Daniele était dans l’ombre, à une vingtaine de mètres de moi, les bras croisés admirant le spectacle. J’avais moi-même un sourire satisfait en voyant ma fille performer. Ce n’était plus la petite fille en quête de reconnaissance, c’était une artiste complète.

Si Daniele croisait les bras à l’autre bout de la scène, ce n’était pas mon cas : dans chacune de mes mains étaient logées d’autres petites mains. Nous étions à Tijuana et Maritza avait fait venir Maximo et Rosalyn pour le concert. Maritza qui avait voulu vivre le concert comme n’importe quel fan et nous avait laissé prêt des coulisses pour aller se placer au premier rang dans la fosse pour acclamer sa fille.

Du coup, elle m’avait laissé avec ses deux enfants pour ne pas qu’ils se fassent écraser par la foule, une perspective qui ne me réjouissait pas plus que ça non plus, donc, tout le monde était content.

La chanson de Livia se termina et on se lâcha tous les trois les mains pour applaudir.

Je me penchai vers les enfants.

-Alors ? Elle est belle et douée, votre grande sœur, non ?

Les enfants acquiescèrent avec enthousiasme ! Rosalyn connaissait toutes les chansons par cœur… Quant à Maximo, il adorait danser…

Mais là, ils commençaient à être un peu fatigués alors quand ils n’applaudissaient pas, ils ne faisaient que me tenir la main.

Alors que Livia en était aux rappels, Maximo se retrouva perché dans mes bras, à moitié endormi. Il y eut en tout trois rappels et une demi-heure de concert supplémentaire.

Je fis signe à Daniele qui était ravi et qui, quand la dernière chanson s’acheva, se retira complètement dans les coulisses, probablement en quête de whisky pour fêter ce tout dernier concert de cette tournée mondiale menée d’une main de maître par ma fille.

Quand Livia sortit de scène, ce fut vers moi qu’elle se dirigea. Je déposai Maximo à terre, qui chancela un peu et réceptionnai mon aînée dans mes bras.

Je lui embrassai les cheveux avant de l’écarter de moi pour la regarder dans les yeux et lui sourire.

-C’est la fin d’une aventure. Et ce soir, tu as fait honneur aux origines de ta mère.

Le public était encore en train de l’acclamer en bruit de fond.

Je replaçai ses mèches de cheveux blonds derrière ses oreilles puis lui désignai les deux enfants.

-Regarde qui j’ai amené pour t’applaudir ce soir !

Comme si je leur avais donné le feu vert, Maximo et Rosalyn étreignirent à leur tour leur sœur.

-Tu seras contente de rentrer à L.A. ?  

@ Billy Lighter

Tijuana !

J’avais été accueillis comme une reine et j’avais donné, selon moi, la meilleure prestation de toute ma tournée ! Daniele allait pouvoir me confirmer mon impression ou alors il me dirait que j’avais été exceptionnelle comme à chaque soir. Sans vouloir jouer la prétentieuse, je n’avais pas souvent eu de commentaires négatifs. Je surfais sur la vague, je profitais de chaque moment pour en tirer le plus de positif possible pour offrir chaque soir, une nouvelle performance sans faille.

Nous étions arrivés la veille dans ma ville natale et bien que nous avions droit au traitement V.I.P. dans un hôtel cinq étoiles, j’avais préféré dormir chez Enrique et passer du temps avec lui. Je ne le voyais plus autant qu’avant et il me manquait. J’aurais cru pouvoir aussi passer la soirée avec Maximo er Rosalyn mais mon petit frère et ma petite sœur étaient eux, à l’hôtel avec notre mère.

J’étais un tout petit peu déçue mais je me disais que ce n’était que partie remise et que je les verrais à mon concert. Enrique allait lui aussi venir mais refusait d’assister dans les loges à ma prestation. Je me doutais qu’il ne désirait pas plus que ça de croiser ma mère et mon père alors je respectais sa décision. J’avais tout de même tenue à lui trouver une place le plus près possible de la scène pour qu’il ne rate absolument rien.

Pendant mon concert, je m’étais d’ailleurs directement adressé à lui et ça avait fait hurler la foule de fierté de m’entendre parler l’espagnol. J’avais aussi, évidement, quelques mots pour Rosalyn et Maximo mais aussi pour Julian, Jimmy et ma mère comme chaque fois qu’ils venaient me voir en concert. Je m’étais aussi permis une salutation toute particulière pour Abuelo, qui, de là où il se trouvait parmi les étoiles, veillait sur moi.

