-J’ai faim…

Hernandez leva la figure de son magasine qu’il lisait alors que je me plaignis pour la quatrième fois d’avoir faim. Et j’avais faim, bordel, faim au point que j’avais envie de casser absolument tout ce qu’il y avait dans le commissariat. La gueule d’Hernandez comprise.

-Tu as bouffé il y a une heure, gringo. Maintenant ferme-là.

Je fronçai les sourcils alors que j’étais les deux mains accroché à mes barreau regardant vers Hernandez que j’avais envie de bouffer tout cru tellement il m’emmerdait. Surtout que ce con, il avait une tasse de café et une foutue gaufre devant lui !

-Ouais ! J’ai bouffé il y a une heure mais c’était une putain de gaufre. Tu crois que ça va me nourrir une foutue gaufre pour le repas de midi ?! Le matin c’était pareil ! Maintenant je dois attendre 18h pour avoir un vrai putain de repas complet bien que dégueulasse !

Je m’énervais. Faim comme j’avais il n’en fallait pas plus pour que je pète un câble parlant à Hernandez avec haine.

-Ferme-là, Fleming. Tu ferais pas des pompes tout le temps, tu aurais moins faim.

C’est ce que lança Pioli et je le foudroyai du regard. Il voulait que je fasse quoi, alors ? Que je dorme constamment ?! Il est où mon putain d’avocat, hein ?! Je lui avais parlé de mon condition de détention et j’attendais qu’il se bouge le cul !

-Je m'appelle Ward et j’ai le droit à de la bouffe ! Vous allez m’en donner maintenant où je fais de votre après-midi un enfer.

Hernandez se marra avant de regarder son collègue.

-On se prend une pause ? J’en ai marre de l’entendre se plaindre. On a qu’à demander à Katy de descendre quelques minutes pour regarder ce que Fleming fait. Mais moi, j’ai besoin d’air, là.

Pioli approuva et ils se lèvent tous les deux. Katy… Ils avaient dit Katy… La jolie petite secrétaire qui, je le savais, avait du cran.

-Ouais, c’est ça dégagez !

J’étais toujours à cran. Impossible de redescendre tellement je crevais la dalle. Je crois que j’aurais été libre, il n’y aurait plus personne de vivant dans ce commissariat.

Sauf peut-être la jolie Katy.

Elle ne tarda pas à descendre… Les deux flics ne pouvaient, normalement, pas quitter leur poste. Mais il semblerait que plus les jours passaient et plus ils étaient laxistes. Le seul moment où ils retrouvaient leur vigilance était quand d’autres détenus arrivaient pour une journée ou une soirée.

-Salut, Katy…

Je ne savais pas si elle avait accepté de descendre de bon cœur. Mais elle était là.

-Je crève de faim. Tu peux me filer un truc à manger ? Si je bouffe pas, je vais tomber là et il faudra appeler l’ambulance. Quoi que ça m’arrangerait, je pourrais avoir une petite sortie comme ça.

Ma voix était plus agacée qu’enjouée pour le coup. Je tutoyais Katy même si je la connaissais, en réalité, très peu. Ma plus grande conversation avec elle était quand Jordan m’avait embarqué dans sa voiture quand j’avais été poignardé par Lina.

@ Billy Lighter

Les dossiers s’accumulaient dernièrement et tout ça résultait directement de l’arrestation de notre célèbre criminel, il y avait quelques jours de cela. La capture de Ward Fleming pour violence conjugale avait mené à la réouverture de certaines enquêtes et le témoignage de sa femme trônait sur le dessus de la pile. Je ne devais pas oublier non plus toutes les autres affaires courantes qui s’accumulaient. Les plaintes de voisinage, les contravention pour stationnement interdit, excès de vitesse, arrêt non fait.

Je ne manquais vraiment pas de boulot mais ça ne m’empêchait pas de rêver de Conrad. Notre dernière (et unique) sortie au cinéma continuait d’agrémenter mes pensées à toute heure du jour et de la nuit. Cependant, je m’inquiétais que Conrad n’ait pas renouvelé son invitation. Je n’osais pas lui demander s’il avait apprécié sa soirée, de peur qu’il croit que je quémandais une nouvelle invitation ou alors qu’il me dise franchement ne pas en avoir envie. Pendant le film, nos mains s’étaient effleurées à quelques reprises et même qu’une fois je cru qu’il voulait me la prendre mais il n’avait fait que piocher dans le sac de popcorn. Il n’avait pas non plus cherché à m’embraser quand il m’avait reconduit jusque chez moi.  

