ce qu’il ressentait face à ce que je venais de lui dire à moitié. Je relevais la tête et j’écrasais mes larmes avec la paume de mes mains mais toujours, je refusais de le regarder. Il s’était assit alors je me levais et, bras croisés sous ma poitrine, je fis quelques pas d’un sens puis de l’autre.

Il prenait tout le blâme, comme s’il était le seul à avoir visé à côté de la cible. Pourtant, je savais qu’il n’avait pas agi, du moins pas toujours, pour me faire du mal.

Je continuais de marché en essuyant toujours une nouvelle larme. C’était quelque chose que j’avais compris dernièrement, il y aurait toujours une nouvelle larme pour remplacer la précédente. Un flot infini de chagrin, assez pour fournir en eau le tier monde.  

- Pour Milan, c’est vrai mais le reste tu as tort. Ce n’est pas toi, c’est nous.

Il croyait que, finalement, sa mère avait raison quand elle prétendait être celle qui pouvait me comprendre et me soutenir. Je fis non de la tête, je n’avais pas besoin de June, ni d’Holden. Elle n’avait fait que retarder l’inévitable.

- Ta mère peut dire ce qu’elle veut, moi je sais qui tu es vraiment et que c’est de toi dont j’ai besoin, pas d’elle.

Je cessais de marcher et je me massais les tempes du bout de mes doigts. Je me sentais comme prise dans un labyrinthe et que chaque fois où j’entrevoyais une lueur d’espoir de m’en sortir, ce n’était que pour mieux reculer, encore plus profondément.

- Tout ce que je veux, c’est de mettre ce bébé au monde et ensuite…

Ensuite, je ne savais plus.

Ces enfants-là avaient un père extraordinaire, et ils pourraient compter sur June et Holden et puis Howard avait des amis pour l’épauler et le soutenir. Je ne faisais pas le poids dans l’équation, mes états d’âme et mes perpétuelles remises en question ne seraient qu’un fardeau inutile.

- Tu as fait ce que tu pensais être le mieux, tu n’as pas à être désolé. Je sais que tout est de ma faute. J’ai voulu faire partit d’un monde auquel je n’appartiens pas, tout le monde nous l’on dit et nous n’avons pas écouté.

J’avais du mal à respirer, ça faisait trop mal en dedans, comme en dehors.

- Je pensais que de t’aimer plus que tout suffirait à nous rendre heureux.

@ Billy Lighter

Les mots de Peyton faisait mal… Parce que ça montrait à quel point j’avais merdé. Si j’avais pas merdé, l’aurait jamais pensé se suicidé. Pourtant, elle y avait pensé… Tellement fort que sans ma mère elle serait passé à l’acte.

C’est ce que j’avais compris.

C’est ce qui faisait couler mes larmes alors que j’m’étais assis parce que mes jambes pouvaient plus me tenir. Et une fois que j’me suis assis, Peyton s’est mise debout comme si elle cherchait à me fuir. Ce qui fit encore plus mal alors que j’pris toutes les fautes sur moi.

J’savais que j’avais merdé à Milan. J’savais que j’avais merdé après Milan. Bref, j’avais tout merdé mais j’pensais pas que ça aurait de telles conséquences. C’était ça mon problème… J’mesurais jamais les conséquences.

Peyton disait que j’avais raison pour Milan mais pas pour le reste. Elle disait que le resté, c’était de notre faute à tous les deux. J’soupirai.

-J’sais pas…

Ma mère avait p’t-être raison. J’devais p’t-être me résigné à accepter ça. Accepter que p’t-être Peyton était mieux avec ma mère. Que j’devrais laisser ma mère toucher à nos gosses même si, au fond de moi, je n’en avais strictement aucune envie pour tout ce que June Stone m’avait fait subir étant enfant. Pas être l’enfant favori est une chose… Mais être l’enfant détesté en est une autre.

Pourtant, Peyton voyait pas les choses comme ma mère. Elle disait qu’elle avait besoin de moi.

J’comprenais plus…

Peyton disait avoir besoin de moi mais j’avais l’impression qu’elle ne me voulait plus dans les parages. J’pensais qu’elle avait besoin de ma mère et, pourtant, elle disait que non… J’pouvais alors m’empêcher de souffler.