Ce fut trois rappel que j’offris à mon publique ! Je ne pouvais absolument pas le leur refuser vu le tonnerre d’applaudissement qu’ils m’avaient offert, incomparable avec partout dans le monde où ma tournée c’était arrêtée. J’avais puisé dans tout mon répertoire pour contenter tout le monde et, une fois mon micro accroché, je pouvais me frotter les mains de satisfactions et déclarer que j’avais accompli la mission !

En coulisse, j’aperçu Maximo, Rosalyn et Jimmy, je me dirigeais donc vers eux, heureuse d’enfin les revoir, surtout les deux plus petits ! Ce fut Jimmy qui m’enlaça le premier, un geste qu’il ne se serait jamais permis il n’y avait pas si longtemps de ça.

- J’ai absolument tout donné ! C’était un soir très important pour moi, je l’avais à cœur.

Bien sûr que chaque date avait été importante mais de pouvoir me produire en tête d’affiche à Tijuana avait été très symbolique.

Ensuite, je m’agenouillais pour serrer très fort dans mes bras, Maximo et Rosalyn qui avaient sagement attendu leur tour pour avoir leur moment d’attention. Je les embrassais et les serrais encore et encore ! Le petit rire franc de Maximo m’avait manqué et Rosalyn avait grandi, c’était fou !

Jimmy me demanda si j’étais contente de pouvoir rentrer à Los Angeles et, tout en me relevant mais en tenant chacun leur la main de Rosalyn et Maximo dans les miennes, je fis oui de la tête pour répondre à Jimmy.

- Je crois que je vais dormir pendant au moins trois jours entiers avant de retomber dans mes livres ! J’ai trois examens la semaine prochaine, puis je dois aussi booker des journées en studio !

Battre le fer tandis qu’il était chaud ? Je l’avais bien assimilé celle-là !

@ Billy Lighter

Livia avait créé une vague de folie dans le public en parlant espagnol. Et en voyant la marée humaine partir vers l’avant, j’avais fait la grimace en imaginant Maritza écrasée contre les barrières Nadar. Mais apparemment, tout se passa bien et après trois rappels, Livia vint me rejoindre à l’entrée des coulisses.

Je l’étreignis brièvement puis la félicitai. Elle affirma avoir tout donné.

Je lui souris.

-Ça s’est ressenti… Tu peux considérer que tu as désormais le statut de rockstar.

Elle s’agenouilla pour serrer son frère et sa sœur dans ses bras puis les pris par la main en se redressant. Je me demandais si après une telle aventure, elle serait contente de rentrer à L.A. C’était aussi pur savoir si le fait d’être revenue à Tijuana ne l’avait pas rendue nostalgique.

Mais apparemment, à part le fait qu’elle était contente d’avoir revu sa famille mexicaine, L.A. était tout de même désormais sa maison. Après tout, en tant que ma fille, L.A. devait être sa ville. Tijuana, c’était… une épreuve initiatique ?

Oui, on pouvait le voir comme ça.

J’ouvris de grands yeux quand Olivia m’annonça avoir trois examens la semaine prochaine.

-Trois examens… Quoi comme examens ? Attends, viens par ici.

Je posai ma main sur son épaule et nous guidai tous les quatre vers la loge de Livia où il y aurait moins de bruit… Et aussi de quoi nous rafraîchir. De toute façon, il n’y avait plus rien à voir : le public quittait doucement les lieux.

On entra dans la loge de Livia qui était très confortablement aménagée. Je m’adressai à Maximo et Roaslyn.

-Il y a du Sprite dans le petit frigo si vous voulez…

Et les enfants de se jeter sur le petit frigo en question. Moi, je trouvai la bouteille cachée par Daniele derrière le miroir de la coiffeuse de Livia.

-Faudra que je lui apprenne à changer de cachette…

Je désignai la bouteille à Livia.

-Tu en bois un avec moi ?

Je m’installai dans le divan, nous servis et les deux enfants vinrent s’installer chacun de chaque côté de moi avec leur Sprite.

Je tendis ensuite son verre de whisky à ma fille.