Donc, en plus de réfléchir au travail, je réfléchissais à savoir si j’avais envoyé de mauvais signaux à Conrad ou bien si c’était moi qui ne comprenais pas les siens. C’était tellement complexe comme situation ! Et comme si ça n’allait pas déjà assez de travers, Pioli et Hernandez revinrent des cellules en disant qu’ils allaient prendre un peu l’air et que je devais aller moi, surveiller Fleming.

- Moi ? Mais… Bon, d’accord !

Ce n’était pas dans ma définition de tâche ! Et je n’avais pas la formation pour surveiller un détenue mais je me disais que si je restais assise sur la chaise placée devant et que je ne lui répondais sur rien qui concernait son arrestation ou sa femme, je ne devrais pas trop me mettre dans l’embarras.

Je rangeais donc les dossiers sur mon bureau que j’aimais tenir le plus rangé possible et je plaçais le téléphone pour qu’il sonne partout dans le poste puisque je m’absentais de la réception. S’il y avait une urgence, il fallait que quelqu’un soit en mesure de répondre à ma place.

Je n’étais même pas encore assise devant sa cellule que Ward me saluait comme si nous étions de vieilles connaissances et qu’il me réclamait à manger. Je regardais ma montre avant de croiser mes bras sur ma poitrine.

- Tu as déjà eu ton plateau repas de midi. Tu dois attendre le prochain service.

Je n’étais pas autorisé à le resservir puis de toute façon, nous n’étions pas un service traiteur ici. Il n’y avait pas de cuisinier qui pouvait nous préparer un petit casse-croute à n’importe quel moment, dès que nous en avions envie.

Il se lamentait d’avoir à ce point faim qu’il risquait de tomber et de devoir être conduit à l’hôpital mais que tout compte fait, cela lui ferait une sortie.

- Super alors si tu es impatient d’avoir une petite sortie, soit patient, ça viendra.

@ Billy Lighter

Les laids visages d’Hernandez et Pioli furent remplacé par le joli petit visage fragile de la jeune Katy. Je devais avouer que c’était un bien meilleur paysage et que la meilleur idée d’Hernandez depuis qu’il était né était sans doute d’avoir décidé, il y a quelques secondes, de prendre l’air.

Katy était petite et menue. Le genre de fille que tu aurais peur de casser rien qu’en la bousculant un peu. Pourtant, je savais qu’elle avait du cran. Elle n’avait pas hésité à appuyer sur ma blessure quand je m’étais retrouvé dans la voiture de Jordan, elle avait réussi à désarmé mon flingue et, comble de tout, elle avait de la réplique et n’aimait pas forcément que je l’appelle « chérie ». C’est ça que je me rappelais de Katy, la secrétaire du commissariat.

Secrétaire à qui je réclamais à manger. Elle regarda sa montre et déclara que j’avais déjà eu mon plateau de midi. Je ricanai.

-Un plateau ? Si tu considère qu’un gaufre minuscule et de l’eau est un plateau alors, ouais, j’ai déjà mangé… J’ai eu exactement la même chose au matin. Le seule vrai plateau que j’ai c’est le soir. Je sais que la police manque cruellement de budget mais, là, c’est de l’abus. Tu as vu mon gabarit ?! Tu crois qu’un gaufre va me nourrir ?

On entendait mon agacement dans ma voix. Pour cause, j’avais réellement faim. Ce n’était pas un jeu pour emmerder les flics. Je crevais la dalle !

Je déclarai que si je tombais dans les pommes, il faudra appeler l’ambulance mais Katy ne se démonta en rien et disait que, pour cause, il me suffira d’être patient pour avoir mon petit tour dehors. Je penchai légèrement la tête sur le côté en la regardant.

-Tu sais qu’avant de tomber dans les pommes, je risque de me transformer en Hulk… Je suis ingérable quand j’ai faim.

Ce n’était pas une blague… J’étais réellement ingérable quand j’avais faim.

Mais j’avais compris, hein ! Elle non plus ne comptait pas me donner de la bouffe. Et moi qui attendait toujours que mon avocat règle mon problème de condition de détentions…

Je soupirai en roulant des yeux avant de me laisser tomber assis sur ma couchette.

Je tournai tout de même la tête vers Katy.