-J’suis perdu, là…

Je l’étais complètement. Plus largué que moi, là, tu meurs… J’savais plus quoi dire alors que Peyton marchait en faisant les cent pas. Elle disait vouloir mettre le bébé au monde et ensuite… Elle acheva pas sa phrase mais ça me fit, à nouveau, un pincement au cœur. Ensuite quoi ? On divorcera ? Elle mettra fins à ses jours ? J’pouvais survivre à un divorce… J’pouvais pas surprise à la deuxième solution. Seul… Sans celle que j’aime… Avec deux enfants sur les bras… Peyton pouvait pas me faire ça. Elle avait toujours dit que j’ferais un méga bon père. Moi, j’en doutais. J’suis pas stupide. J’sais pas m’occuper de moi alors c’est pas un miracle qui va me permettre de m’occuper de deux gosses. J’avais besoin d’elle pour ça. Mais, sur le coup, j’eus trop peur de poser la question. J’voulais pas entendre la réponse.

Elle disait que j’avais pas à être désolé… Que c’était elle qui avait pas su se fondre dans mon monde. Je secouai la tête… J’savais qu’elle avait eu des difficultés à s’adapter à L.A. et à mes amis. J’savais que tout le monde disait que notre couple pouvait pas tenir. J’avais un tas d’amis qui avait douté.

Je fixai Peyton séchant mes larmes du revers de mon bras.

-T’sais, Peyton… Quand j’étais p’tit, j’disais à tout le monde que j’voulais faire batteur et que j’deviendrais le meilleur batteur du monde. Personne y croyait, ma mère la première, elle disait que j’finirais dans un caniveau de l’Eastside… Que j’étais bon à rien.

J’suis p’t-être un bon à rien mais j’suis pas dans un caniveau. Et j’suis bien devenu le meilleur batteur du monde.

-Ils avaient tous tort. J’suis devenu batteur. J’suis sortis de l’Eastside. Ils avaient tort. C’est pas parce que les gens pensent quelque chose que cette chose est vrai.

Ma voix tremblait. J’étais fatigué et la tristesse me tuait.

-Y’a pas le monde d’Howard et celui de Peyton… Y’a not’ monde. Celui qu’on peut construire… Tu dis que l’amour a pas suffi… Moi, j’crois que c’est la part la plus importante. Chérie…

J’voulais continuer… Et j’en trouvais la force.

-S’il t’arrive quelque chose. Je m’en remettrais pas. Tu penses que j’vivrais mieux sans toi ? Tu te trompes. Sans toi, j’pourrais jamais continuer… Tu peux pas me faire ça…

Elle pouvait pas…

-T’es une battante… Pourquoi tu abandonnes ?

@ Billy Lighter

Ce que j’avouais à Howard était certainement autant difficile à entendre qu’à prononcer. J’étais à ce point mal dans ma peau depuis trop longtemps que j’en étais venu à me convaincre que de mourir était la seule solution. La présence de June et ma grossesse ne faisaient que retarder ce que je voyais comme l’inévitable.  Howard semblait le prendre comme le résultat de nos derniers moments ensembles mais moi, je savais que ce n’était que le résultat d’avoir trop longtemps fait fit des signaux que mon corps et la vie m’envoyaient. Si j’acceptais ses excuses pour Milan, je refusais qu’il prenne le blâme pour l’ensemble de notre œuvre.

- J’ai ma grande part de responsabilité, ne crois pas que je repousse tout sur toi, ce n’est pas vrai.

Je continuais de faire des pas d’un sens puis de l’autre de la chambre, nerveusement. En fait, je ne savais plus où me placer, comment me placer, où était ma place dans cette chambre qui avait été mon château fort pendant ces dernières semaines. C’est June et Holden qui avaient prit la place qui revenait à Howard et le pauvre ne comprenait plus ce que je lui expliquais.

- Je ne comprends plus rien moi non plus, t’en fais pas. Ce que je dis c’est que malgré tout ce que je ressens, il n’y a jamais eu personne d’autre que toi qui comptait pour moi. Ça toujours été ça et ce sera toujours ça.

Mais c’était devenu impossible parce que malgré tout l’amour que nous avions l’un pour l’autre, nous ne savions que nous faire du mal. J’avais essayé très fort de cadrer dans son monde et j’avais échoué. En m’intéressant à ses passe-temps, il m’avait reproché de chercher une façon de le contrôler. En voulant me rapprocher de ses amis, j’avais compris que je ne serais jamais vraiment la bienvenue. En lui demandant de me faire confiance en m’énonçant les faits, il avait redoublé d’efforts pour me cacher pleins de choses. Et moi je me vengeais chaque fois en étant détestable au possible sans me rendre compte que ce n’était pas à Howard que je faisais le plus mal, mais à moi-même parce que je me détestais moi pour tout ça et non lui.