-Ne viens pas me dire que Daniele ne t’a pas appris à en boire…

Je souris.

-Est-ce que tu connais l’association United For Youth à L.A. ? Ta mère va en devenir une figure importante.

@ Billy Lighter

J’avais tout donné pour mon public de Tijuana et des environs qui avaient fait salle comble pour me voir moi, une petite fille de chez eux. Je leur avais rendu leur amour autant que je le pu en m’adressant à eux en espagnol et en étirant mon concert avec non pas un mais bien trois rappels. J’aurais pu leur en donner encore plus mais il fallait bien que toute bonne chose prenne fin.

En coulisses, j’avais été accueillis par Jimmy qui était en compagnie de Maximo et Rosalyn ! Quel bonheur que de pouvoir serrer mon petit frère et ma petite sœur dans mes bras ! Ils m’avaient tant manqué et je constatais presque avec un pincement au cœur qu’ils avaient tous les deux beaucoup trop grandit !

Jimmy était satisfait de ma prestation et il sentait que j’étais maintenant une rockstar au même titre que tous ceux dont j’accrochais l’affiche dans ma chambre il n’y avait pas si longtemps de ça. Pourtant, ça me semblait être hier !

- De te l’entendre me le dire m’offre un délicieux vertige !

Jimmy voulait savoir si j’étais heureuse de pouvoir rentrer à Los Angeles, probablement que la fin de ma tournée pouvait laisser croire que j’allais me payer des petites vacances mais non. Je confiais à mon père que j’avais trois examens important à venir ce qui laissait sous-entendre que ce n’était pas encore le moment pour moi de baisser les bras.

- Droits communs, droit notarial et prévention et règlement des différends.

En coulisses, l’endroit était mal choisi pour discuter alors je suivis Jimmy, accompagné de Maximo et Rosalyn dans ma loge. Il faisait bon à l’intérieur, juste assez climatisé et complètement coupé du son extérieur. Je retirais mon micro et mes oreillettes et laissais le tout sur ma coiffeuse avant d’aller m’écraser dans le divan. L’adrénaline n’était pas près de redescendre mais mes pieds me faisaient souffrir !

Maximo et Rosalyn se ruèrent sur le petit frigo pour prendre le Sprite que leur avait proposé Jimmy alors que lui, sortit de derrière le miroir de ma coiffeuse, une bouteille de whisky. Mon manager en avait partout de ces bouteilles, c’était devenu, entre Alexander et moi, un running gag chaque fois que nous en trouvions une sans même en chercher.

- Et quand nous en voudrons, nous n’en trouverons plus.  

Ce serait bien dommage que mon père suggère à Daniele de changer ses cachettes d’autant plus que je doutais que l’italien les cachait réellement.

- Bien sûr que j’en bois !

Jimmy nous servit chacun un verre alors que mon frère et ma sœur sirotait leurs bulles un peu trop vite à mon goût. Ils allaient se remplir le ventre de gaz et nous offrir un joli concert de rots pendant que nous allions discuter.

- C’est même u ne des premières choses que j’ai apprit en lui confiant ma carrière. J’en apprécie e plus en plus le goût et en découvre les subtilités.

J’avais même mon whisky préféré et Daniele m’en avait fait goûter un que j’avais détesté ! Je me permis ensuite de trinquer avec mon père qui me posa une question sur United For Youth avant de m’annoncer que ma mère aller en devenir une représentante.

- Oui je connais mais je ne pensais pas que mamita désirait s’y impliquer. Je la vois très bien représenter la fondation, cela dit.

Ma mère serait parfaite pour œuvrer dans ce genre de fondation. Elle s’impliquait énormément dans la communauté à Tijuana avant et je supposais que sa nouvelle association devait être parce que son bénévolat d’avant lui manquait.

@ Billy Lighter

Livia était ravie de mon compliment… Mais je ne faisais que dire ce que je pensais. Elle avait mené cette tournée avec brio et je savais que Daniele n’y était que pour très peu dans ce succès.

Tout en emmenant Livia vers sa loge, elle m’expliqua les examens qu’elle avait à passer et rien que d’en entendre les intitulés, ça me donnait la nausée.

-Tu verras qu’en réalité, ça n’a rien à voir avec toute la théorie qu’on va t’inculquer. Bien sûr, il faut en connaître la base. Mais le reste, c’est de la manipulation, des poignées de mains, des sourires, des alliances et des trahisons.