-Alors… Ça fait quoi d’être secrétaire au commissariat ? Combien de ces flics t’ont tapé sur le cul cette semaine ? Je parie que c’est le hobby de Pioli, ça…

C’était sûrement comme ça que ça fonctionnait, non ? J’avais dit ça sur un ton cynique.

Ingérable, j’avais dit.

@ Billy Lighter

Loin de moi l’idée de me plaindre à mon supérieur des tâches qui me tombaient dessus alors que j’en avais bien d’autres à faire mais je me disais que j’en glisserais un mot à Conrad. Pioli et Hernandez me refilaient leur patate chaude et je devais la surveiller pendant qu’ils iraient prendre l’air. Le truc, c’est que je savais qu’ils iraient probablement fumer une cigarette, boire un café, en fumer une autre, se chercher un donuts et probablement l’enterrer avec un dernier café et une dernière cigarette. Autrement dit, j’allais au moins passer une heure assise devant la cellule de Ward Fleming.

Ward me salua et je l’ignorais. Je ne voulais pas entrer dans son petit jeu, je savais de quoi il était capable depuis que j’avais eu à comprimer sa blessure dans la voiture de Jordan et parce que l’inspecteur Keller avait été disons provoqué par Ward la dernière fois où il avait eu à surveiller sa cellule. C’est ce qu’il faisait, Ward. Il aimait provoquer pour susciter des réactions et nous amener à parler sans que l’on s’en rende compte.

Je m’assisais donc sur la chaise en me disant que je devais le moins possible lui répondre et ignorer tout ce qu’il pourrait me dire de déplacer et éviter de répondre à ses questions autant que je le pouvais.

À peine assise qu’il me réclama à manger mais en regardant ma montre, la distribution des cabarets diner avait eu lieu et donc, il devrait attendre le service du soir pour manger à nouveau. Il se plaignait de la qualité des repas qu’il lui était servit et si quelque part, je trouvais aussi qu’une gaufre et un verre d’eau était peu pour un colosse comme lui, je n’avais pas le droit de le dire ouvertement devant lui.

- Et bien, ici, ce n’est pas le Canter’s Deli malheureusement. Nous n’avons pas de chef qui sert des côtes de bœuf pour le diner. Tout ce que je peux te conseiller, si tu juge être mal traité ici, c’est d’en parler à ton avocat.

Voilà ! Son avocat n’aurait qu’à faire une plainte au nom de Fleming concernant ses conditions de détentions mais le temps que ce soit traité et tout, il serait fort probablement transférer dans une autre prison que celle de notre commissariat.

Ward disait que s’il ne mangeait pas, il risquait de se transformer en Hulk et que ce serait difficile pour lui, à moins que ce ne soit pour nous, de se gérer, affamé qu’il était. Ensuite, il tomberait dans les pommes, fort probablement parce qu’il aurait brûlé ses dernières énergies à faire une crise digne du géant vert.

- J’ai toujours cru qu’Hulk était le plus inutile et inintéressant personnage de fiction créé.

En fait, ce genre de personnages ne m’intéressaient en rien.

Mon interlocuteur emprisonné sembla lâcher prise et alla lui aussi s’assoir, sur le coin de sa couchette qui grinça. Ça ne semblait vraiment pas confortable mais en plus de ne pas être un restaurant haut de gamme, nous n’étions pas non plus un hôtel cinq étoile ! Le but du peu de confort devait être à mon humble avis, de dissuader les gens de commettre à nouveau un délit qui les conduirait ici.

Ward, fidèle au personnage que j’avais rencontrer dans la voiture de Jordan, me posa une question qui ne volait pas très haut.  Je me permis donc de lui répondre de la même manière.

- Au moins autant de fois que je leur ai pincé une fesse au passage ! C’est un jeu ici, on ne fait que ça entre nous, tu ne le savais pas ?

Aucun policier ne me manquait de respect de la sorte. J’avais bien eu droit parfois à des remarques qui frôlaient l’indécence mais comme je savais répondre et que je n’hésitais pas à le faire, ce genre de comportements n’avaient pas de récidives.

@ Billy Lighter

Apparemment, ça ne troublait aucun flic que je ne reçoive qu’une seule gaufre le matin et le soir… Même Katy ne semblait pas vraiment s’en préoccuper. Donc, affamer quelqu’un semblait être dans les règles de la loi si je suis leur façon d’être. Et c’est moi le psychopathe ?