Ma mort prenait la forme d’une délivrance.

Tout ce que je voulais, c’était de tenir bon le temps de mettre au monde le bébé et ensuite, je serais libérée de tout ce qui me blessais et je cesserais de pourrir la vie d’Howard avec mes trop grandes demandes. Il n’était pas un homme pour se caser, il avait besoin de sa liberté complète alors que moi, pour avoir manqué de réconfort et de stabilité dans ma vie, l’étouffais avec mes attentes.

Je ne voulais pas qu’il prenne le blâme en entier pour lui. J’avais compris que toute cette pression qui nous écrasait au quotidien venait d’en dehors de notre union. Nous avions fait la sourde oreille quand Hank North, par exemple, avait dit que notre union ne tiendrait pas la route.

Il avait eu raison.

Howard défendait ce fait en disant que pleins de gens, sa mère la première, avait dit qu’il ne réussirait jamais dans la vie et pourtant, il était le meilleur batteur de sa génération, il avait deux groupes qui fonctionnaient et un fils, Jesse, il ne fallait pas l’oublier là-dedans.  Je l’entendais plaider pour la survie de notre couple avec la force du désespoir. Une grande partie de moi ne demandait qu’à le croire mais les blessures de tout ce que nous avions cumuler déversaient leur poison sur la petite étincelle d’espoir qui subsistait en moi. Et il me posa la question pour laquelle je m’étais convaincue et dont je n’avais plus aucun doute et je le regardais pour lui répondre.

- Oui ! Sans moi, ta vie retrouvera son sens, ta liberté. Et tu as tous tes amis pour te soutenir. Tu ne sers jamais seul.

Et moi je ne souffrirais plus de rater la cible chaque fois que je voulais lui faire plaisir. Je ne subirais plus la honte d’avoir échoué dans mon rôle d’épouse, d’avoir saboté ma carrière et je ne serai pas la mère indigne qui a mit deux enfants au monde sans savoir s’en occuper correctement. Il m’apparaissait évident que je ferais avec eux comme avec leur père, je les étoufferais pensant leur donner ce dont ils avaient besoin.

J’étais un échec en tous points.

- Parce que j’ai trop peur pour continuer. Je préfère mourir que de continuer de souffrir en voyant combien tout ce que je fais échoue. Je regrette tellement de t’avoir demandé de m’épouser, ça n’a fait que t’apporter de la merde, je suis désolée !

Je fondis en larmes, impossible de les contrôler et inutiles de les essuyer sur mon visage. Est-ce que je voulais vraiment mourir ou simplement cesser de souffrir ? Dans ma tête, l’un impliquait forcément l’autre.

@ Billy Lighter

Peyton disait qu’elle avait une grande part de responsabilité et qu’elle voulait pas que j’pense qu’elle remettait tout sur moi. J’pensais pas ça… J’savais que j’étais coupable de certaines choses… Jamais j’ai dit que j’pensais qu’elle renvoyait tout sur moi.

-J’ai pas dit ça…

Et plus Peyton avançait dans ses réflexions, moins j’comprenais… J’avais l’impression qu’elle voulait que j’sois à ses côtés sans y être ce qui me paraissait pas simple du tout. Comme si elle voulait vivre avec moi mais se l’interdisait pour quelque chose qui m’échappait. Comme si elle avait besoin de moi mais qu’être près de moi lui faisait tout aussi mal.

J’me disais perdu.

Elle l’était aussi. Mais elle disait qu’il n’y avait que moi qui comptait pour elle. J’savais qu’elle avait quasi aucune attacha. Pas d’amis… Pas de famille… Juste moi. Et j’sais que c’était peu de se rattacher qu’à une seule personne.

-Bientôt, y’aura aussi nos enfants…

Fallait sans doute pas les oublier. Ils allaient compter pour Peyton. On les avais voulu, après tout. Ça serait pas juste qu’ils ne comptent pas au même niveau qu’on comptait l’un pour l’autre. Parce que dans le discours de Peyton, y’avait que moi et il n’y aura jamais que moi.

J’trouvais ça faux.

Ce qui rongeait Peyton c’était ce qu’elle disait être un échec. Celui de pas avoir réussi à se fondre dans mon monde. C’était pourtant pas ce que j’voulais. L’était pas obligé d’aimer mes amis… L’était pas obligé d’aimer mes passe-temps… L’était obligé à rien. On pouvait avoir notre vie en dehors de tout ça. C’est ce que j’avais essayé maladroitement de créé. Trop maladroitement.