Je la regardai dans les yeux tout en avançant.

-Le tout est d’avoir toujours un ou deux coups d’avance sur tes concurrents.

On se retrouva bien vite dans sa loge et les petits se servirent du Sprite tandis que je dénichai une bouteille de whisky appartenant plus que probablement à Daniele.

Je ris avec ma fille à ce sujet puis nous servis des verres quand elle me dit qu’elle en buvait. Je m’assis en l’écoutant me dire qu’elle commençait à s’y connaître en breuvage du genre.

Je souris, fier d’elle.

-C’est très bien de savoir les reconnaître. Ça peut être le point de départ d’une conversation entre hommes… heu… Et femmes… d’affaire…

Je pris une gorgée de mon propre verre.

-Mais le plus important est de savoir en boire autant que ton interlocuteur en gardant les idées plus claires que lui.

Je ricanai.

-Et ça, ce n’est pas marqué dans tes livres.

Je lui parlai ensuite de Maritza, sa mère, et de United For Youth et elle me confirma que mon choix était un choix judicieux.

-Je suis sûr qu’elle brillera dans les soirées de charité et autre gala. Il est temps qu’elle entre dans le monde public, elle aussi. C’est son rôle en tant que mon épouse, d’être ambassadrice de toutes les œuvres de charités auxquelles je suis lié.

Je la regardai avec un air un peu plus paternel, et inquiet.

-J’ai vu l’article de L.A. People au sujet de toi et Alexander. Je sais qu’il n’y a rien entre vous parce que je connais les inclinations d’Alexander. Mais Julian, il l’a pris comment ?

@ Billy Lighter

J’étais impatiente de rentrer à la maison et de pouvoir me reposer ! Je voulais dormir des journées entières, j’en serais bien capable ! Cependant, ce projet allait devoir attendre puisque j’avais non pas un mais bien trois examens qui m’attendaient au détour. Jimmy en tira une drôle de tête et pire encore quand je lui énumérai les cours pour lesquels je serais mise à l’épreuve. Il ne manqua pas de me rappeler que tout ce que j’allais apprendre pendant mes études n’étaient que de la théorie servant à assoir la base et que tout le reste, je l’acquerrais sur le terrain.

- En effet, j’en ai bien conscience. Malheureusement pour obtenir ma licence, je dois avaler toute cette théorie.

Il ajouta que surtout, le plus important était de toujours avoir deux coups d’avance sur mes concurrents. Je me rappelais bien de ce précieux conseil, cependant, je n’arrivais pas à le mettre en pratique dans le dossier MTI et le projet de Don Hughes de coucher Carrie, sur son testament.

Une fois dans ma loge et Maximo et Rosalyn ayant dévalisé mon mini réfrigérateur du Sprite qu’il contenait, Jimmy trouva lui une bouteille de whisky qu’avait ‘’caché’’ Daniele derrière le miroir de ma coiffeuse. J’en avais bu plusieurs verres depuis le début de mon association avec l’amico moi de mon père. Mon palais se développait au goût de ce breuvage ambré au point où j’avais maintenant mon préféré et que, sans être une experte, je reconnaissais certain cépage.

Jimmy me fis sourire quand il parla que de m’y connaitre en whisky pouvait être un point de départ dans une conversation entre hommes… et il se rattrapa en ajoutant femmes d’affaires. Je me doutais que d’inclure les femmes dans un monde qu’il ne pensait que réservé aux hommes ne devait pas être simple pour lui.

Ensuite, je ne pu m’empêcher de lever un sourcil alors qu’il souligna que le plus important était de savoir en boire autant que mon interlocuteur sans en perdre le nord.

- Il me faut encore de la pratique à ce niveau mais j’y travail !

Je rigolais doucement en faisant s’agiter langoureusement, m on whisky dans mon verre.

Jimmy me parla ensuite de United For Youth et de la future implication de ma mère avec cette fondation. J’avais vu qu’Ivar Miller en était le nouveau porte-parole et qu’il y faisait un beau boulot mais l’ajout de ma mère et de son expérience avec ce genre de cause ne pouvait qu’être un atout majeur.

- Effectivement, de la mettre en avant-plan pour certaine chose ne pourra qu’être bien vu. Un visage plus… souple disons-le ainsi.