Katy disait qu’on était pas au Canter’s Deli et que si j’avais un problème avec ça, je pouvais toujours m’en référé à mon avocat.

-Je ne demande pas de la nourriture de restaurant… Simplement des quantités acceptable. Et, ne t’en fais pas, mon avocat est déjà prévenu.

Et j’espérais qu’il bossait dur là-dessus et sur le reste aussi. Que je n’aie pas à devoir sortir ma carte en or. Parce que si je devais sortir ma carte, je savais que j’allais devoir ravaler ma fierté pour survivre, voir même devoir sérieusement pactiser avec le Diable.

J’essayais de pousser Katy à m’offrir un truc à manger en disant qu’avant de tomber dans les pommes, j’allais me transformer en Hulk et ça n’allait pas être beau à voir. Je ne rigolais pas, en fait. C’était réellement ce qu’il risquait de se passer. J’ai un bon self-control mais il avait ses limites. La preuve, j’étais ici…

Mais Katy ignorait complètement mes possibles sautes d’humeur. Elle disait qu’elle n’aimait pas spécialement Hulk qu’elle trouvait inutile. J’haussai des épaules m’en fichant complètement, finalement, de ce qu’elle aimait ou non.

-Mon fils l’adore. Mais il préfère encore plus Batman.

Je ne crachais jamais sur la carte du père qui connait ses enfants. Ça fera bon genre à l’évaluation psychiatrique.

-Et Hulk n’est pas tellement inintéressant. Pas si on prend en compte qu’il est, à la base, un scientifique ultra-intelligent. C’est un peu comme Dr. Jekyll et Mr. Hyde. C’est une preuve que les gens sont plus complexes qu’ils en ont l’air.

Mais bon, Katy ne semblait pas spécialement bavarde. Comme si elle redoutait la moindre conversation. Pourtant, elle n’avait pas l’air d’être une fille peureuse. Des flics impressionné par ma simple présence, j’en avais vu… Mais Katy ne me semblait pas être de cette trempe-là.

Je ne comptais quand même pas lâcher l’affaire. Alors, je me dis plus vulgaire pour voir si la provocation fonctionnait un peu plus que le reste mais Katy garda, encore une fois, son sang-froid. Elle disait que tout ça était un jeu. Je levai un sourcil.

-Tu as de la réplique, toi. J’avais déjà vu ça dans la voiture de Jordan. Tu vaux mieux que la plupart des flics que j’ai vu ces derniers jours.

J’esquissai un sourire. Peut-être que les compliments fonctionneront mieux sur elle que la provocation ? En tout cas, elle savait garder un air neutre.

Je soupirai ensuite gardant le silence quelques instants avant de fixer Katy.

-Tu as des nouvelles de mes enfants ? On ne me dit absolument rien sur eux… Tout ce que j’ai eu, c’est une remarque déplaisante de la part de Jordan disant qu’ils étaient toujours mieux sans moi. Je sais qu’il ne m’aime pas mais ce n’est pas une raison pour me parler de cette manière. Toi, tu as eu des nouvelles ?

@ Billy Lighter

J’entendais bien que Ward était affamé mais je ne pouvais pas lui faire apparaitre un plateau repas en claquant des doigts. Nous avions des quantités limités selon le nombre de gens que nous avions dans nos cellules. J’étais d’accord qu’une gaufre et un verre d’eau n’était pas rassasiant mais je n’avais pas l’intention de le lui dire. Je me contentais de lui dire qu’il devrait attendre le prochain service sinon, il pouvait se plaindre à son avocat.

- Je ne suis pas en charge des plateaux repas, je ne peux donc pas juger mais si ce n’est pas suffisant, j’espère alors que ton avocat réussira à t’obtenir plus.

Est-ce que Ward était le seul à se plaindre de la nourriture servie ici ? Je ne pouvais pas répondre à ma propre question car en fait, nous avions rarement des visiteurs de longues durée comme Ward. Puis je n’en faisais pas la distribution alors je ne savais pas de quoi ils étaient composés, je savais juste que nous n’étions pas un restaurant et que le but n’était pas de rendre les séjours en nos cellules agréables. Si c’était le cas, tous les sans-abris de la ville commettraient de petits délit pour venir manger un morceau chez nous.