Peyton disait que bien des gens nous avais prévenu mais j’déclarai que ce que disaient les gens n’avaient aucune importance. Ce qu’ils pensaient n’était pas parole d’évangile. J’mis ma propre vie en avant pour prouver mon point. J’savais que même si on était au plus bas, on pouvait remonter la pente. Nous laisser une seconde chance.

Mais Peyton persistait en disant que sans elle ma vie retrouvera du sens. Je secouai de la tête. Elle pensait savoir mieux que moi ce qui était bon pour moi. J’adorais Peyton… Mais l’avait toujours une fâcheuse tendance à justifier ses choix en disant que c’était mieux pour moi.

L’en savait rien !

Je ne dis rien encaissant ça avec un visage fermé.

Elle disait avoir trop peur pour continuer. Quelle préférait mourir. Ça me fit mal. Super mal. Si elle voulait m’aider, elle faisait tout le contraire.

Elle fondit, ensuite, en larme. Moi, j’étais en miette mais j’trouvais la force de me lever. Je m’approchai d’elle et pris son visage entre mes mains. Les larmes coulaient le long de mes joues à moi aussi.

-Peyton… L’échec, ça fait partie du jeu. On joue, on perd parfois… Ça veut pas dire qu’on est mauvais.

J’étais un expert en la matière ! Les dernières semaines était une preuve de tout ça.

-J’pourrais pas vivre si tu mets fin à tes jours Peyton. Dis pas que tu feras ça pour mon bien. C’est faux. Si tu veux mettre fins à tes jours, c’est pour toi. Parce que t’as mal.

C’est ce que j’comprenais. C’était égoïste. Peyton et moi, on était deux égoïste.

-Not’ mariage m’a pas apporté de la merde. Vivre avec toi, c’est un des meilleurs trucs qui me soit arrivé. Ok… On a eut des bas… Mais j’pense que c’est normal. On a pas eu de modèle, toi et moi. On fait avec ce qu’on a… C’est tout.

Y’aura encore des bas… Mais j’voulais pas croire qu’on pouvait pas tenter de réessayer.

-T’sais, chérie… J’ai passé quelques semaines à L.A. sans toi et ça a été un désastre sans nom…

Ouais… Un vrai désastre. Même si j’avais dit ça en rigolant un peu d’un rire éraillé par le chagrin. J’repris, ensuite, mon sérieux.

-Tu ne mettra pas fin à tes jours. L’en est pas question. Si j’dois resté éveillé à côté de toi tous les jours pour t’en empêcher, j’le ferais.

Quoi qu’elle dise, j’le ferais.

@ Billy Lighter

Howard semblait prendre le blâme pour tous nos malheurs alors que je me savais responsable d’autant, voir de plus. Je ne voulais pas qu’il culpabilise pour se repentir mais il se défendit de le faire.

- D’accord.

Expliquer à Howard comment je me sentais était autant hasardeux et complexe que de progresser dans un labyrinthe les yeux bandés. Je n’arrivais pas à comprendre ce que je ressentais alors de l’expliquer à quelqu’un d’autre relevait de l’impossible. Tout ce que je savais c’était que j’aimais profondément Howard, plus que jamais de ma vie je n’avais été en mesure d’aimer mais que je ne parvenais pas à être heureuse dans cette relation. Ça n’arrivait que lorsqu’il n’y avait que nous.

Bientôt, comme le disait Howard, nos enfants seraient là. Je ne l’oubliais pas. J’en avais voulu un, sincèrement, parce que je croyais que ce serait un moyen de consolider notre couple et de nous rapprocher l’un de l’autre. Puis il y en avait eu un second que je n’avais pas planifié, et Jesse avait couronné le tableau bien que pour ce dernier, sauf pour mettre de la dissension entre mon mari et moi, ça n’avait pas changé grand-chose.

Je tentais encore d’expliquer comment je me sentais, comment ma mort était devenue une solution apaisante et réconfortante. Je savais Howard assez solide pour affronter l’avenir surtout qu’il serait bien entouré de ses amis et j’étais prête à jurer sur la bible que ses parents passeraient par-dessus leur bisbille familiale pour pouvoir voir leurs petits enfants grandir.