Je faisais référence, il devait s’en douter, à la gastro verbale d’Howard Stone qui avait été reprise et diffusé largement au point où même en tournée, il m’aurait été impossible de l’ignorer. Je ne comprenais toujours pas la manœuvre de mon ami, si je pouvais toujours le considérer comme tel ce dont je doutais. D’abord de m’interroger sur mon enlèvement et m’inciter à témoigner contre Ward Fleming pour ensuite sortir publiquement pour trainer mon père dans la boue.

Puis, si j’avais lu moi les déboires de Stone, m on père lui, avait lu l’article concernant ma fausse idylle avec Alexander, mon danseur et s’inquiétait de la réaction de Julian. J’hochais de la tête pensivement alors que Jimmy disait connaitre les ‘’inclinaisons’’ d’Alexander alors que moi, je refusais d’en parler à Julian.

- Il m’a fait une scène, tu t’en doute… Julian a décidé de me faire confiance mais il a aussi décidé de rester sur tout le reste de la tournée pour avoir sa confiance à l’œil.

C’était autant blessant que frustrant de voir combien mon mari avait si peu confiance en moi, surtout que j’avais besoin qu’elle sont inébranlable pour mettre la main sur MTI en toute simplicité.

@ Billy Lighter

Je haussai les épaules et fit la moue quand Livia affirma que pour avoir sa licence, il lui fallait gober toute une théorie qui ne lui servirait pas vraiment à grand-chose, si ce n’était à avoir les base.

-Je n’ai pas de licence, moi. Et je pense m’en tirer pas mal.

Je n’avais que mon diplôme de secondaire… Le reste, j’en avais hérité.

Je baissai ma voix d’un ton.

-Si tu hérites, pas besoin de licence.

Je lui fis un clin d’œil car je savais bien qu’elle penserait à notre petite conversation au sujet de son beau-père… Il lui fallait absolument les faveurs du patron de MTI. Pour que les Reed règnent en maître sur L.A.

On s’installa dans sa loge avec un bon whisky pendant que Maximo et Rosalyn s’asseyaient gentiment autour de moi sur le divan. Livia me raconta alors son début d’histoire d’amour avec le whisky. Elle savait en apprécier le goût sans faire la grimace, comme je le remarquai quand elle en prit une gorgée.

Je lui dis tout le bien que je pensais de ça, mais la mis aussi en garde contre le fait qu’elle devait boire sans être saoule au point de perdre le fil de ses idées.

Et je souris quand elle affirma que ce dernier point n’était pas encore tout à fait maîtrisé.

-Tant que tu en as conscience, c’est déjà ça. En attendant de tenir l’alcool, tu sauras te limiter quand tu auras des conversations importantes. Ce serait quelque chose qu’on pourrait reprocher à un homme, mais pas à une femme.

Je la regardai au plus profond de ses yeux bleus magnifiques.

-Mais le mieux, c’est que tu arrives à devenir, avec le temps, l’égal d’un homme. Qu’ils ne voient plus en toi une femme, mais juste quelqu’un qui connait son affaire.

Puis je lui parlai de sa mère et du nouveau rôle qu’elle prendrait dès notre retour à L.A. Livia trouvait que c’était une bonne idée pour montrer un visage plus « souple »… Plus tolérant, plus gentil, moins impitoyable.

-En effet, ce sera son rôle. Je nous vois un peu comme un couple princier européen, vois-tu… Quand là où le prince parle politique, la princesse s’occupe de tout ce qui est œuvres de charités.

Je me rendais compte que c’était la première fois que je parlais ainsi affaires et stratégie avec ma fille. Mais c’était probablement parce que j’avais devant moi une femme accomplie et non plus une adolescente fugueuse en manque de reconnaissance.

Quant à Julian, en voyant l’article de L.A.People, il avait piqué sa crise et décidé de rester sur le reste de la journée pour avoir sa femme à l’œil. Je me frottai le menton, réfléchissant.

-Mmm… Peut-être devrais-tu organiser une rencontre entre lui et Alexander. Je pense que Julian est intelligent, il comprendra vite.

Je souris à Livia…

-J’aimerais vous offrir un cadeau, à Julian et toi. Je ne vous ai pas vraiment offert de cadeau de mariage… Et un jour, tu m’as dit vouloir voir l’Afrique. Alors je me demandais si, quand tu seras reposée, que tes examens seront passés et tes affaires mises en ordre, si ça vous dirait que ta mère et moi vous offrions un petit voyage dans un pays d’Afrique de votre choix.