S’il ne mangeait pas, Ward menaçait de se transformer en Hulk avant de tomber dans les pommes. Au fond de moi, je voulais bien le voir jouer le Drama Queen jusqu’au bout, surtout que je ne connaissais pas tant l’univers des super héros. Je savais que Hulk était gros et vert, c’était principalement ce qui faisait qu’on le distinguait des autres. Ward, devant mon manque de connaissance, expliqua que son fils préférait Batman.

- Batman, c’est celui avec la cape de chauve-souris ?

Par déduction et logiquement, je savais que c’était ça mais comme je ne voulais pas entreprendre une conversation en profondeur avec le célèbre pensionnaire de la cellule numéro trois de notre commissariat, je jouais un petit peu à la fille qui ne savait absolument rien sur le sujet, ce qui n’était pas non plus totalement faux.

Il me fit alors un bref résumé de la personnalité de Hulk pour conclure que les gens sont souvent plus complexes qu’ils en avaient l’air. Là-dessus, il n’avait pas tort. L’humain était toujours plus profond que l’enveloppe de chair que l’on voyait au premier coup d’œil. Chaque individu, avec son histoire et son vécu avait sa propre personnalité faisant de lui un être complexe et unique.

Ensuite, Ward voulu me déstabiliser, je ne le voyais pas autrement, en me demandant si les policiers ici s’amusaient à me pincer les fesses au passage alors je lui répondis sur le même ton en disant que j’en faisais tout autant.

- Je ne sais pas si je vaux mieux ou non que mes collègues. Je vais prendre cela comme un compliment bien que je doute que ça en soit réellement un.

Ça n’en était pas un.

Ce n’était qu’une façon de m’amadouer pour que je me sente valorisé. Ward savait ce qu’il faisait et utilisait les mots à son avantage. Combiné à cela qu’il est très bel homme, ça serait facile d’embobiner une femme comme moi avec de beaux compliments.

Il joua ensuite la carte du père de famille inquiet pour ses gamins. Je ne le connaissais pas personnellement mais je préférais me fier aux paroles de Conrad et Jordan et croire qu’il n’en avait réellement rien à faire de ses gamins. De toute façon, je n’étais que secrétaire et donc, au courant de rien concernant la vie privé du détenu.

- Je n’ai aucune nouvelle, je suis désolée et en toute honnêteté, si j’en avais, je ne serais pas autorisée à t’en donner, je ne suis qu’une secrétaire. Je ne peux que te conseiller, encore, de passer par ton avocat pour avoir des nouvelles d’eux ou un droit de visite.

S’il voulait avoir des nouvelles plus rapidement, il devrait songer à être plus gentil avec les inspecteurs du commissariat. Ils seraient peut-être plus cléments à lui donner un peu de renseignements, de temps en temps. Ça et quelques gaufres de plus !

@ Billy Lighter

Katy se dédouana de toutes responsabilités en disant ne pas être responsable des plateaux repas. Je savais qu’en tant que secrétaire elle ne devais pas être en charge de grand-chose sauf de classer de la paperasse et jouer les réceptionniste. Une fille bien à sa place. Une fille qui plairait à Reed.

-Ouais, j’espère qu’il obtiendra plus… Même s’il ne m’obtient pas grand-chose pour l’instant.

Il bosse qu’il disait. Ouais ! Maitre Louis était quand même bien plus efficace. C’est dingue ce que l’argent peut vous acheter quand même. Tu as beau être le plus grand des connards, si tu as de l’argent, tu t’en sortiras de toute façon bien mieux que les autres.

Bref…

J’avais quand même toujours faim et j’aurais espéré obtenir quelque chose mais même après avoir parlé d’ambulance et de Hulk, Katy avait décidé de ne pas bouger le moindre petit doigt pour moi. Elle avait préféré précisé qu’elle trouvait Hulk intéressant ce qui me fit penser à Grant et son fanatisme pour les Comics et, particulièrement, pour Batman. Katy demanda si Batman, c’était celui qui avait une cape de chauve-souris. J’esquissai un sourire en coin.

-Belle déduction !

Il y avait de l’ironie dans ma voix. Le fait que j’avais faim pouvait me rendre bien désagréable. Mais je ne pouvais pas vraiment me contrôler.

Je tentai, ensuite, la provocation pour voir si Katy y était sensible mais ce n’était pas le cas. J’envoyai, alors, ensuite, les compliments mais elle disait ne pas valoir mieux que ses collègues et doutait que je voyais tout ça comme un compliments. J’haussai des épaules.

-S’en était pourtant un.