Les échecs que je cumulais depuis un temps achevaient de m’écraser complètement. J’avais combattu pendant tellement d’année, depuis ma prime jeunesse en vérité, qu’aujourd’hui, tout ce que je voulais était de lâcher prise et de tout stopper. J’étais un citron qu’on avait trop pressé. Il n’y avait plus de jus, plus de pulpe, qu’une enveloppe vide.

Howard voulait changer ma vision des choses.

Sa vision de l’échec était diamétralement opposée à la mienne. Pour lui, ça faisait partie du jeu, pour moi, c’était la fin de tout. Jamais dans ma vie on ne m’avait permis d’échouer et, si cela devait se produire, je devais sacrifier encore plus pour obtenir beaucoup plus. C’est ce qui se passe quand on naît pour produire et enrichir. Et malgré qu’il s’était rapproché de moi et posé ses mains sur mon visage, je ne pouvais m’empêcher de trembler et de lui rappeler ses propres paroles.

- Tu l’as chanté ! Ce soir même ! Tu as dit que j’étais la partie de toi la plus triste, une partie de toi qui ne t’avais jamais appartenue. Et maintenant que veux m’empêcher de mettre fin à tout ça parce que vivre avec moi à été la meilleure chose que tu aies vécu ?

Il pouvait bien dire qu’il était perdu, tout à l’heure. Maintenant, c’était moi qui ne comprenais plus rien. Ces dernières semaines pour lui avaient été un désastre. Pour moi, ça avait été un enfer.

Plus sévère, il m’interdisait de mettre fin à mes jours, du moins de l’envisager et pour cela, il était prêt à rester éveillé et à mes côtés nuits et jours.

- Alors ne retourne pas à Los Angeles, je t’en supplie !  

Je me laissais aller contre lui, dans ses bras, à pleurer contre son torse et à trembler d’épuisement physique et mental.

@ Billy Lighter

Peyton et moi, on s’aimait. Mais notre vision des choses était opposé sur de nombreux points. Elle depuis toute petite, elle avait été habituée à gagner. A ce point que, désormais, la défaite n’était plus envisageable. Ses parents avaient voulu qu’elle soit une gagnante a tel point que l’échec lui était, maintenant, insupportable. Moi, c’était l’inverse. On m’avait toujours considéré comme un looser. Ma mère, mon père, mon frère, les gens à l’école… Tous pensaient que j’aurais aucune chance de réussir dans la vie. Alors, chaque victoire est, pour moi, un exception. Un truc dont j’peux me réjouir.

Peyton était habituée à gagner. J’étais habitué à perdre… Ce qui, finalement, rendait ma vie plus simple d’une certaine façon parce que Peyton ne profitait ni de la victoire, ni de la défaite. C’était juste un stress constant de rejoindre des attente toujours plus haute.

Alors, j’essayais de lui expliquer ma vision des choses. J’essayais de lui dire qu’elle pouvait perdre sans que ça soit grave. Echouer, c’est pas grave… Parce que si ça l’était, j’peux aller m’enterrer, là.

Mais par-dessus tout, j’voulais pas que Peyton décide de faire l’irréparable. J’voyais plus ma vie sans elle depuis longtemps. J’avais besoin d’elle alors qu’elle semblait convaincu que j’serais mieux sans elle. C’était pas le cas. Si elle mettait fin à ses jours, j’allais me sentir cruellement seul et, en plus de temps, j’pourrais pas m’empêcher de culpabiliser. J’savais d’avance que j’serais inconsolable et j’estimais que j’avais largement assez pleurer ces derniers temps. Je cauchemardais… Mais si Peyton mourrait, j’allais décidément plus trouver le sommeil du tout.

Elle pouvait pas me faire ça… Pourtant, elle me remballa mes paroles de chansons pour me prouver qu’elle était un poids pour moi.

-J’ai écrit ça parce que j’avais l’impression de pas arriver à trouver de quoi te rendre heureuse… Tu le sais aussi bien que moi, Peyton… La chanson, faut la voir dans son ensemble.

Et j’fredonnai :

- 'Cause I don't even care about the time I've got left here
The only thing I know now is that I wanna spend it
With you, with you nobody else here

C’était ce que j’voulais… Rien d’autre. Et j’comptais pas l’abandonner. J’comptais veiller sur elle pour être sûr qu’elle fasse pas de conneries. Elle clama alors que je reste avec elle ici avant de pleurer contre mon torse. Je la serrai contre moi caressant ses cheveux.

-J’comptais pas partir sans toi, t’façon, chérie…

Je la laissai pleurer contre moi la gorge serrée.