@ Billy Lighter

Je savais que Jimmy ne partageait pas la même vision que moi concernant l’énergie que je mettais sur mes études. Il le souligna à sa manière en me disant qu’il pataugeait dans la marre sans difficulté et surtout sans licence. Puis, en baissant un peu le ton, il ajouta que si j’héritais, je n’aurais encore moins besoin de ce fichu bout de papier sur lequel mon nom serait inscrit en lettre doré.

- Pour une femme voulant jouer sur le même terrain que les hommes, je persistes à croire que mes études seront un atout car comme tu l’as dit, la clé réside dans ce tout petit mot. ’’Si’’ j’obtiens ce que je convoite et rien n’est joué encore.

Je préférais donc sagement mettre toutes les chances de mon côtés bien que cela ne m’oblige à ingurgiter des tonnes et des tonnes d’enseignement. Je ne pouvais pas me contenter de croire et d’espérer que tout me tombe tout cuit dans le bec simplement parce que mon père avait eu cette chance.

La conversation se poursuivie ensuite autour d’un verre de whisky, un breuvage que j’appréciais de plus en plus. J’avais très vite compris qu’aucune conversation professionnel ne pouvait avoir  lieux sans qu’aucun des participant n’en ait un verre dans la main. Mon appréciation du produit surclassait cependant mon endurance. Je devais encore travailler là-dessus et ça fit sourire Jimmy.

- Je me limite à deux verres ce qui est encore très loin de ta capacité à encaisser.

Ma technique pour l’instant était d’étirer mes gorgée en faisant comme si j’en prenais une ‘’normale’’ alors que je ne faisais que m’y tremper les lèvres. Je faisais ça une fois sur deux et ça semblait bien passer.

Je soutenu le regard de mon père alors qu’il me disait que de savoir boire n’était pas plus important que ma capacité à m’imposer en tant que femme dans un univers d’homme. Que je puisses démontrer que j’étais en pleins contrôle de la situation.

- J’ai hérité du caractère de ma mère et je compte bien m’en servir pour faire mon chemin.

Je n’allais pas me laisser marcher sur les pieds par des hommes se pensant supérieurs à moi parce qu’ils ont eu la chance de naître avec un service trois pièces entre les cuisses. Je ferais mon chemin la tête haute.

Parlant de faire son chemin, il était temps pour mamita d’en faire autant en devenant la porte-paroles des œuvres caritatives de la famille Reed. Je croisais mes bras en tenant mon verre d’une main et je regardais Jimmy en souriant en coin. Si ma mère l’entendait, elle ne sourirait pas, elle. Il avait dû lui amener le projet de manière à ce qu’elle croit que cela venait d’elle. C’est en tous les cas, la stratégie que j’aurais adopté.

- Et que pense mamita de ses nouvelles obligations ?

Jimmy ensuite, me parla de l’article dans lequel on me prêtait une aventure avec Alexander, mon danseur et de la réaction qu’avait eu Julian suite à cela. Je ne lui cachait pas que mon mari avait douté de moi et avait décidé par la suite de rester sur toute la tournée que pour avoir son improbable rival à l’œil.

- En restant sur la tournée, il a eu maintes occasion de discuter avec Alexander mais Julian a jouer à l’indifférent et à préférer l’ignorer. Il aurait vite comprit que c’est plutôt sur lui que mon danseur à des vues, et non sur moi.

Quand il décidait d’être borné, Julian remportait tous les prix possibles dans cette catégorie. Heureusement, la tournée venait de se clôturer et il était fort probablement que ma route et celle d’Alexander, aussi talentueux puisse-t-il être, ne se sépare définitivement après ce soir.

Jimmy me surprit ensuit avec une proposition à faire rêver. Il se souvenait de mon rêve de visiter l’Afrique et me proposait un séjour dans la ville de mon choix pour Julian et moi quand je serai sen ordre dans mes cours et mes autres projets. Je mourrais d’envie de dire oui, j’en ressentais même l’excitation me gagner mais plutôt que d’exalter mon bonheur devant cette offre, je restais calme me rappelant que jamais Julian n’accepterait de vivre l’expérience la plu minimaliste qui soit en dormant dans une tente en plein cœur de la brousse au Botswana.