Mais Katy ne faisait que répliquer à tout sans rien me donner. Elle essayait de mettre un distance entre nous… Ce n’était pas amusant de la voir autant résister…

Alors, je sortis la carte des enfants mais, encore une fois, ça ne fit pas mouche. Elle me dit tout ce que les autres flics m’avaient déjà dit et me renvoya encore à mon avocat.

Je fis la moue et pris un air contrarié.

-Et tu trouves ça normal ? Je suppose que tu n’as pas d’enfant pour n’avoir strictement aucune compassion. Ou, alors, si tu en as, je les plains… Je ne peux pas avoir un bon quota de bouffe, je ne peux pas avoir des nouvelles de mes enfants, je passe mes journées ici alors que je suis totalement innocent. Tout ce que je demande c’est des nouvelles et une gaufre en plus ! Putain !

Ouais… Je commençais à m’énerver sérieusement. J’en avais marre de l’air condescendant de la plupart des flics. J’en avais marre que même la foutue secrétaire ne soit pas encline à me faire passer le temps. J’en avais marre de tout.

Alors, il était peut-être temps de voir si je ne peux pas pousser un peu en ce qui concerne mes conditions. Faire en sorte de les améliorer un peu plus vite.

Je me levai de ma couchette en fixant Katy. Je tournai, ensuite, en rond comme un lion en cage. Puis, d’un seul coup, je vis vole face vers le mur de béton.

-Bon… Pas de gaufre. Ok. Allons voir si la bouffe est meilleur à l’hosto alors.

Et après avoir dit ça, je me frappai la tête contre le mur. Deux fois. Assez pour m’ouvrir le front et me foutre le mal de tête du siècle. Je failli tomber dans les pommes mais je réussi à rester conscient bien que je me laissai tomber assis contre le mur le visage en sang.

Ça saignait fort. Je savais que ça serait suffisant pour un voyage à l’hosto. Et je payais pas cher d’Hernandez, Katy et Pioli qui allaient devoir expliquer dans quelles circonstances je m’étais fais ça. Sans compter que j’allais pouvoir faire sortir les violon en déclarant que j’avais voulu en finir.

Je portai ma main à mon front avant de grimacer. Je ne dis rien. J’étais trop groogy pour ça.

@ Billy Lighter

La vie en cellule de commissariat n’avait rien à voir avec un séjour dans un hôtel de luxe et Ward avait beau me dire à quel point il était sous-alimenté, je ne pouvais rien y faire, même si j’aurais voulu. Je n’étais pas autorisée à nourrir les prisonnier, je ne devrais en principe même pas me trouver ici à le surveiller. Je le conseillais donc d’en parler avec son avocat qui pourrait tenter de lui obtenir des plateaux repas plus garnis mais Ward ne semblait pas fonder beaucoup d’espoir là-dessus.

J’aurais pu lui conseiller de changer d’avocat s’il n’était pas satisfait des services qu’il recevait en ce moment mais cela risquait de prolonger son séjour chez nous et, en toute honnêteté, je commençais à avoir hâte qu’il nous quitte pour une prison plus confortable que la nôtre. Même entre les barreaux de sa cellules, il parvenait à pourrir l’ambiance au commissariat. Jordan était à cran, Conrad aussi et les autres se battaient presque pour ne pas avoir la charge de le surveiller.

Ward menaça se de transformer en Hulk s’il ne mangeait pas davantage d’ici peu et plutôt que de tomber dans le piège et de céder à son chantage, je détournais la conversation sur les super-héros ce qui me donna droit à une presque confidence et à un sarcasme à peine voilé.

- Grâce à toi maintenant, je sais qui est Batman, je sens que mon existence vient de changer complètement !

Ça commençait à être long pour Hernandez et Pioli de prendre l’air ! Je n’avais pas que ça à faire, moi ! Et je n’allais pas être payé en plus pour avoir fait le boulot des autres en plus du mien.

Mon sens de la réplique me donna ce qui semblait être un compliment de la part de Ward mais déterminée comme je l’étais à rester de marbre face à lui, je me contentais de simplement dire que de mon point de vue, je ne valais pas mieux que mes collègues et que je n’étais pas non plus certaine qu’il cherchait vraiment à me complimenter.