-On va s’en sortir, ok ? Quand le p’tit sera là, ça ira déjà mieux, tu verras. En attendant qu’il arrive, on va passer du temps ensemble. Rien que nous deux, ok ? J’crois qu’on en a besoin…

Autant elle que moi.

Surtout que j’avais un tas de trucs à lui dire… Mais dans l’état où était Peyton, j’pensais pas que c’était le bon moment...

-On va au lit? J'ai juste envie d'être avec toi, là, tout de suite...

@ Billy Lighter

Notre conversation soulevait beaucoup de questions qui ne trouveraient fort probablement jamais de réponse. S’il ne pouvait pas vivre sans moi, pourquoi voyait-il en mes tentatives de m’intéresser à sa vie et ses passe-temps une façon de nous rendre inséparable ? Comme si en faisant cela, je me donnais le droit ensuite de l’accompagner chaque fois qu’il irait à la boxe ou voir une course de voiture ? Pourquoi me mentait-il pour des choses qui devaient se discuter ensemble ou qui, au final, ne changeraient rien dans notre vie ? J’avais compris avec le temps qu’Howard me sortirait toujours un lapin de son chapeau parce qu’il n’avait pas confiance en moi et ma façon de gérer les évènements.

Si je faisais une scène, il n’aimait pas.

Si je ne réagissais pas le temps d’encaisser, il n’appréciait pas.

Si j’étais neutre, il pensait que je lui réservais un coup de pute plus tard.

Ça avait été très difficile de trouver la bonne cadence pour suivre Howard dans sa vie alors que la mienne était réglée comme une horloge. J’avais un horaire établie depuis toujours, un mode de vie duquel je n’avais jamais dérogé. C’était un cadre sécurisant qui perdait des plumes maintenant que j’étais mariée, sur le point d’être mère et en deuil de ma carrière, l’autre grand amour de ma vie.

J’étais blessée jusqu’à la moelle au point où je n’arrivais plus du tout à respirer. Ma vie entière n’avait plus de sens, même mon mariage avec Howard, avec ce qui était arrivé à Milan, ne voulait plus rien dire. Je portais en moi la vie et la mort était devenu mon amante avec laquelle je flirtais. Quand les bébés seraient nés, que l’annonce serait faite, je n’aurais plus aucune raison de tenir bon.

Howard entendait les choses autrement. Il refusait de me perdre sans que je ne comprenne vraiment pourquoi mais de l’entendre me le dire me faisait du bien, comme lorsqu’il l’avait chanté, plus tôt au restaurant.  C’était beau, c’était ce que nous faisions de mieux, chanter. Les paroles avaient pourtant un double sens, ce que je lui fis remarquer et Howard se défendit en disant n’être jamais arrivé à trouver comment me rendre heureuse.

- Je n’avais besoin que de toi pour être heureuse.

Je n’avais besoin que de le savoir autant investit dans notre union et il le savait ! je le lui avais dit et répété. Et chaque fois que l’occasion c’était présenté, il avait fait tout le contraire. Donc oui, il avait eu raison de chanter que j’étais une partie de lui qui ne lui avait jamais appartenue, la partie la plus triste alors que j’aurais dû être sa plus grande joie su moins, l’une d’elle.

Howard répondit en fredonnant un autre passage de cette même chanson et je ne pu retenir le flot de sanglots qui jusqu’alors, s’était contenter de couler sur mes joues en sillon silencieux. Je me réfugiais dans ses bras, mon visage contre son torse et je me retenais à lui comme si je craignais qu’il ne s’envole encore, l’implorant de ne pas rentrer à Los Angeles.

- Les bébés… Nous avons besoin de prendre du temps pour nous, oui, tu as raison.

Il oubliait que ses parents logeaient aussi avec moi et que je ne pouvais pas, du moins pas immédiatement, les réexpédier à Los Angeles, pas après tout ce qu’ils avaient fait pour moi. Il me faudrait y réfléchir mais pas tout de suite, pas sans m’être reposer au lit, dans les bras de mon mari.

- Ne devrais-tu pas prévenir David avant ? Je veux dire, il doit attendre que tu lui fasses signe, le connaissant.

Et de mon côté, j’allais rédiger un mot pour June et Holden et je le laisserais à leur vu à l’entrée de la chambre pour qu’ils sachent qu’Howard était avec moi et qu’il ne partirait pas. Tous, nous avions besoin de nous reposer, il serait encore temps dans les prochains jours, de trouver des réponses aux questions qui demeuraient en suspens.

@ Billy Lighter