- C’est une offre que je vais considérer avec attention. Je vais en discuter avec Julian mais le connaissant, il voudra plutôt s’installer dans un tout inclus au cœur de Cape Town alors que je voudrais  observer les éléphants depuis une tente perché en haut d’un arbre.

Il faudrait considérer cette offre comme un cadeau tardif pour notre mariage et, buvant une gorgée de whisky, j’eu une idée, du moins une ébauche de quelque chose qui pourrait peut-être être envisageable.

- Supposons que comme voyage de noces, Julian et moi préférions visiter un endroit plus accessible au confort de mon mari mais qu’en revanche, je te propose de partir avec moi en Afrique pour un safari père-fille ? Je lance l’idée. Nous avons le temps de réfléchir à toutes ces possibilités.

@ Billy Lighter

N’ayant pas fait d’études moi-même, mais ayant réussi quand même, je ne voyais pas l’intérêt des études de Livia. Surtout qu’avec moi dans les affaires, je pensais qu’elle pouvait d’ors et déjà apprendre sur le terrain. Mais elle voyait les choses différemment. Elle pensait à ses études comme étant un atout, en tant que femme.

Mon regard se perdit un instant devant moi…

-Mmm… Oui, pas faux.

Puis, autour d’un whisky, je lui avais donné quelques conseils tandis que Maximo et Rosalyn sirotaient leur boisson, très calmes. Maritza et Enrique les avaient très bien élevés. Et ils commençaient, à force de venir à la villa pendant les vacances, à s’habituer à moi. Je n’étais jamais contre jouer avec les enfants… Si vous en doutez, demandez à Ian Hunter.

Livia me dit que pour l’instant, elle se limitait à deux verres, pas plus.

Je lui souris.

-L’habitude viendra. Puis il ne s’agit pas d’arriver au niveau de Daniele non plus. Lui, il frise l’alcoolisme.

Quant à garder le contrôle de la situation, Livia comptait sur le caractère qu’elle avait hérité de sa mère. Je hochai la tête.

-C’est un beau cadeau qu’elle t’a fait. Et tu sais déjà t’en servir, ai-je pu remarquer.

En parlant de sa mère, je lui parlai des nouvelles activités que cette dernière aurait bientôt au sein de United For Youth… Olivia se demandait ce qu’elle en pensait.

Je me laissai aller dans le fond du fauteuil, ne perdant pas ma fille des yeux.

-Et bien… Je lui ai simplement proposé de s’y impliquer et elle a semblée emballée par l’idée de s’associer à la cause. Même si l’idée vient de moi, je lui fais confiance pour s’en approprier. Je sais qu’elle fera du beau travail. Mais elle devra s’habituer à être sous le feu des photographes et à la merci de L.A.People et autres tabloïds.

Quant à Julian et le Alexandergate, le jeune homme avait décidé de garder sa jeune épouse à l’œil, sans chercher à connaître plus le danseur. Erreur. Connais ton ennemi, disait-on.

Je fis la moue.

-Connaissant Julian, il doit user pas mal d’énergie dans le vide…

Peut-être qu’un voyage en amoureux règlerait les choses. Alors je proposai à ma fille ce que j’avais en tête depuis un moment déjà. Seulement, le couple n’avait pas, en son sein, la même vision de ce que serait un voyage en Afrique. Livia gardait son sang-froid, mais je voyais la lueur d’excitation dans son regard.

Jusqu’à ce qu’elle me prenne à revers en me proposant de partir avec elle. Je tiquai de l’œil gauche.

-Moi ?

Je ne l’avais pas vu venir celle-là…

Juste à ce moment-là, on frappa à la porte de la loge et Enrique et Maritza entrèrent, à la fois pour voir Livia, mais aussi pour récupérer les deux enfants maintenant bourrés de sucre.

Je les saluai poliment, me levant tout en avalant le reste de mon verre cul sec, et leur laissai la place. Je savais qu’Enrique ne supporterait que très mal ma présence, même s’il était bien trop poli pour le dire ou même le montrer.

Juste avant de m’en aller, je regardai une dernière fois Livia.

-Je considèrerai ta proposition… Mais… Pourquoi pas ?