Il tenta ensuite d’avoir des nouvelles de ses enfants mais je n’en avais aucune. Ce n’était pas mon dossier, je n’étais pas enquêtrice, simplement secrétaire alors là encore, comme pour ses repas, même si je le voulais, je ne pouvais rien faire pour l’aider. Ça l’irritait, c’était évident mais complètement hors de mon contrôle.

- Je n’ai pas d’opinion sur ce qui est normal ou non quand on est en détention. J’entends que tu es en manque de nourriture et de nouvelles de tes enfants mais je ne suis que la secrétaire ici, je n’ai aucun pouvoir sur tes conditions de détentions. Tout ce que je peux faire est de te conseiller d’en discuter avec ton avocat.

La conversation devenait redondante et Hernandez et Pioli allait m’en devoir une pour le supplice qu’ils m’avaient imposé !

Ward se leva et, un instant, je cru qu’il allait tenter de m’effrayer en secouant les barreaux de sa cellule mais il n’en fit rien. En fait, il décida de prendre une chance et le chemin de l’hôpital ce qui me fit pincer des lèvres et de froncer des sourcils avant de me lever à mon tour alors que notre célèbre prisonnier m’offrait un spectacle des plus désolant.

- Tu es content ? Tu l’as fait ton cirque, bravo ! Ça va être beau dans un possible rapport psychiatrique.

J’allais à l’autre bout du couloir décrocher le téléphone pour appeler dans l’interphone du commissariat afin qu’on puisse me porter assistance.

- J’ai un détenu blessé en cellule, j’ai besoin d’assistance !

@ Billy Lighter

Même parler Comics ne semblait pas dérider Katy qui se fichait complètement de Batman et compagnie. Sans doute parce qu’elle préférait certainement le cul de Keller… Ouais, je continuais à penser que Keller n’avait pas raccompagné Katy pour rien quand je me suis retrouvé dans sa voiture à pisser le sang à cause d’une gamine un peu trop courageuse.

Mais je me retins de dire ça cherchant plutôt à savoir si les flatterie la touchait mais ce n’était pas le cas. Elle gardait un sacré contrôle, la petite secrétaire. Certains flics, dont Keller, devraient en prendre de la graine. Des gens qui savait autant garder leur sang froid que la fille que j’avais en face de moi à cet instant, j’en avais vu peu.

Je jouai alors la carte des enfants mais, à nouveau, ce fut un coup dans l’eau. Ainsi, ni les provocations, ni les flatterie, ni la compassion ne semblait faire bronche la jolie brune. Elle avait peut-être le physique d’un petit agneau mais elle devait avoir un sacré caractère et je savais que sans la connaitre plus, je ne pourrais jamais arriver à trouver le bouton qui la met hors d’elle. Il doit pourtant en avoir au moins un.

Il y en a toujours un.

Elle déclara ne pas avoir d’opinion sur mes conditions de détentions car ce n’était pas son job d’en avoir. Elle s’en tenait à la description de sa fonction. Enfin, à quelques détails près parce que je doutais que ça soit dans sa fonction que de venir me surveiller pendant que les deux autres allaient se prendre du bon temps dehors parce qu’ils en avaient marre de mes provocations.

-Mouais… Mon avocat… C’est les putains de Droits de l’Homme que je devrais appeler, ouais !

Katy ne semblait pas vouloir sortir de ses gongs et je n’avais aucune patience, à cause de la faim, pour tenter autre chose. Alors, je décidai de me fournir moi-même mon billet de sortie en me frappant la tête contre le mur. Assez pour m’ouvrir le crâne ce qui me conduira tout droit à la case hôpital et mettra au moins Hernandez et Pioli dans l’embarras.

Katy n’était pas heureuse de tout ça et parla du possible rapport psychiatrique auquel j’allais certainement être soumis. Je la fixai l’air un peu groogy.

-Ça va aussi faire joli auprès des supérieur d’Hernandez et Pioli…

Elle s’en alla alors à l’interphone pour obtenir une assistance et il ne fallu pas longtemps avant que les deux autres ne rapplique. Hernandez s’exclama :

-Putain, enfoiré de Ward !

Je les entendis se plaindre alors que Pioli s’en alla mette la procédure en requise pour ce genre de truc. Je reçus des insultes de leur part mais je ne pouvais m’empêcher de sourire…

Il ne fallut pas longtemps avant qu’un combi blindé et un médecin ne rapplique pour me soigner et m’emmener à l’hosto.

C’était déjà ça de pris. Mon avocat n’aura qu’à faire le reste.

@ Billy Lighter