Là-dessus, avec un sourire à Maritza, je m’éclipsai… Après tout, Daniele devait avoir du whisky dans sa loge, lui aussi.  

@ Billy Lighter

Je n’étais pas dupe concernant mon avenir en affaire. Je savais que j’allais nager dans un monde d’homme et que je serais vue comme une proie fragile et facile et que, bien que je sois la fille de Jimmy Reed, je ne serais pas prise au sérieux tant que je ne ferais pas mes preuves. Mes études étaient donc pour moi vraiment très important et il m’était primordial de les terminer avec mentions d’excellence, rien de moins. Mon père, lui, n’avait pas fait d’études et avait tout appris sur le terrain. Ça lui avait réussis et c’était remarquable mais moi, je préférais jumeler ces deux méthodes d’apprentissage quitte à bucher comme une folle pendant quelques années.

J’avais beaucoup à apprendre et comme le disait Jimmy, tout ne s’apprenait pas sur les banc d’école. Savoir négocier en buvant autant de whisky qu’il serait nécessaire pour faire perdre un peu le nord à mon interlocuteur était l’une des chose que je ne maîtrisais pas encore. Je ne perdais pas espoir qu’avec de la pratique, je saurais bien m’en tirer et comme le faisait remarquer Jimmy, nul besoin était de me rendre au limites de l’alcoolisme comme c’était le cas pour mon manager.

- Je ne compte pas hypothéquer mon foie de sitôt.

Pour le reste, je comptais sur ma force de caractère hérité de ma mère et des apprentissages tirés de mon père pour faire mon chemin dans ce monde peuplé de requins. Comme me le faisait remarquer Jimmy, c’était un beau cadeau que m’avait légué ma mère et il me fit sourire quand il ajouta qu’il constatait que je savais déjà m’en servir.

- C’est un beau compliment que tu me fais, je t’en remercie.

Si Jimmy communiquait plus facilement certaines choses qu’il n’aurait jamais osé me dire avant, ce n’était pas pour autant que je ne savais pas apprécier chaque fois qu’il le faisait.

Ce fut justement de ma mère que  nous parlions ensuite alors que Jimmy m’annonça qu’il jugeait ma mère prête à prendre sa part des responsabilités familiale en étant le visage des Reed pour les diverses œuvres de charités et galas. J’étais d’accord que le moment était venu pour ma mère de briller et que cela ne ferait pas de tort, vu les derniers déboires médiatiques causé par Howard Stone et sa petite vendetta contre mon père.

Ensuite, Jimmy me prit un peu par surprise en me proposant de nous offrir, à Julian et moi, un voyage en Afrique, un pays que je rêvais de visiter depuis ma plus tendre enfance. J’étais charmée par la proposition mais je savais que Julian et moi n’aurions pas le même avis sur le type de voyage que nous voudrions faire. Puis je me disais que d’aller en Afrique et passer à côté de mon rêve de vivre un safari dans les règles de l’art serait plus frustrant qu’autre chose.

Ce fut moi ensuite qui prit Jimmy par surprise avec une contre-offre. Julian et moi pourrions profiter du voyage offert par mes parents en choisissant une destination qui nous plairait à tous les deux mais je pourrais vivre mon rêve d’un safari en compagnie de Jimmy. Je le savais capable d’encaisser des nuits dans des tentes sans matelas et tenir tête a des moustiques gros comme des cafards.

En toute honnêteté, je crois que c’est la première fois que je voyais mon père déstabilisé par une demande qu’il n’avait pas vue venir.  Il resta muet un temps, probablement qu’il analysait les options pour mieux me répondre et je me permis une plus longue gorgée de whisky avant qu’on ne soit interrompu par un heurt a la porte de ma loge qui s’ouvrit sur ma mère et Enrique, mon autre père, venant récupérer Maximo et Rosalyn. Ça faisait un drôle d’effet que de voir Enrique et Jimmy dans la même pièce, ma mère entre les deux mais, adultes qu’ils étaient tous les trois, ils étaient capables de gérer la situation. Jimmy se leva en visant son verre et, avant de filer, promis de réfléchir à ma proposition. J’esquissais un sourire en coin et lui répondit d’un geste de la tête.

Il quitta ensuite la loge et mamita ne prolongea pas non plus sa présence, me laissant seule avec Enrique qui avait beaucoup apprécié sa soirée.

@ Billy Lighter